La journée avait mal commencée. Très mal commencée... A peine sortie du lit, Calypso avait dû répondre à l'appel lancinant d'un ancien client voulant retourner avec elle. La blonde lui avait expliqué qu'elle était trop cher pour lui et qu'elle ne voulait plus qu'il l'appelle. Il s'était alors mis à la menacer, à lui dire qu'il la tuerait s'il la revoyait, qu'il allait tuer ses proches et tout le blabla habituel auquel Calypso avait le droit à chaque fois qu'elle plaquait un client. La blonde le laissa s'exciter tout seul au bout de la ligne puis lui dit qu'au lieu de dépenser de l'argent pour l'appeler, il ferait mieux de prendre rendez-vous chez un psy. Elle lui raccrocha au nez, nota le numéro avec lequel il avait appelé, l'envoya à un de ses clients qui lui assura aussitôt qu'il allait s'occuper de ce ''problème''. Entre temps, Sven était entré dans la pièce pour signaler à Calypso qu'un individu de sexe masculin venait d'entrer dans le Nord sans autorisation. Les ''gardes'' postés aux frontières n'attendaient qu'un ordre de sa part pour éliminer l'inconnu et, agacée par sa matinée, la blonde donna l'ordre sans se soucier de la vie du misérable abruti qui venait de passer les frontières. Elle entendit le bruit d'un tir résonner puis plus rien : l'individu n'existait plus. Ce genre de problèmes arrivait de moins en moins fréquemment ces derniers temps. Peut-être que les new-yorkais avaient enfin compris ce qu'il coûtait de pénétrer dans le Nord sans autorisation ? Calypso l'espérait car décider de la mort d'un individu tous les deux jours comme ça, c'était ennuyant et mauvais pour le teint. Alors qu'elle sortait de la douche, Matthew arriva avec du sang partout sur ses vêtements. Le brun eut beau lui dire que ce n'était pas son sang, Calypso voulut vérifier qu'il n'avait aucune blessure. Une fois ceci vérifié, les deux se disputèrent pendant dix minutes sur l'état des vêtements du brun et sur les traces de sang qu'il laissait partout dans l'appartement. Ils allaient en venir aux mains lorsque Sven refit son apparition pour signaler à Calypso qu'un dealer de la frontière venait de voir passer une gamine non autorisée. Matthew proposa de la buter mais la blonde déclara qu'il était hors de question de gâcher des balles pour une gamine. Trois habitantes du Nord furent donc chargées de retrouver la gamine et de la foutre dehors avec un bon coup de pied aux fesses pour la dissuader de revenir. Entre temps, Matthew avait filé dans la douche pour éviter de se refaire hurler dessus par la blonde et cette dernière, passablement énervée, quitta l'appartement en claquant la porte. En chemin elle croisa deux nordiques qui lui annoncèrent que la gamine avait été foutue dehors et qu'un assassin à la frontière avait vu des flics s'approcher en civil. Calypso ordonna qu'on tire à vue s'ils tentaient quoi que ce soit puis elle quitta le Quartier en direction de l'Académie. Une fois entrée dans le bâtiment, elle croisa un surveillant qui lui demanda de se rendre au bureau du directeur immédiatement. La blonde soupira mais se pressa pour entrer dans la pièce qui ressemblait à un bureau mais où elle était seule avec un écran noir. Elle conversa pendant quelques minutes avec la voix sortant des enceintes près de l'écran : le directeur ne se montrait jamais et il ne venait jamais en chair et en os à l'Académie. Ou s'il venait c'était sous une autre identité...
Lorsque la discussion fut terminée, Calypso quitta la pièce et se dirigea vers sa salle de cours. Elle assista aux cours pendant toute la matinée et lorsque l'heure du repas arriva, elle fila à la cafétéria manger le sandwich dont elle rêvait depuis son arrivée à l'établissement : avec toutes ces merdes elle n'avait pas eu le temps de manger quoique ce soit depuis son réveil ! En voyant un Plomb se servir dans les plats destinés aux Platine, Calypso lui fit la morale et lui exposa les multiples raisons pour lesquelles il ne pouvait pas manger ça puisque lui, misérable individu en bas de l'échelle alimentaire, n'avait qu'à se contenter des pâtes huileuses destinées aux gens de son espèce. Non mais où allait le monde ?! Si les Platine avaient des meilleurs repas que les Plombs, c'était pour les mêmes raisons que les chambres ! Le gouvernement n'allait pas offrir du caviar à des individus qui passaient leurs temps à cracher sur lui et à l'accuser de tous les mots. Le Plomb tenta d'exposer ses arguments à la Reine mais cette dernière n'était vraiment pas d'humeur à entendre d'autres gémissements de protestation et le jeta rapidement hors de la cafétéria. Elle commençait à en avoir sa claque des Plombs essayant de grappiller les repas des Platine ! Les cours reprirent et lorsque la journée fut enfin finie, Calypso devait aller à un entrainement des cheerladers. C'était comme ça dans l'académie, dès qu'on avait fini les cours on devait aller retrouver son club pour s'entrainer. Bien sûr tout le monde ne s'entrainait pas en même temps : il n'y avait pas la place ! Mais ce jour là, Calypso avait réservé le gymnase pour ses cheerladers et elle avait bien l'intention d'en profiter largement. Dehors le temps était plus que pourri et la pluie tombait si fort que Calypso se demanda si elle n'allait pas devoir rentrer chez elle en nageant. Elle traversa l'établissement et entra dans les vestiaires du complexe sportif. L'endroit était encore désert et pour cause, les cheerladers n'étaient pas censées arriver tout de suite mais Calypso avait décidé de venir un peu plus tôt pour réfléchir à la chorégraphie. Elle ferma son parapluie et le jeta dans un coin de la pièce où il y avait des douches, pour éviter qu'il ne foute de l'eau partout. La Reine s'apprêtait à poser son sac pour se changer lorsqu'elle entendit des éclats de voix. La blonde fronça les sourcils de mécontentement et de perplexité : il n'était censé y avoir personne ici ! Ni une ni deux, la Reine reprit son sac et se dirigea vers l'intérieur du gymnase. Ses talons claquaient sur le sol et comme d'habitude, son apparence était parfaite. Ses cheveux étaient secs, ses vêtements semblaient avoir été fait sur-mesure et sa démarche féline rendait le tout parfait : rien ne pouvait laisser penser que la Reine avait eut une journée pourrie. Elle poussa les portes du gymnase et eut la détestable vision d'hommes stupides. Allons bon... Qu'est-ce que foutaient les footballeurs ici ? Et surtout pourquoi il n'y en avait que quelques-uns ? Une fois que ses yeux glaciaux eurent détaillés les visages stupides de chacun des êtres de sexe masculin dans la pièce, Calypso posa son regard sur les deux seules filles face aux abrutis. Evangeline et Rebecca avaient apparemment voulu être présentes plus tôt que d'habitude et pour ça Calypso leur en était reconnaissante : elle aimait que ses cheerladers se donnent à fond et ces deux-là le faisait très clairement. Les talons de la Reine claquèrent sur le sol alors qu'elle se déplaçait vers l'attroupement. Elle vint se placer entre les deux filles, légèrement en avant et croisa ses bras sous sa poitrine :

