« ll y a deux histoires : l'histoire officielle, menteuse, puis l'histoire secrète,
où sont les véritables causes des événements. » — Balzac.

Né sous X, le 3 mai 2080 à 15h58. A Adélaïde, en Australie. Voilà comment Hugo Farrell est venu au monde. Ses parents? X et Y, inconnus au bataillon. Le seul nom qu'ils ont bien voulu donner est "Hugo. Il s'appellera Hugo.". Peu d'autres mots sont sortis de la bouche de ses parents, ce jour là. Les seuls autres ont été pour demander de rester inconnus de leur fils. Pourquoi ? Nul ne le sait... Peut-être étaient-ils jeunes, insouciants, et que le destin leur est tombé dessus sans prévenir ? Peut-être était-ce une liaison adultère ? Un enfant non voulu malgré leur amour ? Il y aurait tant de raisons possibles et imaginables à supposer...

Toujours est-il qu'Hugo a été abandonné par ses parents. Et qu'en attente de trouver une famille adoptive, il a été placé dans un orphelinat. Oh, mais n'en soyez pas triste. Il ne s'est jamais plaint de son sort. Après tout, malgré le fait que l'orphelinat ne soit pas, et de loin, le plus luxueux qui existe, Hugo ne s'y est jamais senti mal à l'aise. Bien sûr, il aurait préféré être dans une famille, aimé comme il se doit, peut-être avoir des frères et soeurs, se chipotter avec eux mais les aider quand ils en ont besoin... Quoique pour ce dernier point, les frères et soeurs, il n'a pas eu besoin d'être dans une famille d'accueil pour aider les autres enfants de l'orphelinat, auxquels il s'est vite attaché, surtout les plus jeunes. Il ne supportait pas que les plus âgés viennent embêter les plus faibles. C'est donc tout naturellement qu'il s'immiçait entre eux, prenant le parti des plus petits, en évitant le plus possible d'en venir aux mains. C'est donc tout naturellement qu'Hugo s'est fait beaucoup d'amis, et peu d'ennemis. Amis avec lesquels il sort souvent fumer en cachette. Il savait que c'était mal, mais cela lui procurait alors un bien immense. Un touche de couleur dans sa vie.

Car il sait bien qu'il a loupé sa chance d'être adopté. Dix ans. Qui veut adopter un enfant de dix ans? Ce que les adultes veulent, il le sait, il l'a vu, ce sont des bébés. Des petits êtres qui réclament de l'attention, qui crient et qui empêchent de dormir. Ce sont les bébés qui sont le plus souvent et le plus vite adoptés. Alors, pourquoi ne l'a-t-il pas été, lui ? Après tout, n'est-il pas à l'orphelinat depuis toujours ? Un an, deux ans, trois ans... Même jusque six ans, pourquoi pas ? Pourquoi personne n'a voulu de lui quand il était plus jeune ? Était-il différent ? Il n'en avait pas l'impression, pourtant...

De ses interrogations, il n'en montrait rien, et affichait un visage souriant et naïf à tout le monde. Sourires qui étaient toujours sincères, car Hugo n'aime pas le mensonge. Il ne l'a jamais aimé. Seul son meilleur ami, Daniel, savait tout d'Hugo. Ils étaient du même âge, dans ce même orphelinat depuis presque aussi longtemps l'un que l'autre, puisque Daniel a été abandonné par sa famille lors de sa troisième année de vie. Une amitié très forte liait donc les deux garçons. Hugo savait que Daniel rêvait de fuir cette institution pour réussir seul, et ne devoir cette réussite à personne d'autre que lui même. De son côté, Daniel savait qu'Hugo préférait la stabilité d'un foyer, d'une famille, et être heureux, tout simplement. Les deux garçons ne se cachaient rien.C'est pour cela que suite à la mort de Daniel, renversé par un chauffard ivre alors qu'il jouait au football avec des amis, tout à basculé pour Hugo.

