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" Avec tout mon respect " - CLOS
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MessageSujet: " Avec tout mon respect " - CLOS " Avec tout mon respect " - CLOS Icon_minitime1Lun 24 Juin - 14:58


Avec tout mon respect




Clair de Lune, Claude Debussy. Dans la pièce la partition au piano s'est comme installée et plus aucun autre son ne la dépasse. La pendule elle même semble vouloir ralentir et le crayon qui griffe le papier le fait dans une douceur toute maîtrisée. Au dessus de la large feuille l'artiste est droit, il a les gestes précis et l'attention tenue. Bientôt sous la mine naît un œil d'abord esquissé, un iris qu'il détaille avec précision, des cils charbonneux allongés un à un et enfin l'eau miroitante du regard par contraste apposé sur le papier blanc à renfort de quelques ombres. Un second œil et voilà la paire, suivit d'un nez fin et de lèvres jugées tristes. Une moue un rien fataliste, un soupçon de grâce, une pointe de défi. Des contours et des boucles de cheveux clairs, peu de corrections et lorsqu'il repose doucement son crayon un fin sourire satisfait orne sa bouche où tout enthousiasme n'est jamais que de passage. Un autre portrait d'élève, il en a beaucoup et les range soigneusement comme tant de souvenirs gardés en reliure. Il aime les représenter, faire d'eux un portrait réel qui les brusque dans le cas où il leur expose. Car Hunter Stanton les voit sans envie de les embellir ou de les rabaisser. Il les voit, tels qu'ils sont dans leur pire comme dans leur meilleur jour et pose l'amalgame de la chose à coup de mine graphite.

Un press book ouvert et le dessin retrouve ses prédécesseurs pour être protégé, conservé loin de quelques mains indélicates. Il y a parfois trop de curieux qui ne respectent pas son travail et rares sont les jeunes gens à cette époque, capables d'apprécier son coup de crayon. Gracieusement le psychiatre se lève, déroulant sa haute silhouette pour avancer jusqu'à la chaîne qui diffuse la musique. Il l'éteint, se dirige à pas mesurés vers son piano dont il dévoile le clavier et ses touches glacées. Une caresse du bout des doigts avant de rejoindre le tabouret et de choisir au hasard de l'envie passante une partition à travers sa mémoire. Vivaldi, l'Hiver. Il aime la saison autant que l'oeuvre et ses yeux se ferment, ses mains volant au dessus de l'instrument. Ses moments de détente sont lyriques, bien souvent et s'il n'est pas à l'opéra un soir en solitaire il sera chez lui à écouter ou jouer quelques sonates des musiciens de siècles largement passés. Lui est transporté là où bon nombre d'hommes et de femmes sont loin de seulement penser à la délicatesse de la chose. Il n'est pas peiné de le constater, chacun ses goûts après tout.

Il est assez tard, les cours sont terminés et le soleil décline en nuances oranges et jaunes sur une ligne rouge à l'horizon. Hunter ne croisera certainement plus personne à cette heure hormis quelques têtes embrumées qu'il aidera jusqu'à ce que la nuit soit tombée, qu'elles aient acquis l'illusion au moins d'aller mieux. Il sait faire ça ; apaiser et détendre. La bibliothèque de l'âme est vaste et l'homme qu'il est aime à en arpenter les rayonnages par besoin -sinon par plaisir- de creuser plus profond en la nature humaine. Profiler et décoder ses semblables est un passe temps en plus d'un métier si bien qu'il ne fait pratiquement plus que ça de son temps. Alors oui, il prend une pause parfois et s'accorde un instant égoïste où ses mains n'obéissent qu'à l'enchaînement de blanches, de noirs et de croches, aux soupirs et aux temps morts.  
Dans son dos la porte s'ouvre, il l'entend mais fait volontairement fit pour achever son morceau sans même se retourner. Un parfum, le son d'une paire de talons hauts et il sait déjà quel visage il croisera à la fin. Les personnes pouvant entrer sans annonce sont rarissimes mais « elle » en fait parti. La raison n'est en rien ce titre qu'elle traîne en couronne invisible, il ne craint rien de cette jeune fille et même, il pourrait la plaindre s'il était enclin à manifester plus de sentiments. Son rôle n'a rien de simple et elle est bien jeune pour assumer la charge qui est la sienne. Alors elle peut arriver n'importe quand, elle peut l'interpeller il n'en sera ni contraint ni dérangé. Sans plaisir Hunter se fait devoir de lui tenir la tête hors de l'eau car si elle coule … trop d'autres seront emportés par le fond sans que rien -pas même le gouvernement dans tout sa grandeur- ne puisse y changer quoi que ce soit.

Dernières notes et l'homme laisse passer un silence encore chargé des derniers accords de l'Hiver. Un soupir paisible traverse ses lèvres et il se lève, pivote lentement pour rencontrer son regard clair. Un léger signe de tête, cordial et respectueux avant que sa voix fende l'atmosphère.

« Bonsoir Calypso. »

Un bras tendu en guise d'invitation à se poser où bon lui semble. Un des fauteuils ou le divan, une chaise face à son bureau c'est sans importance. Elle sait bien feindre envers d'autres mais à ses yeux elle est limpide. Jeune, douée certes mais fragile dans le fond. La blonde n'y pourra rien s'il saisit le moindre froncement de sourcil, la fausseté d'un sourire ou le ton modifié de sa voix. C'est là toute la mesure du pouvoir de cet homme, car il est dans son travail les yeux et les oreilles d'un autre qu'il met un point d'honneur à satisfaire. Le Directeur lui accorde sa confiance et Stanton lui rend bien. Parlant de cela, les oreilles du Psychiatre ont entendu nombre de détails ces derniers temps et l'autorité de Weins souhaite en savoir d'avantage à ce propos, autant que son employé.

« J'imagine que ton altercation avec Frederic n'est pas étrangère à ta venue dans mon bureau à l'heure où les cours sont pourtant achevés. » Il approche, instaure un climat de confiance naturel et pose une aura paternelle que son regard alors compréhensif ne fait que renforcer. « Tu veux en parler un peu ? »

Proposer, ne pas imposer. Il sait qu'elle a besoin qu'on l'écoute, pas qu'on la juge et Hunter le fera. Pour l'heure il n'est que le psychiatre de Weins pour Calypso mais qui sait dans le temps ce que pourrait devenir leur relation ? Car il ne lui veut aucun mal, il l'apprécie à sa mesure et ne tient pas à la briser pas plus qu'il ne compte laisser d'autres le faire. C'est hors de question. Weins et New York ont besoin de Calypso, car il suffit d'une personne parfois … pour changer le destin d'une population entière.
       

© Jason Lecter


Calypso
Calypso R. Storm
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AVATAR : Lindsay Ellingson

ANNÉE D'ÉTUDE : 5ème année

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COMMENTAIRES : Sachez mes chers que vous vous trouvez face à la Reine de l'Académie. Reine que vous devrez acclamer, admirer parce que j'ai été élue par tout le monde comme étant la plus belle de cette fichue Académie. Mais ne vous réjouissez pas : beauté ne veut pas dire stupidité...
Ça fait six ans que je suis réélue, et je compte bien continuer jusqu'à mon départ.
Je suis également la Dirigeante en chef du Quartier Nord et je peux vous faire décapiter d'un simple claquement de doigt. Je suis également une prostituée de luxe et mes clients me sont entièrement dévoués alors dis un seul truc de travers sur moi et j't'envois en prison jusqu'à la fin de ta vie !

Allez sans rancune : je suis magnifique et intelligente, t'es rien face à moi !


