Le Deal du moment : -40%
-40% sur le Pack Gaming Mario PDP Manette filaire + ...
Voir le deal
29.99 €


Telle mère telle fille... Ou pas
avatar
Invité
Informations


MessageSujet: Telle mère telle fille... Ou pas Telle mère telle fille... Ou pas Icon_minitime1Sam 18 Jan - 23:09

Dormir est un exploit. Elle n'a pas fermé l'œil depuis trois jours. Trois jours à se morfondre dans sa douleur physique et psychologique qui se manifeste aujourd'hui avec une force déconcertante. Le temps a passé lentement, au ralenti. Naturellement, tout va trop vite dans cette académie mais pour la première fois de sa vie, elle le vit avec une lenteur sans égale, à la vitesse des plus paresseuses tortue. Couché sur son lit en état bordélique, elle fixe le plafond en attendant quelque chose. Un cadeau du Ciel peut-être, une apparition divine ou même une révélation quelconque. Son bras gauche la fait souffrir intensément. Elle a l'impression que des asticots lui dévorent la plaie en permanence, et cela, sans aucun répit. Ça paraît tellement facile de se remettre d'une balle dans les films alors que dans la vraie vie, c'est tout autre. Elle a failli céder à la panique lorsqu'on lui a enlevé cette balle de fer de son corps. Elle se sent violée, agressée dans son intimité, son propre corps à elle. On lui a mis du plomb et on lui a arraché, tout ça dans ce qu'il lui appartient. Dû moins, appartenait. Certains peuvent s'en remettre d'une pareille blessure comme si de rien n'était, pas elle. Pourquoi avoir fait tout ça ? Quel était l'objectif de ce massacre ? Alanis n'est pas à l'aise avec la violence. On peut très bien la comparée à une poupée de chiffon, fragile et facile à brûler pour qu'il n'en reste que des cendres. Malheureusement, elle n'est pas évidente à recoudre. La plaie est hors du champ de vision de la petite Alanis, celle-ci est couverte d'un bandage blanc au départ mais qui est un peu sale. Rien de grave mais la saleté s'accumule toujours. Néanmoins, la douleur n'a pas besoin d'œil pour s'apercevoir que le mal est là. Ce n'est pas tout, depuis cette tragique journée, l'Irlandaise souffre d'une terrible migraine. Elle est apparue sans grâce ni finesse, en défonçant la porte de la santé d'Alanis. Sa tête est martelée de fièvres. Elle essaie de voir plus claire dans son malheur mais son cerveau est constamment roué de coups par une maladie, probablement causé par ce même malheur obscur. Elle est pâle comme un drap neuf fraichement sorti de la machine a lavé et pourtant, l'étudiante est toute sauf propre. Cernes aux alentours de ses yeux entrouverts et cheveux complètement décoiffés forment son nouveau style. Au creux de son cœur, un étrange sentiment conflictuel naît des cendres. Un mélange de peur et d'extase, une impression assez puissante pour faire sortir l'âme à laquelle le corps est terré dans les tripes de la petite. Une sensation qu'elle n'a jamais connue auparavant. C'est la mort qui habite son âme, la même qui a fauché toutes ces personnes dans le réfectoire. Elle s'en souvient comme si c'était hier, de ce son qui pourfend la raison et qui déchire l'air en un éclat. Du sang qui gicle telles des fontaines dans les parcs. Cette femme qui était tout près d'elle, qui a eu le droit à une balle à la tête qui a traversé sa boîte crânienne en moins d'un dixième de seconde. Elle se remémore ce bal sanglant, la Reine qui a été mise en déroute en étant traité de pute impunément. Ce n'était pas gentil du tout, le terme exact est prostitué ou femme de joie, peu importe, cet affront n'est rien comparé à l'immonde violence perpétrée. Puis, elle pleure déjà sur son propre sort, il ne lui reste plus beaucoup de larmes pour celui des autres, des morts. Néanmoins, les défunts sont-ils les vrais gagnants de cette histoire ? Ce monde est cruel, impitoyable et mauvais, ils en sont partis, de cette terre putride. Pendant un bref instant, Alanis a envié ces personnes... Elle a voulu les rejoindre...

La noirceur légèrement bleutée de la chambre n'a rien avoir avec la beauté céleste du ciel nocturne. Néanmoins, il est plus ou moins là ce soir, enrobé de nuage, on ne voit pas les étoiles. Il ne manquait plus que ça ! Le mal de tête harcèle la rousse tel un démon malfaisant durant trop longtemps. Elle n'est pas allée voir l'infirmerie depuis son accident. Les raisons sont multiples, dû moins, se dénombre au nombre de trois. Dans un premier temps, elle a son orgueil. Depuis sa chute monumentale en cours lorsqu'elle s'est écroulée au sol comme une idiote, elle n'a plus envie de réclamer des soins là-bas, allez savoir pourquoi. De plus, elle n'a aucunement envie de déranger les infirmières avec ses problèmes alors que d'autres souffrent, surement plus qu'elle, c'est ce qu'elle croit. Par ailleurs, cet élan de mélancolique a rendu la petite un brin paresseuse. En même temps, elle est très malade et fatiguée. Se lever du lit et traîner sa carcasse vers l'infirmerie, ça demande un effort constant. Dans un éclat de tristesse, la rouquine sent littéralement qu'elle va mourir. Ça suffit, elle se lève lourdement de son lit en basculant tel un zombie avant d'ouvrir frénétiquement la porte. Elle est habillée mais avec négligence. Elle ne manque pas de tissus sur son corps, ce n'est pas son genre, par contre, son accoutrement est plutôt mal assorti. Peu importe, elle doit partir à l'infirmerie avant qu'elle dégobille partout. Sa silhouette courbée se faufile accompagnée de sa démarche maladroite entre les murs du pensionnat. En passant, un jeune idiot, visiblement nouveau à l'académie Weins (et il l'est) a eu l'audace de faire un croche-pied à la petite qui tombe violemment au sol. Il est le seul à rire, comme l'abruti congénital qu'il est. Une blessure de plus dans la plaie, ça ne change rien. Rien du tout...

Il est tard mais difficile de savoir quelle heure au juste. Tout semble si irréel, effondré et sans importance dans ce ramassis de cadavres marchant partout, des êtres décérébrés qui errent sans fin dans cette académie, la seule différence, certains arborent les couleurs rouges, bleues et blanches alors que d'autres veulent y mettre le feu et dessiner le signe de l'anarchie sur leurs corps calcinés. En tout état de cause, les histoires de la sorte n'ont pas d'importance dans l'immédiat. Elle a l'impression que le ciel tombe sur sa tête, l'écrase avec force comme un mur de béton. Son mal de tête a atteint son paroxysme et sa déprime n'aide en rien ses symptômes. Le vent froid, sec et cinglant frappe sa peau, créant un immense contraste entre l'intérieur chaud et renfermé de sa chambre. Elle ressemble à une petite bête, une créature blessée. Elle a besoin de médicaments et vite, sinon elle sent qu'elle va littéralement exploser. Une fois arrivée devant les grandes portes de l'académie, elle plaque brutalement celle-ci pour pouvoir entrer. Une fois entrée dans le lumineux Hall, étrangement peu fréquenté ce soir, elle trébuche toute seule. Alanis se relève douloureusement avant d'aller cogner à la porte de l'infirmerie...

***

Quelques minutes plus tard, elle est couchée sur un autre lit, dans la blanche salle de l'infirmerie. Elle s'y est déjà réveillée dans la plus grande confusion, auparavant. Elle ne pensait pas ni voulait s'y rendre une fois de plus. Dommage. Sa crise s'est légèrement estompée mais sa pyrexie est toujours là, puissante et dévastatrice. Avec la cervelle légèrement en compote, elle se retourne un peu partout, s'attardant sur des détails insignifiants de la décoration des lieux. Murs blancs, draps peu confortables et... Des infirmières. En voilà une, justement, tout près. Cheveux noirs, bien maquillé, une vraie beauté sur deux pattes. D'un air perdu, elle l'interpelle. « Pourrais-je avoir un médicament ou deux, madame, s'il vous plait ? J'ai l'impression de me faire tabasser par une famille entière... »

avatar
Invité
Informations


MessageSujet: Re: Telle mère telle fille... Ou pas Telle mère telle fille... Ou pas Icon_minitime1Mer 29 Jan - 21:27

Eva attend patiemment, laissant filer le temps comme elle peut dans cette infirmerie qui est aujourd'hui restée presque désertique, désespérément vide. Certes, il y a eu quelques passages rapides, ne servant à rien d'autre que venir chercher un traitement ou prescrire des médicaments pour la gorge qui peuvent, en fait, se distribuer comme des bonbons. Alors, oui, la femme est en quête de quelque chose d'attrayant à faire. Pourtant, la journée aurait été bien remplie que cette dernière se serait plaint intérieurement de tant d'activité, ne sachant au final pas vraiment ce qu'elle désire. Pour le moment, la seule chose que la brune attend est un peu de mouvement afin d'empêcher ses jambes de fusionner avec le sol supposé froid. Bien qu'il faille ranger les cachets tout juste livrés dans les divers placards et tiroirs résistants de la salle, elle ne considère pas cela comme une occupation réelle. Après tout, il s'agit de simplement agir comme un robot en posant les petits cylindres en plastique les uns après les autres et d'aller replonger sa main dans le carton lorsque résonne le bruit du contact avec le métal du rangement.

Pourtant, elle poursuit son travail vaillamment, entamant d'ailleurs une autre boîte. Après tout, le choix ne lui est pas proposé puisque l'infirmière désire avant tout être payée. D'ailleurs, sa rémunération ici est suffisante pour que l'idée de partir ne se glisse pas dans son esprit. S'évaporer, Eva l'a déjà fait plusieurs fois, dont certaines dans des circonstances bien plus sombres, alors il va sans dire que recommencer ne lui poserait aucun cas de conscience. Seulement, pour cet emploi-là, elle préférerait éviter de disparaître avant quelques temps. Tout d'abord, parce que ce serait bête de gâcher une telle occasion de faire une petite pause et de mener une vie tranquille, mais aussi à cause d'une autre raison qui ne regarde qu'elle. Lorsque la femme pense "vie tranquille", il est évident que les erreurs du passé ne se reproduiront pas, alors ces mots signifient à ses yeux signifient rentrer dans son appartement le soir et en sortir le matin pour effectuer la tâche qu'on lui a confiée à l'académie Weins, avec certaines fois quelques extras entre ces deux actions, qui ne manquent pas de la ravir.

