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Got to face reality, Little Kid
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MessageSujet: Got to face reality, Little Kid Got to face reality, Little Kid  Icon_minitime1Mer 3 Juil - 0:24

Une détonation.
Luka ouvre les yeux.

C'est toujours la même rengaine, depuis cinq ans maintenant. Quel que soit son rêve, de la douce enfance au plus affreux cauchemar, c'est une détonation imaginaire qui l'arrache aux bras de Morphée, implacable et lointaine. Cette nuit, elle a visité les reliques de son adolescence. Un petit studio miteux avec des lampes à huile et du papier peint défraîchi, du moins ce qu'il en reste de ses souvenirs. Les années ont estompé les détails, cette lampe n'était peut être pas dans ce coin là, et le papier peint un peu moins défraîchi que dans ses songes. Le corps sur lequel elle dormait était peut être un peu plus froid, dans son rêve. Un peu trop froid.

Dans un soupir, elle s'arrache à sa vieille couverture rongée aux mites et se redresse sur son gros matelas déposé à même le sol. Elle frotte ses yeux fatigués, cherche à tâtons un sachet de tabac et un paquet de feuilles fines pour rouler une cigarette de gestes endormis, l'allumer sans moins de sommeil. Une fumée âcre de répand dans sa gorge et la réveille un peu, elle expire les volutes grisâtres dans un soupir las. Son corps de mannequin fin et élancé achève de se déplier, se relève de toute sa hauteur et erre jusqu'à une fenêtre de plafond. Sans rien d'autre qu'une culotte en coton sur les fesses, Luka ouvre le petit interstice, puisqu'il n'y a guère que quelques cheminées et deux ou trois oiseaux pour constater sa tenue désobligeante. Elle se traîne encore jusqu'à un bureau carré et s'y attable, son doigt appuyant machinalement sur le bouton d'une bouilloire. Nageant encore quelque peu dans le brouillard, mademoiselle se prépare une tasse de café soluble sans avoir plus besoin d'observer les gestes du rituel, tant de fois répété. Ses yeux divaguent sur les clichés de sa nouvelle campagne de photographies, fatigués mais experts. Elle en trie quelques uns pour son entretien avec Peter, prévu le jour même. Un nouveau jour sur la Terre...

Un samedi, pourtant. Luka n'aime pas les samedis. Elle ne les a jamais aimés. Plus jeune, elle les redoutait. Le samedi n'a pas l'excitation pétillante du vendredi, ou la lenteur amère du dimanche, ni le goût âpre du lundi. Le samedi est fade. Mais aujourd'hui, plus précisément, le samedi est un jour plus dangereux que les autres. Les entreprises bourdonnent différemment, leur programme est imprévisible, il y a toujours un risque de se faire surprendre. Et les bougresses ferment plus tôt leurs portes, obligeant le quartier général à ralentir de concert pour ne pas éveiller les soupçons. Sans compter la fine fleur de l'académie en permission à l'extérieur et la surveillance renforcée qu'elle impose dans les rues, pour contrôler la folle jeunesse new yorkaise. Car s'il faut bien que jeunesse se fasse, ici, c'est surtout qu'elle doit être correctement refaite. Et voilà, la hantise saturnesque se concrétise, toutes les semaines la même histoire.

Dix heures. Luka descend les escaliers conduisant aux autres étages, seulement vêtue d'un jean noir, droit, et d'un haut blanc confortable, flottant sur les courbe haute de sa poitrine, et sans chaussure à ses pieds. Dépourvue de ses éternels maquillages, elle est une femme parmi les femme, un visage semblable aux autres mais qui ne peut plus être vu par le monde. Avalant les sempiternelles portes qui séparent les diverses salles, elle débouche enfin dans un petit dortoir et va saluer la famille qui y réside encore, leur enfant malade alité, les yeux rivés sur un dessin animé sur la petite télévision aux couleurs délavées. Une récupération, comme tout le reste. Elle embrasse le gosse et vérifie son état, souffle quelques mots rassurants aux parents sur la fièvre qui tombe, puis passe à nouveau dans une autre pièce, où Jack et Emma semblent livrés à un duel sans merci aux cartes. Luka fait son inspection générale, comme tous les jours, de cette tendresse et cette autorité naturelles que lui arrachent les murs de sa prison de foyer. Elle aime cet endroit. Elle aime ce qu'ils y construisent. Ces meubles même récupérés, ces gens même désavoués, ils sont toute sa vie.

" Il faut encore que je voie avec les distributeurs de journaux mais j'aimerais quelque chose de plus épuré, cette fois. Un simple noir et blanc, sur un fond gris, pour travailler sur ton regard.
- Tu n'as pas peur que ce soit un peu défaitiste, comme message ?
- Les gens n'ont pas besoin d'être dorlotés, tu sais. Ils sont bien conscients de la situation... "


Après un instant de réflexion, Luka acquiesce. Installée à même le sol du petit studio photo qu'ils sont parvenus à aménager, elle observe la pièce avec Peter, pour trouver le fil de son inspiration prochaine. Elle adore, ces moments là. Peter est d'une beauté rare, dans ces moments là. Il a cette passion dans les yeux, en paradoxe avec la concentration professionnelle étalée sur la surface de ses lèvres à demi pincées. Chaque fois qu'elle le voit comme ça, elle ne peut pas s'empêcher de sourire.
Portant une cigarette fraîchement roulée à ses lèvres, elle s'apprête à enchérir quand on toque à la porte. C'est Jack " On a de la compagnie " dit il. Il n'a pas l'air très rassuré. " Cache ton visage. " il ajoute, avant de repartir.
Dans un soupir, Luka échange un regard avec son photographe. Elle arrache un voile à la pile de vêtements étalés près d'elle, se l'enroule autour de la tête comme un foulard et s'en va rejoindre cette fameuse visite.

C'est une Luka masquée qui entre dans la salle de soin. Elle a des airs de Calamity Jane, mais sans le flingue et les pieds nus, le tout lui donne probablement un aspect assez étrange. Emma et Jack sont déjà sur place. Et, étendu sur l'un des lits, elle reconnaît le visage familier d'un visiteur régulier mais un peu plus loin, c'est une petite rousse parfaitement inconnue, semblant être dans cette fleur de l'âge compromettante par les temps qui courent. Ignorant pour l'instant cette dernière, Luka se rend au chevet du convalescent, observant à son épaule une plaie terriblement peu jolie à voir.

" Tu t'es encore blessé " sourit elle derrière son voile. " Franck, combien de fois je t'ai dit de venir avant que ça dégénère ?
- Je sais, je sais... je voulais pas déranger. Mais je me suis évanoui en pleine rue, c'est la petite, qui m'a tiré d'affaire. "


La belle daigne enfin s'attarder sur leur visiteur inattendu. Ses yeux sont méfiants, forcément peu accueillants. Elle les détourne un instant et soupire enfin, pour annoncer le plus calmement du monde.

" Emma va regarder ça, on va te donner des antibiotiques. Tu peux me suivre, s'il te plaît ? " elle ajoute à l'adresse de la jeune demoiselle.

