« ll y a deux histoires : l'histoire officielle, menteuse, puis l'histoire secrète,
où sont les véritables causes des événements. »
— Balzac.

Bureau du notaire Richard Colombus
Colombus : Voici le testament de votre petit cousin maternel.
Cousin : vous pouvez me le lire?
Colombus : Bien entendu…

Chère personne qui va lire ceci, ci-dessous ne se trouve mes mémoires, c’est mon seul héritage à donner sinon l’argent que j’avais en ma possession. Il fallait que quelqu’un sache ce qui c’est vraiment passé, même si c’était après ma mort. Je suis né invisible et suis mort invisible, mais au moins une personne connaîtra mon histoire. Vous savez, je n’ai su que très tard que j’avais un trouble dissociatif bien après mon entrée à Weins, par le biais d’un ami qui m’avais vu le soir. Après, j’ai fait des recherches pour trouver mes anciens copains de l’orphelinat, il y en a plusieurs qui ont appuyé les propos de mon ami. J’ai aussi retrouvé le cahier diabolique dont va parler mes mémoires, il est brûlé et enterré avec moi, personne ne doit lire ce qu’y était écrit et dessiné. Aussi, ce n’en est qu’une infime partie, le texte ci-dessous. Le reste, il va descendre avec moi en enfer et  je crois que c’est mieux.


Au début,  nous étions un, une seule et unique personne équilibrée. Puis, à 7 ans, notre monde idyllique d'enfant s'est écroulé sur notre tête. Le divorce de nos parents fut l'élément qui chamboula notre vie. Un seul petit événement, si futile soit-il, réussit à nous faire tomber dans le piège de la vie. Nous vivions à Houston dans une belle maison dans la banlieue de la cité.  Grande, aérée,  ayant d'immenses fenêtres pour les bambins que nous étions, elle a suffi pour nous faire grandir en beauté. Nous avions une vie qui nous permettait de devenir des gens bons et respectables. Nous n'étions que d'innocentes petites choses dans ce temps. Sans idées malsaines aucune. Nous allions à l'école,  jouions avec nos amis,  faisions du sport. Tout le monde nous aimaient car nous étions gentils, intéressants, amicaux, tout ce que des parents désirent de leurs enfants. La vie tournait et nous suivions son cours sans accros. C'était une utopie qui ne pouvait durée.  Comme le mot l'explique, cette vie de rêve n'existait pas, car il y a toujours des hauts et des bas.


Le premier bas fut le divorce, cet événement terrible qui nous entraîna dans les bas-fonds. Nous nous souvenons de ce jour froid et venteux d'octobre. C'était le 24, nous revenions de l'école en autobus. Rentrant dans notre demeure, nous entendîmes alors des éclats de voix. C'était Marilyn,  notre mère,  et Aodhan, notre père, qui se disputaient au sujet du travail de ce dernier.
- Tu ne t'occupes pas bien de ton fils Aodhan! Tu travailles trop!
- Essaie de comprendre Marilyn, soit je perds mon poste durement gagné ou je continue à travailler comme je le dois.
- Tu dois choisir entre ta famille et le travail.
En ayant entendu assez, nous montâmes discrètement dans notre chambre située au deuxième étage.  Grande et spacieuse, celle-ci comporte une immense garde-robe et deux grandes fenêtres. Accoudé à l'une, nous fermâmes les yeux en espérant que le conflit se jouant sous ses pieds cesse à tout jamais. Ce n’était pas la première fois que nos parents avaient des joutes verbales enflammées. Après une heure sans fin de discussion à haute tension, ma mère monta furieusement les marches et vint me voir. “Thomas, fait tes bagages on s’en va. Ton père n’es qu’un connard.” Désarçonnés, nous fîmes rapidement nos valises. Nous y entassâmes pêle-mêle des vêtements, notre ourson appelé avec beaucoup d’imagination et d’efforts d’originalité “Teddy”, quelques petites voitures de collections et quelques livres avant de fermer nos valises noires et pleines à craquer. Ma mère les prirent avec empressement avant de dévaler les escaliers et d’ouvrir la porte à la volée et de quasiment arracher celle-ci pour se rendre au véhicule pour y entasser nos biens. Elle est revenue quelques secondes plus tard pour venir nous chercher. Nous n’avons même pas eu le temps de saluer notre paternel. Embarqué dans notre voiture familiale blanche, j’eus le temps de voir notre père pour la dernière fois dans notre vie en tournant la tête. La porte restée ouverte laissait voir Aodhan buvant un coup à même la bouteille de vin…


