The magician

Le ciel était beau. D'un bleu ciel comme on en voit rarement, quelques nuages blancs qui allaient au rythme du vent sans vraiment bouger et évidemment le soleil qui brûlait les peaux des pauvres jeunes filles. Il faut mettre de la crème ou alors bien se couvrir. Mais ce n'est pas parce qu'on devient écrevisse après qu'on n'a pas droit de se faire un peu plaisir. Non mais vous imaginez ça si on ne devait pas sortir sous prétexte de nous protéger de je-ne-sais-trop-quoi, un cancer, des cloques. J'ai tendance à prendre beaucoup de coup de soleil donc je mets de la crème, mais je ne suis pas réellement doué alors il m'arrive d'avoir un coup de soleil en forme de main. C'était vraiment un beau jour et pas pour rester enfermé dans sa chambre à l'académie ni même pour aller voir sa famille dans le quartier sud. Le week-end, meilleur moment de la semaine, n'est-il pas ? Bon, direction les jardins publics. Je pris rapidement mon sac à main histoire de faire comme toutes les filles qui avaient toute leur vie dedans. Ce qui était étrange c'est que pour moi ce n'était pas vraiment le cas j'avais juste : un porte-monnaie, un calepin, un couteau et des pansements. Pourquoi des pansements ? Je vais vous expliquer que quand on marche avec des chaussures à talons ou encore des chaussures en général, on peut avoir des ampoules (non pas pour faire de l'électricité) qui font très mal si elles éclatent. Donc voilà à quoi servent les pansements géniaux que j'ai dans mon sac. En parlant de chaussures je dois dire que je déteste m'habiller comme tout le monde. On m'a souvent dit que j'étais jolie, un peu comme Barbie et j'ai pris ça comme un compliment. Ressemblez à une poupée que tout le monde avait c'est génial tout de même, non ? Donc voilà j'étais habillée on va dire de manière simple. Un t-shirt grande taille que j'avais piqué à Archange avec lequel j'avais mis un mini-short. Regardant mon reflet avant de partir, je détachais mes cheveux auxquels j'avais fait un chignon dans l'optique de travailler. Travailler c'est vrai que je devais faire cela aussi. Mais mon travail consistait à quoi quand on a déjà tout vu en cours ? Mon travail se résume en une phrase : Gordon est magnifique. Oui les gens me prennent pour quelqu'un de bizarre de suivre sans me poser de question, mais moi non plus je ne les comprends pas de ne pas vouloir adhérer à nos idées. Attendez comment ça je me confonds avec lui ? Je ne dois pas être la seule. Si ? Bon tant pis. Direction les jardins publics.

Les jardins publics un samedi, c'était finalement une mauvaise idée. Vous savez ce qu'il y a là-bas pendant le week-end ? Des enfants et des mamans qui jouent. Mais bon c'est mignon les enfants, mais parfois agaçant quand ils nous insultent comme dans le quartier sud. Ils m'insultaient parce qu'il disait que j'étais idiote. Ils ont aussi dit qu'Archange était homosexuel mais ça je ne pense pas que ce soit vrai, je le saurais sinon. Les pauvres s'ils savaient ce qui pourrait leur attendre après. Mais Gordon veillera à ce qu'ils deviennent gentils, mignons et tout calmes. Oui parce qu'ils sont assez bruyant quand même. Ho un marchand de glace ! Je me souviens de ma première glace : à la fraise quand j'avais 10 ans. C'était la première fois que j'avais de l'argent de poche, mais ma glace m'avait pris tout mon argent. Finalement elle était tombée par terre, car les autres enfants m'avaient bousculés et insultés. Puis Archange était arrivé. C'est un drôle de nom Archange quand même ... Je continuais à marchait bien que je commençais à avoir mal aux pieds quand je vis une forme que je connaissais plutôt bien. Je dis une forme parce qu'avec son chapeau je ne voyais pas son visage. Comment je savais que c'était lui ? Ho l'instinct sûrement. En même temps j'avais raison. Jason Lecter leva la tête.

