Buffet froid au No Man's Land
Boogie
Alastor Burton
Alastor Burton
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AVATAR : Cillian Murphy

DC : Theodore Traum

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COMMENTAIRES : Mon monde est une vaste étendue aride couverte de poussière et d'une végétation desséchée. Les arbres y sont tordus et leurs branches aux mains griffues écorchent et s'accrochent. Les seules visites que j'y reçois sont celles de spectres décharnés, de bêtes sauvages et de monstres sanguinaires. J'habite au coeur d'hectares désolés où j'expose des cadavres d'une macabre Beauté, et lorsque je parcours ces champs de Mort et de Douleur, marchant seul sur des ossements humains, les seules fleurs qui se mêlent à mes cheveux sont les flocons de neige qui descendent d'un ciel gris plombé.
CRÉDITS : Schizophrenic

MESSAGES : 371

Date d'inscription : 10/06/2013

CASIER JUDICIAIRE
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JE SUIS: un(e) new-yorkais(e) aux habitudes plus ou moins douteuses


MessageSujet: Buffet froid au No Man's Land Buffet froid au No Man's Land Icon_minitime1Lun 24 Juin - 2:16

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« Tu attends pour quinze heures à l'entrée du quartier et pense à le charger aussi celui-là. Notre interlocuteur t'y retrouvera. Et comme d'habitude si tu trouves ça louche tu sais ce qui te reste à faire ... »
"Notre interlocuteur"...cette voix désincarnée qui avait résonné aux oreilles de Jason, Alastor en connaissait le propriétaire. Ou plus tôt la propriétaire et ce, avant même de l'entendre lui-même. A l'instant où les deux sacs de viande leur avaient été livré, au moment où il avait posé les yeux sur leurs chairs déjà meurtries et suppliciées, le Boogie Man avait aussitôt identifié qui en était le responsable. Ces marques à l'intérieur des cuisses du charmant petit couple étaient une signature qui n'appartenait pas à n'importe qui. Il avait conservé un visage impassible tandis que son regard de glace parcourait la peau des infortunés. Il imaginait avec une netteté effrayante la main aux longs doigts fins qui leur avait infligé un tel traitement. Il entendait distinctement la voix froide et détachée, les intonations fluctuantes presque ronronnantes d'une voix féminine qu'il avait connu il y a presque une éternité.
Amnesia...l'une des rares, si ce n'est la seule, relation qui ne s'était pas soldé par une mort. Si sur cette planète une femme s'était révélée intéressante aux yeux d'Alastor, c'était bien elle. Une alchimie empreinte de soufre avait bouillonné entre eux. Incapables de se soumettre à l'autre, ils s'étaient battus, déchirés, jetés l'un sur l'autre dans des étreintes où la tendresse n'avait jamais eu de place. Liés par la douleur et le sang, ils avaient sévi durant un temps ensemble, se réjouissant des proies qui tombaient entre leurs mains. Boogie guidait la main parfois trop empressée d'Amnesia, lui apprenait comment faire reculer l'inéluctable, cet instant fragile où la vie quitte un corps. Elle était aussi cruelle que lui, avait le même soin quasi-chirurgical à infliger la souffrance et se repaissait de la même façon des cris et des suppliques. Elle s'était présentée à lui comme une inconnue simplement intriguée par sa personne, puis était devenue élève, muse, amante-ennemie pour finalement disparaître aussi rapidement qu'elle n'était venue dans sa vie. Sans explication, sans justification...un majeur tendu avec arrogance à son encontre, une nouvelle preuve de son insoumission. Elle s'était prétendue tueuse à gages...à dire vrai, Alastor se fichait royalement de la casquette qu'elle pouvait enfiler. Bouchère, infirmière, politicienne ou tueuse, peu lui importait.
Il ne la rechercha pas et n'en éprouva ni rancoeur ni déception. Ils avaient toujours mis en avant leur incapacité à se soumettre à l'autre. Ils étaient des électrons libres, des êtres qui vivaient en dehors du troupeau. Sans liens, ni attaches, même s'ils ne l'avaient exprimé à haute et intelligible voix, tous deux savaient qu'ils n'appartenaient à personne et certainement pas à l'autre. Fatalement, dans cette relation autodestructrice et vénéneuse, à un moment ou à un autre, l'un des deux partirait, de son plein gré et vivant ou les pieds devant.
Ainsi donc, elle était de retour en ville et d'après les "restes" qu'elle leur avait adressé, ses vieux démons étaient toujours bel et bien vivants. S'abandonnait-elle toujours à ces derniers ou s'était-elle lancé dans cette entreprise folle de les dominer?  Si tel était le cas, elle était en train de perdre la partie. Alastor détacha les yeux des deux cadavres pour les poser sur Jason. D'un bref hochement de tête, il accepta avec joie cette livraison particulière. Quand à la question du temps que ça prendra...ça dépendait de beaucoup de facteurs.

Un peu plus tôt que prévu, Alastor était parvenu au point de rendez-vous. A l'arrière de la camionnette verte, deux cadavres tenaient compagnie à un gugusse dont la peau affichait la même couleur que la carrosserie du véhicule. Amnesia... pensa-t-il de façon presque navrée tu devrais choisir tes larbins moins douillets et moins impressionnables. Levant les yeux sur le rétroviseur, il jeta un regard las sur le visage du pauvre hère qui ne savait plus quelle position adopter pour ne pas avoir à poser les yeux sur les deux morts. Savait-il seulement de quoi était capable sa supérieure? Connaissait-il ces contrées sombres et morbides que recelait l'âme de la blonde et froide Amnesia? Assurément non, il ne réagirait pas de cette façon. Donner la mort à quelqu'un en duo ou avec un témoin est un privilège autant qu'un acte aussi intime que se mettre nu. Tout le monde n'est pas capable d'embrasser la bête tapie au fond de soi ou d'assister au spectacle du déploiement de cette dernière. Chez la majeure partie des gens, cette créature d'ombre est muselée, ignorée, rejetée. C'est bien plus que du courage qui est nécessaire pour accepter cette entité qui n'a rien d'humain. Alastor écarta la hache qui bloquait la boîte à gants pour l'ouvrir et en sortir un paquet de cigarettes. Sans un mot pour son passager vivant, il sortit du véhicule en claquant la portière avant de s'y adosser. Plantant une sèche entre ses lèvres, il l'alluma, prit une longue bouffée en recrachant un nuage grisâtre. A l'instar des animaux qui sentent plus qu'ils ne voient un congénère approcher, Alastor sut à l'instant où il posa le pied sur le bitume qu'elle était là. Quelque part. Si près. Elle était prudente et devait l'observer, cherchant le moindre signe d'une éventuelle traitrise de la part de Lecter. Se doutait-elle de qui se cachait derrière le second de Lecter? Pouvait-elle le reconnaître alors qu'il lui tournait le dos? Il avait beaucoup changé en quelques années. Un sourire étira les lèvres du Boogie Man tandis qu'il tournait instinctivement la tête dans la direction d'Amnesia. Montres-toi. Tu sais que je sais que tu es là. Le ronron d'un moteur qu'on met en marche. Un vrombissement léger d'une voiture roulant au pas. Le crissement de pneus sur le bitume. Un véhicule noir s'avançait à une allure lente vers lui. Alastor recracha une nouvelle bouffée de nicotine avant de se redresser, une main dans une poche. La portière s'ouvrit et Amnesia en sortit enfin.

Bonjour Amnesia. J'aimerais feindre la surprise mais ça ne me correspond pas. laissa-t-il tomber d'un ton léger.


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MessageSujet: Re: Buffet froid au No Man's Land Buffet froid au No Man's Land Icon_minitime1Mar 25 Juin - 0:16

Les dingues et les paumés jouent avec leurs manies.
Dans leurs chambres blindées, leurs fleurs sont carnivores
Et quand leurs monstres crient trop près de la sortie,
Ils accouchent des scorpions et pleurent des mandragores
Et leurs aéroports se transforment en bunkers,
À quatre heures du matin derrière un téléphone.
Quand leurs voix qui s'appellent se changent en revolvers
Et s'invitent à calter en se gueulant "come on !"


" Je crois que j'ai cassé Neil, Patron.
- Dommage collatéral... Tu as fait du bon boulot. Notre premier vrai contact avec le Quartier Sud en plusieurs années, c'était inespéré. Je vais t'envoyer une équipe pour assurer tes arrières au rendez-vous.
- Non.
- Quoi non ?
- Non, c'est tout. D'ailleurs, je ne vous donnerai pas l'adresse. Et je ne veux pas de micro, ni de traceur. Rien. De toute façon, nous n'avons pas besoin d'enregistrer pour savoir ce qu'ils font, ou de les suivre pour savoir où ils sont. Ce n'est pas le problème.
- Et ta propre sécurité, tu y as songé ?
- Justement, je n'ai pas mis ma peau en jeu pour me prendre une balle parce qu'on a essayé de les rouler. Je prends mes propres disposition sur ce coup là. Oh, et, Patron : il va me falloir un nouveau portable. "

Amnesia raccroche. Elle laisse pose son téléphone sur la table basse, en retire le dispositif de déformation vocale et le détruit à coups de presse papier. On ne sait jamais. Elle est certaine que Lui aussi, il trouvera bien le moyen de la recontacter en cas de besoin.
Amnesia occupe ses dernières heures d'attente en rangement. Elle range les restes de pizza, d'alcool et d'anxiolytiques, elle range sa salle de bain, elle range ses dossiers, elle range son cerveau. L'idée d'aller voir cette exposition la traverse, au bout du compte, mais son jour de repos est foutu, de toute façon, et elle a une sainte horreur de faire les choses à moitié. Alors elle s'active, elle se réactive, le tout dans une minutie, une précision clinique. Quelle que soit la puissance de ses instincts de mort, elle va devoir les faire taire, peu importe ce qu'il lui en coûtera. Amnesia planche sur son dossier Lecter, elle recoupe les dernières informations et s'enregistre sur l'étude patiente de ces nouvelles données. Comme on décortiquerait une découverte, une plante ou même un foutu microbe, elle repasse les éléments au peigne fin et les consigne soigneusement dans sa caverne au trésor. Si une part d'elle-même est tentée, et le sera toujours, de plonger vers l'anarchie la plus tenace, elle est encore sous son contrôle, jusqu'à nouvel ordre. Et l'autre partie est autrement plus rigoureuse que de simples amateurs de Chaos...

Trois heures moins dix, elle est sur place. Dans la rue perpendiculaire, avec un angle suffisant pour voir son interlocuteur sans être vue. Elle attache un holster à son buste, y glisse un petit revolver et remonte sa jupe pour faufiler une opinel contre sa cuisses. Dûment douchée et apprêtée, elle savoure une fois de plus la débauche de son élégance dans une situation pareille. Jupe haute, blanche comme la neige - la difficulté de l'exercice consiste à ne pas la salir en cours de route, un moyen d'oublier la monotonie parmi tant d'autres. Un chemise de soie légère, assortie à la couleur de ses yeux, minutieusement lissée pour ne pas être gênée par son holster et glissé sous sa jupe raide. Et une veste noire aux larges épaules, vintage, pour dissimuler finement son arme. Le tout relevé par une paire de talons aiguilles indécente, un chignon lâche et un café fumant au creux de sa main. Elle se sait belle, séduisante, parée à toute forme de présence masculine à ses côtés - pourquoi se priverait on d'atouts, si triviaux soient ils, pour faire pencher la balance en sa faveur ? Elle ignore encore qui est ce fameux second mais dans le respect de sa seule et unique foi, à savoir la pulsion brute cachée derrière tout homme, un peu de style ne peut pas faire de mal. Dans un soupir calme, elle se laisse aller contre l'appuie tête et attend. Quand, enfin, une camionnette verte ralentit dans la zone ici intéressée. A côté d'elle, le nouveau portable d'Amnesia, fraîchement déposé dans sa boîte aux lettres avant qu'elle ne parte à son rendez-vous, laisse échapper un bip sonore. Un message texte, simple et efficace " La zone est dégagée. " En un sourire, elle le range dans sa boîte à gants et attend la sortie de son mystérieux inconnu.


Les dingues et les paumés se cherchent sous la pluie
Et se font boire le sang de leurs visions perdues
Et dans leurs yeux-mescal masquant leur nostalgie.
Ils voient se dérouler la fin d'une inconnue.
Ils voient des rois-fantômes sur des flippers en ruine,
Crachant l'amour-folie de leurs nuits-métropoles.
Ils croient voir venir Dieu ils relisent Hölderlin
Et retombent dans leurs bras glacés de baby-doll.


Il serait mentir que de prétendre n'être absolument pas affectée par cette vision, mais se nuire à soi-même d'expliquer à quel point son ventre se retourne à cause d'elle. Elle le reconnaît dès qu'il sort du véhicule. La texture de ses cheveux, la longueur de ses jambes, celle de ses bras, ses oreilles, ses fesses. Il a changé. Elle le voit à sa posture. Il a beau ne pas avoir emprunté les mêmes modalités de changement qu'elle, il a changé. Et si Amnesia est largement préparée à affronter de vieux démons, elle n'est pas sûre de savoir faire face à leur mutation. Exaspérée, l'idée la traverse de repartir. Une seconde, peut être deux. Elle le niera même sous la torture mais pendant cette seconde, elle y songe. Sa main met pourtant le moteur en route, son pied appuie sur l'accélérateur. Et d'une allure au pas, Amnesia progresse vers la minuscule, imperceptible mais non moins irréfutable zone d'incertitude. Elle a, cette fois, bel et bien le sentiment d'être devenue la maquerelle de son propre cerveau. De le prostituer comme une vieille catin malade et défraîchie, le genre à faire des prix aux rabais pour tenter de nourrir ses innombrables gosses, en autant de pensées futiles. Et il est fascinant pour elle, de constater à quel point ce mélange d'envie et de profond dégoût d'elle-même grimpant peu à peu dans ses tripes, est exactement similaire à celui de ses premiers ébats avec sa Déviance.

Car c'est ce qu'Alastor Burton est, finalement. Une déviance. Il est la partie reculée et enfermée dans les tréfonds de son cortex, agonisant derrière les barreaux de sa cage comme un animal blessé, toutes tripes dehors. Il est l'ironie confondante de la situation, quand on sait qu'elle a passé des heures sous un jet d'eau froide à renforcer les barrières la nuit précédente. Il est, somme toute, le béguin que toute jeune et naïve petite fille a pu avoir, mais à l'échelle d'une personnalité comme Amnesia Van Grad. Un fantasme de professeur, un complexe d'Oedipe caché derrière un regard enjoliveur. Connu à une époque où elle n'avait pas encore choisi l'ordre, il a été successivement été le partenaire, l'amant puis le frein à ses propres désirs. Elle ne peut pas dire qu'elle n'a pas aimé cette époque, quand bien même son souvenir reste un obstacle risible à son cheminement de pensée actuelle. Il l'a aidée, en somme, à une époque où elle ne pouvait pas garder tout ça pour elle, avait besoin de sa dose d'autodestruction quasi permanente, d'un témoin à ses propres pulsions. Un homme violent, intelligent, sombre, quoi rêver de mieux pour une jeune fille tellement encline à fréquenter la brutalité pure et dure ? Et il était bon de lui démettre une épaule, ou de se faire briser trois côtes, à l'époque. Et puis vint le jour où il ne correspondait plus à son choix. Où il est devenu ostensiblement contradictoire. Elle l'a quitté. Elle n'a rien regretté. Mais, quelque part, il lui a manqué.

