Ils s'écartaient sur son passage, ils murmuraient en la regardant passer, ils observaient ses courbes parfaites, ils bavaient ou l'enviait...

Quelque part, en plein New-York, en 2099, une jeune fille blonde se réveilla en sursaut. Son réveil affichait un joli petit "8h30" et dehors, deux garçons se tapaient sur la gueule. La belle blonde s'extirpa des bras d'un homme blond dont elle ne se souvenait plus le nom, s'habilla à toute vitesse, brossa ses longs cheveux blonds platine, réveilla l'homme qui la paya puis partit en courant. Avec ses dollars en poche elle passa devant les deux garçons qui se battaient. Elle leur hurla dessus et repartit en courant, les garçons s'arrêtèrent de se battre et la suivirent. Le trio entra dans un magasin quelconque et en sortit quelques secondes plus tard les poches pleines sans avoir payé un centime. La blonde prit son portable et sauta sur place lorsqu'elle vit l'heure : 8h42. Elle avait quelques, comment dire... 42, minutes de retard ?
Courant toujours elle s'arrêta finalement à côté d'un panneau Stop que personne ne respectait. Après tout dans cette ville et à cette époque, le respect des lois était bien la dernière chose à laquelle pensait les gens. L'important était de survivre...
Un homme brun arrêta sa voiture à côté d'elle et descendit en la sifflant. La blonde lui fit un clin d'oeil et monta dans la voiture, l'homme se rassit et lui demanda sa destination. Elle lui indiqua l'Académie Weins de sa douce voix sensuelle, l'homme démarra sa voiture et prit de la vitesse en faisant jouer son accélérateur. La jeune fille regarda par la fenêtre, pas du tout impressionnée par la vitesse de la voiture. Des mecs comme ça elle en voyait passer des centaines et la vitesse de lui faisait pas peur. Arrivée devant l'Académie l'homme stoppa sa voiture et descendit afin d'ouvrir la portière à la jeune fille blonde. Celle-ci sortit, embrassa l'homme, posa ses mains sur son dos puis le repoussa.

- « Si tu en veux plus, il faudra que tu payes. »

Elle donna son numéro de téléphone à l'homme puis nota qu'il viendrait la voir le vendredi suivant vers 18 heures.
Passant le portail de l'Académie elle inspira profondément. Devant elle s'étendait tout les bâtiments gris de l'académie la plus craint de la ville. Cette Académie c'était son territoire. Et oui, encore une fois mademoiselle Calypso Storm régnait sur l'Académie Weins, elle était la Reine, celle que tout le monde craint mais qu'on envie, celle qui a les pleins pouvoirs et celle dont on veut se rapprocher. Depuis son arrivée dans l'Académie, elle avait toujours été élue Reine de l'Académie, elle avait toujours gagné haut la main, ridiculisant toutes celles qui avaient eu l'affront de se mesurer à elle.

Une légère brise souleva les longs cheveux blonds platine de Calypso. Ses yeux bleus étincelaient de mille feu et sa taille de guêpe mettait bien en avant sa poitrine. Elle portait une slim noir, un chemisier blanc décolleté et des scandales avec dix centimètres de talons, noires elle-aussi. Un long pendentif rouge sang venait se loger au creux de sa poitrine, totalement assortie avec ses boucles d'oreilles de la même couleurs. Ses longs cheveux étaient lâches, retombant gracieusement sur son dos et sur ses épaules. Elle fouilla dans son sac à main et en sortit un portable. Elle avait reçu de nombreux message dont un qui la fit sourire. S'asseyant sur un banc elle patienta en mettant du crayon noir afin de parfaire son apparence.
Au bout de quelques minutes d'attente un bruit de course se fit entendre. Calypso jeta un coup d'oeil vers la personne qui arrivait. Qui pouvait être en retard par cette merveilleuse journée ?!

Un japonais... Ce fut la première chose à laquelle pensa Calypso lorsqu'un mec arriva en courant. La belle blonde tourna la tête vers lui en affichant un air interrogatif. Interrogatif ? Effectivement... Ils étaient rares les gens arrivant à l'Académie Weins en courant. Généralement c'était plutôt en rampant ou en étant forcés qu'ils arrivaient. Il s'offrait alors deux possibilités pour répondre à cet étrange phénomène. Soit le japonais était nouveau soit il était fou. Calypso opta pour la première proposition puisque la tête du japonais ne lui revenait pas en mémoire. Et ça aurait été une honte pour notre Reine préférée que d'avouer qu'elle avait des trous de mémoire...

Enfin bref, le japonais arrivait donc vers elle d'un air un peu... perdu ? Complètement paumé, ouais ! D'un coup d'oeil, Calypso le relooka avant même qu'il ait le temps d'ouvrir la bouche. Jean taille basse, chemise blanche aux manches retroussées et surtout un tatouage. Pas mal du tout l'asiatique ! Calypso ? Raciste ? La blague ! Son meilleur ami était un noir et son bouffon favori un chinois. Non la reine de l'Académie n'était pas raciste... Manquerait plus que ça ! Que la Reine de l'Académie la plus dangereuse de tout New-York soit raciste. Et bah elle aurait bonne gueule étant donné que la moitié du lycée n'était pas américaine blanche et bien élevée.

- « Euh... Bonjour mademoiselle. »

Hohoho ! Ça commençait drôlement bien. C'est qu'il savait parler aux femmes ce mignon petit japonais ! Bon d'accord il avait un accent déplorable et l'air totalement perdu mais il était bien foutu, mignon et en plus il devait avoir l'âge de Calypso. Quoique... Peut être un peu plus âgé ? BREF !

- « Excusez-moi, je me suis perdu. En fait, je suis nouveau et je ne sais pas où je dois aller. Vous pouvez m'aider s'il vous plaît? »

Oh le petit chou ! Il s'est perdu !
Calypso haussa un sourcil et éclata de rire. Elle lui sourit, découvrant ainsi ses dents magnifiquement blanches, et regarda sa montre.

- « 8h49 ? Nouveau et en retard... »

Elle se leva et ses yeux se retrouvèrent juste en face de ceux du japonais qui avait l'air un peu gêné. Soit il était gêné par la proximité de la belle blonde, soit il était gêné par la phrase qu'elle venait de prononcer. Calypso sourit une nouvelle fois et elle haussa les épaules.