CRÉDITS : Shiya

MESSAGES : 1923

Date d'inscription : 05/05/2011

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CAMP: Sans idées fixes
JE SUIS: un incertain, je peux basculer d'un côté comme de l'autre


MessageSujet: Re: " Avec tout mon respect " - CLOS " Avec tout mon respect " - CLOS Icon_minitime1Jeu 27 Juin - 22:52


Avec tout mon respect




« Je te souhaite de bien profiter de ta vie de pute, parce qu'elle est vraiment moche. Y avait des jours où j'avais envie d'être toi, de pouvoir faire ce que je voulais parce que j'en ai les moyens, parce que je dirige un quartier Nord ultra puissant. Mais en fait j'ai remarqué que je suis plus libre que toi et je tiens à cette foutue liberté. Tu seras jamais capable de comprendre que c'est mieux. Que c'est mille fois mieux de devoir se mettre à dos une ville entière ou presque parce qu'on a fait exactement ce qu'on a voulu quand on l'a voulu. Toi tu vas rester une pute toute ta vie parce que t'as pas le courage de changer. T'as peur de ce qui pourrait arriver si jamais tu essaies de bouger un doigt pour changer. Et je trouve ça encore pire que s'attirer les foudres de la Reine du Nord ou de cet enfoiré de Jason Lecter. C'est ça qui nous différencie. Ça fait peut être philosophie ancienne, mais j'ai pas peur de vivre. Toi si. Regarde toi dans un miroir Calypso. Tu deviens une pute de luxe, une reine, parfaite au regard, mais si moche à l'intérieur. »

Allongée sur son lit, Calypso regardait d'un air vide le plafond. Les mains posées sur son ventre, Calypso ferma les yeux. Elle se rappelait de tout ce qu'il s'était passé dans cette chambre d'hôtel, mot pour mot, image pour image, son pour son. Elle se rappelait de cette lueur victorieuse qui avait parcouru le regard de Frederic avant qu'elle ne lui explose la rotule. Elle revoyait encore et encore son visage moqueur et entendait sans arrêt sa tirade sur la liberté. Il s'était moqué d'elle, l'avait utilisée comme un jouet avant de la jeter au loin. Il lui avait craché dessus et il l'avait humiliée. Calypso était brisée. La blonde se leva précipitamment et couru dans les toilettes pour vomir. Lorsqu'elle eut fini de se passer de l'eau sur le visage, Calypso se rendit compte que tout son corps tremblait. Elle n'avait jamais été utilisée et humiliée de la sorte depuis longtemps... depuis Andrew. A sa façon, Frederic l'avait violée. Il lui avait fait croire au paradis, il lui avait fait des promesses, il lui avait soufflé de l'espoir au visage. Elle lui avait fait confiance, elle lui avait raconté une année de captivité et avait senti son cœur se remettre à battre en sa présence. Elle avait cru, elle avait rêvé, elle avait espéré. Et lui qu'avait-il fait ? Il l'avait violée. Oh non pas physiquement mais bien mentalement. Mais après tout, c'était bien pire... Calypso s'était faite violer physiquement mais elle avait survécut car elle avait continué de rêver et d'espérer. On avait touché, humilié, sali et offensé son corps mais on n'avait pas réussi à atteindre son esprit. Pendant qu'on s'activait sur son corps, son esprit était parti ailleurs, détournant le regard sur ce qui se passait en bas. Mais Frederic ne l'avait pas touchée, il n'avait pas posé ses sales mains sur son corps, il ne l'avait pas forcée à écarter les cuisses, non. Il l'avait approchée en parlant, il avait gardé ses distances et s'était activé à briser sa carapace dans son dos pour qu'elle ne puisse pas voir la chute venir. Il lui avait susurré des paroles douces, il lui avait fait croire en l'amitié, il lui avait fait espéré que le passé pouvait être autre chose qu'un fardeau et alors qu'elle s'apprêtait à revivre, il avait éteint la lumière et l'avait frappée par derrière. Elle lui avait accordé sa confiance, elle lui avait proposé de s'installer dans son Quartier, elle lui avait offert de l'aide et s'était assurée qu'il ne serait jamais seul mais pendant qu'elle s'activait à lui offrir le meilleur, il s'activait à détruire tout ce qu'elle avait construit pour ensuite l'accuser de tous les tords possibles et imaginables. Il l'avait prise par surprise et s'était employé à lui prouver qu'elle n'était qu'une idiote, une petite pute de bas étage avec des rêves trop grands pour être réalisés. Il s'était moqué d'elle, il l'avait frappé, il l'avait piétinée, il l'avait écartelée puis il l'avait laissé à même le sol, à la merci du monde entier. Oui Frederic l'avait violée mentalement et au final Calypso regrettait qu'il ne se soit pas contenté de le faire physiquement. S'il l'avait touchée de force, elle aurait pu laisser son esprit s'envoler et visiter des souvenirs plus doux mais il ne l'avait pas fait. Il s'était contenté de la détruire mentalement et d'attacher son esprit au sol pour qu'elle ne puisse pas fuir.

Le téléphone portable de Calypso sonna mais elle ne s'en préoccupa pas : elle avait besoin de parler à quelqu'un, de confier ses problèmes, ses états d'esprit et sa douleur à quelqu'un qui ne la jugerait pas. Matthew n'était pas là et Sven était retourné en Suède pour la semaine : Calypso était seule et son appartement lui semblait immensément vide. Elle aurait dû être en train de se préparer pour aller voir un client mais rien que l'idée que quelqu'un la touche lui donnait la nausée. Plus jamais. Elle ne voulait plus qu'on la touche, qu'on l'approche, qu'on la console ou qu'on fasse mine de s'intéresser à elle. Elle en avait assez qu'on se joue d'elle et l'humiliation et le désespoir s'arrêteraient ce soir. Morte ou vivante Calypso n'accepterait plus qu'on la traite de la sorte. Elle était humaine et même si elle essayait de ne pas le montrer, les choses et les mots la blessaient plus durement que n'importe quel couteau enfoncé dans sa main. Calypso enfila un long manteau chaud car, malgré la chaleur ambiante, elle mourrait de froid. Elle quitta l'appartement et marcha jusqu'à l'Académie Weins. Elle n'était pas venue en cours de la journée et l'idée d'y entrer le soir la fit rire jaune. Elle ne croisa personne mis à part un surveillant qui la regarda passer d'un air interloqué. La blonde était blanche comme une morte et son manteau d'hiver semblait incompatible avec la température extérieure. Elle n'avait pas de maquillage : elle n'en avait pas besoin pour celui qu'elle allait voir. Elle poussa la porte sans se poser de question et entra dans le grand bureau élégant du psychiatre de l'Académie : Hunter Stanton. Ce dernier était en train de jouer du piano de façon passionnée et la blonde se surpris à en avoir la chair de poule. Calypso resta debout, poupée brisée semblant complètement étrangère à cet endroit. L'homme se retourna sur son siège et hocha la tête en lui disant bonsoir. Calypso ne répondit pas, à dire vrai elle ne savait pas quoi répondre et n'avait même pas la force de se construire une carapace. Elle s'assit sur un fauteuil sans en apprécier le possible confort : elle semblait tout sauf à l'aise. L'homme se leva, s'approcha d'elle et presque inconsciemment, Calypso lui jeta un regard lourd de menaces. Elle n'était pas venue pour qu'un homme s'approche d'elle et elle était tellement faible et misérable en ce moment qu'elle ne pourrait même pas se défendre. Cet état lui fasait honte mais qu'y pouvait-elle après tout ? Elle n'était pas faite pour se battre seule, elle ne l'avait jamais été.

« J'imagine que ton altercation avec Frederic n'est pas étrangère à ta venue dans mon bureau à l'heure où les cours sont pourtant achevés. Tu veux en parler un peu ? »

En temps normal, Calypso lui aurait sourit et aurait répondu à sa question en évitant la chose ou en en disant le moins possible. Mais aujourd'hui n'était pas un jour comme les autres et pendant un court instant Calypso se redressa sur son siège, retrouvant un semblant de dignité et de royauté :

« Je lui ai détruit la rotule gauche, entaillé la joue et maudit à vie. »

Mais cette attitude était fausse et elle était trop détruite pour la tenir plus longtemps alors tout son corps s'affaissa et elle s'écroula dans son fauteuil comme une poupée de chiffon. Elle n'avait même pas le courage de regarder l'homme dans les yeux. Pourtant elle l'appréciait : il l'écoutait toujours sans jamais la juger, mais ce jour-là elle ne savait pas ce qu'elle voulait. Elle aurait voulu qu'il la prenne dans ses bras et la console mais elle se serait mise à hurler s'il s'était approché d'elle plus prêt. Elle aurait voulu qu'il lui dise qu'il la comprenais mais elle aurait su qu'il lui mentait. Elle aurait voulu qu'il la mette dehors de façon à ce qu'elle puisse rentrer chez elle et mettre fin à cette fichue vie merdique qu'elle n'avait pas demandée. Elle en avait assez de se battre, assez de toujours devoir paraître forte et inébranlable. Calypso n'avait qu'une envie : jeter sa couronne au sol pour se noyer dans le torrent de sang que provoquerait sa disparition. Elle en avait assez de se battre pour les autres, elle voulait vivre pour elle. En s'approchant de Frederic et en le gardant à ses côtés, elle avait espéré pouvoir s'offrir une vie à elle, un ami qui serait là pour Calypso et non pas pour Calypso Ruby Storm, la Dirigeante du Nord, mais elle s'était trompée et sa courte vie en tant que Calypso s'était terminée dans une explosion de rotule et des mots gravés dans son esprit.