La brune atteint en ce moment même le paroxysme de son ennui. Il faut dire que dans son cas, c'est un stade qu'elle touche aisément et plus particulièrement, régulièrement. Hélas, il n'y a plus aucun carton, tous ont été épuisés puis jetés. Cela fait un petit moment déjà que le rangement de tous ces comprimés la distrayaient, mais jamais elle n'aurait pensé les voir être vidés aussi vite. Par égoïsme, selon sa définition des choses, l'infirmière avait demandé à ses collègues la laisser s'occuper de cette tâche seule. Pour eux, il s'agissait sans doute d'une gentille attention afin de leur permettre de vaquer à d'autres occupations ou simplement se détendre, mais selon Eva, cette initiative avait un tout autre sens. Son souhait était de s'occuper un petit moment et aucun de tous ces hommes et femmes habillé en blanc n'avait intérêt à s'approcher de ces boîtes devenues son passe-temps éphémère. Seulement voilà, à présent, c'est fini. Alors, monotonement, elle marche en direction d'un siège et s'assied dessus, comme l'ont fait la plupart de ses pairs il y a déjà un petit moment. Peut-être devrait-elle aller discuter avec quelques-uns des élèves présents ? Non, la majorité a pour conseil de dormir, puis leur conversation, vu qu'ils ne sont pas au meilleur de leur forme, a peu de chance de réellement lui faire oublier cet ennui monumental.

En parlant d'élèves, en voilà une qui arrive, assez mal en point. Eva ne se lève pas, la jeune fille est déjà prise en charge par ses collègue, alors elle se contente de la voir passer sous ses yeux en l'observant négligemment. L'infirmière s'en occupera plus tard, quand la petite sera installée. Pourquoi ? Il n'y a pas de réelle réponse, la brune est juste quelque peu absorbée en ce moment-même, sans avoir de raison particulière. Se levant doucement pour aller replacer un tube de pilules que l'un de ses pairs a abandonné près d'un robinet, elle se demande où est l'utilité de les ranger s'ils les laissent traîner derrière eux. Alors que ses mains referment le placard, une voix faible l’interpelle, celle de la gamine de tout à l'heure. La femme hoche la tête avec un sourire amical en réponse à sa demande, une aspirine fera l'affaire dans son cas. Tandis que ses jambes la ramène encore une fois vers les médicaments, elle se remémore les mots prononcés. Famille, qu'est-ce à ses yeux ? Son ancien mari ne peut pas être considéré comme tel, mais par contre, sa fille sans doute. Un instant, Eva se demande si cette dernière est en vie. Ce n'est pas qu'elle regrette son geste, mais la mère serait curieuse de rencontrer sa petite pour voir de quelle façon cette dernière a bien pu évoluer. L'infirmière se souvient avoir lu dans un magazine sans grand intérêt que lorsque l'exemple féminin quittait le foyer familial, il y avait des chances que l'enfant affirme plus son côté masculin, même s'il s'agit d'une fille. Tout, mais pas cela, se dit-elle en levant les yeux au ciel avec flegme.

Eva rapporte un plateau en métal à la jeune, celui-ci supportant le poids d'un verre d'eau et d'un comprimé. Elle le pose sur une tablette et retourne sur ses pas en souriant encore une fois, par politesse. Certaines personnes ont une peur effroyable des infirmières, chose qui a toujours étonné celle-ci. Par curiosité, la femme sort le dossier qui concerne la petite, le feuilletant rapidement pour essayer de comprendre ce que cette dernière fait ici, puisque cette information a été donnée à ses collègue et que la brune ne souhaite pas leur poser de questions. Blessée au bras gauche et traumatisée suite à l'événement tragique qui s'est déroulé y a peu de temps, ses problèmes actuels doivent dépendre de cela. La jeune Alanis ne fréquente pas beaucoup ce lieu, supportant les petites maladies du quotidien - à moins qu'elle ait une santé de fer - sans se plaindre. Alanis ..? La brune arque un sourcil en regardant le mur une seconde. Ce prénom, ne serait-il pas celui de sa fille ? Si, il n'y a pas de doute. Aussi, le nom de famille lui rappelle vaguement celui de son ancien mari, mais elle ne pourrait pas jurer là-dessus, alors ce détail s'efface. Tournant les pages dans le sens inverse, la femme apprend que la petite vient d'Irlande et qu'elle est née le 1er avril 2083. Eva a une très bonne mémoire lorsqu'il s'agit de date et les coïncidences commencent à être trop nombreuses. Puis n'oublions pas le détail de la capillarité flamboyante dont dispose la petite.

L'infirmière retourne sur ses pas, marquant un rythme régulier avant de faire enfin face à l'alitée, blottie entre les draps blancs. L'observant et finissant par attraper son regard. A ce moment-là, elle commence par vérifier que ses collègues sont suffisamment éloignés, avant de continuer à scruter la rouquine. Devrait-elle lui dire ? Son cerveau tourne vite, tente d'envisager toutes les conséquences, tandis que le silence s'abat sur le coin isolé. Seulement, elle ne suppose rien de néfaste, oubliant au passage quelques possibilités tant la situation lui parait immédiate, spontanée. Eva n'avait jamais essayé d'imaginer, d'imager sa fille, alors elle n'est guère surprise par son apparence actuelle, bien que celle-la soit bien trop négligée à son goût. Disons que selon sa vision des choses, il y avait tout de même une bonne base dont le modelage serait plus ou moins dur. Tout dépend de la coopération de la petite. Il faut bien faire quelque chose, la brune lui a offert des gênes et ces derniers ne sont pas suffisamment mis en valeur, ce qui lui parait absolument scandaleux.

Eva s'approche encore un peu, plongeant son regard dans celui de sa fille. « Bonsoir. » Cherchant à poser sa voix ainsi que la meilleure façon d'annoncer la nouvelle, tandis que cet unique mot s'échappe d'entre ses lèvres. Comment avoir du panache dans ce genre de situation, c'est sans doute la question qui lui fait prendre son temps. « Tu sais, j'ai appris, au fur et à mesure de mon existence, que dans certaines situations, il ne fallait pas emprunter de chemin détourné pour annoncer une grande nouvelle. C'est une pratique idiote, car si les choses ne sont pas dites clairement, il y a toujours et même souvent une possibilité que celles-ci soient mal interprétés par la personne qui reçoit l'information. » Elle devine la probable stupeur que ressent Alanis en voyant une inconnue lui parler ainsi. « Je suis ta mère. » L'infirmière laisse le silence s'installer un instant, avant de reprendre la parole rapidement pour ajouter un détail lui semblant particulièrement important. « Mère biologique, du moins. » Elle l'a dit, c'est fait. Un instant, Eva se demande si le besoin d'énoncer des preuves est crucial, avant de conclure que les instants qui vont suivre lui apprendront cela bien vite.

avatar
Invité
Informations


MessageSujet: Re: Telle mère telle fille... Ou pas Telle mère telle fille... Ou pas Icon_minitime1Sam 15 Fév - 17:20

Son souhait se réalise, à son plus grand bonheur. L'infirmière, qui sourit à la rouquine, lui offre un plateau métallique qui semblait reluire grâce à la lumière ambiante.

« Merci beaucoup ! »

Un verre d'eau et quelques comprimés, offerts comme si c'était un banal repas à la cafétéria. La comparaison laisse un léger sourire aux lèvres d'Alanis, celui-ci est un peu amer lorsqu'elle constate qu'au bout du compte, elle aurait préféré avoir besoin d'un repas que de médicaments. Il est plus agréable de manger que d'avaler d'un coup sec ce qui peut en plus rester à la gorge et donné une vague envie de vomir. Elle regarde l'infirmière qui s'en va plus loin en se demandant pourquoi elle perd son temps à fixer cette dame comme ça. Celle-ci n'a rien qui puisse réellement captiver l'attention de l'Irlandaise pour l'instant, outre sa gratitude envers sa personne pour lui avoir gentiment donné quelques comprimés et un verre d'eau. C'est peut-être cette beauté naturelle que l'infirmière détient qui attise son envie ou son admiration plutôt. Elle détourne le regard subitement pour prendre les deux médicaments dans la paume de sa main. Alanis prend quelques secondes de temps avant de se décider à les insérer dans sa bouche pour ensuite prendre une énorme gorgée d'eau froide. Sa maladresse lui coûte quelques gouttes de l'eau qui ont malencontreusement tombée sur les draps de l'Irlandaise. Peu importe, tout va aller pour le mieux, espère la petite qui finalement se blottit dans les couvertures. Le mal partira bientôt, il prendra la poudre d'escampette plus rapidement qu'un infidèle démasqué au grand jour... La brune revient sur ses pas. Au son de ses souliers qui tapent contre le sol, Alanis lève la tête vers celle-ci. Durant un court instant, l'infirmière la scrute. Cette situation rend la rouquine quelque peu mal à l'aise. Elle n'a pas l'habitude qu'on l'observe de la sorte, surtout lorsque ladite personne n'a plus rien à faire en ce lieu. Enfin, c'est ce qu'elle croit. Peut-être qu'elle doit lui poser des questions sur sa santé, qui sait ? Cela embêterait la petite mais elle ne se débattrait pas pour autant. S'il n'y a pas de ces vilaines aiguilles au programme, tout devrait bien aller. Elle jette un petit sourire instinctivement avant que la femme commence à parler. Rien de mieux que pour commencer une conversation... Alanis lève un sourcil, déconcertée par les propos de la femme. Qu'est-ce qu'elle essaie de dire ? Quelle grande nouvelle ? Que se passe-t-il ? C'est les questions qui tourmentent l'Irlandaise et encore là ce n'est qu'un maigre échantillon de ce qui lui traverse l'esprit. Et puisqu'elle est à l'infirmerie et éventuellement malade (sinon elle n'y serait pas), rien ne l'empêche de penser qu'on va bientôt lui dire qu'elle est atteinte d'une maladie très grave qui va possiblement la tuer, voir carrément la fauchée dans les prochains mois de sa vie ! Avec un excès incroyable, l'idée vient rapidement s'emparer de la raison. Elle garde un semblant de sang-froid mais intérieurement, le coeur se serre et l'inquiétude à atteint son paroxysme...