Amnesia descend donc de son véhicule et allume sa propre cigarette, impassible et droite dans sa tenue de femme moderne, sans rien laisser paraître de dilemme lui arrachant les tripes avant même de poser le pied par terre. Elle a déjà envie de sexe. Elle a envie de le tirer sur la banquette arrière avant même d'échanger un mot avec lui. Parce que finalement, ses tares ne suffisaient pas, il fallait y ajouter une addiction au sexe en prime. Et plus que jamais, elle est confortée dans ses choix. Dans l'Agence, sans le cadre, sans l'ordre, elle aurait probablement fini complètement folle au fond d'une cellule, après avoir commis un crime dont elle n'aurait même pas le souvenir, avec tous ça.

La phrase qu'il lâche dans l'air lui arrache un léger sourire. Bien sûr, il l'a reconnue. Il reconnaît sa griffe à peu près aussi facilement qu'elle reconnaît ses oreilles. Et dans une légèreté de concert, elle rétorque, impassible sinon le sourire froid étirant ses lèvres.

" Je dois suis forcée de te reconnaître une longueur d'avance, dans ce cas. " Amnesia hausse les sourcils dans un soupir bref, cale sa cigarette entre ses lèvres, et enfile deux gants de cuir noir, pour enfin récupérer la fumante entre ses doigts apprêtés. " J'espère que tu apprécies l'effort. Mais si j'avais su, j'aurais amené de quoi fêter ça. Champagne. Au moins. " Son sourire s'étire, plaisantin, glacial quoique sans ironie exagérée. Deux cerveaux pareils valent mieux qu'un simple étalage de sarcasme, après tout. Et elle ajoute, dans un haussement d'épaules, pour conclure ces retrouvailles absurdes. " Je suis une très mauvaise perdante, Al'. Et ça fait déjà deux fois, aujourd'hui, que ton mari et toi m'obligez à accepter la défaite avec le sourire. Je suis sûre que tous mes collègues adoreront la nouvelle Amnesia, pleine de patience et de bonne foi mais j'avoue que pour ma part, elle m'agace un tantinet. Je l'aime bien, ma mauvaise foi. "

Elle contourne sa berline pour en ouvrir le large coffre, entièrement couvert d'un film plastique transparent. D'une main précise, elle en arrache deux sacs en plastique épais noir, usuellement utilisés pour transporter des cadavres plus entiers que ça, et retourne à la camionnette, ajoutant d'une voix plus claire, badine, de cette voix qu'aurait n'importe quelle femme à se remémorer de jolis souvenirs en compagnie d'un ancien amour.

" Pour ma défense, je ne pensais pas que serais du genre à te marier. Mais c'est ma faute, j'aurais dû insister d'avantage, à l'époque. J'avais repéré cette jolie petite maison en périphérie de la ville, avec un petit jardin où installer une balançoire pour nos deux enfants. Des jumeaux, bien sûr. Blonds, tout aussi évidemment. Tu m'ouvres le coffre, s'il te plaît ? "

Légèreté toujours, c'est sa règle absolue. Amnesia recule d'un pas, tant pour lui laisser le libre passage que pour garder une distance respectable, si tant est que quoique ce soit puisse encore être qualifié de respectable dans cette histoire. Elle est vexée. C'est fou, à quel point elle peut être vexée. Et les abysses de glace de ses yeux agacés se posent successivement sur les corps, puis sur l'homme de son agence, dont elle n'a plus rien à faire. Il est condamné, de toute façon. Encore utile, mais condamné. Amnesia abandonne le premier sac sur le plancher de tôle et ouvre le deuxième pour le poser méticuleusement près des premiers restes, non calcinés, qu'elle bouillonne de pouvoir étudier dès les premières minutes de l'autopsie. Pour l'heure, elle doit se contenter de les ranger.

" Je suis entraînée. " souffle t'elle, concentrée à sa tâche, sans prendre la peine de ne pas tourner le dos à la bête. " Rigoureusement. Si tu m'approches, si tu tentes de me toucher sans que je ne t'y ai invité, je te brise les phalanges. "

Elle sourit poliment, son regard rivé sur sur une jambe. Au moins, elle a assez de respect à son égard pour le prévenir.


Les dingues et les paumés sacrifient Don Quichotte
Sur l'hôtel enfumé de leurs fibres nerveuses
Puis ils disent à leur reine en riant du boycott :
"La solitude n'est plus une maladie honteuse.
Reprends tes walkyries pour tes valseurs maso.
Mon cheval écorché m'appelle au fond d'un bar
Et cet ange qui me gueule : "viens chez moi, mon salaud"
M'invite à faire danser l'aiguille de mon radar."

Boogie
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MessageSujet: Re: Buffet froid au No Man's Land Buffet froid au No Man's Land Icon_minitime1Mar 25 Juin - 23:45

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Dans un cliquetis de talons (vilaine vaniteuse qui a cru tomber sur un inconnu et pouvoir jouer de ses charmes pensa-t-il, rien n'est plus dangereux qu'une femelle sûre de ses atouts et sachant en jouer avec brio) Amnesia s'avança vers Alastor. A la légèreté du bras droit de Lecter, elle répondit par le même ton, usant des même ficelles pour masquer une surprise fort bien masquée mais qui devait forcément être présente. Le monde est réellement petit et comme elle le disait, les jauges n'étaient pas à égalité en cet instant. Alastor savait d'avance à qui il allait s'adresser, il avait largement eu le temps de s'y préparer, savourant l'instant à venir comme on savoure un bonbon. Pas de surprise de son côté, pas de besoin de mobiliser ses capacités pour se ménager une façade cachant l'Enfer seul sait quoi. Elle...elle était contrainte de jouer avec ces nouvelles cartes qu'on lui imposait. Le sourire qu'elle affichait aurait pu duper n'importe qui. Mais pas Alastor. Connaissant Amnesia, cela ne devait guère la réjouir de se retrouver ainsi face à lui. Comme lui, elle détestait quand les choses lui échappaient des mains. Il lui avait suffisamment seriné les oreilles à propos de la connaissance parfaite que l'on devait avoir d'un terrain avant de s'y aventurer. Même s'il était quasiment sûr d'avoir affaire à elle, Alastor n'en avait pas encore touché un mot à Jason. Le clown n'allait pas prendre la chose à la bonne...surtout s'il se mettait à l'interroger sur leur passé commun. Amnesia appartenait à tout un pan de l'existence de Burton qu'il avait mis sous clé, muselé et enfermé à double-tour. Sans le savoir, ils avaient tous deux agi de la même façon sur leur histoire passée.
De ses mains désormais gantée de cuir noir, elle alluma une cigarette et reprit la parole. Silencieux, Alastor lui abandonna de bonne grâce le dialogue. Qu'elle dirige la conversation si cela lui chante et raffermit son sentiment de gérer ce qui était en train de se passer. Par contre, à l'évocation ironique de Jason en tant que "mari", son regard clair se durcit et son sourire se figea. Il leva la main, inclinant doucement l'index de gauche à droite comme on morigène une enfant et se permit alors de la couper. Tu ne parles pas de n'importe qui, Amnesia. Fais attention à ta langue et aux termes que tu emploies. Je t'ai connu plus douée dans ce domaine. acheva-t-il perdant aussitôt l'expression de menace larvée qu'il arborait une fraction de seconde plus tôt. Avec détachement, il tira une nouvelle bouffée sur sa cigarette suivant des yeux Amnesia qui clot sa tirade en retournant à sa voiture pour en ouvrir le coffre. Revenant rapidement avec deux sacs mortuaires noirs, elle se remit à parler, légère et désinvolte. Agaçante.
Nouvel affront. Nouvelle bravade. Avant qu'elle n'atteigne l'arrière de la camionnette, d'un mouvement souple, le Boogie Man s'interposa sur la trajectoire de la blonde, lui barrant la route. Baissant les yeux sur son visage insolent, il leva sucessivement son index et son majeur. Deux erreurs. Il n'y en aura pas trois. Il l'avait déjà avertie, inutile de gaspiller une once de salive à se répéter. Amnesia pouvait essayer de se raccrocher à sa désinvolture pour avoir un semblant de maîtrise sur la situation, il n'accepterait pas la troisième remarque cynique. Elle soutint son regard limpire semblant le défier silencieusement puis il s'écarta, la laissant passer et atteindre les deux portières arrières. "Tu m'ouvres le coffre, s'il te plaît?" L'envie de répliquer de se débrouiller seule lui chatouilla le palais mais Alastor s'exécuta docilement. Il glissa presque gracieusement entre Amnesia et les portes de métal. Elle s'était écartée autant pour lui laisser le champ libre que pour éviter d'entrer en contact avec lui. Posant les mains sur les poignées, sa cigarette coincée entre ses lèvres, Alastor tourna la tête un sourcil arqué et un demi-sourire éclairant ses traits. Que redoutait-elle? Craignait-elle qu'il ne fasse subitement volte-face pour la planter ou lui arracher ses vêtements? Ou doutait-elle de son propre self-control? Amnesia avait beau se draper dans son indifférence, Alastor était prêt à parier que son bas-ventre se nouait. Sans la quitter des yeux, il ouvrit en grand, révélant l'intérieur de l'habitacle. Le seul vivant qui s'y trouvait avait toujours le teint verdâtre. Recroquevillé, coincé entre le siège passager et la tôle pour ne pas entrer avec le peu de fluides corporels qui s'était échappé des deux carcasses. Lorsqu'il vit le visage d'Amnesia un léger sourire de soulagement flotta sur ses lèvres. L'imbécile...il tombait de Charybde en Scylla et aucun des deux monstres ne semblaient avoir un quelconque intérêt pour lui.

Consciencieusement, Amnesia se met à transférer les restes dans ses sacs. Difficile de savoir à qui appartient réellement ce morceau de chair ou ce membre, le puzzle s'avérait guère facile et les pièces étaient nombreuses. Tandis qu'il leva un bras pour s'appuyer avec nonchalance sur l'une des portières, celle qui s'était présentée à lui comme tueuse à gages dans le passé tourna vivement son adorable minois dans sa direction. " Je suis entraînée. " Grossière erreur de syntaxe pense aussitôt Alastor en entendant ces mots. Il faut toujouts faire extrêmement attention aux termes employés lorsque l'on s'adresse à lui. Son esprit vif décortique et analyse la plus petite phrase. C'est un sociopathe amoureux de l'art et des lettres, ce genre d'exercice littéraire est un hobby coutumier. On ne reste pas éternellement neutre. Fatalement, à un moment ou à un autre, on trébuche. On se relève avec plus ou moins de panache mais le mal est fait. Et c'est le genre de chose qui ne passe jamais inaperçu pour lui. Elle n'aurait pas commis un tel impair si elle n'était pas...perturbée...voire troublée. Amnesia n'a pas dit qu'elle s'était entraînée. L'absence de ce pronom, deux pauvres lettres en tout et pour tout, était un indice. L'hypothèse de l'intervention d'un troisième larron se fraie doucement un chemin dans l'esprit logique de Burton qui imagine déjà son maître se pencher sur cette énigme.  " Rigoureusement. Si tu m'approches, si tu tentes de me toucher sans que je ne t'y ai invité, je te brise les phalanges. " Un soupir presque amusé s'échappe des lèvres d'Alastor. Je vois que les vieilles habitudes ont la vie dure. Il croisa les bras sur sa poitrine tout en l'observant à l'oeuvre. Recrachant un ultime nuage grisâtre avant de lancer d'une pichenette son mégot au loin, il se pencha à l'intérieur de la camionnette. Et ai-je déjà eu besoin de ta permission pour te toucher, hum? Je me rappelle de "non" qui se terminaient en "oui". ronronna-t-il à voix basse.

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MessageSujet: Re: Buffet froid au No Man's Land Buffet froid au No Man's Land Icon_minitime1Mer 26 Juin - 15:29




Amnesia est en colère, c'est vrai. Elle ne le montre pas. Pas parce qu'elle y a été entraînée, pas même pas pure fierté - la fierté est un principe stupide, qu'elle a abandonné en même temps que le reste il y a très, très longtemps de ça. D'ailleurs, il serait risible de commettre un pêché d'orgueil devant celui qui l'a vue dans de tels états d'inhumanité qu'elle en devenait capable de de se faire littéralement sauter sur des cadavres. Elle ne se senti ni bafouée dans on orgueil ni en compétition, seulement terriblement en colère. Et elle reste glaciale, parce qu'il en a toujours été ainsi. Amnesia ne hurle pas, elle ne s'exclame pas, rien en elle n'est assez vif pour ça. Condamnée à rester coincée dans les cendres de ses propres émotions, elle n'est même plus capable de sentir son coeur s'accélérer ou ses joues rougir. Tout juste un ventre légèrement serré et un cerveau qui rumine sa propre colère. D'ailleurs, elle doit l'admettre, personne ne l'avait mis dans un tel état depuis longtemps, si fade et dérisoire soit il. Mais ce fichu manège qu'il est entrain de lui offrir la plonge dans des envies de meurtres en courbe exponentielle.

Elle a vu beaucoup de manèges, dans sa vie. Intimidation, séduction, terreur et compagnie. Elle ne pensait seulement pas qu'elle serait réduite à tourner dans une de ces attractions burlesques avec l'homme qui a partagé ses névroses les plus fondamentales. Et au delà de son approche, au delà de la tentation qu'il commence à lui agiter sous le nez de se souvenir qu'elle n'a aucune fierté et de baiser sur un énième cadavre, c'est sa pitoyable tentative d'intimidation qui exaspère la demoiselle. C'est qu'il la pense sincèrement assez fragile - que dis-je, assez humaine - pour être un tant soit peu effrayée par des menaces à demi prononcées. Qu'est ce que tu comptes faire, chéri ? Me tuer ? Me frapper ? M'arracher un membre ? Je t'en prie. Ca fait bien longtemps que je me suis résolue à l'idée qu'on retrouve mon cadavre déchiqueté dans un caniveau avant même qu'il n'ait eu l'âge de s'inquiéter de son âge. J'en suis même réduite à adorer cette perspective. Les monstres meurent de façon monstrueuse, je le sais, et tu devrais le savoir aussi. Tu le saurais, si n'étais pas trop occupé à mettre sur un piédestal un homme tout aussi mortel que toi. Tu ne réalises même pas à quel point je suis capable de te tirer une balle dans la tête et de ramener ton corps moi-même dans le repère de ton idole, les bras en croix pour attendre la sentence. A quel point cette option me paraît encore tout à fait plaisante. A quel point je n'ai absolument aucune espèce d'estime de ma propre existence.