Nous venions d’avoir 9 ans, tout semblait se replacer. Nous avions une nouvelle maison à New-York, quoique plus petite, de nouveaux amis et ma mère s’était remise du divorce et marié avec un autre homme qui semblait à premier plan gentil et aimable. C’est alors que nous avons dérapé à nouveau… à cause de cet homme qui s’est révélé arrogant, tyrannique, violent. Un homme qui ne mériterait pas d’exister, mais qui est là et qui nous a violés, hurlé dessus pour rien, battu, fouetté autant qu’il le faisait avec notre mère qui est morte sous ses coups un beau jour de printemps. On dit qu’il y a des hauts après les bas… nous ne le croyons pas vraiment.

Des cris, des pleurs, des coups de ceinture, des coups de pieds et de poings, du sang qui coule sur notre front et des bleus, des coups de batte de baseball, la sensation du sol de bois franc sur nos joues collantes de larmes de douleur, la voix de notre mère qui crie à l’homme d’arrêter de nous frapper, la réponse du mari d’une voix tranchante et glaciale, les protestation de notre mère, la voix grave et pâteuse de l’époux qui lui crie dessus… perte de conscience, réveil, vision du beau-père battant notre mère, ses cris de douleurs, les coups violents et non retenu de l’homme qui n’arrête pas même après que la femme, notre génitrice, seul réconfort, soit à terre, se tordant de douleur. Une vision horripilante, violente, cruelle à jamais imprimé dans le crâne d’un enfant de 9 ans. Encore et encore des coups, le cercle vicieux est fermé, rien n’arrêtera l’homme, ivrogne, sale. Il halète, sa forte haleine imprégnée de l’odeur distinctive du vin vint à nos narines. L’enfer recommence, notre mère presqu’inconsciente souffle comme un bœuf. Nous ne pouvions rien faire, nous sommes trop faibles, peureux pour essayer de se lever pour aider la seule source d’amour que nous avions. Les coups pleuvent à nouveau. Après un moment, notre mère ouvre les yeux, mais ne regarde plus personne. C’est fini, terminé à tous jamais… Plus de câlins, de mots doux, de sourires tendres, de source de réconfort. Ses yeux rendu vitreux ne regarde personne, ils sont absents, partis, regardant au loin. Nous les fixons mais eux ne nous voient pas. Nous savons que la dernière chose que nous avions de précieux vient de monter au paradis, l’être que nous chérissions le plus était au ciel, mort à jamais… Nous étions seuls au monde, abandonnés, perdus, non préparé. L’inconscience vint alors mettre fin à cet épisode. Trop d’émotions, trop de douleur pour un être de 9 ans.


Les problèmes ne font que commencer, cet événement réveil le mauvais en nous. Le démon enfoui dans tous les gens nous apparaît, il nous contrôle la nuit et nous n’en savions rien. Le matin, nous suivions nos cours où nous excellions et qui étaient devenu la raison de notre être. Les études canalisaient notre énergie pour oublier les terribles événements. Nous sommes à l’orphelinat maintenant et la vie continue autour de nous. Nous devons continuer avec elle sinon nous tombions encore plus bas. Tout semble, du moins en apparence, changer pour le mieux. La nuit, cependant, le démon s’éveil à mon insu. Nous allions vandaliser les vitrines des magasins, tuer des chats de gouttière, brutalisions des mômes rester dehors à une heure tardive. Enfin, je n’en savais que dalle, même après les séances interminable avec le psy de l’orphelinat. Après 8 ans dans l’établissement pour bambins seuls au monde, je partis dans un petit appartement pour faire mes études supérieures en enseignement de la physique. Je voulais donner à la relève, motiver les jeunes à continuer et à aller au bout de leurs rêves. Qu’ils aient un endroit où ils pourront s’épanouir.