« Quoi ? »

Elle n'a pas mal entendue la déclaration de... Maman ? Ce mot est sorti de sa bouche seul, sans aucun accompagnement ni aucune justification. Elle se redresse un peu de son lit, visiblement ébahie par cette conversation outrageante. Mère biologique ou pas, Alanis dans toute sa naïveté pense qu'une jolie femme adulte et professionnelle, probablement instruite, ne s'amuserait jamais au dépend d'une patiente avec ce genre de blague. Non, elle ne ment pas. Mais ce n'est là que le cadet des soucis de la petite Irlandaise qui ne sait pas quoi dire exactement à la femme. Devrait-elle lui sauter dessus pour lui donner un câlin en criant maman à tue-tête ? Ce serait digne des films américains d'un sentimentalisme aberrant. Heureusement, la rouquine n'est pas dans un mauvais film ni dans un roman à l'eau de rose. Quoique parfois, l'envie d'y être ne lui manque pas. Si la logique pointe en direction d'une vérité pure et simple, Alanis ne veut pas se faire passer pour autant d'une fille qui se fait avoir à chaque fois. Elle reste sur ses gardes, on ne sait jamais. La méfiance est de rigueur.

« Mais... Est-ce qu'il y a des preuves concrètes de ce que vous avancez au moins ? »

Bien entendu, ce serait trop facile de s'extasier à savoir que maman est de retour, tout bêtement. Non, ce ne sera pas comme dans les films, ça c'est certain ! La rouquine est visiblement embarrassée par la situation qui est tout à fait hors du commun, en même temps, combien de personnes peuvent se vanter d'avoir une conversation avec une inconnue qui prétend être votre génitrice ? Peu de gens l'ont expérimenté et visiblement, l'Irlandaise fait partie de ce petit groupe de privilégié. Enfin, privilégié, ça reste relatif. Parfois, il ne vaut mieux pas connaître ceux qui sont restés oubliés...

avatar
Invité
Informations


MessageSujet: Re: Telle mère telle fille... Ou pas Telle mère telle fille... Ou pas Icon_minitime1Dim 23 Fév - 4:06

Les mains d'Eva se resserrent doucement autour de la barre froide prolongeant les pieds métalliques du lit qui accueille la malade. On pourrait penser que dans ce geste se cache une sorte de tendresse. L'attribuer à une émotion puissante que la femme a besoin d'exprimer et ne peut contenir ou tenter de dissimuler, celle-ci s'évadant telle un court d'eau dont la brune essayerait de retenir la fuite, d'arrêter la course effrénée. Après avoir passé tout ce temps sans voir la chair de sa chair, son enfant, celle qu'elle a amenée au monde, venant attraper avec attention sa main du néant, pour la faire trottiner gaiement jusqu'à cet univers. A qui elle avait donné un nez pour respirer les parfums les plus exquis, des mains pour toucher ses semblables, des yeux pour admirer, des tympans pour entendre les compliments qu'on lui ferait et un goût pour pouvoir ressentir des émotions même en se soumettant à l'un de ses besoins vitaux. Celle qui lui survivra assurément et le seul souvenir véritable, mérité et réel, que gardera le monde d'elle, peut-être inconsciemment, jusqu'à ce que la rousse s'éteigne à son tour pour retourner à ce vide duquel il lui semblera peut-être à la fin, avoir été injustement arrachée.

Il n'en est rien. La dame se redresse seulement. Non pas qu'elle ait adopté une position négligée dans les moments qui ont précédé, disons juste que le mot décontractée conviendrait mieux, du point de vue de la brune. Depuis déjà longtemps, son dos, sa cambrure, s'étaient naturellement attribués la forme ondulée qu'exhibe la console d'une harpe. Un instant, cette position gracieuse s'était échappée, pour permettre au corps entier de prendre un recul invisible, factice, ordonné par l'inconscient de la femme et n'apparaissant d'ailleurs que pour celui-ci. Sans doute ses pieds n'ont en fait même pas bougé d'un millimètre. Ses lèvres vermeilles venant de révéler une vérité terrible, selon la morale et ses sœurs qui forment ensemble la politesse, ne sourient pas, n'affichent pas d'expression. D'un visage neutre et calme, Eva attend de voir celle d'Alanis pour choisir la sienne. Pourquoi ? Aucune raison ne lui apparaît clairement, disons alors simplement qu'elle ne saurait laquelle prendre, la réaction qui serait la plus appropriée. Il faut bien avouer que la situation est assez surprenante, voir même aberrante.

La rousse demande des preuves, ce qui parait normal, même à sa mère. Peut-être que cette dernière aurait trouvé sa descendance trop crédule ou naïve, si elle n'avait posé aucune question sur le sujet abordé. Qu'importe, ce sont deux choses facilement malléables et qui, avec un peu de patience, auraient totalement disparu du caractère de la première concernée. Enfin, la question n'existe de toute façon pas. Le visage de l'infirmière s'anime enfin. Elle perd quelques instants son regard dans un coin de la pièce, ses yeux ne regardant pas vraiment le mur blanc, car à vrai dire, Eva réfléchit, ou plutôt se souvient. La femme cherche à mettre en ordre tout ce qui pourrait lui permettre de répondre à la question plutôt justifiée de sa fille. Car oui, elle se remémore tout à fait, si ça n'avait pas été le cas, comment lui aurait-il été possible de faire son annonce quelques minutes auparavant ? Le seul problème est en fait de présenter tout cela de façon à ce qu'Alanis puisse additionner facilement les informations qui deviendraient des détails simples, mais révélateurs, au fur et à mesure, en crescendo. La brune ne peut évidemment pas citer les choses lorsqu'elles lui passent par l'esprit, la moitié serait oubliée par l'auditrice et il est certain que citer une donnée facile découvrir si l'on la cherche, après avoir évoqué une bien plus secrète avec précision, ne finirait pas de convaincre la principale intéressée.

L'infirmière rend son regard à Alanis, gardant ses lèvres entrouvertes sans  dire aucun mots encore un temps, avant d'être certaines que ceux-ci ont bien la forme désirée et que son petit sourire revienne parer son visage. « Oui, ces phrases n'auraient pas été prononcées si je n'étais pas certaine de ce que j'avance. Je pourrais parler de ton âge, de ta date de naissance, ton groupe de sang et tout ce genre d'informations, mais j'aurais pu y avoir accès facilement en fouillant dans les dossiers portant ton nom. Enfin, après il faudrait que je trouve un intérêt particulier à m'inventer une fille. Oh et aussi, que je sois suffisamment stupide pour choisir, parmi toutes les jeunes filles qui se trouvent entre les murs de l'académie, une rousse. Remarque, peut-être qu'il arrive à des personnes d'avoir envie de faire ce genre de choses, il faut de tout pour faire un monde selon la plupart de ses habitants. Mais vois-tu, je ne souffre pas vraiment de solitude et reste tout de même convaincue du fait que ce serait une idée assez saugrenue. Je pourrais aussi te parler du prénom de ton père, Alfonse, car en fait je dois avouer que le nom de famille s'était en partie effacé de ma mémoire. Tout cela consisterait en de véritables preuves ? »

Eva laisse quelques instants de silence pour permettre à sa fille de répondre à la question, ou au moins d'y réfléchir. Effectivement, l'interrogation présentée a des allures rhétorique. La femme se demande l'effet qu'a eu son petit discours surtout centré sur la logique, puisque les émotions sont sans doute déjà suffisamment fortes chez Alanis, pour qu'il n'y a nullement besoin d'en rajouter. « Je ne te demande pas de me croire, à vrai dire, j'ai juste pensé qu'il était fort probable que tu souhaites être au courant lorsque je m'en suis rendu compte. Alors, voilà, je suis revenue sur mes pas pour raconter ce que je viens en quelque sorte d'apprendre moi aussi. J'aurais pu être surprise - d'ailleurs je l'ai été et le suis toujours un peu -, mais les faits sont là, clairs nets et précis. Disons que contrairement à toi, je n'ai pas le choix d'y croire ou non. Toutes les données sont assemblées et certaines, alors c'est une vérité et non plus une supposition. » C'est ainsi que la brune achève sa phrase, son argumentation, dirons-nous presque, son sourire ne l'ayant que très rarement quitté durant tout le ce temps.

avatar
Invité
Informations


MessageSujet: Re: Telle mère telle fille... Ou pas Telle mère telle fille... Ou pas Icon_minitime1Jeu 6 Mar - 16:08

Telle mère telle fille... Ou pas Tumblr_ltc0rz7sRe1r0l0ib
Alanis est tout simplement bouche bée. Il n'y a pas d'autres mots pour décrire sa réaction première et ce sentiment n'est en rien complexe. Elle a le cerveau tout simplement en panne, comme si en une fraction de seconde, on lui avait retiré ce qu'elle peut faire d'elle un être intelligent et alerte. Son regard, qu'elle lance à l'infirmière, est déconcerté, ébahi par l'indiscutable vérité qui se présente à elle. La femme ne sonne pas faux et la questionner davantage au sujet des preuves ne servirait à rien, quoique cela peut faire perdre du temps à fouiller dans les papiers et cela dans les plus grands des malaises. Elle baisse les yeux, regardant ses propres mains délaissées contre les draps blancs. Alanis cherche quelque chose à dire. Que dire à sa génitrice ? Elle a toujours vu ses grands-parents comme ses véritables parents. Elle n'était pas là, dans les campagnes irlandaises à venir l'aider lorsqu'elle s'éraflait le genou puisque la jeune rouquine était très maladroite dans le temps (et encore aujourd'hui...). Qui l'a balançais gaiement au petit parc où elle allait s'amuser ? Pas cette infirmière, ça c'est sûr. Ladite mère ne lui a pas raconté non plus toutes ces histoires qui la faisaient rêver lorsqu'elle était qu'une petite gamine rousse qui gambadait un peu partout. Elle n'est aucunement responsable de ce qui a fait de la rouquine une personne quoique jeune, elle reste une adolescente avec toute la vie devant elle mais celle-ci estime avoir tout de même beaucoup vécu en seulement seize-ans. L'Irlandaise relève la tête vers la femme mais son regard confus s'est enfuit, disparu comme un fugitif en cavale. Elle affiche plutôt un air froid, dénué de véritables émotions ou 'une expression distincte.

« J'imagine que vous connaissez mon nom alors et peut-être même qu'il vient de vous... Sans vouloir être indiscrète, quel est le vôtre madame ? »

Simple formalité, après tout, elle ne va tout de même pas la surnommé madame l'infirmière qui se prétend être ma mère toute sa vie ! Néanmoins, jamais elle ne l'appellera maman ou mère. Alanis ne le fera jamais, par respect pour sa grand-mère qui, elle, s'est réellement occupé d'elle au lieu de la laisser chez quelqu'un d'autre comme un bébé non voulu. C'est peut-être ça qu'elle était, au fond, une enfant qui n'était pas prévue et désirée. Une chose lui titille l'esprit. Un message que la rouquine veut donner à cette femme, quelque chose qu'elle aurait aimé lui dire depuis qu'elle est toute petite et maintenant que l'opportunité est là, aussi près qu'elle le désire, elle ne peut pas faire marche arrière. C'est une pulsion incontrôlable qui contraste énormément avec sa nature réfléchie. Par ailleurs, la dureté du propos change énormément de la petite rousse normalement délicate et attentionnée. Enfin, peut-être que cela est très relatif au fond, venant d'un mal élevé ça pourrait être de la grande politesse, qui sait ?


