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Il n'aimait pourtant pas les heures de colle... [PV Spencer]
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MessageSujet: Il n'aimait pourtant pas les heures de colle... [PV Spencer] Il n'aimait pourtant pas les heures de colle... [PV Spencer] Icon_minitime1Mar 20 Mai - 21:45



Roger ne savait pas si c’était la fusillade, ou sa fille à l’hôpital, qui le mettait, en ce moment, de si mauvaise humeur, mais il était devenu le professeur le plus pénible de l’Académie. Lui qui était pourtant doux avec tout le monde et qui commençait même à soulever des soupçons, à force de trop bien traiter les élèves Plomb. C’était vrai qu’il avait songé à faire un peu plus attention pour le futur. Il avait l’impression que le danger était devenu réel. Quelque chose lui était arrivé, vraiment arrivé. Ce n’étaient plus des paroles en l’air, des menaces abstraites, c’était vrai, et cette terrible impression changeait tout désormais. Par ailleurs, la surveillance avait été renforcée, pour les élèves disait-on, mais il était persuadé qu’il ne s’agissait pas simplement des élèves. Bref, il était prêt à changer d’attitude afin de ne pas compromettre sa mission auprès de ses élèves, et donc de ne pas être renvoyé, même si cela revenait à utiliser des moyens qui risquaient de trahir les fins qu’il s’était données. Comment défendre les Plombs en les punissant ? Cependant, ce n’était pas cela qui l’avait poussé à coller Spencer ce jour-là. Il était tout simplement las et avait agi comme il ne l’aurait jamais fait avant. Sa lassitude avait pris le dessus sur son honneur. Il avait toujours fait en sorte de ne jamais laisser son humeur inférer sa vie professionnelle. Peu importait qu’il soit fatiguée, triste ou en colère, ce n’était pas le problème ni la faute des élèves, il devait continuer à venir et assumer ses fonctions, ou il n’était plus digne d’être professeur. Mais exceptionnellement, la passion l’avait emportée sur sa raison. Alors qu’il essayait toujours d’apprendre le contraire à ses élèves et au monde entier : ne pas laisser la peur ou la colère les réduire à néant. Comment les sauver en donnant cet exemple ? Si cela n’avait pas été encore plus dangereux que tout simplement ignorer, il aurait certainement retiré cette heure de colle à Spencer et se serait même excusé. Mais si les professeurs se mettaient à donner leurs excuses aux Plombs ! Il serait vite surveillé, trop surveillé. Tout ce qu’il pouvait faire à présent était d’essayer de rendre cette punition moins pénible. Evidemment, il n’allait pas lui faire copier des lignes. Trop mécanique et abrutissant pour qu’il s’abaisse à cela. Il n’avait rien à craindre avec une Plomb, du moins pas encore : il se contenterait de lui faire faire le devoir qu’elle n’avait pas rendu. Parce que oui, tout cela n’était qu’une histoire de devoir non rendu. Ce n’était pourtant pas la fin du monde et pour avoir été élève, il savait que l’on pouvait manquer de temps une fois ou deux, il laissait toujours une chance. Du moins le voulait-il. Mais c’était l’Académie Weins, il fallait être parfait, et il était de mauvaise humeur le jour où il avait ramassé les devoirs. Quand la pauvre Spencer lui avait répondu avec son ton habituel qu’elle ne l’avait pas, il avait perdu la tête et il l’avait collée. Cela aurait au moins le mérite de faire rehausser son estime face à ses élèves Platine. Il y avait une bonne chose à tout. Sacrifier un de ses élèves dans ce but, toutefois, était lâche et déplorable. Il ne cesserait de se le répéter toute la journée, il le savait. A moins de faire de cette heure de colle quelque chose d’utile pour elle.

Il se traina jusqu’à une salle de cours qu’il avait réservée et poussa la porte. Il était venu en avance pour être sûr d’éviter les raisonnements propres aux élèves du genre : « il n’est pas là, il a dû oublier, je peux partir. » Ce n’était de toute façon pas dans son intérêt. Il espérait simplement qu’elle serait à l’heure, pour ne pas avoir à la retenir plus tard que prévu. Les élèves n’étaient pas les seuls à vouloir rentrer chez eux le plus vite possible. Lui aussi avait une vie à l’extérieur, surtout en ce moment. Il n’allait pas laisser fuir encore quelqu’un. Pourquoi sa fille était-elle aussi malade ? Il n’arrivait pas à comprendre. Il ne comprenait plus rien, depuis quelques temps, il était pris dans le tourbillon des journées et des inquiétudes et il essayait de s’en sortir, mais il avait l’impression de tourner en rond, que rien ne lui donnerait enfin la porte de sortie qu’il cherchait. Bientôt, si cela continuait, il allait finir à l’église. Et pourtant, il ne croyait en rien. Il croyait simplement que toute cruche avait deux anses, comme dit le sage, que tout peut être affligeant et terrible, que tout peut être réconfort si l’on veut, et que parfois, c’était difficile de trouver la deuxième anse, soit parce qu’elle avait une forme bizarre et inattendue, soit parce qu’elle était cachée et difficile à voir, mais que l’on finissait toujours par la reconnaitre et pouvoir porter la cruche. C’était la seule raison pour laquelle il gardait espoir, même s’il admirait profondément ceux qui savaient encore se rendre à l’église et espérer quelque chose, même dans un autre monde. Au moins, ils croyaient en un autre monde, un monde meilleur, et par conséquent se rendaient compte que celui-là n’était pas parfait. Et il admirait profondément ces personnes-là, parce que lui ne voyait rien de plus que le mal devant lui. Pas d’avenir meilleur, seulement rien qui ne saurait être pire.

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MessageSujet: Re: Il n'aimait pourtant pas les heures de colle... [PV Spencer] Il n'aimait pourtant pas les heures de colle... [PV Spencer] Icon_minitime1Mer 21 Mai - 23:25


Il n'aimait pourtant pas les heures de colle... [PV Spencer] Tumblr_lxnsvh8V4Z1qcapglo1_500

I am such a coward
I could win an award
You may not believe me
But it would be okay, be okay, be okay…
Did you know you're still crying,
Did you know that we all did ?
Is it paradise?


Et pourtant, elle y était habituée. Aux colles, évidemment.
Par centaines elles s’alignaient devant ses yeux, à demi-clos, toujours, le visage éteint et le regard vide. Apprendre, ce n’était pas la spécialité de Spencer. Cette fille, sans être idiote, n’avait pas la fibre scolaire. Malheureusement, elle était coincée ici, niveau Plomb, labellisée paria, abonnée aux abonnés absents, déchet. Bienvenue, Spencer.

Et maintenant, elle était là. Enième salle de cours, énième colle, énième prof. Pour un cours de langues, en plus. N’eusse-t-elle pas été aussi fatiguée, elle en aurait ri. Elle qui ne savait même pas parler l’anglais correctement, comment aurait-elle pu émettre un son dans une langue étrangère ? Hormis « oh là là » et « Kartoffelsalat »… Pour une fois, fait exceptionnel, elle était arrivée à l’heure. Habillée de manière excentrique et relativement vulgaire, on ne change pas les bonnes habitudes, avec un legging noir moulant, ses Doc’s vertes, et un t-shirt léopard. Ah, oui. « Bon goût » ne fait pas partie de son vocabulaire. Cheveux rouges assortis, fraîchement teints. Ça n’empêchait pas qu’elle était à l’heure. En partie car elle appréciait le professeur, monsieur Manesse, qui se comportait toujours bien avec elle. L’un des rares à ne pas la persécuter ouvertement (lorsqu’elle venait en cours) pour son statut de Plomb. L’autre raison de sa ponctualité… eh bien, elle s’ennuyait. Elle déprimait. Depuis l’incident – elle ne voulait pas l’appeler autrement – la pauvre Spencer ne s’améliorait pas, psychologiquement parlant. Son évanouissement prompt au début de la fusillade, elle qui s’était blindée de poudre avant d’y aller pour ne pas vomir sa haine contre l’école et pour planer dans un joli halo, l’avait sauvée. Mais ne pas être là, ne pas être consciente, s’était finalement révélé pire que prévu. Lorsqu’elle avait repris conscience, à l’hôpital, les médecins l’avaient regardé avec consternation. Elle eut honte. Elle eut peur. Et elle paniqua.
Les hôpitaux réveillaient brusquement sa haine, aussi, des institutions de soins. Trop longtemps dans la cellule d’un asile, ça n’aide pas non plus. Lorsque son système fut « apte », on la renvoya directement dans le dortoir, et elle s’y terra, n’en sortant que pour les choses vraiment obligatoires, et encore.
Spencer gisait dans sa chambre, traumatisée, apeurée, perdue, seule. Liste des adjectifs non-exhaustive. Ses pensées se confondaient, elle vomissait, pleurait, se droguait, fumait, buvais, sans avoir notion du temps, refusait de voir ses amis. Elle retenait les noms des morts, en devenait obsédée, hallucinait, vomissait, pleurait, cauchemardait, se coupait. Quel gâchis… Dire qu’avant, tout allait si bien.. ! Spencer avait renoué avec Frederic, elle se rebellait toujours avec joie et les crises s’étaient estompées. La fus… l’incident avait tout démultiplié, tornade ne laissant  sur son passage qu’une loque.