« Heeyyy mais qui voilà ! »  fit-il

J'aimais bien Jason. Disons que les gens avaient peur de lui, mais nous arrivions toujours à jouer. Des jeux ou des défis stupides, mais comme on dit certains restent de grands gamins. Il aimait beaucoup les plans un peu foireux. Je m'approchais de lui pendant qu'il me disait penser me trouver ici. D'un rire moqueur il me lança une pique que je ne soulevais pas vraiment. Par la suite il me montra la seconde balançoire et me proposa de m'asseoir. Je n'allais pas refuser. Toujours avec ma glace je m'assis et commençais à me balancer. Mauvaise idée quand on a une glace dans les mains. Je la croquais.

« Gamin, j'allais toujours en haut et je me jetais dans le vide ! T'as jamais testé ? C'est … tordant ! Sauf si tu t'écrases bien sûr ! » 

Cela me surpris un peu qu'il me dise ça. Finissant ma glace je commençais à me balancer également tout doucement :

_ Non je n'ai jamais fais ça. Je suis très maladroite et si je le fais c'est sur que je vais m'écraser mais en même temps c'est assez tentant. C'est comme si tu pouvais voler.

Il rigola. Peut-être de ce que je venais de dire ou de ce que lui venait de dire. On ne pouvait jamais savoir avec Jason. Je souris. Ce qui était étonnant c'est que les balançoires soient libre. D'habitude c'est toujours le jeu où il faut faire la queue.

_ En fait j'ai toujours préféré le tourniquet. Tu vois tu fais tourner aussi vite que tu peux et après tu en perd complètement la tête. En plus quand tu en ressort c'est pire que si tu étais bourré.

Tourner encore et toujours, sentir les cheveux au vent. Oui les cheveux détachés. J'allais alors plus vite sur ma balançoire même si je sentais qu'elle ne tiendrait probablement pas le choc si je me donnais à fond, mais tant pis.

The magician

Sauter était-ce une bonne chose à faire ? Souvent quand vous voyez, quelqu'un tomber que faites-vous ? Vous rigolez. Quand c'est vous, vous faites quoi ? Vous pleurez. C'est normal c'est un reflex de notre corps. C'est la douleur ou la joie de sentir ça. Quoi qu'il en soit lorsque l'on tombe sur le coup on a mal. Et puis tu as les idiots qui viennent te voir et te sortent des choses comme « ho tu ne t'ai pas fait mal ... faut appeler l'ambulance ... les pompiers ... vite va chercher un bandage ... non des glaçons ... » et j'en passe. J'ai toujours trouvé les personnes étranges. Vous pouvez vous détester, s'ils vous font mal par mégarde ils sont quand même désolés. Ça me rappelle une fois où la fille a cogné une autre fille qu'elle détestait avec une pierre ; elle a eu des points de sutures, mais la fille qui avait frappé s'en voulait à mort. Après tout quand on fait du mal c'est qu'on le veut. Mais que fais-je ? Je m'éloigne du sujet. Revenons à nos esprits. Jason parla, mais comme je me balançais le vent ne m'apporta que quelque bride de ses paroles : « faudrait ... je sache ... être ... ivre ... amusant ... tourniquet ». Je n'eu pas le temps de répondre, mais je ne comprenais pas comment quelqu'un n'avait jamais été ivre. Peut-être faisait-il partis de ces personnes à qui l'alcool ne fait rien. Des éponges comme j'aime les appeler : ils absorbent, mais rejettent rapidement de sorte que ça n'a pas le temps de monter au cerveau. Et puis d'après ce que je sais Jason n'a pas besoin d'alcool pour être dans un état d'ivresse. « Nan, mais tu ne sais pas Kenny, ce mec est un fou furieux ... un fou je te dis. ». Peut-être mais bon qui ne l'est pas un petit peu. La balançoire prenait de la vitesse et mes cheveux blonds n'arrêtaient pas de faire des aller-retour. J'adorais la vitesse. J'adore ce moment où on se sent libre et où mes cheveux font ce qu'ils veulent. Bon en même temps ils font toujours ce qu'ils veulent. Et puis là d'un coup sans crier garde Jason sauta. Non pas genre un petit saut tout mignon tout gentil. Un saut hors de la balançoire lorsqu'elle est à son point le plus élevé. Et là la grande question : va-t-il tomber ? Venant de Jason je dis non. Comme bien souvent j'ai raison et d'un air totalement décontracté il arrive sur ses deux pieds quelques mètres plus loin. Il aime le risque sans aucun doute et je le comprends. C'est tellement tentant de faire la même chose. Je continue à me balancer. Soudain il me demande de faire la même chose. Espérant avoir tout compris je continue mon balancement réfléchissant à toutes les options. Pourquoi réfléchir ? Parce que ce serait bête d'aller à l'hôpital. Mais après tout, la vie est faite de folie. Il me rappelle à l'ordre pensant que les cordes ne vont pas tenir. Il n'a pas tort du tout. La corde, je la sens sous mes mains et j'ai mal. Bon aller.

