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Watch and you'll see... [PV Jethro]
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MessageSujet: Watch and you'll see... [PV Jethro] Watch and you'll see... [PV Jethro] Icon_minitime1Mar 10 Sep - 20:42




Watch and you'll see




Il fallait du courage pour monter tous les jours les marches de cette école, sans savoir si on serait l’homme sur l’estrade, comme tous les jours jusque-là… ou celui au fond de la prison. C’était possible tous les jours. Roger se levait très tôt et arrivait presque toujours le premier. Pourquoi ? Il ne saurait le dire. Il était exposé à tous les dangers à partir du moment où il mettait un pied dehors. Une ville au milieu de la dictature avait toujours été l’occasion de déchainer les pires pulsions de mort. Pour le gouvernement comme pour les habitants. Mais il devait être à l’heure, pour avoir le temps de faire certaines choses. Vérifier son bureau. Etudier ses collègues et les élèves. Ceux qui arrivaient presque en même temps que lui, voire avant. Il faisait souvent le tour de l’Académie avant d’aller dans son bureau. On pouvait prendre ça pour un tic… ou un amour de la solitude, des grands couloirs, et du silence. C’était en partie vrai. Il préférait de loin être seul, surtout ici. Quelle compagnie aurait-il pu bien chercher ? Pas ses collègues, qui étaient autant de danger. Et pour ce qui était des élèves… un tiers était encore plus dangereux que les autres professeurs, un autre tiers se révoltait contre lui par principe, parce qu’il était professeur. Quant au dernier tiers… il ne savait pas trop, mais ils avaient toujours quelque chose à lui reproche. Pouvait-il s’en plaindre ? Il était prof. Cela faisait partie des choses auxquelles il avait dû s’attendre en choisissant ce métier. Le prof, celui qu’on déteste… comme l’homme politique. L’homme politique en démocratie, bien sûr. L’homme politique de la dictature, étrangement, était adoré. Pourtant, il ne forçait personne. Comment forcer à aimer ? Celui-ci avait réussi, apparemment… C’était le plus inquiétant. Quelle force mystique possédait-il, pour truquer la vérité de cette façon ? Comment pouvait-il étouffer tous ceux qui avaient encore assez de souvenirs pour la remettre en place ? A ce sujet, Roger savait qu’il devait absolument parler à Jethro. Le jeune homme n’allait pas bien, il fallait l’aider. Il y pensait depuis plusieurs jours sans oser – ni trouver l’occasion, d’ailleurs de – l’approcher. Et ce matin-là, il n’y pensait même pas quand, passant devant la bibliothèque vide, ou du moins qui aurait dû être vide à une telle heure de la matinée puisque même la bibliothécaire n’était pas là, il vit un garçon de dos, une pile de livre devant lui. En général, Roger n’était pas très doué pour reconnaître ses élèves. Il était même plutôt du genre à oublier leur nom et s’il en croisait un dans la rue qui daignait lui dire bonjour, il lui arrivait même de se demander de qui il s’agissait. Mais étrangement, cette fois, il le reconnut. D’ailleurs, Jethro tourna légèrement la tête et Roger eut confirmation : c’était bien lui. Seul, dans la bibliothèque, trois bon quarts d’heure avant le début des cours… Certainement pas pour étudier ou faire ses devoirs. D’ailleurs, Jethro n’était pas du genre à faire ses devoirs. S’il était là, c’était pour une toute autre raison… et Roger avait une petite idée de ce que cela pouvait être.

Il n’y avait pas beaucoup d’élèves qui prenaient la peine d’aller à la bibliothèque, et il était certain que si on relevait les empreintes digitales sur les livres les plus intelligents – autrement dit, les moins trafiqués – il n’y en aurait pas beaucoup d’autres que les siennes. Mais sur certains de ses livres, les livres d’histoire en particulier, qui n’avaient camouflé que quelques détails de la vérité, Roger avait pu constater que ces détails faux étaient rageusement barrés et que des petites notes étaient griffonnées dans les marges. D’ailleurs, si les autres prenaient la peine d’ouvrir les livres, ils auraient sûrement remarqué ce premier passage et découvert qui l’avait fait depuis longtemps. A croire que toute l’école était formée à devenir police ! Mais si personne n’avait arrêté ce massacre – ou cette formidable levée de boucliers, selon le point de vue – alors personne ne l’avait remarqué. Parce que lui n’avait pas mis longtemps à reconnaître cette écriture en la comparant avec celle d’une de ses copies. Jethro réécrivait les livres falsifiés. Et c’était brillant. Roger ne put s’empêcher de sourire, toujours à l’entrée de la bibliothèque, en l’observant par derrière. Il hésita à y aller maintenant… ce n’était pas prévu et c’était risqué de parler librement au milieu de la bibliothèque. Mais en même temps, à une telle heure de la matinée, ils ne risquaient pas grand-chose. Ni l’un ni l’autre. Jethro était le seul élève dans cette école dont Roger était persuadé qu’il n’avait absolument rien à craindre. Tout en lui montrait la lassitude et le désespoir. Et si jamais il y avait un problème… Il avait un argument de taille. L’anecdote qui ferait immédiatement changer d’avis le garçon. Il était resté Plomb ; il y avait de l’espoir. Pour lui plus que pour n’importe qui, Roger était prêt à tout pour le sauver et le remonter à la surface. Il était actif, il s’attaquait aux livres : à présent, il ne devait surtout pas renoncer et étendre son influence plus loin. Personne ne lisaient les livres et même s’ils le faisaient, qui s’intéresseraient à ces rectifications ? Ceux qui étaient au courant de la falsification des livres ne croyaient déjà pas ce qu’ils disaient. Quant aux autres… rien ne les convaincraient jamais. Plus rien. C’était déjà trop tard. Mais avant qu’il soit trop tard pour d’autre… Roger entra dans la bibliothèque. Le bruit de ses pas allaient sans doute effrayer, du moins surprendre le garçon, car personne ne s’attendait à voir quelqu’un arriver à une telle heure. Il déposa ses affaires à l’entrée. De toute façon, il devait finir avant que d’autres personnes ne se mettent à affluer. Ce serait un défi : il ne voulait pas non plus brusquer son élève. Et il ignorait quel accueil celui-ci lui ferait.

Roger s’approcha de lui pour jeter un coup d’œil par-dessus son épaule. C’était un livre d’Histoire. Au moins, Jethro avait une culture formidable en Histoire, et Roger ne pouvait qu’être ravi de voir que cela existait encore. ♫ Bonjour. Je ne vous savais pas aussi matinal. ♫ Il lui prit le livre et observa les quelques notes que Jethro avait mise dans la marge. Ces mots lui arrachèrent un sourire. ♫ Vous avez raison, ce n’étaient pas les bonnes armées… celles-ci étaient contre l’esclavage… et elles ont gagné. Je suppose que ce n’est pas ce que votre professeur d’histoire vous a dit quand vous avez étudié la guerre de Sécession, n’est-ce pas ? Je suis contente de voir que certains se souviennent encore de leurs cours du primaire… ceux qui ont eu la chance d’avoir de bons cours au primaire, bien sûr. Si vous voyiez ce qu’on essaie de faire avaler à ma fille, actuellement… Mais ne vous inquiétez pas, Jethro. Je ne suis pas venu pour vous mettre des heures de colle, au contraire. Si vous avez quelques minutes à m’accorder, bien sûr… j’attendais de pouvoir vous parler. ♫ Il prit même une chaise et s’assit aux côtés de son élève, tourné de façon à pouvoir surveiller la porte et les mouvements dans le couloir, ainsi que la fenêtre qui donnait sur l’entrée. Il pianota sur la table, regardant machinalement les titres des livres posés là. Il lui semblait qu’il manquait quelque chose… mais oui ! Son café. Il attendait généralement d’être dans son bureau pour le préparer, mais il ne s’était même pas arrêté ce matin-là. Voilà une nouvelle raison de faire vite : s’il allait en cours sans avoir bu son café, il ne mettrait pas beaucoup de temps à s’endormir.

