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Triumvirat
Jason
Jason Lecter
Jason Lecter
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Date d'inscription : 18/04/2012

CASIER JUDICIAIRE
ÂGE: Crise de la quarantaine ~
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MessageSujet: Triumvirat Triumvirat  Icon_minitime1Mer 14 Aoû - 5:11

" Dettes d'Honneur "


Nettoyant ses armes, c’est un Cubain pensif qui ne parvient pas à se sortir de la tête les mots que Jason lui a adressé avant de s’en aller il y a une bonne demie heure déjà. Comme toujours, il était inutile de lui demander des comptes car Lecter n’en rend jamais mais un détail … un petit truc dérange le géant. Quoi précisément ? Mystère. Ce n’est pas comme si son patron sortait seul pour la première fois non. Encore que, c’est bien rare qu’il ne sorte pas avec son glacial Croque Mitaine. Chose encore compréhensible pourtant, ils n’ont rien de prévu. Pas de banques à braquer, pas de vol, pas de pillage … c’est repos alors où allait-il ce foutu Clown ? Et puis, ne pouvait-il pas être clair au lieu de balancer des phrases sans queue ni tête ? « Ne dérange pas Boogie et ne me cherchez pas ; j’ai envie de sushis de pieuvre ce soir. » Un truc ne colle pas …
S’arrachant sèchement à sa chaise, Alonso quitte sa chambre et s’arrête devant celle du Croque Mitaine. Rien que l’idée de frapper à cette porte lui fait grincer les dents mais c’est ça ou rester sur un foutu doute qui refuse de se dissiper. Il connaît Jason mais pas aussi bien que Boogie et peut-être que lui saura y lire autre chose qu’un sous entendu. Deux coups fermes sur le bois, pas question d’entrer sans prévenir au risque de se faire accueillir avec une lame quelconque ; le Cubain attend alors que le second daigne lui faire l’honneur de son apparition tout en achevant de remonter un flingue. Enfin, le battant s’ouvre sur la paire d’yeux bleus et sans attendre d’avantage Alonso balance la chose même si Lecter avait laissé entendre qu’il ne devait pas. « Loin de moi l’idée de te déranger pour rien ; mais Jason a filé et plus j’y pense plus je trouve ça bizarre. » Haussant les épaules tout en rangeant l’arme à sa ceinture le géant reprend. « Il a prétexté une envie de sushis … déjà c’est pas logique il bouffe rien en général. Mais le coup des sushis de pieuvre … je vois pas l’intérêt. Je sais pas, il m’a fait comprendre que c’était pas important que tu saches mais ça me plaît moyennement cette histoire. J’me fais des idées ou quoi ? »    

[...]

Il avait prévenu, ne s’en était pas caché une micro seconde. La mafia avait joué un jeu dangereux en se drapant dans sa fierté de « famille » qui refusait tout accord, toute négociation. Jason se doutait bien que cette organisation dont les codes traversaient les époques rechignerait à lui accorder quelque chose mais il avait tenté, il avait proposé et le connaissant il fallait y voir une faveur, pas une agression. Pourtant c’était de cette manière que la bête tentaculaire avait envisagé la proposition, la jugeant offensante et allant jusqu’à rejeter le Clown pour mieux tenter de le tuer ensuite. Erreur ; grave erreur. En cela, ils avaient bien moins de cervelle que le Nord. Calypso, jeune pourtant savait parfaitement qu’il ne fallait pas s’en prendre à lui aussi ouvertement et plus encore qu’il était suicidaire de s’en prendre à ses « propriétés ». Elle savait à quel point les colères de de Jason pouvaient être folles et malgré ses pouvoirs même Calypso n’aurait pas joué de telles cartes. Derrière elle un quartier entier ennemi du Sud avait parfaitement compris et évitait toute provocation malvenue là où la mafia avait tenté un coup de poker qui ne leur rapporterait rien de bon. Car sous les yeux noirs de Jason, l‘inutile n’a pas lieu d’être. À son retour au repère, le Clown avait enragé contre son bras brisé qui l’obligeait à rester calme mais pour autant on l’avait trouvé plutôt gérable et plus surprenant encore depuis cette histoire aucun de ses hommes n’avait eu à encaisser sa colère. Pas de tête tranchée, pas de punition et fut un soir où Lecter se contenta de discuter bêtement avec Alonso et un groupe de latinos en enchaînant des mojitos jusqu’au levé du jour. On pensa simplement qu’il était de bonne humeur et songeait moins au chaos, qu’il pensait à sa santé pour une fois. Pure folie, ça sentait l’acide à plein nez et pour ses principaux affiliés il était évident que l’idée qui trottait dans la tête de Jason serait mauvaise. Elle le serait oui ; mais pas pour eux …

Cigarette aux lèvres, Lecter jette un œil sur le petit miroir du pare-soleil devant lui, assis sur le siège passager tandis que Bob -de son surnom- le gamin obèse a ce soir joué les chauffeurs non sans une certaine fierté. Plutôt bien considéré celui-là, il a assez de cervelle pour se taire ou parler au bon vouloir de ses patrons et ne rechigne jamais à rien. Quelques bons points qui jouent en sa faveur quand tant d’autres rognent plus volontiers devant les taches ingrates. Presque une semaine depuis cette course poursuite, c’est déjà trop pour l’impatience de Jason mais cette vengeance est particulière et il l’a préparée avec soin. D’ailleurs, avant le balafré se demandait pourquoi il n’avait jamais apprécié les produits de la mer en matière de cuisine. Depuis cette histoire il commençait à en comprendre la raison aussi tordue qu’elle fût à ses yeux.  
Son portable vibre, il y jette un œil et répond au message avant je jeter le mégot par la vitre ouverte. « Bien, c’est l’heure ! » Annonce-t-il, pivotant assez sur son siège pour tendre le bras vers la banquette arrière que son molosse borgne occupe. Rapide mais sincère caresse à l’animal qui conserve sa position couchée. « Tu sais ce que tu as à faire Bob. » Le jeune opine, mordillant sa lèvre inférieure. « Patron ... » Il voudrait lui dire de faire attention, de rester en vie mais secouant la tête, il ose un sourire et ajoute simplement. « Amusez vous bien. » Le Clown éclate de rire, ravi avant de lui accorder une tape sur l’épaule et de s’extirper du véhicule pour avancer en direction d’un restaurant. Ces Italiens, toujours si pompeux …  

Lorsqu’il pénètre dans l’établissement, un serveur n’a qu’un regard à jeter dans une direction pour lui indiquer le chemin à prendre. Que croyaient-ils ces imbéciles ? La joyeuse bande de Jason occupe le Sud depuis dix ans et elle a des yeux, des oreilles partout même dans la cantine que la pieuvre a réservé ce soir à son seul usage. Direction la double porte d’un salon vip, gardée par deux gorilles et sans ralentir le Clown avance jusqu’à eux. S’ils sont surpris de le voir seul ils tâchent de rester professionnels et l’un d’eux escorte le balafré jusqu’à une table immense où siège l’un des parrains, ses proches et ses meilleurs hommes. Ils étaient plusieurs chefs lors des négociations mais c’est lui et pas un autre qui mérite le pire châtiment car ce sont ses employés qui ont offensé l’Hydre du Sud.
« Lecter … quel mauvais vent vous amène ? Je pensais la discussion close depuis notre dernière entrevue. » Immonde politesse faussée à laquelle le Clown répond toutefois d’un gracieux signe de tête. « Close de manière commerciale si je puis dire, rien n’empêche un échange entre personnes bien éduquées n’est-il pas ? » La voix mielleuse tire un sourire à l’homme qui ordonne d’un mouvement de la main qu’on fasse sortir femmes et enfants vers une autre pièce. Ne reste que les hommes, une branche du crime organisé de la pieuvre contre celui déstructuré d’un anarchiste venu seul. « Soit, asseyez-vous et parlons. Pas de garde rapprochée ce soir ? » Bientôt assis, le Clown croise les mains sur la table et lève son regard d’encre sur l’autre en face, cet éternel rictus diabolique à la bouche. « Je souhaitais leur épargner l’impolitesse illimitée de vos hommes, je prends soin de mon personnel voyez et … vous avez reçu ma carte j’imagine ? »
Les traits se tirent de l’autre côté, les hommes s’entre-regardent et pour l’heure seul le parrain conserve une mine impassible. « Je l’aie reçue. Avec trois têtes que vous m’avez rendu souriantes. Comprenez que je n’ai pas su apprécier ce spectacle Lecter. L’une de ces têtes était celle de mon neveu. » La voix a baissé le ton, y répond un soupir interrogatif de la part de Jason. « Lequel était-ce ? Celui dont j’ai aéré le cerveau en passant par un œil ? Celui que j’ai égorgé ou bien celui que mon second a rendu méconnaissable même pour sa propre mère ? »

De concert, les types se lèvent et affichent des visages outrés. Ça fait mal hein ? Semble dire le sourire rouge qui leur fait face. Voilà ; il est temps de jouer les cartes suicidaires, de flirter avec la mort dont Jason entend d’ors et déjà les pas car des morts il y en aura, mais lui n’en fera pas parti. Calant le dos dans le fond de la chaise le Clown allume une cigarette et poursuit, désinvolte. « De mémoire le défiguré vous appelait patron, l’égorgé craignait la punition … reste le dernier qu’ils avaient laissé en arrière en pensant que c’était plus sûr je suppose. Puni par où il a pêché si je puis me permettre. Insulter mes affiliés se paie vous devriez le savoir et il y’a des termes à éviter en ma présence. » Le ton gronde malgré sa légèreté, puis il vire, reprend une note cordiale. « Ceci étant puisqu’il est question de famille je conçois votre contrariété. Je crois deviner que ce garçon là est son frère sans doute. » Siffle-t-il, désignant un gamin dont les yeux jettent des éclairs. « Je suis un homme qui paie ses dettes alors si vous avez des réclamations jeune homme ... »
La suite était attendue, qui paie ses dettes s’enrichit dit le proverbe et Jason n’a pas fuit lorsque le gamin s’est jeté sur lui. Oh, il a répondu mais jamais autrement que par les poings et jamais sans rire, obligeant chaque fois ce gringalet à se lever pour « venger » son frère. Il peut concevoir la chose car Lecter est lui même présent pour laver l’honneur de ses rangs. Un contre un pendant qu’autour les autres regardent. Mais la pieuvre est coutumière des coups bas, elle aime trop le goût de ses petites victoires pour accepter de laisser le jeune poulpe un genou à terre face au Clown qui domine même privé d’un bras. Alors quand les autres s’en mêlent Lecter n’est pas étonné. Qu’ils savourent donc le parfum de ce qu’ils pensent être une victoire, la chute n’est sera que plus mémorable ; spectacle à grande échelle comme il les aime.