«  Mais sachez que je ne vous appellerai jamais mère. J'imagine que ça nous arrangera toutes les deux. »


Si auparavant, elle laissait transparaître qu'elle était glaciale, ce n'est pas le cas et son masque commence à se fracturer. Alanis n'est pas en mesure de conserver une telle attitude aussi longtemps, à moins de s'y être préparé à l'avance ou que la situation est vraiment extrême. Bon, c'est sa propre mère biologique qui lui parle en ce moment même mais il y a quelques minutes plutôt, l'Irlandaise était encore persuadé de ne jamais plus la revoir et que c'était peut-être mieux ainsi. Rares sont les personnes qui peuvent créer un tel ressentiment chez Alanis, celui de l'ignorance. La rousse croit dur comme fer qu'une vraie mère doit aimer et protéger, titre que l'infirmière ne possède pas et ne possèdera surement jamais. Simpliste comme vision des choses ? Un peu mais l'amour en tant que tel n'est-il pas un sentiment à la base simple et naturel mais qui s'est compliqué par la suite à cause des normes sociaux qui le restreint ? De nouveau, l'adolescente est confuse mais ça ne tardera pas à s'éclairer dans son esprit, il lui faut seulement des réponses à quelques questions fondamentales, enfin, ça dépend des gens bien entendu mais pour la jeune fille, c'est plutôt important. Sa curiosité insatiable l'a suit partout où elle va et ce n'est pas aujourd'hui que cela va changer, oh que non !

« Pourquoi ? Qu'est-ce qui vous a motivé à abandonner votre propre fille ? Bonne raison ou pas, je veux savoir. S'il vous plait. »

On se demandera si la marque de politesse à la fin est réellement dû a du respect pour elle ou bien par un simple automatisme verbal qu'elle répète sans cesse lorsqu'elle exige. Sinon, elle se sentirait mal d'avoir demandé sans aucune forme de politesse, ce que ses grands-parents l'ont bien éduqués. Par contre, ce n'est que trois mots de plus dans une question où elle est décidée d'avoir une réponse, ce n'est pas ça l'essentiel. Bref, l'infirmière est loin d'être entré dans l'estime de la rouquine, enfin, pas encore. On ne sait jamais, il y a des gens qui ont plus d'un tour dans leur sac à surprises. Par contre, il y a une chose qu'on ne peut nier. Cette femme est d'une beauté éclatante mêlée à une gracieuseté dans ses mouvements tout aussi admirables. C'est indéniable, elle est tout à fait jolie. Toutefois, en aucun cas cela fait partie des préoccupations premières d'Alanis concernant cette femme qui lui a donné la vie via un accouchement et quelques comprimés. La rouquine suppose que cela a dû être douloureux en ce qui concerne le cadeau de la vie mais sa gratitude envers elle s'arrête là, pour le moment.

avatar
Invité
Informations


MessageSujet: Re: Telle mère telle fille... Ou pas Telle mère telle fille... Ou pas Icon_minitime1Lun 24 Mar - 0:34

La phrase prononcée par Alanis, sans émotion pour venir teinter son visage, étonne un petit moment sa mère, qui penche à peine la tête sur le côté. Un mouvement, un détail sans réelle utilité ou importance, que cette dernière a pourtant exécuté. Ces deux qualificatifs peuvent aussi s'appliquer à la question de la rousse, seulement Eva ne considère pas la curiosité comme un défaut, contrairement à beaucoup d'autres habitants de ce monde. Elle est même convaincue que les humains en ont fait un vice afin d'éviter qu'on ne cherche trop à découvrir leurs petits secrets. Ce trait de caractère peut-être pratique tout comme il peut s'avérer fatal, mais dans le cas présent, il n'aura aucune véritable conséquence. Donc, pas de raison de refuser ? Certainement. L'infirmière en a donné, des choses fausses, particulièrement son nom. Pourtant, aujourd'hui, elle se retient sans explication ni raison. Peut-être est-elle en train d'en chercher, d'ailleurs. Cela la surprend de ne pas en trouver, alors, la brune persévère. Finalement, après encore quelques secondes, ses lèvres s'entrouvrent. « Je me nomme Eva Grey. Pour ce qui est de ton prénom, ce n'est pas moi qui l'ai trouvé, j'ai simplement donné mon accord. Sois tout de même assurée du fait que si ce cher Alfonse avait voulu t'appeler Dairine ou Morrigan, je ne l'aurais pas laissé faire : les parents font toutes sortes de blagues à leur progéniture, certaines fois ils vont même jusqu'à jouer avec le prénom de l'enfant. Enfin, tout cela n'a pas d'importance. » finit-elle par conclure doucement.

Le fait d'être nommée du titre accordé par la génétique l'importe au départ peu. Puis ensuite, elle imagine la petite rousse l'appelle ainsi et effectivement, Eva reconnait que ce serait bien loin d'être nécessaire. Alors non, elles s'en passeront toutes deux sans se plaindre. Après tout, la mère n'a jamais voulue être considérée comme telle et c'est pour ça qu'elle est partie, entre autre. La brune acquiesce donc, prenant une respiration à peine plus bruyante que les autres, comme si elle voulait ajouter quelque chose, quelques mots. Cette dernière ne le fera pas, se rendant bien vite compte que le hochement de sa tête a été suffisamment éloquent. Après tout, certains gestes sont bien mieux qu'une phrase. Le fait d'être interpellée par un mot tel que "maman" fait un effet des plus étonnants à l'infirmière. Quelque chose de plus compliqué que du simple dégoût, oh oui, un ressenti bien plus profond. Peut-être une sorte de surprise qui n'a strictement rien de positif. Comme lorsqu'on vous annonce une nouvelle qui ne vous ravit pas particulièrement et à laquelle vous ne vous attendiez pas, celle-ci vous laissant particulièrement songeur pendant un certain temps.

Eva est d'ailleurs plongée dans cet état, son regard perdu fixant le mur, avant de retourner vers sa fille soudainement, en un clin d'oeil. La brune pourrait être tentée de mentir, inventer un concours de circonstances qui justifieraient ses actes. Non pas qu'elle pense pouvoir convaincre Alanis de la pardonner, loin de là, mais pour faire en sorte que si cette scène se produisait face à un public d'inconnu, la plupart finirait par se dire que l'infirmière a eu ses tords, mais que face à la situation, elle a fait le meilleur choix possible et dû souffrir le martyre en abandonnant son enfant. Seulement, aujourd'hui il n'y a pas de spectateurs et même s'ils avaient été présents, elle n'aurait pas créé d'histoire. L'envie lui manque cruellement en réalité. Elle s'approche un peu du lit de la jeune fille, sans être brusque, avant de s'asseoir élégamment sur la chaise proche du haut de ce dernier. On ne peut pas dire que ce soit la plus confortable que la dame a pu utiliser au cours de sa vie, mais l'objet remplira amplement ses fonctions. D'ailleurs, il vaut mieux être rassuré par le fait que l'académie ne dépense pas tout son budget dans les sièges de l'infirmerie. La femme se tient droite en posant doucement son visage au creux de sa main, elle-même soutenue par son coude appuyé sur un des bras de l'objet.

Son regard reste plongé dans celui de sa fille, elle garde son sourire cependant un peu moins taquin que d'habitude. « Pourquoi ? C'est à vrai dire une question qui a plusieurs réponses et que selon moi, il n'y en a pas une moins importante que les autres. Oh, par contre, aucune ne sera convenable ou parviendra à justifier mes actes à tes yeux, je suppose. » Un instant, Eva ne sait pas si elle devrait vraiment rentrer dans les détails, puis choisit d'essayer de faire le mieux possible pour expliquer, ne demandant pas d'être comprise et sachant bien qu'elle ne le sera pas. « Pour commencer, disons que je n'ai jamais souhaité être mère. Je me suis laissée entraîner là-dedans sans avoir la force de m'en aller, ni même m'en rendre vraiment compte. Alors, lorsque tu es arrivée, j'ai continué encore quelques temps d'essayer de ne rien voir, jusqu'à ce que j'aie l'occasion de recommencer une existence, d'être libre et que je réalise mon erreur. Je n'aurais pas pu être une bonne mère de toutes façons, alors il valait mieux ne pas en être une du tout je suppose. Ce n'était pas vraiment un choix pour ton bien, c'était surtout parce que je n'avais pas de raison de rester. Je pourrais dire que je ne voulais surtout pas t'imposer une maman qui ne sourie pas lorsqu'elle te voit gambader, mais puisque ce n'est pas la véritable raison, à quoi bon. » Elle conclut sa tirade ainsi.

Eva marque une courte pause avant de reprendre la parole, passant ce temps à réfléchir à toute sorte de choses, bien qu'une seule soit le réel centre de ses pensées. Que faire maintenant ? Elles pourraient bien partir toutes deux chacune de leur côté, oublier tout cela l'une comme l'autre, n'est-ce pas ? L'infirmière n'en doute pas, seulement, quelque chose la dérange. Elle-même ne saurait expliquer quoi. La brune regarde sa fille et se dit qu'elle restera la sienne pour toujours biologiquement parlant, la preuve, après toutes ces années cela n'a pas changé. N'allez surtout pas croire que la femme pense au fait de s'occuper de son enfant en assumant ses responsabilités, ce n'est absolument pas ce qui lui traverse l'esprit. Lorsqu'Alanis était plus petite, elle n'aurait été d'aucune utilité et aurait plus eu de chance de la détruire qu'autre chose. Car l'absence laisse l'espoir de ne pas être désirée. Maintenant que la rousse a appris à se construire sans mère, cette dernière peut jouer son rôle dans des domaines secondaires, alors ? « Je doute que ces phrases aient eu un impact positif et je ne désirais pas particulièrement te faire souffrir. J'aurais pu accoucher de n'importe quel autre enfant, le même phénomène se serait reproduit. Maintenant, la question est de savoir ce qui va se passer ensuite. » Ajoute Eva, avant d'appuyer un peu plus le haut de son dos dans le siège.

avatar
Invité
Informations


MessageSujet: Re: Telle mère telle fille... Ou pas Telle mère telle fille... Ou pas Icon_minitime1Dim 30 Mar - 21:15

Nul ne parviendra à justifier ce que vous avez faites, Eva Grey. C'est la première chose qui est venue en tête à la Zinc, emmitouflé dans ses draps. Le mal de tête est presque oublié, effacé pour le moment grâce à la drogue. Alanis y penserait bien mais la conversation la captive trop. Beaucoup trop, à un point où cette concentration pourrait faire évaporer la réalité en mille éclats comme dans les rêves lorsqu'on commence à devenir un peu trop lucide dans nos pensées. Trop de clarté c'est mauvais pour le rêve. Les songes riment avec mensonges, c'est un fait tristement connu. Perplexe, elle sent soudainement une vague d'empathie qui n'aurait pas eu lieu quelques secondes plus tôt, lorsqu'Alanis voulait jouer pour la première fois la rebelle bête avec sa mère biologique, qu'elle ne connaissait pas il y a une dizaine de minute de cela. Avant même qu'elle s'explique, elle s'imagine déjà les raisons surement pas très jolies à entendre. Vague de remords en approche, la rouquine baisse les yeux qui laissent présager une certaine déception. Déçue par sa propre génitrice et par elle-même. Bref, c'est un énorme ramassis d'amertume qui ne changera pas grand-chose surement. Peut-être que cela rendra l'Irlandaise plus coopérative et ouverte ou au contraire on reverra une certaine dureté revenir en force pour se manifester. On ne le sait pas, pour l'heure, elle se contente de répliquer faiblement.