A sa voix basse et insupportablement proche, Amnesia interrompt son geste pour tourner un instant le regard vers lui. Un moment de suspens, peut être une ou deux secondes à ne rien faire que le toiser. Son envie est tellement évidente qu'elle serait ridicule à tenter de la dissimuler. Pupille dilatées, respiration irrégulière, tant de symptômes physiologiques impossibles à masquer. La porte est là, ouverte, l'option flottante, la décharge entre ses cuisses. Elle se remet pourtant bel et bien au travail, régulant ses gestes, le timbre de sa voix.

" Eh bien, tu n'auras qu'à ajouter cette nouvelle pièce à ton puzzle, ça t'occupera. " souffle t'elle sans plus daigner relever les yeux de son travail. Par colère, sûrement. Par prudence, tout aussi probablement. Il est certains domaines dans lesquelles elle refrène moins son corps que d'autres. Et elle ajoute, placide, ne souffrant d'aucune forme de contestation possible  " Et peu importe la mutation prochaine de mes réponses. D'ici là, phalanges point. "

Enfonçant un à un les morceaux éparses dans le sac noir, Amnesia décortique sa propre colère. Il serait idiot de la laisser là sans y avoir trouvé une explication exhaustive, alors même qu'elle fait face à son auteur. Des provocations et autres intimidations ne peuvent pas être seules en cause d'un tel état, elle vaut quand même mieux que ça. Non, le pire, c'est ce visage tellement impassible, sur lequel elle a vu passer l'ombre d'une expression dès l'évocation d'un mariage éventuel. Elle a frappé juste, et ça l'énerve. Ce n'est même pas de la jalousie - elle est partie, après tout, il pourrait être bel et bien marié et père de deux jumeaux que ça ne la concernerait plus. Non, c'est pire que ça. C'est de la déception. Car quand bien même les névroses, la destruction, le mépris parfois, Alastor Burton était à l'époque ce qui se rapprochait le plus de sa propre indépendance. Son incapacité fondamentale à se lier à qui que ce soit. Et il a quitté ce rang là, il est sincèrement attaché à un autre, si nécrotique soit l'attachement en question. Elle a l'impression qu'on vient de lui arracher son fantasme d'adolescente à grands coups de treuil. Et la solitude dans laquelle ce constat la plonge est insupportable. Plus que jamais, Amnesia se rend compte à quel point elle est monstrueuse, plus encore que les pires des monstres. Parce que ça, elle en est incapable. Elle pensait avoir trouvé un syndrome similaire à son apathie émotionnelle chronique mais même lui, il n'est pas descendu si bas. Il est attaché. Animé par le feu d'une relation conjugale abominable, quand elle-même reste dans les cendres qui lui servent de sentiments. Et plus que jamais, elle sent le dégoût viscéral qu'elle éprouve pour elle-même lui faire monter la nausée. Elle en chialerait, si elle était capable de pleurer.

Elle lâche un soupir sec, silencieuse. Le dernier morceau est enfin rangé à sa sainte et juste place et elle interrompt son geste quelques secondes. Elle n'a plus rien d'automatique à faire, plus aucune excuse pour s'immerger dans sa petite tête trop pleine. Et, les yeux restés dans le vague une seconde, elle murmure enfin du bout des lèvres, campé dans le statisme et la froideur.

" Tu aurais dû m'avertir. Tu le sais. " lâcher une phrase quand elle était encore en haut parleur, même tousser - elle l'aurait reconnu. On n'attaque pas les gens par surprise sur ce terrain là. C'est une question d'éthique. Surtout pas elle. Parce que quand bien même tout le reste était noyé dans leurs sociopathies respectives, ce terrain là était le seul où ils trouvaient une complicité, un ersatz de reconnaissance. Le seul putain de domaine dans lequel ils ont partagé quelque chose. Et en jouer comme on tire une carte de sa main, s'en servir pour l'entuber profond et lui balancer un sourire ensuite, ce n'est tout simplement pas éthique. C'est un mépris considérable de ce qu'ils valent l'un et l'autre. D'un geste sec, Amnesia referme la fermeture éclaire et siffle à voix basse. " Donc je t'interdis formellement de me menacer au prétexte que tu n'aimes pas la façon dont je te parle. Déjà, tu es ridicule. Ensuite " A son tour de se tourner vers lui, de pointer son index dans sa direction de ce geste qu'il pense tellement menaçant, les yeux dardés dans son regard trop clair.  " Tu as commis le premier affront. "

Dans le fond de son coffre au trésor, Neil laisse échapper un gémissement faible. Il commence à comprendre à quel point la situation est inhumaine. Laissant échapper un nouveau soupir, Amnesia abandonne son travail pour passer du côté des portières latérales et ouvrir la sortie au pauvre homme. D'un geste sec, elle lui intime de sortir, tant qu'il est encore assez conscient pour réussi à faire trois pas dans une direction indiquée. Le processus est enclenché, de toute façon. Passé ce choc post traumatique, il est probable qu'il devienne complètement fou. Ou juste assez lucide pour se savoir incapable de continuer dans cette voix après ce qu'il a vu. On ne peut pas dire que la hiérarchie ait été très fûte-fûte en choisissant celui-là.

Par miracle, elle parvient à le conduire jusqu'à sa banquette arrière et le laisse s'y recroqueviller, claquant la porte dans plus lui prêter attention. Elle ne l'a pas tué, preuve qu'elle fait des progrès. Ce n'est même plus la peine d'essayer de cacher sa collaboration avec une agence après tout ça. S'ils en doutaient encore, la présence de Neil suffit amplement à confirmer l'hypothèse, Amnesia étant parfaitement incapable de subir la présence d'un individu qu'elle méprise si on ne l'y oblige pas. Et puis, c'est une carte faible en comparaison du rictus qu'Alastor lui a offert, quand bien même il l'énerve. Savoir que cet individu est capable de réagir sur l'évocation d'un autre équivaut à posséder le détonateur d'une bombe nucléaire. Quand bien même elle n'a pas l'intention de s'en vanter, ni de s'en servir pour l'instant. Quoiqu'ils en disent, ils ont tous énormément à perdre s'ils commencent à se déclarer la guerre les uns les autres. A elle toute seule, elle est déjà assez folle pour faire en sorte que ça finisse en une boucherie abominable... Juste par incapacité à s'arrêter une fois lancée. Raison pour laquelle elle a dû se remettre entre les mains d'une agence gouvernementale.

Elle retourne vers la camionnette, sans plus daigner réellement le regarder. Elle n'a pas envie de le regarder. Ni même de continuer à échanger des banalités en prétextant ne pas être déçue par la situation. Plus elle y pense, plus elle se demande s'ils ont encore grand chose à se dire. Et toute inhumaine soit elle, ça ne lui fait absolument pas plaisir. Si l'attirance fondamentale n'a pas disparu, si elle peine encore à s'ôter de l'esprit toutes les envies qui lui traversent le corps par salve chaque fois qu'elle est assez près de lui pour le toucher, ces retrouvailles n'ont rien de réjouissantes. Voilà pourquoi elle déteste les surprises. Alors c'est peut être un caprice d'enfant, même sans doute une lâcheté certaine, mais elle n'a pas du tout envie de s'étaler des heures nostalgiques sur l'idée qu'ils n'ont plus rien à se dire.

" Les corps seront ramenés chez eux mais je préfère laisser les voisins signaler l'odeur plus tard, que le temps empêche les autorités de refaire le tracé précis de leur parcours. " déclare t'elle donc avec d'avantage de formalités, en dépliant le deuxième sac pour se pencher sur le dernier cadavre, autrement plus difficile à déplacer sans le ruiner entièrement vu son état de carbonisation. " Donc les retombées viendront dans quelques jours. J'ai des contacts, je peux influencer les articles de presse si vous voulez mais il faudra me dire dans quel sens. "

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COMMENTAIRES : Mon monde est une vaste étendue aride couverte de poussière et d'une végétation desséchée. Les arbres y sont tordus et leurs branches aux mains griffues écorchent et s'accrochent. Les seules visites que j'y reçois sont celles de spectres décharnés, de bêtes sauvages et de monstres sanguinaires. J'habite au coeur d'hectares désolés où j'expose des cadavres d'une macabre Beauté, et lorsque je parcours ces champs de Mort et de Douleur, marchant seul sur des ossements humains, les seules fleurs qui se mêlent à mes cheveux sont les flocons de neige qui descendent d'un ciel gris plombé.
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MessageSujet: Re: Buffet froid au No Man's Land Buffet froid au No Man's Land Icon_minitime1Jeu 27 Juin - 17:33

Buffet froid au No Man's Land Tumblr_mj5gjbqsJf1rdsjljo1_r1_500



Amnesia...la reine du self-control. La reine des glaces. Elle leva le museau sur lui, visage impassible, gestes savamment contrôlés et maîtrisés mais même avec cette grande maîtrise de ses nerfs, il y a des signes qui échappaient à ses mains délicates. Son corps exigeait qu'il se tint éloigné mais au fond de ses iris pâles, il y avait une faim qu'il avait contemplé à de nombreuses reprises par le passé et qui avait toujours annoncé le début de la guerre de la chair. Peut-être prit-elle aussitôt conscience de cette trahison optique car elle se plongea de nouveau dans sa tâche, s'emmitouflant de plus belle dans une indifférence qu'ils savaient tous deux feinte.
" Eh bien, tu n'auras qu'à ajouter cette nouvelle pièce à ton puzzle, ça t'occupera. " Oh ce ton méprisant et supérieur! Il lâcha un petit reniflement amusé à cette remarque en appuyant sa tempe sur le bord de la portière ouverte. Il n'avait jamais cherché à comprendre Amnesia ou à percer les mystères qui l'habitaient. Il l'avait acceptée avec toute sa noirceur, y mêlant avec une joie sadique ses propres ténèbres. Ce qu'elle était, ce qu'elle faisait, le rôle qu'elle endossait en dehors de leurs étreintes meurtrières et douloureuses ne l'avait jamais réellement intéressé. Si elle avait été autre, il l'aurait certainement supprimée mais elle était...intéressante. Le monstre qu'elle pouvait être l'avait toujours fasciné. Quand on contemple les abysses, les abysses vous contemplent et bon sang, qu'il avait aimé se perdre dans l'étude silencieuse des démons d'Amnesia. Ces petits homoncules rampants aux dents acérées qui plantaient leurs serres aigües dans sa jolie cervelle tortueuse n'étaient pas sans rappeler ses propres spectres qu'il n'avait jamais pris la peine d'entraver. " Et peu importe la mutation prochaine de mes réponses. D'ici là, phalanges point. "

" Tu aurais dû m'avertir. Tu le sais. " Alastor baissa les yeux sur les morceaux de chair épars que la blonde avait enfourné méthodiquement dans son sac. Ce n'était ni de la culpabilité ni du remords, mais au nom de ce passé commun et lointain, il aurait du faire quelque chose. Son silence n'avait pas été "respectueux" de la perversité qu'ils avaient partagé avec tant d'ardeur et de violence. Il ne pouvait nier qu'elle avait tenu une place conséquente dans son existence. Amnesia n'avait pas tort. Il aurait pu émettre n'importe quel son elle l'aurait reconnu aussi sûrement qu'il avait remis son prénom sur les trous noirâtres caractéristiques à l'intérieur des cuisses du couple que Pied-Tendre avait amené. Il avait gémi, hurlé, ronronné, soupiré au creux de son oreille. Il avait proféré les pires horreurs de sa voix calme, posée, lénifiante. Une simple toux, une banale onomatopée et Amnesia l'aurait illico identifié. Mais il s'était tu, avait gardé ses lèvres scellées. Peut-être avait-il été aussi surpris qu'elle en ce moment de l'entendre, voix surgissant d'un passé lointain mais aux contours aussi nets que s'il s'agissait de la veille? Mais l'hypothèse la plus probable était qu'il avait inconsciemment voulu lui éviter un faux pas. Car Lecter était aussi - si ce n'est plus - doué que lui pour détecter la plus petite inflexion, l'émotion la plus fugace dans une voix. Si Amnesia avait hésité, balbutié ou même laissé un blanc dans cet entretien téléphonique à cause de la surprise, Jason se serait engouffré dans la brèche, comme une bourrasque dans la fente d'un mur. Ce n'était pas par esprit chevaleresque et encore moins par altruiste qu'Alastor avait agi de la sorte, elle était amplement capable de se débrouiller seule. Amnesia méritait tout simplement mieux que de devenir un gibier de potence traqué par le clown pour s'être aventurée sans être suffisamment assurée dans des eaux troubles où les poissons qui y fraient sont rares. Dans la meilleure des perspectives, elle aurait été un bête pion balayé de l'échiquier d'un revers de la main. Dans tous les cas, elle ne pouvait pas qu'être un flash bref et intense sur cet immense terrain de jeu. Alastor n'avait que trop envie de voir ce qui lui restait dans les tripes.