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MessageSujet: Re: Watch and you'll see... [PV Jethro] Watch and you'll see... [PV Jethro] Icon_minitime1Jeu 12 Sep - 13:19

Watch and you'll see... [PV Jethro] Tumblr_lvccl2qGC41qbug44



Cancre de Plomb. Quelle jolie étiquette que le corps enseignant et le troupeau de Platines ont collé sur le front de Jethro à l'unanimité. De résultats moyens Mentworth est devenu la lanterne rouge de l'Académie et pour dire la vérité, cela lui convient parfaitement. D'avenir dans cette société, il n'en a pas. Il le sait, aussi sûrement qu'il sait que le soleil se lèvera demain matin. Si ça ne tenait qu'à lui, il n'aurait jamais foutu les pieds dans ce maudit établissement et il en serait déjà loin mais, il y a Emily...il ne sortira pas de cet endroit avec les honneurs, un diplôme ou une petite vie déjà tracée par une main étrangère. Quand aux choses qu'on lui apprend, la seule qui revêt un tant soit peu d'intérêt, c'est le tir à l'arc. On ne peut pas mentir avec une arme. On ne peut pas empoisonner un esprit avec un sport individuel. Réclamant concentration et précision, Jethro utilise le club sportif pour affûter ses sens. On ne sait jamais. Peut-être qu'un jour, il trouvera le moyen de se faire la malle. Ou il trouvera quelqu'un ou quelque chose qui pourra utiliser ce talent certain qu'il a dans cette discipline.
Pour le moment, le cancre s'est réfugié à la bibliothèque. Personne ne l'y voit jamais durant les heures d'ouverture car Jethro se lève aux aurores pour en prendre possession. Seul, sans aucun témoin, il s'adonne à un passe-temps dont il ignore s'il porte ses fruits...le vandalisme des manuels d'histoire. Annotations en marge de paragraphes occultant certains événements, feuillets mobiles glissés entre deux pages pour faire éclater la véritable version des faits, il espère sincèrement que ces quelques mots, ces quelques phrases attiseront la curiosité de certains et certaines Zinc. Ne pas se contenter du même son de cloche, confronter des opinions, des choses qui devraient être automatiques dans un lieu de savoir tel qu'une Académie bourrée à craquer d'étudiants et que personne n'utilise. En tant qu'élève, on se contente d'absorber sans grimacer les régurgitations infâmes de professeurs qui sont en plein délire.
Jethro mesure la chance qu'il a eu d'avoir pu profiter de parents tels que les siens. Années bien trop brèves mais qui ont amplement suffit à forger un caractère sacrément trempé. Jamais l'adolescent ne s'est laissé poser des oeillères. Insoumis, rebelle, empêcheur de tourner en rond, Jeth' ne plaît pas à l'élite de Weins et c'est tant mieux. Le traumatisme toujours vif de la disparition des Mentworth, les mensonges éhontés qu'on a pu lui servir n'ont agi que comme un soufflet sur ces braises de rébellion semées par un couple d'adultes qui n'ont pas oublié de où l'humanité venait.
Cancre...être considéré comme un cancre par une bande d'ignares est un plaisir de fin gourmet. Jethro cultive avec soin cette image. On ne demande rien aux imbéciles. On n'attend rien des derniers. Mais une chose est certaine, un jour, ces fameux derniers seront les premiers et il veut ardemment être encore debout lorsque son pays opèrera un basculement complet. Aucun peuple ne peut tolérer aussi passivement d'être violenté de la sorte. Et puis, merde. Les Etats-Unis sont représentés par un aigle. Pas par un mouton stupide. Un jour, l'oiseau de proie se réveillera.
L'espoir, c'est tout ce qui lui reste. L'espoir et la rage.

Levant le nez du livre qu'il est en train de saccager d'après le règlement de Weins, les yeux sombres de Jethro se pose sur l'horloge qui égrène les minutes. Trois quart d'heure. C'est peu, pense-t-il en imaginant la quantité de choses qu'il y a à faire. Comment les choses ont-elles pu arriver à ce niveau? Comment le peuple a-t-il pu se laisser bercer, endormir, comment a-t-il pu se laisser faire sans réagir alors qu'on le dépouillait de ses us et coutumes, de son histoire? C'est avec un geste presque las que Jeth' se passe une main dans ses cheveux noirs en soupirant doucement. Ne pas se laisser abattre. C'est ce qu'il se répète à longueur de journée. Si une personne entre ces murs ne peut pas baisser les bras, c'est bien lui. Quitte à être seul contre tous. Allez, Jethro...on se remet à l'ouvrage avant que la routine encroûtante de Weins ne se mette en branle prête à broyer de nopuvelles vies et de nouveaux esprits.  
Le martèlement de semelles qui se dirigent vers lui le fige. Son regard balaie la table devant lui. Les livres ouverts où son écriture s'étale dans le moindre blanc disponible, les pages où la véritable histoire des Etats-Unis est dépeinte en lignes serrées. Pas le temps de tout cacher ou de tout détruire. La nuque raide, Jethro se redresse, se mordant les lèvres. Il en encore bon pour une de ces foutues retenues. Et les gratinées vu le délit qu'il est en train de commettre. Bordel. Y a jamais personne à cette heure-ci à la bibliothèque...une ombre l'engloutit, lui et son méfait. Alors? Quelle est la face bovine et ingrate qui doit bien se gausser à l'idée de pincer Mentworth le cancre irrespectueux?

Pas de sarcasme. Pas de "haha! on te coince enfin, délinquant" et encore moins de "bon sang! un Plomb qui sait lire?!"

Un bonjour d'une voix d'adulte connue et ô surprise, appréciée même. La chose était bien trop rare pour ne pas être remarquable. Tournant la tête, Jethro leva les yeux sur le visage de Manesse. S'emparant du livre qu'il était en train d'annoter, un sourire apparaît sur les traits de l'enseignant. Pas de reproches. Pas de sermon. Pas de menaces. Les ajouts fait par le Plomb sont justes et en parfait désaccord avec la version officielle crachée par le Gouvernement qui tord les événements historiques jusqu'à ce qu'ils s'imbriquent dans leur logique de cinglé. Manesse tire à lui une chaise et s'installe face à Jethro. A l'évocation de l'enseignement reçu durant l'enfance, les yeux en amande se baissent un court instant. Mouais. J'ai eu de bons enseignants quand j'étais gamin. Pas très longtemps malheureusement mais ça a suffi. Dur d'être un enfant maintenant. Le gouvernement n'a aucun scrupule à profiter de la malléabilité des cerveaux des plus petits, de leurs capacités à tout absorber tout croire, pour les formater dès le berceau. Il ne manque plus qu'un merchandising acharné de la tronche de Gordon pour que le tableau soit complet.
Manesse lui avoue ne pas être là pour le mettre en retenue - excellente nouvelle! - mais pour lui parler. Froncement de sourcils de l'adolescent qui relève son regard sombre sur le visage de l'enseignant. Du temps? Il n'a que ça vu le peu de travail qu'il fournit dans cette fichue Académie. Refermant le livre annoté, Jethro croise les bras sur le bureau. Allez-y. J'ai aucun impératif ce matin.