Lui ouvrant les portes, Luka la conduit jusqu'à une pièce plus petite que les autres, aménagés en un simple bureau. Quelques boissons à demi remplies y prennent la poussière, il n'y presque aucun meuble sinon la table et deux chaises. Faisant signe à la fille de s'asseoir sur l'une d'elles, elle reprend avec constance.

" Tu as soif ? On a du jus de fruit, de l'eau, du café, du vin... " joignant le geste à la parole, Luka attrape deux gobelets en plastique échoués sur la table. " Quel âge as tu ? Tu es plus jeune que la plupart de mes visiteurs, si je puis me permettre. "

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MessageSujet: Re: Got to face reality, Little Kid Got to face reality, Little Kid  Icon_minitime1Mer 3 Juil - 17:33

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Got to face reality, Little Kid

Alanis fait la pire erreur qu'elle peut faire en tant que nouvelle habitante de New York. Elle décide d'aller visiter la ville un bon matin, ce qui est plutôt bien en sois, toutefois elle s'aventure dans l'un des lieux les plus dangereux de toute cette ville de barges. Le quartier sud, aussi connu comme l'abri de Lecter, la tanière des putes et le royaume de la drogue ! Comme à l'habitude, Alanis est très mal renseignée donc elle décide d'y aller et non seulement elle prend cette décision mais elle y va seule. La rousse va peut-être y laisser sa peau dans cette petite escapade. Dès son arrivée aux frontières du quartier, elle sent quelques choses qui ne va pas. Ce recoin de la ville dégage une influence néfaste que l'irlandaise ressent avec beaucoup de vigueur. La jeune fille n'a jamais connu le monde des ghettos. Elle est née dans à la campagne en Irlande. Certes elle était pauvre mais la criminalité était pratiquement inexistante. Elle n'a jamais réellement connu le dangereux monde du crime. C'est probablement pour ça qu'elle ne se sent pas très bien en entrant dans le Sud. Par contre, elle laisse ses premières impressions de coté et continu son dangereux périple. Elle comprit rapidement dans quel genre de trou elle vient de ce planqué. Les immeubles sont délabrés, sombres et couverts de graffitis. Son précédent mal aise qu'elle a vécu a sont entrés commencé à se concrétiser. Soudain, un jeune garçon s'approche de la rousse. Il est plutôt jeune on dirait même qu'il à peu près le même âge qu'Alanis. Sauf que lui, il est couvert de tatouages en tous genres et en plus de dégager une drôle d'odeur. Cette odeur n'est nulle autre que celle de la marijuana. Le mec a surement fumé un bon joint avant de venir parler à la rousse car il est vraiment étrange. Seulement sa façon de marcher et sans oublier comment il regarde l'irlandaise. C'est assez flippant pour une première dans un ghetto. Une fois à une distance raisonnable, il aborde la jeune fille.

- Tu es là pour le commerce hein ? Alors, qu'est-ce que tu préfères ?

Pauvre rousse sans défense... Elle ne sait pas du tout de quoi parle l'étrange garçon. Elle ne fait que visiter. Pourtant, personne ne visite le Sud. Il faut croire que l'air béat et perdu de la rousse a porté a confusion le jeune garçon. La drogue n'aide surement pas son cas non plus. Alanis ne sait pas quoi répondre au garçon. Elle est si timide et cette situation la dépasse.

- Allez, je n'ai pas toute la journée !

Le drogué commence à perdre patience. Cela, Alanis l'a compris assez rapidement. Elle ne cherche pas les ennuis mais on dirait que c'est plutôt les ennuis qui la cherchent. La rousse prend la réplique facile.

- Non merci, je dois y aller moi !

Elle recule nerveusement avant de revenir rapidement sur ces pas. Hors de question de traverser la terrible et mouvementée mer du Sud. Elle en a déjà assez vu pour le restant de sa vie avec ce mec louche qui vient lui parler pour lui vendre des bonbons qui sont de bonne qualité surtout si elle vient de chez Lecter. Il a beau être un clown mais c'est aussi un habile chimiste. Toutefois, Alanis n'a pas nécessairement envie de connaitre toutes les qualités de cet homme peu recommandable. Pourtant, elle lui a déjà parlé. Évidemment, il avait un bon costume...

Alanis quitte le quartier sud pour ensuite se référer à sa carte pour continuer sa petite visite de New York. C'est une grande marche matinale pour la petite rousse. Elle prend le temps de bien admirer la grandeur de la cité. C'est tout simplement impressionnant pour la petite rousse. Elle est encore plus étonnée de savoir que ce sont des hommes qui ont réussi à bâtir ces énormes bâtiments. Il fut un moment où elle en a assez de parcourir la ville. Elle veut retourner chez soi, dans les internats et lire un peu. Sans oublier d'éviter le regard d'Évangeline. La garce ! La seule pensée à avoir une discussion avec cette peste rend Alanis de mauvaise humeur. Elle déteste tellement cette fille qu'elle pourrait, sous un accès de rage, la buter sans problème. Mais est-ce qu'elle s'en remettra ? La rousse n'est pas une meurtrière. Ce n'est pas une psychopathe et les remords viendraient hanter ces rêves. Encore pire, elle se fait prendre. Calypso va lui faire la peau et elle veut rester en vie ! Du moins... pour l'instant. Les envies suicidaires sont assez répandues chez les plombs d'ailleurs. Elle se situe au quartier du milieu mais elle ne tardera pas à revenir à l'académie Weins. Elle prend un raccourci dans une ruelle sombre. Visiblement, Alanis a un don pour s'aventurer dans des endroits louches. Elle croise un homme en sale état agonisant par terre. Alanis est un peu effrayée par cette surprise. Ce n'est pas tous les jours qu'on rencontre un mec qui souffre dans une ruelle. Il faut croire que c'est son jour de chance. L'Irlandaise a le cœur sur la main. Elle s'approche de l'homme et se place de façon à le transporter facilement.

- Je vais vous emmener à l’hôpital.

L'homme proteste d'un mouvement raide de la tête.

- Non pas l’hôpital... Je vous en supplie... Allez au quartier Est s'il vous plaît !

Alanis ne peut pas résister aux supplications du monsieur. Peut-être qu'il est dément. C'est une éventualité que la rousse n'a pas de difficulté à envisager mais s'il ne l'est pas. Il a surement une excellente raison pour qu'il ne veule pas par aller à l'hôpital. C'est ainsi que l'Irlandaise commence son long périple jusqu'au quartier est avec l'homme probablement dans la trentaine a transporté. C'est très exigeant pour une petite fille de seize ans mais celle-ci réussit l'impossible. Le mystérieux personnage lui a indiqué un lieu et elle s'y rend. Une usine désinfectée en apparence. Une fois à l'intérieur, l'homme est tout de suite pris en charge par des gens. Au départ, elle n'est bien contente que quelqu'un d'autre où elle s'occupe de lui mais d'un autre côté... Elle se retrouve dans un endroit qu'elle connut plus ou moins avec des personnes dont elle ignore tout. Elle est même apeurée. Toutefois, elle ne laisse paraître qu'un regard méfiant. L'Irlandaise a des bonnes raisons d'être sur ces gardes. Elle ne fait pas confiance aux inconnus. Elle désire partir mais une femme blonde l'invite à venir la voir. Alanis ne veut pas être impolie donc elle la suit. Même si elle se méfie de ces gens, ce n'est pas une raison pour être grossière. Elle entre dans une salle qui ressemble à un bureau. En fait, ce bureau est plutôt minable. Elle s’assoit tout comme l'étrange femme qui l'a invité. Elle lui propose toute sorte de boisson. Malheureusement pour elle, Alanis n'a pas vraiment envie de prendre un verre en ce moment.