- « La première fois que je suis arrivée ici j'avais deux heures de retard. Pas de quoi stresser, de toute façon les pions sont occupés ailleurs. »

Calypso était d'une humeur parfaite. Joyeuse et agréable, c'était typiquement le genre de jour où il fallait tomber sur Calypso. La jolie blonde rayonnait de bonheur et de bien-être. Il fallait avouer aussi qu'en ce moment tout se passait pour le mieux dans la vie de Calypso. Elle était belle, enviée, riche, bien entourée, maîtresse incontestée du Quartier Nord, Reine de l'Académie, face à un japonais plutôt mignon, et elle venait d'être demandée par un magasine de mode pour poser pour certaines photos. Bref, la belle vie, quoi !

- « Où est-ce que tu dois aller ? Ça c'est une excellente question... Tu n'as pas d'endroit précis, tu choisis une classe de ton âge et tu t'y installe. »

Voyant l'air étonné du japonais, Calypso éclata de rire et replaça une mèche de ses cheveux blonds platine derrière son oreille droite.

- « Je rigole ! Pour savoir dans quelle classe il faut que tu ailles, il faudrait passer voir les pions ou le directeur mais le petit problème c'est que les pions sont sûrement occupés à essayer de mettre de l'ordre dans ma classe, comme chaque matin, et que le directeur est partit en dépression il y a quelques jours. »

Dit comme ça, elle devait avoir l'air d'être la seule fille saine d'esprit de tout l'établissement. C'était peut être vrai, d'ailleurs...
Tiens d'ailleurs, ça l'intriguait... Comment un japonais aussi mignon et à l'air aussi studieux pouvait-il se retrouver ici ?

- « Mais il y a un truc qui me perturbe quand même... T'es sûr que t'es bien inscrit à l'Académie Weins ? Tu serais pas plutôt dans celle du Quartier Ouest ? Non parce que t'es plutôt mignon et ça m'emmerderai que tu te fasses démonter la gueule par un des gangs... »

D'un air pensif, elle ajouta comme pour elle-même :

- « A la limite je leur demanderai de ne pas te toucher... Tu serais quand même nettement moins mignon avec un oeil éclaté et le nez pété. »

Chez Calypso, tout était naturel. Pas de chirurgie plastique, pas de tonnes de maquillage ou autre. Tout était naturel et c’est justement ce qui faisait qu’elle était vraiment unique. Le nombre de fille qui rageaient en la voyant passer… Et toutes ces pompoms-girls qui s’étaient faite refaire le visage alors que Calypso n’avait rien eut à faire. Aaaah, comme la vie est bien faite !
Calypso avait un visage magnifique, sans imperfection, un corps magnifique et bien entretenu : bah le sexe, c’est une sorte de sport, non ? Breeef… Elle respirait la perfection !

Le japonais lui adressa un petit sourire timide, puis il eut l’air étonné, puis pensif… Hum… Il n’était pas net du tout ce mec. Calypso savait reconnaître le vrai du faux, expérience de prostituée de luxe, et ce mec là jouait un rôle. Oh, il le jouait très bien, pas de soucis la dessus, et n’importe qui d’autre se serait fait avoir. Oui mais voilà, Calypso Storm n’était pas née de la dernière pluie et les mecs qui se cachaient derrière un rôle, elle savait les reconnaître. Ca lui avait éviter de nombreux faux-clients, des mecs inutiles et surtout ça l’aidait bien dans la vie de tout les jours. Vivre à New-York n’était pas facile du tout et même Calypso avait du mal de temps en temps. Oui elle était riche, mais elle l’était devenue grâce à son propre travail ! Oui bon c’était une prostituée, et alors ? Elle avait de nombreux clients bien placés, des riches comme des moins riches mais tous occupaient une place plus ou moins importante dans la ville. Que ce soit des chefs d’entreprises, des chefs de gangs, des policiers hauts gradés, etc… Calypso s’était forgé son petit nid, son cocon tout autour d’elle et quiconque s’en approchait devait faire face à un paquet d’ennemis. Ce qui démarquait Calypso des autres prostituées, c’était qu’elle choisissait ses clients et surtout qu’elle rendait ses clients accros à elle. C’était pire que de la drogue, ils voulaient toujours plus de temps avec elle. Même si c’était une simple après-midi sans sexe, ils la voulaient près d’elle. Certains l’avaient même demandée en mariage mais elle avait refusée, elle aimait bien sa petite vie…

- « Non non, je ne me suis pas trompé, c'est bien ici que je me suis inscrit. Pourquoi, j'ai plus le physique de celle du Quartier Ouest? »

Le revoilà qui jouait un rôle… Hum… Il avait un vrai problème ce japonais ou quoi ? La blonde sourit et se pencha légèrement en avant.

- « En effet. T’as plus une tête d’intello que de chef de gang. »

Youplaboum ! Calypso n’allait pas non plus être gentille éternellement ! Non mais oh ! Vous parlez de Calypso Storm, la Reine de l’Académie, la Déesse du Quartier Nord et euh… fin voilà quoi !

- « Bon, bah, pour le coup je suis vraiment en retard. Quitte à l'être, autant attendre encore un peu à vos côtés, votre compagnie m'est tellement charmante... »

Qu’il est mignon ! Calypso ne put s’empêcher de rire. Ca lui faisait penser au discours qu’avait eu un jour un de ses clients. Ca avait été un truc du genre : « Ta compagnie m’est tellement importante que si on m’en privait, je me tuerait ! ». Un jour Calypso avait voulu voir si c’était effectivement le cas et elle avait arrêté de voir ce client pendant trois jours. Résultat ? Il s’était pendu. Bah… Un de perdu, dix de retrouvé !

- « Est-ce que je peux me permettre de m'asseoir à vos côtés? »

Calypso haussa un sourcil d’un air légèrement moqueur.

- « De toute façon tu avais déjà commencé à le faire. »

Ha ! Il y avait des failles dans son rôle… Pas d’chance ! Calypso était la Reine pour repérer ce genre de chose, remarque c’était la reine tout court ! Haaa… Que c’était amusant de rencontrer de nouvelles personnes dès le matin ! Avec un peu de malchance, un chef de gang passerait par là et éclaterait la tête du nouveau qui, du coup, serait beaucoup moins beau et, du coup, Calypso s’en désintéresserait. Ô ! Dure loi de la nature !
La blonde laissa donc le japonais s’asseoir à ses côtés et ne put s’empêcher, encore une fois, d’admirer son tatouage.