Elle n’aurait même pas dû venir à cette colle. Tout ça pour un devoir non-rendu, comme d’habitude quoi… Manesse n’avait pas apprécié. Elle comprenait et s’en voulait un peu. L’épreuve avait été rude pour tous, et elle n’était pas foutue d’écrire un essai pour le seul cours auquel elle daignait assister « régulièrement ». Triste.

Elle voulut ne pas faire honte à son professeur. Soudainement, elle se dit - car elle l'aimait bien - qu'il n'aimerait pas trouver un sac à patates moisies à la place de son élève. Dans un soupir à fendre le coeur, elle descendit de la table sur laquelle elle avait posé ses fesses, et s'assit correctement sur la chaise.
L'instant semblait étrange.
Pour ne pas paraître étrange, elle croisa les bras sur la table. C'était déjà mieux : elle se ressemblait quand même un minimum. Le savoir-vivre non plus, ça n'était pas trop inscrit dans ses gênes.
Spencer ne pensait même pas à ce qu'elle allait bien pouvoir faire pendant cette colle : son esprit était plus vide que le vide depuis l'incident et franchement... une colle... c'était la dernière chose dont elle avait besoin. Peut-être pourrait-elle essayer de parler avec monsieur Manesse, plutôt ? Une conversation sur les Kartoffelnsalat ponctuée de "oh là là" et "voilà" devrait suffire.

La porte s'ouvrit si brusquement qu'elle fit sursauter Spencer, qui dans un élan de panique, se redressa, fit tomber la chaise, s'empressa de la ramasser, se cogna en se relevant, et, malhabile, frottant son front, s'adressa enfin à son professeur.

« Bonjour m'sieur... désolée pour la chaise et tout, vous m'avez fait peur, je commençais à m'endormir en fait. Désolée, vraiment. Et vous avez vu, je suis à l'heure ! » Naïve expression d'une enfant de cinq ans. Remarquez, c'était vraiment un miracle. « Même en avance par rapport à vous, poursuivit-elle, fière. Puis, elle se reprit. Enfin, désolée... Je suis désolée pour ce devoir. Vous savez, je ne les fais jamais alors... je sais que j'ai abusé mais ça ne va pas fort en ce moment... enfin, désolée. Vous non plus vous n'avez pas l'air bien ? Mais je me mêle de ce qui ne me regarde pas. Sauf si vous voulez que je m'en mêle mais j'pense pas, hein ? Du coup... » Elle chercha quelque chose d'intelligent à dire pour sauver ce discours affligeant, mais n'en trouva pas. « Du coup, qu'est-ce qu'on fait ? »

Oui, on.
Déconnez pas, elle n'allait pas "bosser" toute seule, quand même.

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MessageSujet: Re: Il n'aimait pourtant pas les heures de colle... [PV Spencer] Il n'aimait pourtant pas les heures de colle... [PV Spencer] Icon_minitime1Lun 2 Juin - 18:23



Supporter la souffrance de quelqu’un. Les larmes. Les tremblements. C’était toujours difficile à faire et lui, Roger, n’avait jamais pu. Il perdait vite toute force devant le spectacle de la souffrance. Il perdait toute envie de faire sa loi. La souffrance était une autorité bien plus grande que tous les artefacts que l’on pouvait trouver à côté pour se croire meilleur qu’on ne l’était. Peut-être que pour n’importe qui d’autre, la punition qu’il avait mise était juste. Pour lui, elle ne l’était pas. Il n’avait jamais réussi à se convaincre qu’il en avait le droit parce que son droit allait au-delà de sa force sur les élèves. Et rien ne s’arrangea quand il entra dans la salle de classe. A sa grande surprise, c’était le moins qu’on puisse dire, Spencer était déjà là. Il l’aurait crue en retard. Quelque chose n’allait pas en ce moment. Pour elle comme pour tout le monde et il le voyait. C’était comme un spectre qui passait à travers les murs de cette école, à travers les élèves même, et qui faisait disparaitre tout ce qu’il y avait de bon autour d’eux. Le bon disparaissait peu à peu. Le juste aussi. En croisant le regard de son élève dans la salle, étonnamment à l’heure, il vit que même lui était touché par cette vague horrible. Il la détestait. Il détestait que tout soit aussi froid, sombre et gris. Es enfants avaient appris à sécher leurs larmes et se faire un abri. Là où les pierres ont une mal, blottir leurs cœurs qui battent… et maintenant, s’ils battaient, ils étaient loin, loin d’ici. Il donnerait tout ce qu’il avait pour pouvoir tourner d’autres pages. Il apprendrait à aimer toutes les rues de cette ville, si seulement cela pouvait lui permettre d’y être comme chez lui. Réapprendre à vivre ici, dans le noir, ce n’était pas possible. Alors il devait y apporter la lumière.

Spencer avait presque l'air d’avoir peur de lui, mais elle le regardait surtout avec fatigue. Lui mettre une colle en ce moment n’était certainement pas la meilleure chose à faire. Il allait l’épuiser et la faire tomber de fatigue. Elle commença à marmonner. Il songea à l’interrompre d’un geste de la main, mais il ne fit rien – ou il ne put rien faire. Il resta immobile face à elle en se demandant comment il allait pouvoir se rattraper, tout en restant le professeur qu’il était censé être. Malgré tous ses remords, et son envie de la laisser partir, il ne pouvait pas innocemment annuler la colle. Il ne pouvait pas la laisser sortir avant que l’heure ne soit passée. Mais une fois dans la pièce, plus personne ne le surveillait. Il devait simplement compter sur la discrétion de Spencer et lui faire confiance. C’était encore prendre un risque. Mais il ne pouvait pas prendre de risque ! Aujourd’hui encore moins que jamais. Pas avant que sa fille ne soit sortie de l’hôpital. Pas avant qu’elle ne soit pas de nouveau capable de se débrouiller seule. Elle n’était qu’une toute petite fille, mais il savait qu’elle était capable de bien plus qu’elle n’en avait l’air. En bonne santé. Il aurait le droit de prendre des risques plus tard. Surtout qu’à présent, avec cette surveillance accrue, chaque petit risque était devenu un danger véritable. Alors il faudrait faire cette colle, ou du moins en avoir l’air.

Il prit place en face de Spencer, bien décidé à faire son travail à présent. Mais quand il croisa son regard, il fut encore pris de doute. Le regard de la peur et de la tristesse, il savait le reconnaitre, et il le reconnaissait de loin. Il le vit immédiatement ; il ne sut y résister. Quand elle lui demanda comment il allait, il aurait certainement dû éluder la question. Ce n’était pas le genre de question que les élèves devaient poser à leurs professeurs. Et pourquoi, d’ailleurs ? Pourquoi est-ce que ça ne se faisait pas, dans ce monde, d’être civilisé ? Ni ailleurs, en même temps. Ce code de politesse, savoir ne rien demander à quelqu’un du niveau de notre professeur, il le connaissait depuis longtemps. Bien avant la guerre et tout le reste. Il y avait beaucoup de choses qu’il n’avait jamais comprises, finalement. Personne n’avait jamais fini de grandir. Dans ce monde, c’était dur, et en même temps, on sentait plus facilement toute la faiblesse qui était encore la nôtre. « On ne peut pas dire que tout aille pour le mieux, en effet. Comme vous, je suppose. Mais ne vous inquiétez pas. Je suis sûr que tout va finir par s’arranger. Et pour cela, je vais vous faire travailler sur quelque chose. » Quelque chose d’inoffensif, normalement. Inoffensif pour lui. Ce n’était pas un problème de travailler sur le bonheur et la joie, et l’absence de souffrance. En tout cas lui semblait-il. « Ce qu’on fait… ON va étudier l’extrait d’un livre peu connu. » Peu connu, c’était le moins que l’on puisse dire. Un livre interdit, surtout, mais il n’avait pas de raison de l’être. Et personne ne reconnaitrait cet extrait de texte décousu et sorti de son contexte, remanié même par lui. Il l’avait traduit dans une autre langue et avait appris le texte par cœur. Il n’y aurait aucune copie, rien entre les mains de son élève. C’était sans risque.

