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L'art du chantage
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MessageSujet: L'art du chantage L'art du chantage  Icon_minitime1Dim 8 Juin - 22:03

Voilà enfin un cours qui me plaît bien ! Enfin si on peut appeler ça un cours… pour moi c’est plus de la dilettante. Le Tir à l’arc, ou l’art de se maîtriser. J’aimais beaucoup le côté calme et posé de ce sport ; il permettait de développer sa concentration, sa discrétion mais aussi sa précision et sa maîtrise de soi. Ce que beaucoup de gens ici semblaient manquer. Bien sûr, je n’étais pas le meilleur du cours, et quelque part, je ne cherchais pas spécialement à l’être, il n’en restait pas moins que j’aimais ce que je faisais et que c’était là le plus important pour moi. C’était peut-être le seul point positif de cette Académie. J’en avais assez de tous ces cours barbants qui ne dissimulaient aucun quiproquo quant au but qu’ils avaient. Du moins, c’était l’impression que j’avais. Et le pire dans tout ça, c’était qu’on avait beau être au courant, on ne pouvait s’empêcher de suivre la ligne conductrice imposée par l’administration.

Bref, concentration, bandage de l’arc, visée et tir… voilà la composition de la fin de l’entraînement. Nous n’avions plus que les étirements à faire et ce serait la pause déjeuné. Encore quelque chose que je n’attendais pas vraiment avec impatience. Je n’avais pas le choix de toute manière, si je ne voulais pas finir complètement affamé. Je prie donc une nouvelle fois sur moi et me dirigeai vers les vestiaires pour prendre une douche et me changer. Un jean et un t-shirt, c’était tout de même bien plus confortable qu’un pantalon de jogging et un t-shirt bien trop large pour moi.

Cet instant de solitude me transporta dans un souvenir pas si lointain que ça. L’explosion de l’hôpital. C’était la dernière fois que j’avais vu Luka. Elle me manquait. Partir en douce les aider était mon lot de consolation, un message d’espoir quant au futur que je pouvais avoir, mais avec cet accident qui ne devait certainement pas en être un, je me sentais comme seul et désarmé face au monde extérieur. J’avais comme une impression de vide qui me hantait. Et, même si je savais que je n’y étais pour rien, même si ce fardeau ne reposerait désormais plus sur mes épaules, je ne pouvais m’empêcher de culpabiliser. J’avais l’impression que tout était de ma faute. Que quelqu’un m’avait suivi, avait tout découvert et avait mené ce camps à sa perte. Etait-ce la réalité ou me faisais-je des idées ?

J’étais si profondément ancré dans mes pensées que je ne m’étais même pas aperçu être sorti des vestiaires. J’aurais d’ailleurs dû y rester. Bam ! J’ai heurté quelque chose… Enfin plutôt quelqu’un… Jade… Jade Thomas. Une Platine. Je n’aimais pas les Platine. Ce qui semble normal lorsque l’on est un Plomb. Je lui montrais d’ailleurs que je n’étais pas vraiment confus par ce heurt en ne disant pas un mot. Je crus, à défaut, qu’elle laisserait les choses là où elles étaient, mais visiblement j’avais tort… Elle semblait avoir quelque chose à me dire, ou à me reprocher ou… et bien je ne tarderai pas à le découvrir à priori.

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MessageSujet: Re: L'art du chantage L'art du chantage  Icon_minitime1Mer 11 Juin - 17:19

Pour beaucoup, j’étais une jeune fille superficielle. Souriante, toujours amusante, débordant la joie de vivre. C’était vrai, j’étais cette fille. Mais j’avais aussi un œil, un œil perçant que j’apprenais à aiguiser depuis quelques temps avec l’aide de Lassiter. Et je voyais plus que ce que l’on pensait. Et cette fois, Winthrop Denver était dans ma ligne de mire. Un Plomb, pour ne pas changer. Assez hermétique aux enseignements que l’on nous prodiguait. Je les gardais souvent à l’œil, les Plombs, car on ne pouvait jamais savoir ce dont ils étaient capables, et si depuis qu’il était là, il n’avait jamais piqué mon attention plus que cela, je devais admettre que ce que j’avais vu l’autre jour m’avait troublée. J’étais allée en ville, bien emmitouflée dans mon manteau et mon bonnet bien enfoncé sur ma tête, et je l’avais vu. Bon, entendons nous, il ne m’intéressait pas et n’était pas particulièrement remarquable, mais quelque chose dans son attitude clochait.

Qui regarde derrière lui s’il est suivi ou non avant de prendre une rue adjacente ? Pourquoi presser le pas et rentrer la tête dans les épaules, si ce n’est quand on a quelque chose à cacher ? Je n’étais pas idiote, alors son comportement m’avait tout de suite mis la puce à l’oreille. Alors je l’avais suivi… à bonne distance, certes, pour ne pas me faire repérer, faisant mine de m’intéresser à une vitrine quelconque dès qu’il se retournait… Je le pistai ainsi un bon moment jusqu’à ce que, bousculée par un new-Yorkais, je le perdis de vue. J’eus beau tourner dans le quartier, rien à faire. Mais j’étais sure et certaine qu’il manigançait quelque chose, d’immoral, d’illégal… peut-être les deux à la fois. Si cela ne tenait qu’à moi, j’aurais couru à la Police ou à l’administration de l’Académie pour le signaler. Pour moi, il était un traitre, quelles que soient ses affaires… Mais Daniel m’avait appris la patience, à ne pas agir sur un coup de tête. Il me fallait des preuves. Je l’observais donc les jours suivants, mais jamais il ne quitta l’école pour revenir dans ce quartier. Il fallait donc que je passe à la vitesse supérieure.

