« Minuit et Quart ». Calypso se promenait dans le Quartier Ouest de New-York lorsqu'elle était tombée nez-à-nez avec l'entrée du restaurant. C'était, comme bien entendu, un restaurant de luxe, de grand luxe même. N'importe qui de l'âge de Calypso en aurait été impressionnée et n'aurait pu retenir un petit ''oh la vache !'' en voyant l'entrée, mais la Reine, elle, avait l'habitude des restaurants de luxe et s'était demandée pour quelle raison elle n'y était jamais allée. Peut être le restaurant était-il nouveau ? Mais ça, la Reine en doutait sérieusement. Après tout, Allegra n'en avait jamais parlé et Dieu sait que toutes les nouveautés dans le Quartier Ouest passait par elle. Calypso adorait Allegra, entre elles c'était bien plus que de la simple amitié du genre "ouais on est best toi et moi !". Non, ce qui avait fait démarrer l'amitié entre elles deux ça avait été le pouvoir et l'argent. Calypso était la Reine de l'Académie Weins, la Dirigeante du Quartier Nord et une Prostituée de luxe ayant pour clients la plupart des puissants de cette ville et des USA entier. Elle prévoyait d'ailleurs de s'offrir bientôt un petit voyage en Europe pour mettre dans ses poches des gens "importants" et surtout puissants. Allegra, elle, était la fille d'un homme très puissant et se considérait comme la Reine du Quartier Ouest. Allegra connaissait le nom de tout le monde, l'adresse et le capital financier de la ville entière. Elle avait un si gros carnet d'adresse qu'elle ne pouvait pas le sortir de chez elle sans risquer de se rompre le dos. La Reine du Nord et la Reine de l'Ouest s'étaient associées pour cause d'intérêts mutuels. Calypso gagnait avec Allegra une carte d'entrée à toutes les soirées bourges de l'Ouest où elle pouvait rencontrer de nouveaux clients. Elle gagnait aussi un carnet d'adresse et une source financière non négligeable. Allegra, elle, gagnait un pass pour entrer dans le Quartier Nord et surtout, elle s'assurait une place de gagnante aux côtés de la Reine. Elle gagnait une position dominante dans l'Académie comme dans New-York tout entier. Et c'était parce que dire qu'on était invitée par Allegra Lockhart dans une soirée bourge et parce que dire qu'on connaissait Calypso Storm lorsqu'on manque d'être violée dans la rue que Allegra et Calypso s'étaient associées. Mais petit à petit, elles s'étaient appréciées réellement et depuis lors, elles se considéraient comme meilleures amies, sauf si l'une d'entre elles tombaient. Quoi que, à ce stade de leurs amitié, Calypso ne savait plus trop si elle n'aiderait pas plutôt Allegra si celle-ci tombait... Enfin bref, Calypso adorait Allegra et si celle-ci ne lui avait pas parlé de ce restaurant, c'était qu'il ne devait pas être très intéressant. Or Calypso s'ennuyait et l'idée d'aller faire peur aux serveurs l'amusait beaucoup. Calypso était connue, très connue même, et elle faisait toujours le même effet lorsqu'elle rentrait dans un restaurant : la peur d'être ruiné, la peur de voir la réputation du restaurant éclater en quelques minutes. Parce que se mettre Calypso à dos dans le domaine gastronomique, comme dans tous les autres domaines d'ailleurs, ça équivalait à se pendre immédiatement. Personne ne savait comment elle s'y prenait mais tous les restaurant qui l'avait "déçu" avaient fait faillite quelques jours plus tard. En fait Calypso avait tout simplement des clients très influents et il suffisait qu'elle leur en parle pour qu'ils écrivent un article, fasse un procès ou volent le restaurant en question. Enfin bref, Calypso Storm c'était synonyme de terreur pour les restaurants mais d'un autre côté, si Calypso appréciait le restaurant, c'était la gloire pendant très longtemps. Le jeu en valait donc la chandelle mais c'était pile ou face : tu gagnes pleins de sous ou tu perds tout.