« Bah alors mes mignons, on ne sait pas lire ? Le gymnase est réservé pour les cheerladers, c'est pourtant écrit noir sur blanc... »

Oh merde ! Non tout mais pas ça ! Si ça continue comme ça je vais arriver en retard au cheerleading ! Calypso va me décapiter, me tuer, me faire exploser la cervelle si j'arrive en retard ! Cette femme est tellement effrayante quand elle est en colère ! Je ne veux prendre aucun risque avec elle. Je dois arriver au gymnase maintenant sinon je préfère me suicider ! Je commence à marcher très rapidement dans les couloirs de l'académie en bousculant deux ou trois élèves assez dociles pour se laisser faire. De toute façon, il faut être fou pour s'en prendre à moi comme ça. Bien que ça puisse se tenter. Il y aura toujours des plombs qui voudront s'essayer... Alors que mon anxiété monte, une amie m'arrête dans ma course. Elle me dit un banal salut que j'ignore pour continuer mon chemin. Elle va m'en vouloir c'est sur mais quand sa vie est en jeu on s'en tape pas mal.

J'arrive enfin au gymnase ! C'est pour moi une source de joie intense ! Je n'aurais peut-être qu'un bras cassée finalement...J'arrive dans les vestiaires où il y a visiblement personne ! MERDE ! Je me lave les cheveux rapidement pour ne pas prendre une douche que j'estime totalement inutile. Ensuite je commence à mettre mon habit de cheerleader ! Et hop j'enfile la jupette ! Maintenant, il ne me manque plus qu'une chose d'absolument nécessaire ! Un chandail a manche courte ! Évidemment, je n'entrerais pas dans le terrain en brassière. Ça va de soi. Et hop un chandail ! Oh putain je l'ai mis à l'envers ! Pourquoi cela arrive à moi quand je suis super en retard ! Une fois toute habillé et armée de mes pompons, j'avance pour entrer dans le gymnase. Je tends la porte de la poignée qui sépare les deux salles. Mon coeur bat à la chamade et mes jambes tremblent.

Allez Rebecca ça va bien aller ! Gordon est avec moi ainsi que tout le gouvernement.

Cette merveilleuse pensée me rassure un peu. J'entre dans le gymnase et... Un soupire de soulagement il n'y a que Eve et... des footballers ? Mais qu'est-ce qu'il foute ici ? C'est notre territoire et ces connards n'y ont pas le droit avant nous ! Si une personne va se faire décapiter ici, ce ne sera certainement pas moi. J'avance nonchalamment vers Eve pour la soutenir dans cette difficile épreuve qu'est de supporter ces idiots ambulants.

- Vous ne voyez pas que vous n'avez rien à faire ici ? Alors, maintenant, foutez le camp !

Ensuite, c'est Calypso qui arrive. Un petit frisson de peur parcours l'ensemble de mon corps. C'est comme ça à chaque fois que je la croise. Par contre, aujourd'hui je suis plutôt heureuse de la voir arriver. Étant donnée que non seulement je suis arrivé avant H et les autres, mais elle va nous tailler les garçons en moins de deux ! Personne ne dit non à la reine !

Il y avait peu de choses ennuyant plus Calypso qu'une brochette d'abrutis fini. Ou peut-être une ribambelle de crétins se pensant intelligents et sexy alors que non. Quoique finalement, ça revenait au même. En voyant les individus apparemment de sexe masculin devant elle, Calypso se demanda si un coup de talon entre leurs deux jambes pourraient leurs permettre de comprendre le sens de la vie. Non parce que bon ils étaient mignons tous à rire en cœur comme une joyeuse chorale bien obéissante, mais Calypso n'était pas du tout d'humeur à laisser une bande de moins-que-rien pourrir sa journée déjà bien assez à chier comme ça !

« Vraiment ? C'était marqué ? Oh mince alors … on a pas vu ! Sois cool Storm ; il pleut trop dehors il fallait bien qu'on se trouve un endroit où bosser ! »

Alors lui... Calypso se fit la réflexion que l'individu prétendument de sexe masculin en face d'elle avait la tronche du mec ne faisant même pas l'effort de mentir. Ou peut-être pensait-il vraiment être bon comédien ? Qu'importe, Calypso avait juste envie de lui fracasser la tête contre le sol dur du gymnase.

« Oh bah mince alors, j'avais oublié que vous ne saviez pas lire... Tout dans les muscles et rien dans le cerveau, hein ! Quoique dans ton cas ce sera simplement rien dans le cerveau. »

Elle le regarda de travers et son regard semblait dire ''bon dieu que cet individu est mal foutu et sans intérêt'' et venant de la part d'une prostituée, de la Reine de l'Académie et surtout d'une meuf plus que bien foutu, c'était la pire insulte possible pour un mâle.

« Puis bon, c'est pas comme si vous aviez besoin de vous entraîner régulièrement hein ? Pour sauter comme des puces et faire tourner vos jupes assez haut pour qu'on voit votre cul faut pas bosser trop dur j'pense … »

Calypso se retint de ne pas lui envoyer son talon aiguille entre les deux yeux et si intérieurement ça bouillonnait de rage, extérieurement elle n'en laissa rien paraître.

« Soulever ta jupe pour montrer tes fesses, c'est sûr que ça tu connais bien, hein ? Après tout tu le fais à longueur de soirée, non ? »

Sous-entendu tellement évident que Calypso ne pu retenir un ricanement moqueur. Les footballeurs dans leur genre étaient bien connus pour avoir tendance à se moquer des homosexuels. C'était d'ailleurs la seule critique qu'ils réussissaient à balancer aux cheerladers hommes, ces derniers n'étant absolument pas touché par les insultes. Il fallait avoir le cerveau entre les jambes pour sortir ce genre de réflexions et si les cheerladers n'en avait strictement rien à foutre de se faire insulter de gay, les footballeurs eux le prenaient très à cœur. Calypso regarda l'individu en face d'elle bouillir de rage et prit un malin plaisir à ne pas entendre leurs rires lourds et ennuyants. Sérieusement, qui avait eut l'idiotie de les laisser en vie ?!

