« ll y a deux histoires : l'histoire officielle, menteuse, puis l'histoire secrète,
où sont les véritables causes des événements. »
— Balzac.

Britanny soupira en tournant les pages de l’album photo que son père lui avait laissé avant de partir pour Chicago, ses longues mèches tombant sur ses épaules. Aujourd’hui, elle se replongeait dans son passé.

La jeune fille n’avait jamais vraiment connu sa mère autrement que sur cette photo d’identité gardée par son père dans son portefeuille. Quelques jours après la naissance de Brittany, sa génitrice avait quitté Edward Johnson en lui laissant sur les bras un nouveau-né. Elle ne voulait rien avoir à faire avec sa progéniture.

Edward avait eu un peu de mal au début, mais avait fini par devenir un parfait papa poule. Au début, cela n’avait posé aucun problème : Brittany allait à l’école comme tout le monde, sortait comme tout le monde bien sagement à la même heure, et rien de plus. Mais les problèmes avaient commencé à arriver lorsque la gamine était passée en classe de CP. Elle savait très bien lire, très bien compter, mais elle commençait à vouloir se sociabiliser avec ses camarades. Elle avait insisté auprès de son père jour après jour pour qu’il la laisse descendre dans la rue et jouer au ballon avec les autres. Mais Edward n’avait jamais craqué. Et Brittany avait commencé à dépérir, gagnant dès l’âge de 8 ans une certaine rébellion à l’égard de son père.

Tout avait commencé à réellement se gâter au collège.

Pas très bonne en cours, Brittany préférait largement s’amuser que travailler. Elle avait été convoquée de nombreuses fois par ses professeurs, le tout en présence de son père, mais rien n’y avait fait. Elle était médiocre et ne semblait pas décidée à résoudre ce problème. Edward avait alors sorti la manière forte : soit elle bossait, soit il la  laissait se débrouiller seule. C’avait été probablement l’une des plus grosses disputes qu’elle avait jamais eue avec son paternel, et elle s’en souvenait bien : c’était ce jour là qu’elle avait découvert sa fascination pour les armes à feu. Elle avait 12 ans et avait grimpé dans son grenier pour bouder. Elle avait alors trouvé ce vieux revolver, et elle avait passé sa soirée à le démonter. Puis le remonter. Elle avait admiré le canon, le barillet, et à quel point quelques bouts de métal pouvaient prendre la vie d’un être humain.

Souhaitant calmer tout conflit avec son paternel, elle avait travaillé juste ce qu’il fallait pour passer les différentes classes, sans trop faire d’efforts non plus. Mais elle avait commencé à en avoir marre du système scolaire. On la bridait, on lui dictait toujours quoi faire. Brittany n’était pas une anarchiste ni une rebelle, loin de là ; mais elle avait commencé à se lasser. Depuis la nano-bombe, qui avait fichu en l’air l’ordinateur du padre –seule échappatoire à son monde morne du quartier modeste, fliquée par un papa poule- toute la population avait comme perdu toute trace d’intelligence à ses yeux. Mais elle s’était accrochée jusqu’à la fin du lycée. Et c’est là qu’elle avait pris ce qui avait probablement été la plus grande décision de sa vie.

« Papa, je m’en vais. Je rejoins l’armée. »

La jeune fille n’avait jamais oublié le visage décomposé et la plainte inarticulée qui s’était échappée des lèvres de son père. Mais l’on était en 2090, et la jeune femme avait réalisé que tous ces immigrés qui mettaient le bazar en proclamant Michael Gordon comme un dictateur risquaient de poser problème. Alors, pour la demoiselle qui avait toujours préféré l’action au blabla, l’armée était le choix le plus évident.

« Et pour ta sécurité, il vaut mieux que tu quittes New York. Pars à Chicago. »

Mais Edward avait toujours refusé. Brittany avait alors enchaîné les missions, principalement en Amérique. Elle s’était sentie utile pour la première fois de sa vie, et était ravie de ne pas avoir fait d’études supérieures. Mais un jour, elle avait reçu une lettre. Elle était mutée à l’étranger, temporairement. Elle se souvenait être descendue dans la cuisine, où son père était en train de lire un journal. Elle lui avait alors lancé l’enveloppe.

« Je ne pourrai plus te protéger si New York est à feu et à sang. Je t’en supplie. Va à Chicago. C’est une ville bien plus tranquille. »

Le paternel avait accepté, et Brittany avait pu partir l’esprit tranquille. Désormais âgée de 23 ans, elle était restée pendant 2 ans à l’étranger au nom des Etats-Unis d’Amérique. Puis, elle avait fini par être rappelée à New York. Elle était arrivée en plein milieu d’une émeute….Et c’est là que sa vie avait basculé.

La Police et la Résistance s’affrontaient sans répit, sous le feu et les ténèbres de la nuit et du soir. Brittany était restée à l’écart, mais avait remarqué une gamine qui observait, terrifiée, cachée derrière une poubelle. Habituée à aider les gosses à l’étranger, elle s’était dirigée vers elle.