- « Joli tatouage… »

Elle aussi en avait un, mais pour le voir fallait avoir de la chance et se retrouver dans son lit. Non en fait le tatouage se situait en bas de la colonne vertébrale, en bas du dos quoi. C’était une rose mais comme elle était habillée, zut alors !, et bin elle était pas voyante du tout. Seuls les clients pouvaient l’avoir vu et certaines de ses amies, comme Camélia par exemple. Tiens d’ailleurs, ça faisait longtemps qu’elle n’avait pas vu Camélia ! Hum… Ce n’était pas très sérieux ça ! Pour la peine elles se payeraient un restaurant un de ces jours ! Eh oui… Les deux étudiantes avaient parfaitement les moyens de se payer des restaurants chers. Camélia un peu moins puisqu’elle dépensait énormément d’argent dans la drogue mais bon… De toute façon Camélia et Calypso, c'était comme deux soeurs, deux Reines. Une blonde et l'autre brune, Lumière et Obscurité...

- « Comment ça se fait que tu arrives seulement maintenant ? Tu viens du Japon, non ? Pourquoi as-tu quitté ce pays civilisé pour venir dans la jungle new-yorkaise ? »

Elle était déjà allée au Japon, lors d’un voyage avec un de ses clients. Elle avait beaucoup apprécié le pays et ne comprenait pas qu’on puisse vouloir le quitter. Quitter New-York, c’était compréhensible si on tenait à sa vie, mais le Japon ? N'était-ce pas un pays très développé, riche et puissant ? En plus la vie était cool là bas, non ? Enfin remarque, Calypso n'était pas sortie du Quartier bourge où elle s'était trouvée. Elle avait traîné dans des rues remplies de riches bourgeois, de gens qui ont su tirer profit du malheur des autres. Elle n'était, d'ailleurs, pas passée inaperçue lorsqu'elle était allée au Japon. Il fallait dire qu'une blonde comme elle ça se repérait facilement et ça ne s'oubliait pas. Il lui semblait même qu'elle avait déjà eu une aventure avec un chef de gang japonais, ou alors était-il indien ? Ou français ? Hum... Calypso n'arrivait pas à se souvenir du nombre de ses conquêtes tant il y en avait. Elle se souvenait seulement que son client lui avait fait un caca nerveux vite oublié au lit et le lendemain il lui avait acheté un magasin entier de vêtement pour se faire pardonner sa mauvaise humeur de la veille. C'était ça qu'il y avait de bien avec les mecs, ils s'excusaient même lorsqu'ils n'avaient pas à le faire...
Avec la chance qu’elle avait aujourd’hui, il était presque évident qu’une bagarre n’allait pas tarder à avoir lieu dans quelques instants et que du coup, un mec allait encore passer par la fenêtre. Comme chaque matin…

- « Arigato gozaimasu »

Euh... Il racontait quoi, là ? En entendant le japonais parler sa langue natale, Calypso sentit passer un long moment de solitude. S'il venait de l'insulter, il allait prendre cher ! Une fois que Calypso aurait compris ce que cette putain de phrase signifiait ! Merde ! Ça voulait dire quoiiiii ?! Il avait l'air de ne pas avoir trop apprécié le coup de l'intello et avait eut du mal à digérer d'avoir foiré son "rôle". Peut être qu'il lui disait d'aller se faire foutre ? Han ! Non ! Pas de conclusion hâtive ! Bon... elle voulait dire quoi cette phrase ? Soudain ce fut l'illumination divine et Calypso se remémora tout son voyage au Japon. Mais ouiiii ! "Arigato gozaimasu !" c'était ce que répétaient les vendeuses à longueur de journée ! Ça voulait dire "merci beaucoup" ! Boarf... Un simple "cimer Alber" aurait suffit. Quoique... Non. Calypso lui aurait foutu une bonne tatane dans son tronche d'asiatique de mes deux. Hum... Vulgarité quand on peut... Comment on disait "de rien" ? Euh... Atroce trou noir. Aaaah... Décidément ce n'était pas son jour de chance aujourd'hui ! Bon ! Calme... C'est pas sorcier le japonais, merde !

- « Douitashimashite. »

Ah bah voilà ! Calypso ne put retenir un petit sourire d'auto-satisfaction. Elles n'étaient pas si nombreuses que ça les personnes qui étaient allées au Japon et qui se rappelaient encore de la base de cette langue. Bon c'était peut être pas tout à fait ça la tournure japonaise mais bon... Calypso était américaine, avait un caractère de cochon et s'était fait chier pour répondre en japonais à ce putain d'asiatique alors s'il commençait à la reprendre : elle le butait.
Hum... Quelle vulgarité dans la tête d'une poupée en porcelaine. Heureusement que tout ce qu'elle pensait ne se révélait pas être à la vue de tout le monde... Imaginez un peu la tronche des gens s'ils savaient ce que Calypso pensait... Pendant tout son périple mental, Calypso avait gardé un petit sourire sympathique alors que mentalement elle insultait de tout les noms le japonais qui avait eu la mauvaise idée de parler sa langue. Quoi que maintenant elle pouvait se la péter vu qu'elle aussi savait parler japonais ! Enfin parler... c'était un grand mot...
Calypso se saisit d'une de ses mèches de cheveux et l'entoura autour de son index droit. Elle s'ennuyait un peu. C'était pas son jour de chance, elle était en retard, elle avait rendez-vous avec un de ses clients les plus possessif ce soir et elle avait la flemme d'y aller. C'était toujours pareil avec lui ! Fallait toujours qu'il lui raconte sa dure vie de travail et qu'il explique par A+B que c'était lui le plus malheureux du monde. Bon... Calypso l'aimait bien quand même parce qu'il dirigeait Dior, une des vieilles entreprises qui n'avaient pas fait faillite, et puis qu'il était marrant sous ses airs de martyr.

