« Et merde ! » Fut les premiers mots que je prononçais en me levant ce matin, une nouvelle fois à la bourre, pour ne pas changer. A croire que je le fais exprès, bon d'accord, c'est le cas, mais je ne suis pas une lève-tôt, je déteste le matin, autant que l'après-midi d'ailleurs. En me voyant débouler dans le salon comme une furie, Aaron se mit à me réprimander, mais je ne l'écoutais même pas. Je prit une brioche, l'embrassait sur la joue et quittais l'appartement.

En sueur. J'étais littéralement trempée de la tête aux pieds. Le sport n'a jamais été pour moi, je crois que j'ai renoncé au sport avant même de l'avoir commencé, alors piquer un cent mètres pour arriver quand même en retard à l'académie, très peu pour moi, mais la partie raisonnée de mon cerveau me l'avait tout de même ordonné et je ne m'étais pas fait prier. Être en retard c'est dans mon habitude, je ne vois pas pourquoi ça changerait.

A bout de souffle, je poussais la grande porte du hall pour découvrir avec étonnement que presque tout le monde s'y trouvait. Mes sourcils se levèrent d'eux-même. Ils étaient tous là, à attendre quelque chose, seulement je n'avais aucune idée de ce que ça pouvait être et j'avais franchement la flemme de demander de quoi il s'agissait. Laissez-moi me remettre de mes émotions, c'est déjà assez dur de me lever le matin pour aller en cours...

Les haut-parleurs crachèrent des paroles, je sursautai et émis un petit couinement assez pathétique. N'étant pas encore remise de mes émotions, je ne compris pas un mot de ce qui se disait, j'étais totalement perdue.

« C'est quoi ce bord... » Je n'eus même pas le temps de finir ma phrase qu'on m'ordonna de m'asseoir, le ton était tellement sec et strict que je ne bronchais pas et m'asseyais sagement, sans dire un mot. Finalement, j'aurais mieux fait de rester chez moi...

Golden se passa une main sur la joue et approcha sa tête de la glace. Elle avait des cernes immenses. Elle les recouvrit d'un fond de teint dans ses tons et poussa un petit soupire de contentement. Elle avait été convoquée au cabinet d'un inspecteur je-ne-sais-quoi pour le meurtre d'un élève qu'elle avait dut voir deux fois dans sa vie. Elle aurait aimer faire l'impasse dessus mais elle n'était pas débile : cela amènerait des soupçons sur elle ( comme si c'était son genre de tuer ... Etre une véritable salope oui, ça c'était tout elle ! Mais une tueuse, non ! ), elle n'avait pas besoin de cela. Elle était encore dans le vestiaire mais elle était restée seule, toutes les cherrios ayant déguerpies. Tant mieux, elle avait plus de place devant le miroir ! Elle détacha sa queue de cheval, faisant retomber ses boucles brunes sur ses épaules. Dire qu'elle avait passé une heure a les lisser ce matin, mais avec cette foutu humidité... Elle se fatiguait vraiment pour rien a vouloir donner a sa tignasse l'allure qu'elle désirait. Elle les laissa lâche et ajusta sa jupe. Elle n'avait pas le temps de se changer et enfila le gilet assortit de son uniforme avant de sourire a son reflet. Comme toujours elle aimait son image : celle d'une fille confiante, une gagnante a l'état pur. Malgré sa fatigue dut a la nuit dernière ou elle n'était pas parvenue a fermer l'oeil avant 5h du matin ( soit une heure avant de devoir se lever ), elle avait bonne mine, un sourire se dessinait doucement mais sûrement sur son visage et un éclat de malice brillait dans ses yeux marrons. Elle regroupa ses affaires dans son sac de sport en cuir crème et sortit du vestiaire. Elle envoya un regard rapide a l'horloge. Elle allait vraiment finir par être en retard. " Merde, je vais encore devoir courir " pensa t'elle avant de s'élancer, heureuse d'avoir garder ses chaussures de cheerleading et de ne pas avoir remis ses escarpins a talons.