« Qu’est-ce que tu fais là, ma puce ? Tu devrais être chez toi.
- Mon papa il se bat…il est avec les policiers…j’ai peur pour lui…
- Il ira bien, ne t’inquiète pas. Tu veux que je te raccompagne ? Je te promets que ça ira.
- Tu es sûre madame ?
- Certaine. On ne tue pas un policier comme ça, n’est-ce pas ? Encore moins un papa héros. »

La gamine était sortie de sa cachette, encouragée par le sourire de Brittany. Et ce fut probablement la plus grande erreur de cette soirée. Il y avait eu un grand coup de feu, puis le silence. Et la militaire, qui se pensait pourtant blindée, avait laissé échapper un hurlement d’horreur. Devant elle, le crâne brisé, la gamine était tombée morte. Une balle perdue, un simple bout de métal, comme celui qu’elle avait manipulé dans le grenier, venait d’arracher la vie d’une petite fille dont la seule erreur avait été de s’inquiéter pour son père.

Traumatisée, Brittany s’était reculée, et avait appelé les secours en larmes. Ils n’avaient rien pu faire, évidemment…mais la demoiselle avait été marquée au fer rouge pour le reste de sa vie. C’est peu après qu’elle avait quitté l’armée, et qu’elle avait fouillé dans les archives de l’armée et de la police s’il n’y avait pas un moyen de cesser ces combats. En honneur de cette inconnue de 6 ans et demi.

C’était après de longues semaines qu’elle était enfin tombée sur des traces de la Police Secrète. Une organisation qui luttait pour mater la rébellion. Ca lui avait plu, et elle avait fait des pieds et des mains pour la rejoindre. Après de nombreux tests elle avait finalement été admise. Et on lui avait offert un job de Policière lambda pour cacher son véritable boulot.

Elle pouvait enfin recommencer sa vie.

Et tenter de soigner cette marque sanglante imprimée derrière sa rétine.

« Un homme de caractère n'a pas bon caractère. »
— Jules Renard.

Certains se demandaient ce qu'elle faisait dans la police.

Brittany était quelqu'un d'adorable, et de profondément attaché à la notion de vie. Tuer la débectait, quand bien même elle n'avait pas le choix. Sa nature était foncièrement adorable, et sa générosité n'était égalée que par ses talents d'accueil. Alors que New York brûlait sous ses yeux et que la terreur se lisait silencieusement dans son regard, elle n'en montrait rien et rassemblait assez de courage pour continuer. Dans le même temps elle était aimable et avait toujours un mot d'encouragement pour tous ceux qui en avaient besoin.

Malgré tout, et même si c'était à contrecoeur, tous ceux qui doutaient d'elle devaient rapidement se rendre à l'évidence qu'elle était douée.

Perfectionniste, elle était attentive au moindre détail, autant humain que matériel. Associé à sa discrétion naturelle, cela donnait un agent à la fois partout et nulle part, toujours au courant de tout, qui était capable d'enregistrer des tonnes de détails à partir de conversations parfois très courtes. Elle n'oubliait jamais les anniversaires. Débrouillarde, elle était remarquablement inventive lorsqu'il s'agissait d'improviser, et lorsqu'on la critiquait là-dessus, elle se contentait de relever la tête avec un sourire et demandait à celui qui l'avait interrompu de trouver une solution plus efficace que la sienne en cinq secondes.

En plus de cela, c'était une personne abordable et d'une gentillesse incomparable. Sociable, elle était appréciée d'une bonne partie de ses collègues. Et c'est à force de confiance et d'une grande et bonne volonté qu'elle a fini par être considérée comme l'une des meilleurs agents de la section. Personne plutôt simple, elle vouait un véritable culte aux produits pour se teindre les cheveux. Rousse, brune, blonde ; elle variait selon ses envies, comme une jeune adulte amusée par le monde.

Evidemment, ceux qui ne la connaissaient pas plus la méprisaient, la trouvant trop parfaite, trop bien. Ce n'était pas le cas, mais ceux qui jugeaient à l'apparence ne savaient pas creuser plus loin. Car elle était loin d’être une workaholic. En vérité, malgré le temps qu’elle passait au Commissariat, elle ne restait jamais bien tard. On la prenait pour une feignante –et il était vrai que quelque part, elle n’aurait pas dit non à une journée farniente sur le canapé- mais personne ne savait, pour son boulot dans la police secrète. Elle n’était pas zélée avec les merles mais se battait parmi les aigles avec toute sa force.

On pouvait presque la considérer comme rêveuse, en réalité, ou excessivement optimiste. Chaque jour en se réveillant, elle allait au travail en espérant que ce soir New York retrouverait son calme et sa gloire d'antan.

Ton p'tit nom/pseudo : Flora / Ninetales
Ton âge : 19 ans
Un ou plusieurs comptes sur le forum ? Nope ♥
Comment as-tu connu le forum ? Par la pub sur Facebook ~
Et comment tu le trouves ? Très beau ♥ Et j'aime le concept très fort ♥
Quelque chose à ajouter ? Mon film favori c'est Time Out (In Time en anglais) et pour tout avouer il me rappelle un peu la même chose...bon, c'est pas une dictature, mais la Police est partout, discrète :p