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MessageSujet: Re: Watch and you'll see... [PV Jethro] Watch and you'll see... [PV Jethro] Icon_minitime1Jeu 12 Sep - 19:19




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De bons enseignants… Oui, ils étaient bons. Bien meilleur qu’il ne l’était lui-même, d’ailleurs. Roger ne put retenir un sourire nostalgique. Si seulement ils avaient été encore là ! Il aurait de l’aide, aujourd’hui. A vrai dire, il ne serait jamais entré dans cette école, dans ce cauchemar duquel il était prisonnier à tout jamais. Sortir ? Comment pouvait-il espérer sortir de là ? Démissionner ? Non, on ne démissionnait pas de Weins, l’occasion était trop belle, c’était une opportunité sur laquelle seuls les traitres au pays pouvaient cracher. Des plus courageux, du moins. Les traitres comme lui restaient là, inlassablement dans l’école, à se cacher à la moindre occasion, dès qu’ils se sentaient un peu trop découverts. Les traitres comme lui… Les parents de Jethro étaient de loin les meilleurs instituteurs, oui. Ils avaient appris à ne pas se soumettre, quoi qu’ils leur en coûtent. Et ils en avaient payé le prix. N’aurait-il pas dû payer ce prix, lui aussi ? De quel droit restait-il vivant ici ? Il n’était pas le meilleur, le plus sage d’entre eux. Il n’était pas celui qui méritait d’être encore en vie. Ses anciens amis en auraient fait beaucoup plus pour ces élèves, et pour leurs enfants, qu’il n’en ferait jamais. Il suffisait de voir le nombre de jours et de semaines qu’il lui avait fallu pour sortir de l’ombre et venir trouver Jethro dans cette bibliothèque, alors qu’il suivait ses déplacements depuis plus longtemps que cela. Peut-être, avec un peu plus de courage, aurait-il pu également prévenir sa sœur avant qu’il ne soit trop tard.  ♫ Je sais, oui… de très bons enseignants. Je les regrette moi aussi. J’ai connu vos parents, Jethro…  ♫ Mais comment dire clairement ce qu’il avait à dire ? Il hésitait, détournait le regard et se préoccupait davantage de l’entrée de l’école. Il n’avait vu passer qu’un ou deux élèves, qui ne viendraient pas les embêter ici, et pas de bibliothécaire. Pas encore. Jethro passa par toutes les émotions. De la tristesse à la surprise, mais son professeur ne vit rien, les yeux tournés dans l’autre sens, dans le vide, où il n’y avait rien, personne. Plus personne. Il ne croisa son regard que pour le remercier de son temps libre d’un sourire. Apparemment, il l’appréciait un tant soit peu. Sinon il lui aurait sûrement déjà dit de s’en aller… ou serait parti. Les Plombs n’avaient jamais cherché à être polis envers les professeurs. Surtout pas lui. Il ne pouvait que l’être volontairement. Il referma son livre. Il n’avait même plus peur de ce qu’il était en train de faire, plus peur d’être repéré et dénoncé. Les premières minutes avaient été difficiles. Tout allait pour le mieux, à présent.

Mais cela ne changeait rien au fait qu’il ne savait comment l’aborder. Il ne se souvenait plus de lui… mais il l’appréciait, comme si quelque chose lui avait donné l’intuition qu’il pouvait lui faire confiance, qu’il y avait un lien. Une intuition que Roger n’était pas un parfait inconnu. Ou alors jouait-il la comédie, craignait que celui qui avait été l’ami de ses parents ait changé, comme sa sœur ? C’était possible. Roger avait bel et bien changé durant ces dernières années. Mais une chose était certaine : il ne l’aurait jamais dénoncé et n’aurait jamais dénoncé qui que ce soit d’autre. Il avait eu beau être un robot pendant quelques temps, il n’avait jamais été un partisan. Un robot simple, inutile, qui laissait les choses faire et se contentait d’accomplir les tâches qu’on lui ordonnait, sans se préoccuper de ce que faisaient ses élèves en-dehors des cours. Pourquoi n’avait-il pas réagit plus tôt ? Il avait eu besoin d’un signe. Jethro n’était arrivé dans l’Académie que lorsque Roger avait déjà changé de cap. Alors pourquoi n’avait-il rien pu faire pour Emily ? Il ne s’en remettrait sans doute jamais. C’était comme Rebecca. Deux tentatives qui avaient échoué… sauf qu’il n’avait rien tenté pour elle. Il n’avait pas fait porter ses efforts sur la bonne personne… pour une raison qu’il avait crue bonne. Il n’aurait jamais imaginé que la fille de tels instituteurs puisse être contaminée à son tour. Ne se rappelait-elle donc de rien ? Il leur avait pourtant dit, des années plus tôt, la vérité : ce qui s’était vraiment passé. A présent, c’était trop tard. C’était sa dernière chance, sauver le garçon. Il fallait sauver le garçon, puisqu’il ne restait plus que lui. Et enfin quelqu’un qui voudrait être sauvé… sans doute. Le digne successeur de ses parents.  ♫ En fait… j’aurais plutôt une question à vous poser. Ne craignez rien, Jethro… je connaissais vos parents et je sais aussi ce qui leur est arrivé… et si j’avais pu faire quoi que ce soit… Enfin, je veux simplement que vous n’ayez pas peur de me répondre. ♫ On avait toujours peur de répondre, surtout quand notre interlocuteur s’apprêtait à poser des questions si dérangeantes et dangereuses, des questions sur des résistants. A leur manière.

En fait, il se demandait comment il pouvait amener Jethro à lui faire confiance. Il n’y avait qu’une seule façon : avouer. Avouer directement qui il était et dans quelles circonstances ils s’étaient vus la dernière fois… avant que le jeune garçon ne mettent les pieds à Weins, évidemment. Mais Roger avait tellement envie de savoir quels souvenirs il lui restait… si ce geste qu’il avait fait pour lui n’avait pas été vain. Il ne l’avait pas été, au moins en un sens : il ne faisait aucun doute pour lui que ses parents avaient été arrêtés. Leur mémoire était intacte. Et il se battait avec cette mémoire, il la tenait en vie au-dessus du mensonge… comme pour les livres d’histoire. Il refusait de falsifier le passé, de tous points de vue. Son propre passé au-delà de celui du monde entier. C’était son seul combat : le combat contre le mensonge, le combat pour la mémoire. ♫ Quand vos parents ont été… arrêtés. Vous étiez petit. Je suppose que vous ne compreniez pas encore tout ce qui se passait autour de vous… alors, comment, quand avez-vous compris ? Je sais que vous connaissez la vérité. Mais ce n’est ni votre mémoire ni votre… famille, je suppose, qui vous l’a donnée. N’avez-vous pas cru qu’ils vous avaient abandonnés, vous et votre sœur ? Après tout, vous vous êtes retrouvés seuls du jour au lendemain, sans aucune explication… ♫ Peut-être en fait n’osait-il tout simplement pas se dévoiler et se cherchait-il ainsi des excuses à lui-même, dans lesquelles il mettait un désir absurde de savoir, de la prudence, de la peur. Il n’avait tout simplement pas la force, ou même simplement la volonté. Il n’était même pas sûr d’avoir eu cette volonté, quand il s’était arrêté devant la porte deux minutes plus tôt, quand il était entré, quand il s’était assis à ses côtés. Mais ce qui est fait est fait : plus question de reculer. Il était devant lui et devait finir.