Après quelques tournants ou elle faillit déraper et donc se retrouver a quatre pattes sur le plancher elle arriva finalement a quelques pas de l'endroit et cessa de courir. D'un geste de tête elle remit sa chevelure de lionne en place et rejoignit les personnes présentes. Elle adressa un bref sourire tout aussi éphémère que superficiel a l'ensemble des personnes présentes et s'installa sur un tabouret. Elle enroula ses jambes contre les pieds en bois et ouvrit la fermeture de son sac pour y attraper son blackberry curve. Une photo d'elle allongée dans l'herbe, endormie, s'afficha, lui arrachant un sourire. Puis une moue déçue se dessina sur son visage " 0 messages ". Au moins il ne se passait rien de bien palpitant pendant qu'elle était coincée la sans savoir même pourquoi. Elle poussa un long soupire face a l'agitation de ses camarades tout en rangeant le téléphone. Puis elle posa ses coudes sur ses genoux, avant de faire reposer sa tête entre ses mains.

" Mais merde quoi ! Je perds mon après-midi la ! C'est qui ce gars ? Ce John' ? C'est vraiment n'importe quoi d'être suspecter d'avoir tuer quelqu'un qu'on ne connait même pas ! " explosa finalement Golden d'une voix forte et agacée. Elle était consciente que tout le monde était dans la même situation qu'elle mais elle détestait le silence, quand tout le monde se taisait, il fallait toujours qu'elle l'ouvre. Cette journée ne faisait pas exception a la règle.

La tête baissée, le regard vers le sol, une main dans les cheveux. Les premiers signes d'un ennui total. Je regardais les gens aller et venir, sortir de cette salle complétement dépités ou avec le sourire aux lèvres. C'était frustrant, voilà, c'est le mot que je cherchais. Horriblement frustrant de ne pas savoir ce qui se tramais. Le hall ne se vidait toujours pas, quand quelqu'un sortait, il faisait place à quelqu'un d'autre qui entrait par une autre porte. Le brouhaha habituel avait complètement disparu, un silence de mort régnai dans la pièce, ce qui rendait la situation encore plus frustrante qu'elle ne l'était déjà. Je soupirais et levais doucement la tête.

Golden, l'un des sous-fifres de Calypso et accessoirement l'un de mes passe-temps en ce qui concerne la critique passa devant moi et s'adossa au mur d'en face, je lui jetai un regard furtif avant de regarder autour de moi. Je croisais un Fred à bout de nerfs, un Edward songeur et une Golden... fidèle à elle même, scotchée à son stupide téléphone portable. Je finis par contempler le sol une nouvelle fois tout en jouant avec mes doigts. La nervosité semblait prendre le dessus sur moi à présent.

Je perçus toutefois une bribe de conversation venant d'un groupe d'étudiant. Tout ce que je compris fut « Jonathan », « Calypso », « meutre » et « interrogatoire ». Mes yeux s’écarquillèrent comme des soucoupes. Un certain Jonathan avait interrogé Calypso et voulait nous tuer... ? La voix stridente de Golden me sorti brusquement de mes songes. Ma supposition était totalement fausse et à vrai dire totalement ridicule. Je souris de ma stupidité avant de jeter un nouveau coup d’œil aux élèves présent. Tous les regards étaient tournés vers celle qui venait de briser le silence, pas assez discrètement à mon goût. Je n'empêchais même pas les paroles qui sortirent subitement de mes lèvres. « Arrêtes de piailler comme ça, Avery. On est pas dans un poulailler ! »

Je ne la connais pas, c'est vrai et j'avoue que j'ai tord de la détester simplement par ce que j'ai entendu différents ragots sur elle, surtout que ces soit-disant ragots sortaient de la bouche de certaines filles qui n'avaient pas vraiment l'air sympathique non plus. Je me demande d'ailleurs pourquoi je les ai écouté, surtout qu'en ce temps là, je ne savais même pas qui était cette fameuse « Golden ». Mais quand je l'avais enfin croisé dans les couloirs du lycée, rien qu'à voir son physique, elle m'avait tout de suite donné l'impression d'être l'une de ces garces populaire qui se croyaient tout permis et j'étais resté sur cette idée que je me faisais d'elle.