Daniel. Son meilleur ami. Son confident. Celui avec lequel il avait toujours tout partagé. Disparu. Parti. ... Mort. C'est ce mot qui a le plus choqué Hugo. Mort. Comment un simple mot peut-il faire partir une personne ? Comment ? C'en était trop pour lui. Avec Daniel, il aurait pu vivre à jamais dans cet orphelinat. Sans lui, il étouffait. Il ne se sentait plus à sa place. Il ressentait un besoin... De liberté. D'évasion. Il avait l'impression que Daniel était là, en lui, à lui dire quoi faire. Car, tout seul, il était persuadé que jamais il n'aurait fait ça. Jamais il n'aurait fuit. Surtout pas à seulement 10 ans, quelques jours après sa mort. C'est pourtant ce qu'il a fait.

Hugo reste deux jours à errer dans les rues, perdu. Il ne sait plus quoi faire. Il n'entend plus la voix de Daniel. Il va de boutique en boutique, ne sachant pas quoi faire. Il est tellement perdu que des fois, il se cogne dans des gens. Alors il se retourne, demande pardon et accélère le pas. Jusqu'au moment où il rentre dans un couple et se retrouve par terre, trop fatigué d'avoir marché pour se relever. Il aurait pu ne rien se passer. Il aurait du ne rien se passer. Si les deux personnes ne cherchaient pas désespérément à avoir un enfant. C'est ainsi qu'Hugo rencontra les Farrell. Inquiets pour lui, ils lui demandèrent d'où il venait et pourquoi il était seul en ville à seulement dix ans. Hugo leur a donc raconté. Presque toute son histoire. Il n'a cependant que mentionné Daniel, sans parler de sa mort. Il ne s'en sentait alors pas le courage.

Les Farrell, Sam et Linda, se prirent tout de suite d'affection pour Hugo. Tant et si bien qu'en à peine deux jours qu'il est avec eux - puisqu'il n'a pas voulu dire le nom de son orphelinat - ils décident de l'adopter. Hugo, qui les apprécie énormément, en saute de joie. Le temps de remplir les formalités, ce qui prendra un an, Hugo, Linda et Sam vivent ensembles, heureux. Les deux nouveaux "parents" ont d'ailleurs du prendre une année sabbatique, puisque étant Américains, ils ne devaient pas faire sortir Hugo du territoire australien, et ne voulaient pas le laisser de nouveau seul dans un quelconque orphelinat. Ils ont donc passé une année entière à ne rien faire d'autre que profiter d'être une famille, sortant souvent, faisant le plus de choses possible ensembles. Comme pour rattraper les dix premières années de la vie d'Hugo, qui s'en rendait compte et ne pouvait que les remercier du fond de son coeur.

Papiers officiels signés. Hugo s'appelait maintenant Hugo Farrell. Il pouvait sortir de l'Australie, pour la première fois de sa vie, à 11 ans. Et son premier contact avec une terre inconnue s'est fait avec les États-Unis. Et là... Tout était différent. A commencer par la météo. La neige ? Il n'en avait jamais vu... Étonnant le froid qui s'en dégage... Oh, bien sûr, la culture américaine dans sa globalité l'a surpris. Même agréablement surpris. Surtout en ce qui concerne le sport. Désireux de rendre fiers ses parents, il commence à jouer au Football Américain. Sport où il se révèle assez rapidement doué.

Vient le temps du lycée, des filles, des premiers amours. Un plongeon dans l'inconnu pour Hugo, comme pour tout le monde à cet âge. Il est cependant sûr d'une chose : pour lui, l'amour est un don de soi à quelqu'un. C'est donc un sentiment important. Il ne comprenait pas comment certains de ses amis pouvaient passer d'un fille à une autre, comme ça. Lui préférait passer du temps à charmer la personne en question, l'impressionner, l'amener à ressentir la même chose que lui, pour enfin se lancer. L'impressionner... Il a un jour tellement voulu impressionner une fille, une certaine Lily, qu'il a tenté de voler à l'étalage. N'étant pas habitué et ne sachant pas vraiment mentir, il s'est évidemment fait prendre. Sam et Linda ne comprennent pas, et parlent de l'envoyer à Weins, pensant l'avoir mal éduqué. Hugo comprend l'inquiétude de ses parents, et accepte d'y être transféré, ne sachant pas que Weins est en fait sous la coupe de la dictature mise en place. Hugo ne comprend d'ailleurs rien à la politique, et n'a donc aucune idée là-dessus. C'est tout juste s'il est au courant que Gordon est au pouvoir. Tout ce qu'il sait, c'est qu'il a été accepté dans l'équipe de Football.