Je m’étais donc renseignée sur ses habitudes, son emploi du temps, mais aussi celui de son club. Et à force d’enquête et d’observation, j’avais repéré une ouverture, propice à un tête à tête. Il avait un entrainement de tir à l’arc, aussi, me positionnai-je à la sortie des vestiaires. Souvent il s’attardait, plus que ses camarades. Je connaissais le nombre exact d’élèves, aussi il me suffit de les compter à la sortie. Et quand je compris que le dernier était parti, laissant Win Denver seul à l’intérieur, j’entrai.

Sauf que Win eut le même réflexe, si bien qu’on se percuta. Je ne me défis pas de mon sourire, en digne Platine que j’étais. Et lui, en digne Plomb, me regardait d’un air… Bref, je lui tapotai sur la poitrine en remettant sa chemise en place, le temps de bien peser mes mots dans ma tête comme Daniel me l’avait appris. Cherche la faille, prends ton temps, pense à tes avantages de Platine.

« Bonjour Winthrop, le hasard fait bien les choses, c’est toi que je cherchais. Avec la cérémonie en hommage aux victimes de la fusillade qui se prépare, on est plusieurs à s’être dit qu’on s’était un peu trop replié sur nous-mêmes, qu’on ne se parlait pas assez. Il y a tellement de gens, en colère contre nous, contre l’école… ils ont gardé des ressentiments pour eux, et ce n’est pas bon. Donc je crois qu’il est important qu’on apprenne à se connaitre et qu’on s’entre aide. Je me sentais super mal quand je suis arrivée à l’académie, j’aurais pu me sauver à plusieurs reprises, chercher des solutions ailleurs, dans la ville, mais on m’a tendu la main et on a pris le temps de m’écouter. J’ai envie de faire ça avec toi. On est arrivés presque en même temps et on n’a pas réellement pris le temps de se connaitre, n’est-ce pas ? »

Je lui adressai un sourire ravageur. Une Platine proposant à un Plomb de faire la paix, ça ne se refusait pas, surtout après ce qui s’était passé ! J’avançai mes pions prudemment, sachant quoi répondre en cas de refus, tout comme en cas d’agrément.

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MessageSujet: Re: L'art du chantage L'art du chantage  Icon_minitime1Sam 14 Juin - 21:55

Ne pas se faire remarquer et passer le plus inaperçu possible. C’était ce que j’essayais de respecter chaque jour que Dieu faisait. Bien sûr, mon Dieu n’était pas Gordon, loin de là et ça aussi l fallait que je le cache surtout avec des gens comme Jade. Je détestais les platines. Ils essayaient tout le temps d’embrigader tous ceux qui ne sont pas comme eux. Bref tout ça pour dire, que là c’était fichu. Je venais de percuter quelqu’un et en plus une platine. Tout pour plaire quoi. Et puis Jade était bien connue pour fourrer son nez partout. Je me renfrognai donc, conscient que je ne pourrai pas lui échapper. Apparemment, je tombais bien en plus… Devais-je comprendre par là qu’elle me cherchait et que cette rencontre n’était pas anodine ?
Visiblement, c’était bien ça. Je me posais donc contre le mur derrière moi écoutant ce qu’elle avait à me dire. Au début, je ne voyais pas vraiment où elle voulait en venir. D’ailleurs, à la fin de sa tirade je n’étais toujours pas sûr d’avoir bien compris le fond de sa pensée exprimée par des mots forts étranges venant d’une Platine à un Plomb. Mon sourcil droit levé devait d’ailleurs exprimé mon incompréhension. Je ne savais pas bien si je devais faire comme si je n’avais rien entendu, me positionner de son côté ou contre elle… Mais la perspective de faire la paix avec une Platine ne me plaisait guère. Et puis, soyons honnêtes, pourquoi moi ? J’étais un garçon des plus banals, avec une histoire que peu connaissaient.Ca sentait mauvais. J’avais l’impression de me faire rouler dans la farine. Ou du moins, qu’elle essayait d’obtenir quelque chose de moi de manière détournée.

« Depuis quand les Platines cherchent à se rapprocher des méchants Plombs ? » demandai-je donc de manière innocente, mon côté décontracté dominant le reste.

Je ne pouvais pas me laisser avoir par une femme qui jouait certes parfaitement de ses charmes mais qui était aussi connue pour son comportement pro Gordon. Du moins connue pour être une bonne Platine quoi. Quand moi j’avais plutôt la réputation du gars qui ne sait pas ce qu’il rate en ne s’intéressant pas aux cours. Je n’y pouvais strictement rien si ces dits cours n’étaient que pur lavage de cerveau et que la sensation de perdre mon identité lorsque je me tournais trop vers l’apprentissage me frustrait et m’alertait. J’étais confus dans cet endroit. Tout comme face à Jade.

D’ailleurs je décidai de rentrer dans la salle de classe juste à côté, histoire de me poser et de commencer à faire quelques devoirs. Après tout, elle ne me demandait pas l’exclusivité de la concentration de je pouvais faire preuve. Et puis je ne savais pas ce qu’elle cachait, mais quelque chose me disait que la discussion n’allait pas s’arrêter au tour de ses déblatérations de mise à l’écart, de peur, de ressentiment etc…

« Et si tu allais droit au but Thomas ? »

Je n’étais vraiment pas du genre à appeler les gens par leur nom de famille, mais dans la situation actuelle je voulais vraiment marquer la différence qui nous opposait. A savoir nos convictions. Je n’étais plus croyant, plus comme avant du moins, mais je pensais toujours que quelqu’un était là pour veiller pour nous et j’avais également toujours cette impression que ma sœur pouvait tout voir et me prévenait d’une manière ou d’une autre lorsque quelque chose clochait. Or, j’avais cette sensation, en cet instant précis, que quelque chose ne tournait pas rond dans les mots de la jeune femme. Cela sonnait presque faux, même si j’avais, d’un autre côté, envie d’y croire.