Il avait bien entendu le « on » utilisé par Spencer et cette formulation lui arracha même un sourire. Quel que soit son état, Spencer était toujours la même, l’élève qu’il avait toujours connue et qui avait du mal à travailler comme on le lui demandait. Celle qui ne faisait jamais ses devoirs et ne venait pas en cours. Au fond d’elle-même, au fond de chacun d’eux, il restait une part de ce qu’ils étaient avant. Même lui. Il devait absolument faire un sorte de protéger ce qui lui restait de ce qu’il était avant, comme pour tous les élèves. Certains étaient perdus loin de leur vrai monde et il n’y avait aucun espoir de les sauver… mais il ne pouvait pas renoncer à l’espoir. Il devait en rester un et il fallait qu’il le trouve. « Il s’agit d’un texte qui était en français au départ mais nous travaillerons une traduction en allemand, puisque c’est un devoir d’allemand que vous étiez censée me rendre. Ne vous en faites pas, je ne vais pas vous laisser travailler seule. Je vais vous lire le texte à voir haute, et vous devrez écouter attentivement. Finalement, c’est un exercice de compréhension orale. Une fois que j’aurai terminé, vous aurez simplement à me résumer ce que vous avez compris. » Il prit une feuille au hasard dans sa sacoche. Une feuille sur lequel se trouvait un texte, mais ce n’était pas celui qu’il allait lui réciter. Ce n’était qu’un formulaire inintéressant. Mais réciter un texte aurait été étrange. « Ecoutez bien, je commence : ‘Il n’est pas difficile d’être malheureux ou mécontent ; il suffit de s’asseoir, comme fait un prince qui attend qu’on l’amuse, non sans majesté, car il y a une sorte de puissance à mépriser toutes les offrandes. Au contraire, le bonheur est le plus beau spectacle. Mais il est toujours difficile d’être heureux : c’est un combat contre beaucoup d’évènements et contre beaucoup d’hommes ; il se peut que l’on y soit vaincu, mais c’est le devoir le plus clair de ne point se dire vaincu avant d’avoir combattu de toutes ses forces. Et surtout, il est impossible que l’on soit heureux si l’on ne veut pas l’être. C’est un devoir aussi envers les autres que d’être heureux : tous ces cadavres, toutes ces ruines, ces offensives de précaution, sont l'œuvre d'hommes qui n'ont jamais su être heureux et qui ne peuvent supporter ceux qui essaient de l'être.’ Voilà. A votre tour de travailler, à présent. »


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MessageSujet: Re: Il n'aimait pourtant pas les heures de colle... [PV Spencer] Il n'aimait pourtant pas les heures de colle... [PV Spencer] Icon_minitime1Mar 10 Juin - 14:22


Il n'aimait pourtant pas les heures de colle... [PV Spencer] Tumblr_m7rvmoePwi1qdq5cn

I can tell by your eyes that you're not getting any sleep
And you try to rise above it, but feel you're sinking in too deep
Oh, oh I believe, I believe that
It's going to be alright

I believe you'll outlive this pain in you heart
And you'll gain such a strength from what is tearing you apart
Oh, oh I believe I believe that
It's going to be alright
It's going to be alright


Spencer aurait dû s’habituer à la douleur. Depuis le temps que la souffrance l’habitait, vraiment, elle aurait dû être habituée. Physiquement d’abord, il y avait eu sa surdité. Souffrir de ne pas entendre, d’être rejetée et de ne pas faire partie du même monde physique que les autres. Puis le déchirement de ses parents, le départ de sa mère, l’esquive de son père. La souffrance physique s’était démultipliée, s’accompagnant d’une violence psychologique. Spencer, ou « Jeanne » comme il était convenu de l’appeler, Jeanne Clayton, ne savait pas exprimer sa douleur ; et elle se meurtrissait d’un silence oppressant. Déjà bombe à retardement, ça avait explosé, ce jour où elle avait failli commettre un homicide, volontaire. Volontaire mais inconscient : elle se souvient très bien de la rage aveugle qui l’avait happé, anéantissant sa raison et sa lucidité. Tout ce qu’elle voulait, c’était assouvir cette haine, percer l’abcès, recouvrer une sérénité. Et oui, ce jour là, Spencer aurait pu ôter la vie, prendre un souffle, une âme. On l’avait arrêté à temps alors qu’elle se déchaînait, frappant sans distinction la tête de l’autre contre le béton.
La suite n’avait été qu’une série de cauchemars, de mauvais traitements, de brimades. Une souffrance, une torture, qui ne partait pas, s’installant, se tatouant de manière permanente dans chaque parcelle de son être. Weins avait apporté un répit, mais lorsqu’elle s’était rendue faible et encore sous le choc de sa tentative de se donner la mort, sous la pluie battante, elle n’avait trouvé ni refuge ni foyer à New-York. Depuis, Spencer se dégradait. Lentement, gentiment, elle se laissait couler. Les premières années, c’avait été facile de jouer les bravaches parmi les autres, résister, se battre, sans vraiment rencontrer de résistance à sa résistance. Puis elle avait réalisé que le combat n’était pas tant dans l’intensité que dans la durée. Ils prenaient sept ans pour abattre les consciences. Elle s’épuisait à rester forte et vaillante alors qu’ils attaquaient insidieusement les fondations de ses bastions.

L’incident avait parachevé la crise existentielle de Spencer.

Et maintenant, elle se tenait, lasse et fatiguée, devant Roger Manesse. Lasse, fatiguée, mais avec l’insouciance des fous. Battue, blessée, mais jamais vaincue. Pas d’abandon, pas de reddition, elle mourrait au front en soldat plutôt que de vivre en ayant sciemment laissé une entité déshumanisée annihiler l’espoir et l’amour, la lumière et la vérité. Les jours à venir ne seraient pas meilleurs.
Elle aurait froid, elle aurait peur. Elle serait terrorisée, marchant sur un fil. Et quitte à y perdre la raison, elle se jetterait toutes forces dans la bataille. Après tout, elle avait fait trop de chemin, trop de sacrifices et trop éprouvé pour abandonner maintenant. Non, elle n’avait pas tout fait en vain. Sa destinée, Spencer guidant le peuple.
Elle ne le guiderait pas, mais elle sublimerait sa conscience, s’immolant et brûlant vive dans un océan de ténèbres assujetties au mensonge et à l’endoctrinement.

Avec des volutes de fumées, éphémères comme celles de ses cigarettes, Spencer s’évanouirait en une explosion magistrale.

Elle leva son regard, croisa celui de Roger. Spencer n’était certes pas un génie, ni une voyante, mais elle savait reconnaître la peur et le désespoir. Elle eut envie de se jeter dans ses bras pour le conforter – c’était d’habitude ce qu’elle faisait. La britannique était certainement lunatique et imprévisible mais, pourvue d’une générosité sans borne pour les personnes qu’elle aimait ou respectait, elle tendrait toujours la main.