Après l’avoir maîtrisé -non sans mal- les sbires le jettent sur sa chaise, appuyant lourdement sur ses épaules et le Clown fait craquer sa mâchoire qui a bien failli exploser sous un coup de pied alors qu’il était au sol. Cet acharnement gratuit n’aura pas aidé le bras cassé non plus et à n’en pas douter il est bon pour un nouveau réalignement des os en bonne et due forme sans parler d’un sermon à rallonge de la part de Boogie.  
« Vous êtes trop prévisible Lecter. C’était si évident que vous viendriez seul pour parader et nous faire croire que rien ne vous résiste. » Le parrain approche, fouille d’une main la veste du Clown pour y trouver un couteau. « Vous pensez sincèrement que nous craignons vos deux hommes de mains ? Comment mon neveu les nommait-il déjà ? Ah oui, la pute aux yeux vitreux et la pute de la favela ! Deux chiens galeux derrière un bouffon en costume bon marché. Vous n’êtes rien Lecter et il est largement temps de vous en rendre compte. Vous ressortirez d’ici les pieds devant. »

On attend la colère, on attend la rage mais dans les orbes noirs qui se lèvent seulement un amusement profond. Les yeux à eux seuls pourraient rire, insolents et le sourire scarifié se fait interminable. Alors elle se communique aux autres la colère, exècre le parrain qui ordonne à ses sbires de tenir Jason en place. Comme s’il allait bouger ; c’est mal le connaître. Sur le moment, l’homme n’hésite pas et plaque le couteau contre les lèvres du Clown. « Vous trouvez toujours votre situation comique ? » Le rictus de Lecter est hautain en réponse, il l’insulte et sa monstrueuse voix de foire murmure, moqueuse. « Hilarante plutôt. »

Le mafieux tremble, il écume de rage et c’est d’un geste précipité, rageur que l’acier vient fendre la commissure gauche, étire la peau jusqu’à attaquer la joue de Jason. Aucun cri ne fuse, pas la moindre plainte alors à quoi bon rouvrir une balafre vieille d’une décennie ? Pour blesser et essayer de lui arracher une supplique ? Pour massacrer ce visage qui les hante malgré eux ? Sans doute ; juste ça et franchement tous sont d’une stupidité inégalée. Plus loin ils rient, abandonnent le Clown qui s’affaisse contre le dossier de la chaise, une joue fendue et tête baissée. Le parrain n’est pas choqué, plutôt troublé et ne parvient pas à détourner les yeux de son ouvrage, quelque chose lui rampe le long du dos comme un rire glacé, effrayant mais il secoue la tête, revient à la réalité et pose une main sur l’épaule de son neveu. « Fêtons ça à la mémoire de ton frère ». Appelé, un serveur vient apporter une nouvelle bouteille que la vingtaine de mafieux ingurgitent bientôt en trinquant, portant un toast à la suite duquel le patron annonce avec dédain. « Quant à lui … je l’achèverai après. »

Mais s’il en donne l’air, le Clown ne s’est pas écroulé. Menteuse est la bête, vile et actuellement elle fait seulement le mort. Cette douleur là est trop connue, il l’a assimilé depuis longtemps et le sang qui lui envahi la bouche ne saurait l’écoeurer tant il connaît d’avance l’enchaînement à venir. Ris donc pieuvre ! Songe que tout va pour le mieux et que tu as gagné. Oh et surtout bois, que toutes tes tentacules lèvent un verre … une dernière fois.

[…]

A l’extérieur, appuyé sur le capot de la voiture, Bob se tord les doigts et jette un regard inquiet à sa montre toutes les deux minutes, scrutant le fond de la rue qu’il craint de voir changer. Il craint un pick-up noir pouvant éventuellement débouler avec à son bord les deux dernières têtes de leur organisation qui auront finalement compris à quoi Lecter s’est livré en solitaire cette nuit. Au niveau de nervosité où il en est rendu le jeune en viendrait presque à trouver la présence du molosse réconfortante. Pourtant cette bête le tétanise, énorme et armée de ce collier à pointes, avec son unique oeil ambré … Mais voilà sa peur matérialisée. Comment-ont-ils remonté la piste de Lecter ? Aucune idée. Pourtant la voiture conduite par Alonso surgit à une vitesse folle et se gare non loin de celle qu’il a utilisé et c’est péniblement que Bob avale sa salive en voyant descendre le géant et le Croque Mitaine d’un même mouvement. Tu es mort. Pense-t-il sur l’instant mais il a des ordres ; il doit les exécuter.
« Bob putain c’est quoi ce délire ? Où est Jason ? » Rugit le Cubain en arrivant à sa hauteur. « Il … il a dit qu’il ne fallait pas entrer, pas avant minuit. À cette heure là je dois … entrer et lâcher le chien. Je ne sais rien d’autre ! »
Rageant Alonso tourne les yeux vers Boogie et se masse la nuque en soupirant lourdement. Que faire ? Entrer avant l’heure c’est un coup à casser les mauvais tours du Clown mais le savoir seul avec une branche de cette organisation n’augure rien de bon. Alors quoi ? Un bon quart d’heure encore avant minuit … Finalement le Cubain écarte les bras, fataliste. « Vraiment, ça me plaît pas mais à part attendre je vois pas ce qu’on peut faire. Putain quel con ! » Rien à faire … Ce Clown est définitivement cinglé.

[...]

Le sang dévale le long de son menton, de sa gorge et imbibe bientôt le devant de sa chemise. On l’a pensé évanoui sous l’effet des coups et de la douleur mais Jason était tout à fait réveillé. Il a patienté, prédateur couché devant sa proie en les laissant ingurgiter leur bouteille. Chose rapide et quand les verres sont reposés, là seulement il relève la tête, soupirant longuement par le nez. Léger sursaut de la part du parrain et de ses convives qui braquent une série de regards médusés sur Jason alors qu’il fait craquer sa nuque.
Sans empressement l’araignée se lève, applaudissant bientôt et sa gueule sanglante déclare joyeusement. « A votre santé messieurs et à celle de mes deux hommes de mains qui viennent indirectement de vous tuer. » Yeux écarquillés en face, qui ne comprennent pas et interrogent. La réponse vient sans tarder. « L’usage de patience et la planification ne sont pas mes qualités mais celles de mon second. Les relations de confiance sont au Cubain qui sait très bien s’entourer. Avec les armes de l’un j’ai tendu un piège, avec celles de l’autre l’ai mis en marche et enfin ... » Une pause marquée le temps d’avaler sa salive qui n’a plus qu’un goût de fer. « Touche finale, la mauvaise surprise que je vous offre. » Déclare-t-il, pointant du doigt la bouteille de vin vide. « La tétrodotoxine vous parle ? Cette bouteille que vous venez de vider en contenait assez pour être létale si vous aviez avalé la valeur d’un dés à coudre. » Le rire fuse, dément tandis qu’autour les respirations raccourcissent entre deux insultes et que les corps tremblent. « Charmant n’est-il pas ? Vous ne tarderez pas à vous écrouler d’un arrêt respiratoire. Vous vous étouffez dans votre connerie et votre manque d’éducation si j’ose dire. »

Nouvelle cigarette allumée et face à Jason l’agonie des hommes qui peu à peu s’écroulent à genoux sans pouvoir rien y faire. Rejoignant la table, il récupère sa lame et l’essuie sur la nappe en incrustant une traînée écarlate sur le tissu blanc. Chose faite il la range dans sa veste et lève un œil sur le parrain planté au milieu des corps bientôt réduit au stade de cadavres. « Bien, à nous maintenant. » Minaude le Clown, recrachant un nuage de fumée avant de détourner les yeux en direction des verres. « J’ai été surpris en apprenant que vous préfériez le Bordeaux même si pour le coup ça m’arrangeait bien. Dommage cela dit de manquer un Chianti de cette qualité … il était mortellement bon ! » Il en rit, bien sûr et cette plaie qui lui fend le visage maquillé rend le spectacle immonde, insoutenable même pour le mafieux qui dans une tentative désespérée s’empare du glock qu’il gardait sous sa veste. « Oh allons ! C’est quoi ces manières ? » Morigène presque Lecter, récupérant sa montre pour la consulter.