« Vous supposez ? Les déclarations hâtives jouent parfois de mauvais tours. »

La première phrase répondue par Eva provoque chez la Zinc un grand froid digne de la nuit qui règne dehors. La compassion était revenue, elle s'est fait chasser à coup de balais hors de la situation. Elle se doutait bien au plus profond de son être que l'infirmière ne voulait pas vraiment être sa mère, elle ne l'a jamais considérée comme telle mais l'entendre... Ça lui fait l'effet d'un fantôme errant qui passe tout près. C'est fou comme tout peut changer lorsque c'est la voix d'un autre qui s'exprime, particulièrement quand c'est une adulte qui sait ce qu'elle fait. Enfin, c'est ce que l'Irlandaise en déduit, par l'élégance et la voix ferme mais séduisante de son interlocutrice. Puis, elle dit s'être lancé entraîner là-dedans. Qu'est-ce que ce là-dedans ? Qu'est-ce qui l'a entraîné dans cette rivière périlleuse de la maternité sans qu'elle y mette fin puisqu'elle ne voulait pas avoir d'enfant ? Elle conçoit que sans cette course, jamais elle n'aurait vu le jour. Mais l'aiguille infâme de la curiosité vient violemment la titiller. Elle est sans pitié celle-là. Maudite appétit de la connaissance qui lui donne si faim en cette heure tardive.

À l'étape où elle est, ce n'est même pas étonnant d'apprendre que l'infirmière n'aurait pas été une bonne mère. C'est méchant rien qu'à y penser mais il y a une part de vérité. Eva sait ce qu'elle dit. Ironiquement, des vieillards ont mieux satisfaits ce rôle que cette dame à la beauté aveuglante. L'amour rend aveugle, on dirait bien que ce vieux dicton s'est avéré vrai pour ce pauvre Alfonse. De toute façon, Alanis doute que son père est choisi cette femme pour sa beauté extérieure plutôt qu'intérieur. C'est une théorie. Pas qu'elle soit méchante mais ça ne l'étonnerait guère, pas plus que le fait que l'infirmière n'aurait pas été la mère idéale. Cependant, un autre rebondissement émotif vient ordonner à son coeur de pomper plus de sang. Elle n'aurait pas été la mère qui sourie lorsqu'elle gambade. La simple image de cet exemple atroce est suffisant pour provoquer chez elle un froncement de sourcil aussi spontané qu'inquiétant, quoique pour ce qui est de l'inquiétude, ce n'est pas le premier sentiment qui vient à l'esprit des gens lorsqu'ils conversent avec la gentille et douce rouquine. Inévitablement, l'infirmière dit ses derniers mots concernant cette histoire. Quelques phrases restent aux lèvres de l'Irlandaise et celles-ci ne semblent pas vouloir partir tant qu'elle ne les aura pas expulsé. Montrant un air plutôt désabusé, la petite en vient à un constat ni négatif ni positif.

« Ne le prenez pas mal mais comme vous êtes bonne pour supposer, je me permets aussi de le faire. Par conséquent, je suppose que vous avez surement dû y penser à mainte reprise dans votre vie pour pouvoir me l'expliquer avec autant de sérénité et franchise ? Qui par ailleurs, est une chose que peu de mères auraient faite. Je ne vous pardonne pas mais je ne vous juge pas non plus, si ça peut vous rassurer d'une quelconque façon... Juste, merci d'avoir eu la force de m'avoir mis au monde. »

C'est tout ce qu'elle veut lui dire sur ce que l'infirmière a déclaré. Ni plus ni moins. L'Irlandaise sait qu'un accouchement est douloureux, rien que pour ça, la brunette peut bénéficier d'une certaine gratitude. Mais c'est tout. Pour le reste, la neutralité prône. C'est souvent le cas lorsque les pour et les contre sont trop intenses pour les pensées de la Zinc qui désire par-dessus tout un équilibre et éviter de s'attirer des problèmes en prenant des positions trop poussées. Comme la curiosité est une bête sauvage assoiffée de connaissance, la conversation ne se termine pas. Alors, là, pas du tout !

« Est-ce que je peux vous poser une dernière question, madame Grey ? »

Alanis s’en lave les mains de la réponse à cette question. Ça lui est parfaitement égal. Ce n’était là qu’une simple procédure, une entrée, une mignonne marque de politesse inutile pour entrer dans un sujet plutôt déroutant. Il faut dire qu’en matière de question plus ou moins indiscrète, la petite est une championne incontestée qui s’ignore par-dessus le marché. Bien sûr, elle n’a pas non plus consciente est impacts des informations qu’elle en retire. Peu importe, c’est quelque chose qui lui harcèle l’esprit depuis tout à l’heure, elle désire des réponses, un point c’est tout.

« Vous êtes si jolie et élégante. D’où vous vient cette charmante beauté, votre grâce et votre parfaite posture, si ce n’est pas indiscret ?

On ne peut pas considérer Alanis comme étant une fille dévorée par les complexes mais elle ne nie pas le fait qu’être aussi jolie ou dû moins avoir une silhouette si classe lui donne envie. Surtout qu’il y a un vice-capitaine de football qui a tendance à augmenter un peu trop son rythme cardiaque lorsqu’elle le croise… Des conseilles lui seraient bien utiles !

avatar
Invité
Informations


MessageSujet: Re: Telle mère telle fille... Ou pas Telle mère telle fille... Ou pas Icon_minitime1Ven 18 Avr - 21:51

La mère est amusée, ce qui n'a rien de négatif. L'infirmière ne rit que très rarement des gens qu'elle trouve ridicule, ayant plutôt tendance à les éviter. Pour ce qui est d'entendre ce genre de remerciements, il est plutôt rare de les rencontrer à vrai dire. Ils sont d'habitude formulés d'une autre façon, moins... Directe, peut-être. Joliment emballés dans un paquet qui les abrites, comme celui que l'on retrouve dans chaque type de sous-entendus. Son accouchement est aujourd'hui perdu dans les brumes, elle l'a accompagné jusqu'à celles-ci, puis a rebroussé chemin rapidement en l'y laissant. Maintenant, il est recouvert d'un voile qu'elle ne veut pas soulever. Sans doute a-t-elle, durant une époque, essayé d'oublier sa participation à la survie de son espèce. D'ailleurs, Eva s'est toujours étonnée du fait qu'elle ait pu porter cet enfant jusqu'à sa venue au monde : l'esprit et le corps s'accorde certaines fois pour procéder en totale symbiose, il est amusant de constater qu'Alanis n'est pas morte de cette entente. Car, si l'organisme peut simuler une grossesse à cause de l'obsession de la propriétaire, alors sans doute est-il capable d'y mettre fin pour la raison inverse.

Si la brune a préparé son discours ou non ? Cette question n'a pas vraiment de réponse, ne se souvenant pas y avoir médité avant, elle l'a pourtant gardé dans son inconscient, ne sachant pas s'il aurait une quelconque utilité un jour. La notion de ce qui est utile varie en fonction de chacun et celle dont Eva dispose ne semble pas être la plus commune, ni la plus simple. Disons que sa conception actuelle de la chose l'arrange plus que toutes les autres qu'elle a pu aborder au long de sa vie. Pourtant, ces phrases ne pouvaient pas être classées dans cette catégorie, ni plus être jetée, donc, elles ont été rangées au fond d'un tiroir, à part, dans son esprit, la clé mise bien en évidence. Peut-être que chaque femme dans sa situation crée une réponse toute faite sans s'en apercevoir, personne ne le sait. Quelle importance ? Aucune, sa tirade était comme déjà préparée et elle ne veut pas s'expliquer la raison, ni même entreprendre de la chercher. Eva peut résoudre les problèmes comme une autruche, voir peut-être même encore mieux que ces dernières, si elle le désire.

Alanis pose une question qui en annonce une autre, Eva hoche simplement la tête, se demandant ce que les mots de sa fille lui réservent. Peut-être va-t-elle vouloir plus de détails par rapport à sa naissance ou bien son apparence lorsqu'elle était plus jeune, si ce n'est la relation qu'ont entretenus ses parents, car de ce côté-là, il y a effectivement de quoi s'interroger. Amoureux, mariage arrangé ? Une longue liste de possibilités, certaines clairement plus probables que d'autres. Rien de tout cela en fait, la rouquine demande à sa mère d'où lui vient sa beauté, phrase qui fait sourire cette dernière. Ne pouvant pas être considérée comme narcissique et pourtant loin d'être complexée, elle joue de ses charmes quand la situation le permet et d'ailleurs, l'infirmière est particulièrement douée pour savoir quand le cas se présente ou non. Elle vous dira qu'il n'y a même pas besoin d'avoir un semblant de don pour cela, seulement d'observer, activité qui ne déplaît pas à la brune.