« On ne peut pas dire que tout aille pour le mieux, en effet. Comme vous, je suppose. Mais ne vous inquiétez pas. Je suis sûr que tout va finir par s’arranger. Et pour cela, je vais vous faire travailler sur quelque chose. » « J’ai vécu pire. Mieux, aussi, je suppose. Mais… je… je ne pense pas que ça s’arrange. Même s’il ne faut jamais baisser les bras moi j’pense que ça va être pire. » Plus de rire dans sa voix, seulement une réflexion basse. Elle prit une inspiration. « Si je peux faire quoique ce soit… Je vous aime bien m’sieur, j’voudrais pas qu’il vous arrive un truc v’voyez ? » Elle eut un sourire désolé et se gifla mentalement. Ce n’était pas son rôle et ce n’était pas sa place. Reste à ta place. Ne lui avait-on pas assez répété ? Et puis, Manesse était un professeur. Il avait sûrement de prêter serment à Gordon et tout le bordel. Même si elle espérait de tout son cœur qu’il n’était pas aussi lobotomisé que les autres professeurs – il ne le semblait pas, il fallait toujours se méfier. D’où provenait cette confiance aveugle ? Non, non, c’était mauvais signe : celui du désespoir. Elle devait se ressaisir. Merde, elle était Spencer Fitzpatrick. Spencer. Fitzpatrick. Les mots résonnèrent. Ouais, elle doutait de son identité. Hell no, c’était tout ce qui lui restait.
Elle devait se ressaisir.

« Ce qu’on fait… ON va étudier l’extrait d’un livre peu connu. » Elle fut reconnaissante à Manesse de ne pas s’appesantir sur le sujet. Puis, elle retint la consigne : étudier, livre, peu connu. Alors lui, il avait de l’espoir. Spencer, en bonne originale, lisait parfois des livres qui n’avaient rien à voir avec elle : Camus, Sartre, Machiavel, Shakespeare. Parallèlement, elle était incapable de déchiffrer ou d’orthographier correctement une bête phrase de grammaire anglaise et elle parlait d’une manière peu orthodoxe. Mais elle était comme ça, cette petite rouquine. Un paradoxe, et un beau.

« Il s’agit d’un texte qui était en français au départ mais nous travaillerons une traduction en allemand, puisque c’est un devoir d’allemand que vous étiez censée me rendre. Ne vous en faites pas, je ne vais pas vous laisser travailler seule. Je vais vous lire le texte à voir haute, et vous devrez écouter attentivement. Finalement, c’est un exercice de compréhension orale. Une fois que j’aurai terminé, vous aurez simplement à me résumer ce que vous avez compris. »  Elle eut envie d’éclater de rire, et d’ailleurs, elle pouffa. Elle ? Lire du français, et pire, de l’allemand ? Mon Dieu, depuis quand était-elle inscrite en classe d’allemand ? Non, sérieux, elle faisait allemand elle ? Il faudrait qu’elle demande à Lexy ou Frederic, parce-que… ben, ils devaient certainement savoir mieux qu’elle à quels cours ils étaient inscrits. Quoique. Vu les cas… Bref. Alors, soit, elle faisait allemand. Génial ! Elle adorait découvrir des trucs.

Évidemment, elle ne capta rien du texte. Fronçant les sourcils, elle s’efforça de noter quelques bribes de mots sur la feuille blanche devant elle, mais ce n’était pas glorieux. « Ça parle de bonheur, de malheur… Attendez. » Elle blanchit. Pour la première fois de sa vie, un texte lui parlait. Elle demanda – ou ordonna presque au professeur de lui répéter le texte, et cette fois, elle crut comprendre. « Je ne sais pas ce que vous voulez que je travaille, mais moi j’crois que j’ai compris. L’homme malheureux, l’homme mécontent, il n’a rien d’autre à faire que de nier les efforts, nier les petites choses du quotidien qui font d’une vie une vie. C’est facile de s’atipoyer, non, s’apit… se pitoyer… s’apitoyer sur son sort. On se laisse couler et après on se laisse happer par ceux qui veulent nous faire du mal et qui sont méchants. Le bonheur c’est plus difficile car c’est une lutte constante. Moi j’vous dit que la nature humaine c’est pourri, c’est nécrosé et je suis plutôt bien placée pour le savoir car hormis mes amis les autres, ceux qui m’entourent, sauf vous peut-être, ce sont des monstres. Ils se voilent la face et sous prétexte d’un malheur trop grand à supporter pour leurs petites épaules ils se laissent divertir par autre chose. Comme votre prince là, bah il s’assoit et il dénigre les autres qui veulent l’aider mais par contre il se laisse divertir par des bouffons mais les bouffons ben parfois ils sont pas dotés de bonnes intentions. Alors que les gens qui veulent être heureux ils doivent se battre contre la facilité. Moi j’préfère la phrase, là… Il se peut qu’on soit vaincu mais il faut pas se dire vaincu avant d’avoir donné tout ce qu’on a. » Elle adressa un sourire radieux à Manesse, et son visage s’illumina. C’était clairement la meilleure colle de sa vie. Bon à tous les coups elle pigeait rien et Manesse allait la gronder, mais les mots la transportaient. « Fin si je compare avec moi, pourquoi vous croyez que je suis toujours une putain de Plomb après autant de temps ? Je suis loin d’être un ange hein, je suis une teigne et tout, mais j’me rendrai pas. Et tant pis si vous êtes un émissaire de Gordon, moi je préfère vous avertir : tant que je respirerait, jamais je les laisserai m’avoir. Ou alors je me tuerai avant. Parce-que, c’est bien la fin du texte non ? Il faut absolument que quelques un portent l’espoir. Il y a trop de sacrifiés, trop de morts, trop d’horreurs passées pour qu’on abandonne. Les autres, ils font ça pour nous écraser parce-que s’ils vivaient comme leur conscience le voulaient, loin des ténèbres et des mensonges, ils pourraient être vraiment heureux et se libérer. Moi je suis pas heureuse hein, mais je sais que je préfère être malheureuse tout en combattant le malheur et en ayant la lucidité de ma conscience qu’être heureuse sur les ruines de mon malheur en me laissant abuser par un bonheur éphémère et mensonger.  » D’où est-ce qu’elle sortait ça ? Elle sourit. Ça venait du cœur. C’était réel. Et tant pis pour les reproches, tant pis si Manesse se fâchait. Tout d’un coup, la fatigue et la lassitude disparurent : Spencer se sentit revivre. Oui, c’était un texte d’espoir ! C’était un signe providentiel, c’était ce dont elle avait besoin.

« Je suis sûre que vous êtes d’accord. Vous ne me feriez pas étudier ça, pas à moi, même s’il y a dix chances sur onze pour que je sois à côté de la plaque, si vous étiez pas… » Elle baissa la voix. « Si vous n’aviez pas d’espoir. » Ce n’était pas du tout une allégation de résistance. Un minimum réaliste, Spencer se doutait que Roger n’était pas un résistant de première ampleur, mais elle sut alors pourquoi elle l’appréciait. Il espérait.

« Et pour finir, le bonheur et le malheur dépendent de nous, de ce que l’on met à l’œuvre en nous pour y arriver. Les hommes malheureux essaient de détruire le bonheur des gens heureux. C’est pas de la jalousie, c’est de l’impuissance. On est des martyrs, et ils peuvent pas le supporter. Mais ce sont eux qui nous créent : on serait pas différents si tout le monde s’efforçait d’être heureux, n’est-ce pas ? »

Spencer ne se donna pas la peine de préciser les « ils », « nous », « eux ». Elle jugeait que son professeur était assez intelligeant pour deviner tout seul de qui elle parlait, et sinon, vraiment, tant pis. Ça n’avait plus trop d’importance : elle avait compris quelque chose, quelque chose de précieux qui valait de l’or, mais aussi de dangereux. Ou pas, peut-être qu’elle s’emballait, que c’était un piège, qu’elle avait mal lu entre les lignes mais pourtant… Au fond d’elle, elle en était conviancue.

Ils espéraient.


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MessageSujet: Re: Il n'aimait pourtant pas les heures de colle... [PV Spencer] Il n'aimait pourtant pas les heures de colle... [PV Spencer] Icon_minitime1Mer 20 Aoû - 0:22


[J'ai jamais eu un retard pareil, mais j'ai répondu dès que je l'ai lu. J'ai trop kiffé !]