« Mes hommes ne tarderont pas Lecter ! Vous n’allez pas vous en tirer à si bon compte ! » Nonchalant, Jason secoue la tête, hausse les épaules mais lève un doigt en l’air pour capter l’attention de l’homme. « Il est minuit très cher. » « Et alors ? » Pas le temps d’attendre une réponse, derrière les portes encore closes retentissent des cris, des bruits sourds et des grognements. À pas sautillants Lecter s’en va abaisser la poignée, tire le battant et siffle un coup sec. Pas le temps pour le parrain de préparer une riposte ou de tirer sur la masse animale qui se jette aussitôt à son bras et le reverse en arrière. Cinq secondes de cris interminables, un claquement de doigts et la bête recule pour revenir près de son maître en laissant sa victime qui étreint sur sa poitrine un membre à moitié déchiqueté. Approchant, Jason ramasse l’arme à feu et se penche sur l’autre. « J’ai prévenu plus tôt vous auriez dû écouter, tout ça est programmé, organisé au millimètre. Vous et votre famille entière avez certes refusé une transaction et j’aurai pu le tolérer si c’était resté purement professionnel. Mais dés l’instant où vous avez craché sur Boogie et Alonso vous étiez morts. Dans mon monde on paie ses dettes, j’ai réglé la mienne ce soir et votre neveu aura eu sa vengeance quant à vos hommes … il n’y en a plus ici et le chien vient d'égorger vos deux montagnes à la porte. » Regard bovin qui se lève, scrute le visage encore saignant avant  que la bouche articule péniblement. « Quoi ? Comment ? »
« Si j’avais agis selon mes méthodes j’aurai fait sauter cet endroit et peut-être que certains d’entre vous auraient survécu. Mais ceux que vous qualifiez de putes, de chiens galeux m’ont appris certaines choses que pour une fois j’ai mis en pratique avec plaisir. Considérez que je leur rend hommage et lave l’affront que vous leur avez fait. J’ai su que vous aimiez flatter les votre avec de bonnes bouteilles, cuvée à laquelle j’ai ajouté ma touche personnelle. S’il reste quelques survivants, c’est parce qu’ils n’y ont pas touché mais ils seront rares. Vous concernant enfin, je me demande si je ne devrai pas vous emballer et vous offrir à mes bêtes. Qui vous tuera le premier à votre avis ? Le chien Cubain, ou le chat aux yeux bleus ? »

Parlant de chien, le molosse se relève et sa voix gronde face à la porte restée ouverte. Jason pivote, approche l’animal et lui passe la main sur la tête. « Bob ? Tu peux retourner à la voiture et m’attendre. » Mais Bob n’est pas là et les deux têtes qui apparaissent sont connues. Elles devraient cependant être chez eux au repère … pas ici et elles ne devraient pas avoir entendu cette conversation. Contrarié, Lecter les fusille du regard. « Qu’est-ce que vous foutez là tout les deux ? »

D’abord, c’est le géant qui change de couleur et sa voix qui retenti en découvrant le visage de son maître fraîchement balafré. « Nom de dieu mais qu’est-ce que tu as fait ? » Rapide regard sur les corps autour, c’est tellement dérisoire en comparaison de l’état dans lequel ils retrouvent le Clown. C’est sur cette base que l’hydre a toujours fonctionné : on ne blesse pas une tête sans subir le courroux des suivantes et déjà un vent de colère ronfle. Face à eux, c’est un Lecter impassible qui se fout -une fois de plus- de sa personne et pour lequel seul le résultat compte. Ce qui est loin d’être le cas du Cubain.
« Je n’ai rien fait qui vous regarde pour l’heure. Vous allez me faire le plaisir de rentrer on en reparlera. » Ordonne Jason, le ton raide en désignant la porte pour appuyer ses dires mais en face … c’est comme si on écoutait plus. Alonso fait volte face, croise Boogie auquel il déclare d’une voix rageuse. « Je te laisse le parrain. Le peu de survivants qu’il peut encore y avoir ici, je m’en charge. »
Disparition du Cubain qui vient d’ignorer un ordre et laisse Jason atterré. Sifflant entre ses dents le Clown soupire, biaise le regard sur le Croque Mitaine en espérant que lui au moins saura écouter. Mais étrangement, il a bien l’impression que cette fois, le chien et le chat ont laissé leur laisse au repère.  

© Jason L.

Boogie
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Alastor Burton
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AVATAR : Cillian Murphy

DC : Theodore Traum

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COMMENTAIRES : Mon monde est une vaste étendue aride couverte de poussière et d'une végétation desséchée. Les arbres y sont tordus et leurs branches aux mains griffues écorchent et s'accrochent. Les seules visites que j'y reçois sont celles de spectres décharnés, de bêtes sauvages et de monstres sanguinaires. J'habite au coeur d'hectares désolés où j'expose des cadavres d'une macabre Beauté, et lorsque je parcours ces champs de Mort et de Douleur, marchant seul sur des ossements humains, les seules fleurs qui se mêlent à mes cheveux sont les flocons de neige qui descendent d'un ciel gris plombé.
CRÉDITS : Schizophrenic

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MessageSujet: Re: Triumvirat Triumvirat  Icon_minitime1Jeu 15 Aoû - 20:46

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Un mauvais pressentiment comme un cancer qui ronge, sans jamais être repu, la moindre cellule, contaminant les voisines. Boogie avait passé une semaine particulièrement exécrable et même si l'ambiance au repaire semblait adopter une forme de relaxe plus que douteuse, il sentait le plus petit nerf de son corps se tortiller comme sous le souffle d'un vent mauvais. Lecter se montrait trop gérable, se contentant de râler uniquement contre son bras plâtré. Aucun coup de feu n'avait retenti durant cette semaine, aucun corps d'un sbire rétif ne s'était effondré. Une sorte de calme avant une tempête...Boogie avait suivi de son regard clair les faits et gestes du Clown espérant remarquer l'embryon de cette idée qui jetait sur le chaos rampant de son esprit un voile de plaicidité factice. Mauvais pressentiment que rien ne put dissiper, bien au contraire, les nuages noirs se rapprochaient et le Croque-Mitaine ignorait quel genre de mauvaise météo ils allaient amener. Incapable de se concentrer sur quoi que ce soit, Boogie avait passé beaucoup de temps reclus dans ses appartements, pensif presque méditatif, prétextant un mal de crâne fulgurant quand sa présence était réclamée. Et cette foutue impression qui ne s'en allait pas...et plus il y réfléchissait plus une angoisse sourde lui malmenait les tripes.

C'est un visage impénétrable et dénué de toute expression qui se révéla derrière la porte de ses quartiers à Alonso. La simple présence du cubain devant lui est le signe que la tempête est arrivée. Jason a filé lui annonce-t-il, et il trouve ça "bizarre". Les paupières s'étrécirent, suspicieuses, impatientes et quand le cubain évoque les sushis, une lueur meurtrière scintille entre les cils sombres. Le titan poursuit, imperturbable, avant de lever les yeux sur le Croque-Mitaine...les paroles sybillines trouvent un écho chez le second et ça n'a pas l'air de l'enchanter. Pas du tout même.
Rares, très rares sont les colères chez Boogie et la glace n'implose qu'en de remarquables occasions. Alonso le sait, il a déjà vu et il préfère reculer d'un pas avant de se prendre des échardes de givre en plein visage. Avec un calme trop glacial, le Croque-Mitaine referme la porte avant de reparaître quelques secondes plus tard, un Beretta à la main. Posté sur la plate-forme de métal qui surplombe l'entrepôt, il lève le bras et un coup de tonnerre retentit, se réverbère sur les murs où le silence se fait. Pas de corps qui s'effondre au sol alors des dizaines de paires d'yeux se lèvent sur la mezzanine où se situent les quartiers des trois Bêtes qui les dirigent. Pourtant, ce n'est pas un visage souriant et grimé qui y paraît mais les traits figés d'un Croque-Mitaine que l'on a rarement l'habitude de voir une arme à feu à la main. Le bras se baisse avec lenteur et une voix aux intonations chantantes tranchant avec l'aspect polaire brise le silence. Le petit Nino est demandé à l'accueil. Nino Cibetta, môme d'à peine seize ans, enfermé à la prison de New York pour ses accointances avec la mafia italienne. Il est le seul ancien membre de la pieuvre à avoir rejoint leurs rangs et le Croque-Mitaine a toujours su que cet élément fragile aurait une utilité un jour ou l'autre. Bâtard et préférant la présence d'hommes à celle de femmes, la famille ne s'est guère encombrée de cet élément imparfait et déviant. Jeté en pâture aux autorités à la première occasion, accusé de crimes dont il n'a jamais entendu parler, Nino en a pris pour plus d'un siècle de peine de réclusion défendu par un avocat véreux dont le seul objectif était de perdre avec éclat le procès de son client. Les troupes s'écartent pour laisser passer la silhouette grêle qui gravit l'escalier jusqu'à Boogie. L'attrapant par le col de son tee-shirt trop grand, le Croque-Mitaine le jette sans ménagement dans ses appartements. Restes à terre. ordonne-t-il d'une voix grinçante. Une botte posée sur la nuque du môme, les mains croisées sur son genou légèrement fléchi où il s'appuie de tout son poids, il lui demande d'une voix presque chantante et douce. Petit Nino. Mon très cher petit Nino...avant que ta bâtardise et tes préférences sexuelles jugées contre-nature ne soient révélées à la famille, tu as du voir et entendre des choses, hm? Connaissant ton pedigree maternel, on a du te préparer à une petite place enviable. Et comme je ne suis pas étranger aux petites habitudes sclérosées de ceux qui furent les tiens, je suis sûr que tu as été amené à embrasser religieusement la bague du cher monsieur qui est persuadé, dans sa vanité illimitée, d'avoir un certain poids dans cette ville. Est-ce-que je me trompe? Gargouillis que Boogie interprète comme une affirmation. Ôtant sa botte de la nuque, il se redresse, le dos aussi droit que s'il avait été tiré à la règle. Les iris clairs se baissent sur le visage juvénile qui se tourne dans sa direction. Où était-ce? Inutile que je te précise que j'exige une réponse nette. Toute déception aurait des répercussions dramatiques sur ton intégrité physique.

[...]