« Merci, avant tout. » La politesse n'a jamais tué personne, du moins pas à la connaissance d'Eva. Le contraire serait tragique, mais il faut dire que le tragique a du bon, sous certains angles. « C'est assez compliqué de répondre à cette question, disons que les préférences dépendent de chacun, mais si tu apprécies les miennes, je considère que tu as bon goût. A vrai dire, je me soucie rarement des prédilections des uns ou des autres, le plus important reste de convenir à sa propre personne, n'est-ce pas ? » Question rhétorique, sans doute aime-t-elle en faire. L'infirmière jette un œil ce qu'elle peut apercevoir de la tenue de sa fille, se demandant si c'est le genre d'assortiments qu'elle fait tous les jours. Oh, elle a vu bien pire, alors est loin de s'offusquer. Seulement curieuse, elle aussi. « Pour ce qui est de la posture : le principal est de se tenir droite. Je pense qu'être avachie sacrifie beaucoup le côté esthétique. Après tout, quelque chose de mal présenté perd toujours de son charme. »

La brune pose son regard sur le bras gauche de la rouquine. Son bandage est blanc cassé. Pas encore à un point qui permettrait d'imaginer qu'en dessous de ce dernier, la peau de la jeune fille se nécrose, mais cela ne plaît tout de même pas à Eva. Sa main se faufile dans le tiroir d'une commode non loin et une fois le matériel nécessaire en possession, elle s'avance vers Alanis. Peut-être à la recherche d'une raison de rester, ou bien, obéissant à son instinct professionnel. Elle retire doucement le précédent pansement, puis commence à nettoyer la plaie. « Je suis désolée si je te fais mal. » Dit-elle, concentrée dans ses gestes. Enfin, elle doute de réussir à réveiller suffisamment ses nerfs pour cela, après les médicaments donnés tout à l'heure. À moins que la souffrance soit psychologique, auquel cas, l'infirmière ne peut pas grand-chose pour sa fille. Une fois cela fait, elle déroule un nouveau tissu avant d'entourer le bras de sa patiente avec, tout en songeant au fait qu'il est aussi blanc qu'une robe de mariée.

Elle jette ensuite l'ancien bandage, puis retourne s'asseoir dans la chaise proche du lit. Eva a comme l'impression de jouer le rôle de membre du personnel et de visiteuse en même temps, expérience qui la laisse pensive. Elle apprécie par contre l'atmosphère calme des lieux, sans doute due à l'heure. Généralement, les élèves viennent à l'infirmerie en journée, durant les heures de cours, afin de pouvoir échapper quelques minutes au discours monotone d'un vieillard tout aussi endormi qu'eux, si ce n'est plus encore. La brune n'est pas au fait de la façon dont se déroulent les leçons ici, mais elle imagine que ça ne doit pas être totalement différant de partout ailleurs, du moins dans la forme. « Tu es contente d'être ici ? » Elle ajoute quelques instants après, au cas où sa phrase laisserait un doute sur l'endroit en question. « Je veux parler de l'académie. » La brune est curieuse de savoir ce qu'Alanis voudra bien lui dire concernant sa vie à Weins, qu'elle comparera intérieurement avec ses souvenirs. Les parents, même les plus mauvais, ont souvent cette manie de se comparer à leurs enfants.

avatar
Invité
Informations


MessageSujet: Re: Telle mère telle fille... Ou pas Telle mère telle fille... Ou pas Icon_minitime1Mar 22 Avr - 17:41

Eva la remercie de ce qui pouvait être considéré comme un compliment de la part d'Alanis. Rien que ça suffit pour donner un sentiment de décompression à l'intérieur de la jeune fille, comme si on venait de débloquer un tuyau fermé depuis bien trop longtemps. Et déjà, qu'elle le prenne sans trop d'arrière-pensées, c'est un brin réconfortant pour sa personne qui a posé la question avec des intentions purement bonnes. Bon, se faire belle avec des précautions pour avoir la chance de parvenir à un objectif plus ou moins ambitieux, c'est une idée qui sort de l'ordinaire, enfin pour elle. Certaines jouent avec les cœurs comme on s'amuse à sacrifier des pions au jeu d'échec, Alanis le sait que trop bien mais ce n'est pas dans ses cordes et ce le saura probablement jamais. Le contraire serait surprenant. Bref, c'est une bonne nouvelle que de savoir que ses compliments soient bien perçus.

Alanis lève les sourcils. Évidemment qu'Eva a raison, elle semble aussi bien placée pour s'y connaître dans ce sujet épineux qu'est la véritable beauté. Puis, ça lui fait autant de bien de savoir ses flatteries reçus correctement que d'avoir l'opportunité de pouvoir s'exprimer, rien qu'un peu. Il y a tellement de filles superficielles et de gens qui imposent leur conception de ce qui est jolie ou non, ça en est blasant parfois. Elle sourit à l'infirmière, rien de plus rien de moins. Puis... Elle y repense. Madame Grey a quand même dit qu'elle avait bon goût, ce qui ne la laisse pas indifférente, au contraire, on peut apercevoir quelques rougeurs discrètes apparaître sur les joues de la rouquine mais ceux-ci disparaissent aussi rapidement quelles sont apparus.

« Je suis plutôt d'accord, je crois. »

Elle dirait bien que ça lui enlève les mots de la bouche, toutefois, ce serait un peu trop affirmatif, d'un coup que ça se retourne contre elle ou pire, qu'elle est l'air d'une parfaite autruche à appuyer tout ce que cette inconnue supposée être sa mère raconte. Et comme elle l'a elle-même dit tout à l'heure, les déclarations hâtives jouent de vilains tours. C'est de même pour les affirmations et particulièrement qu'est-ce qu'on accepte ou appuie. Bon, la rouquine y repense avec du recul, il y a dans l'opinion d'Eva que pur vérité réfléchis mais ce qui est dit est dit, l'Irlandaise a développé de ces réflexes qui font en sortent qu'elle ne s'emballe pas trop vite.

La jeune fille reste toutefois perplexe pour la suite. Eva a raison, avoir une posture droite rend plus charmante. C'est un fait indéniable. Elle va clairement appliquer ce judicieux conseil à l'avenir. Mais cette métaphore... Enfin, si on peut appeler cela une métaphore, c'est plutôt selon l'Irlandaise une règle préétablie selon l'infirmière qui agite ses neurones. Pas n'importe quels neurones. Celles qui disent non, qui frappent en plein visage à certains moments, une poussée forte d'indignation. La réaction première de la Zinc est la suivante : comment peut-on parler d'un humain comme si c'était un quelque chose qu'on doit présenter ? Après tout, celui-ci est infiniment complexe et ne doit pas être freiné par le statut d'objet ou de marchandise. C'est ce qu'elle pense et cette tournure ne lui a pas plut. Avec un peu de réflexion, elle estimera assurément que ce n'était aucunement dans ce sens que mademoiselle Grey voulait s'exprimer mais dans la folie du moment, ça lui fait l'effet d'une pincette au cœur. Toutefois, elle reste silencieuse, se contentant uniquement de hocher la tête. Embêter quelqu'un avec un aussi maigre détail, ce serait une perte de temps et ça n'apporterait rien aux deux partis. Tout le monde peut faire des erreurs et à la différence de nombreux Platines qui répètent cette phrase à tout bout de champ aux Plombs lorsqu'ils commettent ces « erreurs », Alanis sait qu'elle n'est pas à l'abri de sa propre maladresse et pour les autres, de la maladresse bêtement humaine. Cet évènement était inexorable, la Zinc roule ses yeux, un peu exaspérée. Néanmoins, l'Irlandaise ne veut pas paraître égoïste dans sa douleur, il y a plein de gens qui ont mal en ce bas monde, elle ne va quand même pas se plaindre alors qu'une dame s'excuse des inconvénients que ses soins peuvent apporter...

« On ne fait pas d'omelette sans casser d'œuf, j'imagine. Vous n'avez pas à vous excuser, quoique, des soins avec un peu de douceur ne sont pas de refus. »

Au final, elle est heureuse de recevoir un nouveau bandage mais malheureuse de ressentir cette vielle souffrance qui c'était peu à peu endormi durant leur conversation. Et pourtant, c'est un mal nécessaire, pas de quoi avoir une plainte digne de ce nom. Certains trouveraient cela curieux, un tel caractère stoïque de la part d'une adolescente qu'on peut juger d'à peu près normale mais c'est un trait qui la suit partout, du malaise avec Monsieur J lorsqu'elle parle des langues de vipère jusqu'à éviter de montrer des signes évidents de souffrance à une infirmière. Bien entendu, le jour même où la balle lui a transpercé le bras, elle n'était pas du tout dans cet état d'esprit mais la panique qui avait découlé avant en avait joué pour beaucoup.

On lui a posé trop de fois cette question. Oh combien de réponses différentes elle a formulé selon la personne et le moment. Son aversion envers cette curiosité, qui lui semble bien malsaine, n'a aucune égale en ce monde qu'à autre chose. Peut-être que certaines langues de vipère l'à tien plus à l'écart mais depuis son arrivée, c'est cette chimère de la conversation, cet infâme virus de la langue française, ce démon de la curiosité qui par une ironie infâme l'a possède aussi. Aimes-tu l'académie Weins ? Que penses-tu de l'académie Weins ? Pourquoi es-tu venu à l'académie Weins ? Que penses-tu de l'académie Weins ? Que penses-tu de l'organisation de l'académie Weins ? Encore et encore le mot académie Weins qui lui résonne à la tête sous la forme d'innombrables questions. Si on explore les plus profonds désirs de la Zinc, on pourrait très bien voir un chien sauvage hurlé « Non » sans arrêt. Ensuite, une autre question qui pourrait venir à l'esprit de quiconque connaissant le handicape de l'Irlandaise concernant cette question est : pourquoi est-elle aussi anxieuse ? C'est simple, dépendant de la réponse, on peut soit se faire un ami ou ennemi. Ça ne s'arrête pas là, le nouvel ami pourrait aussi attirer un ennemi tout comme l'ennemi donner par mégarde un nouvel ami, c'est à ne rien comprendre cette partie de domino géante à l'échelle humaine.

« Bien... Hum... »

C'est tout ce qu'elle peut lâcher pour l'instant. La dernière fois qu'elle a due se prononcer à voix haute devant toute une classe, elle s'est évanouie, tout simplement. L'hésitation dans ses paroles et son air anxieux ne l'aide pas, au contraire. Elle cherche ses mots et les façons d'expliquer ça simplement sans prendre un côté ou l'autre. Peut-être qu'Eva est une partisane du gouvernement ? Ou une rebelle acharnée ? Oh mince oh mince, tant d'inquiétude et si peu d'idée, la rouquine laisse finalement un jeu d'improvisation décidé en une fraction de seconde.