« Dites-moi... comment est-ce vous faites lorsque tout vous semble insipide et sans intérêt ? Est-ce que des fois vous vous posez la question de continuer à vous battre ? Parce que je suis fatiguée... fatiguée de me battre sans rien d'autre en retour que de la douleur, de l'humiliation et du sang. J'en ai assez... Il y a des fois où je me dis que tout aurait été plus simple si j'étais morte sous les coups de Andrew... »

Elle ne lui avait jamais parlé de Andrew. Elle ne lui avait jamais parlé de son passé et au final elle ne savait pas si elle le ferait un jour. Demain lui semblait si loin qu'elle n'était pas sûre de pouvoir l'atteindre. Du moins pas seule...

« Dites-moi... Est-ce que vous avez déjà eu des regrets ? Des remords ? Parce que normalement je devrais en avoir, non ? Je l'ai rendu handicapé à vie et j'ai tué sa mère... Mais pourtant... rien... Je ne regrette rien et n'ai aucun remord... » elle eut un petit ricanement nerveux « je suis bonne à être emprisonnée, pas vrai ? »


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MessageSujet: Re: " Avec tout mon respect " - CLOS " Avec tout mon respect " - CLOS Icon_minitime1Ven 28 Juin - 21:26


Avec tout mon respect




Faits évoqués de but en blanc. Pas de remords, une dignité froide et une lassitude percutante. Il est aisé pour Hunter de sentir la tristesse qui revient à la surface comme l’écume portée par la vague. Calypso est une de ces vagues, fracassée au fil des remous contre les falaises d’une existence qu’on ne lui envie pas. Trop jeune pour assumer ses fonctions, trop mature pour ne pas y faire face et plus le temps passe, plus il lui rappelle dans une cruauté insidieuse, qu’elle n’a pas encore vécu pour elle. Ses belles années devraient être celles qu’elle vit actuellement. Elle devrait pouvoir sortir, s’amuser, rire d’un rien à une heure qu’elle choisit, s’emporter pour des broutilles, lire un magazine féminin en rêvant de faire les boutiques. Elle devrait connaître l’amour, le tremblement maladroit des premiers ébats et la lumière tamisée d’une chambre partagée de bonne grâce. Enlacée de manière un brin naïve par un amoureux transi qui lui caresserait les cheveux, lui murmurerait qu’un jour ils partiront au soleil des tropiques, qu’ils auront deux enfants, fille et garçon et ensemble ils leur chercheraient des prénoms clichés en riant. Tout devrait être simple, mais le destin est un jeu perfide, une roulette russe au terme de laquelle on est en droit de s’interroger sur le fait que certains vivent … pendant que d’autres survivent.  

Tassée dans le fauteuil, elle lui évoque ces poupées de porcelaines d’un autre âge, laissée à l’abandon dans un grenier à prendre la poussière parce que l’enfant qui autrefois la serrait contre son cœur a grandit, qu’elle vit sa vie en abandonnant sa jeunesse incarnée à l’ombre d’une pièce qu’on ne rejoint que par nostalgie une fois devenu un adulte blasé par la vie. Alors il aimerait être le délicat antiquaire venu la récupérer, la soulevant avec précaution de son séant de pailles moisies. Il aimerait passer les doigts sur sa robe et ses dentelles, leur rendre l’innocence passée, coiffer ses cheveux blonds avec tendresse, caresser ses joues et en chasser les cendres. Il a beau -dans sa maîtrise exceptionnelle de lui même- savoir conserver une distance il ne peut tolérer ces jeunesses, ces espoirs détruits au bon vouloir d’autres car sous les yeux couleur mercure de cet homme : chacun mérite le choix, le droit de décider quel chemin prendre et le pouvoir de relever la tête, de camper sur ses deux pieds et crier Non à plein poumons.
Et le seul « non » que Calypso Storm laisse entendre est muet, seulement prononcé par son corps tendu qui refuse jusqu’au moindre toucher, cadenassé derrière ses lèvres par fierté, par habitude d’avoir à gérer ses démons seule. Qui en dehors de quelques proches prend du temps pour elle, non pas pour s’apitoyer et pleurer de concert mais pour la relever, essuyer ses larmes et lui dire que ce n’est pas fini, qu’elle a le DROIT elle aussi, de lâcher prise ? Qui se pose devant elle, capable de surpasser ses colères et ses doutes pour rendre à ses yeux bleus l’étincelle du bonheur ? A qui se confie-t-elle, quelle oreille peut découvrir et observer les cadavres qu’elle traîne comme autant de spectres accrochés à ses chevilles et qui la hantent à plus forte raison que sa conscience même ? Lui peut ; Hunter Stanton est un des rares sinon le seul que rien n’ébranlera pas même la furie la plus absolue, pas même si elle désire le frapper pour se décharger, il se fera  île vierge et salvatrice, terre d’accueil après ses naufrages puis citadelle de paix. Par les mots et la patience, à renfort de ses expériences il saura lui rendre son éclat, une aura capable de balayer n’importe quel fantôme revanchard.  

Comment fait-il, demande-t-elle d’une voix où pointe une note si basse qu’elle évoque tout un monde au Psychiatre. Les mots ont un parfum rance de faits passés restés trop longtemps au fond d’un tiroir à pourrir, ils sont comme un corps en décomposition, une momie au fil des années dont on ne trouve plus le courage de se débarrasser et celle de Calypso porte un nom : Andrew. Et l’homme n’a besoin de poser aucune question, il comprend clairement à cette unique évocation. L’attitude de la jeune femme est trop parlante ; ce cri qu’il entend sans même un son lâché lui donnerait la nausée s’il n’était pas lui, pas si capable de brider toute émotion. Il découvre à coups de constats personnels un homme violent, qui l’a torturée et disloquée. Un psychopathe se complaisant dans la domination imposée à la force des poings, dans le viol et les sévices réguliers. Un lâche, un être au fond tellement faible et insignifiant qu’il avait ce besoin viscéral de salir les autres pour voir sa propre lumière aussi insipide était-elle. Un déchet ; mais ces hommes sont des pires. D’une oeillade seulement elle le prévient, malgré elle qu’elle refuse toute approche, qu’elle ne supportera pas même une main posée sur son épaule aussi légère soit-elle. Il sent, il comprend, ne s’impose pas et rejoint le fauteuil en face sans empressement. La rassurer, il le faut d’abord. Elle ne craint rien en sa compagnie. Se mettre à la hauteur de son regard, assis comme elle, pas debout car elle y verrait malgré elle une tentative de domination. Il croise les jambes à la même allure, posture relâchée loin du qui-vive et laisse ainsi entendre qu’il ne compte en rien la surprendre. Mains croisées sur ses cuisses, il ne la fixe pas directement et écoute la suite sans dire un mot. Qu’elle puisse parler, qu’elle ouvre les vannes comme bon lui semble.
Là, des questions et elle espère une réponse. C’est son tour et il secoue doucement la tête.