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MessageSujet: Re: Watch and you'll see... [PV Jethro] Watch and you'll see... [PV Jethro] Icon_minitime1Dim 15 Sep - 14:10



J'ai connu vos parents. Les mots claquent comme un étendard dans le vent. Coup de masse qui donne l'impression de broyer son crâne, le regard noir se trouble en se figeant sur le visage du professeur. Stupeur muette alors qu'une armée galopante de questions se ruent à ses lèvres soulevant un nuage de poussière, tourbillon âcre qui l'étouffe, poigne griffue qui serre sa poitrine. De où et quand? Jethro n'a aucun souvenir de l'homme qui lui fait face. Des images diffuses d'une enfance qui fut heureuse jusqu'à ce que la tableau idyllique ne vole en éclats acérés surgissent devant ses rétines et les traits de l'enseignant n'y apparaissent pas. Les Mentworth avaient toujours veillé à tenir leurs rejetons éloignés de certaines choses, geste de protection car ce que les jumeaux ignoraient ne pouvait être utilisé pour les blesser ou leur nuire. Jethro se rappelle bien de voix provenant de l'étage inférieur lorsque ses parents recevaient un visiteur nocturne, entrevues qui se paraient du sceau du secret et auxquelles les enfants n'étaient pas conviés, mais le visage qu'il a pu entrapercevoir à de rares occasions est noyé, gommé et effacé de sa mémoire par le souvenir intense de celui de sa mère et de son père qui lui demandent de retourner dans sa chambre. Maudite mémoire qui se charge seule de faire le tri entre ce qui est important et ce qui ne l'est pas au mépris de tout contrôle. Combien de petits détails ont ainsi disparu et aurait pu lui être utile?

Jethro déglutit péniblement sentant une boule se former dans sa gorge. De colère? De tristesse? De frustration? Il n'en sait rien mais ce n'est pas agréable. Si Manesse dit la vérité - et pour quelle raison mentirait-il? - il constitue le dernier lien qui relie l'adolescent à son passé. Pourquoi n'a-t-il pas tiré sur cette corde avant? Peut-être...peut-être qu'Emily serait encore normale. Encore Zinc mais certainement pas perdue, réduite à l'état de marionnette écoeurante de servilité à l'égard d'un Gouvernement haïssable. Les doigts de Jethro se crispent, chiffonnant avec rage la feuille sur laquelle il avait recopié de mémoire le discours de l'union d'Abraham Lincoln. Manesse poursuit de cette voix à peine audible de conspirateur car ce qui va se dire ne doit pass tomber dans des oreilles indiscrètes ou pro-gouvernement. C'est le genre d'échange qui peut avoir des conséquences aussi désastreuses qu'irréversibles. L'enseignant avoue n'avoir rien pu faire pour sauver ou aider les Mentworth. Jethro plisse les lèvres avant que son regard ne se déporte sur les rayonnages des livres. C'est bien l'une des dernières choses que l'adolescent avait envie d'entendre. L'impuissance face aux exactions d'un gouvernement capable de détruire une famille parce que les membres de cette dernière ne marchent pas dans le même sens que le troupeau.
Vous craindre? Je ne crains plus rien depuis la rentrée. S'il y a bien une chose utile qu'a fait cette foutue école pour moi, c'est bien ça. Me débarrasser la moindre de mes peurs. Ton plus sec et abrupt que ce à quoi il s'attendait. Mais la colère adolescente n'est pas une énergie que l'on maîtrise. Du moins, dans des circonstances naturelles. En ce qui concerne les Platines, ce besoin de révolte et de prendre position avec inconscience n'existe plus. Les yeux noirs coulent sur le côté pour croiser ceux de Manesse. Allez-y. Posez la, votre question.

Comment avait-il su? Comment l'enfant de huit ans avait-il pu appréhender la disparition aussi brutale que soudaine de ses parents? Jethro se souvient de cette matinée où en se réveillant, aucune odeur de petit déjeuner ne flottait dans la cuisine. Juste le silence. Un silence pesant presque glaçant. Et aucune trace de ses parents. C'est Emily qui avait alerté les voisins qui eux-même s'étaient chargé d'en prévenir les autorités. Pendant ce temps, un horrible pressentiment avait frappé Jethro. Celui d'avoir été amputé durant la nuit de quelque chose, sentiment de ne pas réussir à émerger d'un cauchemar où une main de glace broie un coeur dont les battements deviennent frénétiques sous le coup d'une terreur viscérale qui enfle, enfle. On leur avait servi de parfaites inepties, les autorités jouant sur cette peur naturelle enfantine de l'abandon. Mais pour Jethro, c'était quelque chose d'impossible. Inenvisageable. Trop incroyable pour se parer ne serait-ce que d'un minuscule lambeau de vérité.

Pour pondre un mensonge crédible, il faut lui sacrifier un bout de vérité. énonce-t-il à voix basse en courbant la nuque. Les yeux noirs s'égarent sur son écriture aux lettres serrées, graphie dont la rage transparaît à chaque courbe. Et on nous a menti grossièrement. Et le terme est faible.Du haut de mes huit ans, je savais que mes parents ne nous auraient jamais abandonné sans raison. Je n'ai jamais pu croire à une fuite, que ça soit les autorités ou ma connasse de tante qui me le dise. Soupir douloureux avant de se laisser aller contre le dossier de sa chaise. La seule certitude que j'ai pu tirer de ces explications foireuses était que je ne les reverrais plus. De ça, il n'y avait pas à tortiller.

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MessageSujet: Re: Watch and you'll see... [PV Jethro] Watch and you'll see... [PV Jethro] Icon_minitime1Mar 24 Sep - 16:33