On ne pouvait pas dire que Roger s’intéressait beaucoup aux souvenirs de son enfance. Mais, étrangement, il se rappelait la première fois qu’il était tombé sur ce texte qu’il venait de lire à Spencer. Comment ne pas s’en rappeler ? Un tel message d’espoir, de courage et de force. Un appel au bonheur, au désir d’être heureux et à l’effort qu’il fallait faire pour y arriver. C’était sans doute la plus belle leçon d’existence qu’il était possible de donner à quelqu’un qui était sur le point de perdre espoir. Sur le point seulement. Certains étaient trop enfoncés dans leur malheur et se complaisait dans celui-ci de sorte qu’il était désormais impossible de leur faire ouvrir les yeux ou lever le tête. Roger n’avait jamais voulu croire qu’il y avait des cas sans espoir ; mais certaines personnes étaient sans espoir. Heureusement, il ne travaillait pas pour quelques monstres, quelques désespéré, parce qu’être désespéré à ce point était trop terrible pour être courant. C’était rare. Il y avait une majorité de personne, en tout cas l’espérait-il, qui désirait être heureux, même s’ils se trompaient sur le moyen d’y parvenir. Une chose était sûre : la vie restait noire tant qu’on ne s’efforçait pas de l’illuminer. Les malheurs étaient chose courante, et il n’y avait pas besoin de dictature pour cela. De tout temps, la pluie tombait, l’orage grondait, les morts arrivaient trop vite, toujours trop vite. Partout. Toujours. C’était ce qu’ils devaient comprendre. Ce n’était pas différent d’autrefois, la seule différence, c’était que les gens ne voulaient plus y croire – étaient forcés, devrait-il dire, de ne pas y croire. A part quelques uns. Quelques chanceux, peut-être, ou, comme il préférait le croire, quelques durs d’esprit qui ne se laissaient pas abattre, parce qu’ils refusaient de se laisser abattre. Il regrettait que ce ne soit pas quelque chose de plus fort qui les empêchent de tomber dans ce piège. Quelque que chose que, cependant, il sembla discerner en Spencer lorsqu’elle lui proposa aimablement son soutien en entendant la réponse à sa question. Il n’allait pas bien, pour de nombreuses raisons, il n’avait pas voulu s’étendre et cela ne la regardait pas vraiment. Et il n’était pas du genre à raconter sa vie à tout le monde. Mais, loin de la remettre à sa place, il ne put s’empêcher de sourire, même s’il avait décidé de se montrer plus dur avec ses élèves, pour mieux mériter le poste qu’on lui avait confié, aux yeux de ceux-là même qui, justement, le lui avait confié.  Elle semblait s’être rendu compte elle-même que quelque chose clochait dans ce qu’elle lui avait dit mais, désireux de la rassurer, il n’hésita pas à répondre aussitôt :  « Je vous remercie. Ce genre d’attention fait toujours plaisir, à qui que ce soit. Ne l’oubliez pas. » Non. Ne pas oublier. La gentillesse et les sourires payaient, peu importait le nombre d’injustices qu’il se produirait entre-temps. C’était ce qu’il voulait apprendre à ses élèves. Même au milieu d’une heure de colle. « Et… vous avez raison de dire qu’il ne faut pas baisser les bras. Toute cruche… ou plutôt, disons que tout évènement a deux aspect, et que tout peut être interprété comme un bien ou comme un mal. Même si parfois, la deuxième anse de la cruche… enfin, l’aspect positif est difficile à trouver. Bref, vous avez raison. Vous avez la bonne attitude. »

Mais malgré tout ce qu’il avait à lui dire, il dut se concentrer sur la colle et sur le travail qu’ils avaient à faire tous les deux. Tous les deux, non elle seule, et il avait bien entendu sa requête. Il récita, lentement, en articulant, parce que ce n’était pas sa meilleure étudiante mais il fallait nécessairement qu’elle comprenne. Il fallait qu’elle l’entende. Quand il termina, il releva la tête de la feuille sans texte, sans laisser paraître aucune expression. Il attendit simplement une réponse, avec le visage d’un professeur qui attendait une réponse. Au départ, Spencer ne se montra pas très inspirée et il n’en attendait pas plus. Il se doutait qu’il lui faudrait relire le texte à plusieurs reprises, et s’il attendait, ce n’était que par politesse, pour lui laisser une chance. Il fallait toujours laisser une chance… « Oui ? » Brusquement, ce fut avec plein d’espoir et peut-être une part de fierté qu’il interrompit ses pensées, alors qu’il s’apprêtait justement à recommencer sa fausse lecture. Elle n’avait dit qu’une phrase vague, bonheur et malheur. Mais tout à coup, elle s’était interrompue, et toute son attitude, jusqu’à ce qu’il voyait du fond de ses yeux, avait changé. Tout à coup, il avait l’impression qu’elle comprenait. Finalement, elle lui demanda elle-même de recommencer sa lecture, d’un ton qui était certes un peu brusque, mais elle avait réveillé en lui une telle lueur d’espoir qu’il n’en tint pas compte et lui obéit promptement :   « Oui, bien sûr, je suis là pour ça. Concentrez-vous, j’irai lentement. » Et il récita une nouvelle fois, le nez plongé dans son formulaire qui lui servait de prétexte. Quand il termina, cette fois, et qu’il leva les yeux vers elle, il ne put dissimuler les profondes attentes qu’il plaçait en elle. Et au fur et à mesure qu’elle parlait, qu’elle restituait avec une précision étonnante chaque détail du texte qu’elle venait de lire, il hocha la tête, et son sourire – qu’il essayait toutefois de contrôler – s’élargit. Elle n’hésita pas à donner son avis sur ce qu’elle venait d’entendre et plus encore, la nature humaine. Il avait beaucoup à répondre là-dessus, mais il avait tellement peu l’occasion d’entendre un avis véritable et non influencé de la part d’une élève qu’il la laissa dire, presque heureux d’entendre quelque chose qui n’était ni son opinion à lui, ni celle du gouvernement. Mais s’il était là, c’était avant tout pour lui rendre espoir – et il n’allait certainement pas la laisser penser sans y avoir réfléchi qu’il n’y avait rien de bon dans la nature humaine. Il prit appui contre le bureau, et continua d’écouter, s’efforçant cette fois de faire retomber son sourire. Il lui fallut beaucoup de force, mais il reprit son expression impassible, même s’il savait que sa véritable réaction n’avait pas dû passer inaperçu. Il ne pensait pas que Spencer comprendrait le texte aussi bien du premier coup, il fallait l’avouer. Evidemment, il en était ravi. A la fois pour son travail scolaire que pour sa soudaine détermination revenue pour ne pas s’apitoyer, comme elle le disait elle-même.

Elle termina sur une question. Une question trop vaste, trop hypothétique, trop lointaine de l’horrible réalité pour qu’il puisse y répondre. Il avait envie de répondre, mais il n’énoncerait peut-être que son désir le plus cher et absolument pas ce qu’il convenait vraiment de dire ou ce qu’elle voulait entendre. Alors, il préféra éluder la question. Il avait suffisamment d’autres commentaires à faire sur son travail. « Bien, vous avez… un peu dépassé les limites de l’exercice demandé, mais je ne peux pas vous le reprocher. Un simple résumé aurait suffi, c’est ce que je vous demandais, et vous ne me devancez pas en ayant dit tout cela car je ne vous aurais certainement pas demandé votre avis sur ce que vous avez lu… j’ai bien peur que l’avis des élèves sur le contenu de ce qui est dit dans les autres langues n’est pas vraiment le programme de mes cours. Du moins… pas le programme officiel qu’on me demande de traiter. Néanmoins… je ne suis pas mécontent que vous ayez pris le temps de le faire. Sinon, d’une manière générale… je dois vous féliciter, vous avez compris mieux et plus vite que je ne l’aurais cru. » Il aurait aimé rajouter que tout était à la portée de tout le monde, du moment qu’on y trouvait la petite étincelle qui rendrait tout le reste intéressant. Spencer n’avait jamais compris un traitre mot dans un texte allemand avant cela mais brusquement, les mots qui énonçaient le plus ce qu’elle ressentait, ils étaient entrés avec une telle facilité qu’ils en avaient tous les deux été surpris. Mais il ne pouvait pas trop s’avancer, plus maintenant, il ne pouvait prendre les mêmes risques qu’avec les autres élèves qu’il avait déjà approchés d’aussi près, comme Evangeline ou Lexy. Il fit l’impasse sur tout ce qui concernait de près ou de loin le monde réel, la politique, Gordon et sa propre situation, pour se concentrer simplement sur le travail de compréhension en lui-même. Après tout, elle n’avait pas eu besoin de lui pour entendre l’appel d’espoir qu’il avait fait passer par cette récitation. Il pouvait la laisser penser seule à ce sujet, et il n’en demandait pas moins. Mais avant, il ne put s’empêcher de soulever : « Vous avez dit, je vous cite, que la nature humaine était, selon votre expression,  pourrie. Pourtant… êtes-vous sûre que cela ne contredit pas ce que vous avez compris par ailleurs – et à propos duquel vous sembliez d’accord ? Par exemple, est-ce que vous ne soutiendriez pas que les hommes veulent naturellement être plutôt du côté du bonheur ? Pensez-vous que la nature humaine préfère le malheur ? Dans ce cas, pourquoi les malheureux se plaignent-ils de ce malheur ? Peut-être – et ce n’est qu’une supposition, j’aimerais juste vous voir approfondir votre compréhension du texte et des points essentiels dont il traite – que finalement, ils se trompent tout simplement sur la nature du bonheur, attendant dans le confort de la misère qu’il vienne de lui-même, alors qu’il faut en réalité le rechercher. Dans ce cas, peut-être suffirait-il de corriger ce défaut de connaissance, dirions-nous, pour orienter inévitablement cette nature du bon côté des choses. Qu’en pensez-vous ? » Il avait volontairement formulé sa dernière question avec beaucoup d’ambiguïté. Par « qu’en-pensez-vous », il attendait simplement de savoir si elle trouvait que cette explication convenait mieux à ce qu’elle venait d’entendre, mais il savait qu’il y avait un risque qu’elle ne se préoccupe plus de ce qu’elle avait entendu et qu’elle réfléchisse à sa propre vie, sa propre expérience pour répondre par elle-même. Ce serait plus intéressant pour lui – et libérateur pour elle.