Prenant de la vitesse sur la balançoire j'attends un peu et puis d'un coup je me jette dans le vide. Ça y est, je vole. J'ai l'impression d'être un oiseau. Un tout petit oiseau blanc qui s'envole vers d'autre horizon. Je me sens si libre, sans devoir et sans contrainte. Mais ne pensait pas que ça dure une éternité. Dans les films lorsqu'on voit ça, on pense que ça dure de longues minutes mais c'est surtout un effet de ralentis. Quelques secondes plus tard, je vois la terre se rapprocher et un Jason qui tend les bras. Mon esprit prend feu de savoir s'il va me rattraper juste, ou si comme une idiote je vais me retrouver la tête sur la terre et une côte brisée. Mais non évidemment confiance, confiance, confiance ... et je tombe directement dans les bras de Jason. On s'écroule tous les deux par terre. Et je ne peux m'empêcher d'éclater de rire devant le comique de la situation.

_ C'est tellement bon de faire ça. Je n'aurais jamais pensé en être capable sans me casser quelque chose. Dis-je entre deux rires.

Je regarde la balançoire que j'ai quittée plus tôt et voit un petit garçon qui s'y balance tranquillement. Sans y prendre garde il se retrouve rapidement par terre, car les cordes ont craqué. Mon rire repart tandis que le garçon là-bas pleure. Je ne peux m'empêcher de rire. La vie est tellement magnifique. Jason a beau faire peur à beaucoup de monde je ne vois pas en quoi. Il faut savoir profiter des bonnes choses de la vie. Et puis sauter comme ça dans le vide, c'est une expérience à vivre.