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MessageSujet: Re: L'art du chantage L'art du chantage  Icon_minitime1Ven 20 Juin - 18:29

La fusillade nous avait tous touchés, à des degrés différents, mais elle n’avait épargné personne. Certains pouvaient être en colère, d’autres tristes, d’autres inquiets, elle avait nécessairement fait naitre un sentiment en chacun des élèves. Je jouais donc là-dessus pour approcher Win. J’étais une Platine qui venait en paix et qui tentait de resserrer les rangs. Quoi de plus inoffensif ?

« Parce que vous avez déjà été méchants un jour ? », demandai-je de façon ingénue. J’étais une Platine et en tant que telle, je devais d’avoir la foi en la bonté de l’être humain. De manière générale, je l’avais, mais je n’étais pas naïve. Je savais que certains pouvaient se fourvoyer et prendre le mauvais chemin, c’était très probablement ce qui lui était arrivé. Par contre, il ne semblait pas être pour la paix celui-là, vu qu’il se sauva comme un lâche dans une salle de cours. Une donnée intéressante. Je le suivis donc, bien décidée à en apprendre davantage, même si cela devait me prendre du temps.

Que j’aille droit au but ? Oh non, ce n’était pas ce que m’avait appris Daniel. Il ne fallait pas abattre toutes ses cartes d’entrée de jeu, mais systématiquement avoir un coup d’avance. Laisser l’autre avancer, comme si c’était lui qui menait la danse, mais être le réel chorégraphe invisible. Je tournai la chaise de la table devant la sienne pour m’assoir et ainsi être à sa hauteur, tout en le regardant dans les yeux. Hors de question de lui mettre une quelconque pression en tournant autour de lui telle un vautour – du moins, pas tout de suite.

« Je vois bien que tu ne m’apprécies pas beaucoup, et c’est en grande partie de ma faute, je ne suis jamais venue vers toi spécialement. Mais comme je te l’ai dit, la fusillade ça m’a… bon sang, tu vis ça bien toi ? Winthrop, je vis dans cette école. Je ne connais quasiment que cela de New-York, je n’arrive pas à comprendre comment on peut en arriver à de tels actes. »

Je soupirais, et cela n’était qu’à moitié feint. Je vivais Weins, je respirais Weins. Et franchement, ça me dépassait qu’on en arrive à de telles extrémités à l’encontre d’une école. Nous n’étions pas des soldats, nous n’avions rien fait de mal. Et si ce n’était que notre président qui était visé, de nouveau : pourquoi ? L’économie se portait bien, il avait ramené la paix et la sécurité. Je ne comprenais vraiment pas. Oh, je savais que ce n’était pas non plus de la pure cruauté qui animait la plupart des opposants, mais une savante mystification de la part des têtes pensantes de la résistance. Ils s’en étaient pris à des gosses tout de même ! A une école, et je ne parlais même pas de mes sœurs cinq ans plus tôt ! Qu’y avait-il de grand et de beau à faire cela ? A tuer, à détruire ?

« A l’intérieur de l’école, on ne devrait pas entretenir la haine. Je veux dire… tu crois que c’est à cause de nous si ces gens ont fait cela ? »

Ces questions, je me les posais réellement. Notre devoir, à nous tous, n’était-il pas de permettre aux gens de vivre en paix, et en sureté ? Win avait peut-être un élément de réponse à me fournir. S’il était contre le système, contre le président, contre l’école, il devait avoir de bonnes raisons non ? Ou un bon mystificateur. Moi qui croyais que nous vivions dans une bulle édénique, on nous l’avait fait exploser, et je voulais, du plus profond de mon âme la « réparer ». Mais je devais d’abord comprendre pourquoi certains si sentaient si mal au point de fuir dans les méandres de la ville… en espérant que Denver n’ait pas fait pire.

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MessageSujet: Re: L'art du chantage L'art du chantage  Icon_minitime1Dim 22 Juin - 21:55

Je n’appréciais pas du tout les derniers événements et quelque part j’étais encore plus rentré dans ma coquille avec cette fusillade, cela dit je ne comprenais pas vraiment la démarche de Jade. Je n’aimais pas spécialement fréquenter les Platines qui savaient bien faire comprendre aux Plombs qu’ils étaient les indésirables de l’Académie. Qui plus est si elle prenait au pied de la lettre une simple expression cela ne donnait pas spécialement envie d’écouter la suite. Mais je n’étais pas le genre de type imbu de lui-même et complètement fermé aux autres. Bien au contraire, je croyais en l’homme, j’espérais vraiment voir les gens rentrer dans le droit chemin s’ils ne l’étaient pas et continuer sur la route de la sagesse s’ils y étaient déjà.

« Je ne nous considère pas comme étant méchants, je suppose qu’il y a des Plombs aussi vile que certains Platine et vice versa… »

Je n’étais pas contre parler, cela dit je n’aimais pas savoir où cela menait et clairement il y avait quelque chose de louche derrière le comportement de Jade. Non pas que je n’étais pas curieux de savoir où tout cela allait nous conduire, mais je préférais la tranquillité d’une classe que le découvert d’un couloir. Peut-être était-ce mes escapades nocturnes qui m’avaient rendu si prudent. Et puis j’avais pas mal de boulot en cours, surtout côté médecine, même si ça, c’était un côté caché de ma personnalité que personne ne devait découvrir.