Bien qu'extirper des souvenirs ne soit pas la spécialité de Boogie, certaines zones d'ombres trouvèrent un éclairage nouveau dans le cerveau juvénile de Nino. Le gratifiant d'une légère tape sur la tête, le Croque-Mitaine abandonna un adolescent terrorisé, des images de son corps supplicié plein le crâne, avant d'annoncer au Cubain qu'ils se lancent sur les pas de Lecter. Véhicule le plus maniable possible et de quoi prendre d'assaut un bastion fortifié furent les seules fournitures qu'ils emporteraient. Trajet presque silencieux durant lequel Boogie donna une version télégraphique de la course-poursuite d'il y a une semaine. Ils avaient été surnommé les deux putes de Lecter. La riposte du Clown avait donc lieu maintenant, "tardivement" pourrait-on dire ce qui avait eu pour effet d'éloigner le spectre vengeur. Il ne leur fut pas difficile de dénicher le restaurant où siégeait la pieuvre, les souvenirs de Nino étaient exacts et aussi précis que Boogie l'avait exigé. Et un petit bedonnant au visage connu attendait presque sagement appuyé sur le capot d'un véhicule tout aussi connu. Descendant du pick up, c'est d'un même pas résolu qu'ils s'approchent de Bob dont toute impatience fond comme neige au soleil pour afficher une expression de pure terreur. Coincé entre un cerbère qui pourrait le déchiqueter en cinq secondes et deux autres bêtes qui peuvent lui régler son compte de milles façons différentes avec un couteau à beurre, il balance sans qu'ils n'aient besoin d'insister les ordres émis par le Clown. Ils n'en sauront pas plus puisque lui-même n'a pas été tenu au secret. Manquerait plus que ça... pense, acide, le Croque-Mitaine. L'envie d'arracher la langue de Bob, de le démembrer lui traverse l'esprit et des images d'un petit gros qu'il sépare chirurgicalement de sa moindre once de graisse flottent à la surface de ses rétines. Les iris polaires ne quittent pas le jeune obèse, le lorgnant presque avec avidité et c'est la voix grave du Cubain qui sort Boogie de ses sanglantes pensées. Attendre encore un quart d'heure?!
Ca te convient peut-être d'entrer avec le chien...mais pas moi. lâche Boogie au bout de quelques minutes. Il tourne les talons jusqu'au pick-up noir. Connaissant Alonso, le véhicule a été rempli d'armes à feu en tout genre et d'accessoires tout aussi variés. C'est vissant un silencieux sur le canon d'un Beretta que le Croque-Mitaine revient sur ses pas, dépasse les deux hommes qui attendent l'Heure. Le surnommé Bob tend une main, l'air aussi peu assuré qu'on puisse l'être, déchiré entre les ordres contradictoires de trois bouches. Attendre? Partir? Entrer? Des doigts tremblants se referment sur la manche de la veste du Croque-Mitaine et lorsque son regard croise les iris clairs, le dodu sait que c'est certainement la pire initiative de sa courte existence. L'esprit se recroqueville au fond de sa cage d'os laissant un corps sans pilote aux commandes. D'un geste sec de l'épaule, Boogie décroche la main intruse et c'est celle du cubain qui baisse le canon de l'arme qui s'est aussitôt posé sur le front du petit gros. Attends-moi, j'arrive. Attendre? Ecnore? Hors de question. Alors que l'un rejoint le pick-up, l'autre traverse la rue vers le restaurant. Bob est partagé entre le soulagement de voir les deux monstres s'éloigner de lui et la terreur que lui inspire le viol des ordres de Lecter. Les portes du bâtiment lumineux en face s'ouvrent sur deux flashes blanchâtres et se referment sur une main qui se coince entre les deux battants.
Abattage de masse sans semonce ni avertissement. Pour Boogie, toutes les vies qui sont dans cette salle doivent mourir et ne sont qu'un obstacle entre lui et Lecter. La Bête feule, exige sa ration de chair et de sang. Alors, le bras se lève et abat le moindre visage masculin. Il n'y a pas de femmes dans la mafia italienne et si une riposte doit venir ça sera des mâles...peu importe leur âge d'ailleurs. Hurlements féminins qui le font grincer des dents. Boogie n'a jamais pu encaisser les piaulements aigues de la gent féminine qui frôle l'hystérie. Les cibles changent et le Croque-Mitaine poursuit sa besogne. Immobile au milieu d'une salle où la panique commence à galoper à bride abattue, la Mort frappe et elle est aveugle, sourde et implacable. Les rares téméraires tombent avant d'avoir pu l'atteindre, les fuyards perdent l'usage de leurs jambes. Odeur de poudre et de sang qui s'élève et envahit ses narines. Brève accalmie durant laquelle Boogie engage un nouveau chargeur. Une masse velue le dépasse soudain, se ruant dans le fond du restaurant. Le Cerbère lui indique le chemin à prendre, flairant la piste laissée par son maître. Et le Croque-Mitaine continuer d'avancer, ombre noire dans la lumière d'un lustre de cristal qui scintille de milles feux au plafond. Monstre de ténèbres au regard dénué de la moindre humanité. Personne n'est épargné sur sa route et chaque vie, même la plus jeune, est fauchée par l'arme silencieuse. Derrière lui, il entend d'autres détonations feutrées. Le Cubain vient de faire son entrée et achève d'étouffer toute espoir de fuite.

D'un signe de la main, Boogie invite le titan à le suivre vers l'antre de la pieuvre. Ils enjambent les cadavres de ce qui devait être le fleuron des gardes du corps pour gominés qui gisent la gorge déchiquetée. Deux mains se posent sur les double-portes et les ouvrent dans un ensemble parfait. Autour d'une longue table s'alignent des chaises portant encore des cadavres, celles vacantes ont vu leurs occupants glisser au sol, lèvres bleues et regard stupidement surpris. Il ne reste qu'un homme encore vivant devant son assiette vide. Bras en charpie, peau pâle mais l'oeil encore vaniteux, la tête de la pieuvre fait face à une silhouette que trop familière aux pieds de laquelle est assis l'infâme molosse qui se met aussitôt à gronder. Jason pivote dans leur direction s'attendant à voir le bedonnant Bob mais ce sont deux statues de sel qui se figent à l'instant où leurs yeux se posent sur son visage. Si le Cubain perd son teint doré aussitôt, Boogie sent de la lave se mettre à circuler difficilement dans ses veines et la vipère furieuse déroule ses anneaux sous le grondement de la Bête fauve dont l'échine se raidit et se hérisse. Le décor disparaît, les couleurs s'affadissent. Ne reste que le rouge brillant du sang sur le Clown, les marques de coups sur son visage et le gominé qu'il ne connaît que trop bien, trônant toujours sur sa chaise. La voix de Jason semble lui venir de loin, de très loin, de trop loin pour être intelligible. Seul le grognement rageur d'Alonso lui parvient. Les iris polaires croisent ceux du titan, des doigts se desserrent sur une crosse qu'ils laissent à une autre main pour se refermer sur un manche de bois. Et le Cubain s'éloigne.

En passant devant Jason, Boogie lève un index impérieux, le regard si limpide envahi par une colère aveugle. Qu'il ne dise rien. Qu'il se taise. Le Croque-Mitaine semble avoir oublié comment parler ou se parer de glace. C'est un monde de flamme et de lave où souffle un vent brûlant capable de faire fondre les chairs qui se dirige vers l'homme toujours pétri d'orgueil qui lève lentement les yeux au fur et à mesure que la Bête s'approche de lui. " Quelle superbe fureur, Monsieur Burton. " laisse-t-il tomber dans un italien chantant alors que son regard noir croise celui flamboyant de rage de Boogie. " Si elle m'avait appartenue, j'aurais pu en faire tant de choses. Tellement plus de choses que lui... " Malgré le calme apparent affiché par le Croque-Mitaine, la colère ne s'apaise pas. Gestes imperceptibles pour les yeux de l'italien mais hurlants pour le Clown derrière eux. Les épaules qui se creusent, cette façon droite et hautaine de se tenir au-dessus du mafieux. La Bête se ramasse sur elle-même, silencieuse et feutrée. Le Croque-Mitaine pose alors sur la table un étui de cuir que Jason a déjà vu. Il en dénoue l'attache mais se contente d'y glisser juste les doigts sans l'ouvrir. Lentement, la créature de soie noire ploie le dos jusqu'à ce que son regard soit à la hauteur de l'autre. Je ne t'aurais jamais obéi car je ne t'aurais jamais respecté. répond-il dans la même langue.
La main du Croque-Mitaine se pose sous le menton du mafieux, le forçant à relever la tête. Le regard clair s'empare des iris de la tête pensante de la pieuvre qui ne parvient pas à détourner les yeux presque fasciné par les flammes bleues qui s'agitent sous la banquise. Boogie approche son visage de l'autre et sort de son étui son premier pinceau. L'italien chantant se fait rentendre. " Je me suis préparé à mourir à l'instant où j'ai été sacré parrain, Monsieur Burton. Saignez moi si cela vous chante. Si j'en crois vos paroles, que vous soyez avec ou contre moi, les choses se seraient finies de cette façon. " La Bête penche légèrement la tête sur le côté. Geste vif, indolore, lorsqu'il ouvre de quelques millimètres les commissures des lèvres de l'italien avant d'y plaquer la main. Shhh...tu vas me jurer dans ta maudite langue romaine que tu ne nous offriras pas un cri trop obsédé par ton honneur et le soin de garder sauves les apparences. Je parviens toujours à mes fins, très cher. Toujours. Et ton cadavre...personne ne pourra pleurer dessus quand tu seras mort. Tu n'auras même pas d'enterrement digne de ce nom. Je te donnerais à bouffer aux chiens...capice? Glissant derrière la chaise, il lève enfin un regard lucide sur Lecter. Sourire carnassier et voix de velours, il l'appelle doucement indiquant de la tête une chaise voisine avant de dénouer la cravate blanche du mafieux. Jason...je t'en prie, assieds-toi. Libérant le bas du visage de l'italien, ses doigts se referment sur les extrémités de la cravate qui s'enfonce doucement dans le cou épais. Mais avant tout, je vais faire apparaître un sourire radieux sur ce visage bien enuyeux. Levant un genou qu'il plaque entre les omoplates, il tend les bras et commence à tirer. Tirer. Tirer. Jusqu'à entendre un agréable son de déchirement soyeux. Tadaaam... ronronne-t-il ravi alors que les lèvres se déchirent d'elles-même dans une tentative réflexe et désespérée pour avaler une goulée d'air. Un liquide tiéde coule paresseusement, inondant les mains du Croque-Mitaine au fur et à mesure que les déchirures s'allongent. Au bout de longues minutes, la Bête relâche la tension et la tête du mafieux retombe mollement sur sa poitrine. D'un revers dédaigneux de la main Boogie le laisse tomber au sol. Essuyant le rouge qui le teinte jusqu'aux poignets sur la nappe immaculée, le Croque-Mitaine se plante enfin devant Jason. Regard sévère, les flammes se sont attiédies mais restent toujours vives. Un index se glisse sous le menton du Clown, le contraignant à tourner le visage pour que les iris glacés inspectent, critiques, l'étendue des dégâts.
J'hésite entre applaudir l'exploit pour nous avoir caché ça, te gifler pour le coup de sang, te tabasser pour ton état ou soupirer de soulagement de te retrouver ta carcasse en vie. commence-t-il d'une voix polaire.