La première étape de sa sinistre besogne terminée, Amnesia referme d'un coup sec la fermeture éclair de son premier sac mortuaire. Ca sonne comme un point final mais elle poursuit, adoptant avec une certaine et délicieuse ironie la posture qu'Alastor avait quelques minutes auparavant. " Donc je t'interdis formellement de me menacer au prétexte que tu n'aimes pas la façon dont je te parle. Déjà, tu es ridicule. Ensuite " Le Boogie Man lève rapidement les yeux au ciel. " Tu as commis le premier affront. " Le démon d'Amnesia n'aime décidément pas se faire balader par son ancien compagnon. Le silence d'Alastor a bel et bien été perçu comme une insulte. Ca serait mentir de dire qu'il ne s'en réjouit pas. Lentement, son regard polaire se baisse sur l'index qu'elle tenait brandi devant lui. Il avance d'un pas jusqu'à sentir la pointe de son doigt pénétrer l'épaisseur de sa veste et de sa chemise avant de nouveau lever les yeux sur elle. J'avertis, Amnesia. Je ne te menacerais jamais, tu sais fort bien de quoi je suis capable. L'inverse est valable d'ailleurs. Avant qu'il n'eût le temps de lui balayer la main, elle se déroba pour filer ouvrir à Pied Tendre. Pied Tendre...il avait complètement oublié ce pathétique bonhomme. Tout en regardant, Amnesia intimer des ordres à ce dernier sans ouvrir la bouche, il secoua doucement la tête. Mais comment pouvait-elle seulement tolérer la présence de ce cloporte à ses côtés sans l'avoir déjà écorché? Elle le méprisait, c'était évident, inutile de la connaître pour s'en rendre compte. On traitait bien mieux une vache à l'abattoir. Ce n'était ni un jouet et encore moins un réel partenaire. C'était un boulet qu'on lui avait soudé à la cheville et dont elle devait subir la médiocrité. Pour un peu, il la plaindrait presque, c'était présenter à une lionne une antilope malade derrière une vitre. Là où Jason encourageait Alastor à plonger toujours plus profondément dans son sadisme, on semblait brider Amnesia. C'en était presque blessant pour lui qui savait parfaitement de quoi elle était capable. Un démon dont on entravait les ailes membraneuses. L'était-elle par choix ou par obligation, là était toute la question.
Alastor monta dans le coffre de la camionnette, s'installant serein dans le coin précédemment occupé par Pied Tendre. A travers le pare-brise, il vit Amnesia claquer la portière de sa voiture sans accorder plus d'attention que cela au pauvre hère qui allait avoir besoin des meilleurs psys pour s'en remettre...s'il s'en remettait un jour...s'il survivait plus d'une semaine après cela. Elle ne lui accorda pas un regard lorsqu'elle réapparut pour poursuivre la récupération du second corps encore plus friable que le premier. Il pencha la tête, la fixant par dessous, cherchant à capter ses prunelles aussi froides que les siennes. En vain. D'un ton formel, elle reprit énumérant presque comme un automate le sort qu'elle réservait aux deux cadavres. Elle termina en mentionnant ses contacts avec la presse et le fait qu'elle pouvait tout à fait manipuler ce média pour leur faire dire ce qu'elle voulait. Quelle délicate attention...qu'il se serait empressé de saisir s'il en avait eu vraiment besoin. Ils n'en étaient pas à leur premier coup et la population de New-York savait fort bien de quelle façon les deux monstres du Placard, le Clown macabre et son croque-mitaine, opéraient.
Inutile de manipuler la presse. Notre modus operandi est connu et le chaos n'a nul besoin d'être expliqué ou justifié. Un craquement retentit et une main desséchée tomba au sol. Profitant de cette fausse note dans le morceau qu'elle s'efforçait de jouer à la perfection, Alastor l'apostropha d'une voix douce presque chantante. Amnesia... Elle l'ignore, pestant certainement sur le membre carbonisé qui risque de s'effriter au moindre coup de vent ou souffle. Amnesia, regardes-moi. susurre-t-il du bout des lèvres. Lorsqu'enfin, elle daigne lever les yeux sur lui, mains posées sur ses genoux, Alastor se penche en avant. Qui t'oblige à supporter la médiocrité? Je veux dire...ce coeur tendre que t'a balancé dans ta voiture, qui te le fais subir? Ne me fais pas croire que tu n'as jamais fantasmé pour lui une mort lente. Très lente. Un sourire effronté étire ses lèvres tandis qu'il murmure comme une berceuse. Sa main s'avance frôlant, sans vraiment le toucher, le poignet de la blonde, il est attentif à la plus petite fissure qui pourrait apparaître dans cette façade lisse qu'elle affiche. Prêt à y enfoncer ses ongles. A l'élargir. Il sent que le monstre n'est pas loin. Tapi sous sa peau diaphane, il gronde. Il veut surgir. Il ronge son frein depuis peut-être trop longtemps. Ca serait tellement...libérateur un peu de violence gratuite. Qu'est-ce-qui te retiens?

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MessageSujet: Re: Buffet froid au No Man's Land Buffet froid au No Man's Land Icon_minitime1Jeu 27 Juin - 21:09

Des armes
Des chouettes, des brillantes
Des qu'il faut nettoyer souvent pour le plaisir
Et qu'il faut caresser comme pour le plaisir
L'autre, celui qui fait rêver les communiantes.

« Connais toi toi même »
J’ai beaucoup de respect à l’égard de Socrate. D’abord pour sa discrétion. Après tout, avant que Platon ne décide arbitrairement de faire de ses dialogues un objet d’étude pour tous les penseurs étriqués des générations futures, il ne prétendait pas à la postérité.
Ensuite, bien sûr, pour cette phrase.
Dépasser ses limites est un caprice d‘adolescent, une manière joliment détournée de s’envoyer au casse pipe. Les limites sont une entité naturelle et irréfutable, un ensemble rationnel de possibilité et d’impossibilité qui permet la progression de l’ordre en toute chose. Connaître ses limites, c’est entrevoir le chemin à emprunter pour traîner sa carcasse sans trop de problèmes. Sans limite, au revoir la progression, bonjour le chaos improductif. Notre monde n’existerait pas sans la gravité et l’homme serait néant sans la grotesque enveloppe charnelle qui le compose. Une limite n’est pas un frein à la liberté, c’est un outil indispensable pour la commettre.

Avertissement, menace... il n'y a pas grande différence, au fond, si ce n'est que l'un revêt une connotation plus altruiste que l'autre. Et comme il est absurde d'évoquer l'altruisme concernant Alastor Burton comme Amnesia Van Grad, la distinction devient véritablement trop subtile pour être autre chose qu'une donnée négligeable. Elle est tentée de hausser les épaules à nouveau mais se retient, malgré tout. Elle ne voudrait pas plonger dans le trop plein de condescendance mutuelle. Tout ça, finalement, ce n'est que vices de forme et autres apparences. Les véritables enjeux sont ailleurs. Les véritables enjeux ne souffrent pas de considérations tellement humaines.

Il a pris la place du deuxième grand brûlé du jour. Pour mieux voir ou pour être mieux vu, sans doute un peu des deux. Concentrée à sa tâche, Amnesia enregistre seulement les nouvelles données et s'efforce de conserver cet état d'esprit robotique que requiert son travail. Un filet de sécurité, certes, mais avant tout la garantie d'une tâche bien menée. Si déviante soit elle, elle exècre l'idée de ne pas remplir sa part du contrat. Alors le tout est ingéré dans la part la plus placide de son cerveau, le programme modifié en conséquence dans l'intimité de sa caboche. Pas de coup de pression médiatique. Chef oui chef...

Au premier essai de transfert, un poignet cède, la belle tique. C'est bien la preuve qu'elle n'est pas au mieux de sa forme, quand bien même elle se refuse à l'admettre. Serrant légèrement les dents, elle s'écarte du corps et l'observe, cherchant un moyen de le déposer dans son fichu cercueil de plastique sans le réduire encore d'avantage en cendres qu'il ne l'est déjà. Elle entend qu'il l'appelle, refuse d'y répondre, car plus le temps avance et plus elle craint que son travail ne souffre de la situation présente, idée insupportable pour un être aussi obsessionnel du contrôle. Mais le bougre répète et insiste. Bon gré mal gré, elle relève les yeux vers lui, laissant place à la suite des échanges, sans plus de mondanité aucune. Son regard dérive sur cette main s'aventurant à son poignet nu, absorbée par les paroles qu'il distille tout à fait sciemment dans l'intimité relative de cette camionnette, bien consciente du modus operandi en cause. Il veut la faire vaciller, elle le connaît assez bien pour le savoir. Mais le savoir ne la rend pas forcément capable de le contrer. A nouveau, dans un élan de lâcheté - ou de simple lucidité - elle est tentée de seulement tourner les talons pour ne plus jamais y revenir. Mais pour sa défense, la crise de manque de la nuit précédente fut un événement assez pénible pour vouloir se dispenser, précisément, d'y revenir un jour.

Des armes,
Bleues comme la terre
Des qu'il faut se garder au chaud au fond de l'âme
Dans les yeux, dans le coeur, dans les bras d'une femme
Qu'on garde au fond de soi comme on garde un mystère

Sans répondre, Amnesia se saisit de la main venue à sa rencontre et l'écrase brutalement contre le plancher de tôle, leurs doigts entrelacés, de telle sorte qu'un geste suffise à tous les lui briser. Ce n'est pourtant pas faute de l'avoir prévenu. Elle tire sur sa prise, l'obligeant à se pencher plus encore, leurs bras encadrant le cadavre carbonisé, encore à nu dans l'alcôve de fer. Et ses yeux se lèvent à nouveau vers le regard devenu si proche, trop clair pour ne pas être dérangeant, à tous égards. Elle fronce un instant les sourcils, frémissante, sa main resserrant son emprise jusqu'au point de douleur sur les doigts menacés, et se saisit enfin de sa nuque pour le ramener à elle. Ses lèvres se saisissent de leurs jumelles en un baiser animal, décharge électrique, nostalgique, au creux de ses reins. Son goût, lui, a eu la délicatesse de ne pas changer. De la caresse de sa langue à la texture de sa peau qu'elle mord sans aucun vergogne. Amnesia s'en empare égoïstement et le relâche, rompt le contact, s'écarte sans égard, dans un râle bref. Silencieuse toujours, elle se rabat sur la contemplation du corps, quoique son cerveau ne soit plus tellement concentré à sa tâche.

Car si le plaisir est indéniable, le gain de temps volontaire à ce geste est tout aussi peu négligeable. Il s'en doute certainement. La question est difficile, à tous égards. Elle ne peut décemment pas lui dire que Neil est censé rester vivant pour la bonne préservation de son témoignage visuel, même confus. Car quand bien même tout cela est un marché de dupes, dans la forme, il serait risqué pour chaque partie d'en révéler les contours. Elle ne va pas successivement invoquer le concours de son agence - qui veut le cloporte vivant afin de réunir le plus de données possible sur Jason Lecter - et celui de sa propre déviance, trépignant à la seule idée d'avoir tous les détails de ce qui s'est passé dans ce ce repère. Elle ne va tout de même pas avouer, si loin de l'échéance, que son but final est de regarder le monde exploser entre leurs mains, tout en s'étant faite la meilleure place et en ayant réuni toutes les données pour le spectacle. Alors, puisque rien de tout ça ne peut encore être dit, il reste le fond, le fond qui lui brûle les lèvres, mais qu'elle risque énormément à confier. Le taire la bouffe littéralement mais le laisser entre les doigts d'un homme pareil serait risquer de se faire bouffer par un autre. Dilemme inconfortable s'il en est, que de choisir qui est le mieux placé pour lui dévorer les entrailles. Alors Amnesia laisse échapper un rire, aussi bref qu'un simple soupir.

" La limite. "

Et elle se remet à sa tâche sans plus de considération, cherchant les points d'appui possible. Dans son inspection, son regard s'arrête sur la mâchoire du corps calciné, les sourcils froncés à nouveau, de concentration cette fois. Délicatement, elle saisit les deux rangées de dents entre ses lèvres pour les écarter et se penche sans hésitation aucune, humant la très légère odeur de tabac froid émanant au milieu des chairs brûlées. Et un nouveau rire lui échappe, teinté d'une admiration certaine. Le détail de cette combustion interne avait échappé aux haut parleurs.

" Je ne tue pas pour punir les gens de leur médiocrité. " souffle t'elle enfin, délaissant ce qu'il reste du crâne " Si je devais m'engager là dedans... " un sourire étire ses lèvres, un élan d'autodérision confondant de légèreté " Il ne resterait plus que des cigarettes et du whisky pour repeupler la terre. "

Des armes au secret des jours
Sous l'herbe, dans le ciel et puis dans l'écriture
Des qui vous font rêver très tard dans les lectures
Et qui mettent de la poésie dans les discours

Amnesia se penche pour prendre le corps dans ses bras comme un nouveau né et le soulever jusqu'au sac, prenant garde ne de pas souiller sa jupe, puisque c'est là le défi du jour. Patiemment, elle parvient à l'emballer sans plus de dommage et referme enfin la cellule de plastique, pour s'asseoir enfin elle même sur le bord et tirer de la poche intérieur de sa veste un étui à cigarettes, dont elle allume l'une des composantes, les yeux fermés sur cet instant de reconnexion au monde. Dans cette position, elle lui fait presque dos. Elle en a besoin. Plus elle le regarde et plus elle se sent immergée dans cette folie communicante. Elle voudrait, elle en rêve, elle sent le manque lui monter au cerveau et doit de plus en plus lutter pour ne pas s'y laisser totalement aller. Mais ce n'est pas son rôle. Ce n'est pas à elle de détruire, parce qu'elle en est incapable sans s'y détruire elle-même. En un sens, elle a une certaine admiration pour Alastor, même pour son Joker de patron, de parvenir à rester conscients dans cet étalage chaotique qu'est le fondement de leur entreprise. Mais ce n'est pas pour rien qu'elle a choisi Jason Lecter pour remplir ses envies de destruction. Et la synergie qui existe entre ces deux hommes doit être effective, elle ne le nie pas.  Mais elle, elle ne peut pas se le permettre. Si elle ressent beaucoup de points communs avec ces hommes, les recherche en un sens, le fond de leur pathologie n'est pas le même. La sienne est absolument incontrôlable. Raison pour laquelle elle est obligée de la cadrer, au risque d'en crever trop vite, quand bien même ça la tue à petits feux.

Son regard glisse un instant vers la berline teintée derrière laquelle est réfugiée l'insecte, inconvénient majeur de sa posture. Elle serre un instant la mâchoire et aspire une bouffée indécente, pour mieux expirer ensuite.

" La cocaïne... C'est incroyable à quel point une séance de torture reproduit les effets de la cocaïne. Mes meurtres... ce n'est pas un complexe de messie ou de jugement dernier, je me fous éperdument des raisons pour lesquelles ils sont là, c'est seulement une foutue drogue. Ce moment de consécration où le dégoût devient tel que ton cerveau lâche et se contente d'injecter une dose massive d'adrénaline dans ton corps. "

Cette seule pensée la fait frissonner. Légèrement. Une nouvelle grimace et elle fume encore, trop vite. Et la tentation est là, palpable, irrépressible. Elle n'est même plus certaine de savoir les bénéfices qu'elle trouve à ne pas y céder. La bête grignote les barreaux de sa cage, l'addiction se fait sentir.  

" Pas de meurtre pour le plaisir. C'est la seule et unique règle. La limite. " souffle t'elle, presque plus pour elle-même que pour lui. Pour se convaincre. Elle n'est absolument pas certaine de pouvoir revenir en arrière une fois cette limite franchie, et ce n'est certainement pas le Boogie man qui l'aidera à ce faire.


Des armes, des armes
Des armes et des poètes de service à la gâchette
Pour mettre le feu aux dernières cigarettes
Au bout d'un verre français brillant comme une larme

Des armes.

* Léo Ferré
(Noir Désir)

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MessageSujet: Re: Buffet froid au No Man's Land Buffet froid au No Man's Land Icon_minitime1Ven 28 Juin - 13:53

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Il joue avec le feu et il le sait. Comme on tire les moustaches d'un chat jusqu'à ce que ce dernier griffe, Alastor pousse et abuse. Encore et encore, ronronnant, mielleux, suave. Jusqu'à obtenir l'effet escompté. Aussi vive qu'un serpent, la main d'Amnesia noue ses doigts aux siens, plaquant sa paume sur le sol de métal de la camionnette. Il est obligé de suivre le mouvement, se laissant tomber en avant. Il lève les yeux sur le visage de la blonde. La voilà...la voilà, la petite fissure qu'il attendait tant. Un léger froncement de sourcils fait tressaillir les traits du visage d'Amnesia, un frisson la parcourt. Elle serre ses doigts, impitoyable, leur imprimant une torsion aux limites de ses articulations. Elle sait quand arrêter pour éviter la fracture, c'est un jeu auquel ils se sont habitués au contact de l'un de l'autre. Ne pas se fier à ce que leurs visages pourraient exprimer, de toutes façons, la moindre expression qui s'y imprime est feinte ou contradictoire. Le coude d'Alastor cède, acte réflexe d'un muscle qui veut atténuer la souffrance qui galope joyeusement le long de son bras jusqu'à son épaule, il laisse s'échapper un bref grognement de douleur et de contentement. Mais il ne perd pas pour autant son sourire presque triomphant. Elle lui fait face, proche, si proche. Il peut sentir son souffle rapide et tiède mourir sur ses lèvres. Les iris polaires du Boogie Man défient ceux d'Amnesia. Elle oscille au bord du gouffre. Tombera? Tombera pas? Quel est le prochain mouvement?
Elle lui empoigne la nuque sans douceur, l'attirant brutalement à elle. Ses lèvres se posent sur les siennes, rage et désir mêlés. Aucune tendresse, juste deux démons qui cherchent à ravir le souffle de l'autre. Le baiser se fait morsure, Alastor sent les dents d'Amnesia le meurtrir. Il répond à la violence par la violence charchant à provoquer une escalade qui se finira dans le sang. Et puis, elle le repousse. Un râle mourant dans son souffle court. Félone futée qui gagne du temps et espère reprendre le contrôle en laissant sa bête sortir pour mieux en raccourcir la laisse.