- Non merci, ça va aller...

Elle lui demande son âge. Alanis aimerait lui répondre qu'elle ne peut pas se le permettre mais c'est très impoli. Elle hésite à divulguer cette information personnelle à des inconnus. De plus, elle n’a pas du tout envie de commencer une conversation avec la dame. Alanis est épuisée suite à son long trajet en compagnie de l’ami de l’étrange femme. L’irlandaise désire simplement retourner chez elle. Toutefois, elle sait très bien que si elle veut revenir dans sa petite chambre à l’académie elle devrait faire preuve de patience. Après tout, la patience est une vertu. Elle se résigne donc à répondre.

- J’ai seize ans…

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MessageSujet: Re: Got to face reality, Little Kid Got to face reality, Little Kid  Icon_minitime1Lun 8 Juil - 15:57

Allons enfants de la fratrie
Des pages d'histoire à espérer
Contre nous de la tyrannie
Des étendards à élever
Entendez-vous dans leurs campagnes
Rugir leurs féroces slogans
Et dans nos villes et nos campagnes
Nos espoirs réduits à néant ?


" Comme tu voudras. "

Un sourire. Luka se sert un verre de jus d'orange sans insister d'avantage, espérant seulement, peut être, lui en donner l'idée. Elle n'est pas là pour l'incommoder, ni même la forcer à quoique ce soit, et se passerait volontiers de cet entretien si elle le pouvait. Mais voilà, elle ne peut pas. Elle n'a pas le droit d'accorder à cette enfant le bénéfice du doute, et de leur offrir à toutes deux un repos bien mérité. Elle est obligée d'être méfiante, de croire arbitrairement à une ennemie, de faire ce qui est en pouvoir d'empêcher une éventuelle menace. Pour elle, pour sa cause, pour ses combats. Elle ne saurait plus dire depuis combien de temps elle n'a pas seulement bu un peu de jus d'orange avec une inconnue, l'esprit libre de tout soupçon, seulement heureuse d'une rencontre. Ou à quand remonte sa dernière virée en ville entre copines, les cheveux au vent, un sac rempli d'affaires inutiles dans les bras. Savouré la tiédeur d'une terrasse dorée par le soleil... Comme l'a si bien dit Orwell, tous les cochons sont égaux mais il y en a qui le sont plus que d'autres.

Seize ans. C'est très jeune. Un instant, Luka se mord la lèvre, piquée d'une pointe de remords. Qui peut bien être dangereux à seize ans ? Mais elle se reprend. Beaucoup de monde, maintenant. Trop, sans doute. Alors Luka esquisse un nouveau sourire, tout aussi calme, parfaitement maîtrisé. Elle déteste jouer ce théâtre mais elle y est douée. Charismatique dans sa sérénité, elle a toujours dégagé ce petit quelque chose qui lui rend les choses faciles. Un air d'autorité, un visage apaisant, la vroix des meneurs d'hommes.

" Tu dois tout juste être entrée à l'Académie, alors. C'est bien. Les études sont nos plus belles années. "

Ou plutôt devraient être.
Il y a tout à espéré, à seize ans. Tout à lui souhaiter. Et que peut on réellement lui souhaiter, maintenant ? Le meilleur : qu'elle revienne dans ces locaux dans trois ans, en tant que patiente, parce qu'elle aura perdu ses droits, sa possibilité de vivre en société, de courir magasins et terrasses avec ses amies, mais conservé son libre arbitre, la seule chose qui fait le l'Homme un Homme ? Ou le pire, demeurer en paix avec à l'intérieur du crâne un cerveau qui ne lui appartiendra même plus... La seule vision d'une enfant de seize ans déclenche maintenant chez Luka un sentiment de révolte sans nom. Cette envie irrépressible de lui hurler de fuir, de la cacher sous une dalle de béton, pourvu qu'elle ne connaisse pas le sort de la masse. Ou de la secouer comme un prunier pour qu'elle se réveille, pour qu'elle comprenne l'état de misère qu'elle s'apprête à traverser, de corps ou d'esprit. Parce qu'il est clair, à la voir, qu'elle n'en a pas conscience. Pas encore. Peut être jamais. L'enfant veut seulement retourner dans son monde, dans ses illusions, dans le petit confort de son innocence.

Et le pire, finalement, c'est que Luka n'a absolument pas le droit de la priver de son innocence.

" Je m'appelle Camille. " souffle t'elle donc après un léger silence, luttant encore, toujours, contre ses irrépressibles envies. Camille... Elle adore ce prénom. C'est un prénom léger, un prénom de jeunesse. " C'est vraiment gentil, ce que tu as fait. ajoute t'elle le plus sincèrement du monde - peu de gens en auraient fait autant, même à seize ans. Les innocents aussi ont leur égoïsme. Le trimbaler jusque ici. Tout ça doit te paraître assez étrange mais je te promets que nous ne sommes pas dangereux. Franck non plus, d'ailleurs. Il a juste... un talent inné pour s'attirer des ennuis. "

Son sourire s'étire avec plus d'amusement. Elle boit un peu de jus d'orange, savoure la descente acide et sucrée le long de sa gorge, un petit plaisir assez rare, finalement. Une ou deux secondes s'écoulent, le temps de reprendre son sérieux, beaucoup de sérieux, avec lequel elle ajoute paisiblement.

" Je sais que c'est beaucoup te demander mais j'aimerais que tu évites de parler de ce que tu viens de voir. Tu comprends, certaines personnes n'ont pas le droit à une couverture santé, en ville, alors quelques entreprises comme la notre tâchent de trouver un peu de quoi soigner leurs amis. Mais ce n'est pas très bien vu. " Euphémisme. Tout n'est là qu'un joli euphémisme. Mais il serait assez idiot de parler clandestinité à une inconnue, front de résistances et autres crimes de trahison. Le mensonge par omission est parfois notre meilleure arme, lorsqu'il s'agit de convaincre sans se compromettre. " Nous ne sommes qu'un minuscule studio photo, et nous n'avons pas les moyens de subir des poursuites. " Euphémisme, sic.

C'est un moment crucial. Le moment d'évaluer sa réaction à ces révélations, tout en ne sachant pas ce qu'elle pourrait faire si jamais un tic de colère ou de mépris transparaît sur l'innocent visage. La tuer ? La séquestrer ? Inenvisageable... Luka n'a, heureusement, jamais eu à se confronter à ce dilemme, et elle espère très lâchement que ce jour n'est pas encore arrivé. Elle ne saurait tout simplement pas quoi faire. Le plus simple serait encore de lui demander de quel métal la demoiselle se chauffe, si elle est considérée comme assez pure pour avoir le droit d'exister au sein du monde... mais ce serait éveiller les soupçons plus sûrement encore qu'une pancarte " Criminel " au dessus de son visage voilé.