« Vous devriez peut-être laisser la place aux vrais sportifs ! Non parce que bon, faut dire ce qui est … ça vaut pas grand chose votre délire. Et vous devriez pas trop la ramener en plus parce qu'ici tout le monde sait bien que vous avez triché pour arriver en tête. Partant de là, allez voir ailleurs si on y est ! »

Calypso applaudit la tirade du footballeur, il allait sans doute être épuisé après avoir ouvert la bouche aussi longtemps..., et ses ''clap clap'' retentirent dans le gymnase silencieux.

« Tricher... Mais dis donc, tu l'as trouvé toute seule cette excuse ou on te l'a soufflé à l'oreille ? Non parce que bon, nous accuser de tricherie pour cacher votre manque total d'efficacité et surtout votre inutilité sur le terrain, c'est très intelligent ! Ça m'étonne de toi, pour tout dire... »

La blonde posa ses mains sur ses hanches et déporta son poids sur une de ses jambes. Elle regarda d'un air consterné la bande d'adolescents pré-pubères rigolant comme des abrutis en face d'elle.

« Mais dites-moi.... Vous êtes naturellement idiots ou vous le faites exprès ? Non parce que vous ne me ferez pas croire que vous, crétins ne sachant que courir après un ballon sans réfléchir, pensez réellement pouvoir nous virer simplement parce que votre haleine est aussi atroce que votre physique et aussi, accessoirement, parce que vous avez l'illusion d'être forts et intelligents juste parce que vous êtes en groupe ? Non parce que bon, les petits abrutis de votre genre qui pensent pouvoir me faire peur, eh bien ils finissent régulièrement chez les Plombs. Tiens je me demande si manger de l'huile et dormir sur la paille ça ne vous forcerait pas à utiliser les deux neurones qui se battent en duel dans votre boîte crânienne... »

Calypso les regarda fixement un à un :

« Oh mais attendez, j'ai peut-être parlé trop vite pour vos ''cerveaux''. Faudrait pas que vous chopiez une migraine juste parce que mes phrases font plus de trois mots ! Vous n'êtes tellement pas habitués à parler avec des personnes plus intelligentes que vous pendant plus de trois minutes, pauvres petits... » susurra-t-elle d'un ton qui laissait bien penser que, au contraire, elle se contrefoutait de leurs possibles migraines et qu'elle n'avait aucunement l'intention de leur céder le gymnase. 'Manquerait plus que ça, tient !

J'ai bien hâte que Calypso envoie ces connards à l'abattoir. Pourtant, ces imbéciles continuent de gueuler comme des enfoirées. La reine ainsi qu'Evangéline essaie de toute leurs force pour parvenir a insulté les idiots. Je sais très bien que m'en prendre directement et de cette façon est une pure perte de temps. Pourquoi ? Il suffit de regarder leurs sales tronches d'hommes des cavernes excité aux hormones pour savoir que ces méthodes traditionnelles quoique amusantes sont inefficaces. La situation semble désespéré. Une bande de mecs épanouie dans la connerie dépasse la raison. Par contre, un seul contre nous trois nous supplierait de l'épargner. C'est ironique. Ce qui est sur c'est qu'il ne pense pas du tout aux conséquences que cela va engendrer. James ne sera pas du tout content en apprenant ce qui se passe ici. Et James et moi, nous sommes de bons amis...

En fait, pour moi une insulte ne veut rien dire. Mais les stupidités dites pour le plaisir d'être dit en l'air sans réfléchir... Ça me frustre comme personne ne peut imaginer. Après avoir gardé le silence pendant toute la guerre d'insulte avec ces imbéciles retardées mentales, je crois qu'il est plus que temps que je fasse mon entrée.

- Écoutez... Je vais vous dire un truc que personne n'a encore osée vous le dire en pleine face mais, je trouve important que vous le sachiez. Vous êtes nul. Vous êtes carrément débiles et vos matchs sont tellement monotones et sans intérêts qu'on a envie de dormir dès le tout début. Et là je vous parle de fait et non de jugement. Votre sport est tellement stupide Les seules filles qui veulent de connards comme vous sont des traînées. Des salopes qui vous côtoie seulement pour le cul et dès qu'elles verront un vrai mecs elles vous laisseront à la première occasion. Puisque voyez vous, tout le monde a Weins vous trouvent abruti et sans cervelle. Cela aussi personne ne vous le dit et c'est vrai. La seule raison pourquoi il y a des gens qui assistent a vos matchs ou pratiques c'est parce qu'il espère nous voir encourager vos culs de paresseux drogué aux protéine. Personne ne veut vous voir les gens n'ont de yeux que pour nous. Alors, soyez raisonnable, nous laisser nous entrainé profite a tout le monde. On reste au top et vous avez des spectateurs grâces à nos performances. Ce n'est pas génial ça ?

En plein dans les dents. Ça va boucler leurs sales gueules pour un moment. Non mais si personne les remets à leurs places, qui le fera ? Il était temps qu'on se le dise... C'était plutôt méchant mais peu importe. Ils l'ont cherchés alors ils en subiront les conséquences. Si les garçons sont choqués par la vérité, ce n'est pas mon problème.