Calypso décida d'entrer dans le restaurant puisqu'il était huit heures du soir et qu'elle n'avait rien d'autre à faire. Elle passa donc la massive porte d'entrée et se retrouva entourée de deux statues en marbre et face à une plus petite mais tout aussi étrange au dessus de la porte donnant accès au restaurant. Calypso ne put s'empêcher de s'arrêter lorsque son regard tomba sur l'entrejambe des statues. Apparemment, et ce d'après les toutes petites connaissances mythologique de la Reine, les statues représentaient Zeus, Apollon et en haut de la porte, Poséidon. Ce dernier était d'ailleurs facilement reconnaissable avec sa barbe et sa tête de taureau en chaleur. Zeus était comme toujours avec sa foudre dans les mains et avait la tête d'un marchand qui a repérer LE touriste con et riche. Apollon aurait très bien pu avoir l'air sexy s'il n'avait pas eu cet espèce de feuille ridiculement petite cachant son sexe. Et Calypso se fit la réflexion que la feuille était petite et cachait pourtant totalement l'entrejambe d'Apollon... Elle devait être minuscule. Et puis d'ailleurs, pourquoi toutes les statues anciennes de ce genre avaient toujours de tout petits sexes ? Hein ? A chaque fois c'était pareil : de toutes petites entrejambes et pourtant l'air conquérant du mec qui pense avoir la plus grande... Calypso était en pleine contemplation lorsqu'elle entendit des bruits venant de dehors. Elle tourna la tête et fit un signe de main à un groupe de gamins qui passait en roulant des mécaniques. La vue de la prostituée de luxe leur donna comme un coup et ils partirent en se donnant des coups de coudes et en regardant la Reine avec les grands yeux de l'enfant innocent qui découvre un nouveau fantasme. Calypso retourna à sa contemplation en se disant que les gamins étaient vraiment stupides et ridicules. De gentils fils-à-papa se prenant pour des tueurs super sexy. Ce qu'ils n'étaient pas évidement... pas plus que ces statues d'ailleurs. Comment pouvait-on faire des statues pareilles ? Hein ? Elles étaient ridicules et surtout qui aurait aimé se promener avec une feuille à l'endroit sensible de l'être mâle ? Hein ? Il n'aurait plus manqué que le panneau : "Salut, si tu tapes là je hurle très fort et je pleure !". Non mais franchement, ils avaient quoi dans le cerveau ces sculpteurs pour faire des statues aussi absurdes ? Hum ?
Calypso s'arracha à la contemplation amusée des statues et décida de passer la porte pour entrer dans le restaurant. Heureusement pour elle, personnes n'avait pu la voir observer les statues, quoi que le contraire eut été amusant. Elle entra dans le restaurant et sentit son coeur s'emballer lorsqu'elle vit le regard effrayé de la jeune femme censée s'occuper de l’accueil. Calypso adorait ce moment où elle déchiffrait la peur sur le visage des serveurs. Elle se sentait alors d'une bonne humeur sans limite.

- « Vous êtes seule ? »

Calypso la regarda d'un air blasé, se retourna et regarda derrière elle. Puis elle refit face à la chargée d'accueil et lui dit d'un ton cinglant :

- « J'ai l'air d'être accompagnée ? »

