Capuche rabattue sur les cheveux, écouteurs dans les oreilles et téléphone dans la poche, me voilà parti pour ce qui allait être le nouvel hôpital clandestin. Un avait disparu un autre prenait sa palce. Je n'avais pas eu le cœur à laisser tomber c eprojet et j'avais mis tout ce que j'avais de temps libre pour trouver le meilleur endroit possible pour bâtir une nouvelle demeure aux blessés clandestins. Le plus dur était de trouver un endroit bien caché, et celui-ci, l'était vraiment. Il fallait traverser tout un tas de ruelle et l'entrée du bâtiment était situé au milieu des décombres d'un vieil entrepôt complètement ébranlé. On aurait pu croire qu'une bombe était tombée sur le toit à voir les décombres. Et sous les pierres, une trappe, elle menait à la pièce principale. Avec l'aide d'autres bénévoles récupérés de l'ancien hôpital, j'avais pu remettre en place quelque chose d'assez potable, mais ce n'était pas encore fini. Ils avaient besoin de mon aide mais je n'avais pas beaucoup de temps, surtout avec les gens qui me surveillaient.

Je me demande tout le temps combien de temps va pouvoir durer cette mascarade et combien de temps je vais devoir faire illusion à l'Académie. Je me dis que je ne suis vraiment pas fait pour cet environnement et j'ai l'impression de voir des gens aux cerveaux lavés jusqu'à la moindre petite parcelle, mais peut être au fond, que tout cela vient de moi. Quoi qu'il en soit, je suis presque nostalgique du temps où il n'y avait plus d'électricité. Jeune j'étais, certes, mais au moins il y avait de meilleures raisons à la bêtise humaine. La survie, l'instinct de survie nous guidait tous.

Enfin, je marchais, prenant une ruelle sur la droite, puis encore sur la droite, coupant à travers champ, puis une rue à auche, gauche, encore gauche et toujours gauche pour enfin arriver aux décombres. J'avais eu une fois l'impression que l'on me suivait, mais je ne voyais pas d'ombre au sol. J'espérais que mon repère ne me lâchait pas. Si c'était le cas, j'aurais du mal à justfier ma présence ici. Nous avions un code d'avertissement mais je ne pouvais décemment pas le faire sans réelle raison. Je risquais de me fare prendre en pllus et surotut les autres ne pourraient ps faire grand chose de plus étant donné que la sortie de secours n'était pas achevée.

Je fabule … je stress de plus en plus quand je viens ici mais d'un autre côté je veux aider et j'aime aider. Les gens me le rendent bien souvent mais plus encore j'ai l'impression d'être en phase avec mes principes lorsque je suis ici. Je me sens moi même et ça me fait bien trop défaut habituellement. Alors je prends le risque et je le prendrai tant que je serai en vie. Qu'est ce que le luxe face aux principes moraux que l'on se donne ? Je préfère être moi même qu'être quelqu'un que je ne reconnais pas... et pourtant, un jour, il faudra peut être que je m'improvise comédien pour sortir de ce terrible engrenage qu'est Weins.

« Vous n'auriez pas vu passer une petite blonde ? »
« Une blonde ? Eh bah euh... »
« Harmony Chanteloup, vous ne l'avez pas vue ? »
« Je l'ai vue à son concert, jeudi dernier et... »
« Rah mais merde ! »

Le garde-du-corps abandonna violemment le pauvre passant pour se remettre à courir. Il était censé surveiller Harmony Chanteloup, chanteuse officielle du gouvernement, mais il l'avait perdue de vue au bout d'à peine vingt minutes. La garde-du-corps habituelle de la chanteuse avait prit sa journée si bien que c'était lui, jeune garde-du-corps encore inexpérimenté, qui avait hérité du bébé. Au début il s'était dit que tout irait bien, que ça allait être facile et que la jeune femme ne bougerait pas trop. La garde-du-corps habituelle l'avait bien mis en garde mais il n'avait pas vraiment écouté, persuadé qu'il allait gérer sans difficultés. Qu'il avait été stupide... Ça n'aurait pourtant pas dû être compliqué ! Harmony était une petite blonde et elle avait une tronche de bienheureuse donc facilement repérable ! Et puis elle était connue donc elle aurait dû attirer les foules, rendant son identification plus facile ! Mais non ! Cette espèce de sale petite peste était évidemment tellement débile qu'elle en devenait complétement imprévisible ! Il l'avait perdue des yeux pendant même pas un dixième de seconde et pouf elle avait disparu ! Elle pouvait pas lui laisser le temps de relooker l'arrière-train de cette superbe rousse qui passait par là, hein ?! Sale égoïste !!
Pendant que son garde-du-corps s'excitait dans son coin, Harmony continuait à errer sans raison particulière et sans cheminement réfléchit. Elle était incapable de se rappeler de la tronche de son garde-du-corps mais il ne lui avait pas fait une très bonne impression. Il fallait aussi avouer qu'au lieu de la regarder dans les yeux, il avait passé les minutes de présentation à regarder ses seins ou ses fesses. Harmony avait beau vivre dans un univers parallèle, elle n'appréciait tout de même pas qu'on la regarde comme un bout de viande. Rafael au moins, il ne la regardait pas comme ça. Son ancien compagnon voulait devenir garde-du-corps et Harmony savait qu'il serait excellent dans son métier ! Il considérait l'être humain et non pas le physique seulement, contrairement à cet espèce d'emplumé à qui on avait demandé de la surveiller. Il gonflait des mécaniques, bombait le torse et marchait comme un cow-boy, comme s'il s'était trompé d'époque. Harmony ne connaissait pas la honte mais aucun doute qu'une personne lambda aurait préféré se suicider plutôt que de se retrouver à côté de cet énergumène ! Il transpirait le trop-plein de prétention... Lorsqu'il s'était arrêté pendant une minute pour relooker une pauvre jeune femme passant par-là, Harmony avait continué son chemin, pensant qu'il la rattraperait et que, s'il ne le faisait pas, il se démerderait. Sa garde-du-corps habituelle, elle, était capable de la retrouver où qu'elle aille et Rafael était pas mal dans le genre aussi. Harmony pensait donc que ce nouveau garde-du-corps serait capable de la retrouver. D'autant plus qu'on ne cessait de lui répéter qu'elle passait difficilement inaperçue alors bon, il n'avait pas vraiment d'excuses l'obsédé derrière !