The magician

Jason n'est pas comme les autres. Il n'est pas comme Archange je le sais et notre relation est très particulière. Il remet en place mes cheveux, me fais faire des trucs auxquels je n'aurais pas pensé si ce n'est que tardivement. Il est fou c'est bien vrai comme disent les autres mais c'est de la bonne folie pour moi. En effet on est fêlé comme il dit. Je n'avais jamais autant ri. Non je mens. Le rire fait partie de ma vie et je ris dès que je peux pour pas grand-chose. À vrai dire cela faisait longtemps que je n'avais pas autant rit. Et puis oui rire du malheur des autres c'est tellement bon au lieu de s’apitoyer bêtement sur son sort. Les gens oublient trop souvent de rire. Et puis surtout quand ils me sortent que la ville et le pays sont dans des temps noirs et qu'il ne faut pas en rire. Mais vous imaginez un monde sans le rire. Je ne suis pas du genre à remettre les personnes à leur place alors quand les émotifs me disent ça, j'hausse les épaules et je pars. Pourquoi rester avec des gens qui pensent que tout est noir. On a un gouvernement génial et des raisons pour être heureux, alors qu'ils ne m'embêtent pas avec ça. Jason n'est pas comme cela, heureusement. Oui c'est tellement drôle. Et même si les parents nous fusillent du regard. Il ramasse son chapeau et le pose sur ma tête en me disant que ça me va plutôt bien. « Je te l'offre pour la peine ! ». Pour la peine. Je souris. Comme si cela pouvait être un crime qu'un chapeau m'aille bien. Ne me voyant pas je ne peux pas vraiment dire si ce qu'il dit est vrai, mais je le crois sur ce coup. Je m'amuse alors avec rapidement avant de me dire que de toute façon c'est un cadeau que je vais garder, rien que pour moi. Si les gens apprennent sa provenance ils vont encore bavarder. Les potins. Tout le monde adore ça : critiquer, déplacer des rumeurs, raconter des histoires ... cela fait partie de la ville. Beaucoup s'en préoccupent sans chercher la stricte vérité. Jason m'observe. Je ne sais pas si c'est à cause du chapeau ou non mais je décide de faire de même. Je n'ai jamais vraiment compris pourquoi les autres avaient peur de son apparence. Certes ce n'est pas souvent que l'on croise quelqu'un avec un visage peint en blanc, rouge, noir et aux cheveux verts. Oui ce n'est pas normal pour le commun des mortels, mais pourtant c'est une originalité qui lui appartient. Et il a le sourire entaillé. Dans les rumeurs ont dit beaucoup de choses sur ses cicatrices, mais je n'en sais rien et je ne veux pas croire tout ce que l'on dit. C'est vrai que si Jason voulait me dire ce qu'il lui est arrivé il le ferait j'en suis sûre. Pourquoi lui demander ? Cela ne ferait qu'amener des histoires. Et puis c'est tellement agaçant ceux qui veulent tout savoir d'un coup. En fait je ne comprends pas les gens qui ont peur de Jason. Ce sont ceux qui jugent sur l'apparence comme pour moi sur mes paroles. Soudain il se lève.

« Hop ! Debout Sweety, le parc est grand et y'a de quoi faire … »

Il me tend sa main que je saisis alors afin de me mettre sur mes pieds, enfin non plutôt sur mes chaussures. C'est vrai que seul les hippies, d'il y a longtemps étaient pied-nus donc je ne sais pas pourquoi on utilise cette expression de nos jours. Celui qui se mettrait pieds nus dans la ville devrait faire attention à tous les bouts de verres qui recouvrent les trottoirs, les mégots de cigarettes à peine éteints et les véhiculent prêts à vous écraser les orteils. À peine levée, il passe son bras sur mon cou et m'entraîne vers le chemin. Il me propose d'aller prendre une glace pilée puisqu'ils en vendent dans le parc. Deuxième glace de la journée je ne dirais pas non, il fait si chaud. Et puis je me vois mal dire non à Jason. Ça ne servirait pas à grand-chose et puis s'il m'invite ce serait bête de refuser. Tout en continuant à marcher il me propose d'aller dans un parc d'attraction. Je n'y suis jamais allée. Enfin si, mais dans un plutôt miteux et je n'avais pas beaucoup d'argent. D'autant que les autres enfants m'avaient fait vivre un enfer même si je le prenais plutôt avec le sourire, sauf quand ils me volaient ma barbe à papa et qu'Archange n'était pas là pour me défendre. Je me souviens avoir beaucoup pleuré. J'avais à peine six ans, c'est donc assez normal. Je ne pleure pas beaucoup mais ça m'arrive quand même comme pour tout le monde je pense.

_ Un parc d'attractions ? J'y suis allée parfois, mais je n'ai jamais fait les grandes attractions je me contentais de regarder ou de faire les auto-tamponneuses. Oui il faudrait qu'on y aille ce serait tellement amusant de surplombé une partie de la ville.