« Tu n’es pas un monstre Calypso. Pas plus que tu es destinée à passer le reste de tes jours enfermée. Tes réactions sont humaines, certes il faut le dire tu as franchi une ligne en prenant une vie relativement étrangère dans cette situation mais le blesser … ne l’as tu pas fais à la mesure de ce qu’il t’a infligé ? » Une courte pause, sa tête s’incline légèrement de côté. « Je ne suis pas un saint, je ne prônerai pas le « tu ne tueras point » pas plus que l’idée de tendre l’autre joue en cas de conflit. Nous agissons guidés par notre conscience, par des choix et malheureusement il est dans le cours de l’existence ces instants cruels où les lois ne sauvent ni les cœurs ni les âmes. Le système … qu’aurait-il fait pour blâmer celui qui t’as fait si mal ? Les mots s’envolent, on songe qu’ils ne sont rien en comparaison d’une lame vrillant la chair et par conséquent non condamnables mais les mots Calypso ... sont les plus à même d’ébranler les sommets. Il suffit d’un rire, d’un sanglot mal contenu pour déclencher une avalanche. Loin de toute métaphore trop alambiquée, c’est précisément ce que Frederic a fait ; et en suivant, la déferlante l’a emporté ... »

Pour qui n’a jamais réellement écouté Hunter, ce genre de propos est toujours choquant de prime abord. Car l’homme ne remet rien en cause, il constate, étudie, pose des réponses qu’on attend pas mais qui sauront toucher leur but. Ici, loin de la morale il précise qu’à son regard elle n’est pas en tort et c’est sans mensonge. Son point de vue de la manière la plus nette et définie. Il sait qu’elle ne s’y attendait pas, la laisse accuser les choses un temps avant de reprendre de la même voix posée, emprunte d’un calme de cathédrale.

« Les questions que tu te poses sont légitimes, mais elles ne suffisent pas. Comment avancer, comment croire ? Pourquoi vivre au fond si tout est tellement affreux, sans couleurs ? C’est brut, trop vaste pour obtenir une réponse déterminante. Actuellement, tu es submergée, sans cesse à boire la tasse dans un flot d’événements tels que tu es perdue … qui ne le serait pas ? »

Maintenant il se lève, sagement et lissant les pans de sa veste de costume. Parce qu’il est temps de l’approcher, animal blessé par trop de côtés. Il sait, il connaît cette douleur pour l’avoir trop observée, trop allégée déjà. Avec précaution il approche du fauteuil mais sa silhouette ploie à la gauche, il s’accroupit et pose une main sur l’accoudoir. Un regard levé vers elle, parce qu’il faut un contact enfin, qu’elle réalise qu’il est un allié et qu’elle lise en lui au minimum. Qu’elle puisse voir et sentir qu’il ne lui veut pas de mal.      

« Dans ces instants Calypso, prend le temps de fermer les yeux. Emportée par la mer étend les bras sur l’eau, laisse ton corps flotter et lève le nez au ciel. Les ouragans ne durent jamais plus longtemps que les moments de plénitudes, alors respire, et lorsque le calme revient regarde autour. Qui a-t-il ? Un rocher peut-être ? Un débris flottant, une plage de sable ? Là, tu devras nager, avancer doucement parce que les forces te manqueront sans doute. Mais lorsque tu atteindras un but, même si de prime abord il n’a l’air de rien, il sera le pallier avant un autre … »

Un sourire léger, il murmure désormais comme on chuchote aux enfants pour chasser leurs cauchemars, comme on réconforte un ami ou un proche. A voix basse, pour calmer la tempête et laisser la brise fraîche d’une journée ensoleillée jouer sur son visage.  

« Chaque chose a son temps, tu ne peux pas tout faire à la fois. Personne ne peut pas même les plus fous de ce monde. Actuellement tu es trahie et blessée et le moindre mouvement électrise tes plaies. Aujourd’hui, prend seulement le droit de te reposer, de t’étendre et de reprendre de l’air pour relâcher la pression. Demain, tu regarderas autour et tu te poseras une seule question. Pas à pas, et tu n’as pas à avancer seule. Je suis là si tu le souhaites, si tu ne trouves personne sur le moment … tu as ma parole. Si tu as besoin de moi … je serai là. »

© Jason Lecter


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Ça fait six ans que je suis réélue, et je compte bien continuer jusqu'à mon départ.
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Avec tout mon respect




Calypso avait froid. Beaucoup trop froid. Sa peau était glacée et ses poils étaient hérissés. Elle s'enfonça encore plus profondément dans le fauteuil, cherchant à resserrer les moindres parcelles de tissus pour tenter d'échapper au froid. Elle avait l'impression que le froid venait de l'intérieur de son corps. Hunter, lui, ne semblait pas avoir froid et le dernier thermomètre qu'elle avait vu affichait une température assez haute pour le mois de novembre. Elle aurait dû avoir chaud, elle aurait dû sortir en robe et s'éventer d'un air hautain mais non, elle mourrait de froid et ainsi blottie dans son manteau, on aurait pu imaginer qu'elle se trouvait quelque part au milieu de la banquise. Recroquevillée de cette manière, la blonde semblait isolée du reste du monde. Ce fauteuil c'était son île, sa zone de sécurité et elle n'accepterait pas qu'on l'approche. Hunter semblait l'avoir parfaitement compris puisqu'il s'assit en face d'elle, à sa hauteur. Il croisa les jambes et ne la regarda pas pendant qu'elle parlait. Que cherchait-il à faire en ayant cette attitude, Calypso n'en savait absolument rien mais la distance lui allait. Enfin non. Son esprit aurait voulu que Hunter s'approche d'elle, la prenne dans ses bras, la laisse pleurer sur son épaule et la rassure en lui disant qu'il serait éternellement là pour elle mais son corps n'était pas d'accord. L'esprit avait beau crier à l'aide, le corps se contentait de rester sur la défensive. Il avait été trop de fois abusé pour laisser l'esprit faire des conneries. Il n'avait pas réagit lorsque Frederic et tous ces autres individus s'étaient approchés trop près de lui. Le corps avait laissé l'esprit prendre le contrôle et s'était contenté d'obéir sans rechigner. Et où cela l'avait-il mené ? A souffrir encore et encore. Au tout début, il avait dû supporter les assauts extérieurs pendant que l'esprit se contentait de fermer les yeux en chantonnant pour ne pas entendre ses gémissements. Le corps avait dû endurer tout les clients, tout les viols, tout les coups, toutes les violences pendant que l'esprit s'échappait loin de tout ça. Le corps avait dû faire face à l'horreur et à la terreur seul et pour ça, il n'arrivait pas à s'en remettre. Il avait accepté une dernière fois de laisser l'esprit décider lorsque Frederic était arrivé et la suite, tout le monde la connaissait : l'esprit avait été blessé et cette fois-ci, il n'avait pas pu laisser le corps prendre toute la souffrance pour lui. Mais le corps n'était pas une chose rancunière, à l'inverse de l'esprit qui n'oubliait jamais. Sentir l'esprit fléchir ne lui avait procuré aucune détente mais n'avait fait qu'accumuler toujours plus de tensions. Le corps de Calypso était bloqué de tous les côtés, tendu à l'extrême, craquant si elle bougeait la tête trop vite, gémissant de douleur si on le touchait, hurlant si on l'approchait : le corps était sur la défensive et il n'accepterait personne dans sa zone de sécurité. L'esprit ne pouvait rien faire, il était captif de son propre corps et au final, il ne lui en voulait pas : il avait trop de fois souffert en n'écoutant que son instinct, peut-être qu'en écoutant son corps, il vivrait tranquillement ? Sans souffrir au moins...
Mais le corps fut ébranlé dans sa défense lorsque Hunter se mit à parler. Il s'attendait à beaucoup de choses mais sûrement pas à ça. Hunter aurait dû lui cracher au visage, l'insulter, le traiter de tous les  noms, prendre la fuite ou appeler les policiers : c'était généralement les réactions basiques qu'on avait face à ce genre de révélations. Mais Hunter n'avait pas hurlé, pas craché et s'était contenté de parler. Et ses paroles avaient touchés le corps et l'esprit en même temps. Calypso n'était pas un monstre. Depuis combien de temps la blonde attendait-elle qu'on lui dise ces quelques mots ? Depuis près de douze ans on l'avait appelé de différentes façons, on avait chuchoté ou hurlé son nom, on lui avait susurré ou menacé des surnoms à l'oreille mais jamais on ne lui avait dit ce qu'elle n'était pas. Elle n'était pas un monstre et elle n'était pas condamnée à rester enfermée toute sa vie. Jamais on ne lui avait dit quelque chose d'aussi fort. Hunter ne l'accusait pas, au contraire il l'excusait et de ça, Calypso ne s'en remettait pas. Elle se mit à pleurer comme une enfant, cachant son visage derrière des mains gelées et secouées de soubresauts. Calypso pleurait rarement et sûrement pas devant les autres. Les rares personnes à côté de qui elle avait pleuré avaient été Matthew et Sven. Et Frederic... En repensant à lui, le corps se tendit de nouveau et les larmes s'arrêtèrent aussi soudainement qu'elles avaient commencées.