La tricherie... Apparemment c'était la seule excuse acceptable pour ces bandes de crétins. Oui parce qu'accepter le fait que les cheerladers aient gagné leur place au sommet, ça leurs était totalement impossible. Ah non puisque le cheerlading ce n'était pas un sport, hein ? Calypso mourrait d'envie de frapper leurs têtes les unes contre les autres pour entendre le bruit sourd que feraient deux cerveaux vides se cognant l'un à l'autre mais elle se retint pour ne pas perdre le jeu. Parce que oui, Calypso savait ce qu'était un jeu et elle ne serait pas celle qui enfreindrait les règles Ô non. Toutes ses répliques et ses regards étaient destinés à réveiller le ''mâle'' et ça avait l'air de bien marcher puisque les crétins d'en face semblaient ne plus savoir comment agir. Ils se regardaient les uns les autres d'un air franchement pathétique et semblaient s'interroger du regard : ils ne devaient sûrement pas tout comprendre de ce que les filles leurs disaient. Après tout elles avaient bien trop de vocabulaire pour leurs misérables cerveaux, si cerveau il y avait ! Les crétins roulaient des muscles, croisaient les bras, reniflaient : bref de parfaits abrutis ne sachant pas comment camoufler leurs nervosité. Les cheerladers, elles au moins, savaient comme camoufler leurs peines et leurs peurs. Quand elles arrivaient devant le jury lors des compétitions, elles avaient toujours de grands sourires, quand on les jetaient à huit mètres de hauteur, elles continuaient à sourire et si elles tombaient, elles se relevaient en souriant. Pouvait-on en dire autant des footballeurs qui se mettaient à chouiner comme des gamins dès qu'ils se faisaient plaquer au sol ? Sûrement pas. Lorsqu'une cheerlader se cassait un bras, elle continuait à s'entrainer, à entretenir son corps et elle apprenait par cœur toutes les chorégraphies pour ne pas prendre de retard. Lorsqu'un footballeur se cassait un bras ? Eh bien déjà il y avait le passage obligé à l'infirmerie où le héros de guerre ferait son testament puis après pendant tout le temps de la guérison, le pseudo-héros n'irait plus aux entrainements et se contenterait de se la jouer guerrier devant les filles. Lorsqu'une cheerlader était malade, la première chose à laquelle elle pensait c'était « mince je vais louper l'entrainement, il faut absolument que je me lève ! ». Quand un footballeur était malade, il se réveillait en se disant « han oui pas d'entrainement, j'vais pouvoir dormir toute la journée ! ». Les cheerladers vivaient pour l'entrainement et pour la compétition. Qu'elles ne s'aiment pas importaient peu puisqu'elles étaient une équipe et si l'une tombait, l'autre la relevait. Rebecca avait beau ne pas aimer Nadjia, ça ne changeait rien au fait que lorsque la Plomb avait besoin d'aide, Rebecca ne lui crachait pas dessus. Et c'était ainsi pour toutes les cheerladers : on pouvait toujours compter les uns sur les autres. Les footballeurs ? Absolument pas. Dès que l'un d'eux était en position de faiblesse, les footballeurs s'empressaient de le ridiculiser, de l'humilier pour lui voler la vedette. Lorsqu'on s'attaquait à une cheerlader, on se retrouvait avec toute l'équipe sur le dos. Quand on s'attaquait à un footballeur ? Eh bien l'équipe regardait ailleurs en sifflotant d'un air innocent.

Calypso apprécia avec un sourire carnassier les répliques cinglantes de ses deux cheerladers. Evangeline avait toujours eu ce petit talent d'appuyer juste là où ça fait mal et Rebecca n'avait pas sa langue dans sa poche : pour affronter la bande de crétin, Calypso n'aurait pas pu rêver de meilleures alliées. Toutes les cheerladers n'étaient pas des grandes gueules, contrairement à ce qu'on racontait dans l'Académie mais l'équipe comptait effectivement quelques cas particuliers comme Rebecca et Evangeline. S'attaquer à l'une des deux verbalement parlant était assez dangereux et Calypso ne comptait plus le nombre d'abrutis qui, s'y étant risqués, étaient rentrés chez eux la queue entre les jambes. Les crétins de footballeurs en face d'elles ne faisaient pas exception à la règle sauf que eux, comble de la stupidité, ne comprenaient rien à ce qu'elles disaient. Calypso sentit le chef de la bande gonfler ses muscles plus fort que lorsqu'elles l'avaient humiliés verbalement et elle sentit qu'il allait s'énerver. Si elle s'interposa pour protéger Rebecca ? Non. Les trois cheerladers savaient parfaitement à quel jeu elles jouaient et le fait que la montagne de muscles ait frappé en premier signifiait qu'elles avaient gagnés. S'interposer pour arrêter le coup aurait été perdre le jeu et c'en était hors de question. Alors Calypso serra les poings et laissa la brute frapper sa cheerlader. Oh si elle avait pu elle lui aurait enfoncé son talon entre les yeux mais ça aurait été perdre le jeu et les cheerladers savaient bien que l'enjeu était plus important qu'une simple baffe en pleine tronche. Rebecca valsa plus loin et d'un geste Calypso envoya Evangeline s'occuper de la Platine. La Reine n'avait pas spécialement besoin de faire ce geste puisque la Zinc allait naturellement se diriger vers sa coéquipière mais c'était plutôt pour lui dire de s'écarter, de laisser la place à la capitaine.

« Tu vas boucler ta gueule Rebecca ! T'es bonne qu'à baver tes conneries sur le gouvernement alors reste-en à ça et critique pas ce que ton cerveau de blonde est pas en mesure de comprendre ! On est les seuls à bosser pour notre sport et on nous respecte pour ça ! Vous êtes bonnes qu'à agiter votre cul pour récolter des points pendant les concours alors la ramenez pas ! On appelle pas ça un sport ! »

Pour la première fois depuis le début de la rencontre, Calypso se mit en mouvement. Elle se déplaça juste devant le footballeur qui venait de frapper et s'arrêta à quelques centimètres de sa face. Oh il avait beau être grand, les talons de Calypso l'étaient autant et la blonde se félicita intérieurement d'avoir pris cette paire de chaussures sans quoi elle aurait été condamnée à parler à un torse, beaucoup moins terrifiant... Les yeux bleus glacés se plantèrent dans ceux de goret de son adversaire et la seule chose que l'on pouvait lire sur le visage de Calypso ce n'était non pas la haine ou la colère mais de la moquerie pure et dure : elle se foutait complètement de leurs gueules. Par sa simple présence elle empêchait la meute de s'approcher plus près des cheerladers et si Calypso n'était pas une montagne de muscles, elle avait assez de force pour mettre à terre l'homme en face d'elle. Ne jamais sous-estimer une cheerlader. Jamais.

« Cerveau de blonde... hum... décidément plus on parle et plus tes répliques sont pitoyables. J'espère pour toi que tu te rends compte que tu viens de perdre la partie, crétin. » elle agita sa main droite devant les yeux écarquillés du chef de meute « Game over p'tit con. On est peut-être bonnes qu'à agiter nos culs pour récolter des points mais au moins on a un cerveau. Tu sais ce que tu viens de faire en frappant Rebecca ? Tu viens de te foutre dans la grosse merde. Une merde équivalente à celle qui bouillonne dans ton cerveau, c'est dire... »

Elle sentit que le crétin n'allait pas accepter sa défaite ainsi mais s'il s'attendait à ce qu'elle recule, il pouvait crever. Calypso le regarda croiser les bras une nouvelle fois, décidément c'était la seule chose qu'il savait faire, et le regarda d'un air moqueur.