Je souris à nouveau savourant ce moment tandis que nous nous dirigeons vers ce marchand de glace que j'ai rencontré tout à l'heure. C'est vrai que ce n'est pas recommandé, mais après tout je ne me soucis pas vraiment. Les gens sont obèses en ville ou bien maigre comme des clous et puis l'alcool, la drogue et les autres choses ne sont pas conseillées non plus. Le marchand nous observe un moment. M'avançant vers lui je lui dis :

_ Une glace pilée … euh citron s'il vous plaît … en fait non un mélange serait mieux … vous pouvez faire en sorte que ce soit jaune doré ?

Le marchand m'observe un instant d'un air blasé puis me sert ma glace dans un pot. Je me retourne alors vers Jason et sourit, un peu gênée. made by ℬlue ℐⅴy

Aller dans un parc attractions la nuit ? N'importe qui aurait dit que c'était une mauvaise idée, qu'on pouvait rencontrer des gens qui voulaient notre peau, avec des flingues et des couteaux, mais quand on y va avec Jason je ne vois pas ce que l'on peut craindre de pire. Le fait était que ce serait tellement amusant de quitter l'académie la nuit, d'enfreindre le règlement et de surplomber la ville sur une grande roue. Et là il y aurait la lune. En y pensant bien lorsqu'elle est pleine on peut facilement lui imaginer un sourire rouge et des yeux cernés de noirs. Ce serait une bonne occasion de trouver des choses stupides à faire. Jason commandant sa glace à la menthe vert puis bras dessus nous continuâmes notre route. Le soleil brillait haut dans le ciel et tandis que je sirotais ma glace je sentais le froid monter à mon cerveau et gelé complètement mon estomac. Petite je me souvenais qu'on m'avait dit de ne pas manger ma glace trop vite pour éviter d'avoir le cerveau congelé. Mais vous savez comment sont les enfants, ils n'écoutent jamais d'autant que je voulais expérimenté cette congélation. J'avais donc mangé ma glace tandis qu'Archange chronométrait le temps que je prenais.En deux minutes à peine je l'avais terminé. Soudain j'avais senti cette montée rapidement de froid glacial dans tout le cerveau. Ça m'avait fait très mal et je m'étais rué sur des beignets chauds que ma mère venait tout juste de sortir du four. Je m'étais bien évidemment brûlé les doigts et la langue, et le pire dans tout ça c'est que mon cerveau gardait sa fraîcheur. Archange me voyant dans une panique générale était partie chercher un saut et l'avait remplis d'eau chaude. Il me l'avait alors renversé sur la tête. En quelque seconde je m'étais retrouvé avec les cheveux dégoulinant d'eau et mon t-shirt collé à mon corps. J'avais une douzaine d'année et ma poitrine se dessinait rapidement. Archange me regardait les yeux ébahis. Je lui avais sauté dessus et nous nous étions bagarré avant d'éclater de rire. Bon bien sûr ma mère m'avait bien grondé, mais cela m'importait peu.

Nous continuons notre marche quand soudain il me prit la main et m'amena avec lui dans sa course. Il voulait me montrer quelque chose qui me ferait rire. Mon gobelet à moitié plein dans la main je courais avec lui jusqu'à la fontaine circulaire du jardin public. Il n'y avait personne aux alentours contrairement à d'habitude, ce qui était de plus en plus étonnant pour une si belle journée. Je finissais ma glace et balançais le gobelet dans une poubelle et lorsque je me retournais, je vis Jason enlevant sa veste et la jetant ainsi que son gobelet par terre avant de se jeter directement dans la fontaine. Je l'observe en riant. Avant même que je n'ai pas le temps de dire quelque chose il me défie de le faire, certaine que je n'ai jamais fait ça. Grossière erreur ! New York est certes près de la mer, mais disons que le sud ne l'est pas vraiment et que lorsqu'on n'a pas de voiture, le seul endroit où l'on peut se baigner tranquillement sont ... les fontaines publiques. On peut se faire réprimander mais c'est tout de même très rare surtout dans le quartier Sud.