Elle n'a d'ailleurs pas le temps de se torturer d'avantage sur ces hypothèses. La porte du bureau s'ouvre, le visage d'Emma passant par l’entrebâillement. A son regard tendu, ses traits inquiets, Luka comprend immédiatement, et se lève pour accourir auprès des soignés. Et c'est l'enfant convalescent qui se révèle être le sujet alarmant. Pâle comme un mort, suant à seaux, haletant comme un soufflet, il est inconscient sur son semblant de lit d'hôpital. Et à sa vue, Luka ne peut s'empêcher de sentir une bouffée de colère se mêler à son angoisse.
La voilà, la réalité.


Allons enfants de la fratrie
De belles victoires à partager
Contre nous de la tyrannie
Du désespoir à supporter
Entendez-vous "Aux armes citoyens !" ?


" Je vais l'emmener à l'hôpital. Je leur dirai que je l'ai trouvé dans la rue, il y a bien un radiologue qui acceptera de lui faire des examens. On magouille tous, de toute façon. Jack, tu peux m'aider, s'il te plaît ? "

D'un signe, l'homme acquiesce et assiste le transport du petit corps jusqu'à l'extérieur. Comme à son habitude, il jouera les éclaireurs pour vérifier que rien de compromettant ne pourrait être croisé en route. Tous deux sortent, laissant à Luka le loisir de se tourner à nouveau vers l'adolescente, debout dans l'encadrement de la porte.

" Est-ce que tu peux encore tenir compagnie à Franck quelques minutes ? Je suis vraiment désolée, ce n'était pas prévu. "

Ca, pour ne pas être prévu... D'un signe de tête, elle invite Peter à la suivre, et entre dans la chambre où sont encore installés les parents du petit garçon, tous deux au bord de la terreur. On a juste le temps d'apercevoir une mère en larmes avant que la porte ne se ferme.
Par la suite, à travers les murs trop fins, c'est essentiellement la rumeur des sanglots de la mères, et les cris de fureur du père, qui percent vaguement le silence de la pièce où est installé Franck. De temps en temps, la voix de Luka ou celle de Peter s'élève, grave et paisible, semblant tenter d'apaiser les autres. Les minutes passent sur ce concerto, cette symphonie quelque peu dramatique. Au bout d'un long moment, les voix des parents semblent quelque peu apaisées à leur tour. La porte s'ouvre et le couple traverse la pièce pour sortir à son tour, accompagné de Peter, sans un regard pour le blessé et sa jeune inconnue.

Tout ce temps là, Franck a gardé le sourire. Il a balancé quelques banalités, fait des compliments à la joliesse de l'adolescente, attrapé un bout de ficelle pour lui montrer un ou deux tours de magie - ou plutôt de passe-passe. Franck est un homme bien, avec une capacité fondamentale à garder le sourire en toutes circonstances, même pourri par une blessure à moitié infectée, à moitié soignée, au creux de l'épaule. Comme il ne parvenait plus à tenir les bandages, il a demandé à Alanis de prendre le relais et d'appuyer sur la plaie avec les compresses, le temps qu'il se repose. C'est que le gosse est pas le seule à se sentir ballonné, a t'il plaisanté.
C'est donc dans cette configuration que Luka les retrouve en arrivant dans la pièce. Ils sont seuls, désormais, tous les trois. Et elle ne joue plus. Finie la comédie des amabilités. Luka a les traits tirés, les visage visiblement contracté par une colère froide, intime et désolée. Tout ce gâchis lui pèse. Vraiment.

" Voilà. Tu peux y aller, si tu veux, je ne vais pas te retenir plus longtemps. Merci encore de nous l'avoir ramené. " souffle t'elle dans un sourire pâle, en reprenant sa place auprès du lit.

Elle attrape les compresses et appuie dessus pour contenir la plaie à son tour, le temps qu'Emma revienne. Immédiatement, Franck bondit sur ses draps. " Aïeuh, moins fort. C'est os, nom d'un chien, pas un bout de bois, y a des nerfs là dedans. On a le droit de choisir ses infirmières, ici ? Parce que, te vexe pas, hein, mais je préférais largement la jolie rouquine. Elle se défoule pas sur moi, elle. "

Allons enfants de la fratrie
Des pas vaincus rêvant encore
Contre nous de la tyrannie
De la loi du plus fort
Entendez-vous " Aux armes citoyens !" ?

* Volo

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MessageSujet: Re: Got to face reality, Little Kid Got to face reality, Little Kid  Icon_minitime1Mar 9 Juil - 23:59

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Les études sont nos plus belles années... Une phrase que la rousse a entendue des centaines de fois dans sa vie. Elle espère y passer de merveilleuses années. L'académie Weins, New-York, tout reste à découvrir ! Par contre, elle ne peut pas s'empêcher de rester perplexe. Ce tout nouveau monde que Alanis parcours imprudemment semble rempli de sombres mystères et de dangers. Sa curiosité pourrait la mener à sa perte. C'est exactement ce qui est arrivé avec l'histoire du livre... Oh Alanis se souvient de cette longue histoire... Mais en sommes, la remarque de la femme fait sourire Alanis.

- Enfin, oui j'espère bien.

L'espoir fait vivre l'humanité depuis sa création et elle continuera d'alimenter les fantasmes de bonheurs de la rousse pour encore longtemps. Après tout, que ferait cette petite sans espoir ? La femme se présente sous le nom de Camille. La femme est une menteuse espiègle mais, pouvons-nous lui en vouloir ? Elle risque de mourir chaque jour, chaque heure, chaque minute, chaque respiration de sa vie clandestine. Alanis est par conséquent, un danger immédiat pour sa vie et ceux de ces amis. Est-ce qu'elle s'en rend compte ? Certainement pas ! La rousse hésite à divulguer son nom à des inconnus. C'est tout de même son identité ! Toutefois, avant même que la petite se résigne à se présenter, Camille enchaîne la conversation avec des remerciements. Il va de soi pour l'irlandaise qu'il faut aider les autres. Elle n'aurait tout de même pas laissé ce pauvre homme fort sympathique agoniser et mourir dans les rues.

- Mais de rien voyons...