Du bout des doigts, Alastor effleure ses lèvres qui le brûlent comme s'il venait d'embrasser la flamme d'une bougie. Sa langue s'aventure sur les meurtrissures qu'elle y a imprimé comme une marque. Cela n'allait pas échapper au regard acéré de Jason. Et la possessivité maladive du clown allait éclater, Alastor le sait et en mesure pleinement les répercussions. Il n'ignore pas qu'il devra subir, à genoux, les conséquences de cet acte mais c'était trop tentant de faire vaciller sur ses bases le monument Amnesia Van Grad. Son regard cristallin se pose sur le visage de cette plante vénéneuse qui se perd dans la contemplation silencieuse du corps carbonisé, témoin muet de cet acte sauvage et instinctif, symbole torturé de ce qu'ils peuvent être l'un pour l'autre...un brasier dans lequel ils plongeraient, tourmentés mais exaltés. En un rire bref et sans joie, elle lâche "la limite". Elle vient de la franchir pour mieux faire un pas en arrière. Mais ce petit pas en avant est suffisant pour que sa façade s'affaiblisse.

" Je ne tue pas pour punir les gens de leur médiocrité. " murmure-t-elle stoppant l'inspection presque médicale du crâne noir. " Si je devais m'engager là dedans...Il ne resterait plus que des cigarettes et du whisky pour repeupler la terre. "
Est-ce vraiment une mauvaise chose? Ce monde agonise, c'est presque salutaire de l'aider à s'éteindre. soupire-t-il d'un ton philosophe tendant et détendant sa main encore ankylosée devant lui. On achève n'importe quelle bête blessée, cette société décadente est vouée au couperet. Gangrenée jusqu'à la moelle, vautrée sur un tas d'immondices, il est plus que temps de faire "tabula rasa", que fleurissent l'anarchie et le chaos. L'absence d'ordre et d'entraves entraîneront irrémédiablement les peuples à la destruction car elles sont extrêmement rares les bêtes à pouvoir dans un tel Etat.

" La cocaïne... C'est incroyable à quel point une séance de torture reproduit les effets de la cocaïne. Mes meurtres... ce n'est pas un complexe de messie ou de jugement dernier, je me fous éperdument des raisons pour lesquelles ils sont là, c'est seulement une foutue drogue. Ce moment de consécration où le dégoût devient tel que ton cerveau lâche et se contente d'injecter une dose massive d'adrénaline dans ton corps. " souffle-t-elle comme si elle se parlait à elle-même. Alors qu'elle s'apprête à déposer avec une douceur presque maternelle le corps noirci par les flammes dans son sac, Alastor s'avance jusqu'à elle, maintenant béante l'ouverture du plastique mat. Inutile d'abîmer plus que nécessaire la dépouille aussi sèche que son coeur. Amnesia collectionne les addictions comme certains collectionnent les timbres postaux. Le simple fait de mentionner ses vices réveille en elle ces échos d'extase qui lui explosent le corps et le coeur lorsqu'elle est sous leur emprise. Une faiblesse qu'il n'a jamais aimé chez elle. Autant sa dépendance à donner la Mort, à l'éprouver, à la provoquer à travers la douleur le ravissait autant celle aux paradis artificiels lui déplaisait profondément.
La fermeture éclair se referme en un seul geste et Amnesia file se poser au bord de la camionnette aux portières toujours grandes ouvertes retrouvant la lumière presque crue du soleil. Elle lui tourne presque le dos évitant tout contact même oculaire avec lui. Elle oscille de nouveau au bord du gouffre, se retenant uniquement du bout des doigts. La fixant sans retenue en train de fumer une nouvelle cigarette, il lui répond d'une voix monocorde et détachée.
Toute drogue est destructrice, enivrante et amène un goût d'encore. Encore plus vite. Plus fort. Plus intense. Eternelle recherche d'un instant bref qui te fait te sentir pleinement vivant. Mais en quoi le meurtre prémédité est-il plus dangereux que la cocaïne? Les victimes sont plus nombreuses que les dealers à qui on doit se soumettre. Il suffit de se promener cinq minutes dans une rue pour en trouver une... Le cou légèrement fléchi sur le côté, ses iris opalins errent sur le véhicule de son ancienne Bonnie Parker. La silhouette recroquevillée en position foetale sur la banquette arrière est à peine visible mais Alastor sait que son propriétaire est définitivement fichu. Un jouet brisé, irréparable. Bon pour le rebut. Ou on peut se contenter de jeter un oeil dans une berline noire aux vitres teintées.

Et puis, elle énonce ce qui est devenue une "règle", la seule et l'unique à laquelle elle se plie. Loi tellement incongrue, un parfait non-sens pour un Alastor qui libère quand il le désire la Bête tapie en lui. Il éclate d'un rire argentin. Tuer sans plaisir? C'est d'une mécanique presque désolante. Il se glisse près d'elle. Serpent tentateur qui agite une pomme sous son nez fin. L'odeur sulfureuse du fruit maudit, qu'elle se défend de goûter, se fait entêtant. La voix grave et caressante du croque-mitaine sait se faire invitation feutrée et douceâtre. Tu es donc devenue une arme crachant le feu lorsqu'on lui ordonne? lâche-t-il d'un ton légèrement railleur. Il n'aurait jamais imaginé pire torture pour Amnesia. La junkie à qui on distille au compte-goutte un pâle ersatz de drogue salvatrice. Il tourne la tête étudiant le profil de la blonde les paupières légèrement plissées. Pas de meurtre pour le plaisir? Pourquoi tuer alors? dit-il en haussant les épaules. Tu ne peux donc jamais pleinement apprécier l'Acte si tu n'as pas le choix de ta victime.

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MessageSujet: Re: Buffet froid au No Man's Land Buffet froid au No Man's Land Icon_minitime1Sam 29 Juin - 22:11

Oh no I've said too much
I haven't said enough
I thought that I heard you laughing
I thought that I heard you sing
I think I thought I saw you try


Alastor aide. Alastor dialogue. Alastor s'insinue.
Il faudrait être imbécile pour ne pas voir la manigance derrière l'apparent, touchant, élan d'altruisme. Quand bien même il y a peut être un fond de sincérité, dans cet ersatz nécrotique d'empathie dont l'homme est parfois capable de faire preuve, son taux reste dérisoire dans la manoeuvre. Et malheureusement, Amnesia n'est pas une imbécile. Elle aimerait parfois, surtout en cet instant, avoir l'excuse d'un cerveau inapte pour plonger sans remord dans ce genre d'embuscade. Ne pas même pouvoir être blâmée ensuite, car ce n'est pas la faute des idiots s'ils sont idiots. Mais voilà, la nature ne l'a pas dotée de parades aussi faciles. Si elle doit ignorer tout bon sens et plonger dans la gueule ensanglantée d'un loup qu'elle connaît pourtant très bien, elle ne pourra blâmer qu'un pathétique manque de volonté. Et elle n'est pas sûre de se le pardonner un jour. Les choses auraient l'air d'être bâclées, elle a horreur du travail bâclé. Fléchir en moins de de trente minutes face à celui qu'elle a quitté pour clamer haut et fort son statut de femme psychotique mais indépendante, ce serait terriblement pathétique. Elle n'est pas une vierge effarouchée qu'on dépucelle dans la buanderie familiale, nom d'un chien.
Alors Amnesia arrache une nouvelle et indécente bouffée à sa cigarette quand il s'approche et s'écarte de lui autant que le permet l'espace étroit entre leurs corps et les morceaux des autres, sans répondre. Ses yeux ne cessent d'aller et venir entre un vide effroyable et une silhouette non moins angoissante recroquevillée à l'arrière de sa voiture. Elle serre les dents à ses railleries, se refuse encore à donner la moindre réponse. Trop facile, mon amour. Il va falloir faire mieux que ça.

Fumant encore, toujours, elle esquisse un sourire de concert, et susurre du bout des lèvres, parfait écho à la voix tentatrice venue tout à coup lui bercer les oreilles.

" Tu as toujours eu l'art de dire de belles phrases. Un vrai conteur. Tu devrais écrire des livres pour enfants. "

Amnesia relève un oeil hilare vers le serpent qui lui siffle ses belles paroles si fort que sa langue fourchue lui caresserait presque la peau. Elle n'a pas dit son dernier mot. Elle est peut être en manque de tout, peut être au bord du gouffre, elle a tout l'attirail d'escalade pour se retenir à la falaise. Ses addictions ne sont pas nouvelles, elle les gère depuis qu'elle est en âge de prendre des drogues et se faire sauter à l'arrière des quatre quatre texans. Et s'être désintoxiqué à la cocaïne vous passe l'envie de replonger dans cet engrenage un jour, qu'il s'agisse de poudre blanche ou de perceuse électrique. Elle a fait son choix, se souvient même exactement du jour où elle a choisi de se museler elle-même, de passer le restant de ses jours à consolider les barreaux de sa bête, émietté à la faveur de rêves et de cauchemars. Alors oui, pourquoi ? Qui tient la laisse ? Oh, ça ne te plairait pas de l'entendre. Le Luxe, le Luxe et encore le Luxe. Un appartement à l'ouest, une place à la droite du père et du whisky à foison. Un cerveau en marche. Entre ça et les coussins blanchâtres éparpillés aux murs d'une chambre d'asile...

Alors, insolente, Amnesia achève sa cigarette. Elle la jette au loin et expire une fumée grisâtre de sa gorge au goût de cendres. Une vague de tristesse passe en un éclair dans on regard, éphémère et presque imperceptible. Et, implacable, elle grince enfin, se remettant debout sur ses deux jambes.

" Tout ça ne te concerne pas. Tu n'y as aucun droit de regard. "

Elle évite encore de le regarder, c'est vrai. Elle ne peut pas. Constater ce qu'elle est sur le point de perdre, même par choix, même pour la sainte, bonne et juste cohérence de tous ses foutus choix, est d'une violence incroyable. Elle n'ose pas imaginer la crise qui se profile à l'horizon, rien que par le manque qui entame de lui scier les entrailles. Et elle a beau se contrôler, se maîtriser, se connaître par coeur, les décharges n'en sont pas moins violentes. Mais ce n'est pas si facile. Tu croyais que ce serait si facile ? Tu sais que je croix aux règles. A la limite. A la cohérence. Il n'y a rien de plus fondamental que la cohérence.
D'un geste, elle sort une poignée des deux sacs dûment refermés et les tirer délicatement au sol pour les traîner, un au bout de chaque bras, jusqu'à sa voiture. Sans un regard, Amnesia soulève ses fardeaux dans son coffre qu'elle referme sèchement, puis glisse jusqu'à la portière du conducteur. Mais sur la poignée, elle hésite un instant, se martyrise les lèvres du bout des dents, comme pour y chercher les dernières et délicieuses saveurs auxquelles elle est sur le point de renoncer. Putain ce que c'est difficile...
Et puis elle soupire. Elle ouvre la portière pour se convaincre elle-même.

" Je plongerai dans le gouffre sans la moindre hésitation si j'estime que ça en vaut la peine. Et tu en seras le premier informé. Quand bien même ça n'arrivera probablement jamais... Considère le comme des excuses. "

La femme lève enfin les yeux vers l'homme en un sourire pâle. Et dans ses yeux inhumains passe un éclair de culpabilité. Une petite seconde. La chose la plus humaine dont elle soit réellement capable. Elle s'engouffre dans son véhicule, démarre le moteur et attrape son portable, le collant à son oreille dans un crissement de pneus.

" On bouge. "

Derrière la camionnette verte, à quelques mètres, un homme invisible, une casquette rabattue sur le visage se met en route dans une direction contraire et disparaît à travers les ruelles sans laisser de trace. Wallace rejoint Amnesia pour livrer les deux corps et le fou, puis subir la pire crise de manque que la jeune femme ait jamais connu...

Every whisper
Of every waking hour
I'm choosing my confessions

-

" L'événement du jours, c'est bien sûr ce double meurtre découvert dans l'un des quartiers les plus résidentiels du centre ville. Les autorités, prévenus par les voisins de l'odeur terriblement gênante qui s'était installé dans leur immeuble, ont retrouvé le couple, Monsieur et Madame Ervard, sauvagement mutilés dans le salon de leur appartement. Si les experts n'ont pour l'instant souligné aucun responsable, un nom revient sur toutes les lèvres. Jason Lecter, le célèbre terroriste connu pour ses attentats multiples et ses mises en scène macabres, encore en liberté à ce jour. Une nouvelle vague de frayeur pour la ville et l'occasion de s'interroger sur la sécurité dans nos rues. Le Gouverneur devrait s'exprimer ce soir lors d'une conférence de presse et donner les pistes de nouvelles réformes visant à étouffer dans l'oeuf ce qu'il qualifie lui même comme une intrusion inacceptable dans la puissance et la sérénité de la société qui nous est chère, à lui plus qu'à tout autre.
Un peu d'économie, maintenant, avec l'entrée en bourse de ... "

-

" Bien, puisque ce cours est essentiellement basé sur l'actualité et qu'on ne peut décemment pas ignorer l'événement qui la bouleverse ces derniers jours, nous allons tâcher de nous pencher un peu sur cette affaire. Quelqu'un peut me dire ce qui, selon lui, la rend tellement sensible ? Oui ?
- On raconte que la femme a brûlé de l'intérieur, et qu'ils n'ont même pas retrouvé tous les morceaux du mari.
- Je connais leur fils.
- Et puis les médias n'arrêtent pas de nous la passer en boucle.
- Exactement. Vous avez raison tous les trois. Il y a trois points essentiels qui se recoupent dans un crime. La criminologie, à savoir l'étude du crime lui même - mode opératoire, choix des victimes, politique ou non... La victimologie, basée sur l'analyse des victimes - étaient elles proches, connues, véhiculaient elles un message particulier - et l'impact sur la société, qui dans les cas extrême peut virer à ce qu'on appelle la psychose sociale, qui nous intéresse aujourd'hui. C'est le traumatisme de la population en soi, dépassant parfois même la gravité du crime. Elle peut être véhiculée par les médias, par un sujet tabou ou sensible, parfois par la volonté du criminel lui-même et on tombe à ce moment là dans ce qu'on peut qualifier de terrorisme. Comprenez bien que l'impact social d'un événement est dicté d'avantage par la population qui le subit que par l'événement lui-même. C'est de cet impact que peut naître une légende, un souvenir, une mémoire collective... "

-

" On l'interroge depuis plusieurs jours mais la plupart de ses réponses restent incohérentes. On a trois experts psychiatres qui travaillent sur les enregistrements.
- Et lui ? Vous comptez le boucler à vie dans un asile ?
- Non, le risque de fuite est trop élevé... Occupe-t'en. En dehors des locaux de l'agence. C'est une affaire non officielle, je ne veux pas en entendre parler.
- Eh ben mon neveu, c'était bien la peine de m'emmerder...
- Comment ça ... ?
- Non, rien. Je m'en occupe, Patron. Considérez que c'est fait.