« Jade ce n’est pas que je ne t’apprécie pas… »

C’est vrai, techniquement je ne la connaissais pas, mais je n’étais pas du genre à lécher les bottes pour le plaisir de quiconque et surtout être le bon gars bien gentil pour tout le monde qui apprécie tout le monde pour se faire avoir derrière ; je n’étais pas stupide et je savais la réputation que nous les Plombs nous avions, que j’avais…

« Mais je sais que je ne suis pas apprécié par les Platines surtout, donc je ne cherche pas spécialement à me lier à des gens qui ne m’apprécient pas… cela dit je ne comprends pas plus que toi ce genre de comportement et je ne cautionne pas plus…»

Sur ce point, je n’allais pas la contredire. C’était plutôt horrible ce qu’il s‘était passé et si on se sentait en sécurité quelque part, un tel acte nous avait montré qu’en réalité nous l’étions nulle part. Il fallait compter sur les autres, sur notre confiance en autrui, ce qui était compliqué dans le monde d’aujourd’hui, quand des riches en profitaient pour imposer leur loi aux plus pauvres. J’avais donc forcément mon idée sur les raisons de cette attaque même si je ne le cautionnais nullement. Et peut-être, finalement, que Jade n’était là que pour comprendre parce que j’avais une vision d Plomb, la vision d’un étudiant qui n’adhère clairement pas entièrement au système de l’Académie. Je ne voyais donc aucun mal à débattre de ce sujet. Après tout, nous étions tous dans le même bateau et ce n’était pas un secret que j’étais plus résistant aux méthodes vu le groupe auquel j’appartenais.

« Je ne pense pas que les élèves soient responsable, mais le système global.. Les gens se posent beaucoup de question dehors, des questions qui restent sans réponses… Ils voient le changement que nous, nous ne voyons pas forcément parce que justement nous vivons en huit clos… Mais ça n’excuse pas cet acte barbare… le monde n’est pas si beau que tu sembles l’imaginer Thomas… même moi je l’oublie parfois et de plus en plus… »

Ça c’était le côté Weins, j’oubliais même mon combat pour m sœur. Le seul combat qui me tenait à cœur et qui me maintenait surement au rang de Plomb.

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MessageSujet: Re: L'art du chantage L'art du chantage  Icon_minitime1Mer 2 Juil - 11:38

Des Platines ? Viles ? Non mais il fallait arrêter de rêver. Nous oeuvrions pour la paix, pour cet ordre que Gordon avait instauré et qui nous permettait de vivre heureux sans craindre que des fusillades comme celle que j'avais vécue jadis et celle qu'avait connu l'académie ne prive des gens des êtres qui leur étaient cher. Il était idiot de penser le contraire. Mais je n'allais pas polémiquer avec lui. J'avais bien d'autres projets.

« Tu as bien raison, cela ne sert à rien d'avoir des idées préconçues, nous devons apprendre à nous connaître ! »

Et nous allions nous connaître. Enfin, j'allais le connaître. Son comportement n'avait rien de naturel, il cachait forcément quelque chose, et je comptais bien deviner ce dont il s'agissait. Ne pas m'apprécier ? Allons donc, tout le monde m’appréciait!Du moins, personne n'était assez fou pour me dire ouvertement que ce n'était pas le cas. Après tout, j'étais sympa et souriante. N'importe qui ici le dirait ! Des problèmes avec les Platines ? Évidemment, s'il se comportait en crétin de Plomb, il y avait de quoi. Parce qu'il y avait des nuances chez les plombs. Certains n'avaient juste pas encore compris le message de Gordon, ceux là, il fallait les aider, les accompagner dans leur apprentissage. Mais d'autres se montraient totalement irrespectueux. Et eux amenaient le désordre. Nous les Platines, nous n'aimions pas cela, le désordre. Par contre, je tenais un point d'accroche.

« Comment cela tu n'es pas apprécié par les Platines ? Winthrop, j'espère que tu n'es pas du genre à penser que nous sommes tous le diables et qu'on est en guerre systématique contre vous ? Certains t'ont ennuyé ? Causé du souci ? Parce qu'ils ne le devraient pas. C'est vrai qu'on peut chahuter les Plombs, mais sincèrement, je ne crois pas que tu sois du genre à cracher sur notre drapeau ou que sais-je ! »

C'était vrai... ou faux. Allez savoir. Mais les tensions qui existaient perduraient et visiblement, elles se répercutaient à l'extérieur. Des gens en voulaient à Gordon et à ce qu'il entreprenait : notre école, la paix. Et peut-être qu'indirectement ou non, il savait quelque chose. Je l'écoutai attentivement, tentant de repérer la moindre variation dans l'intonation, le plus petit clignement des paupières, une lèvre un peu trop retroussée. Et le moins que l'on puisse dire, c'était qu'il distillait des informations intéressantes. Ainsi, il fréquentait assez l'extérieur pour savoir qu'on s'y posait des questions, qu'il y avait une vague de changements... mais quels étaient-ils ? C'était un véritable mystère pour moi.

« Oh je sais que le monde n'est pas beau. J'ai vécu hors de l'académie tu sais. J'ai vu beaucoup de malheurs. Ici je me sens protégée. Quand je vais dans le quartier du milieu, je me sens en sécurité. Mais savoir qu'il y a des gens prêts à tout détruire... Je ne comprends pas. Winthrop, je ne sors pas beaucoup, alors je ne comprends pas. Qu'est-ce qu'ils se posent comme questions ? Je veux dire, l'Académie n'est pas secrète, on la présente aux lycées, je le sais, je le fais avec James. Quelque chose m'échappe et... ce changement, s'il doit se traduire par des fusillades et des morts, ça me fait peur. Comment peut-on vouloir ça ? »

Je n'avais même pas besoin de feindre ou d'exagérer. Cette incompréhension et indignation dans ma voix étaient bel et bien réelle. Daniel m'avait déjà dit que je regardais de trop près, que je n'avais pas une vision globale. Je ne connaissais pas très bien le monde extérieur, ça c'était un fait. Il faudrait que je m'y aventure un jour, pour apprendre et élargir ma palette. Mais pour l'instant, je n'en avais qu'une vision parcellaire, comme un puzzle que je reconstituais à l'aide des pièces que les uns et les autres posaient sur la table.