Voilà une réponse bien modeste pour une fille qui l'est tout autant. Les précédentes révélations de Camille dérangent Alanis. Déjà, l'aspect illégal de la chose est loin de l'enchanter. Elle ne cherche pas les problèmes contrairement à d'autres personnes qu'elle connaît. La rousse n'exprime rien de l'extérieur mais, de l'intérieur... C'est la panique. Qu'est-ce qu'elle doit faire ? Quitter ces lieux et les dénoncé ou bien gardé le secret ? Pourquoi détruire la vie de gens déjà fauchés ? Ce n'est pas dans la nature de la rousse d'agir ainsi. Elle est beaucoup plus gentille que ça. Pourtant, la folie humaine et la haine peuvent poussé les plus doux des moutons à dévorer leurs congénères telles des chiens enragés. Ceci, Luka le sait pertinemment. C'est justement ce qui l'oblige à analyser les gens qui entrent dans son repaire. Est-ce que Alanis est au courant ? Assurément pas. Heureusement pour la clandestine, une pensée favorable à sa cause vient à Alanis. Au fond, qu'est-ce que ça change ? Ce n'est que des gens qui ont besoin d'un travail et qui rend service. Illégal ou pas, ils ne font pas de mal. Cette pensée soulage la conscience d'Alanis. Après tout, qu'est-ce qu'il pourrait bien arriver de pire ? Ce n'est qu'une étudiante tombée par hasard. Si les flics les trouvent et qu'elle est des problèmes, ça ne saura pas plus que mal que ça. Enfin, elle espère que cela en sera ainsi. Toutefois, la réalité est malheureusement bien différente.

- Je vois...

L'irlandaise est loin d'être bavarde. Cependant, la chance joue contre la clandestine aujourd'hui lorsqu'une de ces collègues pénètrent brusquement dans le bureau. Il est amusant de constater que ce n'est pas le jour de chance pour Alanis ou Luka. En fait, les deux filles ont des sacrés problèmes en ce moment. C'est juste que dans le cas de la clandestine, c'est sa vie qu'elle met en jeu ainsi que ceux de ces camarades. Le cas du pauvre Franck c'est détérioré. Sur le coup, Camille envoie l'étudiante occupée le pauvre homme blessé... Elle a raison d'être désolé puisque l'irlandaise n'a pas envie de se préoccuper de lui une fois de plus. Pourtant, elle se contente de hocher la tête et de faire ce qu'on lui demande sans rouspéter. Elle se sent un peu comme une gamine qui ne sert à rien à bavarder avec l'homme lors de discussions puériles et sans intérêt. Mais ça, Alanis ne le dira jamais à Franck. Luka revient enfin, un peu bouleversé et stressé à la fois. Toutefois, Alanis n'étant pas la championne du langage non verbal, ne le saisit pas correctement. La femme lui demande de sortir. Alanis pourrait effectivement partir sur-le-champ sans faire d'histoire. Malheureusement pour la clandestine, la curiosité de la petite rousse a fini par l'emporter...

- Madame, qui êtes-vous ?

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MessageSujet: Re: Got to face reality, Little Kid Got to face reality, Little Kid  Icon_minitime1Mar 16 Juil - 11:22

Luke - La sentinelle :

Mon cri sert de silence aux fossoyeurs de la compassion
Aux mijaurées de la suffisance
Aux incendiaires de l'unisson
Quand un sourire décède d'avoir souri à l'opinion
A cette soupape, cette sainte-attelle
J'aurais pu encore dire non

Tu n'as pas envie d'être dérangée, n'est ce pas ? Je peux comprendre, tu sais. Je ne te juge pas. Moi-même, à ton âge, à cette période de l'année, j'ai si peu voulu être dérangée que j'en suis restée aveugle aux évidences qui prenaient forme autour de moi. A seize ans, personne n'a envie d'entendre des drames et des vérités dérangeantes. On a la vie devant nous, les yeux pleins d'espoir braqués sur un avenir qui ne peut être que bon. Certains se perdent dans des combats révolutionnaires, d'autres tentent seulement de devenir de bonnes personnes dans cet âge en pleine mouvance, mais tous devraient pouvoir conserver cette force inouïe qu'est leur espoir. Pourtant, tu poses la question qui dérange. Alors je te le demande : as-tu vraiment envie d'entendre la réponse ? Tu sembles intelligente, tu dois bien sentir que les choses prenant cours ici ne sont pas si simples, si manichéennes. Qu'est ce que tu attends de moi, petite fille ? Que je t'apporte des réponses claires, précises et évidentes ? Je n'en ai pas. Il n'y a pas de bonne réponse à ta question. Il n'y a qu'une réalité dérangeante, une révélation à faire basculer ton confort. Moi j'ai bien essayé de le préserver, ton confort. Et tu dois comprendre que c'est là, pour moi, un dilemme éthique, que la teneur de cette réponse. T'alerter, ou ne pas te déranger. Te bousculer, ou seulement te renvoyer chez toi, avec un sourire évasif.

La question jette un silence, indubitablement. Luka en suspend même son geste, de peur de blesser Franck dans un élan de panique. Elle lance à l'homme un regard perplexe derrière la barrière fine de ses sourcils qui se froncent. Et, fidèle à lui même, Franck hausse seulement les épaules, un sourire au coin des lèvres. Il a l'air assez confiant. Comment ne pas accorder sa confiance à une petite qui a fait tout ce trajet rien que pour lui, après tout ? Oui mais, Franck, tu n'as pas la vie de dizaines de personnes entre tes mains, toi.
Quelques secondes de ce silence plus tard, la jeune femme laisse échapper un soupir bref. Elle ferme les yeux, sans doute un peu pour ne pas voir l'imprudence qu'elle est sur le point de commettre. Et, les paupières closes, elle acquiesce lentement, consentant apparemment à dévoiler l'inavouable. " Laisse-moi une minute " souffle t'elle à l'adolescente, avant d'achever de soigner correctement le blessé. Elle lui panse ses bandes une à une, vérifie l'aspect de l'ensemble et lui administre un antibiotique en intraveineuse, comme Emma lui a appris à le faire. Après quoi, enfin, elle se relève, et fait à nouveau signe à Alanis de la suivre.

Tous deux avalent une nouvelle porte, puis un couloir, pour déboucher sur un couloir quelque peu décrépi. L'ascenseur est en panne depuis un an et les murs s'étiolent, mais ils n'ont ni le temps ni les moyens pour la peinture et le bricolage. Elle lui ouvre la porte d'un escalier de service, débouchant sur un couloir similaire, constellé de portes d'anciens bureaux, dont certaines laissent entrevoir des pièces investies pour des choses et d'autres. Ici, tu matériel de photo. Là, quelques bandes de film et appareils de radio. Là encore, du matériel médical, un peu de peinture, des instruments de musiques. De quoi contredire tout ce qu'elle a pu lui dire avant, puisqu'il est évident que cette entreprise là n'a pas connu de travailleur depuis un bon moment. Les rideaux, décorations et autres meubles aménagés de part en part font d'avantage penser à un squat à la manière des seventies, qu'à une ambiance laborieuse. Traversant le couloir de tout son long, elle l'amène jusqu'à un nouvel escalier, plus étroit, plus escarpé, menant à ce qui semble être la trappe d'un grenier. La guidant jusque là haut, les deux jeunes femmes débouchent enfin sur un grand loft sous les combles. Un matelas gît à même le sol dans un coin de la pièce, sous un petit velux. Au milieu, une grande table, couvert d'un bric à brac un peu effrayant de prime abord. En s'approchant, on peut distinguer une bouilloire, une machine à coudre, de grands tissus d'étoffe et, surtout, des bijoux alignés le long d'un côté, avec des perles et du matériel pour les sertir étalés un peu partout. Le reste est un agencement de meubles mais la grande pièce est assez vide, quoique décorée avec plusieurs pans de tissus colorés.