« Les questions que tu te poses sont légitimes, mais elles ne suffisent pas. Comment avancer, comment croire ? Pourquoi vivre au fond si tout est tellement affreux, sans couleurs ? C’est brut, trop vaste pour obtenir une réponse déterminante. Actuellement, tu es submergée, sans cesse à boire la tasse dans un flot d’événements tels que tu es perdue … qui ne le serait pas ? »

Calypso releva le visage et posa ses yeux écarquillés sur le visage du psychiatre. Comment parvenait-il à la faire se sentir si... bien ? Comment arrivait-il à étudier ses sentiments et à les lui exposer de façon calme et déterminée ? Comment parvenait-il à lui insuffler de l'espoir ? L'homme se leva et presque immédiatement les jambes de Calypso s'écartèrent légèrement pour lui permettre de se relever et de prendre la fuite plus rapidement. Ses mains se crispèrent sur les accoudoirs du fauteuil et si son buste ne bougea pas, c'était bien parce qu'il n'en avait pas besoin. Encore une fois le corps avait réagit seul, sans demander l'avis de l'esprit. Ce dernier était de toute façon encore sous le choc de ce que venait de dire Hunter... En le regardant lisser son costume lentement, le corps de Calypso se tendit à l'extrême : Andrew faisait la même chose lorsqu'il se préparait à la frapper. Le corps ne savait plus quoi penser de l'individu arrivant en face de lui avec une lenteur étudiée. Il voulu se lever pour prendre la fuite mais l'esprit l'en empêcha. Stupide conscience ! Hunter s'accroupit à côté d'elle et ses yeux ne cillèrent pas lorsque ceux de Calypso entreprirent de fouiller derrière les iris mercure. Elle l'écouta parler et se noya dans ses paroles. Qu'il continue à parler, qu'il ne s'arrête pas... Ses mots assemblés les uns aux autres redonnaient de l'espoir à Calypso et pendant un court instant, elle crut en ce qu'il lui racontait. Elle se perdit dans ses mots et petit à petit le corps se détendit et cessa d'avoir cette attitude agressive et défensive à la fois.

« Si tu as besoin de moi … je serai là. »

La main glacée de Calypso alla en tremblant se poser sur celle, chaude et rassurante, de Hunter. Ses doigts s'accrochèrent à la main du psychiatre comme s'il allait tenter de s'échapper.

« Et si... je m'égare, que j'emprunte la mauvaise voie et que je ne peux plus revenir en arrière... Est-ce que vous pourriez me tuer ? Pourriez-vous le faire pour moi ? »

Elle sentit qu'elle avait étonné Hunter ou du moins elle en eut l'impression. Vrai ou faux ? Calypso n'était pas en mesure de le dire, trop perturbée, trop faible pour réfléchir et pour tenter de percer à jour les émotions de l'homme accroupi à ses pieds. Mais alors que ses doigts froids agrippaient la main de Hunter, Calypso se mit à paniquer. N'était-elle pas une nouvelle fois en train de tomber dans le panneau ? Après tout Frederic avait dit la même chose : il lui avait promis d'être toujours là pour elle, de la protéger, il lui avait dit qu'il serait son chevalier et qu'il ne laisserait personne lui faire du mal. Il l'avait prise dans ses bras et lui avait chuchoté qu'il ne l'abandonnerait jamais. Mais il l'avait fait et ça avait touché Calypso au plus profond d'elle-même. Qu'est-ce qui lui prouvait que Hunter n'était pas en train d'utiliser la même méthode ? Qui savait ce qui pouvait se cacher derrière ces yeux couleurs mercure, ces mouvements parfaitement étudiés, cette indifférence imperturbable ? Qu'en était-il réellement ? Hunter n'était-il pas en train de se jouer d'elle une nouvelle fois ? N'allait-il pas profiter de sa faiblesse pour l'enfermer dans un lieu sans lumière, tout comme l'avait fait autrefois Andrew lorsqu'elle avait voulu s'enfuir. N'avait-elle pas fait une terrible erreur en venant ici, à sa merci ? Qui allait venir la sauver s'il l'enfermait ? Matthew ? Il ne savait même pas où chercher et il devait se faire discret s'il ne voulait pas retourner dans cette fichue Prison-gouvernementale et Sven n'était pas là. Combien même il se mettait à sa recherche en revenant, combien de temps lui faudrait-il pour la retrouver ? Combien de temps Calypso allait-elle devoir passer immobile dans le noir ? Comme autrefois ? Combien de temps était-elle restée enfermée dans ce sous-sol lugubre, seule sans autre compagnie que le silence. Elle était incapable de préciser la durée de son châtiment mais Calypso se souvenait que lorsque Andrew l'avait sortie de la cave, il s'était amusé à la jeter dehors, en plein soleil. Voir cette entité si lumineuse lui avait brûlé les yeux et elle avait cru que son crâne allait exploser tant elle souffrait. Par la suite, elle n'avait plus jamais réessayer de s'enfuir. Le choc et la peur étaient toujours présents et aujourd'hui encore, il lui arrivait de paniquer si elle restait enfermée dans une pièce sans lumière plus d'une heure. Hunter allait-il lui faire subir le même châtiment parce qu'elle avait tenté de fuir ses fonctions tout comme autrefois elle avait tenté de fuir la prostitution ? Allait-il la frapper, l'enfermer dans une pièce jusqu'à ce qu'elle hurle en demandant pardon ? La crise de panique la prit d'un coup et en l'espace de quelques secondes, tout le corps de Calypso se mit à trembler et à passer du chaud au froid. Calypso était morte de peur, elle était persuadée que la porte allait s'ouvrir sur Andrew ou que Hunter lui-même était en fait l'ancien drogué. Elle avait l'impression que son cœur allait sortir de sa poitrine et qu'elle allait s’évanouir. Mais elle ne pouvait pas le faire ! Si elle s'évanouissait, elle laisserait la voie libre à Andrew et il ne fallait pas ! Il fallait qu'elle s'échappe, qu'elle prenne la fuite et qu'elle s'enferme quelque part, à l'abri. Mais où ? Et d'un seul coup, elle retrouva ses esprits. Elle constata qu'elle avait la main levée devant elle comme pour tenir Hunter à distance mais avant même qu'elle réfléchisse à la raison de cette tentative de défense, la crise d'angoisse la repris, plus violemment mais cette fois sa main saisit celle de Hunter : geste désespéré ne servant finalement à rien car lorsque sa crise s'arrêta, elle s’aperçut qu'elle s'était de nouveau recroquevillée sur elle-même en position de défense, rendant l'approche non-violente impossible. Elle ressentit des fourmillements dans tout son corps et son cœur mit quelques instants à reprendre un rythme à peu près normal. Assise sur son fauteuil, Calypso se rendit compte que son visage était complètement mouillé : elle avait pleuré sans même s'en rendre compte. D'un main tremblante, elle essuya les larmes qui mouillaient ses joues et tourna la tête vers Hunter.

« Promettez-moi que vous ne m'abandonnerez jamais... Je vous en supplie... »

Et sa voix était tellement faible et inaudible que Calypso se demanda si le psychiatre avait entendu sa demande.

« Je ne veux plus jamais me retrouver dans le noir, seule. Plus jamais... »

Et lorsqu'elle parlait du noir, elle ne parlait pas du noir de l'inconscience ou d'un autre noir métaphorique mais bel et bien du noir où elle avait été enfermée pendant un temps impossible à calculer. Un jour ? Deux mois ? Un an ? Elle n'en avait strictement aucune idée mais cet événement l'avait marquée... à vie.