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MessageSujet: Re: Triumvirat Triumvirat  Icon_minitime1Jeu 15 Aoû - 23:25

" Dettes d'Honneur "

Il a compris rapidement. À la seconde où cet unique index s’était levé Jason savait que tout ordre serait repoussé, refusé et qu’il ne devait pas prononcé un mot. En tant que maître il aurait dû empoigner son second par le col, le jeter à ses pieds et réclamer l’obéissance la plus totale mais il ne s’agissait plus d’un échange de ce type. On entrait loin, bien plus loin dans cette relation qui est la leur. C’était la bête noire sous la glace qui se dressait dans toute sa hauteur et exigeait réparation, qui réclamait, criait vengeance sans un même mot. Fureur sourde, colère aveugle eux creux des prunelles bleues qui poussait à l’attaque et écrasait sèchement raison puis logique. Dans la haine pas de demie mesure, quand l’offense est grande seul le sang paie à la suite et c’est sans plus de protestation que Lecter cède la place, reportant son attention sur le parrain drapé dans son détestable fond d’honneur. L’échange qui suit se fait en Italien, langue à laquelle le Clown n’est pas habitué et dont-il ne comprend que des bribes mais les paroles ne lui sont pas adressées et elles sont parfaitement comprises par Boogie.
L’autre pavane, ne voit rien venir mais le Clown sens le vent changer tant chaque geste est familier. L’allure, la lenteur mortelle dont le Croque Mitaine use sont autant de messages pour ses yeux habitués. La droiture du dos et la posture, la manière dont la tête se penche et cet étui de cuir. Inconscient qui ne sait pas qu’en face de lui ce n’est pas uniquement un homme de main qui se tient dans toute sa grandeur mais une bête vindicative qui s’en vient chercher réparation pour les dommages causés à l’autre.

Lecter assiste, non sans satisfaction à la suite pendant laquelle revient cette langue qu’il ne traduit pas vraiment. Pas besoin, la scène est assez parlante et tandis que le scalpel entaille les commissures le Clown lève un sourcil. C’est en général sa signature et non celle de Boogie, comme le dernier coup de pinceau de l’artiste sur une toile mais pour cette fois qu’il en use, c’est de circonstances peut-on dire. Le voyant contourner la chaise, Jason lève les yeux jusqu’à croiser les siens où la lucidité est de retour au mieux de sa forme. Le chat retombe toujours sur ses pattes et sa maîtrise légendaire mériterait quelques applaudissements. Dans le cas inverse, le Clown aurait tout bonnement explosé et à moins de tout détruire autour de lui il n’aurait pas trouvé de repos. Mobilier, corps, tout y serait passé jusqu’à l’épuisement et même là encore aurait perduré cette contrariété dévorante tellement capable d’étendre des ombres infinies dans l’esprit malade de l’anarchiste. Assieds-toi ... invitation appréciable comme pour le convier à un autre de leur spectacle et naturellement le Clown avance, prenant place en gardant le regard accroché au moindre geste de Boogie. Faire apparaître un sourire … « Hm ? Oh ça pour être ennuyeux ... » Soupire-t-il, moqueur en envoyant l’un de ses sourires diaboliques à l’homme qui aura bientôt fini de cracher ses insultes pour de bon.  L’encre noir luit d’un éclat intense, joie folle qui interdit de lâcher une seconde des yeux l’action en cours et qui arrache une longue suite de ricanements de la gorge de Lecter. « Ne vous ai-je pas dit que cette situation était … hilarante ? »

Éclat de rire fusant ; il sera toujours le seul à rire autant. La tête s’affaisse sur la poitrine, le Croque Mitaine repousse le corps qui échoue au sol. La faucheuse est passée et comme prévu … la joyeuse foire elle continue de tourner. Le rire baisse, s’achève sur un soupir amusé alors que le second se plante devant son maître, le regard réprobateur et qu’il l’oblige à relever la tête d’un doigt passé sous son menton. À l’entendre, Lecter sourit simplement et hausse les épaules sans la moindre innocence. Des détails ; seulement des détails. Alors il se lève, écartant la main de Boogie au passage et claque légèrement la langue.
« Pour ma part … j’hésite à vous descendre tout les deux d’une pour ne pas m’avoir obéit et de deux pour être intervenus quand vous n’étiez pas invités. » Pas que la fin du parrain ne lui ait pas plut bien au contraire mais c’est bien connu que Jason tient à ses mauvais coups et que s’il choisit d’être seul, il n’admet aucune intrusion.

Guère préoccupé par cette joue qui n’en finit pas de saigner et que ses rires n’ont pas aidé, Jason rallume une cigarette et en souffle longuement la fumée par le nez avant de porter un regard noir de reproches sur Boogie.  Bien sûr, il comprend leur inquiétude de l’avoir imaginé ici, seul avec la pieuvre mais le pensaient-ils stupide au point de ne rien prévoir ? C’est insultant. Légèrement offensé peut-être ? Sûrement. Et comme en chaque temps de crise l’araignée sort les crocs, prête à cracher son venin et s’éloignant volontairement de ceux qui l’entoure. Distance de sécurité, de respect imposé par le maître face à son suivant.
« Vous pensiez quoi ? Que j’allais me faire tuer si facilement ? Je ne suis pas un enfant qui a besoin qu’on surveille ses devoirs par dessus son épaule. Si  je n’avais pas été certain de ce que je faisais je ne serai pas là. Tu sais parfaitement que si je n’exige pas qu’on me suive c’est pour une bonne raison. À croire que tu n’as pas tant confiance en moi. » Toujours cette fierté qui ne tolère aucune attaque, ce besoin de voir les événements tourner uniquement dans le sens qu’il décide et elle semble alors loin cette soirée au bar, cette proximité où les mots filaient sur le ton du secret. Acerbe, c’est de l’acide qui menace d’être déversé par les lèvres déchiquetées et des flammes agressives qui ronflent dans les iris noirs. Le Clown dans sa sale splendeur qui danse d’un pied sur l’autre dans ses humeurs et dont la versatilité ne connaît aucune limite.

Mouvement las d’une main qui chasse l’air, désigne certainement la sortie ou un autre lieu et un sifflet court qui attire le chien. À son collier des lambeaux de peau encore accrochés aux pointes, ses babines noires brillent d’un sang frais et le considérant longuement Lecter tire une serviette en tissu sur la table pour l’essuyer après avoir écrasé sa cigarette à moitié consumée. « Franchement, vous me décevez. Surtout toi en fait ! Pour une fois que je prends le temps de planifier vous venez y mettre le nez. Je vais en rester à mes bombes à l’avenir, c’est plus rapide et vous n’aurez pas le temps de me déranger. »

Envie de faire volte face, de frapper mais Lecter retient les coups car il sait parfaitement de quoi le Croque Mitaine a réchappé il y a moins d’une semaine et ne tient pas à aggraver les choses. Sa langue en revanche, impossible de la garder muette et vexé, il n’accorde plus aucun regard à celui pour lequel il serait pourtant prêt à raser la ville entière. Pas de chantage affectif, pas de « je tire sur la corde pour voir » non. Le Clown est hautement mécontent et caressant de sa main gauche la tête du chien, la droite balançant le tissu sur la table il serre les dents dans un fine tentative de modérer des propos qui pourraient être franchement blessants. « Fichez le camp maintenant, rentrez on reparlera de ça plus tard. Je vais parfaitement bien ; rien de vital et je m’occuperai de ce … demi-sourire moi même. » Précise-t-il, essuyant de façon superficielle le sang qui dégouline le long de sa mâchoire. « Et estime toi heureux que je te demande seulement de partir. Je conçois un minimum que vous vous soyez inquiété … mais votre intervention pas du tout. »

Silence pesant, mauvais augure. L’adrénaline baisse, la pression retombe doucement et Lecter voit apparaître des points noirs sur son champ de vision. Quelque chose lui serre la gorge, lui retourne l’estomac jusqu’à la nausée et un frisson rampe soudain le long de son dos. Battant des paupières à plusieurs reprises dans l’idée de chasser cet espèce de fantôme qui tente de le clouer au sol, il souffle longuement et s’assoit sur le bord de la table. Maintenant il reste un problème … une chose qui ne concerne que lui.  Le sourire qu’il porte était née de sa seule main, pas d’une autre et aujourd’hui quelqu’un y a touché. En lui monte une voix, la folie susurre de réparer l’affront, de laver. Comme autrefois de … finir le travail. Il secoue la tête, se pince l’arrête du nez et grimace. Pas encore ça ; il a déjà vu ce que ça pouvait donner et ne ravagerait pas uniquement ses joues au stade où il en est. Mais à penser, à vouloir rester seul le décor s’efface, tout passe en noir et blanc et l’air n’a plus qu’une odeur de cuivre. Plus loin, un scalpel sur lequel une main se tend, des yeux soudain vides qui en observent la brillance froide et sa propre voix comme difforme qui semble surgir du passé pour dire : un sourire ça s’allonge des deux côtés. Lentement ses doigts raffermissent leur prise sur l’instrument. Tu perds la tête. Comme toujours et ça fait longtemps qu’il l’a perdu d’ailleurs. Et maintenant ?  Silence ! Qu’on le laisse, qu’on le laisse faire seul. Mais ce n’est plus comme avant mon vieux … tu n’es plus seul et ton Hydre Jason, elle a trois têtes maintenant.  