Elle n'a pas dit un mot de tout le trajet. Et là encore, elle reste silencieuse. Le temps de passer son angoisse et de franchir le pas. Il est un peu tard pour reculer, demander à la demoiselle de partir, de toute façon. Avec tout ce qu'elle vient de voir, il va bien falloir lui fournir une explication. Reste à établir à quel point cette explication se doit d'être exhaustive.
Luka débarrasse une chaise de tous ses vêtements pour la laisser s'asseoir et dégage quelques perles, avant de mettre en route la bouilloire, poser devant l'adolescente une petite boîte remplie de sachets de thé, au cas où elle en voudrait. Puis elle se rend à un coffre posé à côté de son lit et y fouille quelques secondes, revenant à elle avec ce qui semble être une photo entre les mains. Elle se fait également une place en face d'elle et lui tend la photo pour la laisser la regarder. Dessus, on peut la voir, plus jeune de huit ans, niché dans les bras d'un garçon de son âge élancé, aux épaules larges. Il a des cheveux châtain éparpillés sur la tête et un regard d'ébène. Tous les deux sourient à pleines dents, emmitouflés dans de gros anoraks, sous une neige aux flocons cotonneux.

Inspirant un air difficile, Luka s'explique, enfin, d'une voix égale, sereine et quelque peu absente.

" Il s'appelait Manek. C'était mon petit ami et mon photographe. Je travaillais comme mannequin, à l'époque. Il avait à peu près ton âge, c'était sa première année à l'académie. Mais il avait des difficultés à s'adapter au système et il est rapidement devenu... Vous les appelez les plombs, c'est bien ça ? "

Elle laisse échapper un sourire mince, un regard à l'adresse de la jeune fille. Fouillant dans la poche de son pantalon, elle en arrache un sachet de tabac et se roule une petite cigarette, qu'elle glisse entre ses lèvres pour l'allumer de ses doigts fins. Dans cette posture, les jambes croisées, un sourire patient étalé sur son visage diaphane, Luka retrouve un peu le charisme qui l'a mise à la tête d'un mouvement entier. Cette aura qu'ont certaines personnes lorsqu'ils évoquent les choses et que l'attention se porte sur eux, un peu à la manière d'un vieillard dépeignant les couleurs exotiques de ses innombrables voyages. Soufflant une fumée blanchâtre, la jeune femme s'interrompt une nouvelle fois. Elle baisse très légèrement les yeux, ses iris se voilent de l'emprunte d'un souvenir, qu'elle semble souffler d'une voix déjà plus étranglée. Plus maladroite.

" Un jour, on lui a tiré dessus dans la rue. J'ai appelé une ambulance. Mais ils ont refusé de le prendre en charge. Il est mort de ses blessures sur le trottoir, en une petite heure. "

J'ai eu ce cri de guerre, pas en faux-frére
Mais en son nom
Je donne ma main à l'enfer, sous vos crachats,
Ma rémission

Luka grimace, légèrement, réaction visiblement transférée à son coeur qui s'est serré comme un réflexe. Sa main éteint la bouilloire frémissante et elle verse deux grandes tasses de liquide chaud, glisse un petit sachet de thé dans la sienne, poursuivant lentement sa cigarette artisanale. Elle reprend quelque peu contenance et explique, doucement, sans la moindre émanation de haine. Luka ne connaît pas la haine. C'est une chose qu'elle n'a jamais réellement ressenti. Elle n'est pas là pour haïr, elle est là pour expliquer, et la pire chose à faire serait encore d'agresser cette jeune fille.

" Quand un élève de ton académie ne remplit pas son contrat ou que des gens en dehors semblent avoir des activités illégales, leur famille et eux perdent la plupart de leurs droits, notamment celui d'être soigné. J'ai créé cet endroit pour leur offrir une alternative de soins, ou un refuge en cas de besoin. Pour qu'il n'arrive plus ce qui est arrivé à Manek. Tout le monde devrait au moins avoir les mêmes chances de vivre. Enfin, on essaye. "

Elle sourit légèrement, à la pensée de certaines improvisations médicales dont ils doivent faire preuve. Et elle reprend, le plus doucement du monde.

" Si tu as ramené Franck, c'est que tu dois bien penser la même chose. Je ne vais pas te menacer, j'ai horreur de la violence. Et puis je ne saurais même pas comment faire...  Mais je te demande de comprendre. Nous ne sommes pas des criminels, ils n'empêche que nous risquons énormément à être découverts. Si je te dis tout ça, c'est parce que je pense que tu peux comprendre. " Elle relève les yeux vers elle, capture ses prunelles pour y plonger, pour tenter de communiquer l'importance de ce qu'elle lui dit dans son regard. Et puis elle sourit de nouveau, pacifique, presque camarade. " Mais je ne te forcerai pas. "

Bien sûr, elle n'a pas tout dit. Il est inutile de mentionner les photos, la radio pirate ou encore les musiques illégales. Tout ça n'est que portée philosophique et elle n'est pas certaine que cette demoiselle soit encore prêt à l'entendre.
Elle n'est d'ailleurs pas certaine d'avoir bien fait, même pour ce qui est du refuge. Elle l'espère, c'est tout.

" A ton tour. Qui es-tu ? "

Est-ce que la fièvre est un délit d'opinion ?
Est-ce que ma peine était un vote de sanction ?
Et la sentinelle qui trouve réponse à mes questions
Serait-ce la bête ?
Serait-ce la bête ou bien l'oppression ?

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MessageSujet: Re: Got to face reality, Little Kid Got to face reality, Little Kid  Icon_minitime1Mar 16 Juil - 20:32

Got to face reality, Little Kid  Tumblr_ltc0rz7sRe1r0l0ib

La simple question jette un froid plus glacial que le précédent. La simple présence d'Alanis dans cet hôpital clandestin dérange. Luka ordonne à la rousse d'attendre une minute. Elle doit soigner le blessé d'abord. Toutefois, est-ce qu'elle désire réellement terminer le travail ou elle cherche les mots ? Il est difficile de déterminer dans un monde où les mensonges camouflent les secrets les plus odieux. Il fut un temps où Luka invite l'Irlandaise, une fois de plus, à la suivre vers un autre lieu. Elle la suit sans se poser de questions. Alanis en a assez posé pour le moment. Les deux jeunes filles parcourent des couloirs et escaliers avant d'arrivée dans une petite salle. Luka insiste pour qu'Alanis s'assoit et elle obéit. La clandestine donne une photo à la petite rousse. Elle prend le temps de bien regarder. Chaque trait du garçon qui y est représenté ainsi que la petite fille à ses côtés. L’irlandaise est perspicace et intelligente. Elle réussit à déduire que selon le contexte de la situation, il est fort probable que la demoiselle sur la photo soit la même qui lui parle...

et il est rapidement devenu... Vous les appelez les plombs, c'est bien ça ?