« Aujourd'hui on prend le gymnase et on bougera pas de là ! Et si vous doutez de la place de notre cerveau on peut encore vous montrez ce qu'on a entre les jambes. Les filles comme vous ça baise dans les vestiaires alors perso un gang bang dans le gymnase ça nous dérangera pas. »

Ah oui ? Il prenait le risque de jouer sur son terrain ? Dangereux ça... très dangereux... Calypso éclata de rire et avança d'un pas, à la limite même de se coller contre le corps répugnant de l'être stupide se trouvant face à elle. Elle ne le toucha pas mais elle sentit que le mâle aurait bien voulu avoir un contact avec son corps : pas de chance, il crèverait avant d'avoir eu l'illusion de pouvoir la toucher.

« Les filles comme nous... hum... Et les garçons comme vous ? Oh pardon vous ne baisez pas, vous vous branlez puisque personne ne veut de vous. En même temps qui voudrait d'un mec tellement en manque de fille qu'il est prêt à exposé sa minuscule paire de boules devant ses potes pour violer et pour se donner un air viril. » elle approcha sa tête de celle du footballeur, jusqu'à ce qu'il louche de façon particulièrement ridicule « Les filles comme nous, tu n'y auras jamais accès. Toute ta vie tu te contenteras de te branler dans les toilettes en regardant des photos dans un magazine. Tu feras le fier devant tes potes, comme ce que tu es en train de faire actuellement, mais il n'en est rien. Tu te la joues ''vrai mec'', hein ? Réaction typique d'un puceau honteux de son statut. Oh mais ne t'en fais pas, un jour tu arriveras à fourrer ta p'tite bite quelque part : dans ton cul, pauvre con. »

Et elle éloigna la tête, saisit son portable et le maintint immobile devant les yeux du footballeur. On pouvait clairement voir que James Miller était en ligne.

« James, t'as tout entendu non ? »
« Ouais... J'arrive... »

Et la blonde sourit méchamment lorsque le trop connu James Miller fit son entrée dans le gymnase. L'abruti en face d'elle était peut-être une masse de muscles mais toute la bande ressemblait à des chiots devant James.

« Je te les laisse, je sais que tu sauras en prendre... soin... »

Et Calypso se retourna et fit signe à ses deux cheerladers de revenir à ses côtés.

« Dites au revoir les filles, on est pas prêt de les revoir... »

James sourit et Calypso vit la meute trembler. Oh que ce n'était pas viril... James se redressa de toute sa hauteur et dit d'une voix claire où transpirait la menace :

« Allez les gars, vous allez dégagez d'ici et rapidement sinon c'est moi qui vais m'en charger et on sait tous que vous allez y laisser plus que des dents alors barrez-vous en vitesse avant que je m'énerve... »

Le troupeau n'essaya même pas de parlementer et s'apprêtait à partir lorsque Calypso dit d'une voix glaciale :

« Je ne vous ai pas entendu vous excuser il me semble... »

James la regarda et sourit. Le troupeau sembla sur le point de répliquer mais il croisa le regard noir de James et l'humiliation des abrutis atteint son apogée lorsqu'ils durent s'excuser. Ceci fait, James s'assura d'un regard que Rebecca allait bien et posa une main sur son épaule en signe de soutient. Il hocha la tête lorsque Calypso passa son doigt sur sa gorge : oh oui il allait s'en occuper... Le Platine se dirigea à la suite des footballeurs qui quittaient le gymnase, tête basse. Une fois qu'ils furent dehors, la meute eut la mauvaise surprise de se retrouver nez à nez avec plusieurs membres de l'équipe.

« Dites au revoir les mecs, vous êtes virés de l'équipe. Retournez dans la merde d'où on a eut la bonté de vous tirer. Retournez parmi les crétins de votre espèce et si je vous revois emmerder une cheerlader ou sur le terrain de football... » il s'approcha d'eux et ajouta d'un air menaçant « je m'occuperais personnellement de votre cas... »

Et ce fut la fin de la meute d'abrutis. Ils n'auraient jamais touché Calypso, jamais compris les paroles des filles mais ils avaient bien compris les menaces de James, Ô ça oui... Calypso s'assura que Rebecca allait bien et une fois rassurée, elle fit entrer les autres cheerladers et l'entrainement commença : ce n'était pas cinq crétins qui allaient l'empêcher de gagner la prochaine compétition, non mais oh !

Rebecca en a plus qu'assez de ces stupides garçons. L'imbécillité humaine est une chose que la brunette ne tolère pas facilement. C'est en regardant l'idiotie de ces hommes aussi intelligents qu'un seul et unique âne qu'elle se rappelle d'une connaissance. Ce moment lui remémore une autre confrontation avec un idiot. Frederic Host, le plomb boulet par excellence. C'est dans cet éclair de souvenirs qu'elle se souvient de ces paroles et geste. Rebecca constate quelques choses de forts troublants. Le plomb a plus de cervelles et de savoir vivre que les joueurs de football. C'est étonnant mais vrai ! La platine en apprend tous les jours ! Maintenant, elle sait qu'il y a plus bas que les plombs dans ce monde. C'est ainsi qu'elle a pendant un petit moment une réflexion des plus douteuses. Et si les élèves de niveau un ne méritaient pas leur triste sort en fin de compte ? Cette idée s'échappe de l'esprit de Rebecca plus vite qu'un plomb qui croise Caleb dans les couloirs. La bataille verbale pour le contrôle du gymnase prend une tournure dramatique. En fait, il est déjà dramatique que ces jeunes femmes pleines d'avenir dans la vie soient exposées de pareilles sornettes. Les propos des garçons sont un affreux gaspillage de salive. Toutefois, un événement catastrophique s'apprête à être exécuté. Le garçon a eu l'audace de s'en prendre physiquement à Rebecca. C'est une erreur phénoménale de jugement. D'abord, on ne frappe pas une cheerleader aussi impunément. On ne touche pas aux athlètes préalablement sélectionnés par Calypso sans avoir de conséquences. Non seulement il a osé mais, devant la blonde ! En pleine face ! Voilà un événement des plus rare à Weins. En deuxième lieu, frapper une platine c'est plus que suicidaire. Ces gens ont été spécialement choisis par le gouvernement pour propagé le message sacré de Gordon ! Ce sont les personnes les plus intelligentes de toute l'académie car ils savent quand un État est le bon. Les plombs ne le savent pas encore mais, ils vivent sous le meilleur système au monde. Les États-Unis n'ont rien à envier à l'Afrique ! Gordon est l'homme tout puissant et un dirigeant innée ! Personne ne peut égaler sa perfection si... parfaite ! C'est tout à fait abominable de s'en prendre aux messagers de la vérité. C'est un acte monstrueux qui mérite les pires punitions possibles. Rebecca est désormais sur le sol. Cet horrible sentiment d'infériorité physique que la platine ressent est complètement insupportable. Elle a seulement envie de se relever et de buter tous ces connards un par un et de faire exploser le terrain de football. Lorsqu'elle regarde avec mépris l'imbécile qui l'a bousculé elle le voit très bien avec une corde autour du coup. Elle accuserait bien ces garçons pour agression envers la nation et pour avoir propagé la stupidité. Si Rebecca tremble, ce n'est pas à cause de la peur. Elle est surexcitée à l'idée d'une bagarre avec les hommes. Malheureusement pour les drogués à la protéine, la platine ne connaît pas sa force. Tout comme un grand nombre des siens d'ailleurs. Calypso n'aide aucunement la brunette à se relever. Ce qui provoque encore plus de frustrations chez Rebecca. Elle connait très bien la stratégie de Calypso et elle sait aussi qu'elle fonctionne. Toutefois, ces sentiments sont contradictoires à la raison. Si ce ne serait que d'elle, le feu ardent du combat aurait déjà brulé de mille feux. Evangeline, quant à elle, prend la peine d'aider la brunette ce qui est grandement appréciée. Le commentaire de sa camarade donne un sourire au visage en furie de la platine. Elle répond a voix basse.