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MessageSujet: Re: Triumvirat Triumvirat  Icon_minitime1Ven 16 Aoû - 2:24



Aux rires succède un froid que le Croque-Mitaine ne renierait pas. Sempiternelle danse à plusieurs temps, à plusieurs mouvements où le Clown saute d'une attitude à une autre sans aucune transition. Les fauves ont désobéi à leur dompteur et par deux fois. La première en venant ici, la seconde en refusant de rentrer. Ils ont interrompu le petit manège sordide du Clown et s'il y a bien une chose que Lecter n'apprécie guère, ce sont ces petites pertes de contrôle sur une situation qu'il tenait fermement. Ecartant la main du Croque-Mitaine, il s'en éloigne adoptant un comportement qui n'est que trop connu pour le second. Le tyran vexé et profondément blessé qui s'apprête à faire jaillir sa frustration et sa déconvenue. Une expression déjà lasse fronce brièvement le nez de Boogie. Reste à savoir si le Clown va opter pour les poings ou pour le venin. Ca sera le venin...moins corrosif que ce à quoi il s'attendait mais la déception éprouvée et qui suinte de ses paroles l'est tout autant qu'un chapelet de reproches à ses yeux. Alors, Boogie écoute laissant la bruine acide lui tomber sur les épaules, attendant que l'averse diminue d'intensité pour pouvoir à son tour exprimer le fond de sa pensée.

Oh par pitié, me sors pas le discours du "je me débrouille très bien seul". lâche-t-il en se passant une main sur le front. T'es plus seul, Jason. Que ça te plaise ou non, t'en as hissé deux autres à ta hauteur et si on obéit à tes ordres, on a également notre mot à dire. On est pas de simples subalternes qui se contentent d'hocher la tête à chacune de tes décisions. Si c'était le cas, leur groupe n'aurait pas fait long feu. Lecter avait une tendance à faire disparaître ses séides plus rapidement qu'une épidémie de peste en plein moyen-âge. Et les rôles assumés par le Cubain et le Croque-Mitaine allaient bien au-delà des ordres à appliquer et des interdits auxquels se soumettre. S'ils s'étaient avérés veules et sans volonté propre, ils auraient finis leur carrière il y a des années dans une benne à ordures au milieu de cadavres pourrissants. Que tu sortes en solitaire, fort bien. On t'aurait laissé ta grande vendetta si tu nous en avais parlé. poursuit-il en levant les mains devant lui en un geste défaitiste. Des trois, Lecter est celui qui a le crâne le plus dur. Et parfois, il vaut mieux céder au caprice que lutter contre lui. Tu saisis? Si tu nous en avais parlé...comme d'habitude, on aurait essayé de t'en dissuader mais au final, tu aurais eu gain de cause. Sur ce coup-là, tu nous a complètement ignorés voire méprisés.

Et parce que c'est toujours ainsi que ça se passe lorsqu'une idée mauvaise traverse l'esprit du Clown, les événements de ce soir n'en étaient que plus différents. Pas de conseils logistiques de la part du Cubain, pas de recommandations du Croque-Mitaine. Leur bel aréopage qui avait toujours brillé et à qui rien ne résistait n'avait pas été convoqué. Une tête avait décidé d'oeuvrer en solo au mépris des deux autres. Et c'était l'élément le plus instable et imprévisible de ce triumvirat qui était parti seul en guerre. Seul contre tous. Le Chaos contre une organisation criminelle qui affichait plusieurs centuries de longévité sans être nullement inquiétée de quoi que ce soit. Alors oui, il y a de l'inquiétude et des scénarios catastrophiques qui se sont échafaudés tout seuls. On a pas eu confiance en toi... soupire-t-il d'une voix blasée en secouant la tête. Confiance en quoi? Tu nous a rien laissé pour te faire confiance. J'apprends il y a un peu plus d'une heure que t'es parti en donnant comme recommandation à Alonso de ne rien me dire, seul avec un chien et un petit gros dont le principal talent est d'être resté en vie si longtemps sous nos ordres, le Diable seul sait où pour exercer une vengeance avec un bras cassé sur une quinzaine de gugusses - peut-être plus - certainement armés jusqu'aux dents et ce, sur leur territoire. Dans leur repaire. Entourés de gens à leur solde. Tu trouves pas que ça sent un peu le suicide même pour la personne la plus dangereuse du monde?

Puis, Jason lui ordonne de partir avec Alonso, de le laisser seul avec son cerbère. De toutes façons, la belle représentation qu'il avait certainement orchestrée et organisée avec sagacité était terminée. Il ne restait maintenant plus que des cadavres à faire flamber ou à abandonner aux mouches. Ils reparleront de tout ça chez eux. Pour Boogie, il n'y a pas grand chose d'autre à ajouter. Pourtant, il ne se lève pas tout de suite gardant son regard trop clair posé sur le visage de Jason dont le sourire gravé à même la peau a été rouvert. Il voit les yeux sombres se troubler et le Clown s'asseoir sur le bord de la table en soufflant. Léger sursaut pour se ruer sur lui mais il se ravise. Qui prétend qu'il se débrouille si bien tout seul? Mouvement fluide lorsque le Croque-Mitaine se redresse, tournant les talons, il s'apprête à quitter la pièce peuplée par les morts.

Une main posée sur la porte, il ne parvient toutefois pas à faire un pas de plus. Les iris polaires coulent sur le côté et il a la déplaisante sensation que quelque chose ne va pas. Comme une poussière qui vient de se glisser sous sa paupière et qui lui griffe l'oeil de façon de plus en plus agaçante. Comme un acouphène qui bourdonne en continu. Pivotant lentement, il distingue la silhouette de Lecter qui ne semble pas avoir bougée et pourtant, cette détestable sensation ne se dissipe pas. Quelque chose d'insaisissable rampe dans les ténèbres et même s'il ne la voit pas, il la sent...proche. Un mouvement presque imperceptible du bras du Clown vers le bout de la table. La petite germe de folie lecterienne qui a infesté son esprit s'agite, gratte. Chuintement délicat quand tout trouve soudain une signification. L'étui de cuir oublié. Son scalpel posé sur la nappe. Ce "je vais m'occuper moi-même de ce demi-sourire" ambivalent au possible et prenant soudain un tout autre sens. Et ce geste presque imperceptible de Lecter vers ce qui a toutes les chances d'être sa propre lame. Marée noire d'angoisse qui le submerge en pensant à ce que le Clown pourrait être capable de faire pour récupérer quelque chose qui est à lui. Ce visage et ce sourire, ce sont les siens...c'est au pas de course que Boogie se retrouve face à Lecter et il a juste le temps de refermer les doigts sur un poignet qui s'élevait lentement vers son visage. La pointe de son scalpel levé vers le plafond. Bleu glacé contre un noir devenu presque absent. Tu vas parfaitement bien, n'est-ce-pas...?

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MessageSujet: Re: Triumvirat Triumvirat  Icon_minitime1Ven 16 Aoû - 5:47

" Dettes d'Honneur "

Ainsi donc, c’est uniquement un problème de non dits. S’il avait parlé, ils se seraient inclinés. S’il avait annoncé, ils ne seraient pas venus. Étrange, mais Lecter n’y croit pas une seconde. Par la même que peut-il répondre ? Comment expliquer cette raison qui l’a poussé à aller envers et contre lui même pour monter ce piège avec des méthodes qui ne sont pas les siennes ? Si Jason n’a rien dit ce n’est pas par mépris envers eux mais parce qu’il ne saisit pas lui même le fond réel de ses propres raisons. Pour des insultes, il est venu seul contre une organisation criminelle et sans s’inquiéter une seule seconde de son sort. Ça semble bancal, ça semble stupide mais à ses yeux c’était important. Parce que Boogie et Alonso ont acquis un titre et un regard différent de sa part, le Clown ne pouvait tolérer les mots autant que les gestes à leur encontre. L’avouer, c’est avouer qu’il tient à eux autrement qu’en maître, autrement que s’ils étaient de simples subalternes. En quoi dans ce cas ? Sont-ils des amis ou des frères ? Non car là même en ces termes la trahison existe mais eux, au stade où ils sont rendus ne se quitteraient plus. Trop de partages, trop de jours ensemble à se croiser et à s’opposer, à se subir pour ne pas avoir dépassé ces stades trop primaires et dans l’esprit alambiqué de Jason, s’il n’est pas en mesure de poser des mots sur cette entente il sait parfaitement que tout ce qui les touche le touche aussi désormais. « Je vous ai méprisé ? » S’offusque-t-il, lui jetant une oeillade furieuse. « A mon sens et même si ça vous dépasse, vous en parler et faire selon mon idée malgré vos recommandations aurait été bien plus méprisant. Ce qu’on ignore ne fait pas de tort. Ne me dis pas toi, que tu m’aurais laissé partir avec une tape sur l’épaule en sachant ce que je prévoyais je n’y crois pas une micro seconde ! »

Si c’était suicidaire ? Peut-être … sans doute même. Mais ne l’est-il pas ? Ce n’est pas très nouveau un tel comportement et il l’a avoué sans honte l’autre nuit en lui renvoyant cette balle pour outrepasser toutes les limites. À cela il ne peut que hausser les épaules et soupirer « Ce n’est pas comme si tu ne le savais pas ... » Plus question de changer de caractère à cet âge mais qu’ils puissent faire confiance sans penser, c’était peut-être ça qu’il attendait. Sur ce coup, ils semblent ne pas s’être compris. Tous et Lecter ne trouve dés lors plus rien de très glorieux à cette représentation aussi bien menée fut-elle. Ça laisse un goût étrange sur la langue, se mêle a la saveur rouillée de son propre sang et ça perd en symbolique.
Alors Jason chasse, rejette ses « proches » pour retrouver une solitude tyrannique qui semble plus à même de le contenter. Mensonge, énormité à laquelle lui même ne croit pas. Parce que là il réalise qu’il n’a pas agit en pur égoïste. Qu’il n’est pas venu crier vengeance pour lui même mais bien pour d’autres et c’est perturbant pour l’égocentrique qu’il est. Franchement, c’est plus facile quand on a que sa propre tête à gérer ! Surtout quand la tête en question porte le nom de Lecter et qu’elle est plus épuisante à gérer seule qu’un pénitencier entier de jeunes délinquants aux dents longues.

