« ll y a deux histoires : l'histoire officielle, menteuse, puis l'histoire secrète,
où sont les véritables causes des événements. »
— Balzac.

L'ancien temps... lorsque son père le contait, il paraissait si beau... Grand historien, sage et imposant, si bien que les Windhelm rayonnaient dans l'opulence et la pérennité, il ne passait pas une journée sans apprendre à ses enfants combien le passé fut brillant. Sae et son frère, Bryant, buvaient ses paroles comme de petites éponges. De quoi passer les soirée éclairées à la bougie de manière plus agréable. Cela leur semblait naturel, aux petites têtes blondes nées en ce temps d'ombre électronique. Ce qui les marqua, dans ce temps, fut l'apparition de ces appareils dont leurs parents vantaient les mérites et l'utilité. Bryant était fasciné, même obsédé par toutes ces choses nouvelles. L'aîné était aux anges dans cette seconde révolution technologique du monde. De son côté, Sae gardait ses distances, préférant s'intéresser aux affaires et au savoir de son père plutôt qu'à cette renaissance de l'électronique dans l'humanité. Reginald Windhelm était un homme de bien, un défenseur des droits et des bonnes mœurs. Tout comme Marianne, sa tendre épouse. Une famille modèle qui devint vite une famille dénigrée par les grands de ce nouveau monde. Reginald rédigeait des pamphlets allant contre les idées du gouvernement qui s'était mit en place. Silencieuse, Sae gardait ses oreilles orientées vers le bureau de son père. Un soir, elle entendit une dispute entre ses parents : Reginald désirait publier un journal clandestin, des tracts pour réveiller les consciences qui semblaient se laisser guider par Michael Gordon. Marianne l'en défendait ardemment, ne voulant pas risquer des représailles du gouvernement à l'encontre de son mari, ou contre ses enfants. Elle voulait protéger sa famille alors que Reginald désirait se mettre au service d'une rébellion. En 2090, il participa à plusieurs protestation, accompagné de citoyens fervent défenseurs de l'humanité. Ce dictateur n'apportera rien de bon à ce monde, pensait-il.

Un jour, d'étranges personnages vinrent rendre visite aux Windhelm. Sur le manoir régnait une atmosphère âpre. Comme si un nuage orageux le survolait, lui seul. Reginald amena ses personnes à son bureau et une longue discussion s'en suivit. Comme à son habitude, Sae alla écouter à la porte. Son père était accusé de plusieurs crimes envers la ville. Il devait en répondre. Avant qu'elle n'ait pu en savoir plus, l'un des hommes qui était resté en retrait posa sa main sur son épaule. La jeune fille se tourna dans un sursaut et vit le regard perçant de l'homme qui la scrutait avec insistance. C'est mal d'écouter aux portes, demoiselle, lui dit-elle. L'une des domestiques coupa court à l'échange, rappelant à Sae qu'elle n'avait rien à faire ici. Cette dernière quitta le couloir pour rejoindre son frère, perplexe. L'inquiétude se lisait aussi sur le visage de sa douce mère. Elle avait peur, peur pour la suite. Lorsque les hommes quittèrent le manoir, un calme pesant s'installa. Marianne et Reginald ne parlaient plus qu'à demi-mots et chuchotaient leurs conversations. Bryant ne comprenait pas ce changement de comportement, il continuait à être absorbé par ses diverses découvertes et nouvelles passions. Sae quant à elle, ne pouvait s'empêcher de lire la peur sur le visage des ses parents... Une nuit, un vacarme réveilla le domaine tout entier. Un cambriolage, voilà la version officielle. Reginald tenta de se défendre, mais fut tué durant l'altercation. Lorsque les malfrats quittèrent le manoir, Marianne, en pleurs, appela les autorités pour signaler le crime. Pour elle, la police avait raison : un cambriolage qui avait mal tourné. Pour Bryant, idem. Sae y crut aussi, un temps. Mais très vite, elle tenta de démontrer à son frère qu'il y avait une corrélation entre ce drame et la visite des hommes étranges. Il finit par se laisser persuader. Une théorie du complot que Marianne finit elle aussi par croire alors qu'elle tentait de se persuader que tout ça n'avait été qu'un accident. Une fois son deuil fait, elle s'enrôla dans la rébellion. Secrètement, son groupe opérait pour libérer les esprit, pour faire ouvrir les yeux aux citoyens sur ce qui se passe dans cette ville.