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Roger était incapable de dire quelle genre de réaction il attendait e la part de son élève. Peut-être avait-il été brutal ? Ou trop long ? Ce qu’il vit immédiatement en face de lui, c’était de la colère. Il n’y avait aucun doute là-dessus. La feuille qui se froisse… Les doigts crispés. De la colère, rien de plus. Mais pourquoi ? Roger désirait plus que jamais à ce moment-là, se tromper. Cela aurait pu être de la tristesse ! Mais ça n’y ressemblait pas. C’était de l’aide, pourtant. Quelqu’un d’autre qui était du même côté, qui le regardait enfreindre le règlement et la loi du pays sans en tenir compte. Quelqu’un comme lui. Il n’aurait pas dû se mettre en colère. Au moins, de cette façon, il n’y avait plus aucun doute : il n’hésiterait pas à lui répondre. Il y avait une chose que Roger craignait malgré tout : la perte de contrôle. Ce qu’ils étaient en train de faire était dangereux et demandait de la prudence. La colère se moque de la prudence : elle fait hausser le ton, monter la voix, oublier le monde, les alentours et les oreilles indiscrètes. Comme s’il fallait absolument que tout le monde se rende compte qu’elle était là et maîtrisait tout. Et quand il avoua qu’il ne craignait rien, c’était plus qu’évident : il ne craignait pas non plus de se faire entendre, il ne craignait pas d’attirer le danger jusqu’ici. Roger répondit d’ailleurs :   ♫ Plus aucune peur, je vois ça… vous n’avez même pas peur d’être imprudent. Baissez le ton. Je ne parle pas simplement pour moi. Vous auriez des problèmes… ♫ Oui, il en aurait. Moins que son professeur, sans doute, mais il en aurait également. La seule différence entre les deux était que Roger avait peur d’en avoir et Jethro s’en moquait éperdument. Et ce dont il put encore se rendre compte par la suite, c’était que le garçon ne se souvenait absolument pas de lui. Mais s’il en avait eu le moindre souvenir, n’aurait-il pas déjà tenté une approche avant ? Il était persuadé de l’avoir su tout seul. Ce n’était sûrement pas faux. Un petit garçon n’avait certainement pas pu tout comprendre tout seul, mais était-ce seulement possible d’imaginer, pour un enfant, que ses parents l’aient abandonné ? Là-dessus, il n’y avait aucun doute, il disait vrai. Mais Roger savait quelque chose de plus : sa visite, juste avant de perdre les deux enfants de vue, avait fait du bien au garçon. Il avait préféré oublier.

Roger hocha la tête au discours de Jethro. Le plus important pour le moment était de lui faire oublier sa colère, cette dangereuse et terrifiante colère. ♫ Je comprends… Bien sûr, c’est normal. Mais vous aviez dû avoir peur… ♫ Il regarda une énième fois par la fenêtre. Peut-être était-il trop long… Il allait encore perdre l’occasion de dire la vérité. Et son élève en savant déjà trop… s’il n’avait qu’une partie de la vérité… Ce n’était jamais bon. Il fallait finir avant que quelqu’un n’arrive. ♫ Alors, vous ne vous souvenez pas de ce jour où vous êtes parti chez votre tante… Je ne m’attendais pas à ce que vous vous souveniez de l’époque où je venais chez vos parents… vous étiez tout petit. Mais je pensais que vous auriez peut-être un vague souvenir de ce jour-là. Je suis venu vous parler rapidement avant que vous ne disparaissiez… ♫ Il essayait lui-même de se souvenir. S’il arrivait à donner le maximum de détails, il pourrait plus facilement convaincre Jethro. Mais surtout, avant toute chose, le calmer. Sa confiance, même s’il disait ne pas avoir peur… c’était vrai, il n’avait pas peur. En le regardant, Roger fut pris d’une peine violente, brusquement, sans comprendre pourquoi. Il avait déshumanisé tout le monde autour de lui : il y avait les collègues, les élèves. Des automates autour de lui. Des chaises occupées, des bureaux vides. Il avait oublié que ces visages étaient parfois humains. Même les visages de ceux à qui il voulait faire confiance, à qui il vouait son amitié… ou son amour. Soudain, Jethro lui apparut, derrière sa colère, comme le petit garçon seul et abandonné qu’il était lorsqu’il n’avait que huit ans. ♫ Est-ce que vous vous souvenez de quelque chose ? Ou plutôt de… quelqu’un ? Je sais que c’est loin, et j’ai aussi du mal à me remémorer toute la scène. Je sais simplement que j’étais là… que je vous ai dit quelque chose d’important. Je ne peux même pas vous dire quoi, avec précisions. ♫ Il ne pouvait pas non plus en parler ouvertement ici. C’était toujours le plus difficile.

Et que se passerait-il ensuite ? Qu’allait-il lui dire ? Comment se terminerait cette histoire ? Roger était certain de ce qu’il avait supposé en le voyant devant ces livres d’histoire, à modifier les évènements faussés de l’Histoire : il voulait conserver une mémoire exacte et parfaite. Si quelqu’un venait avec la vérité sur son passé, il ne pourrait refuser son aide, ni sa protection, ni les éléments qu’il serait prêt à ajouter. Surtout les éléments en question, parce qu’il ne pourrait en réalité pas faire grand-chose de plus pour lui. ♫ Vous avez compris que je ne veux pas que vous finissiez comme les autres. Ce n’est certainement pas ce que vos parents auraient voulu… et c’est pour ça que j’ai tenu à vous parler le jour où vous êtes parti… et que je reviens aujourd’hui. Je vois de quelle façon vous vous efforcez à restituer ce qui s’est vraiment passé dans le monde, dans les livres d’Histoire. J’ai reconnu votre écriture depuis un petit moment dans ces marges… Mais avant de vouloir restituer l’histoire du monde entier, peut-être que vous devriez vous occuper de la vôtre… et prendre garde à ne jamais l’oublier. Quoi qu’il arrive. ♫ Les autres étudiants commençaient à arriver. Il avait trop trainé, comme d’habitude. Il allait encore baisser le ton, et espérant juste que son interlocuteur ferait de même.


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MessageSujet: Re: Watch and you'll see... [PV Jethro] Watch and you'll see... [PV Jethro] Icon_minitime1Jeu 26 Sep - 17:42



Baisser le ton ? Jethro leva son regard noir pour balayer les alentours. Les étudiants qui venaient ici ne se préoccupaient jamais des autres et certainement pas d'un Plomb. L'avantage de faire partie de cette caste d'intouchables était que personne ne faisait attention à vous. Ah si...pour essayer de vous ramener dans le droit chemin, en bon berger armé de sa crosse. Sauf qu'en ce qui concernait Jethro, aucun Platine n'était parvenu à le toucher d'une quelconque façon. Les discours qu'on lui servait avec assurance et voix de miel lui hérissaient le poil, il y répondait par l'indifférence, le mépris ou la provocation selon son humeur. Ces derniers temps, il avait tendance à s'emporter un peu trop facilement. Mais cette fois-ci, il n'était pas seul et si sa chute dans un cloaque glacé et froid où on l'oublierait ne l'affolait aucunement, ce n'était pas le cas de Manesse. Professeur un peu trop précieux pour mériter de le suivre, il avait peut-être une femme ou un môme et Jeth' n'avait pas envie d'être celui qui ravirait le père d'un enfant. Poussant un soupir, l'adolescent baissa les paupières en signe d'assentiment. OK, il fera attention au volume sonore. Des problèmes ? Je n'ai plus que ça, professeur. Un de plus ou un de moins ne changera pas grand chose à ma vie. Mais j'avoue que votre inquiétude me touche. Et je n'ai pas envie de vous attirer d'ennuis. Je ferais attention. Ils sont rares les adultes à se préoccuper d'une façon ou d'une autre à son sort. Pensée acide qui file vers cette connasse de tante qui n'a plus d'yeux que pour Emily. Avait-elle seulement eu un semblant d'intérêt pour lui, le mauvais jumeau ?