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MessageSujet: Re: Il n'aimait pourtant pas les heures de colle... [PV Spencer] Il n'aimait pourtant pas les heures de colle... [PV Spencer] Icon_minitime1Mar 26 Aoû - 19:05


Il n'aimait pourtant pas les heures de colle... [PV Spencer] Tumblr_lxp98gIytF1r487nmo3_500
Je marche
Sous toutes les échelles que je croise
Avec ma meute de chats noirs
Mes phalanges s'approchent du miroir
Mon visage vole en éclats

On ne m'a jamais tiré les cartes
Je n'ai jamais croisé l'oracle
Seulement des souvenirs que j'efface
Et quelques larmes qui claquent


Le cœur battant, les yeux brillants, Spencer suspendait son attente dans le temps mort. Elle priait presque pour une confirmation, pour un sourire complice, pour un câlin de joie. Elle voulait que Manesse confesse les mots qu’elle mourrait d’entendre. Elle se sentait pousser des ailes, encouragées par les sourires du professeur. Vous avez raison, vous avez la bonne attitude. Intérieurement, elle exultait. Spencer cachait assez mal ses émotions mais elle s’efforçait de paraître ordinairement neutre. Quoiqu’il lui dise, il comptait évidemment pour que cela reste entre eux. Spencer n’était peut-être pas très intelligente, mais elle pouvait comprendre ça, au moins.

Sa tirade finie, elle leva les yeux vers son professeur. Elle ne savait pas si ces mots jetés presque au hasard avaient du sens, elle qui n’était jamais capable d’en aligner trois correctement. Elle crut voir un éclat de fierté passer sur le visage de Manesse. Oh oui, il pouvait être fier… de lui. Donner à cette jeune fille marginale, malmenée, incomprise et paria, la chance de s’exprimer sur un sujet qui lui tenait à cœur était une chance qui ne lui avait jamais été offerte. Toute sa vie, elle avait du se taire ou subir les brimades, pour quelques mots seulement, qu’elle pensait pourtant si fort. Le dégoût de son père, la terreur vécue dans la maison de correction, les humiliations à peine sortie, et depuis trop longtemps, l’infernal système de Weins. Tout ça parce-qu’on ne l’avait jamais écouté. C’était trop facile de ne voir en Spencer qu’un échec de la société, qu’un petit bout d’infortune parmi des milliers de succès. Mais qui se penchait sur son sort ? Qui, derrière l’adolescente provocante et violente, insolente et insupportable, pouvait discerner la petite fille brisée, abandonnée, la Jeanne de son enfance, qui n’aspirait qu’à comprendre et qu’à aimer ? Oh, sans doute personne, car elle est enterrée – elle est tombée dans le trou des regrets, cette petite fille, des remords mais surtout des erreurs des autres, de l’aveuglement d’un pays et de la haine de milliers de gens.

En plus, elle n’est même pas américaine.

Manesse prit enfin la parole. Un reproche. Ce n’était qu’une petite remarque, mais Spencer sentit son élan se dégonfler d’un coup. Non, elle n’avait pas dépassé les limites. Il mentait. Il attendait exactement cela d’elle.

« Je me contrefous de votre programme, monsieur. Je vous donne mon avis si je veux et je pense surtout qu’il était nécessaire. Vous auriez été déçu si je ne vous l’avais pas donné, hein ? Osez me dire que je me trompe. J’en ai rien à carrer de votre programme tout pourri et en plus je ne sais même pas parler autre chose que l’anglais. Donc oui, félicitez-moi plutôt, pour une fois que je pige quelque chose… »

Son ton fut un peu maussade, toutefois, le compliment du professeur la fit sourire à nouveau. Si lunatique. Elle croyait comprendre qu’il essayait de sauvegarder la face. Pourquoi tout lui semblait soudain limpide ? Elle n’avait jamais accordé d’attention au monde qui l’environnait et encore moins aux enseignants, mais soudain, elle croyait lire Roger Manesse comme un livre ouvert.

Bon, elle ne savait pas toujours bien lire, ce qui expliquait les possibles erreurs de traduction.

Mais néanmoins, elle n’hallucinait pas, si ? Non, non, elle avait raison. « Mais je vous pardonne. Merci pour le compliment. Ça me fait plaisir. Je n’en ai pas eu depuis… depuis jamais, je crois. » Ce qui n’était pas entièrement faux.
En revanche, la question qu’il souleva après la plongea dans une grande perplexité. Oui, la nature humaine était pourrie, tout à fait. Mais les hommes veulent naturellement être du côté du bonheur, oui, hm, elle voyait. Oh non ! Pas un paradoxe ! Spencer haïssait les paradoxes pour la simple raison que son cerveau s’emmêlait à peine lu l’énoncé. Bon. Elle allait faire un effort. Concentration. Suivant ce raisonnement, la nature humaine préférait le malheur, si elle était pourrie ?

« Je… ne comprends pas. La nature humaine est pourrie, oui. On cherche la facilité spontanément parce-que personne ne peut faire des efforts indéfiniment. Vous voyez, moi, j’me bats. Mais je suis camée, je bois comme un trou, je fais n’importe quoi avec ma vie parce-que c’est facile et ça me demanderait trop de sacrifices pour être une gentille fille. Des sacrifices que j’ai pas envie de faire parce-que j’en ai déjà trop donné. Ma pourriture à moi, c’est ça. Appelez ça un vice si vous préférez. Et les gens se plaignent de leur malheur car se complaindre c’est facile. Ça nous remet pas en question, c’est pas de notre faute, vous voyez ? C’est ce que vous avez dit, là, les gens se trompent sur la nature du bonheur attendant machin. On est bien dans notre merde, on pense pas aller voir ailleurs et on se dit qu’il y a pire que nous. On sait qu’il y a mieux mais comme c’est la « fatalité » on ne cherche pas à s’améliorer. Vous comprenez ? Je sais pas m’exprimer autrement. Vous parlez bien, vous, monsieur, vous arriverez peut-être à voir ce que je veux dire. Mais si j’ai des défauts de connaissance, je vous en prie, corrigez les. Moi je connais pas grand chose, vous savez. Je veux bien chercher le bonheur, mais j'ai jamais été heureuse. Je tente de me battre pour ce qui m'apportera de la joie, je pense, c'est à dire la liberté, mais... on peut pas avancer quand tout est contre nous. La route vers le bonheur c'est pas un long fleuve tranquille, car nous promet le paradis mais en attendant on s'brûle en enfer. »

Avait-elle compris, ou faisait-elle semblant de ne pas comprendre ? Elle ne savait pas. Elle était fatiguée de réfléchir, surtout qu'elle n'y était pas habituée. Elle voulait juste parler. Pour une fois que quelqu'un lui tendait une main, l'écoutait, c'était une Salvation qu'elle ne pouvait laisser passer, quitte à trop en dévoiler. Si ça se terminait mal, tant pis, ce serait encore un échec à ajouter à la longue liste des erreurs et des désillusions de Spencer Fitzpatrick.