- « Ah, la question du retard... Moi qui pensais être devant une élève et pas une pionne. Pourtant, si t'es une pionne, tu fais vraiment pas ton âge. Je veux dire dans le sens où t'as pas une ride, rien, et que... Hum... Bref. Excuse-moi je me laisse emporter. »

Ouhlala... Il baragouinait quoi le japonais, là ? Calypso haussa un sourcil et ne put s'empêcher d'éclater de rire devant l'air blasé du japonais. Il était vraiment trop drôle ! Il avait l'air tellement paumé... Le petit japonais perdu dans la jungle new-yorkaise. Calypso sentit que Camélia allait bien s'amuser avec lui.

- « Mais dis moi, est-ce que, malgré ma tête d'intello, je réussirai à me faire accepter ici? Parce que, je suis venu là pour être tranquille. Oui, j'ai quitté le pays civilisé qu'est le Japon pour venir ici. Je vois pas pourquoi rester dans un pays quand on n'y a plus d'attache... »

Calypso crut qu'elle allait se rouler par terre tant elle riait. Ça faisait longtemps qu'on lui avait pas sortit des trucs aussi énormes ! Il la prenait pour une pionne, il jouait un rôle trop évident et il essayait de la draguer. Quoi que sur ce dernier point elle était pas convaincue. Décidant de pimenter un peu l'ambiance de cette discussion très amusante, Calypso se leva pour répondre à un appel de Camélia. Après un rapide échange de mots, Calypso raccrocha et se retourna vers le japonais qui n'avait pas bougé d'un pouce.

- « Désolée de te décevoir mais je ne suis pas une pionne. J'espère que j'ai pas encore trop de rides parce que bon, je n'ai que 17 ans et ça m'emmerderait d'être couverte de plis... Je suis en Première et oui j'ai redoublé mais étant donné que toute ma classe l'a fait, j'me sens pas trop conne. Pour ce qui est de te faire accepter, ça devrait pouvoir le faire si tu arrêtes de me jouer ce petit rôle absolument pas crédible. »

Yoplaboum ! Calypso lui fit un grand sourire du genre "eh ouais.. t'es grillé mon pauvre !" Calypso avait apprit à discerner les mensonges et les rôles. En temps que prostituée, ça aurait été un problème si elle n'avait pas su repérer le vrai du faux et les rôles de la vraie personnalité. Elle s'était déjà fait avoir une fois par un mec qui avait dit avoir de l'argent et qui avait l'air gentil : il n'avait aucun sous et en plus il était sadique. M'enfin... Ça c'était du temps où Calypso était sous les ordres d'un maquereaux, de ce connard d'Andrew de merde ! Ah... Qu'est-ce que le passé ne lui manquait pas du tout. Calypso repérait le vrai du faux mais ce n'était pas toujours une qualité et un bienfait. Le nombre de fois où elle avait été déçue par des gens se prétendant être ses amis alors qu'au final ils ne pensaient qu'à tirer un coup.Tout en enfonçant son talon dans le sol, Calypso entendit des pas se rapprocher d'eux. Elle se retourna et se retrouva nez à nez avec un mec de deux mètres de haut et à l'air franchement pas sympathique. La situation devait porter à confusion pour quiconque ignorait le statut de Calypso : une jolie blonde face à une masse de muscle a l'air patibulaire. Calypso haussa les sourcils et posa les mains sur les hanches d'un air franchement las. Se redressant le plus possible, elle toisa la masse de muscle d'un air énervée. Elle s'apprêtait à l'envoyer balader lorsqu'elle entendit du mouvement sur sa droite. Et si c'était le japonais qui venait sauver la gentille blonde ? Hum... Calypso choisit de se taire et de voir ce qui allait se passer.

- « En Première? Et t'as redoublé? Bah, normal quoi. J'ai bien un an de plus que toi, et je suis en Première aussi... Donc je vois pas pourquoi tu te sentirais conne. Pour ce que ça va servir ce qu'on apprend en cours... »

Calypso sourit simplement , dévoilant ses dents blanches et parfaitement alignées. Qu'est-ce qu'elle souriait aujourd'hui ! Elle allait finir par dépasser son quota de la semaine !
Mais c'est qu'il avait de bonnes idées ce japonais ! En plus d'être mignon, il n'était pas con... En lui disant qu'elle n'était pas une pionne, Calypso avait décidé de le tester pour savoir si ça valait la peine de rester avec lui et la réponse était positif. Il était amusant, charmant, très bien foutu et avec son accent qu'est-ce qu'il était sexy... Hum hum...
Notre cher Calypso Storm prit un malin plaisir lorsqu'elle vit le masque du japonais se briser, enfin depuis le début de la discussion il avait commencé à se fissurer mais là il était en mille morceaux. Calypso détestait les gens qui portaient des masques pour cacher leur véritable personnalité. Qu'ils s'assument ou qu'ils se pendent ! Pourquoi tant de haine à l'égard de ceux qui mentaient ? Parce que Calypso avait beaucoup trop souffert à cause des mensonges incessants de son ancien entourage. Lorsqu'elle avait été prostituée à la solde d'Andrew, elle avait dû enchaîner les mensonges de ses "clients" qui lui promettaient une vie meilleure sans en penser un traître mot. Mais dans l'esprit de la gamine qu'était à l'époque Calypso, ces mots voulaient tout et rien dire. Elle rêvait qu'on la sauve, qu'on lui rende sa liberté. Elle rêvait d'une vie où elle pourrait rire et chanter sans se poser des questions sur l'odeur de sperm qu'elle sentait constamment sur elle. Petite, Calypso avait rêvée de pouvoir s'envoler et de pouvoir fuir la prostitution en même temps que New-York. Ironie du monde dans lequel elle vivait, aujourd'hui elle avait beau être libérée d'Andrew elle restait prostituée. Mais son regard sur la société avait changé...
Les hommes, les femmes, qui se démenaient pour survivre la faisait rire. Les dealer la dégoûtait et le simple fait de sentir une main se poser sur son épaule la faisait frisonner de dégoût. Calypso était écœurée par la stupidité de l'Homme, par le mensonge quotidien des politiques qui disaient vouloir redonner toute sa splendeur à l'Amérique mais qui au final se contentait de se remplir les poches de billets tout neuf. Calypso faisait partit des gens qui rêvait d'un autre monde. Ou plutôt elle faisait partit de ce groupe... En voyant le japonais prendre sa défense, Calypso sourit et le regarda essayer de plaquer au sol la masse de muscle que représentait l'homme le plus stupide au monde. Celui-ci s'apprêtait à réagir en envoyant le japonais s'envoler vers d'autres horizons, mais le mec avait été bien plus rapide à réagir que la masse de muscles et il se trouvait déjà hors de portée des gros bras gras mais musclés. S'avançant d'un pas, Calypso décida d'interrompre cette stupide bagarre, enfin ce début de bagarre inutile.