Manesse continue de parler de sa voix calme et posée, à peine audible pour qui conque passerait près de la table de Jethro. Et tandis que les mots prononcés de manière si tranquille lui parviennent, l'adolescent s'efforce de se replonger dans ces jours sombres, ces jours où il s'est retrouvé seul. Seul contre tous. Des uniformes policiers. Les visages des voisins curieux qui apparaissaient dans le couloir, observant avec une curiosité de vautour ce qui avait bien pu se passer chez les Mentworth. Ces murmures que les enfants ne prirent pas la peine d'entendre. Jethro se souvient de la main de sa soeur dans la sienne. Malgré la naïveté dont avait toujours fait preuve Emily, elle comprenait que quelque chose d'irréversible se déroulait sous leurs yeux. Il se rappelle les questions qu'on lui a posé. Est-ce-que ses parents avaient des ennemis? Non. Des amis? Pas qu'ils ne sachent. Est-ce-que quelque chose d'étrange était arrivé récemment? Non. Réponses monosyllabiques, lâchées d'une voix atone. Et ce flou qui masquait les visages réduisant les moindres traits en une face ovale, de couleur chair mais sans aucun détail.

Désolé. Je me souviens de certains détails comme de la forme des boutons des uniformes des flics, ce que je portais ce jour-là. Mais les visages... Les yeux en amande croisent le regard noir de Manesse, s'y accrochent comme si une réponse pouvait en surgir par magie. L'enseignant baisse une fois de plus la voix et ce chuchotement presque pressé, ces paroles qu'il prononce avec la crainte qu'elle ne soit entendues...remue quelque chose. Quelque chose d'oublié qui s'agite derrière le voile de la mémoire. Jethro décroche de la conversation, s'efforçant de cibler cette sensation, ce truc prêt à lui apparaître. Ses iris glissent sur le côté tandis qu'il se revoit debout et droit comme un I dans une cuisine envahie d'uniformes. Une femme lui annonce qu'une tante va s'occuper d'Emily et de lui pendant quelques temps. Il entend sa voix d'enfant répliquer qu'il n'a aucune tante et l'inconnue qui lui dit que si, qu'elle est très gentille et que tout ira bien. Une autre voix s'élève, celle d'un homme qui répète dans son dos méprisant complètement le fait que les deux enfants soient encore là que les Mentworth devaient être de sacrés crevures pour abandonner leurs mômes de cette façon. Une main s'empare de la sienne, tellement grande, pour les emmener chez cette parente dont il ignore tout. Et quelqu'un s'interpose.

Jethro bat des paupières reportant son attention sur Manesse. Et ça serait mentir que de dire que la suite du discours de l'enseignant le laisse indifférent. Le masque impassible du rebelle se fendille, se craque et Jeth' se mord avec rage l'intérieur de la joue. Pas par colère mais parce que quelqu'un semble encore à tenir à lui. Depuis une dizaine d'années, il s'est débrouillé pour ne plus se fier aux adultes qui n'ont fait que lui mentir, que l'ignorer et le considérer comme une chose nuisible. Son statut de mauvais jumeau, celui de Plomb, ils se succèdent mais aucun n'est laudatif. S'entendre dire par un adulte qu'on ne souhaite pas le voir finir comme les Platines, qu'on a reconnu son écriture dans les livres d'histoire lui noue les tripes. Posant un coude sur la table, bras levé, Jethro cale son front dans sa paume.
La dernière phrase de Manesse le fige et écartant deux doigts, il lève les yeux sur le visage du professeur. Ces paroles...ne pas oublier. Ne jamais oublier quoiqu'il arrive d'où il vient...
La personne qui s'était interposée entre lui et la porte d'entrée de l'immeuble où il avait grandi, la personne qui avait stoppée pendant quelques secondes le transfert d'Emily et de lui-même chez leur tante inconnue au bataillon...il se rappelle d'une paire d'yeux noirs qui lui avait murmuré à voix basse, mains posées sur ses épaules d'enfant que son coeur avait raison et qu'il ne devrait jamais oublier ce que ses parents ont pu lui dire. Des paroles brèves mais qui avaient calmé en un claquement de doigt tout le tumulte qui avait découlé de la disparition du couple Mentworth.
Brouhaha léger dans la bibliothèque. Quelques élèves étaient en train d'y entrer et Manesse sembla aussitôt plus nerveux.
Cette phrase...la dernière...on me l'a déjà dite. murmure-t-il d'une voix blanche.

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MessageSujet: Re: Watch and you'll see... [PV Jethro] Watch and you'll see... [PV Jethro] Icon_minitime1Ven 27 Sep - 21:45




Watch and you'll see




Avoir le malheur d’être un fils de résistants. Un malheur. Vraiment ? C’était le point de vue de beaucoup de gens. C’était être exposé à tous les dangers et surtout celui de voir sa famille disparaître du jour au lendemain. Roger ne connaissait pas beaucoup de résistants. Il n’en connaissait plus. A l’époque où il vivait avec Camille, il en avait vu passer chez lui. De nombreux. Mais ce n’était pas lui le rebelle – c’était elle. Maintenant il ne connaissait plus personne, il ne savait pas. Le seul encore vivant autour de lui… c’était lui-même. La seule enfant à être en danger désormais, c’était la sienne. S’il y avait eu d’autres enfants… d’autres étudiants… Il ne pouvait pas protéger tout le monde. Mais il aurait pu garder un œil sur eux. S’il ne s’était pas enfermé dans son mutisme, isolé du monde entier, il aurait des contacts. Maintenant qu’il voulait faire quelque chose, c’était trop tard. Ou trop tôt. Il ne connaissait plus personne. Alors il revenait vers Jethro quand sa sœur avait déjà disparu. C’était la seule chose qu’ils pouvaient leur faire après tout… les endoctriner et les forcer à trahir la mémoire de leurs parents. C’était ce qu’il voulait éviter. Au moins, il avait un avantage, si fait soit-il : le garçon avait l’air de lui faire confiance, à un tel point qu’il acceptait de baisser la voix. Juste pour lui. Pour le protéger. Et il ne savait pas encore tout. Mais Roger lui sourit, mélancolique et soudain plein d’espoir. Quelqu’un d’autre… Mais c’était à lui de le protéger et non l’inverse. Ou alors il se trompait… chacun son tour… chacun leur tour. ♫ Merci… Vous êtes bien le seul à ne pas le vouloir. Des ennuis… Tout le monde veut que tout le monde ait des ennuis. C’est tout ce qu’il reste pour s’amuser, les ennuis… et encore. Je ne suis pas sûr que ce soit le plus amusant qui soit sur terre. Mais ne parlons plus de ça. Nous perdons du temps. Les élèves commence à arriver et… et je vais arrêter de tourner autour du pot. Ce que je voulais vous dire… ♫ temps. Les élèves commence à arriver et… et je vais arrêter de tourner autour du pot. Ce que je voulais vous dire… ♫ Mais des élèves entraient. Heureusement, ils regardaient tous ailleurs et ne se préoccupaient pas de leur conversation. Ce n’était pas particulièrement étrange de voir un professeur à la bibliothèque avec l’un de ses élèves… surtout un Plomb. Un élève qui avait besoin d’un redressement. Jethro n’arrivait pas à se souvenir… mais son attitude changeait. Il entendait ce que Roger avait à lui dire. Il ne l’entendait que trop. Roger voyait son expression changer au fur et à mesure. La colère disparaissait peu à peu… C’était ce qu’il attendait. Plus de colère. Pour ce qu’il avait à dire, il devait être sûr que Jethro garderait son sang-froid. Le regard pouvait en dire tellement, le ton de la voix, chaque tremblement. Les autres élèves ne se préoccupaient pas d’eux, mais on pouvait apercevoir beaucoup trop de choses dans un regard perdu. S’ils ne faisaient pas attention. Et brusquement, Jethro retrouva la mémoire. « Je l’ai déjà entendue… » Roger sentit brusquement l’espoir revenir. C’était bon. C’était le moment. Mais il ne pouvait plus lui en parler aussi ouvertement, avec tous ces élèves autour. Il se leva et saisit le bras de son élève pour l’attirer plus loin, derrière les rayons. ♫ Je suis désolé d’être aussi brusque. Je n’avais pas le temps. Ça fait des jours que j’essaie de vous le dire… de trouver un moyen, le temps, le bon moment de vous le dire, mais je ne peux pas. Je n’y arrive jamais. Et j’ai peur de la façon dont vous réagiriez parce que… à cause de… vous savez. ♫ Sa sœur. S’il était arrivé plus tôt, il aurait peut-être pu sauver la sœur. Et cette idée, cette image le poursuivait encore. C’était comme tous les autres élèves qu’il n’avait pu sauver, qu’il avait même guidés jusqu’à leur perte. Au moins, il avait la consolation de ne jamais avoir fait le moindre mal à Emily. Ce n’était pas plus… ce n’était plus lui. Il avait déjà arrêté alors. Il avait simplement oublié de prendre soin d’elle, oublié lui aussi qu’il aurait dû honorer la mémoire de ses amis.