- Qu'ils aillent tous se faire pendre ces abrutis !

Elle se relève péniblement. L'humeur de Rebecca s'améliore rapidement à la vue d'un autre garçon. Il arrive dans cette confrontation avec sa beauté et son élégance toujours aussi distinguer. Le voir c'est comme respirer de l'air frais. Et oui, James est arrivé ! Les minables garnements qui ont provoqué tant de discorde ne seront plus là pour bien longtemps. Rebecca avait déjà une grande admiration pour le chef des platines mais, désormais il est devenu son ange-gardien. À chaque mot qu'il prononce avec vigueur contre les agresseurs faits frémir de joie la platine. Elle affiche un grand sourire quand les garçons quittent le gymnase, tête baissée. Celui qui a attaqué Rebecca se retourne vers elle pour la regarder une dernière fois. La brunette lui fait le doigt d'honneur. Les garçons ont tout perdu. Le sport qu'ils voulaient défendre les a finalement rejeté. Quelle ironie délectable ! Malheureusement pour ces jeunes hommes, l'enfer ne fait que commencé. Rebecca ne va pas s'en tenir qu'à une punition de James. Elle a bien l'intention de les narguer encore et encore pour leur erreur...

"Qu'est ce c'est que ce bordel ? James, une explication ?"

Caleb avait parlé calmement, sans hausser le ton, mais tous se figèrent sur place. Le capitaine venait de débarquer inopinément, un sac de chasubles sur l'épaule et dans l'autre main quelques "médecine balls" de 3 kgs, bien pratiques pour s'exercer aux passes et terriblement handicapants pour la course. Il déposa sans efforts le matériel et un joueur se précipita pour récupérer le tout sans qu'aucun ordre n'eut besoin d'être proféré. James s'avança et commença à relater la succession d’événements à Caleb, d'un ton neutre et impartial. Deux des nombreuses qualités que Caleb appréciait chez son vice-capitaine. Quand il eut fini son histoire, un silence de mort s'était installé dans les deux camps, à peine troublé par les sanglots difficilement étouffés des fautifs. Jusqu'alors, il n'avait fait aucun doute que James et le reste de l'équipe allait s'occuper des renégats, mais maintenant que Caleb venait de découvrir le pot aux roses, les choses allaient prendre un tournant plus drastique. Le capitaine était connu pour ses mesures draconiennes, et il ne faisait jamais dans la demi mesure, ni dans la finesse d'ailleurs. Il se tourna vers celui d'entre eux qui avait giflé Rebecca :

"Toi, puisque tu voulais t'entraîner en salle, réjouis toi, on va s'entraîner ensemble. Les autres, suivez James, il dirigera l'entrainement et prendra en charge la punition des autres merdes. Je ne veux pas dans mon équipe de mauviettes qui refusent de jouer sous la pluie, notre sport se pratique en extérieur, qu'il grêle, vente ou neige. Me suis je bien fait comprendre ?"

Sa voix charriait des glaçons, et tous acquiescèrent comme un seul homme. Il se tourna alors vers les cheerleaders et s'approcha de Rebecca. La petite Platine eut un geste de recul, réaction compréhensible pour qui vient de se faire gifler. Caleb lui sourit, se voulant rassurant. Il lui saisit délicatement le menton du bout des doigts et lui tourna avec douceur le visage pour examiner sa joue. Elle aurait une sale ecchymose pendant quelques jours, mais au moins l'autre abruti ne lui avait pas fracturé la pommette ni ouvert la gencive.

"Ne t'inquiètes pas, un peu de froid diminuera la douleur, il en faudra plus pour entacher une telle beauté". Il y avait une certaine forme de compassion, voire de douceur dans sa voix qui surprit l'assemblée. Il était la dernière personne à laquelle on pensait quand on parlait d'empathie, de sympathie même. Quel contraste éclatant quand on augurait de la suite des événements. Cette impression s'estompa bien vite comme il reprit la parole :

"Caly, au nom de l'équipe de football, je te présente à toi et à tes filles mes plus sincères excuses pour ce qui vient de se produire. Je vous en prie, poursuivez votre entrainement en paix, l'équipe compte énormément sur vous pour venir nous supporter lors des matchs, vos encouragements nous stimulent et nos deux équipes devraient entretenir les meilleures relations."

Caleb avait parlé avec respect, le genre de reconnaissance entre gymnastes et athlètes, entre sportifs accomplis. Il s'approcha de Caly et lui murmura à l'oreille :

"Quand vous aurez fini, rejoins moi avec Rebecca dans le gymnase d'à côté, s'il te plait."