- « Lâche-le et casse-toi. Tu diras à ton chef qu'il aille se faire foutre et que je ne suis pas assez stupide pour le laisser m'approcher d'avantage. Qu'il retente encore une seule chose envers moi et je t'assure que vous trouverez de jolis cercueils à vos noms dans les jours suivants. »

Non, elle n'était plus cette gamine ignorante du monde qui l'entourait. Elle n'était plus cette jeune fille qui avait grandit trop vite et qui rêvait d'un monde meilleur. Non... Se redressant et croisant ses bras sur sa poitrine, Calypso fit un pas en direction de la masse de muscles qui décida de battre en retraite et après avoir lancé un regard noir en direction du japonais, il partit de son pas bourru et lourd. La blonde le regarda s'éloigner d'un air las. Cette masse de muscles n'était que l'envoyé d'un chef de gang qui avait décidé qu'il allait mettre la Reine dans son lit. Sauf que la Reine en question, n'en avait aucune envie. Le chef était sans intérêt en comparaison avec son chef à elle. Quand elle disait "son chef de gang à elle", elle pensait à l'homme qui l'avait sauvée des griffes de Andrew, au chef de gang le plus influent du Quartier Nord, à un meurtrier recherché par la police depuis bien longtemps, à un mec sacrément bien foutu et à un Dieu du Sexe. Et oui, cet homme était celui qui comptait le plus aux yeux de la blonde. Quiconque s'en prendrait à lui, s'en prendrait indirectement à Calypso. Enfin remarque... il fallait être totalement timbré pour s'en prendre à ce mec là...
Se tournant vers le japonais, Calypso lui sourit. Il avait l'air vraiment paumé...

- « Je ne me suis pas présentée : je suis Calypso Storm, la Reine de cette Académie. Et toi ? A qui ais-je l'honneur ? »

Elle ne lui avait énuméré ses nombreux surnoms comme celui de la Déesse du Quartier Nord ou celui de la Tempête du Nord... Elle serait passé pour une prétentieuse ! Enfin bon, c'est ce qu'elle était. Calypso n'était plus faible, elle était puissante et influente. Elle était dangereuse, prétentieuse mais magnifique. Elle était l'élève la plus puissante de l'Académie et la personnalité la plus influente du Quartier Nord. Calypso n'était plus une gamine mais une adulte accomplie. C'était une prostituée de luxe, connue et admirée, désirée et détestée. C'était la Reine et quiconque louchait trop sur son trône voyait sa durée de vie diminuer.

- « Avant que ce gros con arrive, tu me parlais de toi. Tu pourrais continuer ? »

Calypso était curieuse de savoir pourquoi il avait quitté le Japon. Et puis s'il refusait, elle partirait et ce serait tout.

- « Moi c'est Naoki, Naoki Natureku. Ca veut dire l'arbre qui se tient droit, donc l'honnêteté. Et j'ai quitté le Japon car, comme je te l'ai dit tout à l'heure, je n'y ai plus d'attache, donc autant commencer une nouvelle vie ici... Et toi? Tu peux m'éclairer sur un point? Tu entends quoi par la "Reine de l'académie"? Tu récoltes les impôts des élèves de Weins? »

Naoki, ça lui allait bien comme prénom… En plus d’être bien foutu, il avait un nom craquant. Hum… S’il continuait comme ça, Calypso allait finir par le manger tout cru. Putain qu’est-ce qu’il était craquant avec son petit air interrogatif… La Reine de l’Académie sourit de toutes ses dents et passa sa main dans ses cheveux blonds. Ses yeux bleus océans plongèrent dans ceux du japonais. Mon Dieu qu’il était craquant…
Récolter les impôts ? Ça aurait pu être amusant mais les gens étaient tellement pauvres que ça aurait été à peine de quoi s'acheter des bonbons. De toute façon Calypso était très riche grâce à son métier et elle n'avait pas besoin de récolter quoi que ce soit de la part des moins que rien qui fréquentaient cette Académie !

- « La Reine de l’Académie est élue tous les ans. C’est la fille la plus populaire et la plus belle de l’Académie. C’est la sixième fois que je suis élue et je t’assure que je n’utilise aucune chirurgie plastique. Je ne récolte pas les impôts mais je contrôle l’Académie. Comment t’expliquer… Hum… En fait je suis la personne la plus puissante de l’Académie, j’ai à mes pieds tout les groupes et généralement quand on m’attaque je réplique violemment. Être Reine de l’Académie ce n’est quand même pas se contenter de porter une couronne et de sourire bêtement. Dans d’autres académies, sûrement, mais ici c’est autre chose… Être Reine à Weins, c’est posséder sous ses doigt l’Académie la plus crainte de tout New-York. Il suffit que je fasse un geste et les autres m’obéissent. Être Reine, c’est être la meneuse de l’Académie. Être la Reine de l’Académie Weins, c’est être surveillée par les réseaux de l’Etat parce qu’un seul geste de ma part et les cas sociaux qui se trouvent dans cet établissement partent en guerre contre le gouvernement et c’est bien ce qui fait le plus peur à l’Etat. En résumé c’est moi qui contrôle ce lieu. »

Calypso haussa les épaules : difficile de décrire ce qu’était la Reine de l’Académie. Elle contrôlait, point barre.