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MessageSujet: Re: L'art du chantage L'art du chantage  Icon_minitime1Jeu 7 Aoû - 16:37

Je ne voulais pas paraître farouche ou même intolérant ; après tout Jade pouvait être quelqu’un de bien, même si je n’arrivais bizarrement pas à avoir cette image d’elle. Pourquoi ? Aucune idée… Peut-être son comportement dans les couloirs ou bien l’impression farouche qu’elle cherchait à me faire dire ou faire quelque chose contre ma volonté. Quoi qu’il en soit je n’allais pas lui mentir, ni dissimuler quoi que ce soit et juste être moi-même. Comme d’habitude en fait.

Je lui dis ce que je pensais de la situation Plombs / Platines d’ailleurs. J’avais vu des compères se faire chahuter par des Platines et moi-même je subissais quelques moqueries parfois, mais toujours en douce. Ca je ne comprenais pas vraiment. Quoi qu’il en soit, au vue de son questionnement elle devait bienêtre la seule à ne pas savoir pourquoi j’étais là, comment j’étais arrivé à l’Académie. Pour quelles raisons.

« Visiblement, tu dois bien être la seule Platine à ne pas avoir entendu les potins sur moi alors. »

Je gardai un peu de mystère car je savais qu’elle n’en resterait pas là. Elle avait presque l’âme d’une journaliste. Sa tenue, sa manière de parler de se positionner en gentille proche de l’interrogé. Je souriais en l’observant. Je m’amusais et ne le cachais pas. Cela dit, la suite allait venir, surtout qu’elle se posait des questions sur dehors, sur ce qui pouvait faire douter les gens. Je ne connaissais pas tout, mais je savais que le gouvernement avait fait beaucoup de torts à la population et même si certaines choses avaient concrètement changées, d’autres demeuraient.

« Si je suis ici demoiselle, c’est que j’ai été pris en train de manifester contre le gouvernement. Ma petite sœur est décédée à cause d’un manque de compassion des autorités et parce que les soins sont trop coûteux. Tu crois que c’est normal ? Tu crois qu’il est logique que même les pauvres ne puissent pas avoir accès aux soins par exemple. Et je te cite un exemple parmi tant d’autres. Notre monde a souffert lors du blackout et malgré le retour de l’électricité, la souffrance est partout. Tu vois Jade, tu te poses beaucoup de questions, mais le mieux pour comprendre c’est d’aller à la rencontre des gens… Si tu veux je t’emmènerai dans un endroit où tu pourras comprendre ce qu’il se passe… Après je suis bien d’accord avec toi la violence ne résout rien, je suis contre… Certaines personnes doivent juste en être au dernier recours et ils ne voient pas d’autres solutions que celle-ci parce que personne ne les soutient ou les accompagne… »

Mais amis disaient souvent de moi que j’étais quelqu’un de compatissant et de tolérant, que j’avais la passion de l’humain et du sociale. Je n’avais pas de jugement sur ces dires, cela dit je me rendais bien compte que je nuançais toujours ce que chacun mettait dans une catégorie ou une autre sans se dire que tout n’est pas noir ou blanc mais qu’il existe plus d’une nuance de gris également. J’espérais juste, cette fois-ci, que malgré son statut de Platine, Jade pourrait comprendre.

« Après tu as aussi les gens qui sont violents pour être violents comme cela a toujours été… là, il n’y a qu’une bonne politique judiciaire et carcérale qui pourra y faire quelque chose… Mais à mon ais les gens ont surtout des œillères et personne ne prend le temps de se questionner sur le pourquoi du comment avant de juger tel ou tel acte. »

Je me levai et me dirigeai vers la grande carte de la ville accrochée au mur.

« Tu dis que tu as vécu hors de l’académie et que tu as vu beaucoup de malheurs mais tu as vécu où ? Dans quel genre de famille ? »

Ce n’était pas par indiscrétion que je posais cette question, mais pour lui faire comprendre que le contexte dans lequel elle a vécu hors de l’Académie avait pu changer totalement sa vision des choses. Après tout notre passé nous forge autant que notre présent. Puisque de toute manière le présent ne le reste pas très longtemps… présent.

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MessageSujet: Re: L'art du chantage L'art du chantage  Icon_minitime1Lun 11 Aoû - 20:34

La manipulation était un art difficile. Très difficile. Daniel me l’avait bien dit et je m’en rendais compte à présent. Je jonglais avec des questions orientées et la pure vérité. Car certains de mes étonnements, quelques-unes de mes questions étaient réels. La rivalité Plomb/Platine existait, je ne pouvais le nier, moi moins que les autres. Mais les Plombs n’avaient, dans le fond, seulement pas encore compris toutes les bonnes choses que messieurs Gordon et Weins faisaient pour nous. Win non plus mais il saisirait un jour. Il ne me paraissait pas être un idiot. Ou alors il cachait très bien son jeu. Vraiment, j’ignorais pourquoi certains avaient peur, pourquoi un tel climat de haine ? S’il allait dehors, à l’extérieur de l’académie, peut-être qu’il avait entendu des rumeurs qui expliqueraient pourquoi ces choses s’étaient produites. Il devait savoir quelque chose, il était trop sur la réserve et surtout, j’avais bien vu son attitude, dehors. J’ignorais ce qu’il cachait, je n’étais pas télépathe, mais s’il pouvait éviter de nouveaux massacres, il fallait qu’il parle. Et il ne le ferait que s’il se sentait en sécurité.