Mais il n’y a pas que ces questions là pour le moment. Le problème est ailleurs et il est bien plus personnel. Un sourire auquel une main a touché, quelque chose demande réparation et une araignée squelettique s’arrache à sa tombe, lambeau d’un souvenir qui tourne en boucle à la manière d’une vieille bobine de film. Les sons et les couleurs avalées, ne demeure qu’un grincement, parfum et goût de fer qui surpasse tout le reste au point que Jason ne voit pas son Croque Mitaine s’éloigner en direction de la porte, qu’il ne voit pas réellement sa propre main se refermer sur le scalpel dont l’éclat l’appelle comme un maudit chant de sirène.  Il faut sourire ! C’est tellement … hilarant cette putain d’existence ! Au fond de son crâne c’est son propre rire qui cogne et une salle de bain qui se superpose au décor actuel, un rasoir qui remplace le scalpel et un miroir brisé qui lui fait face. Bon d’une décennie en arrière durant une nuit où tout s’était achevé dans un rouge sanglant. L’instrument se lève, mouvement mécanique ordonné par le diable seul sait qu’elle décision et  … Retour au présent, l’encre noire se lève lentement et percute le bleu glacé sans réaliser ce qui se passe autour sur l’instant. Moment de flottement bourré d’incertitudes où les rouages vont d’avant en arrière sans plus retrouver leur rythme de croisière. La bête d’écaille se fige, comme prise au piège dans une cellule inconnue et sans aucun repère, elle tourne en rond et se cogne à chaque murs, chancelle et secoue sauvagement la tête. Non ça ne va pas. Ou ça va trop bien ? Ce geste … c’est tout lui. Pourquoi vient-il l’arrêter ? Toujours ce vide, ce noir sans éclat sinon une flamme grisâtre qui semble venue d’ailleurs et il reprend sèchement sa main pendant que la bouche saignante grince, la voix éraillée et plus détestable à l’oreille qu’un couteau raclant le fond d’une assiette. « Ne m’approche pas … Et sors d’ici. »

Pas qui se font entendre, font dresser les oreilles du cerbère qui se redresse de toute sa hauteur mais ravale ses grognements à la réapparition d’Alonso. Habitué, le géant change rapidement le chargeur de son arme sans y poser un regard et la range à sa ceinture. Son attention va directement à Lecter et Boogie, un sourcil levé de manière interrogative. Coup d’oeil à ce qui reste du parrain ; il hausse les épaules. Il se fout bien de la manière dont celui-là a fini et approche à pas lents de ses compères. « Plus âmes qui vivent. Les serveurs s’étaient barrés à l’arrière à minuit pile selon tes ordres … des gens de ma connaissance d’ailleurs. Sérieusement Jason, tu pouvais pas nous en parler non ? » Grommelle le Cubain, repoussant ses cheveux en arrière. « Enfin, j’ai envie de t’étriper pour ce coup c’est vrai mais en même temps t’avais bien préparé ça alors tu ... » « Dégagez. »

S’il pensait avoir entendu jusqu’à la plus tordue des intonations de Jason le Cubain se fige sur place, dévisageant son patron comme s’il avait affaire à un parfait étranger. Où est-il le Clown rieur, moqueur qui devrait roucouler ses conneries en les raillant concernant leur trop grand sérieux ? Où est-il passé le Jason qui affiche sans cesse cet air jovial et inconscient ? Cette expression si vide … ce n’est pas lui ça. « Foutez le camp d’ici tout de suite ! » Hurlement suraiguë qui fait bondir le chien et dans un geste de pur réflexe le Cubain referme une main dans le dos de la veste du Croque Mitaine pour l’éloigner du scalpel qui dans le même temps fend l’air d’un mouvement serpentaire mais qui -par chance- ne blesse personne.
« Putain mais t’es complètement dingue Jason ou quoi !? » Beugle aussitôt Alonso en réponse. Que Lecter s’emporte oui, mais de là à brandir une arme si directement contre eux c’est du délire comme ils n’en ont jamais vu.  
« Dingue ? Pfu ! Parce que je ne le suis pas d’habitude ? » Phrase qui s’échappe, entrecoupée de rires crissants et de syllabes tantôt allongées, tantôt précipités rendant le tout immonde. L’hilarité qui suit tord pratiquement le tyran en deux et le titan sent ses poings se serrer. De colère non … même pas. C’est autre chose ; ça rampe comme une invasion de sauterelles, ça bourdonne dans l’air de manière assourdissante et étend des ombres gigantesques à glacer le sang dans les veines du commun des mortels. C’est donc ça la folie alors ? Le pire du pire en Lecter et son extrême ? La démence pure sous cette joie noire. Voilà de quoi Boogie et le Cubain l’écartent depuis leur arrivée, en mettant un frein à ses élans dévastateurs c’est de lui même qu’ils le protègent …
Pas question d‘attendre la chute, de laisser faire. Lecter dira, fera ce qu’il veut Alonso assumera les conséquences mais ce spectacle là, cette auto-mutilation à laquelle le Clown pense n’aura pas lieu tant qu’ils seront vivants. Deux enjambés en direction de son maître qui réalise trop tard la présence du Cubain pour esquiver le coude qui s’abat rudement sur sa nuque et l’assomme sur le coup. Le corps part en avant, retenu par un seul bras du géant qui pousse aussitôt un lourd soupir avant de lever les yeux vers Boogie. « Il va pas aimer mais je m’en contre fous. Pour maintenant autant le ramener et on verra après. »

Sans aucun mal, Alonso soulève Lecter et l’emporte jusqu’à l’extérieur où il ordonne à Bob d’ouvrir le pick-up afin de déposer leur patron sur le siège passager pendant que le chien prend rapidement place à l’arrière. Cela fait, il s’écarte et récupère ses clefs qu’il tend à Boogie. « Tu devrais être tranquille avec lui au moins une bonne heure, sinon au pire attache le à son lit ou drogue le. Je vais m’occuper du cadavre de l’autre avec Bob, il mérite pas un enterrement en grandes pompes. »
Le calme revient toujours après la tempête mais celle là était différente, moins habituelle. Cet état leur était jusque ici inconnu, datant de bien avant eux et franchement, le géant ne pensait pas en être témoin un jour. Il pensait avoir tout vu … La suite, il aimerait la gérer avec le Croque Mitaine mais sa voix tomberait dans le vide. Après une crise il n’y a qu’une seule personne au monde pour apaiser les flammes de la bête folle et le Cubain sait bien qu’il ne s’agit pas de lui. Aucun atome crochu avec Boogie, chien et chat en tout temps mais rangeant sa fierté, il lui pose une main sur l’épaule et soupire. « Je sais que tu pourras gérer son réveil … la suite c’est votre monde et ça me dépasse. Par contre, sois entier quand je reviens sinon je te jure que je lui brise l’autre bras et les deux jambes et là il se tiendra tranquille … enfin peut-être. Avec lui j’me méfie. »    

Hélant le jeune tout en s’éloignant, Alonso rejoint le restaurant en laissant Jason entre les seules mains capables de venir à bout de ses foutus délires. En un sens, ça n’a certainement pas plut à Jason de les voir débarquer mais s’ils ne l’avaient pas fait … dans quel état leur serait-il revenu ? Secouant férocement la tête le Cubain préfère chasser cette vision de cauchemar et jette un dernier regard par dessus son épaule pour voir le véhicule s’éloigner. Heureusement, pour cette fois ils sont arrivés à temps.     

© Jason L.

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MessageSujet: Re: Triumvirat Triumvirat  Icon_minitime1Ven 16 Aoû - 15:40



Même si le but de cette vendetta était noble ou louable et loin d'être un acte de pur égoïsme, partir seul au mépris de tout conséquence l'était pour Boogie. Toujours cette notion de responsabilité du dresseur de fauve à l'égard de sa ménagerie, car si le Clown se fichait éperdument des répercussions de ses actions et que perdre la vie dans son entreprise était aussi inquiétant que de se casser un ongle, c'était loin d'être le cas du Croque-Mitaine ou même d'Alonso. Ce n'était pas le leader que Boogie était en train de rudoyer mais le proche. Un chef, ça se remplace mais un ami...des liens tissés durant dix années, une fois perdus ou déchirés, ne se renouent pas. Le Croque-Mitaine l'avait déjà dit, sous-entendu. Lecter est certainement son seul ami, le seul autre être humain à qui il a daigné s'enchaîner. Après lui, il n'y aurait plus personne et il en était aussi dépendant qu'un junkie à sa came. Les fauves s'étaient rués sur la piste de leur dompteur, pas pour gâcher sa fête mais bel et bien pour s'assurer qu'il était toujours en vie. Quand on dresse des animaux à l'attaque ou pour se défendre, il faut s'attendre au déclenchement de rouages que l'on a soigneusement montés. Même si l'agression est légère, même si on peut s'en sortir, la bête montrera toujours les dents et sautera à la gorge du premier qui ose bousculer son maître.
Les doigts serrés sur le poignet de Lecter, on n'ôtera pas de l'esprit de Boogie qu'ils ont bien fait de débarquer de nulle part. Jason a admirablement bien géré son spectacle, l'a soigneusement répété pour pouvoir s'offrir une représentation parfaite de bout en bout mais c'est un rideau rongé par les mites et empestant le moisi qui tombe sur la scène. Les iris polaires ne voient ni la Bête familière ni le Clown flamboyant au fond des pupilles noires. Juste un paysage de cendres froides, inconnu et vide, replié sur lui-même et inaccessible. D'un geste sec, Lecter s'arrache à l'étau du Croque-Mitaine et c'est une voix tout aussi inconnue que ce regard qui semble ne rien voir qui s'échappe de sa gorge. Exhortation sèche et cinglante à s'éloigner qui laisse le second un bref instant interloqué. Mouvement sur sa gauche et le Cubain fait son entrée dans un cliquetis d'arme à feu que l'on remonte, nonchalant quand au spectacle offert et râlant quand à cette estocade portée à la mafia et faite dans le silence. Mais le Clown répond par la même injonction avec cette même voix grinçante, rouillée, faisant vibrer presque douloureusement les tympans. Hurlement strident qui fige les deux bêtes et en fait sursauter une autre. La tête de Boogie se tourne presque de façon mécanique dans la direction du Cubain, expression de stupeur sur ses traits, les iris bleus n'ont pas le temps de croiser les verdâtres. Tiré en arrière brusquement, le dos du Croque-Mitaine percute le titan avant de voir sa lame faucher l'air qu'il occupait il y a encore une seconde. Rugissement du colosse et le Clown face à eux perd toute sa drôlerie délicieusement décalée.