- « Mais être Reine c’est aussi contradictoire puisque je suis au dessus de tout les problèmes des autres. Je ne récolte aucun impôts : juste l’admiration et la haine et ça me va. M’enfin, je ne sais pas vraiment comment t’expliquer ça alors bon… tu devrais peut être demandé au proviseur lorsqu’il reviendra. »

Calypso soupira et s’étira. Son portable sonna mais elle ne répondit pas : la flemme. Suivit un intense moment de réflexion : comment pouvait-on expliquer ce qu’était la Reine de l’Académie ? Huum… Bah si la définition ne lui allait pas : il n’avait qu’à aller demander à quelqu’un qui saurait lui expliquer. Comment ça Calypso était prétentieuse ? Absolument pas ! C’est juste qu’elle s’assumait et qu’elle ne se sous-estimait pas. Elle était belle : elle le savait. Elle était puissante ? Elle le savait aussi. Calypso avait vécu dans la merde, dans la prostitution, dans les bas-quartiers et aujourd’hui elle était puissante et au dessus des meilleurs quartiers. Elle était fière de ce qu’elle était devenue, et elle avait de quoi. Qui pouvait se vanter d’avoir réussit une pareille ascension sociale ? Peu de gens. Calypso avait d’abord été une enfant choyée par son père et haït par sa mère. Elle s’était faite violer puis kidnapper le jour de ses dix ans, avait été emmenée à New-York et avait servit de boîte à sperm pour des centaines de mecs pendant des années. Puis Matt avait égorgé son maquereau : son ancien violeur et kidnappeur, Andrew. Calypso avait alors été libre et elle s’était enfuie dans le Quartier Nord, dégoûtée par les hommes en général. Elle passait le plus clair de son temps, lorsqu’elle n’était pas à l’Académie, assise par terre à regarder les gens passer. Les habitants s’étaient pris d’amitié pour elle et puisqu’elle était sous la protection de Matthew, il était hors de question qu’on s’en prenne à elle. La blonde avait fini par s’élever dans la société et de prostituée de bas-étage, elle était devenue prostituée de grand luxe. De simple habitante elle était passée à Déesse du Quartier Nord. Alors, oui : Calypso avait de quoi se vanter. Et si le japonais était horrifié par sa personnalité : il n’avait qu’à se pendre, merde ! Calypso était comme elle était et c’était tout. Il était hors de question qu’elle se cache derrière un masque !

Calypso se tourna vers le lycée et vit une bande de cinq mecs en sortir en riant : ils devaient sans doute sécher… comme d’habitude, quoi. Calypso se demanda si elle devait aller les voir pour les renvoyer en cours mais elle n’eut pas le temps de le faire. Les garçons l’aperçurent et lui firent de grands signes de mains auxquels elle répondit par un grand sourire. Non, ils avaient le droit de sécher après tout… ils étaient mignons et gentils : parfaits quoi ! Oui Calypso faisait du favoritisme, et alors ? Qui s'en plaignait ? Personne ! Enfin si mais ils n'étaient pas important du tout !

- « Mais ne parlons pas de moi, parlons plutôt de toi, si ça ne te gêne pas. A voir ton aptitude à te cacher derrière un masque, j’en conclu que tu as vécu dans la rue un certain temps. Pourquoi ? »

Calypso décryptait les gens comme des machines. A voir tel ou tel regard, elle savait ce qu’il avait vécu et pourquoi, du moins en surface. Elle était incapable d’être sûre de la vérité mais après tout, elle s’en fichait. Elle était curieuse et son ‘’talent’’ de décrypter les gens lui était très utile pour assouvir ses envies de potins.
Ce japonais avait l’air d’avoir une histoire particulièrement intéressante et Calypso avait hâte d’en savoir plus. Qu’avait-il vécu, fait ? Hum… Pourquoi ce désir de tout savoir ? Sans doute parce que la blonde avait besoin de se prouver qu’elle n’était pas la seule à avoir souffert, même si c’était tout de même elle qui avait souffert le plus ! Enfin ! C’était Calypso Storm ! Elle revenait du pays des morts, là ! Elle avait eut une enfance de rêve jusqu’à ses dix ans puis tout avait basculé et maintenant elle revenait du pays des morts pour emmerder les vivants.
Mademoiselle Calypso Storm. Profession ? Prostituée de grand luxe, Reine de l’Académie et Déesse du Quartier Nord. Ce qu’elle aime ? Emmerder les gens, les rabaisser, se rendre compte que c’est la plus belle… Ce qu’elle déteste ? Qu’on la questionne sur son passé…

Tiens, j'avais pas encore remarqué qu'elle avait les yeux bleus. Limpides comme l'eau. Comme l'océan qui borde le Japon... J'y allais souvent d'ailleurs. C'est un lieu de chasse privilégié pour les Apollons dans mon genre. Vantard ? Non, réaliste, c'est tout. Par exemple, je sais que je ne saurai jamais résoudre une putain d'équation du genre (ax²+bx+c)(R-x²+3)=8, ni écrire une dissertation de 6 pages sur le jugement d'un historien. Mais, après tout, à quoi ça sert dans la vie? Vous croisez tous les jours des gens qui vous demandent de résoudre une équation du second degré ? Non ? Et bah moi non plus. Donc, je repose la question : A quoi ça sert ?

Bon, je m'égare, j'étais à la plage, au Japon. Les filles là-bas... C'est trop simple de les attirer dans son lit. Ou juste par terre, ça dépend. Hum. Je dérive là. Bientôt, je vais plus me tenir. Bref. L'océan, l'infini, le large, la liberté. Les dauphins. Oui, j'ai bien dit dauphins. Ils ont la vie tranquille eux. Aucune barrière, que du plaisir pendant toute leur vie. Mais il y a quand même un inconvénient à la vie de cet animal. Le conformiste ( Ouah, première fois que je me sers d'un mot appris en SES. Enfin, appris... Je me comprend). Ils sont tous pareils, suivent tous la même voie, le même route. Aucune réflexion individuelle.

Je divague complètement. Ca doit être la nostalgie de "mon" pays. La blonde me parle. Pardon. Pas la blonde, Calypso.

- Long dialogue de Calypso -

Oh, donc, j'ai rencontré Big Mamma. Qui n'a pas de chirurgie esthétique.

Etonnant.

C'est possible d'avoir la peau si lisse que ça, aucune imperfection, comme l'acné? Pas que j'en ai beaucoup. Un petit bouton de temps en temps. Mais quand ça m'arrive, c'est quand même la catastrophe...Vous imaginez? Un bouton en plein milieu du front, pour un beau gosse comme moi, c'est... Tragique. Je le cache comme je peux, sans crème je-sais-pas-quoi de jour, j'ai pas les moyens.