« Euh... Je dirais que l'académie est une école et... Bah l'école c'est l'école vous savez. C'est amusant mais ce ne l'est pas parfois en même temps, y a des hauts et des bas. Puis, il y a eu la fusillade, mais bon, je suppose que ça aurait pu arriver dans n'importe quelle institution scolaire... Malgré que l'académie soit un peu spéciale en son genre, c'est difficile de le nier... Du coup euh... Je ne sais pas trop. »

Voilà ce qu'elle en répond, cette Irlandaise de première année, du système d'éducation tant élogieux ! C'est le mieux qu'elle a pu faire, peut-être qu'elle aurait été plus éloquente si elle c'était retrouvé avec quelqu'un digne d'une confiance absolue (ce qu'Eva n'a pas pour l'heure, qu'on se le dise). De même si elle avait été devant quelqu'un à la position clairement définie, elle aurait su à quoi s'en tenir, au moins. Alors que là, Eva Grey reste dans un brouillard mystérieux... Surement qu'elle a toujours été aussi énigmatique, pense soudainement Alanis.

avatar
Invité
Informations


MessageSujet: Re: Telle mère telle fille... Ou pas Telle mère telle fille... Ou pas Icon_minitime1Dim 27 Avr - 4:05

Les premiers mots que prononce Alanis suite à la question d'Eva surprennent cette dernière. A vrai dire, elle a comme l'impression de créer un malaise et n'arrive pas vraiment à en comprendre la cause. Elle ne s'est jamais intéressée profondément à l'académie, y effectuant simplement son travail sans poser de question. Bien évidemment, faisant partie des membres du personnel, l'infirmière a bel et bien remarqué que quelques détails étaient bizarres, que certaines choses semblaient habituelles, mais n'a rien dit. Cela la regarde peu et cette école pourrait bien organiser des combats de prostituées ou bien des ventes d'enfants kidnappés, qu'elle ne s'en occuperait pas plus. Lorsqu'on a l'expérience de cette femme – normalement acquise rapidement à l'age adulte, mais les cas à part sont toutefois assez répendus – on ne mène pas d'enquête sur des sujets qui pourrait nous desservir, d'ailleurs, on est souvent trop occupé par d'autres problèmes pour penser à cela. La plupart des gens fonctionnent ainsi et ne souhaitent connaître un fait, que s'ils peuvent en parler au dîner en essayant ainsi d'épater la galerie. Après tout, il semble évident que tout apprentissage est inutile si on le garde pour soit-même, n'est-ce pas ? Enfin. Pourtant, la brune aime bien cela, avoir connaissance d'un peu tout ce qui l'entoure, encore plus si cela ne la concerne pas, mais dans ce cas précis, elle a comprit qu'il valait mieux qu'elle fasse comme si de rien n'était. C'est une option bien plus simple que celle de s'en mêler.

Eva regarde sa fille pendant que celle-ci cherche ses mots, sans donner signe d'une quelconque envie de s'exprimer, ce qu'elle ne fera de toute façon pas pour le moment. Elle se revoit plus jeune, se souvient, et constate les différences. Il y en a beaucoup, c'est un fait. Un passant ne pourrait pas certifier qu'elles ont un quelconque lien de parenté en les croisant dans la rue, ou dirait qu'elles sont cousines tout au plus, si ce n'est nièce et tante. Peut-être même que ce dernier croirait à un canular si la véritable réponse lui était fournie. La seule chose qui à l'air de provenir d'Eva lorsqu'on regarde le visage d'Alanis est sans doute la teinte pâle de sa peau. Oh et aussi la couleur de ses iris, peut-être. Enfin, le père de la rouquine avait lui aussi des yeux clairs, alors ce n'est en rien un détail, sans réelle importance. Pourtant, malgré tout cela, l'infirmière apprécie l'allure de sa fille. Cette dernière donne l'impression d'être quelqu'un de soigné, presque précieuse sans s'en apercevoir ni même forcément le désirer. La brune apprécie beaucoup ce genre d'attitude, c'est quasiment primordial à ses yeux. Si elle avait apprit que sa progéniture était une de ces gamines mâchant du chewing-gum à longueur de temps, se trémoussant avec la grâce d'une pintade lorsqu'elle arpente les trottoirs et possédant une voix la rendant à elle seule vulgaire, Eva ne serait sans doute pas venue lui apprendre la nouvelle.

Mais ce n'est pas le cas, Alanis est Alanis, pour la plus grande joie d'à peu près tout le monde, suppose l'infirmière, sans avoir un doute concernant le fait de se tromper ou non. D'ailleurs, la jeune fille vient de finir sa description de l'académie Weins, avec des mots formants des phrases vagues, s'avérant être au final sans réelle opinion. « Je vois. » se contente de dire Eva. Sa réponse n'aurait pas changé, même si sa fille avait fait toute une tirade pour lui expliquer à quel point la vie qu'on lui menait ici était monstrueuse, ou au contraire, si elle avait argumenté en expliquant qu'elle n'avait jamais été plus heureuse qu'en ses lieux - oh et puis les balles perdues, ça arrive hein, pas la peine de s'en plaindre, le paradis sur terre vaut bien cela. Oui, la question était en fait à but purement informatif.  Soudainement, la mère se souvient d'un détail et fixe sa fille quelques instants avant de reprendre à nouveau la parole. « Au fait, tu ne devrais pas être en Irlande ? Si je mes souvenirs sont bons, c'est là-bas que je t'avais laissée. » La possibilité qu'ils soient erroné lui semble totalement improbable, elle en est certaine. Alors, curieuse, comme souvent, elle remarque ce détail. La brune ne se questionne par contre pas concernant ce qui a pu arriver à Alfonse, elle ne l'aurait d'ailleurs pas quitté si son avenir avait un quelconque intérêt à ses yeux. Même ce qu'il a bien pu dire sur elle à Alanis, cela n'occupe pas son esprit. Oh, si peut-être. Avait-il raconté qu'elle était morte ou bien la vérité ? Ou alors il n'en avait tout simplement pas parlé, faisant comme si de rien n'était.  

A vrai dire, ce qu'Eva ne comprend pas, ce n'est pas vraiment comment sa fille a pu se retrouver ici, mais surtout, s'il y avait des motivations pour effectuer ce changement de pays. Elle ne connaît pas d'informations sur la situation actuelle de l'Irlande, que se soit économiquement parlant ou bien le stade d'avancement pour retrouver les technologies perdues à cause des nano-bombes. Il faut dire que ces renseignements-là, elle ne les a pas cherchés et ne les connaîtrait sans doute que si elle entendait deux passants échanger sur le sujet, au coin d'une de ces rues animées dans lesquelles chacun bouscule les autres sans s'excuser, en n'omettant pas de vociférer lorsque son tour vient. Peut-être que là-bas, la vie est paisible et tranquille, que quelque chose de bon est né des cendres de cette guerre... Ou bien alors, c'est un chaos inimaginable, mis à part pour le plus grand des fous, dans lequel on marche sur des cadavres carbonisés et où l'air porte cette odeur métallique et lourde dont on reconnaît aisément l'origine. Une sorte d'enfer oui. L'infirmière ne sait pas vraiment l'option qu'elle choisirait si son avis pouvait avoir un impact. Après tout, cette dernière a de la famille en Irlande, mais si elle a plus rester éloignée de celle-ci pendant autant de temps, c'est n'est sans doute pas parce que les membres qui la composent lui paraissent indispensable.

avatar
Invité
Informations


MessageSujet: Re: Telle mère telle fille... Ou pas Telle mère telle fille... Ou pas Icon_minitime1Sam 10 Mai - 18:27

Oh maintenant on parle du passé. Alanis n'a pas toujours le temps d'y penser, à ce fameux passé qui a fait d'elle sa propre personne en partie. Ce bagage qu'elle traîne inconsciemment partout où elle va, un fardeau pour certain, lui semble bien banal, quoique un peu mouvementé, lorsqu'elle y pense longuement. Il suffit que sa mère lui demande la raison de sa présence pour qu'elle se remémore sa terre natale. Les campagnes couvertes de verdure, ses odeurs et le vent qui lui apparaissent comme étant si doux dans ses souvenirs. Elle était si jeune à cette époque qui se montre à son esprit via ses multiples différences à ce qu'elle a vécue aux États-Unis et à New-York. Alanis est pensive. L'Irlandaise se remémore des détails plus concrets sur le comment et le pourquoi de sa venue en Amérique. Elle se souvient de son âge lorsque ses grands-parents sont morts, étrangement, la rouquine croyait qu'elle était plus vieille à ce moment. En réfléchissant encore plus, elle se rend compte de quelque chose de fort troublant. Ça ne fait qu'un an, à peine, qu'elle vit et étudie à l'académie Weins. Et pourtant, elle n'a pas l'impression que ça ne fait qu'une seule année qu'elle y est. Peut-être cela est dû à toutes ses aventures, malheureuses et heureuses, qui lui ont donnés ce sentiment particulier.

« Tout a commencé quand grand-père et grand-mère sont morts quand j'avais huit ans. J'imagine que ni vous et Alphonse avaient pensés à ce que la vieillesse vienne les fauchés aussi tardivement mais c'est vrai qu'ils n'étaient plus très jeunes. Ils sont presque morts ensemble ce qui est... un heureux coup de chance lorsqu'on y pense. »

Il aurait été trop dur pour la gamine qu'était Alanis de voir grand-mère pleurée longtemps au décès de son mari avec qui elle a partagée des dizaines d'années en sa compagnie. Par une chance totalement inattendue, elle est morte peu de temps après grand-père. Au moins, elle a eu le temps de vendre la petite ferme et de contacter le père de l'Irlandaise pour qu'il vienne la chercher. Enfin, elle a eu des semaines pour le faire mais pour la rousse, un mois ou deux de différence entre les deux décès, c'est comme s'ils sont décédés ensemble. En repensant à cette tragédie, si on peut appeler cela ainsi, une certaine mélancolie oubliée vient s'emparer de ses émotions. Un peu dans le même style que sa blessure au bras qu'elle a cru avoir effacé de son existence le temps d'une conversation mais qui finalement revient de plus belle. Néanmoins, c'est une plaie bien plus grande qui avait été enterré dans le présent, la mort de ceux qui ont accepté de l'héberger, elle qui n'était pas voulue et encore moins désirable. Alanis sent soudainement de la tristesse. À un point où des larmes sont prêtes à couler tranquillement sur ses joues. Elle se retient. Il y a trop de drames inutiles et de gens qui pleurent inutilement dans ce monde, il serait égoïste de se mettre dans tous ses états alors que d'autres ne le font pas et ont de vrais problèmes. Frederic Host est un bon exemple, certes il n'a pas fait des choix très brillants mais l'Irlandaise ne se retient jamais de penser qu'il n'a tout de même pas mérité un tel châtiment. Elle décide de se ressaisir, chassant les sentiments déraisonnables qui l'ont envahi il y a peu et continuer le récit de sa venue.