« Je ne m’intéresse pas aux potins. On a tous notre passé, Winthrop, pour moi, ça n’a pas d’importance, ce qui compte, c’est la personne que tu es une fois ici. »

Comme si on repartait de zéro. J’avais honte de mon passé, et certaines personnes le connaissaient… J’aurais pu être une vitrine pour l’Académie et je savais que parfois, mon exemple était utilisé. La gamine paumée, droguée et violente devenue une jeune femme responsable, saine de corps et d’esprit… J’aurais dû me renseigner sur son passé un peu plus cela dit. Cela m’aurait donné un moyen de comprendre davantage les rouages de son esprit. Mais bien évidemment, je confronterai sa version de l’histoire avec celle officielle, au moins je saurais s’il m’avait menti. Je l’écoutais. Je compatis, sincèrement, quand il évoqua la mort de sa petite sœur. Ça me rappelait celle de Jasmine et Jillian, je savais à quel point on pouvait perdre pied dans un cas comme celui-là. Par contre la suite… Un manque de compassion ? Mais Gordon agissait toujours dans notre intérêt ! Il faisait tout son possible pour nous, ses enfants, alors laisser une petite fille mourir, allons… c’était absurde ! J’allais répliquer. Après tout, un dossier mal rempli ou un subordonné qui avait mal fait son travail, cela était beaucoup plus crédible… mais la suite de son discours me fit comprendre que je devais me taire. Il me proposait de rencontrer des gens qui avaient une opinion contraire sur le gouvernement… ça me faisait un peu peur de les affronter, mais il fallait comprendre son ennemi pour mieux le contrer.

« Tu pourrais vraiment faire ça ? Winthrop je… je ne savais pas pour ta petite sœur. Je suis désolée, je sais qu’on ne s’en remet jamais. Et c’est difficile pour moi, de croire que les autorités ont délibérément abandonné une petite fille, quand tu vois tout ce qu’ils font pour nous. Pour moi aussi… J’ai besoin de comprendre, vraiment. Alors si ces gens peuvent m’y aider, j’en serais ravie ! »

Il était important de comprendre. Pour communiquer c’était toujours mieux. J’avais pu constater que beaucoup avaient été sûrs d’agir pour la bonne cause alors qu’ils faisaient erreur. Moi j’avais fait partie de ces gens. J’avais été contre le gouvernement d’une certaine façon, en achetant de la drogue, en m’étant battue, avant de comprendre mes erreurs. Winthrop Denver n’était pas un idiot de Plomb borné et décérébré. Il comprenait en partie la politique de notre gouvernement et il serait même prêt à l’accepter, s’il comprenait que ce n’était pas la faute de Gordon mais certainement d’n de ses subordonnés, que sa sœur n’était plus de ce monde. Lui, il pouvait évoluer. Alors qu’il se levait, il me posa une question qui me désarçonna un peu. Parce qu’elle me touchait et concernait une chose que je taisais et n’assumais que difficilement : mon passé. Même avec James je peinais à garder la tête haute en évoquant mon passé… Je n’en parlais réellement qu’avec M. Stanton et avec le minimum d’information quand des âmes perdues venaient me demander de l’aide, de témoigner qu’on pouvait s’en sortir malgré ce qu’on avait pu être… mais je ne rentrais jamais dans les détails. Je n’aimais pas en parler. Et un Plomb aurait certainement été la dernière personne avec qui j’aurais pensé en discuter. Mais les leçons de Daniel me revenaient en tête. Je ne devais pas le cacher, sinon on s’en servirait contre moi. Et aujourd’hui, il pouvait me servir si je ne le laissais pas me détruire.

« Une famille qui était unie. J’avais un frère et deux sœurs. Et on était très heureux. On vivait à Washington. Mes sœurs sont mortes alors qu’on était en train de… faire du shopping. Elles sont mortes parce que des opposants au gouvernement n’ont rien trouvé de mieux à faire que de tuer des enfants pour s’exprimer. Mon frère est parti et moi j’ai perdu pied et je suis partie de la maison. Les choses ont vraiment mal tourné pour moi. C’est l’Académie qui m’a aidée, soignée et donné une chance et une place dans ce monde. Ce que je n’aurais jamais eu sinon. Si on m’a aidé moi, alors que je n’étais qu’une mauvaise graine… je n’arrive pas à croire qu’on laisse volontairement tomber d’autres personnes. Et surtout qu’on tente de tout détruire… Moi je veux juste donner aux autres la même opportunité que celle que j’ai eue. »

Aucun mensonge. C’était la pure vérité. Je croyais en ce gouvernement, je n’arrivais tout bonnement pas à croire que Gordon, notre protecteur, ait pu dire « une enfant a besoin de soin mais elle n’a pas d’argent ? Laissons la mourir », alors que moi, junkie agressive, il m’avait sauvée. Je ne valais pas plus que la sœur de Winthrop. Et encore, cela n’était que le cas de Denver… Quelles étaient les motivations des autres, de ceux qui essayaient de nous abattre par la violence ? Est-ce que j’en apprendrai davantage avec ces gens que Winthrop voulait me présenter ?

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MessageSujet: Re: L'art du chantage L'art du chantage  Icon_minitime1Mer 20 Aoû - 23:46

C’est idiot mais je commençais doucement à me poser de réelles questions sur le fond de la personne qu’incarnait Jade. Etait-elle vraiment la peste qu’on imaginait qu’elle était ou bien était-ce là juste le reflet d’un profond mal être ? Se rendait-elle-même compte de l’image qu’on pouvait avoir d’elle ? Etait-ce calculer ou bien le personnage qu’il voyait était-il des plus sincères ? Ce doute ne me  quitterait sans doute jamais, cela dit, certaines réflexions, certains comportements pouvaient remettre en question l’opinion que je me faisais d’elle.  D’ailleurs, elle disait que ce qui l’intéressait c’était de connaître la personne qu’on était une fois à Weins, sauf que personnellement je n’étais pas quelqu’un de vraiment différent ici et ailleurs. C’était d’ailleurs le problème. J’aurais pu faire semblant, à la limite, d’adhérer complètement au système, seulement, je me refusais de me mentir à moi-même. Il me faudrait une réelle bonne raison pour faire une telle chose. Et pour le moment, que je sache, je n’avais aucune vie en danger qui nécessite telle réaction. Bref, je souris et ajoutai :