Consciente des risques, Marianne jouait la citoyenne modèle devant ses enfants. Elle travaillait avec ses domestiques pour que Bryant et Sae ne soient pas affectés par ses secrets. Les louanges sur le gouvernement actuel, Bryant les buvait comme cela venait, avec ses hauts et ses bas, après tout, il était un adolescent et chaque adolescent a sa période protestataire. Sae fit mine d'accepter les choses, mais ne se laisser pas berner. Elle avait vu le jeu de sa mère. De plus, son deuil, elle ne l'avait pas tellement fait, au fond. La nuit, la demoiselle descendait dans le bureau de son père pour y trouver ses écrits, des récits et articles sur les idées qu'il avait. C'était comme s'il renaissait à chaque ligne qu'elle lisait. Se bourrant le crâne des idées de son père, elle ne pouvait fléchir qu'en apparence à celles de ses précepteurs. Ce chemin dura un temps. Un temps qui parut si bref... Un terrible accident frappa Marianne qui laissa deux orphelins derrière elle. Pour Bryant, sa famille semblait maudite. Pour Sae, il n'y avait pas de coïncidences. Pas de malédictions. Rien de tout cela. C'était du fait du gouvernement : ils faisaient taire des esprits libres, ceux qui se battaient contre lui. En tant qu'enfants de rebelles, ils ne pouvaient être lâcher ainsi dans la nature... On leur offrit mystérieusement une place dans l'école la plus en vogue : Weins Academie. Bryant semblait très enthousiaste à cette idée, contrairement à sa sœur. Cette école, Reginald avait toujours soupçonné que quelque chose d'étrange s'y passait. Ces doutes résonnaient dans l'esprit de sa fille qui refusa catégoriquement. Mais en tant qu'orpheline, elle n'avait plus vraiment de quoi protester... C'était ça ou la clandestinité. Son frère insistait pour qu'elle le suive et la persuadait de ne pas partir. Mais Sae tenta l'inverse : viens, on s'en va loin d'ici. Loin de tout ça. Ils ne nous feront rien de bien si on les suit. La demoiselle lui dévoila clairement ses soupçons, lui rappelant des paroles de leur père. Mais le lendemain, Bryant dénonça les idées de sa propre sœur à leur tuteur. Ce dernier était membre de la police secrète. L'information fut répétée et un jour, alors qu'ils dormaient, on les envoya sans retour possible à Weins Academie. Pour Bryant, cela semblait comme un rêve qui s'était réalisé. Pour la jeune fille, une fatalité dont elle devait s'échapper.