C'est quand même fou ça. La première personne à qui je parle dans mon nouvel établissement (il faudra que je pense à aller en cours, d'ailleurs...), c'est la reine. Ca peut tomber que sur moi ça... Franchement pas de veine...
J'y pense, c'est sûrement pour ça qu'elle a remarqué que je jouais un rôle. Parce que peut pas se hisser comme ça à la tête d'une école sans avoir un minimum de connaisances dans ce domaine...

- « Mais être Reine c’est aussi contradictoire puisque je suis au dessus de tout les problèmes des autres. Je ne récolte aucun impôts : juste l’admiration et la haine et ça me va. M’enfin, je ne sais pas vraiment comment t’expliquer ça alors bon… tu devrais peut être demandé au proviseur lorsqu’il reviendra. »

L'admiration et la haine, hein? J'ai connu ça... Et c'est pas simple tous les jours...Sonnerie de téléphone. C'est le mien? Non, je crois pas, ça a pas l'air d'être ma sonnerie. C'est marrant, elle répond pas. Tout à l'heure, c'est tout juste si elle m'a dit pardon... Etrange, cette Calypso...

Bruits de rires. Rien de grave, juste des gamins qui sèchent. Comme moi quoi. C'est sans importance... D'ailleurs, elle doit aussi être de mon avis vu qu'elle s'est détournée d'eux...

- « Mais ne parlons pas de moi, parlons plutôt de toi, si ça ne te gêne pas. A voir ton aptitude à te cacher derrière un masque, j’en conclu que tu as vécu dans la rue un certain temps. Pourquoi ? »

Un soudain intérêt pour ce pauvre petit Japonais que je suis? Quelle grandeur d'âme... A moins qu'elle attende quelque chose de moi? De toute façon, personne ne pourra jamais tout savoir sur moi. En tout cas, c'est ce que je pense...

"Si ça ne me gène pas? Malheureusement si, ça me gène, et même beaucoup. Mais bon, que peut-on refuser à la Reine de l'académie, hein? Alors, pour te répondre, je vis dans la rue par nécessité, pas par choix. C'est pas forcément négatif, ça aide même beaucoup. Surtout pour savoir ce que pensent les gens par rapport à leurs réactions. Par exemple, quand je te vois, je peux te dire que tu es riche, voire très riche, adulée, au vu de la réaction des gars tout à l'heure. Je pense que tu dois aussi être détestée par certains, surtout par des filles qui sont jalouses de toi."

Oui, moi aussi je peux analyser les gens. Et j'en suis fier.

"Quant à ma vie dans la rue, comme tu l'as dit tout à l'heure, tu ne récoltes pas les impôts. Tant mieux, parce qu'avec moi t'aurai pas eu grand chose. Tout le monde n'est pas de ta classe sociale. Tu veux que je parle de mon passé aussi? Eh bien, si je te dis que j'ai renié ma famille, ça te vas? Si je te dis que mon père était un gros con, oui, il est mort, et ma mère une pute qui ne m'aime pas, ça te vas aussi? Parce que, je dirais rien d'autre. Mais parlons un peu de toi. Comment ça se fait que tu t'intéresse à mon histoire? Tu veux te prouver quelque chose? Peut-être que tu as eu la meilleure vie du monde? Ou, au contraire, la pire? Sache aque tout le monde a ses propres merdes, sa propre histoire, et que tout le monde ne veut pas forcément se confier à des gens qu'ils ne connaissent pas. Je ne te critique pas, loin de moi cette idée, mais je pense que quand on demande à quelqu'un de raconter sa vie, on doit en faire autant de son côté, même si c'est désagréable."

Voilà, c'est dit. Je suis pas énervé. Non, sérieusement, j'affiche même un calme olympien. Mais, je trouve que les richards qui se croient tout permis, ou presque, - et je la considère comme tel - on doit leur remettre les points sur les I de temps en temps. J'espère juste qu'elle va pas le prendre mal. Parce que, malgré ce que je lui ai dit, je l'apprécie, cette Calypso...

- « Si ça ne me gène pas? Malheureusement si, ça me gène, et même beaucoup. Mais bon, que peut-on refuser à la Reine de l'académie, hein? Alors, pour te répondre, je vis dans la rue par nécessité, pas par choix. C'est pas forcément négatif, ça aide même beaucoup. Surtout pour savoir ce que pensent les gens par rapport à leurs réactions. Par exemple, quand je te vois, je peux te dire que tu es riche, voire très riche, adulée, au vu de la réaction des gars tout à l'heure. Je pense que tu dois aussi être détestée par certains, surtout par des filles qui sont jalouses de toi. »

Gnagnagna... Si ça le gênait, il n'avait qu'à fermer sa gueule ! Non mais c'est vrai ça ! Prendre l'excuse de la Reine, ça c'était ridicule. S'il voulait pas en parler, il n'avait qu'à le dire. Calypso s'en foutait qu'on lui refuse quelque chose à ce niveau. De toute façon elle avait qu'à demander à un autre et puis voilà ! Non mais oh ! Fallait pas non plus croire que Calypso voulait tout avoir... oui bon si, elle voulait effectivement tout avoir et tout savoir et si le japonais avait refusé d'ouvrir sa gueule, il aurait prit trèèèès cher...
Hum hum... Bon Calypso ne lui en voudrait pas, malgré le fait qu'elle soit extrêmement rancunière, parce qu'il avait utilisé les mots magiques, sans s'en rendre compte sans doute. Il l'avait flattée or Calypso était très fière d'elle-même et elle adorait qu'on lui fasse remarquer sa beauté par d'autres sous-entendus que "T'es super sex !". Le fait de parler des filles qui devait être jalouses de la blonde, filles qui existaient évidemment, faisait monter l’ego sur-dimensionné de Calypso à des sommets effrayants. Bien évidemment, la blonde maîtrisait à la perfection l'art du "je-ne-montre-pas-que-je-suis-super-contente-de-ce-que-tu-as-dit" alors ce petit voyage au sommet de l'égoïsme resta inconnu pour le japonais. La blonde se contenta de l'écouter en le regardant droit dans les yeux. Son regard ne cillait pas et restait droit, tranchant et sûr. Calypso regardait toujours les autres yeux dans les yeux, afin d'éviter de paraître pour une faible ou tout simplement pour impressionner l'autre.
Quant au petit numéro de voyant du japonais, il n'impressionna nullement la Reine qui se contenta de sourire simplement. N'importe qui aurait pu se douter de sa richesse en voyant ses vêtements hors de prix, n'importe qui aurait pu en conclure qu'elle était adulée puisque c'était la Reine. Pas besoin d'être sorcier pour s'en rendre compte.