_J'ai déjà fais ça c'est tellement … amusant.

J'enlève mes chaussures, perdant ainsi quelques centimètres, ainsi que mon chapeau et les balançant à côté de la veste de Jason, je me lance pieds nus dans la fontaine. Je tournois, saute, danse. Je regarde Jason. Ses cheveux sont trempés et son maquillage coule un peu et on pourrait même croire qu'il fait plus peur comme ça. Je me rapproche de lui tout doucement et lui balance de l'eau. L'eau ne tâche pas, cela ne fait aucun doute. Il faut savoir s'amuser. Après mon action je l'observe à nouveau quelque seconde et avec un sourire, je recule un peu, craignant des représailles. Mes vêtements sont mouillés également, mais je n'en ai que faire. Après tout il faut savoir profiter de la vie et on dit souvent que l'eau est source de vie. Ce n'est pas faux puisqu'elle est nécessaire à notre survis. D'autres filles n'en auraient pas été capable, trop peureuse que cela fasse défrisés leur permanente, ou fasse couler leur maquillage. Et alors ? Pourquoi se priver de sentir l'eau sur son corps, de sentir son t-shirt se coller à sa peau et ses cheveux retombés nonchalamment sur le visage. Je ne suis pas du genre à mettre du maquillage ou très peu, mais après tout un peu de trace de mascara sous les yeux peu donné un style, n'est-ce pas ? Les gens ne profitent pas beaucoup de l'eau. Ils vivent à cent à l'heure et ne vont pas en week-end au bord de la mer sur une plage jonché de débris humains. Soit ils n'ont pas le temps soit ils n'ont pas les moyens. Alors, observons donc les enfants et imitons les ceux-là qui s'échappent dans les fontaines pour se tremper dans l'eau sans prendre en compte les réprimandes de leur parent. Le temps est trop précieux pour être sérieux soyons fous et amusons nous. made by ℬlue ℐⅴy

Après mon geste, Jason aurait très bien put s'énerver contre moi comme beaucoup l'aurait fait, mais il n'est pas comme ça. Il lève un sourcil et dans un sourire me renvois la pareille. Je ris tandis que mon esprit de revanche prends le dessus et que nous commençons une bataille comme beaucoup d'enfants l'aurait fait. Dans les films les amoureux commencent toujours ainsi, mais je sais très bien que Jason et moi ne sommes que de bons amis l'un pour l'autre. Je n'ai jamais vraiment eu de copain bien que d'après Archange mon corps est attirant. Ce dernier est visible sous mon t-shirt blanc et je me dis que je n'aurais pas dû mettre un short en jean puisque ça reste très lourd lorsque c'est mouillé. Tant pis, ils iront à laver quand je rentrerais. Soudain Jason glisse, tombe en arrière et éclate de rire. À dire vrai je ne peux m'empêcher de sourire bien que ce soit quelqu'un que je connais. Je me mets aux bords de la fontaine circulaire et commence à faire le tour telle une danseuse sur la pointe de mes pieds nus. Je me sens tellement bien, même si je sais que je peux basculer d'un bord comme de l'autre, mais cela m'importe peu. Je me souviens de cirques où les clown se jetaient des bombes d'eaux, de peintures ou de confettis. J'étais tellement fascinée par tous ces artifices qu'ils utilisaient. Dans un autre registre ce n'est pas que des bombes innocentes, mais de réelles bombes que je voyais exploser devant mes yeux d'enfant. Je m'étais toujours émerveillé au Sud de voir ces nuances de rouge, orange et jaune couvrir le ciel que ce soit durant la nuit où durant le jour. J'avais l'impression parfois que les deux se confondaient et que le quartier Sud était dans un autre temps plus obscur que celui du milieu.