Le haut-de-forme posé sur le lit
Déployez les parapluies
Le sort s'acharne à ce qu'on dit
Il ne laisse aucun répit

La vie a la gâchette facile
Mais tant que je saigne j'existe
Nus sous les feux d'artifice
On s'abandonne à la nuit



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MessageSujet: Re: Il n'aimait pourtant pas les heures de colle... [PV Spencer] Il n'aimait pourtant pas les heures de colle... [PV Spencer] Icon_minitime1Lun 1 Sep - 21:26



Spencer était, au fond, une élève assez étrange. Elle s’énervait, puis le remerciait, puis confirmait son avis de départ, puis disait qu’il avait peut-être raison, et que c’était lui qui avait mieux compris. Il sourit. Il ne pouvait s’en empêcher, il avait l’impression que c’était ce qu’on attendait de lui, là, en cet instant précis. Il devait sourire. Il avait l’impression, pour la première fois depuis des années, que quelqu’un attendait quelque chose de lui. Du véritable lui, pas du masque qu’il était obligé de prendre partout où il allait. Le véritable lui-même, le dissimulé, celui que personne ne connaissait vraiment à part quelques-uns, trop rares, mais déjà trop nombreux. Il l’écoutait tout en pensant. Penser, il ne faisait que penser. Il savait bien qu’elle se fichait du programme. Il savait aussi qu’elle savait que lui aussi se fichait du programme, qu’il n’était lui aussi qu’une couverture. Le programme était ce qui était au-dessus de la vérité. Et pour ceux qui la voulaient, la vérité… pour ceux qui, comme Spencer, ne baissaient pas les bras, qui voulaient savoir, être heureux, vivre… que pouvait-il faire ? Soudain, il se sentit obligé de faire quelque chose. Il était peut-être – sans doute, vu le recrutement qui était fait ici – le seul à qui pouvaient se raccrocher les quelques élèves qui avaient peur de baisser les bras. Parce qu’il ne fallait pas qu’ils abandonnent, qu’ils décident de s’en remettre à la facilité, parce que les efforts n’aboutissaient à rien. Du moins le croyaient-ils. Lui aussi faisait des efforts et avait parfois l’impression que c’était inutile, parfois l’envie de baisser les bras, mais c’était sa passion pour le genre de phrases comme celles qu’il venait de réciter qui lui donnait la force de continuer. Mais qu’avaient-ils, ceux qui ne les connaissaient pas parce qu’ils étaient tous interdits ? Il savait ce qu’il pouvait faire. C’était dangereux… bien sûr, mais tout était dangereux. Continuer à ne pas bouger, c’était baisser les bras. C’était ça, baisser les bras. Spencer continuerait à être traitée comme une moins que rien qui on avait le droit de tout faire. Et pourtant, elle n’avait pas peur… il ne pouvait pas la laisser perdre ça. Et pourquoi hésitait-il ? Le bonheur ne valait-il pas mieux ? C’était lui qui venait de le dire. C’était lui qui venait de soumettre cette idée à Spencer pour qu’elle y réfléchisse, et elle y réfléchissait. Elle était d’accord – comment pouvait-il en être autrement ? Elle avait encore l’esprit libre et surtout, elle voulait le garder. Il y avait beaucoup d’élèves qui n’avaient pas besoin de lui, en fait. Il n’était pas un héros – d’ailleurs, il n’y avait certainement aucun héros en ce monde, même ceux qui prétendaient l’être. Il n’y avait que lui et le maigre apport qu’il pouvait donner à quelques élèves qui le lui demandaient. C’était tout. Voilà ce qu’il devait faire, finalement. Puisque toutes ses autres tentatives avaient été vouées à l’échec. Donner son aide à ceux qui le lui demandaient. Car après tout, ils finiraient bien par s’en sortir. A plusieurs. Ils seraient ce groupe qui les sauverait tous. Il devait alors simplement pointer du doigt ce qu’elle comprenait sans réussir à le formuler, parce que tout s’embrouillait encore dans sa tête. Mélange de gêne, de peur, de désespoir aussi, peut-être. Sans doute. Un peu de tout cela.

« J’ai l’impression que vous n’êtes pas très au clair avec ce que vous pensez vous-même, Spencer. Ou alors n’avez-vous pas très bien compris ce que je pensais que vous aviez parfaitement entendu. Ce que vous dites pose un problème logique. D’un côté, vous dites que la nature humaine est mauvaise, vous supposez donc qu’on ne peut rien y faire parce que c’est naturel. Voyez-vous, par exemple, respirer est naturel, et vous ne pourrez jamais faire autrement que de respirer. Pourtant, d’un autre côté, vous soutenez que c’est une simple erreur de jugement qui pousse les hommes à être mauvais : ils ne connaissent tout simplement pas le véritable bonheur. Il suffirait donc que… quelqu’un… quelqu’un qui s’en serait rendu compte… quelqu’un qui saurait la vérité, il lui suffirait de leur montrer qu’ils se trompent, et alors, ils changeraient immédiatement d’attitude pour prendre celle qui serait, finalement, préférable pour eux-mêmes et pour les autres. V… vous, par exemple. Vous savez que vous avez raison de vous battre et que, finalement, vous êtes plus heureuse que tous ceux qui croient faire ce qu’ils doivent faire en obéissant sans y penser. Dans ce cas, est-ce qu’il ne vous suffirait pas… en quelque sorte… d’éduquer les autres, pour leur permettre de trouver le bonheur ? Parce qu’en fin de compte, si ce que nous… ce que vous dites est vrai, tous ceux que vous croyiez mauvais se trompent en réalité. Tenez, pour vous permettre d’approfondir votre réflexion, je vais vous lire un autre texte en allemand. Peut-être que cela vous éclairera un peu. » Il se tourna vers le bureau et sortit une autre feuille sans importance, prise au hasard dans une pochette en carton. Il n’avait pas prévu de partir là-dessus, et l’idée de lui réciter cet autre texte l’avait traversé brusquement, par hasard, mais il pensait que ce serait une bonne idée. Il dut cependant improviser une traduction en allemand pour rester dans l’exercice – car c’était toujours une heure de colle dont il s’agissait-, car cette fois c’était un texte en grec ancien à l’origine dont il connaissait une traduction anglaise. Il fit encore une fois semblant de lire : « Ne peut-on pas penser qu’une chose est utile et pourtant ne pas la choisir ? On ne le peut pas. Comment alors une femme peut-elle dire : ‘je sais bien tout le mal que je vais faire, mais ma colère est plus forte que mes résolutions’ ? C’est parce qu’elle pense qu’il lui est plus utile de se laisser aller à la colère et de se venger de son mari que de sauver ses enfant. Oui, mais elle se trompe. Montrez-lui alors clairement qu’elle se trompe, et elle ne le fera pas. Tant que vous ne lui montrez pas, à quoi peut-elle conformer sa conduite, hormis à ce qui lui apparaît ? A rien ! Pourquoi donc vous irriter contre elle au motif qu’elle fait erreur sur les choses les plus importantes ? N’avez-vous pas plutôt pitié, autant que nous l’avons des aveugles et des boiteux, de ceux dont la pensée sur les choses essentielles est aveugle et boiteuse ?» Il releva la tête, se demandant si Spencer aurait compris. Sa traduction improvisée ne devait déjà pas être très claire, en plus le texte de départ était difficile. Avant de la laisser dire ce qu’elle avait à dire, il ajouta : « La femme dont il est question dans ce texte est une référence à Médée, une sorcière grecque. Connaissez-vous le mythe de Médée ? » Ce n’était pas le genre de choses que l’on apprenait à Weins, c’était certain. Mais rien n’empêchait les élèves d’avoir des connaissances insoupçonnées.