« Ho un papillon ! »

Harmony fit presque demi-tour pour suivre le pauvre petite papillon bleuté, croisant par la même occasion son garde-du-corps qui, la tête tournée vers une poitrine avantageuse, ne la vit pas passer. Harmony, trop préoccupée par son papillon, ne fit même pas attention à son pseudo gardien. Lorsque le papillon prit de la hauteur et disparu, Harmony courait depuis de longues minutes et elle ne reconnaissait pas vraiment l'endroit où elle se trouvait. Elle n'était plus dans le Milieu, ça c'était sûr, mais où était-elle ? Pas dans le Nord, elle aurait le corps criblé de balles ; pas dans le Sud, c'était bien trop calme. Alors dans l'Est ? Les gigantesques bâtiments l'entourant et les pas pressés des gens finirent de la convaincre : elle était à l'Est. Harmony ne se rappelant plus ce qu'elle devait faire, elle décida de profiter de son temps libre pour se promener et découvrir le quartier. Elle tournait dans les rues au hasard, virant à droite ou à gauche au dernier moment, comme si elle tentait le destin. Elle s'apprêtait à rebrousser chemin lorsqu'elle aperçut devant elle une silhouette qu'elle reconnue immédiatement : Win ! Son cher Win ! Elle n'avait pas pu le retrouver après son chant à la mairie, et depuis il lui manquait. Elle aimait beaucoup Rafael, certes, mais Win lui manquait beaucoup plus. Elle l'appela une fois, deux fois puis trois fois mais rien. Le garçon ne se retournait pas. Lui en voulait-il de ne pas l'avoir retrouvé à la mairie ? Harmony était incapable de se poser ce genre de question mais elle sentit son cœur se serrer en voyant son cher ami partir sans se retourner. Loin d'abandonner, elle se dit qu'il ne l'avait sans doute pas entendue et courut donc pour le rattraper. Elle s'apprêtait à lui sauter dessus lorsqu'elle se prit le pieds dans une caisse et s'écrasa lamentablement dans un coin de rue, loin des regards. Le temps qu'elle se relève, Win était loin et elle se remit donc à courir en boitant. Droite, droite, gauche, gauche. Harmony tournait et se retournait, frôlant les murs et heurtant les coins. Elle ne savait plus du tout où elle était ni même ce qu'elle faisait mais elle suivait Win. Essoufflée par ses courses et chutes, elle était incapable d'appeler son ami. Les bâtiments s'enchaînaient et le hasard propulsant Harmony par terre ou dans des mauvaises ruelles à chaque fois que Win se retournait, la blonde ne parvenait pas à rattraper le Plomb. Elle pénétra dans un vieux bâtiment décrépi et elle y vit Win, immobile. Il ne l'avait pas vu et c'est donc en trébuchant sur des gravats que la jeune fille attira l'attention du garçon. Harmony manqua de tomber, fit quelques pas de côté en tentant de se rattraper et finit par s'accrocher à un mur pour s'éviter de tomber une nouvelle fois. Une fois le mur attrapé, pas question de le lâcher ! Harmony se tourna donc vers Win, lui fit un grand sourire et dit, essoufflée et d'une petite voix :

« Win ! Je t'ai appelé mais tu ne t'es pas retourné... Tu ne veux plus me parler ? »

L'idée avait fini par lui traverser la tête, entre deux chutes et trois murs, et c'est en voyant ses genoux, ensanglantés par ses multiples chutes, que Harmony se rendit compte qu'elle ne se sentait pas très bien. Mais, fidèle à elle-même, elle décida de ne pas prendre en compte ses jambes flageolantes :

« Je ne pensais pas qu'il pouvait y avoir autant de choses sur le sol ! Tu as pris un chemin vraiment étrange ! J'ai dû tomber... quelques fois... »

Et pas que quelques fois, visiblement... Elle avait sans doute battu son record de chutes à la minute...

« Mais qu'est-ce que tu fais là d'ailleurs ? Je ne savais pas que tu aimais ce genre d'endroit ! »

Harmony, Harmony... Niaise et attentionnée quelque soit le nombre de chutes...