« Si quelqu'un m'enferme de nouveau, viendrez-vous me sauver, me libérer ? Ou ferez-vous comme tous ces individus qui se sont contentés de me passer dessus ou de me regarder de haut ? Qu'est-ce qui me prouve que vous êtes différent ? Que vous ne cherchez pas à endormir ma méfiance pour ensuite profiter de moi ? Et surtout, qu'est-ce qui me prouve que vous ne détournerez pas le regard lorsque vous serez en société et que moi j'aurais besoin d'aide ? C'est tellement facile d'humilier l'autre en se moquant de lui devant ses ''amis'' puisque après tout, ce qui m'est arrivé je l'ai cherché, hein ? Je ne suis qu'une catin qui aime le sexe et qui adore être battue, humiliée, violée, lacérée, hein... ? Alors dites-moi monsieur Stanton... Qu'est-ce qui me prouve que vous êtes différents de tous ces gens qui ont croisé ma route par le passé et qui croiseront ma route dans le futur ? »

Le nombre de personne que Calypso avait croisé et en qui elle avait cru mais qui s'étaient contentés de l'humilier, de se moquer d'elle et de dire qu'elle avait mérité ce qu'elle recevait. Les femmes qui ricanaient en la voyant au bras d'un homme beaucoup plus âgé qu'elle alors qu'elles savaient pertinemment ce qui allait se passer, celles qui la traitait de sale petite pute sous prétexte que leur maris étaient venus fourrer leurs queues entre les jambes de Calypso, ces hommes qui lui promettait de la libérer mais qui ne libérait rien d'autre que leurs sperme infâme, ces individus qui la jugeaient sans la connaître et qui l'utilisaient pour leurs propres fantasmes, colères, fautes... Comment Calypso pouvait-elle être sûre que Hunter était différent de tout ces autres qui composaient l'espèce humaine et qui avaient trop de fois déçus et blessés la blonde. Qu'on lui demande de croire, d'espérer avec ce qui venait de lui arriver et ce qui lui était déjà arrivé avant c'était trop compliqué et si son esprit ne demandait qu'à respirer une bouffée d'espoir, son corps refusait de se rendre sans se battre.


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MessageSujet: Re: " Avec tout mon respect " - CLOS " Avec tout mon respect " - CLOS Icon_minitime1Lun 1 Juil - 3:42


Avec tout mon respect



Pourriez vous me tuer ? Implore-t-elle d’une voix chevrotante, sa main soudain accrochée à la sienne. Mais il n’entend pas ces mots-là, il n’entend pas ces termes. Il en découvre d’autres sous le voile de sa détresse, un « Si vous ne pouvez pas me sortir de là alors tuez moi ». C’est une enfant, une jeune fille et la jeunesse est une chose bien fragile. C’est un calice de verre translucide, brillant de milles feux aux premières aurores de la vie, scintillant sur un joli pied délicat ; coupe vide qu’il faut encore remplir du nectar des découvertes … ou de l’acide d’événements malheureux. Alors à la première goutte le cristal craque, se fendille jusqu’au sommet et tout le miel qu’on ajoutera à la boisson n’apaisera qu’un temps la morsure cruelle de cette lie imbuvable, ce poison latent qui demeure de toutes ses griffes accrochés aux parois les plus fines. Les horreurs surpassent sans cesse la douceur des joies, elles épuisent et maltraitent, dépossèdent et laissent les hommes, la mort dans l’âme, traînant leur passé comme un condamné traîne le boulet et la chaîne à son pied.  

Elle est jolie la petite Calypso, chérubin aux yeux bleus et à la chevelure d’or, visage gracieux et sourire éclatant aux quenottes blanches mais son cœur, son âme autrefois de satins, de soies précieuses et délicates sont aujourd’hui réduits à l’état de chiffons dont on a abusé sans jamais prendre la peine de laver le sang qui les macule. Alors elle se gangrène, fruit à chair tendre rongé par les vers et les dents gâtés d’hommes sans vergogne qui après un coup de crocs bien placé l’abandonnent au coin de leur assiette sur une table en bordel. Alors non il ne conçoit pas, il ne peut pas dans sa neutralité accepter de seulement constater le drame de cette scène sordide. Qui peut se déclarer supérieur en étant pas capable de regarder dans les yeux cette fille qui pleure en larme de sang une innocence et une virginité volée, violée ? Quel homme, quelle femme peut oser la toiser de haut sans voir, comme on repère un feu au milieu de la nuit, qu’elle n’attend qu’une seule chose : qu’on ouvre les bras même pas en grand mais juste assez pour accueillir sa fine silhouette d’oisillon fauché en plein vol ? Que leur manque-t-il à ces gens pour ne pas voir ça ?
C’est l’enfance de l’art mais Hunter sait, il a trop conscience de ce qui fait défaut à l’humanité actuelle : des yeux. Mais pas les leurs, pas ces orbites vides qui restent fixement baissés sur des godasses en cuir ou des sandales de paille, pas ces prunelles levées aux cieux en prières ou en acceptations mais des yeux grands ouverts, qui observent en prenant leur temps. Qui se posent sur cette femme enceinte à laquelle on ne cède pas de place dans un bus, sur ce grand père qu’on aide pas à traverser, sur cet homme défiguré dont on se moque sans savoir qu’il a fait la guerre et qu’une bombe lui a mutilé le visage. Sur cet enfant bridé qui pleure à l’école, sur ce chiot errant qu’on chasse parce qu’il ne possède aucun pédigré … qui ne se contente pas uniquement de regarder mais prend le temps de Voir ? Ils sont rares, pas majoritaires et même loin de là. Lui voit, et ça l’écœure au fond.

Lorsqu’elle tremble, qu’elle panique il se tait et attend. Pas un mot car il deviendra la voix d’un autre, le relent d’un cauchemar et ravivera des plaies à peine cicatrisées. Elle pleure, elle lève les bras pour arrêter le monstre dans sa psychose, sanglote et roule en boule sur elle même comme un chaton battu. Le visage de l’homme à ses côtés est fermé, il est lisse de toute émotion. Il ne sera pas plus peiné que furieux mais à son propre degrés il compatit. Alors quand il croise à nouveaux ses prunelles azur , quelle demande, supplie dans un murmure qu’il ne l’abandonne pas Hunter penche doucement la tête de côté, lui témoignant qu’il lui offre toute son attention et son écoute.
Qu’elle ne reste pas dans le noir, pas seule enfermée sans défense et sans pouvoir faire ses choix. C’est normal, c’est évident qu’elle y pense. Mais ce n’est pas normal qu’elle en vienne à le demander. Calypso ne devrait pas et à la suite les mots qu’elle prononce ont les mêmes teintes délavées, dépitées au point qu’elle lui hurle par dessous qu’elle crève de peur à la seule idée de voir sa confiance effilochée et démolie, écrasée à la force d’une seule main. La laisser ? Lui ? Oh non, non cher ange tu ne sais pas. Tu ne connais pas l’homme qui se tient là, qui te voit pour toi et non pas pour la couronne qui te cisaille le front. Petite fille triste, adolescente mortifiée, jeune femme controversée tu ignores tout de l’étendu de ses pensées.

Voilà son tour, voilà le moment où tout se liera entre eux comme une bague scelle un mariage. Au seul son d’une voix, à la douceur d’un regard et à la vérité pure. Délicatement, son autre main recouvre la sienne et enlace ses doigts froids. Bientôt il va chercher sa voisine, les tenant et les caressant des pouces comme pour leur transmettre une chaleur nouvelle. Sans forcer, comme un père soigne sa progéniture et il approche à peine plus, seulement assez pour lui transmettre l’idée d’une confidence qui ne regarde qu’eux.

« Si tu t’égares Calypso, je ne te tuerai pas. Sais-tu pourquoi ? Parce que tu n’as pas à revenir sur ce qui fût. On ne récrit pas l’histoire, on ne change pas le passé. Nul besoin d’y revenir et de l’accepter pas plus qu’il faut le laisser moisir. Mais si ta route est sombre et que tu es perdue attends au pied d’un arbre, au bord d’une route et je te rejoindrais, une bougie à la main pour t’éclairer à nouveau. »

Lâchant une de ses mains il sourit à peine, seulement assez pour la rassurer et ses doigts remontent jusqu’à venir de leur revers, essuyer un larme perlant sur sa joue rougie par le sel. En suivant il écarte une mèche blonde, la fait glisser du bout de l’index jusqu’à la ranger sagement derrière son oreille.