« Grand-mère a quand même eu le temps de vendre la propriété et de contacter Alphonse aux États-Unis pour que je puisse m'y installer avec lui. L'Irlande a des campagnes très rurales mais certaines villes plutôt en avance sur le plan technologique. Le jour et la nuit. Bref, ça m'a permise de venir en Amérique. »

S'il y a beaucoup de gens qui sont retournés au mode de vie plus campagnard, certaines villes ont voulus reprendre la gloire du passé. Élitiste ? Rien qu'un peu, une chance que le père de la rousse est un médecin tout de même bien payé sinon cela aurait été difficile de faire ce voyage. Ensuite, lorsqu'elle pense à cette traversée, l'histoire de son fameux livre lui revient mais elle ne croit pas important de le préciser à l'infirmière, ça ne doit pas vraiment l'intéresser, suppose la Zinc.

« Je suis donc arrivé à Philadelphia. J'ai eu une vie relativement tranquille là-bas, avec son taux plutôt équilibré de mystère, de hauts et de bas. Cependant, j'ai par accident emmené un livre avec moi à la bibliothèque sans l'enregistrer donc on m'a accusé de tentative de vol, d'où mon arrivée ici sous prétexte que l'académie Weins serait bon pour moi. En fait, je ne savais pas ce que ce bouquin faisait dans mon sac. Un petit malin a surement voulu jouer un tour... Ce que je ne savais malheureusement pas, c'est que la police américaine ne rigole pas avec les jeunes délinquants qui qu'ils soient... Qui aurait cru. C'est ma première année. »

Jamais la rousse ne se considère comme étant une criminelle. Néanmoins, ce n'est pas ce qu'en a pensé les officiers qui l'ont interpellé et envoyés au plus vite à l'académie, ça c'est sûr. Accident ou farce malicieuse ? Elle n'en sait rien mais c'est ce qui l'a menée ici, dans les grandes lignes. Elle prend une grande respiration avant de faire quelque chose de pas toujours évident, s'affirmer.

« Et... Je maintiens que je ne suis pas responsable de ce qu'on m'a accusé. Quoiqu'on en dit. »

Elle ne prouve rien à personne en proclamant son innocence mais ça lui fait toujours un bien fou de le dire avec fermeté. On répète sans cesse que l’académie donne une seconde chance, qu’elle permet de devenir des citoyens respectables et pourtant Alanis ne s’est jamais sentie concernée par ces discours car elle sait au fond d’elle-même que tout ça n’est qu’une erreur. Cependant, l’administration ne veut rien entendre et il vaut mieux ne pas trop ramener cette histoire pour ne pas avoir plus de problèmes, puis on dit que Weins est une très bonne école et c’est gratuit, ce serait du gâchis de ne pas profiter d’une bonne lettre de recommandation à la fin de ses études ? Bref, tout ça forme un sujet de réflexion pour l’Irlandaise qu’elle reporte à plus tard, à savoir, l’académie c’est bien ou pas. Indécise comme elle est, ce dilemme ne se terminera jamais. Elle apprécie le fait de dire ce qu’elle pense sur son arrestation quand même, malgré que la personne qui l’écoute soit une inconnue avec laquelle elle a partagée son ventre durant neuf longs mois, rien de plus. Maintenant, reste à savoir si elle va regretter de se prétendre innocente.

avatar
Invité
Informations


MessageSujet: Re: Telle mère telle fille... Ou pas Telle mère telle fille... Ou pas Icon_minitime1Lun 9 Juin - 15:20

Tandis qu'elle écoute le récit du voyage de sa fille, Eva se demande si beaucoup d'adolescents, ou même d'adultes, pourraient traverser le monde aussi facilement. Peut-être qu'elle aurait mieux fait de rester en Irlande plutôt que de venir jusqu'ici. Ah non, petit oubli, ceux qui la géraient là-bas sont morts, cela n'aurait donc facilité son existence d'aucune façon. Heureusement qu'Alfonse est médecin au final, car sans un salaire pareil, il n'aurait jamais pu la faire venir jusqu'à New York. Remarque, cette réflexion est stupide : à la base, s'il n'avait pas été médecin, il ne serait sans doute pas venu jusqu'en Amérique. Puis, s'il n'avait pas fait ces études, il n'aurait jamais rencontré sa première femme, donc Alanis ne serait pas même née. Comme quoi, les choses qui, on pense au départ, n'ont pas joué un rôle capital, peuvent sous un autre angle prendre la fonction du soliste d'une représentation qui fait salle comble. Une seconde qui passe, un geste et c'est tout un avenir qui s'efface, ou qui se réarticule différemment. Alors, certaines fois, la femme se demande si c'est un clin d’œil qui a mené sa vie jusqu'ici. Plus précisément jusqu'à cette chaise d'infirmerie, dans cette salle blanche qui porte toujours une odeur de désinfectant, face à la rouquine avec qui elle partage un patrimoine génétique semblable. Quand elle la regarde, la brune se dit que cette petite aurait mérité de meilleurs parents et, sans se rendre compte du paradoxe, ne se sent pourtant pas coupable ni ne culpabilise. Elle ne s'en veut pas, n'est pas responsable. Mais de quoi ? D'avoir abandonné sa fille, oui. Et, ce n'est pas le principal ? Non, pas pour elle. Eva ne saurait pas définir ce qui l'est, de toute façon. Selon elle, n'ayant rien d'une mère, on ne peut pas lui reprocher d'adopter une conduite qui correspond à ce qu'elle est vraiment.

Un heureux coup de chance, dit sa fille. Un syllogisme tente l'esprit de l'infirmière. D'ailleurs, peut-être que s'ils pouvaient encore parler, les deux grands-parents garantiraient qu'ils ne voient pas les choses de la même façon. Qu'ils n'aiment pas que l'on parle en leur nom. Qu'ils ont suffisamment vécu et parlé, est-il impossible à présent de se contenter de les citer ? Seulement, maintenant, leurs cadavres ont gavés les vers depuis bien longtemps et il ne reste sans doute plus rien de leur squelette respectif. Même pas une mâchoire dont les dents pourraient claquer. Le spiritisme ? Non, Eva n'est pas intéressée par la réponse à ce point, puis on ne peut pas dire que ce soit sûr.  Enfin, pour ce qui est de remettre les mots d'Alanis en question, ce serait une chose assez difficile. La femme ne les a pas connus une éternité, mais suffisamment pour savoir qu'ils s'aimaient assez pour souhaiter être enterrés dans la même tombe, ce qui, à sa plus grande surprise, n'est finalement pas arrivé. C'est pour elle le grand coup de théâtre, qui ponctue leur histoire à ses yeux, puis le rideau se tire de façon hostile, disant à toutes et à tous qu'il ne désire plus jamais s'ouvrir.

La brune note aussi que la jeune fille appelle son père par son prénom et non papa, ni même père. Pourquoi donc ? Est-ce dû à sa présence ? Non, elle en doute. Alors, c'est parce qu'ils ne s'entendent pas bien ? Peut-être, ou alors, ils ne s'entendent tout simplement pas. Après tout, la Pendcastle ne doit pas le voir très souvent à cause de sa présence à l'académie, ce qui ne facilite pas forcément leurs rapports. A-t-elle encore l'impression d'avoir une famille à proprement parler ? Sachant que les deux personnes qui veillaient vraiment sur elle sont mortes, que sa mère n'a jamais été présente et son père ne l'est au final peut-être pas plus. Elle aurait tout à fait le droit de se considérer comme une orpheline. En plus de cela, sa présence dans l'école n'est due qu'à un vol de livre. Le sourire d'Eva s'agrandit un peu et ce n'est pas pour se moquer d'Alanis, mais juste car cela lui semble assez ridicule comme raison pour être envoyée dans une sorte de pensionnat. D'ailleurs, comme concours de circonstance aussi. La logique veut que l'on prévienne une première fois que ce n'est pas bien, puis que l'on sévisse ensuite. Hé bien cela n'a pas été le cas pour ce méfait-là, il semblerait. Alors, la rouquine se retrouve en ces lieux, mais se dit non-coupable. L'infirmière ne sait pas qui a raison ou tord dans cette affaire, mais après avoir passé un peu de temps avec sa fille, elle l'imagine mal voler un livre. Ses grands yeux doux et innocents qui se montrent pourtant en ce moment même fermes, ainsi que tout le reste de son apparence qui lui donne l'air d'un petit ange. Cela dit, peut-être que le chérubin est en fait une excellente actrice. Seulement, son père aurait sans doute eu les moyens de lui acheter ce livre, donc cette histoire se résume comme étant absurde.

Eva garde son regard posé sur elle. « Je ne sais pas si je dois te croire ou non, aussi, mon avis sur la question ne doit pas te sembler plus intéressant que celui d'une inconnue, alors je me contenterais de dire que c'est une histoire qui doit avoir sa part de vérités et de mensonges. »  La femme marque une courte pause pour enchaîner avec un autre sujet. « Néanmoins, suite à ce petit questionnaire, il faudrait que nous revenions au sujet principal. Je pense parler pour deux en disant que la situation actuelle est assez compliquée, donc qu'il faut la gérer, ou du moins, l'orienter. Il serait compliqué, mais aussi inutile, que nous nous ignorions et faisions comme si cette conversation n'avait jamais eu lieu. Je ne parle pas pour autant d'imiter le format idéal de famille monoparentale, ça n'arrivera pas : je ne compte pas me comporter de la façon dont le font les mères représentées dans ce tableau, mais au mieux plus comme une... Tante ou marraine irresponsable, qui laisse les petits amours de sa sœur s'approcher trop près de la route. En passant, je ne prévois pas revoir ton père, nous n'avons, je crois, rien à nous dire. Ce dernier est d'ailleurs situé assez loin de l'école, sans doute plus loin que moi qui y travaille. Alors ; continue-t-elle en prenant un morceau de papier dans son sac pour y écrire quelque chose ; voici mon numéro, au cas où. Et nous allons nous revoir bientôt. Après tout, nous nous sommes retrouvée alors que cela semblait quasiment impossible, ce serait dommage de ne pas en profiter, non ? Sur ce, je te laisse, il se fait tard et j'ai déjà dépassé l'heure à laquelle je dois normalement rentrer chez moi. Bonne nuit, en espérant que ton bras te fasse moins mal, s'il recommence, tu peux demander des médicaments aux autres personnes présentes, parmi eux il y en a un qui reste pour veiller sur les malades la nuit. » L'infirmière fait un petit signe de la main, son sourire toujours présent, disparaissant derrière le rideau, ses bruits de talons résonnant encore un temps, avant de laisser une place totale au silence de la nuit.


Contenu sponsorisé
Informations


MessageSujet: Re: Telle mère telle fille... Ou pas Telle mère telle fille... Ou pas Icon_minitime1



Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut
Page 1 sur 1

Sujets similaires

-
» SPENCER ☢ cette fille, c'est un prédateur déguisé en caniche!