La première année fut assez mouvementée, ce qui lui doit encore aujourd'hui un rang de Plomb. Sae enchaînait les isolements, certains avec une pédagogie des plus douteuses. On la nourrissait, la blanchissait, hébergeait, mais elle n'en réservait aucune reconnaissance. Les doses durent être augmentées alors que son frère, Zinc, passa en un éclair en troisième année. Il n'avait que dix-huit ans et n'était pas spécialement surdoué pour devancer ainsi Sae... C'est là qu'elle comprit que la progression dans cette école n'était pas faite sur les résultats mais sur les idées, le comportement. Elle était loin de soupçonner les méthodes de conditionnement de l'académie et au terme de sa première année, ses réprimandes se firent de moins en moins fréquentes. Sae ressentait comme une baisse de fougue, comme si sa fureur s'était atténuée. Elle mit cela sur le compte de l'acceptation de la mort des ses parents. Elle cessait de chercher des explications concises. Malgré les mauvais traitements et les réserves qu'elle émettait encore, Sae commence à se rendre à l'évidence : elle doit suivre le chemin de l'académie si elle veut espérer un jour en sortir. Sans pour autant être une étudiante modèle, la demoiselle tente de se faire plus discrète, d'éveiller le moins de soupçons possible et garde sa langue quant à ses idées qu'elle tente de cacher. La vérité, vous vous en doutez bien, c'est que le traitement commence à faire effet. Et même si ses principes ne sont pas impactés par ce dernier, au moins aujourd'hui elle ne tente plus d'enrôler les autres ni de fuir ce système. Dans ses pensées, Sae reste parce que partir voudrait dire abandonner ceux qui restent prisonniers. Il faudra bien plus d'efforts que ça pour lui faire accepter sincèrement le gouvernement, mais se battre en ligne de front n'est plus une option qu'elle privilégie.

« Un homme de caractère n'a pas bon caractère. »
— Jules Renard.

Un visage doux et paisible pour des yeux émotifs et tourmentés. Sae n'a pas vraiment de talent pour cacher ses émotions, mais elle y travaille. Car au fond, le talent c'est 5% de nature et 95% de foi, de volonté et d'efforts. Pour elle, tout est possible tant qu'on s'en donne les moyens. Les chemins à emprunter pour atteindre nos buts ne sont jamais sans encombres. Les épreuves forgent l'esprit et l'expérience fait avancer. Optimiste et rêveuse, Sae tente toujours de trouver le bien dans ce qui se passe devant ses yeux. Malgré les embûches, il y a toujours moyen de se relever et chacun a sa façon de garder la tête hors de l'eau. Alors des personnes peuvent faire de mauvaises choses, de mauvais choix, mais il y a forcément une part d'humanité en eux, une part de bien. Un côté pile et un côté face. Rien n'est jamais manichéen pour la demoiselle. Même si parfois il lui est difficile de garder espoir, la nostalgie de l'ancien temps et la voix de son père suffisent à la tenir debout. Sa naïveté doit y jouer un rôle. Un esprit libre naïf, pas étonnant vous direz-vous qu'elle se retrouve dans l'engrenage du système qu'elle déteste tant. Sa confiance en autrui est trop vite accordée. Sae a crut en des personnes qui finalement l'ont menée ici. Comme son frère... Comme ces personnes autour d'elle, des platines sûrement, qui lui susurrent à l'oreille que si elle garde le silence, alors un jour elle serait libre. Quand on lui dit de se laisser faire pour atteindre ses objectifs, il suffit de travailler la formule et elle se laissera faire. C'est sans doute quelque chose qui aurait plus difficile avant sa première année à Weins... Sae a grandit dans une bulle, un cocon qui a été protégé malgré les drames. Dans cette bulle, personne ne lui voulait de mal. Elle est étrangère aux véritables maux du monde. Perdue dans les livres et les écrits, elle se bat pour des chimères, des rêves injectés par procuration. La vérité est différente de celle qu'elle voit du haut de ses dix-huit ans. Et c'est normal. Une innocence qui tente de percer des secrets pour lesquels des milliers de gens sont morts. Un peu prétentieux, très ambitieux et trop audacieux quand on est dans les murs de l'usine à citoyens parfaits. Mais qui sait, peut-être que son tempérament et sa ruse sauront la mener hors d'ici avant qu'il ne soit trop tard, avant qu'elle ne soit transformée en l'un de ces moutons qui adulent le visage que la dictature a donné à cette ville.

Ton p'tit nom/pseudo : Vanka
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Et comment tu le trouves ? Bien, sombre et j'aime beaucoup ça^^ reste à savoir si je parviendrais à m'y intégrer:)
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