Caleb agrippa le coupable et lui tordit le bras, l’entraînant à sa suite vers le petit gymnase du fond, le poussa à l'intérieur et claqua la porte derrière lui. Une heure était passée quand Caly et Rebecca entrèrent dans la petite pièce et découvrirent avec effroi ce qui s'était passé. Le pauvre type qui avait giflé Rebecca était suspendu à 50 cms au dessus du sol, les mains accrochées aux anneaux de gymnastique par plusieurs couches d'adhésif, et pendait lamentablement, torse nu et tête inclinée, se balançant au gré des coups de Caleb. La sueur ruisselait sur les muscles de ce dernier, formant des entrelacs brillants de rouge là où le sang du mec l'avait éclaboussé. Pendant une heure, il s'était servi du gars comme d'un sac de frappe, et le torse de l'autre n'était plus qu'un amas de contusions horrible, à certains endroits la peau avait éclaté et il semblait que plusieurs de ses côtes aient été brisées. De son visage tuméfié sortait un faible râle de souffrance, seule preuve que le gaillard était encore en vie. Du sang coulait aussi des mains de Caleb, aux jointures des phalanges, preuve s'il en fallait qu'il avait cogné sans ménagement. Et cette odeur, mais qu'est ce qui puait autant dans cette pièce ? En y regardant plus attentivement, les deux filles virent les traces sur le short du footballeur, il s'était fait dessus à mesure que Caleb l'avait cogné, encore et encore. Ce dernier prit soudain conscience de leur présence, et, arrêtant le massacre, se tourna lentement vers elles. Qu'est ce qui était le plus flippant ? ce qui restait du pauvre supplicié ou la lueur bestiale dans les yeux de son tortionnaire, elles ne purent le dire. En un clignement d’œil, Caleb avait retrouvé son emprise sur lui même et la fureur s'estompa dans son regard. Bon sang, il était à peine essoufflé, alors qu'il avait tabassé un de ses joueurs -ex joueur - pendant près d'une heure. Que se serait il passé si Caly n'avait pas écourté l'entrainement de ses filles ? Caleb aurait peut être -non, surement- réduit le bonhomme en charpie. Il épongea la sueur et le sang qui lui maculaient le visage et le torse, tous ses muscles étaient tendus par l'effort et saillaient magnifiquement.

"Voici comment je m'occupe des mes garçons, ceux qui s'éloignent du droit chemin, les brebis galeuses qu'il faut recadrer. C'est mon boulot et celui de personne d'autre, suis je clair ?. Si à l'avenir, d'autres contentieux devaient voir le jour entre nos deux équipes, et que je ne suis pas présent à ce moment là, ne prends pas d'initiatives à ma place. Je déteste quand on agit dans mon dos ou qu'on se mêle de mes affaires. Si une de tes filles avaient été fautive, aurais tu voulu que je me charge de sa punition ?. Je n'aime pas les types qui frappent les femmes, mais je déteste encore plus passer pour un con, et de deux maux je choisis toujours le moindre. Et je ne prends de gants avec personne. Maintenant, je considère l'incident comme clos, j'aimerai que nous repartions sur des bases plus saines. Après tout, nos équipes sont complémentaires, non ?."

Caleb avait retrouvé le sourire, mais désormais les cheerleaders comme les footballeurs sauraient que derrière ce vernis de courtoisie se cachait une bête fauve, et qu'il ne fallait surtout pas la provoquer.

« Qu'est ce c'est que ce bordel ? James, une explication ? »

Les footballeurs s'étaient tous tendus en entendant la voix de Caleb. Le Platine était le capitaine, certes, mais il restait effrayant. Le septième année revenait apparemment d'un entrainement quelconque et James se demanda comment il aurait réagit à sa place. Est-ce qu'il aurait fait preuve de diplomatie ou bien Caleb aurait-il, comme d'habitude, explosé la face des footballeurs et ainsi taché de sang les habits des trois cheerladers ? Caleb et James faisaient une bonne équipe car l'un utilisait sa langue là où l'autre utilisait ses poings. Si Caleb n'avait pas été là, James aurait dû recourir à la violence beaucoup plus souvent, laissant ainsi plus de place à Justin, mais si James n'avait pas été là, Caleb n'aurait jamais réussi à obtenir le respect de ses footballeurs : il aurait seulement réussit à se faire craindre. Quoique, après tout, James n'était pas vraiment sûr de ce que voulait Caleb. Après tout être craint c'était aussi pratique... mais le respect allait souvent avec la loyauté donc pourquoi se fatiguer à montrer les dents lorsqu'il suffisait de laisser son second placer les bonnes répliques au bon moment pour donner aux footballeurs l'envie de plaire aux chefs. Le chef avait posé une question donc James alla lui expliquer ce qui s'était passé, tout sans exception. Il ne lui raconta pas pourquoi Calypso avait son numéro, ce n'était pas intéressant. Il ne se perdit pas en justifications ou autres : il avait agit, il n'allait pas s'en excuser. Il n'avait pas ressenti le besoin de prévenir Caleb pour une affaire aussi minime et si c'était là son erreur, eh bien soit il l'accepterait. James n'avait aucun soucis avec la hiérarchie et il ne comprenait pas ceux qui ne l'acceptait pas : les humains n'étaient pas les mêmes et certains avaient le charisme et l'esprit nécessaire pour être chef là où d'autres étaient destinés à servir. Il n'y avait là ni honte ni fierté, c'était comme ça voilà tout. Pendant qu'il expliquait la situation à Caleb, les fautifs pleurnichaient et James ne pouvait pas leurs en vouloir : la punition de James était déjà conséquente mais si en plus Caleb débarquait, ils allaient passer un très mauvais quart d'heure.

« Toi, puisque tu voulais t'entraîner en salle, réjouis toi, on va s'entraîner ensemble. Les autres, suivez James, il dirigera l'entrainement et prendra en charge la punition des autres merdes. Je ne veux pas dans mon équipe de mauviettes qui refusent de jouer sous la pluie, notre sport se pratique en extérieur, qu'il grêle, vente ou neige. Me suis je bien fait comprendre ? »

L'équipe acquiesça sans hésiter et les fautifs baissèrent la tête le plus bas possible. James haussa les épaules et quitta le gymnase, suivit par l'équipe et les abrutis. Le vice-capitaine sentit le regard de Calypso le suivre jusqu'à ce qu'il soit hors de vue : elle avait appelé James, pas Caleb...

Calypso tourna la tête vers Caleb qui complimentait Rebecca tout en la rassurant : il savait y faire avec les filles, dommage qu'il soit aussi... violent. Calypso restait sur ses gardes car elle ne faisait pas confiance à Caleb, pas du tout même... Qu'est-ce qui l'empêchait de s'en prendre aux cheerladers parce qu'elles avaient humilié des footballeurs ? Ou de s'en prendre à Calypso parce qu'elle n'était pas venue le voir lui directement ? Après tout cet individu plein de muscles n'avait pas de limite.