La jeune femme baissa la tête immédiatement, au bord des larmes, et Calypso savoura cette victoire simple. La chargée de l'accueil ne lui demanda même pas si elle avait réservée, une autre source de satisfaction pour la Reine. Dans les restaurants, on ne lui demandait jamais si elle avait réservée et on l'emmenait directement à la table la mieux placée. C'était le jeu : on essayait de la satisfaire du mieux possible pour s'éviter de terminer à la poubelle. On l'emmena au premier étage, sous les regards indignés ou impressionnés des personnes se trouvant là. Les regards des serveurs quant à eux étaient surtout plein de peur, quoiqu'il y en ait un ou deux qui avaient d'abord relooké la Reine avant de baisser les yeux sous l'effet de son regard noir. Calypso traversa la grande salle illuminée par de superbes lustres en cristal dignes d'être utilisés dans les plus grands opéras de Paris. L'ensemble du restaurant restait dans les couleurs dorées et rouges, des couleurs que Calypso appréciait : un bon point pour le ''Minuit et Quart". On indiqua à Calypso une table avec un plateau en marbre, avec une chaise ressemblant plus à un fauteuil tant elle était rembourrée de velours rouge. C'était sans doute pour éviter que les clients aient mal aux fesses au milieu du repas ou alors pour qu'ils ne puissent plus se lever et, de ce fait, qu'ils aient à commander un repas de plus. Qu'importe, Calypso s'y installa et savoura la texture du velours tout en observant où elle se trouvait. Elle avait de toute évidence la meilleure place et sourit en voyant s'activer tout autour d'elle des serveurs à l'air terrifiés mais essayant de ne pas le montrer. On lui amenait le menu, lui servait du champagne, vérifiait qu'elle allait bien, qu'elle était bien placée, si elle avait besoin de quelque chose, etc... Rapidement ça agaça la Reine qui les renvoya d'un petit geste de la main. Immédiatement, l'endroit autour d'elle fut désert et la Reine put enfin savourer le moment présent. Elle ouvrit le menu et regarda les plats proposés d'un air peu intéressé, elle connaissait déjà tout ce qu'ils proposaient. Cependant, alors qu'elle s'apprêtait à se lever pour partir, elle vit un plat qu'elle ne connaissait pas et décida de rester. Elle ferma le menu et but une gorgée de champagne d'un air distrait. Elle se trouva là, assise dans un fauteuil de luxe dans un restaurant de luxe, habillée avec un slim noir, une tunique bleue nuit, des bottes à talons noires et des bijoux en argent. Elle aurait pu ressembler à n'importe quelle étudiante basique, si elle n'avait pas eut dans sa posture cette allure de Reine, de prédateur ayant repéré sa proie. On ne pouvait pas nier le fait que Calypso était une Reine tout comme on ne pouvait pas nier le fait que c'était une prostituée de luxe. Tout en elle transpirait l'argent et le sexe : elle dégageant tant de phéromones que certains clients avaient du mal à rester assis sur leur chaise. Calypso joua avec une mèche de ses cheveux blonds en attendant qu'on vienne la voir : les serveurs devaient être en train de se battre en cuisine pour ne pas avoir à l'affronter, après tout c'était toujours comme ça...

Calypso sentait l'agitation autour d'elle et l'angoisse gagner les visages des individus présents dans ce restaurant. Elle voyait les yeux se baisser dès qu'elle croisait des regards et ça la faisait sourire de plaisir. Qu'est-ce qu'elle aimait voir l'effet qu'elle provoquait à chaque fois qu'elle entrait dans un restaurant. Il suffisait de prendre son arrivée comme un test pour que tout se passe bien. Si le test réussissait, le restaurant aurait une excellente critique et les clients afflueraient jusqu'à ne plus savoir où les mettre. Oui bon certes, le risque c'était que le test échoue et dans ce cas là, il n'y aurait plus qu'à mettre la clef sous la porte. Mais bon, ils avaient une chance sur deux de ne pas échouer alors autant tout tenter, non ?
L'agitation commençait à devenir vraiment importante et maintenant même les clients ne pouvaient s'empêcher de jeter un œil vers Calypso. Oh, c'était loin de déranger la Reine puisqu'elle aimait être au centre de l'attention mais l'attente commençait à l'énerver. Qu'ils soient tous terrifiés à l'idée de l'affronter était complètement compréhensif puisque s'ils échouaient, ils ne pourraient plus travailler nul part mais bon... Le jeux en valait la chandelle, non ?
Calypso prit son portable et regarda le nom qui s'affichait en soupirant. Elle décrocha quelques secondes avant que le serveur n'entre dans son champ de vision. Ne pouvant plus raccrocher, elle fit signe au serveur d'attendre quelques secondes. Elle en profita pour le détailler du regard pendant que, à son oreille, le portable laissait entendre une voix joyeusement ivre. Le serveur était plutôt beau garçon et amenait sur un plateau doré, deux verres en cristal saint-louis et dans l'autre main il tenait un bac de glace où se trouvait une bouteille de champagne. Calypso écouta son portable pendant quelques instants, ponctuant parfois le silence de "hum" et de soupirs. Lorsqu'elle en eut assez, elle coupa court au monologue téléphonique ainsi :

