The cute little monster

C'est la folie dans les couloirs de l'académie Weins. Les différents commentaires volent d'un côté de l'autre. Les platines partagent leur enthousiasme commun alors que chez les plombs se plaignent et certains espère même, tout bas, qu'on assassinera le dictateur. Au milieu de toute cette foule affolée, une petite de première année essaie de se frayer un chemin. Essayer, c’est le bon mot pour le dire puisqu’elle ne se fait renverser à plusieurs reprises. Les couloirs de l’académie sont semblables à des tunnels dans une fourmilière qui grouille d’insectes. Alanis fonce à contre-courant avec son sac bien collé contre elle. L'adolescente atteint la lumière au bout du tunnel après une longue bataille acharnée dans les couloirs. Elle arrive au jardin tranquille et plaisant. Avec son sac cette fois-ci ! La dernière fois, elle l'avait échappé et ne l'a plus jamais revue. Une chance qu'il n'avait rien d'important à l'intérieur. Depuis qu'elle l'a visité avec Calypso, elle rêve de pouvoir s'y assoir pour y lire tranquillement. De plus, c'est loin de la pénible agitation qui règne à l'intérieur. Non, Alanis préfère les endroits calmes et sains. Tout particulièrement les espaces verts. Elle se pose délicatement sur un banc en posant son sac tout près d'elle. La mauvaise blague qu'on lui a faite à la bibliothèque dans l'autre ville ne lui a pas plu. Du coup, elle préfère garder un œil sur son sac désormais. C’est en respirant l’air frais et pur que la petite adolescente se rappelle la campagne lors de sa tendre enfance. L’Irlande n’est plus ce qu’elle était après la troisième Guerre mondiale. Il reste quoi, une grande ville, le reste n’est qu’une grande campagne. Ce n’est pas si déplaisant. C’est tranquille. Elle sort un live de son sac. La victoire de l’amour. C’est étrange de la part d’Alanis de lire ces genres de livres. Elle lit normalement des bouquins que ses camarades trouvent chiants comme ceux d’histoire ou de politique. Toutefois, aujourd’hui, elle laisse aller son âme romantique pour s’adonner à cette littérature.

Le garçon tend sa main sur la joue de Rose avec une tendresse et une délicatesse impressionnante. Les deux amoureux ferment les yeux et s’échangent un langoureux et délicat baisé sur la bouche.

Alanis arrive au point culminant du livre et elle ne peut pas s’empêcher de rougir à l’idée d’être à la place de Rose, l’héroïne de l’histoire. Ça ressemble beaucoup à Alanis de rêver du mec parfait. Toutefois, elle est beaucoup trop timide et si elle se met à chercher un amoureux, elle se rendra vite compte que le garçon parfait n’existe pas. Son expérience en amour est limitée à quelques petites histoires éphémères et futiles. Pourtant, c’est surement mieux ainsi. Si Alanis tombe facilement en amour, elle peut très bien tomber en peine d’amour aussi. Et cela, ce n’est pas très bon pour le moral. C’est sur ces pensées que la rousse soupire d’un air désespéré. Cependant, son envie de connaître l’âme sœur vient plus de la curiosité que du besoin lui-même. Tous les adolescents ou presque sont curieux sur ce point et Alanis n’y échappe certainement pas. La rousse est même très curieuse. Par contre, ça peut devenir un défaut si on commence à fouiner partout. L’adolescente retourne à son livre qui s’avère de plus en plus intéressant.

Le couple danse et tournoie sur eux-mêmes avant de ce laissé tombé sur l’herbe fraîche. Le ciel n’a aucun nuage et de loin, les deux amoureux admirent la silhouette des montagnes enneigées. C’est un pur moment de bonheur paradisiaque.

Soudainement, Alanis relève la tête et sort du monde parfait où elle était si bien entrée. Une femme blonde s’est assise à côté d’elle. Bien qu’Alanis ne veuille pas être impolie, elle aimerait beaucoup qu’elle s’en aille. Elle préfère lire seul et avoir ce petit coin de paradis rien que pour elle. Elle ne peut pas s’empêcher de la dévisager une fraction de seconde avant de reprendre son livre si passionnant.

Alanis regarde la policière avec de grands yeux. Cette lecture n'a rien de collectif. C'était un moment intime que la rousse avait avec elle-même. Que Britanny vient interrompre ce moment qu'elle réservait à sa propre personne l'insulte et la frustre. Ce fantasme de montagne enneigé l'appartient. De plus, elle ne connait pas Britanny. Pour Alanis, ce n'est qu'une inconnue parmi tant d'autre. Enfin, non, ce n'est pas une inconnue. C'est une femme qui vient pénétrer dans sa bulle au mauvais moment. L'irlandaise regarde la policière d'un air dédaigneuse. Il n'est pas question d'être impolie par contre mais, elle a vachement envie. La rousse rougit de s'être fait démasquée en regardant Britanny droit dans les yeux. Elle a le temps de fabriquer un joli mensonge. L'irlandaise n'aime pas particulièrement mentir aux gens, même aux inconnus. Tandis que l'adolescente est sous le choque, les oiseaux continuent de chanter leurs si douce mélodie.