« Le problème c’est que je suis le même ici, maintenant que celui que j’étais avant et dehors. Enfin, ma vision des choses à évolué certes, mais il n’en reste pas moins que je reste le même à quelques détails près. »

Peut-être que cela la décevrait ou bien qu’elle me verrait comme un pauvre idiot, mais je ne voyais pas l’utilité de mentir. Je lui expliquai alors pourquoi je pensais ainsi, pourquoi j’étais réticent face à ce gouvernement, pourquoi je résistais. Et tout s’expliquait avec l’histoire de ma petite sœur. Mon âme sœur de notre famille. J’aimais chaque membre de ma famille, mais elle c’était particulier et je ne saurais pas dire pourquoi. Et bien sûr, elle avait quitté ce monde en premier. Je ne m’en remettais pas et j’étais complètement anéanti par cette perte. Pire, quand je voyais que les enseignements me faisaient parfois oublier mon combat pour elle, voire même un peu des liens qui nous unissaient, j’étais encore plus en colère. Une colère qui me poussait à trouver n’importe quel moyen subtil ou non pour me rebeller.

Jade semblait réellement compatir, ne pas comprendre et chercher à trouver des réponses ce qui me laissait perplexe. Mais après tout, pourquoi pas ? Tout le monde  n’a pas la même vie. Il suffisait que ce gouvernement soit disant idyllique ait fait quelque chose de plutôt bien pour elle et / ou sa famille et toute sa vision pour s’en retrouver changer. Ce que je ne comprenais pas c’était le lavage de cerveau qu’une bonne image, une fois, dans une vie, pouvait changer toute une manière de penser et fermer l’esprit de quelqu’un qui paraissait pourtant plutôt intelligent.  C’est pourquoi je lui proposais de l’emmener dans un endroit où elle pourrait rencontrer des gens qui ne sont pas pro Gordon, des gens qui pourraient expliquer pourquoi ils ne cautionnent pas leur dirigeant. Cela dit, cela ne pourrait surement pas lui apporter toutes les réponses qu’elle cherche puisque je ne pourrais pas lui donner de raisons pour les actes qui s’étaient déroulés ici. La fusillade.

« Je pourrai faire ça. Laisse-moi le temps de trouver les gens qui accepteront de te parler. D’accord ? Et nous les rencontrerons en territoire neutre pour que tu ne craignes rien. »

Malgré tout, je prenais soin de mon prochain, que je l’apprécie ou non, que j’ai des doutes ou non. Elle n’était qu’une jeune femme un peu pommée à mes yeux, comme nous l’étions tous plus ou moins ici. Et d’ailleurs, je cherchai également à savoir pourquoi elle appréciait le gouvernement et lui demandai quelle était sa vie avant. Je vis alors qu’elle avait beaucoup de mal à parler de son passé et grimaçai en attendant ce qu’elle voulait bien me révéler. En effet, je comprenais mieux sa manière de penser et son attachement à l’Académie et au gouvernement. Cela avait été un bienfait pour elle, ça l’avait aidé à refaire surface. Je comprenais maintenant.

« Je suis désolé pour ta famille. Visiblement, on n’est pas si différents à ce que je vois. »

Je m’autorisais alors à lui toucher l’épaule dans un geste amical, refreinant tout de même mon côté très tactile qui aurait voulu la prendre dans mes bras.

« Mais regarde l’évidence… Ils ont été cléments avec toi donc tu les suis, c’est normal… C’est donc avec la même logique que tu devrais comprendre que je pense le contraire puisque pour moi, ils ont abandonné ma sœur. Après, je suis conscient qu’on ne peut pas être partout sur tous les fronts tout le temps et aider chaque être humain… Un seul homme n’en n’est pas capable… Mais quand toute une famille supplie de l’aide… Quand c’est pour de l’argent que la vie est perdue… Que devrai-je penser Jade ? Explique-moi ? Comment devrais-je réagir ? »

Finalement, il n’était pas si compliqué de parler à cœur ouvert avec la jeune femme et je me laissais aller tout en gardant mon petit jardin secret.

« Et bien si tu veux donner la même opportunité, n’as-tu jamais pensé à faire du relationnel de liaison entre le gouvernement et la population anti-gouvernementale ? Essayer de montrer les choses sous un autre angle ? Cela dit, ce qui est valable pour toi ne l’est pas pour tous, parce que justement il y a beaucoup d’oubliés parmi la population… Et pire, en vivant ici, ils essayent de nous faire oublier notre raison de vivre pour nous faire adhérer à d’autres convictions… et ça fonctionne… »

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MessageSujet: Re: L'art du chantage L'art du chantage  Icon_minitime1Lun 25 Aoû - 17:40

Rester le même ? Mais comment c’était possible ? Personnellement j’avais radicalement changé. Et très vite. Alors qu’au début, je clamais que je les emmerdais, qu’ils ne me changeraient pas, que je ne voulais pas être sauvée… La réalité avait été bien différente. J’avais compris mes erreurs, trouvé une famille prête à me pardonner mes erreurs et à m’accepter telle que j’étais. Je m’étais reconstruite, j’avais assaini mon corps et mon esprit, j’avais trouvé ma place. Je n’avais pas oublié… ni mes sœurs, ni la douleur, ni ce que j’avais fait de mal, mais je me faisais un devoir d’être une bonne personne, de rendre au gouvernement tout ce qu’il m’avait offert, de sauver des jeunes comme moi.