-

Trying to keep an eye on you
Like a hurt lost and blinded fool


L'endroit est une petite cabane, recluse au fond des bois. Les mauvaises herbes qui ont élu domicile de part en part montrent qu'elle n'a pas été visitée depuis de nombreuses années, une éternité semble t'il. Pourtant, à la faveur d'une nuit sans lune, la veille du jour de ramassage des poubelles en ville, à quelques kilomètres de là, une grosse berline noire s'arrête. Une silhouette féminine en sort, vêtue et chaussée pour une longue marche estivale en forêt, une tenue noire et de grosses chaussures. Elle traîne derrière elle une autre silhouette, plus épaisse mais vacillante, et un gros sac sur son épaule. Une demie heure plus tard, les deux énergumènes parviennent à la cabane. La femme sort de sa poche un porte clé tout aussi miteux que le minuscule bâtiment, elle en tourne l'une dans le verrou couvert de rouille et doit donner un coup d'épaule pour faire s'ouvrir la porte. Sitôt après, beaucoup de bruit commencent à s'élever de la cabane.

Amnesia laisse échapper un soupir. Les préparatifs sont terminés. La bâche recouvre tout le sol de la cabane, dûment nettoyée, et Neil est installé dessus, nu comme un ver, sédaté le temps qu'elle décide de son sort. Une petit lampe éclaire le sol de cet endroit exigu, sans la moindre fenêtre, dessine des ombres étranges au plafond qu'elle contemple. La lumière laisse seulement deviner la silhouette de plusieurs outils alignés le long du mur. Une scie, un sécateur, quelques lames de différents gabarits et, bien sûr, une perceuse et un générateur.
Elle est assise dans un large fauteuil en cuir, occupant tout un coin de l'espace cubique. C'était sa lubie, à l'époque, quand ils ont dû se résoudre à trouver un endroit pour commettre les pires atrocités sans aucun gêneur alentour. Alastor aimait les forêts, Amnesia aimait les fauteuils. Et le bon vin. Dans un sourire amusé, elle débouchonne d'ailleurs une bouteille de Nuit Saint Georges, seize ans, et verse le contenu rouge sans dans un verre plus grand encore que sa main. Elle prélève une gorgée, s'enfonce dans un soupir d'aise. Et elle attend.

Amnesia a chargé son dealer de charger le barman de prévenir le Cubain à propos de cette entreprise, le jour même. Elle a seulement dit qu'il devait parler de cabane et laissé le hasard faire les choses. Rien ne lui garantit, d'ailleurs, que les choses se sont déroulés de telles sortes à ce que l'homme du jour puisse lui parvenir. Il n'aura peut être pas le message. C'est peut être Jason Lecter lui même qui va venir les faire exploser, elle, sa cabane et sa victime. Ou les autorités, pires sentence qui puisse être, si Alastor s'est trouvé assez vexé pour devenir réellement cruel. Mais ces aléas lui plaisent. La moindre situation l'amusera ce soir. C'est son jour de repos, programmé et choisi, une ode nécessaire et suffisante à l'auto-destruction. Amnesia a retrouvé de sa superbe. Et ce soir, qu'importe l'échéance. Il est temps de renouer quelques heures, quelques minutes ou de simples secondes, avec son propre chaos.

Alors, quand elle entend des bruits de pas dehors, elle sourit de plus belle. Qui qu'il soit, il est seul. Neil commence à s'agiter de nouveau, comme mû d'une courtoisie providentielle. Calmement, Amnesia remplit un deuxième verre et vin et susurre du bout des lèvres à peine la porte entrouverte.

" J'espère que tu aimes le rouge. "


That's me in the corner
That's me in the spotlight
Losing my religion

Boogie
Alastor Burton
Alastor Burton
Informations
AVATAR : Cillian Murphy

DC : Theodore Traum

DISPONIBILITÉ RP :
  • Disponible


COMMENTAIRES : Mon monde est une vaste étendue aride couverte de poussière et d'une végétation desséchée. Les arbres y sont tordus et leurs branches aux mains griffues écorchent et s'accrochent. Les seules visites que j'y reçois sont celles de spectres décharnés, de bêtes sauvages et de monstres sanguinaires. J'habite au coeur d'hectares désolés où j'expose des cadavres d'une macabre Beauté, et lorsque je parcours ces champs de Mort et de Douleur, marchant seul sur des ossements humains, les seules fleurs qui se mêlent à mes cheveux sont les flocons de neige qui descendent d'un ciel gris plombé.
CRÉDITS : Schizophrenic

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ÂGE:
CAMP: Contre le Gouvernement
JE SUIS: un(e) new-yorkais(e) aux habitudes plus ou moins douteuses


MessageSujet: Re: Buffet froid au No Man's Land Buffet froid au No Man's Land Icon_minitime1Mer 3 Juil - 11:40

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Une rumeur. Un bruissement. Un son à peine audible qui était sorti des lèvres d'Amnesia, qui s'était niché au creux de l'oreille d'un citoyen qui l'avait répété au Cubain pour revenir à celle Boogie. Un peu plus d'une semaine après leurs "retrouvailles", elle avait lancé l'invitation dans le vent sûre que ce dernier amènerait ses mots à leur destinataire. Le Géant aux Lames lui avait répété, non sans y mettre une pointe de sa chère ironie qui lui collait à la peau, ce que la brise lui avait murmuré. Plus de secret, plus de zone d'ombre entre Boogie et Lecter. Avec d'infinies précautions, le Croque-Mitaine avait été retrouver le Clown pour lui annoncer que la mante religieuse souhaitait le voir et qu'elle avait mis les moyens pour que l'invitation lui permette. Amnesia étant devenue une nouvelle clause dans le contrat infernal qui le liait, il l'en informait lui annonçant par là même qu'il allait se présenter au rendez-vous avec une seule idée en tête. La chute de la blonde, la seule place qu'elle méritait étant celle au sol, aux pieds de l'hydre à deux têtes du Sud.

Malgré les années qui s'étaient écoulées depuis sa fuite, la mémoire d'Amnesia ne lui avait pas fait défaut. Boogie aimait les grands espaces verts. Mais tandis qu'il traversait la forêt, abandonnant son véhicule à la lisière de cette dernière, ce n'était plus des images du passé qui l'envahissait. Aucun flash d'un Canada lointain où il s'était élevé en prédateur suprême de la sylve, chasseur d'humains qui osaient s'aventurer dans "son" domaine et tuer "sa" faune. Les arbres, les fougères, les hautes herbes, tout cela ne lui renvoyait maintenant que le souvenir d'une nuit sacrée passée avec Lecter au sein d'un sombre sanctuaire végétal. L'enterrement définitif d'une identité agonisante. De concert, ils avaient enroulé leurs mains autour du cou d'Alastor Burton, le rayant définitivement de la surface de la Terre.
Inutile pour Boogie d'utiliser quel gadget que ce soit pour se repérer en ces lieux. La lumière de la lune, ce sens de l'orientation presque animal, ses talents de pisteur lui suffisent largement. C'est le pied sûr et la direction claire qu'il se dirige vers cette fameuse cabane. Ancien refuge providentiel pour les randonneurs égarés ou désirant faire une pause, ce soir, il serait le théâtre d'une pulsion de mort. Boogie distingue la voiture d'Amnesia avant de voir la petite construction à proprement parler. D'un pas égal, sans hâte ni précipitation, il s'approche, atteint enfin la porte de bois et la pousse.

" J'espère que tu aimes le rouge. "

Son creux. Craquement du plancher lorsque Boogie se poste à côté d'Amnesia. Un peu plus d'une semaine depuis que la révélation de leur ancien lien avait failli lui coûter plus que la vie. Le Croque-Mitaine ne cache pas les vestiges de l'altercation. Son arcade porte toujours une entaille qui se referme doucement. Son cou est ceint de quatre lignes épaisses et même les demi-lunes laissées par les ongles des doigts du Clown ne sont plus, il est évident que ces marques ont été faites par des mains humaines. Un de ses yeux arbore encore une teinte rouge de vaisseaux éclatés par une strangulation qui l'a plaqué aux portes de la mort. Pourtant, il n'a pas l'air d'un homme qui a été battu. Hautain et le dos droit, un vent glacial semblant l'entourer, il promène son regard sur la pièce au sol recouverte de plastique, sur la table où s'alignent les outils qu'ils utiliseront, sur le corps nu qui commence à s'agiter nerveusement. Les iris polaires glissent sur le côté observant le profil d'Amnesia qui savoure un verre de vin. Les doigts fins de Boogie se posent sur le bord du second verre qui lui est destiné et il s'avance vers la victime. Sans aucune délicatesse, il tourne le visage aux yeux dans le vague. Le pauvre Neil va mourir un peu avant que quoi que ce soit ne commence, rien qu'en se rendant compte que le troisième occupant dans la pièce est le Boogie Man.

Boogie porte le verre à ses lèvres, y boit une petite gorgée avant de daigner enfin poser les yeux sur Amnesia. Il s'éclaircit la gorge avant de dire d'un ton léger et d'une voix encore éraillée. Inutile après avoir été pressé comme un citron... Car il ne fait aucun doute que si Neil a survécu jusqu'à aujourd'hui, c'est parce qu'il était le seul témoin de ce que Jason était capable de faire. Il s'était aventuré dans l'antre de la Bête, Orphée des Temps Modernes, en était ressorti. Son esprit avait peut-être été ébranlé ou brisé mais ses yeux avaient vu, ses oreilles avaient entendu et il possédait toujours des cordes vocales et une langue pour retranscrire comme il le pouvait cette descente en Enfer. Le croque-Mitaine aurait peut-être dû la lui arracher. Ce Neil aurait été rendu vivant...on ne leur avait pas demandé de le restituer "entier". Boogie poursuivit sur le ton de la conversation, s'appuyant nonchalamment sur le bord de la table. Ce qu'il a réussi à te révéler a-t-il été à la hauteur des espérances de ton employeur? Ou des tiennes d'ailleurs?

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MessageSujet: Re: Buffet froid au No Man's Land Buffet froid au No Man's Land Icon_minitime1Jeu 11 Juil - 14:30

« Caresses et coups de poing dans la gueule sont les pleins et les déliés de l'amour.  »
Serge Gainsbourg


Mein Teil


Brelan d'As



Connais toi toi-même, sic.
Il faut savoir être conscient de ce qu'on est, my dear. Et, plus encore, du reflet que l'on donne, volontairement ou pas. Car c'est ce reflet qui importe, quoiqu'on en dise, jusqu'au dernier moment. Un joli petit masque enrobé de papier cadeau, offert en pâture à la société, dont on ne se débarrasse pas même sur le dernier soupir. Et la vie est affreusement triste si on ne prend pas ce paraître avec un total second degré. Regarde-toi, avec tes yeux aberrants et tes contusions sur la figure. Regarde-moi, une bouteille de Nuit St Georges déposée à côté d'un corps dont les sphincters ne vont pas tarder à se relâcher dans une synchronicité millimétrique. Tu veux vraiment y ajouter un effet dramatique ? Ton sens du burlesque est-il à ce point exacerbé ? Le monde se fout éperdument de ton air menaçant, des trois cents dollars la bouteille ou de nos névroses. Le monde rit à gorge déployée, et tu as tort de ne pas en faire autant. Je n'ai qu'une seule prérogative à l'homme qui me crèvera, c'est qu'il ait de l'humour. Pourquoi crois-tu que j'aie choisi un clown ?
Je vais même m'autoriser un Why so serious pour la route, tiens. Tous droits d'auteur confondus...

Amnesia ne peut s'empêcher d'esquisser un sourire sur son entrée. Du vent glacial aux yeux luisants, en passant par le hululement de quelque chouette affamée. Ils sont sur son terrain à lui, elle aurait choisi une pièce aseptisée sans la moindre fenêtre. Avec des meubles de luxe protégés sous cellophane. Dame Nature et elle n'ont jamais été très copines. Dès qu'elle a pu abandonner les treillis d'entraînement pour un tailleur sur mesure, elle a renié le moindre brin d'herbe. Ca grouille de bestioles, pas moyen d'avoir un peu de silence, et on n'échappe à la boue nulle part. Elle lui a fait honneur. Elle a été sympa. Et plutôt que de fendre son visage contusionné d'un remerciement, il discrédite l'entreprise, l'affuble d'une inutilité fondamentale.
Comme on dit au Texas, va te faire foutre, espèce de tapette. C'est pas bien gracieux, mais ça fait plaisir par où ça passe.

Elle laisse échapper un rire cynique. Porte le verre à ses lèvres et se déploie de son assise avec arrogance pour enfoncer la porte ouverte, allumer une cigarette, la bouche tendue hors de l'habitacle. Les choses sont déliées, clarifiées, limpides. Dès qu'il a laissé entrevoir ses contusions à la lueur blafarde de la dynamo - petit extra qu'elle se paye pour avoir l'impression d'être dans un endroit un tant soit peu civilisé - au premier mot sorti de ses lèvres gonflées, elle a bien compris les déliés de l'affaire. Un terroriste et un croque mitaine en grippe, ça a de quoi foutre les jetons. Mais l'avantage de l'apathie émotionnelle, c'est que ça vous aide à être fondamentalement inconscient.

" Rien de bien concluant. " répond elle de concert, surfant sur ce même ton de banalités, sans y ajouter ni menace ni méfiance. Elle n'en voit pas l'utilité. Elle est là pour passer un moment agréable. Haussant les épaules, Amnesia ajoute, un sourire légèrement plus absorbé flottant au bord de ses lèvres fines. " Mais j'ai tout mon temps. Mon... " employeur ", un peu moins. " Il est assez audacieux d'employer un terme aussi méprisant pour un homme à la tête d'une armée d'espions sans foi ni loi. Chacun son inconscience... " Il manque d'humour, pour tout te dire. Un point que vous partagez, apparemment. "

Elle papillonne des cils à son adresse, fumant sur sa cigarette comme elle l'a toujours fait, à tirer des bouffées avec une telle violence qu'elle semble tenter de noyer littéralement ses poumons dans le gaz toxique. Un vieux réflexe du Texas. Là d'où elle vient, le respect passe par la capacité à parler comme un charretier et fumer comme un vrai mec. C'est un petit peu moins subtil que la haute de New York, c'est certain. Mais il faut savoir être hétéroclite...
Les yeux de l'insolente parcourent le corps dénudé de sa victime, dont les mouvements commencent à se faire de plus en plus distincts. Il a constaté l'ampleur de la situation, apparemment. Les gémissements commencent à couvrir le hululement de la chouette. Tant mieux. Ca lui laissera un moment pour mariner dans sa propre angoisse, être à point quand il sera temps de s'y mettre. On ne se shoote pas de la pure, dans le meurtre. Il y a tout un processus d'affinage avant dégustation. C'est comme le fromage. Dégoulinant, affreusement malodorant, et délicieux sur le palais. Qu'un bon verre de rouge accompagne très bien.