- « Quant à ma vie dans la rue, comme tu l'as dit tout à l'heure, tu ne récoltes pas les impôts. Tant mieux, parce qu'avec moi t'aurai pas eu grand chose. Tout le monde n'est pas de ta classe sociale. Tu veux que je parle de mon passé aussi? Eh bien, si je te dis que j'ai renié ma famille, ça te vas? Si je te dis que mon père était un gros con, oui, il est mort, et ma mère une pute qui ne m'aime pas, ça te vas aussi? Parce que, je dirais rien d'autre. Mais parlons un peu de toi. Comment ça se fait que tu t'intéresse à mon histoire? Tu veux te prouver quelque chose? Peut-être que tu as eu la meilleure vie du monde? Ou, au contraire, la pire? Sache que tout le monde a ses propres merdes, sa propre histoire, et que tout le monde ne veut pas forcément se confier à des gens qu'ils ne connaissent pas. Je ne te critique pas, loin de moi cette idée, mais je pense que quand on demande à quelqu'un de raconter sa vie, on doit en faire autant de son côté, même si c'est désagréable. »

Plaît-il ? Qu'est-ce qu'il racontait l'asiatique ?! Calypso ne put retenir un ricanement moqueur à la fin de la tirade de Naoki. Alors comme ça il la prenait pour une gosse de riche ? La blague... Autrefois Calypso avait été une gosse de riche mais aujourd'hui elle vivait avec son propre argent, ce n'était que grâce à elle-même qu'elle se trouvait aujourd'hui à un statut aussi haut et ce n'était sûrement pas grâce à sa famille qu'elle n'avait jamais plus revue depuis ses dix ans. La vie de Calypso avait été chargée d'obstacles tous aussi éprouvants les uns que les autres et elle estimait qu'elle avait assez souffert. Qu'un petit rat comme cet asiatique se permette de l'accuser l'énervait au plus haut point. Ainsi cet abruti qui avait renié sa famille de son propre chef se permettait de juger une Reine comme elle ? La blague.
Pute... Un mot que Calypso ne supportait pas. Pute c'était pour elle la petite salope qui se faisait baiser dans la rue juste par plaisir et qui demandait un peu de fric pour se payer sa drogue. Calypso était une prostituée, pas une pute. C'était une fille qui n'avait pas eu la chance de choisir sa vie et qui avait dû se prostituer pour survivre. Aujourd'hui encore elle se prostituait mais finalement, on ne pouvait pas vraiment appeler ça de la prostitution... elle choisissait ses clients comme si c'étaient ses petits-amis. Oui, Calypso ne se prostituait plus : elle avait plusieurs amants, c'est tout.

- « Tu veux savoir mon passé ? Je te trouve bien prétentieux pour oser imaginer que la Reine te confiera ce qu'elle a vécu. Mon passé, très peu de personne le connaisse et je n'ai pas l'habitude de m'en vanter : il n'y a pas de quoi. Je ne suis pas une petite bourge telle que tu t'imagines, je l'ai été jusqu'à ce que tout parte en vrille mais ça remonte à très loin. Aujourd'hui je suis ce que tu appelles une pute, mais moi je ne supporte pas cet adjectif, je préfère celui de prostituée qui est bien moins péjoratif. Je suis la Reine de l'Académie, la Déesse du Quartier Nord et la Tempête du Nord. Je suis une prostituée de luxe et même si ça te dégoûte, j'aime mon boulot. Lorsqu'un mec a un harem, on trouve ça normal mais quand c'est une fille, c'est autre chose. Considère moi comme une salope qui se tape plusieurs mecs à la fois si tu veux, mais ne me traite jamais de pute ou alors tu le regretteras amèrement lorsque tes petits amis que tu as fuis viendront du Japon dans un avion en première classe pour venir te péter la gueule. Une dernière chose : tout mes mecs savent qu'ils ne sont pas les seuls dans ma vie, et pourtant ça ne les gêne pas. Je suis peut être pétée de tunes, mais ce fric je l'ai gagné moi-même alors ne viens pas m'insulter de gosse de riche alors que tu ignores tout de moi et de ce que j'ai vécu. »

Calypso se doutait bien que si le japonais était partit du Japon, ce n'était sûrement pas pour venir prendre des vacances à New-Yok... Elle se leva brusquement, sans écouter le japonais, et fouilla dans son sac. Elle en sortit un bout de papier sur lequel elle dessina un plan rapide mais compréhensible de l'Académie. Elle y représenta le bureau des pions et celui du directeur. Ceci-fait, elle donna le bout de papier à Naoki et lui tourna le dos, après lui avoir fait un signe de la main et après lui avoir dit ça :

- « N'arrive pas en retard au prochain cours : moi ça passe mais toi beaucoup moins. J'espère pour toi que tu ne croiseras pas Adam dans les couloirs, sinon tu vas passer un mauvais quart d'heure : il est sur les nerfs le lundi matin. Si tu vois un petit mec brun entouré de deux roux : fait demi-tour et change de couloir. T'as beau être doué pour ce qui est de la baston, tu pourras rien faire contre eux trois : ils viennent du Quartier Nord... »

Puis la Reine se dirigea vers sa salle de cours, de sa démarche féline. Ses longs cheveux blonds virevoltaient à chacun de ses pas et ses talons claquaient sur le sol : Calypso était la Reine de l'Académie et personne n'avait assez de classe et de beauté pour arriver à la détrôner.
Elle n'en voulait pas au japonais, elle s'était d'ailleurs énervée trop vite. Bien évidemment elle aurait dû s'excuser mais sa fierté était bien trop importante pour qu'elle ne s'attarde à s'excuser. Sa mise en garde contre Adam était une sorte d'excuse, s'il la comprenait tant mieux pour lui sinon tant pis. Peut être que si Naoki et Calypso se recroisaient ils réussiraient à parler calmement ? En tout cas en ce moment précis, Calypso était d'une humeur massacrante alors non, le dialogue n'était pas possible. Mais si jamais ils se recroisaient un autre jour, peut être que Calypso lui raconterait son passé... Qui sait ? Il était intéressant ce petit japonais...