Maintenant le fils était face à lui et attendait certainement des explications, des excuses, il ne savait quoi. Mais il n’avait pas le temps de lui dire tout ce qu’il voulait savoir. Il en avait déjà sous-entendu assez, et il avait besoin de finir, vite, car les élèves arrivaient, bientôt ses collègues et la bibliothécaire, bientôt plus aucun espoir. ♫ Alors, ça vous est revenu… merci… J’ai eu peur, pendant un moment, que vous ayez tout oublié. Je ne vais pas pouvoir m’étendre maintenant… mais venez chez moi. Vous pouvez toujours venir chez moi, nous pourrons parler de tout ce que vous voulez. Ce n’est pas surveillé… je suis professeur. Si vous faites ça, veillez simplement à ne pas vous faire remarquer. ♫Comme eux aujourd’hui. Il ne pouvait s’empêcher de regarder à travers les étagères et ces livres ignobles. ♫ Ce que je vous ai dit il y a des années, ne l’oubliez pas. Ce que je vais vous dire va peut-être vous paraître étrange mais… je me fais du souci pour vous. Vous semblez aller de plus en plus mal au fil des jours et des mois… Ne vous laissez pas abattre. Vous n’êtes pas seul ici.  ♫ Il avait laissé ses affaires à l’entrée… se rendit-il compte soudain. Mais personne n’oserait y toucher. Pour le moment, il regardait Jethro, cherchant un signe. Il ne pouvait pas s’en aller sans s’assurer qu’il allait bien, il ne pouvait le laisser s’il avait des questions à poser… quelque chose à lui demander… des reproches à faire. Ce n’était peut-être pas le lieu approprié. ♫ Je reviens… ♫ murmura-t-il en se dirigeant vers l’entrée. Sur le bureau de la bibliothèque, il devait bien y avoir de quoi écrire. Il prit un bout de papier au hasard et un stylo et y nota son adresse avant de revenir voir son élève et de le lui tendre très discrètement. ♫ Tenez. Faites en sorte que ça… ne circule pas. Je vous fais confiance, Jethro. Je sais que c’était très brusque mais je ne pourrais même pas imaginer que vous ayez déjà oublié… je sais que vous êtes comme eux. Je vous dirai tout ce que vous voulez savoir, c’est promis. J’ai dû me taire trop longtemps… et ce n’était certainement pas le meilleur moment pour vous en parler, aujourd’hui, juste avant les cours. Je n’ai jamais réussi à vous voir seul avant. ♫ Il aurait voulu tenter un geste amical… une main sur l’épaule… mais ils n’étaient plus seuls. Un professeur, amical avec un plomb ? on n’était pas amical avec les Plombs. Il aurait bien plutôt dû lui lancer un regard noir et le disputer avant de partir. Ce qu’il allait faire d’ailleurs, s’il n’avait pas le choix… Si quelqu’un les voyait.

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MessageSujet: Re: Watch and you'll see... [PV Jethro] Watch and you'll see... [PV Jethro] Icon_minitime1Jeu 24 Oct - 22:46



Paupières plissées, les yeux noirs scrutent ceux de Manesse qui ne lui laisse ni le temps de répliquer ou de réagir. Refermant sa main sur son avant-bras, il le contraint à se lever et à quitter sa chaise, ses livres, ses affaires pour l'entraîner entre les rayonnages d'ouvrages frelatés et trafiqués, loin des oreilles et des oeillades indiscrètes et suspicieuses. Bref éclat de colère qui luit au fond du regard sombre lorsque le sujet tabou d'Emily est évoqué. La brave et docile petite Emily tombée au champ du déshonneur dans les bras de l'ennemi. Sans aucun espoir de revenir du bon côté si on en croyait les rumeurs les plus folles qui couraient dans les couloirs de l'Académie. Ce qui est fait peut-être défait, non? Est-ce-que tout est réellement irréversible? Pour le moment, Jethro ne se contente que de ruminer de bien sombres pensées qui ne font qu'attiser son sentiment de révolte et de rébellion. Tant qu'il sent son coeur s'agiter, s'insurger et se soulever, c'est qu'il n'est pas mort et que cette fichue école ne l'a pas encore transpercé de ses griffes pour lui injecter dans les veines son venin qui a le don de nécroser la moindre idée brillante dans le crâne de ses élèves. Fermant les yeux, Jethro prend une profonde inspiration en secouant la tête. Si vous avez quoi que ce soit à me dire, c'est inutile de me ménager, Professeur. Ces dernières semaines ont vu le seuil de tolérance de Jethro grandement changer. Et même si on ne s'habitue jamais complètement à s'en prendre plein les dents à longueur de journée, on finit pas apprendre à faire avec.

Impression que le professeur ne fait que révéler la partie émergée de l'iceberg. Quoiqu'il se soit passé lors de ce matin où les parents de Jethro ont disparu, quoiqu'il se soit passé avant cette date, il n'en saura guère plus aujourd'hui. Pas parce que Manesse n'en a pas envie, il a l'air bien trop gêné, bien trop mal à l'aise pour se foutre royalement de ce qui peut advenir de Jethro mais parce que les circonstances ne s'y prêtent guère. Et c'est une invitation inédite que l'enseignant propose au Plomb. Continuer cette conversation ailleurs, dans un lieu neutre où il n'y a rien ni personne prêt à vendre la mèche ou à répéter ce qui pourrait être échangé. Jethro fronce les sourcils tandis que Manesse poursuit.
Inquiétude, souci. Voilà ce que Mentworth éveille chez celui qui a été l'ancien ami de ses parents. Les traits de l'adolescent se décrispent tandis qu'il lève les yeux au plafond en tournant légèrement la tête. Aller de plus en plus mal? C'est une façon de voir les choses. Jethro préfère se voir comme quelqu'un qui s'est arraché lui-même les oeillères qu'on lui a posé sur les tempes. Weins ne cherche qu'à diviser les étudiants, il cherche à les fédérer. Weins attise les différences, il veut les aplanir. Weins veut créer des individualistes sectaires, il ne rêve que d'une jeunesse unie sous une même bannière. Alors oui, cette évolution s'est faite dans la douleur, dans la souffrance et l'amertume mais au final, c'est préférable à rester le nez baissé en évitant soigneusement de regarder ce qu'il se passe autour de soi.
Vais-je plus mal ou suis-je en train de devenir le seul être humain normal de cet endroit? Il n'est pas seul lui annonce de but en blanc Manesse. Ca, ça reste à prouver. Les étudiants changent de métal et il a vu tellement de personnes têtues, réputées ingérables se laisser prendre passivement. Des veaux à l'abattoir. Ils sont tous sur un tapis roulant qui les mène à une broyeuse et Jethro est le petit malingre qui essaie de prévenir ses compagnons d'infortune qu'au bout, il n'y a ni grande lumière ni félicité. Je vous remercie de me confirmer que je ne suis pas seul. Mais admettez que l'on est bien peu à essayer de... baissant la voix, il poursuit de faire bouger les choses. Et ça sous-entend faire vraiment bouger les choses, peu importent les moyens et les mesures à prendre.