« Nous avons tous nos moments à l’ombre, dans le noir. Mais le noir n’est pas une fin en lui même, pas une fatalité. Tu en as seulement oublié le charme, la paix qu’il incarne et je t’aiderai à retrouver ça, doucement, nous avons le temps. » Nous, ensemble, elle ne sera pas seule. « Tu ne le craindras plus un jour. »

Reste à calmer la fin, mettre du baume à ce cœur en lambeaux. Le blonde n’a pas tort. Ils ne se connaissent pas tant, elle n’a pas de raison valable de lui accorder sa confiance alors il doit la mériter, il doit l’inspirer. Chose qu’il maîtrise et qu’il parvient à faire sans grand mal bien souvent. Stanton a bien des cordes à son arc mais nul besoin de creuser quand le trou est déjà fait, il doit le remplir ici. Il n’a rien contre l’étudiante, bien au contraire. Une main toujours présente pour étreindre la sienne il hoche lentement la tête.

« Tu as raison, tu ne dois pas placer ta confiance entre toutes les mains. Le fait que tu te poses des questions est une bonne chose, car la confiance doit se mériter. Mais je ne suis pas un chevalier en armure venu brandir un épée face aux dragons qui t’ennuient. Considère moi comme une torche que tu peux allumer à n’importe quelle heure quand une ombre plane et te fait peur, un souffle d’air quand tu a besoin de respirer, un endroit ou revenir et parler comme nous le faisons maintenant. Je ne serai pas protecteur, mais un guide. »

Lentement relevé sans rompre le contact il l’invite à faire de même. Elle semble hésiter, peiner à déplier ses membres endoloris mais il attend, patiente jusqu’à la voir enfin debout. Qu’elle chancelle, il sera là et la soutiendra désormais. Toujours prévenant il l’entraîne jusqu’à la fenêtre encore masquée par les rideaux et en soulève un du bout des doigts. Le coucher de soleil est magnifique, lueurs orange et jaune à travers un ciel au loin indigo, parsemé de nuages mauves. Il fait bon même, les rayons sont tièdes sur leurs visages et le psychiatre la relâche en lui laissant le loisir de tirer totalement les tentures si elle le souhaite.

« Tu n’as jamais demandé le mépris, jamais mérité ce qu’on t’a infligé. Regarde le ciel Calypso, il ne fait pas froid, il fait beau. Tu n’es pas seule, tu n’as plus à l‘être. Tu es libre de cet homme qui voulait t’arracher à la lumière du jour. Bien entendu il te torture encore parfois, au détour d’un cauchemar mais ce n’est là qu’un songe à balayer. Regarde toi maintenant, debout sur tes deux pieds tu regardes ce simple coucher de soleil avec moi, doucement couvée par ses rayons … et lui où est-il ? Il n’est plus, emmuré six pieds sous terre dans une tombe et depuis longtemps voué à expier ses fautes. Alors oui il t’aura dérobé beaucoup, bien trop mais tu es la survivante de son mauvais jeu de rôle, la tête haute … »

Une main contre son dos, caressante, réconfortante.

« Il y aura toujours des gens pour cracher du fiel, des personnes aux préjugés tenaces. Pour eux passes ton chemin, sans hésiter et rejoint qui sait te voir, t’aimer pour toi, te choyer pour les bonnes raisons. Tu n’es pas un monstre non, tu es une jeune fille intelligente et brave, courageuse qui fait ce qu’elle peut dans ce monde cruel et qui a le droit de pleurer. Et plus jamais tu n’auras à rester isolée en haut d’une tour … car nous sommes nombreux crois le bien, capables d’en faire sauter les murs et les portes pour te libérer. »


© Jason Lecter


Calypso
Calypso R. Storm
Calypso R. Storm
Informations
AVATAR : Lindsay Ellingson

ANNÉE D'ÉTUDE : 5ème année

DISPONIBILITÉ RP :
  • Disponible


COMMENTAIRES : Sachez mes chers que vous vous trouvez face à la Reine de l'Académie. Reine que vous devrez acclamer, admirer parce que j'ai été élue par tout le monde comme étant la plus belle de cette fichue Académie. Mais ne vous réjouissez pas : beauté ne veut pas dire stupidité...
Ça fait six ans que je suis réélue, et je compte bien continuer jusqu'à mon départ.
Je suis également la Dirigeante en chef du Quartier Nord et je peux vous faire décapiter d'un simple claquement de doigt. Je suis également une prostituée de luxe et mes clients me sont entièrement dévoués alors dis un seul truc de travers sur moi et j't'envois en prison jusqu'à la fin de ta vie !

Allez sans rancune : je suis magnifique et intelligente, t'es rien face à moi !


CRÉDITS : Shiya

MESSAGES : 1923

Date d'inscription : 05/05/2011

CASIER JUDICIAIRE
ÂGE: 22 ans
CAMP: Sans idées fixes
JE SUIS: un incertain, je peux basculer d'un côté comme de l'autre


MessageSujet: Re: " Avec tout mon respect " - CLOS " Avec tout mon respect " - CLOS Icon_minitime1Jeu 12 Sep - 23:32