Nous avions alors 26 ans. Après une recherche d’emploi assez courte, nous commençâmes à enseigner dans une école de quartier du Milieu. Nous y fîmes des amis et les élèves nous appréciaient pour nos méthodes d’enseignement différentes. Chacun de nos cours étaient différents, intéressant, surprenant. Nous ne voulions pas que les élèves décrochent, c’était la pire chose à faire.  Le soir, après avoir corrigé les travaux de nos élèves, nous ouvrions un cahier pour écrire. C’était à ce moment que le démon apparaissait. Nous écrivions des choses sanglantes, tordues, horrifiantes, inadmissibles… Ce n’était rien que ça, pas de crise anxiété, enfin parfois, pas de cris ni de rage incontrôlable. Juste des mots. J’en étais inconscient car le démon cachait ce cahier et J’espérais que cette nouvelle stabilité reste. Après quelques années à cet établissement, notre notoriété monta car aucun de mes élèves ou presque échouait. Les échecs étaient très rares dans nos classes et nous en étions très fiers. Plusieurs offres d’emplois vinrent, mais nous n’en acceptions aucunes. Nous aimions cette école, notre chez nous depuis déjà 7 ans. Cette maison avait failli tomber, mais les subventions gouvernementales nous ont aidés à nous relever. Toute l’école et nous même en étions reconnaissants. Bien que des choses se disaient de Gordon, celui-ci n’avait montré aucun signe agressif et dictateur, personnellement, nous avions bonne estime de lui, mais on gardait un esprit critique, prêt pour anticiper un revers de la part du gouvernement. C’est à ce moment que nous avons voulu nous proposer comme professeur à Weins, nous nous croyions assez expérimentés et sain d’esprit. C’était une manière de remercier le gouvernement pour les subventions données à notre deuxième maison. De plus, si je n’étais pas accepté je serais toujours le bienvenu dans mon école de quartier.

« Un homme de caractère n'a pas bon caractère. »
— Jules Renard.

Voyez-vous l'image du professeur parfait? Gentil, charmant, intéressant,  patient, donne des cours hors du commun, un prof génialissime quoi. C'est l'image que projette notre charmant spécimen. Il est intelligent et conscient des atout que son héritage lui a légué Il les utilise a bon escient en faisant passer tout ses étudiants et en gardant une bonne réputation au près du personnel et des mômes.  Il est original et aucun de ses cours ne se ressemblent. C'est en parti pourquoi les jeunes l'aiment tant: ce n'est pas monotone dans son cours. Son air sympathique et sa mentalité lui permettant de se "rajeunir" pour se mettre à la hauteur de ses élèves l'aide beaucoup. Il ne cherche pas à être l'enseignant,  mais être l'ami et le guide de ses étudiants. Cependant,  comme toujours certains ne l'aime pas comme d'autres l'aime et Thomas en est bien conscient. Par contre, il ne s'en offusque pas. Chacun ses choix, comme il le dirait. Il est trop gentil, trop compatissant...


Le démon est une créature ignoble et répugnante, il ne faut pas se trouver au travers de sa route. Froid, inflexible, cruel, sadique et cartésien, ce n'est pas plaisant de faire la conversation avec lui. Écrivant et dessinant beaucoup de choses atroces et imaginative, il est original à sa manière. Il passe rarement à l'acte car il ne veut pas se faire prendre et que Thomas subisse une thérapie pour qu'il l'éradique. Le démon ne veut pas disparaître. Cependant, il se permet d'égorger les chats et les oiseaux quand ceux-ci lui tape sur les nerfs. Il adore marcher et menacer les mômes dans les rues, tard le soir. C'est un hobby comme les autres après tout et rien ne l'en empêche. Non fréquentable par son attittude et ses goûts... spéciaux, il évite de parler pour rien et est la plupart du temps silencieux. Il préfère écouter pour trouver les failles que de parler et de montrer les siennes.