Mon tour fait, je m'aperçois que Jason s'est relevé dans l'eau et qu'il se rut vers moi dans un esprit conquérant. Mais pieds nus contre ces chaussures mouillés, ce n'est pas loyal comme jeu. Cependant, je continue à courir, lui lançant tout de même parfois de la marge et dès qu'il s'approche de moi je fuis pour le pousser à me poursuivre. Sa chemise lui colle à la peau tout comme mon t-shirt le fait pour moi. Je peux donc apercevoir son torse sous sa chemise menthe verte. Je me dis que finalement ce n'est qu'un homme et non un monstre comme tout le monde le pense. Une phrase me revient en tête : « C'est un monstre sans âme et sans coeur ». Pourtant, quand je le vois ainsi je ne peux pas penser une seule seconde que ces paroles soient vraies. Certains passants se sont arrêtés et nous observe. Du coin de l'oeil j'aperçois une bande d'adolescent qui ont environ 17 ou 18 ans, me fixer tout en sifflant, mais peu m'importe à ce moment-là que de patauger dans l'eau tandis que Jason tente une nouvelle fois de m'avoir en m'aspergeant de l'eau, je m'éloigne un peu. « Tu cours vite » me dit-il. Je ne peux m'empêcher de rire pendant qu'il critique ces godasses humides. Il aurait pu les enlever, mais le jeu aurait été moins intéressant. Je pense qu'il a l'habitude de modifier les règles pour que ce soit plus simple, mais parfois j'aimerais voir ce qu'il donne avec son maximum. Soudain il s'arrête, observe autour de lui puis me demande de ne pas bouger avant qu'il ne revienne. Je m'allonge dans l'eau me demandant ce qu'il va faire. Le soleil brille toujours autant et je me demande si je ne vais pas prendre un coup de soleil partout sur le corps. Bon les jambes c'est sur pour le reste je ne sais pas. On dit que le blanc réfléchît le soleil contrairement au noir, mais là n'est pas vraiment la question. Je ne bronzerais pas comme la plupart des personnes, car j'ai la peau trop claire pour cela. Je n'ai pas le temps de plus réfléchir que Jason revient déjà avec un bidon à la main. Je me relève sentant mes cheveux lourds d'eau et les tords dans tous les sens pour les sécher. Il me signifie que c'est un secret et je ne peux m'empêcher de sourire sachant très bien que quoiqu'il fasse cela doit être un peu idiot.

« Hé hé regarde bien … tu vas voir pourquoi j'aime à me considérer comme … un magicien ! » 

Avec Jason je ne sais que trop bien qu'il peut émerveiller d'un rien. Soudainement les geyser deviennent blancs et de la mousse sort. Je saute de joie. De la mousse me fait penser à la douche et au bain ou encore à ces soirées qui partent en vrilles.

_De la mousse ! Mais quelle idée brillante ! C'est tellement magique !

Je me balance dans l'eau mélangée au savon, saute, danse et m'amuse comme une folle. Je n'aurais pas put croire cela possible, mais quand on est avec quelqu'un comme Jason tout devient possible n'est-ce pas. Les jardins publics sont vraiment un endroit pur bonheur et un moyen de trouver quelque chose à faire. J'ai envie de sauter dans les bras de Jason, mais je me retiens et profite du moment tandis que des gamins passent entre nos jambes pour s'amuser eux aussi dans la mousse. Le magicien s'approche de moi et me colle un peu de blanc sur le bout du nez. Je ne peux m'empêcher de loucher. Alors, tandis qu'il me complimente de la couleur blanche sur mon nez, je prends à mon tour un peu de mousse et lui pose les doigts sur le dessus de la bouche pour lui dessiner une moustache.

_ Ça te va plutôt bien la moustache, tu devrais essayer.

Je ris. C'est si bien de pouvoir vivre sans contrainte. La mousse continue à voler dans tous les sens et peut-être que des gardiens du parc viendront nous attraper si on ne prend pas garde, mais après tout, chaussures, chapeau, veste et une folle course et nous serons aussi rapide qu'eux voir plus. Et oui il ne faut pas trop manger de donuts.
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