Ces mots explosent tels des obus dans un vaste champ de douces verdures. Alanis préfère garder le bandeau qu'on lui a donné dès son arrivée à New York plutôt que voir l'injustice flagrante. Ce qu'elle en pense de ce système plomb, platine et zinc. Elle trouve ça injuste, tout simplement. Et puisque c'est une injustice, elle n'en parle pas. Elle reste une muette au souffle coupé. Alanis marche chaque jour sur un fils au-dessus d'un gouffre, tout comme chaque élève de l'académie. Le bandeau qui lui cache la vision l'empêche de le remarquer à qu'elle point le trou est immense et noire. Ceux qui ont le malheur de l'enlever et d'avoir le vertige tombent dans l'éternelle noirceur. On préfère couper la langue de ceux qui sont près de tomber. Pourquoi ? Parce que leurs cris vont effrayer ceux qui sont encore sur le fil. Les platines quant à eux, leurs yeux ne sont pas cachés. Ils regardent le ciel a un tel point qu'ils pensent y être. Avec le temps, leurs cous restent bloqués vers le haut. Comme si on leur avait installé un torticolis. Et s'ils acceptent ce traitement, c'est seulement parce qu'ils ont réussi à se convaincre eux-mêmes qu'ils sont atteints d'une maladie héréditaire qui s'appelle la bêtise humaine. L'académie Weins cache le fait que cette maladie est incurable. Alanis c'est toujours senti plus à l'aise de ne pas en parler. Tout ce qu'elle désire, c'est vivre sa vie sans rencontrer de problèmes majeurs. Elle ne se sent pas près du gouvernement au point d'en faire sa motivation première.

Il est mort de ses blessures sur le trottoir, en une petite heure.

Alanis a le vertige et Luka tente de lui enlever le drap qui l'empêche de tomber. Pourtant, comment résister ?

Quand un élève de ton académie ne remplit pas son contrat ou que des gens en dehors semblent avoir des activités illégales, leur famille et eux perdent la plupart de leurs droits, notamment celui d'être soigné.

Elle ne sait pas quoi faire désormais. Deux idées se font une terrible lutte dans la tête de l'Irlandaise. La première lui dit de ne pas reproduire les mêmes erreurs que Manek. Elle constate l'enjeu et le gouffre qui désire l'attirer en son centre. Cette idée lui donne un sentiment d'urgence. Elle propose d'éviter à tout prix qu'une telle chose lui arrive. De suivre le mouvement pour être heureux et de ne pas mourir seul. Toutefois, une deuxième idée tout aussi puissante que la première débarque au même moment dans l'esprit d'Alanis. Elle met de l'avant la curiosité et le mystère. Elle désire à tout prix en savoir plus. Elle cherche des questions ainsi que des réponses. De plus, sa vision est différente de la précédente idéologie. Elle voit un intérêt au gouffre. Elle ne laisse pas de place à la peur et elle a soif d'aventure. Au milieu de cette guerre cérébrale qui se déroule, il y a Alanis. Toutefois, cette bagarre s'arrête net lorsque Luka renvoie la question à Alanis. Sous le coup, les deux opposants vont se cacher dans le trou qu'ils sont sortis et laissent l'adolescente réfléchir elle-même. Il est évident que Luka se confie en quelque sorte à l'irlandaise. Celle-ci n'est pas égoïste. Elle sent désormais qu'elle peut avoir confiance en Luka. Cette femme est louche et pas nette mais pourtant, la rousse éprouve un sentiment de confiance envers elle.

- Je m'appelle Alanis, je viens d'Irlande...

Elle cherche ces mots un instant avant de continuer.

- On m'a emmené de force à l'académie pour un crime que je n'ai pas commis et... parce que ma curiosité dérange.

Ce n'est surement pas très clair pour Luka mais cette phrase à tout son sens pour l'adolescente.

- Vous savez, j'ai quelques copains qui sont plombs mais les gens ne veulent pas que je les fréquente. Sinon, ils me dévisagent, me jugent... C'est très... frustrant car voyez-vous, je n'ai pas beaucoup d'amis et ce n'est certainement pas grâce aux têtes dirigeantes de l'académie que j'en aurais.

Alanis lâche un petit rire nerveux. Comme si elle venait de raconter une blague de mauvais goût.

- Je trouve ça injuste... Enfin, tout ça pour dire que je respecte beaucoup ce que vous faites, c'est très noble.

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MessageSujet: Re: Got to face reality, Little Kid Got to face reality, Little Kid  Icon_minitime1Jeu 18 Juil - 12:13

J'accuse.


J'accuse ce monde et tout ce qui s'y trouve. J'accuse l'oppression des enfants et la mort de la liberté. Je revendique le droit de l'homme à être libre, quand bien même il n'est pas égal. J'accuse les bombes jetées au chevet du malade et la force de la jeunesse sucée jusqu'à la lie. Je t'accuse, toi qui as préféré tirer sur un inconnu plutôt que lui sourire. J'accuse le meurtre d'un enfant hier, celui de toute une génération aujourd'hui. J'accuse l'homme devant son écran de télévision, buvant les paroles abjectes d'un système trop malléable. J'accuse vos oeillères et votre bêtise, vos actes et votre violence.
Et pour cette enfant aussi, j'accuse.


Elle semble choquée. Luka ne peut nier qu'elle en est soulagée. Elle a bien vu ce que donnait le traitement final chez ces enfants, des métaux précieux capables de feindre l'innocence pour mieux vous faire avouer ensuite. Mais on ne peut pas feindre une telle réaction. On ne peut pas faire pâlir son visage de la sorte et vaciller à ce point sur sa chaise, si ça n'est pas sincère. Un manipulateur aurait grimacé, un peu, en parlant de cette fameuse injustice. Cette fille est sincère. Pour l'instant. Il ne reste plus qu'à la ramener du bon côté du fil, pour qu'elle ne vacille jamais vers les oiseaux au bec pointé vers le ciel, les colombes du gouvernement dont le lire arbitre meurt sur une torsion cervicale chronique...
Malgré tout, la jeune femme se sent coupable. Cette enfant lui rappelle terriblement ce qu'elle était à son âge, une fille sans vice ni méchanceté, dont la seule faute était de ne pas être prête à entendre le pire. Si elle s'en voudra éternellement d'avoir nié jusqu'à abandonner son amour aux portes de l'exécution, elle sait qu'elle n'était tout simplement pas capable de déposer un poids aussi lourd sur ses épaules. La réalité est trop cruelle, trop insoutenable. Et elle vient de lui jeter à la figure. Mais que pouvait elle faire d'autre ? La laisser repartir, se faire embrumer l'esprit de fausses déclarations, jusqu'à se perdre définitivement dans une lobotomie plus cruelle encore que la pire des vérités ? Non... Si tant est qu'Alanis soit un jour placée devant le même choix qu'elle à son âge, et ça arrivera, elle se doit de lui donner les cartes pour faire le bon. Sinon, elle s'en voudra à vie. Cette petite est trop généreuse, trop altruiste, pour se pardonner un jour si elle en vient à se renier pour le système. Personne ne devrait avoir à se sentir coupable de ne pas avoir été prévenu. Alors, puisqu'il faut jouer les méchants une fois de plus... Ainsi soit-il.