" Eh bien, moi qui avais prévu d'être aimable. " reprend mademoiselle, s'arrachant à sa contemplation pour jeter à son visiteur un sourire goguenard. Quitte à subir les humeurs de monsieur, autant s'amuser avec. " Un geste gratuit de ma part, ce n'est pourtant pas si fréquent. On pourrait presque dire que je fais acte de pénitence. Mais non, il en a rien à cirer. Les gens sont d'une ingratitude, pas vrai Neil ? " Elle baisse à nouveau les yeux, attend le gémissement suraigu qui lui servira d'approbation. Ah, la scénaristique. Les mises en scène. La caricature de soi-même. Dieu que c'est réjouissant - quoique Tu ne voudrais certainement pas être mêlé à cette affaire, mon Vieux. " Moui. Ma prochaine BA, je me la mets derrière l'oreille pour la fumer en solitaire. "

Elle s'arrache un nouveau rire, assassine sa cigarette en un temps record et l'emballe dans film plastique, pour la ranger dans une poche. Ne négligeons pas les méfaits de l'ADN.
Enfin décidée à entamer les choses sérieuses, Amnesia referme la porte, laissant planer dans l'air les quelques effluves de tabac parvenus à se faufiler entre son corps et la porte. Elle approche de la petite table, observant les instruments d'un oeil presque tendre. Ca aussi, c'est un effort de sa part. Si elle avait été égoïste, elle se serait contentée de sa perceuse et de son générateur, peut être un chalumeau pour marquer le coup. Mais non, il y a quantité de lames, de toutes les formes et de toutes les tailles. Elle n'avait pas été aussi altruiste depuis qu'elle a soigné une guêpe de la noyade à l'âge de treize ans...

" Tu es moins opaque que tu le penses, Alastor. " souffle t'elle, sans se départir d'une pointe de dérision. " Ta voix descend d'un ton quand tu as une mauvaise idée en tête. J'ai toujours trouvé ça d'une sensualité extrême et maintenant que ce délicieux octave est pour moi, je dois dire que j'en ai des papillons dans le ventre. "

Amnesia susurre, Amnesia roucoule. Amnesia se marre beaucoup.
Pourtant, ils sont entrain d'aborder les choses qui fâchent. Doucement, sans brutalité ni fausse note. Mais la junkie a retrouvé sa superbe avec le contrôle d'elle-même. Elle en a chié, littéralement. Elle a passé des heures en crise, des jours de migraine et des nuits à vomir ses tripes parce que son organisme avait décidé de la lâcher. Son intestin n'est probablement plus qu'un gruyère. Pourtant, elle l'a fait. Proprement. Et le pire, dans toute cette histoire, c'est qu'elle l'avait d'avantage pour le couple de tourtereaux que pour elle. Si ça n'avait tenu qu'à elle, elle aurait tout foutu en l'air, en prenant bien soin de les exploser au passage. Par pur esprit de contradiction, mêlé d'un instinct d'auto destruction pratiquement intenable. Amnesia Van Grad avait un véritable détonateur en main, depuis qu'elle a vu, pour la première fois, Alastor Burton esquisser un véritable rictus à l'idée qu'on insulte un autre. Il suffisait de le tuer pour faire sauter toute la ville. Il suffirait encore. Mais non, elle a renoncé. Elle l'a fait par éthique, parce que ça fait treize putains de mois qu'elle s'emploie à leur dérouler le tapis rouge le jour de la grande moisson. Elle l'a fait parce que l'air de rien, elle a du respect pour cette passion proche de la facillite nécrosante qu'ils nourrissent l'un pour l'autre.

Et elle continue à le faire, parce que ces contusions sur son visage lui évoquent une parcelle oedipienne mais non moins nostalgique de son existence.
Et pourquoi, au final ? Être insultée, au bord de la menace verbale, criante dans la moindre intonation de l'autre, l'autre qui a l'audace de penser qu'elle ne se souviendrait pas de l'air qu'il a quand il menace. Sérieux les gars, je veux bien être sympa, mais faut pas pousser mémé dans le champs de mines non plus.
En plus, j'ai toujours pas eu mon shoot, avec vos conneries.
Elle achève son verre, le repose, relève un regard glacial vers son hôte.

" Mais c'est peut être dû à tes blessures. C'est peut être là le problème. Mon acte de pénitence te paraît encore trop maigre ? Tu vas me citer des versets de la Bible en essayant de me mettre à mort ? Il abattra son poing rageur sur les hordes impies... Oh mais je t'en prie. Non, mieux, je t'en supplie " reprend elle, plus froide, plus incisive encore.  " Va au bout de ton idée. " Amnesia empoigne la scie à bois échouée au milieu du reste et la pose avec force devant lui, une étincelle de défi sur le visage, le bras encore à portée d'une attaque. " Mais sache que tu es entrain de te tromper de cible, comme rarement tu as dû te planter au cours de ta carrière. "

Tu me blesses, je riposte.
Je riposte, et on entre ans le chaos.
Moi je m'en cogne, je n'ai pas la prétention de maîtriser le chaos, j'adorerais qu'il me dévore.
Cartes sur table, my dear.

Brelan d'As

Boogie
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COMMENTAIRES : Mon monde est une vaste étendue aride couverte de poussière et d'une végétation desséchée. Les arbres y sont tordus et leurs branches aux mains griffues écorchent et s'accrochent. Les seules visites que j'y reçois sont celles de spectres décharnés, de bêtes sauvages et de monstres sanguinaires. J'habite au coeur d'hectares désolés où j'expose des cadavres d'une macabre Beauté, et lorsque je parcours ces champs de Mort et de Douleur, marchant seul sur des ossements humains, les seules fleurs qui se mêlent à mes cheveux sont les flocons de neige qui descendent d'un ciel gris plombé.
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MessageSujet: Re: Buffet froid au No Man's Land Buffet froid au No Man's Land Icon_minitime1Dim 14 Juil - 16:37

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De l'ironie plein la bouche, des répliques volontairement cinglantes aux bords des lèvres, ce rendez-vous allait rapidement devenir un véritable bras de fer symbolique où le pauvre Neil qui commençait à s'agiter mollement derrière le dos de Boogie allait faire office d'accessoire complet. D'ailleurs, avait-il seulement un autre rôle celui-ci. On l'avait tout simplement jeté en pâture, pauvre petit agneau voué aux crocs et aux griffes du fauve qu'un "employeur" anonyme tenait fermement au bout d'une laisse.
Bras croisés sur la poitrine, son verre à la main, le Croque-Mitaine ne détacha pas son regard cristallin du visage d'Amnesia. Toujours aussi prudente et mesurée, elle efface ses traces au fur et à mesure qu'elle en laisse. Il n'y aura aucune empreinte, aucun vestige d'ADN dans cette cabane. Rien qui ne permette aux autorités de remonter une piste, de dénicher un suspect ou un coupable dans leurs banques de données. Quand au corps, il disparaîtra lui aussi. Dévoré par un quelconque mariage chimique entre deux substances corrosives. On a toujours prétendu que dissoudre un cadavre est une tâche difficile. Certes. Mais quand on a les connaissances nécessaires à ce genre d'entreprise, c'est aussi aisé que de préparer des muffins.
Amnesia minaude, joue à la féline. Ronronnante. Presque lascive dans le prisme déformé par lequel Boogie l'observe. Un animal dangereux mais que l'on ne peut s'empêcher de trouver diablement splendide car on sait de quoi il est capable. Elle joue, elle s'amuse. Elle dirige le premier acte avec son ironie dosée à la perfection et son insolence délicate. Ce n'est pas étonnant qu'il se soit intéressé à elle jusqu'à presque l'apprécier.

A la mention de l'acte de charité dont il est le seul bénéficiaire, il répondUne BA? un air amusé au visage, il se fend d'une expression faussement froissée. Et moi qui pensais être un hôte, un invité. La forêt, ce refuge, le vin raffiné, le petit Neil... énuméra-t-il en tournant sur lui-même avant de nouveau faire face à Amnesia. Un cadeau en quelque sorte, pas un acte presque forcé par une quelconque éthique. Me serais-je donc trompé? Suis-je seulement toléré ici et non...désiré? La table se mit à remuer de façon plus organisée, moins sporadique. Les soubressauts du réveil et de la prise de conscience. Boogie pouvait deviner les pupilles réduites à une tête d'épingle se poser sur le plafond, les murs. Le cerveau se rendre compte froidement que le corps ne peut pas bouger car il est entravé. Le Croque-Mitaine jette un oeil par-dessus son épaule, croise les iris affolés de Neil qui s'écarquillent de terreur en le reconnaissant. Gracieusement et avant que le cri ne franchisse la barrière des lèvres craquelées, il applique sa main sur le bas du visage du petit agneau. Pas de hurlements. Pas maintenant. Appuyant de tout son poids sur son bras, étouffant la terreur qui veut s'exprimer, il se tourne de nouveau vers Amnesia qui, après distillé sa colère au fil de ses phrases, achève cigarette et verre.

Arrêtes d'être sur la défensive et de monter systématiquement à l'assaut, Amnesia. Ne suis-je pas courtois et civil? lance-t-il un sourcil levé et la voix douce. Ca s'agite sous la paume de sa main, ça essaie de mordre, ça lâche un hurlement de gorge mais il ne desserre pas pour autant l'étau. Je ne veux pas ta mort. Du moins, pas pour le moment et certainement pas ici. Tu mérites bien mieux qu'une cabane au fond des bois comme sépulture. De l'index, il écarte la scie qu'elle vient de poser brutalement sur la table avant de lentement relever les yeux sur elle. Et ranges-moi ça. Je sais que j'ai une affinité particulière avec l'outillage mais quand même. On va pas commencer par ça. Sans lever la main, il pivote jusqu'à faire face à Neil qui arbore toujours une expression de terreur pure au visage. Boogie se baisse jusqu'à la hauteur du petit agneau, penche la tête et d'une voix mielleuse bien qu'affreusement voilée s'adresse à lui d'un ton rassurant presque paternel. N'est-ce-pas, petit agneau? On va y aller progressivement...tout doucement...sans se presser. La demoiselle a dit qu'elle avait tout son temps et puis...j'ai toujours trouvé les scies fatiguantes à utiliser.

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MessageSujet: Re: Buffet froid au No Man's Land Buffet froid au No Man's Land Icon_minitime1Mer 17 Juil - 14:50

Tu portais un costume et moi une robe blanche . Ou peut être autre chose. Peut être même déjà plus rien. Je ne me souviens que d'un pan de soie blanche essorant le sang dont il était imbibé sur ma chair. Mais les détails n'ont pas d'importance. Ce n'était ni mon premier meurtre ni ton dernier et loin d'être négligées, ces diverses jouissances ont été bien trop souvent connues, pour que les détails ne s'y perdent. Des kilos de chairs passés sur mon corps, en autant de putréfactions diverses et désordonnées. Mais c'était notre première fois, ce soir là. Dans le costume et la soie blanche. C'est important, une première fois. Toujours mauvaises, pourtant, elles revêtent une pudeur presque poétique, l'empreinte d'une hésitation timide, d'une tendresse idiote. Et de toutes celles que j'ai connues, c'est la tienne que je garderais en mémoire. C'est le fil aérien d'un scalpel courant sur la peau de ta victime, en arabesques chirurgicaux, artistiques. C'est cette forme d'art, dans sa suprématie d'esthète, nichée au creux de tes doigts experts. Ta main dans la chemise retroussée d'un costume trois pièces. J'aurais aimé la dissocier de ton corps, pour ne jamais me lasser ce spectacle. Ta main a su m'arracher une forme d'émotion semblable à l'art, en cette première et pudique fois. J'ai vieilli, je suis capable de de déclencher mes propres orgasmes, en amour comme en la mort. Je ne connais plus l'émoi des premiers jours.
Mais je me souviens de celui-là.
De la traînée de sang suintant d'un tissu de soie blanche, contre ma peau.




Courtois, civil, il l'est. Il n'a pas l'air de vouloir poursuivre les duels outre mesure. Pourtant, et quand bien même il lui faut cesser d'être sur la défensive, Amnesia est bien loin de démordre de son discours. Si tout cela doit s'arrêter au discours, alors à la bonne heure, ils en riront plus tard. Mais elle ne relâchera pas sa prise et enfoncera ses crocs bien plus loin que de simples paroles au moindre signe d'appel. Sa propre courtoisie n'est pas la chose la plus stable dont elle puisse se vanter. Beaucoup entêtée pour céder le moindre terrain à quelque insulte d'aucune sorte.

" Je suis forcée de te retourner la question. " répond elle de concert à sa première remarque, susurrant toujours, en une inclinaison de tête papillonnante. Un invité ne fait-il pas honneur à la maîtresse de maison par l'ombre d'un remerciement, même une feinte de compliment ? J'attends toujours une phrase sur ma décoration d'intérieur, moi.

Glissée de nouveau dans l'intimité de l'alcôve, une scie flirtant avec ses doigts fins, la belle observe l'homme aux prises avec le ver récalcitrant qu'il s'apprête à harponner, un sourire amusé sur les lèvres. Elle hausse un léger sourcil à son discours, sans mot dire, laisse peut être seulement échapper un rire bref lorsque l'épineux sujet de sa propre mort est abordé. Il faut croire que le quartier sud a pris cette sale habitude de croire que tête devant tomber tombera, en temps et en heure. Ils ne mesurent probablement pas ce qu'agent entraîné à survivre en toute circonstance signifie réellement. Mais, touchée malgré son scepticisme de ce mérite attribué, presque aussi flatteur qu'un petit mot sur sa décoration ou sa tenue, elle se retient de rétorquer tout de suite. A demi tournée vers lui, elle l'observe seulement du coin de l'oeil, qui nous enfin ses premiers contacts à leur victime. Tuée lentement, ça ne fait aucun doute. Elle a bien l'intention de repousser les limites de ce qu'un corps peut endurer avant de songer à l'achever. S'emparant de la bouteille, Amnesia remplit son verre, reprenant la conversation en un murmure calme, les yeux absorbés dans la coulée régulière du liquide rouge, prémices de sa propre rencontre avec le petit Neil. Elle veut prendre son temps. Préparer le shoot. Affiner le fromage.