Manesse s'éclipse soudain lui assurant de revenir. Jethro pousse un long soupir en gonflant les joues avant de laisser errer son regard sur les tranches des livres ornés de petites pastilles de couleur selon le thème qu'ils abordent. C'est pas dans ces étagères qu'on dénichera un exemplaire de "1984" ou de "La ferme aux animaux". Il n'y a que de l'aseptisé, du neutre, du non contestataire et du remanié dans ce temple de la culture. Temple de la culture...tu parles. Pas étonnant que le monde marche sur la tête à force de se farcir des inepties pareilles.
L'ombre de Manesse réapparaît soudain au bout des rayonnages et c'est discrètement qu'il lui glisse un morceau de papier dans la main. Baissant les yeux sur la page, il y a lit une adresse. Pas de risques qu'il fasse circuler ce genre de choses. Pas de risques qu'il fasse la tête brûlée. Pas de risques qu'il ne se la joue pas parano, le jour où il se pointera là-bas. Car il va s'y pointer, de ça, y a pas à tortiller. Trop de non-dits et d'informations étouffées par les murs de Weins. Des choses qui le concerne directement.
OK. murmure-t-il en rangeant le papier dans la poche arrière de son jean. Je viens quand je veux? C'est pas comme si ma vie sociale depuis la rentrée était riche.

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MessageSujet: Re: Watch and you'll see... [PV Jethro] Watch and you'll see... [PV Jethro] Icon_minitime1Ven 25 Oct - 20:17




Watch and you'll see




Est-ce qu’il avait enfin trouvé celui qu’il cherchait ? Jethro n’était pas comme les autres élèves. Les risques qu’il prenait, ce n’était pas pour son confort. Il ne gagnait rien à écrire dans les livres d’histoire. Pas d’argent, pas de liberté, seul… il faisait tout son possible pour aider tous les autres. Il y avait encore des personnes comme ça… Roger désespérait de plus en plus dans cette école. Mais il ne voulait pas désespérer, il ne voulait pas perdre espoir, même si c’était difficile. A présent, il avait une nouvelle personne à aider. Mais peut-être que cette fois, ce serait lui qui l’aiderait… Parce que c’était ça qu’il cherchait en réalité. Quelqu’un pour l’aider, lui, là où il était complètement seul. Il lui ressemblait, en quelque sorte. C’était drôle… et perturbant. S’il avait eu son âge aujourd’hui, il aurait été pareil. Enfin… s’il avait eu son âge avec son expérience actuelle. Sinon, il se serait probablement laissé influencer, comme tous les autres. Il avait de la chance d’être né avant. Même s’il n’en avait pas l’impression. Tout cela était à cause de ce qu’il avait connu autrefois. Il savait qu’à une époque, tout était différent. Et malheureusement – ou heureusement, après tout – Jethro le savait également. Il y avait l’époque de ses parents. S’il avait vécu dans une famille normale, il n’aurait pas vu la différence non plus. C’était ce qui le différenciait de tous les autres et ce pourquoi il était beaucoup plus fiable que les autres élèves de l’Académie. Contrairement à eux, il avait grandi avec la conscience que le monde aurait pu être différent, et l’avait été, et que certaines personnes se battaient pour eux. Car quand ils auraient réussi à s’en sortir…. Lui, il était vieux. Il n’avait rien à gagner. Il ne perdait rien à tout abandonner et tout à se dresser contre l’autorité. Quand Jethro demanda s’il était en train de devenir le seul être humain normal de cet endroit, Roger eut un serrement au cœur. Si ce n’était que cela !  ♫ Je pense que vous pouvez dire que vous êtes le seul être humain, tout court, de cet endroit. Être humain avec toutes les qualités requises. Beaucoup ne sont que des robots, la plupart sont des ombres… il ne reste plus grand-chose d’eux. ♫ Mais faire bouger les choses ? Ils étaient encore moins nombreux que Jethro le croyait. Roger ne cherchait pas à faire bouger quoi que ce soit, mais juste à empêcher de faire évoluer les choses… dans le sens de l’ennemi. Si c’était ce qu’il attendait de son professeur… il serait déçu. Roger avait de quoi décevoir beaucoup de monde. C’était pour cette raison qu’il n’avait jamais cherché à rejoindre la résistance.

Il se contenta de hocher la tête avant de lui donner son adresse. Il ne voulait pas s’étendre sur ce sujet maintenant… Ce n’était ni le lieu ni le moment, et il aurait aimé ajouter : ni la personne. Il y avait certainement mieux placé que lui quelque part pour parler de faire bouger les choses comme il l’avait dit. Lui il n’était là que comme messager, pour lui rappeler le passé, ses parents, et le guider sur la bonne voie. Et s’assurer que le seul être humain de cet endroit ne devienne pas comme les autres.  ♫ Quand vous voulez… je vous accueillerai avec plaisir. Seulement… Je suis un peu occupé en ce moment, à cause de la journée portes ouvertes. Mais dès le lendemain, je serai libre. Restez comme vous êtes jusque-là… ♫ Terrible euphémisme. Rester comme il était, ne pas disparaitre dans la masse et le mouvement. Mais il avait confiance. Sinon, il serait venu plus tôt… ou alors il aurait encore perdu. Et il ne voulait pas perdre un élève une troisième fois, c’était une fois de trop. ♫ Les élèves et le personnel commencent à arriver… je ne vais pas pouvoir rester plus longtemps. En plus, on va me chercher en salle des professeurs, si je n’y vais pas. Tout le monde sait que j’ai l’habitude d’arriver en avance… A bientôt. Et… merci. Merci d’être toujours là. Je désespérais autant que vous.  ♫ Il dut s’en aller. La bibliothèque se remplissait. Si au moins c’était pour travailler ! Mais ils discutaient, comme la bibliothécaire n’était toujours pas là. Roger récupéra ses affaires à l’entrée. Au moins, personne n’y avait touché : elles étaient telles qu’il les avait laissées en entrant. Avant de sortir, il regarda Jethro une dernière fois, depuis la porte. Puis il sortit. Il alla rejoindre ses collègues, son monde. Du moins, le monde qui aurait dû être le sien mais qu’il n’arrivait pas à aimer. Malheureusement, il fallait faire avec. Il n’avait pas le choix.


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