Patiemment, Luka écoute les quelques bribes de récits qui lui sont offerts. Alanis. Elle ne peut s'empêcher de sourire légèrement. It's a little ironic, don't you think ? Une injustice, apparemment. Une de plus. La clandestine sent son coeur se serrer, comme chaque fois qu'elle en est spectatrice, aussi fort qu'au premier jour. Si c'est une qualité incontestable, une force d'humanité conductrice, ça n'en est pas moins épuisant, parfois. Il aurait mieux valu pour l'enfant qu'elle rejoigne le système carcéral, quitte à subir l'injustice en plein visage. Au moins, là bas, les barreaux ne se cachent pas d'exister.
A sa dernière phrase, elle laisse échapper un sourire calme.

" Merci. " souffle t'elle, d'une reconnaissance sincère. Il est toujours bon d'être rassurée sur le bien fondé de son entreprise, dont elle a trop tendance à douter. " On essaye. Tu peux me tutoyer, tu sais. " elle ajoute, son sourire légèrement grandissant. Sans prétendre être intime à l'étudiante, elle se sent déjà plutôt proche d'elle. Il est rare de se retrouver en l'autre, et d'avoir tellement envie de le soutenir. Plus les minutes passent et plus Luka sent sa gorge se nouer, à l'idée de ne pas réellement pouvoir l'aider. L'impuissance, toujours. Cette foutue garce.

Je vous accuse de ne pas la chérir, à l'instar de tous les autres. J'accuse l'innocence jetée en pâture à vos leçons, la liberté violée sur les marche de votre école. J'accuse cette peur dans son regard, engendrée par votre malfaisance, et qui ne devrait pas être. J'accuse sa solitude, le choix que vous l'obligez à faire. J'accuse la boîte noire où vous jetez vos fils et vos filles, sans issue sinon la perte. J'accuse les hommes armés qui se servent de leur force pour détruire sans jamais défendre. J'accuse les pleurs de la mère aux portes du gouvernement, la mort du fils seul derrière le battant. J'accuse les enfants déjà cruels, déjà mauvais, qui se sont laissés faire et battent leurs frères, plus sûrement que ce gouverneur aux allures de père indigne. Je vous accuse de renoncer, j'accuse votre facilité, votre méchanceté. J'accuse les gosses livrés à eux-mêmes, étreints dans un carcan de violence, sous le joug des légalistes comme des terroristes.
Et pour l'injustice, j'accuse.


Elle laisse échapper un soupir et tire sur sa cigarette, prélève une gorgée de thé fumant, observant d'un oeil l'eau chaude encore vierge de la tasse d'Alanis. L'adolescente a l'air assez mal à l'aise, peut être se sent elle la main forcée, et Luka ne peut pas lui en vouloir. Mais maintenant qu'elle est là, il serait plus judicieux de prendre des mesures pour la laisser repartir sans encombres. Il y a des chemins à prendre pour ne pas être repéré, c'est déjà un miracle que l'aller se soit fait discrètement. Comme quoi, la chance est parfois de la partie, même derrière les tranchées.

" Ce qui t'arrive est très difficile. Et c'est déjà admirable d'être parvenue à garder un tel altruisme malgré tout, tu sais. " glisse t'elle en déposant la cendre de sa roulée dans un petit cendrier en céramique, au milieu des perles. " Je pourrais te dire que c'est facile, qu'il suffit de lutter, mais ce serait hypocrite et terriblement injuste de ma part. Je suis bien placée pour savoir que c'est tout sauf facile. "

Elle esquisse un sourire contrit. Elle aimerait lui dire qu'elle s'est retrouvée à sa place, dans cette école, aux côtés d'un petit ami devenu plomb quand elle supportait encore les reines des abeilles, en faisait même pratiquement partie, par seule peur de regarder la réalité en face. Mais elle ne peut pas. Ce serait trop facile de laisser échapper la chose dans l'académie, une académie dont elle est la seule à être sortie, officiellement morte. Ce serait catastrophique.

" Tout ce que je peux te dire, c'est de ne jamais cesser de t'écouter. Tu as un bon instinct alors si, un jour, il te sonne l'alerte, reste attentive. Ne fais jamais ce que tu ne veux pas faire, Alanis. Quoique tu en penses, tu auras toujours raison. Ton alarme sonnera, j'en suis sûre, et n'aie jamais peur de l'écouter, quoiqu'on te dise. Je ne dis pas que ça rendra la vie évidente, mais ça t'aidera à affronter les situations au jour le jour. Je n'ai pas renié la mienne depuis près de six ans, et elle ne m'a jamais fait faux bond.. "

Luka achève sa cigarette et lâche un soupir. " Je suis désolée de te retenir mais je préférerais attendre que Jack revienne pour te reconduire en toute sécurité. " Que faire, maintenant ? Elle ne va quand même pas lui faire faire de la couture.
Eclairée d'un soudain et fameux instinct, elle reprend avec un sourire plus camarade. " Tu aimes lire ? " Un regard suffit à le lui confirmer. Dépliant son corps longiligne, elle va ramasser une pile de livres près de son matelas et les dépose entre les mains de la jeune fille. " C'est du Jules Verne. Je le lis toujours quand j'ai besoin d'évasion. Rien ne vaut une bonne tasse de thé et quelques pages de Vingt mille lieues sous les mers "

Elle la laisse découvrir les pages et reprend sa machine à coudre en main, absorbée sur la confection d'une robe pour la prochaine séance. Après quelques minutes, piquée d'une petite idée, Luka se relève pour extraire des placards un petit appareil photo numérique à l'écran brisé. Vérifiant d'un coup d'oeil mutin que la jeune fille est encore plongée dans la lecture, elle lève son appareil à son oeil et cadre. Un clic se fait entendre, un flash retentit. Elle jette un rire léger au regard surpris que l'étudiante lui lance. " Tu as déjà fait une séance photo ? C'est bon pour la timidité, tu sais. " Un nouveau clic, un nouveau rire. Parce qu'il faut savoir s'attacher à des plaisirs simples, devant la lourde cruauté du monde.

J'accuse celui qui la commet comme celui qui la défend. J'accuse le bourreau de la joie et le révolutionnaire intéressé. J'accuse l'homme qui décide et celui qui conteste, mais conteste mal. J'accuse le berger d'abandonner ses moutons malades pour la vigueur du troupeau, et les loups de dévorer les faibles sans la moindre pudeur. Je vous accuse de jeter en pâture ceux qui avaient besoin de vous, pour un étendard de justice dont vous êtes les seuls à profiter de l'ombre. J'accuse la loi du plus fort et celle tu talion réunies, l'exécution du vieillard boiteux sur la place publique de votre cupidité. J'accuse cette enfant délaissée par votre égoïsme. J'accuse mon impuissance à vous empêcher de lui faire du mal. Les discours de révolution des mercenaires qui n'hésitent pas à entrer dans les maisons et violer les femmes et les enfants qu'ils devraient protéger. Pour tout cela, je vous accuse. J'accuse mes accusations, ma colère et mon rejet, ma patience étiolée sur vos vices. J'accuse ma nausée, mon découragement, mes envies, parfois, de vous abandonner à votre bêtise.


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