Malgré tout ça, c'est grâce à elle que je sais ce qui ce passe. Ainsi donc, Calypso était suspectée d'être la meurtrière et c'est nous qu'ils interrogent. C'est le monde à l'envers. Je n'ai rien à leur dire à ses flics. Je ne suis au courant de rien. Je ne vais pas prendre le risque de fuir, au risque d’être soupçonnée de quelques chose moi aussi.

« Edward O'Connors dans la salle tout de suite. »

Mon regard se dirigea vers le principal intéressé. Edward se leva promptement et se dirigea vers la salle mystérieuse. Son visage n'exprimait absolument rien. Je me demandais à cet instant ce qu'il pouvait bien penser. En tous cas dans ma tête tout était clair.

J'étais vraiment dans la merde. Je crois que nous l’étions tous d'ailleurs.

Rappel:

L'excitation et l'angoisse qui émanaient des élèves sont facilement palpables. Adossée contre un mur, Allegra regarde tranquillement ses camarades commencer à se battre, à s'accuser. Son visage exprime, comme d'habitude, la neutralité la plus affligeante. Une mèche blonde et bouclée vient se poser sur son visage, s'échappant du chignon parfait que porte Allegra aujourd'hui. Vêtue de noir et blanc - ivoire, en fait - elle paraît complètement détachée de la scène. Personne ne s'est risquée à venir lui parler, à l'approcher ou même à l'accuser. Et pourtant, ce ne sont pas les regards assassins et soupçonneux qui manquent. Elle voit les filles ricaner - elle sait d'ores et déjà les rumeurs qui courent sur son compte. C'est Lockhart, la tueuse, cette traînée qui ne vit que pour le fric. Penser que ces chuchotements mesquins et bas atteignent la longiligne blonde, c'est se trouver à côté de la plaque. L'argent n'est qu'un problème secondaire dans sa vie. Elle en a, très bien, ce n'est pas le cas, tant pis. Elle sait que ces sales garces qui vomissent leur médiocrité sur tout ce qui est beau ne sont que des jalouses, frustrées et coincées. Un rictus se forme sur ses lèvres: si elle avait dû buter quelqu'un, ç'aurait plutôt été une de ces salopes plutôt que Winson. Certes, ils s'étaient disputés violemment, et si elle trucidait chaque personne avec laquelle elle se prenait la tête, le sang n'en finirait pas de couler..

Elle repère quelques têtes connues - celles des Cheerleaders évidemment, et d'autres qui l'intriguent. Elle tente de mettre son don d'observation en pratique, surveille ceux qui ont l'air suspects, ceux dont le regard fuit. Allegra ne fait pas attention aux bagarreurs - des accros à la baston, sans intérêt. Mais elle ne voit personne, contrariée, elle croise les bras sur sa poitrine, se concentre sur autre chose. Passe le temps. Elle déteste être coincée ici, avec autant de gens. Sartre - un écrivain français d'il y a plusieurs siècles - avait raison: l'Enfer, c'est les Autres. Et ils l'entourent.
Apparemment, le flic chargé de l'interrogatoire s'est cassé, une autre est venue le remplacer. Gé-niaaal. Et c'est pour payer des incompétents pareils que les impôts sont astronomiques? Elle secoue la tête d'un air dégoûté, lasse et énervée. Ses sourcils se fronce, elle perd sa légendaire patience. Elle change de position - elle se fera masser en rentrant, ce soir - et soupire.

Ils n'ont vraiment rien d'autre à faire.

« Hypathie Lockhart, dans la salle, tout de suite. »

Il y a un instant de silence - les regards se tournent vers elle, mais c'est trop tard, son visage est redevenu de pierre. Consciente des langues de vipère qui murmurent et des yeux d'aigles qui la scrutent, elle se fraie un chemin à travers la foule sans regarder personne. Comme si c'était normal. Comme si quelqu'un pouvait porter une accusation sérieuse contre elle sans passer pour un débile mental sérieusement retardé.

Comme si elle n'était pas intouchable.