« La vraie question c’est de savoir si tu as envie de rester cette personne ou non. Pour moi… Je ne voulais changer. Et aujourd’hui, je me rends compte à quel point j’étais dans l’erreur. Je n’étais pas quelqu’un de bien, mais j’étais trop en colère pour le voir. »

Je le savais, à l’époque. Je savais que cogner, frapper, fumer était mal, pour moi comme pour les autres. Mais je souffrais tellement, j’étais si en colère contre Dieu, contre le monde entier que je ne voulais pas quitter cet état. L’Académie m’avait offert une seconde vie, que je bénissais chaque jour. Je comprenais, mieux que quiconque, le deuil que portait Winthrop. Perdre une sœur, c’était comme perdre une part de soi, se sentir le survivant provoquer un sentiment d’injustice et de culpabilité tel que cela pouvait vous rendre fou. Cela m’était arrivé. J’avais affronté cette perte en me perdant moi-même, en me détruisant et en achevant le moindre de mes repères, la moindre de mes valeurs. On avait tous notre propre manière d’affronter les choses… Winthrop n’était peut-être pas juste… prêt, à tourner la page et à avancer. Personne ne pouvait lui en tenir rigueur. Sauf s’il contribuait, d’une manière ou d’une autre, à faire du mal à beaucoup plus de gens qu’à lui seul. S’il soutenait les rebelles, les résistants… Il cachait quelque chose et il fallait que je sache quoi, c’était mon devoir de protéger les miens. Car cette Académie, née sous l’impulsion de monsieur Gordon qui désirait nous protéger pour qu’on n’ait plus à vivre de telles pertes, était une famille pour moi. Et Denver cachait quelque chose. Il ne se comportait pas comme quelqu’un qui n’avait rien à se reprocher. Et il me confirma qu’il connaissait des personnes opposées à notre cher dirigeant. Mieux, il était prêt à m’aider à les rencontrer. Mais tout cela allait au-delà de mes espérances les plus folles.

« D’accord. J’espère que tu en trouveras… et que tu trouveras un endroit même si j’ai l’impression que malheureusement nous ne sommes à l’abri nulle part. Eux comme moi d’ailleurs. On ne peut pas rester sur de telles… incompréhensions. »

Et cela me permettrait surtout de les jauger, de sentir le degré de menace qu’ils pouvaient représenter, si je pouvais ou non les convaincre. C’était mon devoir. Pour faire mon deuil et préserver ma nouvelle vie.

« Je suis triste que ce soit cela que nous ayons en commun. Tu sais… Jamais rien ne les remplacera, mais les gens ici… j’ai l’impression d’avoir des frères et sœurs. Il y a des gens qui veillent sur moi, qui me prêtent leur épaule quand je ne vais pas bien. Je te souhaite de connaitre ça, Win, sincèrement. »

Peut-être qu’il changerait d’avis au contact des gens. Si jamais quelqu’un d’aussi bon et généreux que James lui faisait prendre conscience de l’amour et de l’amitié qui nous enveloppaient ici… sa colère et sa douleur s’apaiserait, et il serait plus à même de comprendre pourquoi le Gouvernement œuvrait réellement dans notre intérêt. Je le laissais me toucher l’épaule, en souriant doucement. Une telle proximité entre un Plomb et une Platine… il y aurait de quoi faire jaser. Mais il ne serait pas malin de ma part de me défiler… d’autant que je n’en avais pas spécialement envie. Il n’y avait pas de menace, juste une sorte de… d’empathie, entre deux personnes qui avaient perdu des êtres chers. Par contre, il aurait pu s’abstenir de la suite. En l’entendant, mon sang ne fit qu’un tour et j’eus envie de lui saisir le poignet, le lui tordre pour le briser et qu’il souffre d’avoir dit cela. Ça me démanger de le frapper et de l’humilier pour avoir été aussi outrageant envers nos autorités, mais je devais me contrôler, pour ne pas perdre ma chance de l’utiliser.

« Il faudrait surtout savoir à qui vous vous êtes adressés. Quel représentant n’a pas fait son travail. Il mérite d’être puni. »

Ça me brûlait la langue de prononcer ces mots, même si dans un sens, quelqu’un avait dû faire une erreur car jamais Gordon n’abandonnerait l’un de ses enfants, jamais.

« Tu iras mieux quand tu sauras qui a vraiment abandonner ta famille. Des gens ont dû… Je comprends ton point de vue ceci dit. Mais avoue que c’est si… incompréhensible. Regarde ce qu’on fait pour des cas comme nous ? Pourquoi dépenser des millions pour nous qui ne valons pas plus que la vie d’une petite fille ? Je ne comprends pas. »

Il continua son discours. Winthrop était étrange… capable d’avoir des idées très sensées et intéressantes, et de sortir la pire des stupidités juste derrière… comme il le fit une nouvelle fois. Son idée de faire du relationnel, ce n’était pas pour me déplaire. J’aimais cela, être au contact des gens. Le fait de présenter l’académie dans les écoles du pays avec James me comblait et m’avait donné une belle expérience, ainsi que mon stage à la mairie. Mais le reste… oh le reste de son discours… Il puait l’anti gouvernement et le résistant et je dus prendre sévèrement sur moi pour ne pas le frapper, ni le planter là pour courir le signaler à qui de droit. Je ne devais pas perdre l’occasion de trouver ces anti-gouvernements… il fallait que je passe au-dessus de ça pour une plus noble cause.

« Je ne suis pas d’accord avec toi. Qu’est-ce qui te fait dire qu’ils veulent qu’on abandonne notre « raison de vivre » ? Remarque, dans mon cas, ma raison de vivre ce n’était… vraiment pas glorieux. Ici ils m’ont donné accès à l’éducation, ils m’ont enseigné des valeurs comme le dépassement de soi, l’entraide, la famille, la générosité. Je n’entends pas ce que tu me dis. En quoi ces valeurs pourraient-elles être mauvaises ? »


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