« ll y a deux histoires : l'histoire officielle, menteuse, puis l'histoire secrète,
où sont les véritables causes des événements. »
— Balzac.

Un « j'ai dit non » sonnant comme un ultime refus, une main claquée sur la table... Le Cubain soupira, toisant son Clown de Patron d'un œil sombre. Il croyait franchement pouvoir changer la donne, qu'enfin Lecter comprendrait l'importance de sa demande mais une fois de plus Alonso se heurte à la fierté mal placée, aux relents d'une revanche à prendre plutôt qu'à une main qu'il faudrait tendre.

« Jason... prends un peu de temps et penses-y ! Allier le Nord et le Sud c'est ce qu'on a de plus sûr. Nos ennemis ne vont pas aller en diminuant, le gouvernement veut notre peau sans parler de ceux qu'on ne connaît même pas tu attends quoi sérieusement ? La mafia a déjà manqué de nous causer des torts irréparables ! »

Le Clown écarta les bras avec désinvolture, clope à la bouche mais les yeux jetant des éclairs. Le Nord, Calypso, il ne fallait pas lui en parler et Alonso avait été les aider pendant l'absence du maitre... ça ne pouvait pas aller bien dans les humeurs de ce cinglé. « Tu profites que je ne sois pas là pour aller te coucher dans le panier du camp ennemi ? C'est décevant tu le sais au moins ? » Sa voix siffla, digne d'un cobra. Lecter ne plierait donc jamais. Pot de terre contre pot de fer.

« Il est temps de faire une trêve, ça finira mal sinon j'en suis persuadé ! »
« Tu es devenu devin ? Je suis navré, madame Irma mais je crèverai avant d'aller faire ami ami avec cette... peste blonde perchée sur talons ! »
« Jason... » Ultime tentative. « Si tu refuses de voir la vérité en face, ne compte plus sur moi maintenant. »
« C'est cela, va donc prendre l'air, va au diable et si tu le croises dis lui qu'il me réserve une chambre hein ! »

La lourde porte du repère grinça en claquant ; Le Cubain ne mentait pas et sous la neige qui ne cessait de tomber, le géant disparu dans les méandres du Sud...

* * *

Comment mesurer l'étendue de ses remords ? La fissure béante dans sa poitrine ne se referme pas. Coupable, traître, il voudrait remonter le temps. Avoir été là, quitte à mourir mais non... Alonso n'était pas présent ce jour là. Au loin leur repère est démonté morceau par morceau, le périmètre de sécurité installé par les forces d'intervention l'empêche d'y retourner.

Ils vident tout, sac par sac, numérotent et classent le récit d'une décennie comme on se plie au tri sélectif. Le cœur en miette, le géant sent couler une larme amère sur sa joue balafrée.
Si seulement Lecter avait été moins borné, s'ils avaient trouvé un terrain d'entente, si seulement pour une fois ce malade l'avait écouté. Alonso ne tire aucune gloire du résultat, il s'en veut, s'en voudra jusqu'à la mort. Les hommes se sont enfuis, certains en cavales et d'autres déjà bouclés quant à Jason et Boogie... les journaux ont annoncé que ce matin les deux criminels sont morts aux yeux de l'état. Aucune sépulture, même pas une plaque, rien. On aurait enterré les corps, sans préciser où... et le gouffre s'est agrandit en lui.

La silhouette massive erre sans but, longtemps, sans titre et sans personne. Caché autant que possible, il apprend à passer dans le décor. Le sommeil peuplé de rires sans fin, d'images toutes plus immondes les unes que les autres, l'homme n'est plus personne. Avant la chute du Sud, il avait renoué avec le combat clandestin, s'était à nouveau brisé les poings sur le ring. Même ça, il ne l'a plus désormais.

Son salut, il le trouve dans cette église qui l'abrite un soir d'orage. Le prêtre est bizarre, Alonso reconnaît un  loup parmi les moutons. L'homme prétend le connaître, un étrange clown maquillé lui avait parlé du Cubain... Le géant lui même ignore pourquoi il se prend d'amitié pour ce prêtre, pourquoi bientôt il lui offre sa force et son aide pour restaurer la bâtisse en échange d'un coin où dormir. Sans doute pour s'occuper, avoir l'illusion d'être utile... de servir une cause n'importe laquelle. Il sort peu, jamais pour rien et surtout pour personne.

Cimarro est comme éteint, il vivote sans vivre et tente de faire son deuil sans jamais y parvenir. Parfois, il semble que le vent charrie des voix, des odeurs, des sensations qu'il a tant connu mais il n'en est rien. Ses souvenirs lui collent aux basques, il n'en sort pas, n'en sortira jamais. Lecter était un poison, une maladie et  il aura fallu qu'il meure pour dévoiler l'étendue de son jeu : ceux qui l'ont connu ne se débarrasseront jamais de son spectre et il ne cessera jamais de rire. Jamais...    

« Un homme de caractère n'a pas bon caractère. »
— Jules Renard.

Géant de pierre, colosse de fer Alonso est un homme dont on évite désormais le regard. Pas forcément glacial mais jamais plus aussi amical qu'auparavant. Il savait l'être, comme le frère aîné que tant avaient rêvé, un soutient, une aide ou un conseil c'est tellement loin. Dévoré par sa conscience il a erré sans but dan les forêts alentours, tentant vainement de fuir cette ville qui le retient comme une chaîne retient un chien. Plus encore qu'une chaîne, c'est au bout de celle là même un spectre gris qui ne cesse de rire dont le Cubain ne parvient pas à se défaire. Dévoué au delà de sa mort s'est-il découvert, ne trouvant plus de salut ailleurs il est de retour à New York et a posé ses bottes dans une église.

Le seul occupant des lieux l'aide comme il peut à chercher une lueur d'espoir, quelque chose dans le brouillard opaque qui l'entoure et pendant ce temps s'organise un échange de bons procédés. S'abrutir à la tâche, se fendre le dos à soulever encore et toujours des matériaux trop lourds pour le commun des hommes. L'église reprend formes et couleurs sous ses mains, lui apporte la maigre satisfaction de pouvoir accomplir quelque chose de réel sans pour autant réussir à endormir ses démons.

Parfois il cherche, écoute lors de ses rares sorties les ragots des uns et des autres en espérant que les journaux aient mentis mais rien. Alors le Cerbère du Sud repart à sa cachette, se renfrogne un peu plus et perd goût à tout. La vie sans le chaos que Lecter faisait naître paraît si fade, comme du pain sans sel. Le prêtre dit qu'un jour tout vient à point, Cimarro ne rêve que de voir cette foutue ville rôtie à point. Il songe quelque fois à honorer leur mémoire, comme un ultime salut mais à quoi bon ? Brûler New York ne les fera pas revenir à la vie, alors il marche, il avance comme persuadé qu'il creuse lui même sa propre tombe, plus fou qu'il n'a jamais pensé pouvoir devenir.

Quelques fois violent, c'est passager et inutile mais ça le soulage un peu. Envie des rings, envie de combats parfois, envie qu'il ravale comme toute son amertume, qu'il noie un peu plus dans l'alcool sans grand effet vu sa carcasse et son habitude de l'exercice. Armé de ses seuls poings qu'il rêve vengeurs il attend, ne sait pas quoi et survit... il attend oui...

Ton p'tit nom/pseudo : Fish
Ton âge : blablabla
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Comment as-tu connu le forum ? la Blonde sexy !
Et comment tu le trouves ? c'te question
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