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MessageSujet: Re: Il n'aimait pourtant pas les heures de colle... [PV Spencer] Il n'aimait pourtant pas les heures de colle... [PV Spencer] Icon_minitime1Sam 27 Sep - 13:30


Il n'aimait pourtant pas les heures de colle... [PV Spencer] Tumblr_lxhlnsdpaf1r0frfb
Que puis-je faire contre ces chiens
Qui nous disent ce qui est bon, pour nous le vendre juste après
Je ne baisse pas les bras
Mais je pense que ça me ferait le plus grand bien
D'écraser mon poing sur leurs sales figures

Enfant, je savais que la mort n'existait pas
Aujourd'hui je fais à nouveau parti des gens de mon âge
La désillusion 'entasse au pied de la porte, mais je ne baisse pas les bras
La rage, la rage.


Elle n’avait jamais vraiment été très stable. Hystérique, violente, paranoïaque, puis douce, joueuse, extravertie. Cassante, méchante, provocatrice, soudainement posée, rêveuse, mélancolique. Il n’existait rien de linéaire chez Spencer, que ce soit dans sa manière d’être, d’agir ou de penser. L’harmonie de son esprit s’était brisée depuis longtemps et ne restait de l’équilibre que des morceaux que la jeune anglaise s’efforçait tant bien que mal de rassembler, parfois. Ce matin, la lassitude l’envahissait et elle croyait savoir que cette journée ne serait qu’un long tunnel sans fin, fade. Puis Manesse avait éveillé quelque chose en elle – pas grand chose, mais ç’avait été suffisant pour faire partir Spencer au quart de tour, les yeux brillants, les mots chancelants. Et désormais… maintenant qu’il s’agissait de réfléchir, d’agir en adulte, elle se sentait l’envie de jouer à l’enfant capricieuse, d’éluder les questions. C’était une gamine perdue, rien d’autre, honnêtement. Elle ne possédait ni confiance en elle, ni sécurité, ni amour, ni havre. La rouquine marchait constamment pieds nus sur du verre pilé, et le moindre faux mouvement pouvait la faire basculer. Et si elle basculait, ce ne serait pas du bon côté. Elle voyait son pseudo-avenir selon deux voies, parfaitement incompatibles : soit elle resterait lucide assez longtemps pour prendre une décision, s’échapper et tenter de rejoindre la fameuse Résistance dont elle avait entendu murmurer le nom ; soit elle mettrait un terme à sa piteuse existence. Dépressive, elle ? Absolument. Et les drogues, et l’alcool, et son visage déjà marqué, son corps martyrisé et son esprit frustré ne pouvaient lui offrir de meilleures perspectives. Une fois, peut-être, lui avait-on proposé de faire un effort, de rejoindre les Zinc. Elle avait ri au nez du pauvre infortuné, avant de lui rétorquer qu’elle préfèrerait passer sa vie enchaînée que d’abandonner. En quelques sortes, c’était vrai. Spencer représentait un énorme paradoxe à elle toute seule, changeante, sans cesse soumise à de nouvelles divagations. Et elle préférait mourir que de se parjurer. Ce qu’elle appelait secrètement son « expérience de mort » (la plus récente, lors de la fusillade), l’avait traumatisé plus qu’elle ne se l’avouait. Parfois, elle s’imaginait ne jamais se réveiller. Personne ne la regretterait, mais elle mourrait en martyre inconnue, fidèle à ses convictions et combattante de la Liberté (même si en réalité, le mot « combattante » désignait plus des mots que des faits). Ce serait tellement simple. Elle n’enviait pas les Zincs, dont l’évolution pouvaient basculer, et devait basculer, relativement rapidement. Non. Les idéaux, les convictions de Spencer faisaient partie intégrante d’elle-même, et elle se réveillait souvent en pleurs et en sueur au beau milieu de la nuit, après un cauchemar où on la transformait en robot Zinc ou Platine. Elle ne voulait pas qu’on la touche ou qu’on lui dise quoi faire. Elle devait pourrir ? Eh bien, qu’ils la laissent pourrir en paix.

Elle reporta un regard blasé sur Manesse. Elle n’avait plus envie de réfléchir. Elle voulait juste se laisser porter. Elle, la petite anglaise au niveau scolaire remarquablement bas et aux pensées tordues, en avait marre de philosopher sur la liberté. Pourtant, elle fit un ultime effort pour se concentrer. Ce n’était pas aisé, car elle ne comprenait rien au bla-bla de Manesse. Elle n’était pas sûre de savoir compter jusqu’à quatre-vingts, alors se perdre dans les méandres tortueuses de l’esprit humain, du bonheur et de la vérité, merci.

« Il suffirait donc que… quelqu’un… quelqu’un qui s’en serait rendu compte… quelqu’un qui saurait la vérité, il lui suffirait de leur montrer qu’ils se trompent, et alors, ils changeraient immédiatement d’attitude pour prendre celle qui serait, finalement, préférable pour eux-mêmes et pour les autres. V… vous, par exemple. »

Elle considéra son professeur avec stupeur, puis rit. Imperturbable, il continua, mais elle ne pouvait s’empêcher de pouffer, un peu bêtement. Elle ? Elle, une sorte d’Elue, de Sauveuse, de Guide ? À d’autres. Elle n’était même pas capable de conserver une amitié, alors ouvrir les yeux à des centaines d’élèves…

Elle se cala sur sa chaise, croisa les bras, et leva le menton : l’attitude type de l’élève désinvolte et complètement nonchalant. Pourtant, hormis un grand sourire narquois sur son visage, elle ne dit rien et laissa continuer le professeur jusqu’à la fin de la lecture du second texte.

« Ça fait beaucoup là, m’sieur. Non, je ne sais pas qui est Médée. C’est bizarre comme nom. C’est où la Grèce déjà ? Et puis j’ai pas trop compris votre texte. Le premier est plus clair. Là qu’est-ce qu’elle veut faire avec ses gosses ? J’suis perdue. On peut arrêter ? J’en ai marre. Enfin pas que vous m’embêtiez mais j’aime pas étudier des textes, j’comprends pas. » Elle dit tout ça avec une évidence presque insolente. « Mais pour revenir à ce que vous ditiez… disiez tout à l’heure. C’est cool de croire en moi mais j’suis pas capable d’aligner deux mots corrects à la suite et de rester sobre pendant deux jours de suite, et vous voulez que je montre aux autres qu’ils se trompent ? Mais je fais qu’ça ! De toutes mes journées j’essaie de montrer aux gens pourquoi ils croient des mensonges mais ça finit toujours mal pour moi et jamais mal pour eux. Ils veulent pas croire ce que je dis. Même les Zinc. Eux ils sont vraiment louches. La dernière fois je parlais à truc, là… Anna ? Mina ? Nina ? Bref, j’ai essayé. Gentiment. Résultat, elle a appelé le Cerbère de Weins, Miller, et je peux vous dire que j’en ai chialé après. Ils ont peur et ils sont vils. À partir de là… je veux plus me battre pour les autres. J’ai dit le contraire tout à l’heure ? Ouais bah c’est pas grave. J’veux me battre pour moi et pour ma dignité – ‘fin le peu qu’il m’reste parce-qu’elle s’est fait la malle depuis longtemps – et puis si certains voient en moi le Messie, tant mieux. Mais j’en ai marre de me prendre des claques dans la gueule à chaque fois que je parle à quelqu’un parce-qu’ils sont trop couards ou trop cons pour essayer d’écouter autre chose que la merde avec laquelle on leur a fourré les oreilles. » Elle renifla dédaigneusement.

« Et donc c’est qui là, Médée machin ? Vous m’expliquez de quoi ça parle ? »

Elle regarda Manesse, et vit qu'il allait répondre à ses propos : hors, au même moment, un autre professeur entra dans la salle. Brusquement. Trop brusquement : cela surprit les deux interlocuteurs. « Pardon de vous interrompre, mais, Monsieur Manesse, vous êtes... requis ailleurs. » Le professeur se leva doucement, jeta un regard entendu à Spencer, la salua, puis disparut.

Avec une lenteur infinie, elle laissa son front venir toucher la table.

Encore une fois, elle était seule.

RP TERMINÉ —





Ils m'ont planté un couteau rouillé dans le cœur jusqu'au manche
Et je ne pense qu'à ça, je ne pense qu'à la revanche

Je ne baisse pas les bras
Mais ça me ferait le plus grand bien
D'écraser mon poing sur leurs sales figures...



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