- « Écoute, tu raconteras tes ébats sexuels à quelqu'un d'autre que moi, ok ? Parce que franchement, je ne crois pas un mot de ce que tu racontes. Tu te rends compte de ce que tu es en train d'essayer de faire croire à une prostituée de luxe comme moi ? Oui effectivement, c'est du grand n'importe quoi. Alors mon chou, avant de m'appeler pour me raconter tes faux exploits sexuels, réfléchis un peu avant de me dire que tu as fait des trucs de ce genre... Ton corps en serait incapable alors évite de me dire des trucs comme ça... Surtout à l'heure du repas, crétin ! Ouais c'est ça, excuse-toi et raccroche. Et la prochaine fois que tu m'appelles pour des trucs comme ça, je te castre, c'est assez clair, là ? Ciao. »

Et elle raccrocha en soupirant. Bon Dieu qu'il pouvait lui taper sur les nerfs ce type... Ça faisait plusieurs fois qu'il l'appelait pour lui raconter qu'il avait sauté trente filles en même temps, qu'il avait réussit à bander pendant trois jours d'affilé sans prendre de viagra ou autre... Calypso finissait par se demander si ce mec sortait de chez lui de temps en temps et s'il avait déjà eu une relation sexuelle. Parce que vu les débilités qu'il sortait, c'est qu'il connaissait très mal son corps... Il devrait peut être prendre des cours d'éducation sexuelle, non ?
Calypso posa le portable dans son sac puis tourna le regard vers le serveur, lui signifiant ainsi qu'il pouvait continuer.

- « Bonjour et bienvenue au Minuit et quart. Attendez-vous quelqu'un ou désirez-vous prendre votre commande maintenant ? »

C'était si rare que ça de venir seul au restaurant ? Pourquoi fallait-il toujours qu'on lui pose la question ? Pourquoi la Dirigeante du Quartier Nord aurait-elle besoin de compagnie pour aller au restaurant, hum ? C'était tellement ennuyant les diners dans les restaurants lorsqu'elle était avec des clients puisqu'elle ne pouvait rien faire de vraiment intéressant d'autre que faire du pied sous la table. Avec Matthew, ce n'était même pas la peine d'y penser puisqu'il était recherché. Elle aurait éventuellement pu venir avec Allegra, mais elle n'y avait pas vraiment pensé. En fait elle avait bien envie d'être seule ce soir...

- « Bonsoir... Je n'attends personne et je vous prierais d'éviter d'ailleurs qu'un autre individu que vous ne s'approche de ma table, j'ai besoin d'être seule ce soir. »

Oui parce que bon, elle commençait à en avoir par dessus la tête des gens qui venaient s'installer à sa table pour la draguer, la supplier de les laisser entrer dans le Quartier Nord, tenter de coucher avec elle, etc... Alors cette fois elle avait décidé de mettre les points sur les i et si sa demande n'était pas respectée, elle détruirait ce restaurant.

- « Pour ce qui est de la commande... Qu'est-ce que vous me conseillez ? »