« Caly, au nom de l'équipe de football, je te présente à toi et à tes filles mes plus sincères excuses pour ce qui vient de se produire. Je vous en prie, poursuivez votre entrainement en paix, l'équipe compte énormément sur vous pour venir nous supporter lors des matchs, vos encouragements nous stimulent et nos deux équipes devraient entretenir les meilleures relations. »

Caleb lui avait parlé avec respect, certes, mais Calypso n'allait pas baisser la garde pour autant. Ce mec était dangereux et elle n'était pas suffisamment bête pour ne pas s'en rendre compte. Il s'approcha de Rebecca et elle et leur demanda de le rejoindre après l'entrainement puis il disparut en trainant le chef des boulets. La blonde le regarda partir d'un air suspect : que préparait-il ? Mais elle avait d'autres choses à penser : Pam' venait d'arriver avec une jupe beaucoup trop petite et la blonde se retourna vers la brune en la fusillant du regard :

« C'est quoi ton problème, Pam' ? Les jupes sont trop lourdes pour toi ou alors tu n'es pas capable de marcher autrement que nue ? Si tu ne redescend pas cette fichue jupe je peux t'assurer que la seule solution qui te restera sera d'aller faire du strip-tease au club de volley. Bouges-toi et plus vite que ça, ça ne me plait pas de voir ton cul à chaque pas que tu fais et le cheerlading c'est pas fait pour un ramassis de pervers en manque de branlette. Grouilles-toi ou dégages. »

Pam' avala avec difficulté et partit en courant, au bord des larmes. Calypso n'avait jamais eut sa langue dans sa poche mais avec ce qui venait de se passer avec les footballeurs, elle n'avait pas du tout envie qu'une débile de cheerlader se ramène en mode ''chaudasse des terrains'' alors que la blonde avait essayé de démontrer que le cheerlading ne se résumait pas à ça. Pendant quelques instants, Calypso faillit dire à Evangeline d'annoncer à Pam' qu'elle était renvoyée mais elle se retint à temps : si Pam' foirait l'entrainement, elle irait lécher les bottes des crétins du club de volley, voilà tout.

« Allez on se bouge, on a pas toute la journée et vous savez à quel point je déteste les retardataires ! »

Et l'entrainement commença. Une heure plus tard, Calypso cessa de martyriser ses cheerladers et les laissa partir, au bord de l’évanouissement. L'entrainement avait été particulièrement difficile comme si la capitaine voulait montrer à tout le monde que le cheerlading était un sport au même titre que les crétins qui bandaient leurs arcs en fronçant les sourcils. Elle interpella Rebecca et lui fit signe de la suivre. En poussant la porte, Calypso fronça les narines de dégoût. Elle ne mit pas longtemps à trouver la source de l'odeur putride et elle se massa le front en voyant l'être humain suspendu au dessus du sol. Elle n'avait jamais été fanatique des étalages de violence mais apparemment ce n'était pas le cas de Caleb. Calypso n'était pas spécialement effrayée par l'état de l'homme, enfin ''homme''..., suspendu : la violence elle en avait vu d'autre et si l'individu était dans un sale état, il ne lui manquait pas de membres et il n'était pas lacéré de partout. Mais si le corps ravagé ne l'effrayait pas, on ne pouvait pas en dire autant de l'individu à côté de lui. Dans une autre situation, Calypso aurait sans doute promené son regard sur Caleb et sur l'étalage de muscles que son corps proposait mais là son regard resta bloqué sur les yeux du capitaine de l'équipe de football. Caleb n'avait pas le regard d'un fou et c'est justement ce qui perturba la Reine. Calypso ne laissa pas transparaître son anxiété et elle se contenta de croiser les bras sous sa poitrine en écoutant Caleb parler. Lorsqu'elle parla, sa voix resta la même que s'il n'y avait pas eut un corps puant dans la pièce mais ce n'était pas pour autant le cas de son cerveau qui tournait à plein régime, cherchant à comprendre comment l'établissement en était venu pour laisser Caleb se promener librement. Cet individu était dangereux et il aurait fallu être profondément stupide pour ne pas s'en rendre compte.

« Je n'ai pas l'impression d'agir dans ton dos ou de te manquer de respect. J'ai appelé James pour régler le problème puisqu'il est vice-capitaine après tout. Je t'aurais appelé toi si j'avais su comment te joindre ou te trouver mais je ne regrette pas d'avoir contacté James. Si tu n'acceptes pas ça, j'en suis navrée mais c'est comme ça. Mon seul objectif était de virer les fauteurs de troubles qui font certes partis de ton équipe mais qui m'ont surtout fait perdre de précieuses minutes d'entrainement ; je n'avais pas de temps à perdre à essayer de te trouver alors j'ai fais au plus simple. Qu'est-ce que j'aurais dû faire ? Attendre patiemment que tu daignes te montrer ? Non. J'ai fais ce que j'avais à faire et je n'ai pas de comptes à rendre. Si une personne de mon équipe avait été fautif en l'absence de Allegra, la vice-capitaine ou de moi-même, eh bien ça m'aurait paru logique que tu t'en charges. C'est toi qui aurais subit le préjudice et si une de l'équipe avait été assez stupide pour se dresser face à toi, eh bien je t'aurais laissé l'écraser. Les fauteurs de troubles n'ont qu'à s'en prendre à eux-mêmes . Je n'ai jamais eu l'intention de te prendre pour un con mais, très franchement, j'avais d'autres chats à fouetter au lieu de me préoccuper de ce que tu pourrais penser. Les compétitions approchent et perdre des minutes d'entrainement ne me plait pas du tout. Alors oui l'incident est clos et oui nos équipes sont complémentaires mais nous sommes aussi tous deux capitaines et à ce titre nous sommes égaux alors la prochaine fois que tu voudras me faire une démonstration de ta ''force'', évites. Nous sommes égaux et ce même si ça t'insupportes. Ne me donne plus jamais de leçons, tu n'en as pas besoin : je ne suis pas stupide et je sais où sont mes limites mais je ne suis pas sous tes ordres et je ne te dois rien. C'est tout ce que j'avais à dire. Bon courage pour ranger ce... bordel et je me réjouie d'avance pour votre prochaine victoire, sois assuré que les cheerladers seront là pour vous encourager. »

Calypso lança un dernier regard au corps pendus et à Caleb puis elle prit Rebecca par l'épaule et la fit sortir de la pièce. Elle ne savait pas si la scène avait choqué la Platine mais son geste était plutôt fait pour rassurer Rebecca : elle ne connaîtrait jamais le sort du Plomb, jamais. Calypso s'y engageait personnellement... Elle respectait Caleb mais s'il y avait bien quelque chose qu'elle ne supportait pas, c'était qu'on la prenne de haut et lui donne des ordres. Elle n'avait de comptes à rendre à personne et si elle respectait Caleb, elle s'attendait au moins à ce que le respect soit réciproque, pas à se prendre une leçon qu'elle ne méritait pas en pleine tronche.