- Oh non ce n'est pas à moi c'est à une amie et... je ne faisais que feuilleté un peu c'est tout.

Une excuse bien banale mais, qui s'avère être bonne. L'anxiété monte ainsi que sa nervosité la pousse a éclaté un petit rire. Et oui, Alanis est spécialement gênée en ce moment. Toutefois, un autre détail perturbant vient déranger le calme d'Alanis une fois de plus. Comment cette femme connaît son nom ? Pourtant, la rousse n'est pas Calypso. Elle est discrète et elle est loin d'être miss populaire et parfaite en personne. L'irlandaise ne parle pas beaucoup à-vrai-dire, du moins pas aux autres élèves qu'elle ne connaît pas. Sa timidité est très puissante. Toutefois, même si son engouement pour une discussion avec cette femme est au plus bas, ça pourrait être pire. Alanis ne s'en ai pas remis de son arrestation policière et des heures d'interrogatoire qui n'ont visiblement rien donné. S'il y a quelques choses dont cette adolescente se méfie plus que les cheerleaders, c'est bien les flics. Depuis leurs petites interventions des plus hypocrites... C'est justement pour ça qu'elle ne cherche pas les problèmes. Pour ne plus se retrouver avec ces gens dans une salle noire avec qu'une lampe pour illuminer à se faire poser des questions des heures et des heures durant, sachant très bien qu'ils cachent des flingues dans leurs ceintures. Elle range vite fait le livre dans son sac avant de continuer la conversation.

- D'ailleurs, d'où vous connaissez mon nom ?

En voilà une question perspicace de la part de la rousse ! Étant donné qu'il est évident qu'Alanis ne connaît pas le si charmant nom qui est attribué à la policière qui l'interpelle. Non mais il faut mettre les choses au clair ! Britanny fait peur à Alanis pour le moment. C'est évident puisque ce n'est pas tous les jours qu'une inconnue adulte qui connaît notre nom vient pour nous parler comme ça dans le jardin d'une académie destinée aux jeunes. Il y a de quoi flipper. Et si c'était un professeur qui en voulait à Alanis pour une raison ou une autre ? Un policier, un officier du gouvernement et peut-être une meurtrière qui sait ?

Pendant un moment, le coeur de l'adolescente arrête de battre. Qu'est-ce qu'elle a fait encore ? Elle a l'impression qu'elle va mourir sur le coup. Oui, elle s'est aventurée dans un hôpital clandestin. Oui, elle a déjà eu des fréquentations amicales avec des plombs... Alanis a des choses à cacher à la police. Ce n'est certainement pas cette... Brittany qui va percer quoi que ce soit. À moins qu'elle lui plante un fusil dans la bouche en fessant un décompte de dix secondes pour tout avouer. Même là, ce n'est pas sûr de réussir. Alanis ne cri pas lorsqu'elle a peur. Elle ne pleure pas non plus. Elle reste silencieuse. La terreur est assez puissante pour donner un coup dur dans le ventre d'une adolescente pour la faire taire. De toute façon, la rousse peut se la fermer sans avoir nécessairement peur. C'est une qualité que certaines personnes ont définitivement besoin en ce monde. En fait, trop de gens jugent les autres par leur timidité. Ce qu'ils ne comprennent pas, c'est qu'ils devraient apprendre à fermer leurs bouches qui ne racontent que des conneries à leurs tours. Ça rendrait service à beaucoup de gens. Cette réflexion n'a rien de politique. Qu'on soit plomb, zinc ou platine, ce conseil devrait s'appliquer à tout le monde. Le silence, c'est bénéfique. C'est justement pour ça que l'adolescente s'est réfugié au jardin. Il n'y a que la douce tranquillité. Du moins, avant l'arrivée inattendue de Brittany. Cette discussion risque de ne pas être très constructive. Malheureusement pour la policière, on a déjà fait le coup du gentil gardien de la paix à Alanis. Elle s'en rappelle encore comme si c'était hier. Les deux hommes en uniforme qui viennent la voir un soir pour lui demander si elle cherchait de l'aide. Bien niaisement, la rousse leur a tout raconté. Ce n'était pas la chose la plus brillante qu'elle a faite de sa vie. Au moins, ce n'est rien comparé à d'autres qui ont fait un tas de conneries inutiles. Alanis ne cherche pas les problèmes. C'est les problèmes qui viennent la chercher. La rousse est sur le point de faire une remarque très impolie et impertinente digne des plus grandes salopes de Weins. Et à Weins, des filles qui manquent de respect, ce n'est pas ça qui manque. Toutefois, elle garde à l'esprit qu'être méchante avec les policiers peut coûter très chère. Contrairement à ce qu'ils prétendent, ce ne sont pas des gentils chatons. Par contre, Brittany n'est pas un flic cruel mais ça, Alanis ne le sait pas. Pour l'adolescente, la police rime avec vice et intriguer avec tuer. Malgré les craintes de l'irlandaise, il faut avouer qu'il est très difficile de penser de cette femme qu'elle soit venue pour l'extorquer quoique ce soit. En fait, Alanis aimerait que ça soit le cas. Elle désire pouvoir faire confiance aux agents de police mais, pour l'instant, ce n'est pas près d'arriver. La jeune fille reste sur la défensive.