Avec tout mon respect




Peut-être était-elle morte ? Ou peut-être pas ? Mais si elle n'était pas morte, comment expliquer que l'homme en face d'elle n'essayait pas de la toucher, de la forcer ? Comment était-ce possible qu'un homme s'intéresse à elle pour autre chose que pour son corps ? Et comment pouvait-il lui dire des choses si douces, si belles ? Était-ce un ange ? En tout cas si c'était ça, il ne ressemblait absolument pas aux anges auxquels elle aurait pu rêver mais il ne ressemblait pas non plus aux angelots dans les églises. Les croyants ne lui rendait pas honneur, il était bien mieux en vrai que sur les murs des églises. Il n'était pas tout potelé et il n'avait surtout pas une tête d'abruti contemplant un nuage en se demandant si le Bon Dieu était quelque part derrière. Lui, au moins, avait l'air de savoir ce qui se cachait derrière les nuages et ce qui se cachait dans l'uniformité du ciel bleu, pas comme ces boulettes de chair juste bon à montrer leurs fesses aux croyants. Elle devait être morte. Il n'y avait pas d'autres choix possibles. C'était tout simplement impossible qu'on s'intéresse à elle de la sorte et qu'on accepte de devenir son guide. Et puis elle avait si froid... Pourquoi avait-elle si froid, d'ailleurs ? Soudain, alors qu'elle s'y attendait le moins, elle se sentit redescendre sur terre. La chute fut brutale mais elle se retrouva de nouveau assise dans un fauteuil dont elle ne pouvait apprécier le confort, dans une pièce trop austère pour être rassurante et dans un corps trop sali pour pouvoir y rester. Que faisait-elle là ? Pourquoi n'était-elle pas restée là haut ? Et qu'est-ce qui l'avait ramenée à la raison ? Calypso tourna la tête sur le côté, comme un automate et elle sentit un craquement retentir en même temps qu'un éclair de douleur. Elle fit la grimace mais ne porta pas ses mains à son cou, comme l'aurait fait une personne normale. Son regard était tombé sur Hunter et elle le regardait comme si elle ne l'avait jamais vu. Mais après tout, l'avait-elle déjà vu ? Elle avait cru connaître Hunter Stanton mais était-ce le cas ? L'avait-elle déjà vraiment connu ? Le connaîtrait-elle un jour ? Oh et puis mince, qu'est-ce qu'elle en avait à faire après tout ? Les humains allaient et venaient, vivant et mourant un jour, pleurant et riant... La vie était trop courte pour que Calypso se bloque de la sorte, il fallait qu'elle en profite, qu'elle vive encore et encore pour, qu'au final, elle puisse mourir le sourire aux lèvres en ayant l'impression d'avoir fait tout ce qu'elle voulait faire. Au fur et à mesure que Hunter caressait de ses pouces les mains de Calypso, la blonde se sentait renaitre. C'était comme s'il lui insufflait une nouvelle énergie. Elle, qui n'avait plus eu le courage de se battre et qui, dans un dernier râle de vie, était venue s'échouer dans ce lieu qui lui semblait à la fois si austère et si accueillant. Elle, qui avait choisi de laisser un psychiatre s'occuper de son corps et de son esprit épuisés. Elle, qui avait finalement laissé son esprit partir trop haut, dans un fouillis d'idées étranges et tordues. C'était cette même Calypso, celle qui avait abandonné la vie, qui se retrouvait assise en face d'un homme qui lui transmettait sa chaleur de vivre, son énergie et qui, à chaque caresse, lui disait de vivre pour elle et pas pour les autres. Elle buvait chacune de ses paroles comme un nouveau-né boit le lait de sa mère. Calypso sentait son corps se réchauffer et son esprit reprendre le contrôle de la machine. Bientôt son manteau commença à lui paraître trop chaud mais elle ne put se résoudre à l'enlever car ça aurait été briser le lien avec Hunter et elle ne le voulait pas. Cet homme lui avait promit d'être son guide et de l'aider lorsqu'elle serait dans le noir. Il avait promis d'être là pour elle lorsqu'elle en aurait besoin et de ne jamais la laisser seule. La main posée sur sa joue la fit frissonner et finalement la chaleur cessa de parvenir à son corps.
Calypso aurait voulu croire à ce que Hunter lui avait dit mais elle ne savait pas ce qu'il fallait en penser. Allait-il vraiment la protéger ainsi, sans demander de contre-partie ? Qui pouvait faire ça sans demander de dédommagements ? La solidarité et la bonté étaient trop rares pour que Calypso puisse imaginer en être la bénéficiaire. Mais comme si Hunter avait saisit ses doutes, il se leva et en gardant sa main dans la sienne, il lui proposa indirectement de se lever aussi. Calypso hésita mais finalement elle s'agrippa à la main pour prendre appuis sur ses jambes. Ses genoux craquèrent et la douleur monta au cerveau de Calypso comme une alarme qu'elle choisit néanmoins d'ignorer. Depuis combien de temps était-elle assise là ? Depuis si longtemps que son corps s'était figé ? Mais alors qu'elle marchait avec difficulté aux côtés de Hunter, Calypso réalisa qu'elle n'était pas ici depuis des heures. Mais il s'était passé tellement de choses en si peu de temps que son corps et son esprit étaient complètement largués. Elle était arrivée ici au bord du gouffre et tellement instable que le peu de vent qui soufflait dehors avait failli la mettre à terre. Elle était arrivée avec plus de regrets que d'espoir et elle avait voulu mourir. Mais Hunter ne l'avait pas laissée faire et alors qu'elle tendait le bâton pour se faire battre, il avait posé une couverture de soie sur son dos encore sanglant de blessures à vif. Il l'avait aidée à se relever et il l'avait écoutée sans jamais la juger. Il l'avait approchée en douceur et lui avait transmis l'énergie nécessaire pour qu'elle se batte. C'était tellement plus facile d'abandonner, de laisser la Mort gagner. On faisait les fiers en disant que la Mort était atroce mais certaines fois, elle était bien plus accueillante que la Vie. Pour vivre il fallait souffrir, guérir, pleurer, rire, trahir, être trahie alors que pour mourir il suffisait de se laisser partir. Mais Calypso avait été trop lâche pour faire complètement face à la Mort alors elle avait fuit chez celui qui pourrait la sauver. Derrière ses pleurs, ses cris, il y avait eu une petite-fille ne demandant rien d'autres que vivre encore et encore et Hunter l'avait entendue.

Le soleil était en train de se coucher et pourtant il continuait de lui réchauffer la peau. Calypso ne voyait pas la beauté du spectacle mais seulement le fait que même alors qu'il disparaissait, le soleil continuait de briller et réchauffer les quelques personnes ayant le courage de le regarder. Les rayons du soleil réchauffait sa peau gelée et son cœur brisé : comme un cercle parfait, son renouveau était enfin entier. La petite-fille marchait de nouveau main dans la main avec la jeune adulte de vingt-deux ans. Elles avaient été séparées par trop d'évènements ; trop de fois la jeune adulte avait dû rejeter la petite-fille sur la côté pour se défendre. Trop de fois les deux avaient failli abandonner mais dans le regard de l'autre, elles avaient trouvé l'énergie nécessaire pour continuer à se battre. La petite-fille à qui on avait arraché son avenir et la jeune adulte à qui on avait arraché son enfance : deux moitiés d'une seule personne. Pendant trop longtemps, Calypso avait essayé de vivre en les séparant mais elle n'avait réussi qu'à s'immobiliser et à se laisser mourir à petit feu. La petite-fille et la jeune adulte devaient se réunir pour ne former qu'une seule personne : la Calypso Ruby Storm actuelle, avec ses défauts, ses qualités, son passé et son avenir.

Lorsque Hunter cessa de parler, Calypso laissa planer le silence et ferma les yeux, affrontant le noir qu'elle avait tant craint. Elle les rouvrit et regarda droit devant elle avant de pousser les rideaux pour apercevoir le soleil se coucher. Le soleil ne mourrait pas : il se contentait de se reposer et de revenir, toujours plus brillant, toujours plus resplendissant. En regardant l'astre disparaître petit à petit, Calypso décida de devenir le Soleil. Elle serait celle qui brille, celle qu'on ne peut pas regarder sans baisser les yeux tant l'intensité est aveuglante. Elle serait ce soleil qui réchauffe les cœurs et qui pousse les gens à devenir meilleurs. Elle serait cet astre et pour le devenir, la petite-fille et la jeune adulte marcheraient ensemble. Éternellement. Hunter serait la Lune, cet astre qu'on oublie jamais tout à fait et qui reste toujours là, que le Soleil soit présent ou absent. Il serait celui qui veillerait sur elle, il serait sa Lune, son Guide. Calypso tourna la tête vers Hunter et ouvrit la bouche mais aucun mot n'en sortir. Elle fit un pas hésitant, puis un deuxième puis alors que le soleil disparaissait, elle jeta ses bras autour du cou de Hunter et plaqua son corps contre le sien. Elle l'enlaça comme si c'était la dernière chose qu'elle aurait l'occasion de faire dans ce monde. Mais ce n'était pas une fin... C'était un renouveau.

« Merci. »

Elle posa son front contre le corps de Hunter et sourit. Elle entendit des bruits de pas dans le couloirs et ressentit un frisson de bien-être la parcourir lorsqu'elle reconnu l'individu qui courrait vers elle. Elle se détacha de Hunter et tourna la tête vers la porte et quelques secondes plus tard, celle-ci s'ouvrit en grand, laissant apparaître un homme aux cheveux bruns. Il se précipita dans la pièce et prit Calypso dans ses bras tout en lançant un regard méfiant à Hunter. Calypso inspira l'odeur de Matthew et se détendit complètement lorsqu'elle entendit sa voix grave :

« Taleh et Sven sont dehors. »

Il ne dit rien d'autre et n'expliqua pas comment Sven pouvait être dehors alors qu'il était censé être parti pour la Suède. Matthew était un fugitif, un criminel, une personne à éliminer : il n'aurait jamais dû se montrer en public comme ça. Il n'aurait jamais dû prendre ce risque et pourtant il l'avait fait. Pour elle. Calypso prit la main de Matthew et se tourna vers Hunter, les yeux brillant d'un espoir qui s'était depuis trop longtemps éteint.

« A bientôt, Monsieur. »

Par cette simple phrase elle lui faisait comprendre qu'elle se battrait et qu'il avait réussit à la sauver. Elle quitta la pièce, suivie par Matthew qui jeta un dernier regard indécis à Hunter et qui fini par incliner légèrement la tête devant l'homme qui avait sauvé sa moitié. Calypso rejoignit les deux géants qui, tout troublés qu'ils étaient, se mirent en devoir de la faire rire en racontant le plus de blagues atrocement nulles. Matthew cru qu'il allait devoir leurs demander de changer de registre, les légumes devenant lassant, lorsque Calypso éclata de rire. Taleh conclut la chose en disant « Ha tu vois, la blague sur l'aubergine elle est géniale ! Elle marche à tous les coups ! ».


© Jason Lecter


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