« ll y a deux histoires : l'histoire officielle, menteuse, puis l'histoire secrète,
où sont les véritables causes des événements. » — Balzac.

« Certaines blessures ne sont ni réversibles, ni réparables » ♠ G. Musso


Le 20 Décembre 2082, on put entendre au domicile de madame Oxwood un long cri d’agonie, rapidement suivi de pleurs déchirants poussés par un nourrisson. Pourtant, 2082 est une année de joie pour le pays puisque la fin de la dictature est bel et bien proclamée et que la paix règne enfin. En fait, une petite fille, prénommée Obédience Opaline Orphée, venait de naître, avec l’aide d’une jeune sage-femme inexpérimentée non déclarée. Nulle trace d’une quelconque présence masculine, juste une mère éplorée et une sage-femme qui tente tant bien que mal de calmer la mère mais aussi de s’occuper du bébé. Obédience apprendra plus tard, ou plutôt se rendra compte, que sa mère étant une prostituée, le père la rejeta totalement elle et son futur enfant, refusant d’en entendre parler. Sa mère n’a pas voulu avorter car elle ne pouvait se résoudre à priver de la vie un petit être, c’était une idée alors inconcevable pour elle. Elle aurait peut-être finalement dû, quand on sait comment elle allait traiter sa fille par la suite.

En effet, dès son plus jeune âge, Obédience fut habituée à vivre à la dure. Sa mère vivait de ses propres revenus et elles vivaient dans la précarité la plus totale. La jeune fille apprit vite à se débrouiller, au point de vivre dans les rues. A vrai dire, elle cherchait même à fuir une réalité des plus terribles : en plus de faire face à la pauvreté, la jeune enfant devait subir les coups de sa mère, qui la cognait lorsque ses nerfs lâchaient. Encore aujourd’hui, Obédience ne peut la dénoncer et de toute manière, qui voudrait entendre le récit d’une fille de prostituée ? Elle vit alors une bonne partie de son enfance dans la rue, à s’élever toute seule tant bien que mal. A 12 ans, elle commence à enfiler les cigarettes. Cela lui a permis de se détendre quelques minutes lors des coups dures. Aujourd’hui, elle ne peut plus s’en séparer. Cependant, l’alcool et la drogue suit très vite. Obédience voyait les jours défiler par ses yeux fatigués, par son esprit défoncé. Elle n’était qu’une enfant déboussolée, tellement droguée, saoule et perdue qu’elle ne pouvait se rendre compte de son état instable, dangereux et pour elle, et pour les autres… Ou plutôt, elle ne voulait pas se rendre compte de ces réalités, qu’elle aurait reçues comme une gifle. Pré-adolescente, Obédience ne vit déjà plus chez elle. Sans aucune autorité parentale, vivant dans la rue ou chez des gens infréquentables en réalité, la jeune fille s’enfonce dans ses problèmes et ne parvint pas à en sortir.


« D'un seul coup, c'est la fin du tunnel, une page qui se tourne, la lumière qui revient quand on ne l'attendait plus » ♠ G. Musso


Lorsqu’elle atteint l’âge de quinze ans, Obédience eut un élan de bonté, de bon sens, et part pour New York en stop. Passant le plus clair de son temps dans la rue à New York, la jeune adolescente a le temps de se forger une opinion sur le Gouvernement et tout ce qu’il va avec. Malgré son jeune âge, elle a très vite vu le petit jeu des autorités, à placer les jeunes à New York notamment puis à les isoler dans des académies telle Weins, tout ça à cause de leurs divergences d’opinions comparées à celles du dictateur en lice. Très vite, à cause du retour du dictateur encore au pouvoir aujourd’hui et des révoltes quotidiennes et autres actes de violence qui se produisaient dans la rue, Obédience apprit à se servir d’une arme à feu. Aujourd’hui, elle pourrait utiliser un tel objet les yeux fermés. A New York, la jeune fille devient un peu plus responsable, se mettant moins dans des situations impossibles et étant de moins en moins droguée ou trop alcoolisée. Tout ça pour un mec. De six ans plus vieux qu’elle, il lui fit croire des choses qu’une jeune fille de quinze ans pouvait facilement gober. Il la logea, la nourrit, la soigna de ses maux… Elle y crut et fut déçue. Une fois qu’il eut ce qu’il voulait, qu’il l’eut exploitée, il la vira de chez lui en lui disant de ne plus jamais le contacter. Il l’insulta et elle qui était si fragile, si petite, ne put résister. Une descente aux Enfers recommença de plus bel, Obédience étant seule au monde dans les rues de New York, ayant pour seules connaissances les jeunes qui, comme elle, se droguaient sous les ponts d’une des plus grandes villes du monde. Obédience se fit très vite connaître du monde de l’illicite et de la nuit comme dealeuse, consommatrice, et organisatrice de soirées squat dans des immeubles abandonnés.


« Tout ce qui doit arriver arrivera, quels que soient vos efforts pour l'éviter.
Tout ce qui ne doit pas arriver n'arrivera pas, quels que soient vos efforts pour l'obtenir. » Râmana Mahârshi


Seulement, un soir, tout bascula. Obédience fêtait alors son seizième anniversaire. Rien n’était licite ; la police fit une rafle et mit en prison tous les participants à cette soirée, Obédience la première. Elle passe trois mois en cellule, elle n’a jamais autant ressenti la durée du temps qui passe mais là, il lui a semblé que jamais elle ne sortirait. Pourtant, un jour, les flics la sortirent de prison, en lui disant qu’elle devait comparaître devant le juge pour détention de produits illicites. Elle ne put se défendre convenablement, les juges mirent cela sur le fait qu’elle n’avait plus de famille qui voulait d’elle. Ils lui donnèrent une seconde chance et l’envoyèrent à l’académie Weins. Obédience leur dit qu’elle ne voulait pas aller là-bas, sachant que trop bien que le personnel de cette enseigne cherchait à laver le cerveau des jeunes opposants au dictateur. Mais les juges ne l’écoutèrent pas et elle atterrit là-bas.

A Weins, Obédience est la tête d’affiche des rebelles. Elle continue à se droguer, à fumer, et à boire, n’écoutant qu’elle-même et se rebellant contre toute forme d’autorité. On aurait pu croire que son passage en prison l’aurait calmée, mais la décision des juges a anéanti tout espoir de calmer la jeune femme âgée aujourd’hui de dix-sept ans. Au sein de l’école, elle déteste catégoriquement les Cheerleaders, qu’elle trouve pathétiques et greluches. Obédience Orphée souffre, mais refuse de l’admettre, se détruisant à petit feu. Son seul but ici est de ne pas céder au lavage de cerveau subi par tant d’élèves de Weins. Enfin, petit détail, la jeune adolescente souffre de troubles du comportement alimentaire…