" Tu es l'invité d'honneur. Un bal en plusieurs actes, avec ton nom inscrit en lettre d'or sur les invitations. Je tenais à nous offrir une dernière danse dans les règles de l'art. "

Elle relève un sourire vers lui, légèrement plus complice, un peu moins incisif que les autres. Les dés sont jetés, le brelan d'as étalé sur la table. Il ne fait pas bon vivre dans la nostalgie et personne n'est jamais parvenu à faire du neuf avec du vieux. Du moins, rien qui ne soit de très bon goût - et elle a horreur du mauvais goût. Les choses ont changé. Loin d'en être dérangée outre mesure, Amnesia ne tient pas à ce que ces changements interfèrent dans ses propres projets. Alastor n'en faisait même pas partie jusque il y a une semaine. Elle ne les modifiera pas pour un ersatz de souvenir, si violent puisse t'il être. Et puis, il ne leur reste plus grand chose, si même leur propension à se martyriser l'un l'autre est morte dans les cendres du temps. Une dernière valse, un hommage à la débauche et elle retournera à ses costards, son whisky, lui à son mariage. Demain est un nouveau business et j'ai horreur du sentimentalisme.

Inspirant légèrement l'air encore saturé de poussière, saupoudré d'une pointe de plastique souple et agrémenté de quelques effluves tabatiers, elle s'empare d'un rouleau de scotch épais pour glisser auprès des deux hommes. Une large bande est tirée pour être plaqué sur la bouche du captif, rendant leur liberté à ces mains qu'elle brûle de revoir à l'oeuvre, une dernière fois encore. Et ce faisant, dans un sourire absent, la belle ajoute, émanation sombre des travers qui entament de percer son carcan de bienséance.

" Ma sépulture est déjà prête. Depuis plus de dix ans. Et puisque ma mort m'importe bien d'avantage que ma vie, je veux seulement te conseiller de ne pas te mettre entre elle et moi. " Elle lâche le rouleau, prend appuie sur la cuisse de Neil, dans le seul but de le sentir tressaillir, se demandant soudain ce qu'il peut penser d'elle. Plus le temps passe et plus ses regards se font suppliants à son égard. Il ne mesure sans doute pas. C'est d'autant plus jouissif. " Il se pourrait que mon éthique en souffre. " ajoute la blonde à l'adresse du bleu abyssal d'un regard baissé vers elle. Tendant légèrement la gorge, Amnesia dépose un baiser dans la nuque d'Alastor, savourant les embruns salés qui s'en dégagent, le rythme régulier d'un pouls derrière des tendons fermes, la très légère pression de son bras sur sa poitrine. Elle murmure à son oreille, non sans en avoir chatouillé le lobe de ses dents, souffle régulier contre sa peau marmoréenne. " Ne gâche pas tout, veux-tu ?"

Elle recule d'un demi pas pour lui désigner une petite boite en cuir déposé dans un coin de la table, au milieu des instruments. Patiente, Amnesia laisse l'homme ouvrir son présent, y découvrir la lame étincelante d'un scalpel. Un instrument de chirurgie. Un pinceau de maître. Une première fois dans un costume aux manches retroussées.

" J'ai préféré le garder. Il y réside encore tes seules et uniques empreintes. " s'explique t'elle en un sourire mutin. Fétichisme adolescent ou mesure de prudence au cas où il faudrait impliquer Alastor Burton un jour, la question restera sans réponse. " Tu n'auras qu'à le garder. " à nouveau, gage de bonne foi ou simple consentement aux futurs adieux, c'est une chose à laquelle elle ne daignera pas répondre. " Oh, j'oubliais " reprend elle, avec plus de légèreté. " il va encore avoir besoin de pouvoir courir. "

Son sourire s'étire, mu tout à coup d'une allégresse renouvelée. La traque, voilà une activité passionnante. Un petit challenge entre deux adultes consentants, deux personnes de bon goût. Avec son entraînement et les talents d'Alastor pour la chasse, ils auront de quoi dépoussiérer un peu leur vieux réflexes.
Repassant de l'autre côté de la table, Amnesia amorce son propre contact avec l'objet de ses plaisir à venir. Ses doigts courent quelques secondes le long d'un bras, parcourant la chair qu'une angoisse lancinante recouvre déjà de poils dressés. Elle s'imbibe enfin des gémissements élevés régulièrement dans la pièce, du bruissement du plastique, du couinement que la peau humide produit tout contre lui. Portant son verre à ses lèvres d'une main, elle ouvre une bouteille de détergent de l'autre et en imbibe un pan de chiffon. Le verre est reposé sur la table, pour que ses doigts graciles s'emparent de l'une des mains ligotées.

" Jolie manucure, Neil. Tu as raison, il faut savoir prendre soin de son corps. " Une pince, un ongle, elle s'empare et arrache d'un même geste, plaquant le tissu détrempé d'alcool sur la plaie à vif. Un gémissement de douleur réveille des frissons, vieux réflexes encore trop endormis. " Allons, allons, ne fais pas tant de manières. Vois-ça comme une nouvelle alternative à la mode. " Un à un, Amnesia s'attaque à tous les doigts si joliment soignés. Quand elle en a fini avec les couches superficielles, elle se saisit d'un annulaire et rompt les trois articulations une à une, se lassant des claquements secs produit par les os en souffrance presque aussi peu que du bruit de sa perceuse. Chacun des doigts est ainsi éclaté dans sa structure. Il ne reste plus qu'à en sectionner les tendons, minutieusement, pour que les phalanges tiennent par quelques pans de tissu adipeux, misérable.

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MessageSujet: Re: Buffet froid au No Man's Land Buffet froid au No Man's Land Icon_minitime1Dim 21 Juil - 23:29




Invité d'honneur...le terme fait sourire le Croque-Mitaine et au fur et à mesure qu'elle parle, elle semble abandonner un peu de sa réserve et de sa méfiance naturelle. Elle offre une dernière danse, un ultime écho à un passé commun, un hommage posthume. Même si leurs routes se sont séparés il y a des années, même si le temps et les expériences les ont profondément changés, même s'ils n'ont rien à voir avec l'être qu'ils ont été, ces retrouvailles imprévues amorcées il y a une poignée de jours méritaient plus qu'un nuage de poussière. Réunion d'anciens élèves où il n'y a qu'un ancien enseignant et une ancienne étudiante.
Sur la scène de cette unique représentation se superposent les lambeaux d'une autre pièce car ces retrouvailles imprévues ne sont pas sans rappeler leur premier meurtre ensemble. Toile peinte il y a dix ans mais dont le blanc a gardé sa pureté et le rouge sa profondeur. Amnesia fut pendant un temps la seule spectatrice privilégiée des performances du Croque-Mitaine, la seule personne à avoir participé pleinement à l'élaboration de sa galerie des horreurs. Elle s'approche de Neil, un rouleau de scotch entre les mains remplaçant le bâillon formé par la main de Boogie par de l'adhésif. Les muscles se souviennent de l'antique danse, des mouvements et des pas appris il y a une décennie. Gestes presque réflexes, coordonnés sans prononcer un mot ou échanger un regard, l'agneau n'a même pas le temps d'émettre un hoquet ou de prendre une inspiration. Son regard affolé voltige d'un visage à l'autre cherchant à éveiller une lueur de compassion dans les deux paires d'yeux bleus. Mais dans ces iris-là, il n'y a ni pitié ni empathie. Ca discourt sans porter d'intérêt au corps ligoté sur la table, l'homme y est réduit à l'état de meuble ou de créature insignifiante dont le sort funeste est inéluctable. Personne ne se soucie de ce que la vache peut bien penser avant de passer les portes de l'abattoir. Amnesia évoque sa mort qu'elle prépare depuis des années. Boogie, lui, n'a rien planifié en ce concerne la fin de son existence. Peu lui importe l'endroit où son cadavre finira, il sait qu'il ne sera ni regretté ni pleuré à quoi bon bénéficier d'un lieu de recueillement? Quand au "grand saut" à proprement parler, là aussi, son intérêt y est quasiment nul. La seule chose qui le chiffonne encore serait qu'on ne parle de lui que comme "Alastor Burton, le boucher de Vancouver". Sa vie a pris un tout autre tournant, un tout autre sens depuis qu'il s'est érigé en second d'un certain Clown. C'est en tant que "Boogie Man" qu'il veut qu'on se souvienne de lui. Du coin de l'oeil, il distingue Amnesia se tendre vers lui. Caresse légère sur sa nuque lorsque ses lèvres s'y posent. Mordillement délicat accompagnant le souffle d'une mise en garde. Le Croque-Mitaine penche la tête, amusé, ses yeux clairs se plantent dans ceux de la blonde. C'est que tu y tiens à tes dernières volontés...ça me rendrait presque curieux de savoir comment tu as orchestré tout cela. dit-il d'un ton douceâtre tandis qu'elle reculait d'un pas. Suivant le regard limpide, l'attention du Croque-Mitaine se porte sur un étui en cuir au milieu des lames. On semble attendre de lui qu'il aille l'ouvrir. Les mains de Boogie se posent sur la petite boîte. Avec précaution, il l'ouvre avant d'enfin baisser les yeux sur son contenu.

Difficile de retenir un sourire presque touché en reconnaissant l'objet. Un scalpel. Un bête scalpel apparemment flambant neuf pour n'importe qui. Bien plus qu'un banal souvenir pour Boogie. Il est surpris qu'elle ai gardé cette relique. Avec un sourire presque espiègle, joignant sa voix à cette découverte, Amnesia avoue qu'elle a conservé la lame mais elle n'en donne aucune raison. Elle ne l'a jamais essuyée, la gardant telle qu'elle était et là aussi elle n'offre pas la moindre explication. Que ça soit par sentimentalisme trivial ou par envie de le faire tomber un jour, ce n'est pas une attention courante chez Mlle Van Grad. Et la restitution de l'objet, maintenant, est aussi nébuleuse que sa conservation. Elle n'en dira jamais rien et ce, quelles que soient les raisons...les doigts de Croque-Mitaine se referment délicatement sur la lame qu'il élève à portée du regard. Les iris polaires croisent leur reflet tandis qu'Amnesia poursuit son lent ensorcellement. " Il va encore avoir besoin de pouvoir courir. " Volonté de l'endormir, d'anesthésier sa méfiance ou réel acte de bonne foi, la perspective de pister dans les ténèbres des arbres enchante aussitôt le Croque-Mitaine. Tu as l'Art de recevoir, Amnesia. avance-t-il d'un air ravi. Une traque en pleine forêt... poursuit-il d'un ton rêveur. C'est avec une joie immense que je me mesurerais à toi. finit-il d'une voix grave en inclinant légèrement la tête. On ne fait pas équipe dans ce genre de jeu. Il n'y a qu'un gagnant, celui qui trouve la proie avant l'autre. Donner le coup final a toujours été une récompense, jamais un du. Ca se mérite, ça se dérobe, ça s'obtient. Amnesia est une adversaire fine et intéressante, le challenge est plus qu'à la hauteur et s'annonce diablement excitant. Ne pas abimer trop sévèrement le petit agneau. Fort bien. Ca en vaut la peine.
Une traque en forêt...même si les aptitudes de Boogie se sont adaptées au milieu citadin, les chasses urbaines n'ont jamais eu la même saveur que celles en pleine nature, celles qui ont causé les premiers émois meurtriers d'Alastor Burton. Amnesia lui offre bien plus qu'un simple requiem pour un agneau réalisé à quatre mains. Maintenant que le programme de la soirée est annoncée, il est temps d'entamer les hostilités.

Tintement du verre qu'on pose sur une table, Amnesia prend place aux côtés du petit agneau. Son ancien larbin semble avoir abandonné l'idée de les émouvoir. La seule chose qui anime maintenant son corps, c'est la peur. Peur de souffrir. Peur de mourir. Peur que ça dure. Les deux monstres aux traits délicats qui se penchent sur lui, qui lui frôlent la peau ne font que provoquer nausée, frisson et hurlement étouffé. L'agneau se fait tromper par ses sens éprouvant déjà de la douleur alors qu'Amnesia n'a pas encore mis en pratique l'association de la pince et du détergent qu'elle tienne entre les mains. C'est avec une certaine grâce et délicatesse qu'elle s'empare d'une des mains de Neil. Boogie se contente de siroter son vin, caressant négligemment les cheveux humides de sueur du petit agneau, décomptant chaque ongle arraché d'une voix mielleuse, le dorlotant entre chaque pause qu'Amnesia instaure, le prévenant d'un ton paternaliste au dixième doigt mutilé que le pire est à venir. C'est machinalement que chaque phalange est brisée. L'agneau ne bêle plus et se contente de haleter en sifflant, alors, le Croque-Mitaine se glisse derrière elle et baisse les yeux sur les traits déformés du martyr. Je sais à quoi tu penses et ce que tu attends. lui murmure-t-il à l'oreille alors qu'il approche la relique d'un doigt à l'angle improbable. Mais laissons-le apprécier ses nouvelles limites avant de nouveau les faire reculer. Boogie tient fermement au creux de sa paume, la main de l'agneau. Du pouce, il tâte l'articulation brisée faisant naître une plainte geignarde, son poignet esquisse quelques cercles souples avant que l'acier ne pénètre en un chuintement de soie et sans aucune difficulté dans la chair. Un geste fluide presque élégant qui laisse un auriculaire pendre piteusement et un petit agneau aux yeux écarquillés prêt à sombrer dans l'inconscience. Le Croque-Mitaine secoue doucement la tête. Oh non, petit agneau. Je ne te laisserais pas t'évanouir. Tu vas devoir lutter pour rester éveillé. Et crois-moi, t'as vraiment vraiment pas envie que je te réveille. Courage. Plus que neuf. Le même manège se répète, entrecoupé à chaque fois de brèves pauses. Même geste précis exécuté délicatement. Dernier délié et le Croque-Mitaine repose avec précaution la main du petit agneau. Il essuie sommairement ses doigts sur les cuisses tremblantes avant de lever les yeux sur Amnesia. Je propose qu'on lui laisse les poignets. S'il doit courir, il va forcément trébucher et s'il trébuche...avec des poignets cassés, on risque l'évanouissement à cause de la douleur. soumet-il d'un ton détaché. Il s'éloigne de la table prenant les deux verres vides au passage et tout en les remplissant, il poursuit. Tu m'as promis une traque. Je serais déçu qu'on le débusque si facilement. Toi aussi d'ailleurs... Tendant un verre à Amnesia, il se poste à ses côtés, les yeux rivés sur le corps secoué de spasmes appréciant la vue de l'ensemble tout en prévoyant le prochain acte car on ne pouvait décemment pas en rester là. Ne pas trop abîmer ni handicaper...sensation presque risible de jouer à qui aura le dernier mot dont les répliques seraient les futures plaies de Neil. Jusqu'où peuvent-ils aller avant de décréter que le prochain coup compromettra la traque? Boogie se penche de nouveau au-dessus de l'agneau. Posant son verre au bord de la table, il effleure du bout de la lame la tempe et tire un trait rouge jusqu'au nez. Recupérant son vin, il annonce. On peut encore courir avec un oeil.


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