- Ah bon ? Pourtant, j'ai tout dit lors de mon interrogatoire... Qui a duré des heures.

Une erreur... Mais quelle erreur ? Alanis ne se sent pas comme une criminelle. Elle n'a jamais volé de sa vie tout entière et ce n'est pas aujourd'hui qu'elle va commencé. Elle sait qu'elle est innocente, que tout ça n'est qu'un accident banal. Franchement, ce n'est pas comme si la rousse avait résisté à son arrestation. Elle a toute expliquée qu'elle ne le savait pas que le livre était à l'intérieur de son sac. Qu'elle n'y tient pas, le livre dans son sac ne l'intéressait même pas. Alors, Alanis aimerait bien qu'on lui explique c'est quoi tout ce bordel dans laquelle on l'a foutue. Ce n'est pas comme si elle était une menace pour les autres. Alanis juge qu'elle est innocente dans toute cette histoire. Elle a juste été confrontée à une bibliothèque et des policiers chiants au possible. L'agressivité et la peur sont souvent reliées. Si la rousse a eu peur depuis le début de la conversation, son coeur désormais remplie d'adrénaline reprend en main la situation. L'irlandaise sa faire une folie. Une folie qui va peut-être lui coûter cher.

- Quelle erreur madame ? À ce que je sache, je ne le savais pas que j'avais un livre dans mon sac. Je ne suis pas une voleuse ou une criminelle...

Il est très rare de voir l'irlandaise parlé avec un ton aussi plein d'assurance et de fermeté. Puisqu'au fond d'elle-même, elle le pense. Alanis n'est pas d'accord avec la proposition de Brittany d'apprendre à la connaître. Où est sa vie privée là-dedans ? La rousse a des désirs simples et pas si compliqués. Vivre heureuse et tranquille, réussir dans la vie et trouvé l'homme de sa vie. Est-ce que c'est vraiment trop demandé ? Elle ne veut pas être riche, populaire ou puissante, bien qu'un peu d'argent et d'amis ne lui déplairait pas. Alanis ne comprend pas ce que certaines filles comme Hypatie ou Calypso ont à se plaindre. Ces filles ont tout dans la vie. Les amis, le pouvoir, l'argent... Mais elles trouvent encore l'énergie de râler et de se plaindre comme des gamines. Franchement, que ces filles soient reconnaissantes de ce qu'elles ont et qu'elle laisse de côté leurs égoïsmes un peu, le monde serait meilleur. Eux aussi, ne respectent pas la vie des autres. La femme de l'hôpital avait raison. Alanis n'aime pas que la police vienne la voir comme ça sans préavis pour simplement apprendre à la connaître. Elle veut qu'on la laisse tranquille. Toute cette pression, ça commence à l'énerver au plus haut point... La rousse a toujours été très gentille et patiente avec les gens et c'est comme ça qu'on la remercie ? C'est avec un peu de recul et en constatant l'air embêté de Brittany que l'adolescente se calme un peu. Elle se rend compte qu'elle n'aurait pas dû dire ça.

- Enfin non, je suis désolée. Cette discussion me rend un peu mal à l'aise...

Peut-être que ces paroles n'étaient pas si déplacées. Peut-être bien qu'elles étaient seulement juste. Mais le visage qui semble un peu contrarié de la policière l'a convaincue de revenir sur ces paroles. Elle semble oubliée qu'elle parle à une policière.

- Je dois aller faire des devoirs, puis-je m'en aller ?

C'est un prétexte classique pour sa sauvée de cette conversation. Toutefois, est-ce que Brittany peut lui reprocher de se préoccuper de ces travaux scolaires ? Absolument pas. Alanis ne veut pas manquer de respect à Brittany mais, elle veut être loin de cette policière. Elle ne veut pas revivre le même calvaire qu'elle a vécue avec les autres flics.