La chose qui rampait dans les ténèbres, avide et affamée, invisible mais bien là, et que Boogie avait senti, ce relent aigre à donner la nausée, se répand à la surface de la peau de Lecter comme une cape infâme. Enroulant ses spires noires, elle s'infiltre dans les pores, possédant le Clown, tordant presque ses os, modulant sa voix à s'en briser les cordes vocales. Ricanement de hyène, élocution à peine compréhensible, la quintessence de la folie de Lecter n'est pas agréable à voir et encore moins à entendre. Voilà la chose contre laquelle ils forment un rempart, cette pulsion grisâtre à laquelle ils s'opposent depuis qu'ils font partie de la vie du Clown. Boogie lève les yeux sur le visage d'Alonso, inutile de lui demander de briser la possession à laquelle ils assistent, le titan s'est déjà mis en branle. Ils ne vont pas laisser leur maître s'immoler dans cette flamme grise. Un unique coup de coude sur la nuque et le Clown s'effondre sur un avant-bras. Poupée inerte. Bref échange de regard entre les deux fauves. Non, il ne va pas apprécier du tout. Mais il n'y avait que ça à faire. répond d'une voix blanche le Croque-Mitaine tandis que le colosse hisse la carcasse de Lecter sur une de ses épaules. Maigre consolation et maigre argumentaire qu'il rumine et rumine encore...il n'y avait que ça à faire. Se baissant pour ramasser le scalpel, Boogie le range rapidement dans son étui avant de le glisser dans une poche et d'emboîter le pas au titan. Etrange procession silencieuse des trois fauves les mieux apprivoisés de toute la meute de Lecter qui ont été incapables de reconnaître leur maître il y a quelques minutes à peine. Ils débouchent à l'extérieur sous le regard ahuri d'un petit bedonnant qui s'écarte pour les laisser passer, Alonso dépose Jason sur le siège passager du pick-up laissant les clés au Croque-Mitaine. Qu'ils rentrent, la suite lui est étrangère. La pogne du cubain se pose sur son épaule. Ils n'ont jamais eu d'atomes crochus affichant tout au mieux une forme de mépris poli et courtois l'un envers l'autre. Mais voir la folie du Clown jaillir tel un geyser incontrôlable de la sorte a remué quelque chose en eux en plus de les marquer de façon identique. Première fois qu'ils agissent non plus comme des rivaux mais comme des associés. Première fois que le Chien fait une promesse au Chat. Première fois que le Croque-Mitaine adresse un sourire non dénué de moquerie au cubain. Ca va aller... soupire-t-il d'un ton presque confiant. Mais ne traînes pas. On ne sait jamais.

...

Une heure peut-être plus avait prédit le cubain. Dans tous les cas, Boogie avait renoncé à droguer ou à attacher le Clown - bien que l'idée l'ai plus qu'effleurée - inutile de jeter de l'huile sur le feu. Par pure précaution, il gardait toutefois une seringue chargée d'un anesthésiant à endormir un éléphant enragé à portée de main. Il avait aussi pris le temps de soigner la cicatrice rouverte, réussissant il ignorait encore comment à rapprocher les lèvres de la plaie de telle façon que la balafre garderait l'aspect qu'ils connaissaient tous. Il n'avait pas déposé Lecter dans ses quartiers non plus. Ignorant de quelle façon allait se passer le réveil, le Croque-Mitaine avait opté pour l'amener dans ses propres appartements où l'ordre strict régnait et où aucune pile bancale ne cachait une arme. Assis dans un fauteuil profond à quelques mètres du lit où gisait le Clown, il attendait simplement, un livre à la main levant les yeux à chaque alinéa sur le visage de l'inconscient. Froissement des draps...la voix de Boogie s'élève froide et basse, détachée et presque monocorde. Ne hurles pas ou tu vas ruiner le travail d'orfèvre que j'ai effectué sur ta joue. Tu seras aussi beau qu'hier. Un visage inaltéré...à condition que tu n'ouvres pas grand la bouche dans les trois jours qui vont suivre. Inaltéré physiquement, précision acide car ce qu'il se passe sous les cheveux verts est maintenant de l'ordre de l'imprévisible. Sans lever le nez de son livre, il poursuit tournant une page. Non, tu n'es pas dans tes appartements. J'ai préféré rester ici, en territoire connu, pour éviter d'avoir à esquiver un coup de scalpel ou de n'importe quoi d'autre planqué dans ton chaos. Lecter avait déjà tenté de le tuer, la dernière fois remontant à quelques mois, mais jamais avec cette expression vide. Par colère, par frustration ou par possessivité, mais ça restait le Clown, reconnaissable, même dans la fureur la plus noire. Bon sang, il allait lui falloir du temps pour que cette image s'estompe...si elle s'estompait un jour. Et cette foutue voix de crécelle vomie d'un gosier plein de rouille également. C'est un regard pâle et méfiant, ceint de glace, qui croise les iris sombres. Glissant un doigt entre deux pages, le Croque-Mitaine pose soigneusement le livre sur ses genoux, l'air d'attendre quelque chose, de demander "Et maintenant?" Si tu veux parler, c'est le moment parce que j'ai une furieuse envie de partir m'isoler quelque part. Au calme. Ravaler cette soirée à défaut de parvenir à la digérer.

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MessageSujet: Re: Triumvirat Triumvirat  Icon_minitime1Ven 16 Aoû - 18:07

" Dettes d'Honneur "

Fumée noire, brouillard épais qui s’est abattu sans aucune annonce et a dévoilé un visage jusqu’ici inconnu. Soigneusement Lecter gardait cette apparence qu’il était le dernier à connaître car de ça personne ne réchappait jamais. Sa dernière victime en date avait finit démembrée, écorchée et pire encore sous ses mains, ça datait et aucune occasion n’avait rappelé ces spectres depuis. Sans l’intervention d’Alonso, nul doute que Jason se serait finalement jeté sur eux, aveuglé par un envie de meurtre incontrôlable.
L’inconscience de Clown leur permet de le transporter mais ce faux sommeil n’est peuplé que de visages difformes, de rires, de couleurs saturées jusqu’à l’écoeurement. Comme errant en plein mauvais trip Lecter voit apparaître des situations étranges et a cette impression détestable qu’une main griffue demeure crochetée à sa cheville pour l’entraîner toujours plus loin dans un bouillon d’acide qui lui grignote autant le corps que l’esprit. Combien de temps à voyager dans ses cauchemars et ses rêves ? Il ne sait pas et peine à en sortir si bien que son réveil lui même est un véritable effort. Obliger ses paupières à se soulever, relever le rideau sur le regard d’encre et observer devant. D’abord un flou compact, comme si sa vision avait baissé d’un seul coup et que tout était soudain liquide autour. Impression de nager en plein marécage.

Péniblement, il roule sur le côté et plaque aussitôt une main à l’arrière de sa tête quand un pic de douleur vrille autant son cou que sa boite crânienne. Bon sang quelle brute ce Cubain. À peine audible, une voix se fraie un chemin à travers ses oreilles, reconnaissable entre toutes. Travail d’orfèvre sur sa joue, ne pas hurler et il devrait être aussi beau qu’hier. Sur le moment rien n’a de sens précis et Jason conserve les yeux résolument fermés pour tenter de chasser cette impression de bourdonnement qui cogne derrière ses tempes. Ouvrant un seul œil et à moitié le Clown réalise sa place et que le décor n’est pas celui de son antre. Celle du Croque Mitaine, précise celui-ci, afin d’éviter qu’une arme rejoigne trop vite la main du balafré. Seconde paupière qui s’ouvre, les orbes noirs voltigent autour jusqu’à croiser le bleu glacé. S’il pose des question, la bête ne parvient pas à les entendre, c’est indéchiffrable pour le moment car Jason n’arrive pas encore à assembler ses idées. Les rouages sont bloqués et impossible de les relancer actuellement. Au ralenti, il se redresse et parvient -non sans peine- à appuyer son dos contre la tête du lit. S’il ouvre la bouche pour parler, c’est seulement une toux sèche qui s’échappe, un goût de sang séché qui lui colle au palais et la sensation que ses poumons se décollent avec la furieuse envie de s’évader de sa poitrine.
Une minute, deux peut-être qui semblent interminables jusqu’à ce qu’un filet de voix parvienne à sortir, tremblant, cassé mais qui au moins n’a plus cette intonation folle. « Putain j’ai l’impression d’avoir un troupeau de buffles qui galopent à la place du cerveau ... » Réflexion surtout adressé à lui même avant de porter les doigts à sa joue. Aucun doute, Boogie aura fait ça bien mais déjà, savoir que c’est encore quelqu’un d’autre qui a touché son cher sourire ravive cette flammèche grise qui agresse la bête à peine arraché à sa marée noire. Une bouche immense et grimaçante articule un : recommence, c’est TON œuvre pas la leur, reprend la !  

Pas encore ; non pas maintenant, pas question. Prestement, Lecter s’arrache au lit comme si le contact des draps venait de le brûler au troisième degrés et pivotant, il lève une main avant de lâcher d’un ton impérieux. « Ne bouge pas ! Surtout … Reste là, ne te lève pas ! » Sa voix est montée d’un octave mais reste plus ou moins maîtrisée. Jason n’ordonne pas. Il demande, que Boogie ne tente rien contre lui maintenant car il serait capable de le prendre en pure agression et réagir au quart de tour.  
Embrassant la pièce du regard, il voit les couleurs s’estomper peu à peu. D’ordinaire il ne rejette pas la folie, chère amie de longue date, maîtresse de ses nuits les plus cauchemardesque mais cette fois, s’il lui cède il ira loin, trop loin pour en revenir. La joie sera hystérique, la colère deviendra furie et la torture sera pure barbarie ; des extrêmes qui auront la peaux des autres et le laisseront seul au milieu des cadavres car il déverserait le tout sans transition. Sur son visage la balafre tiraille autant que si elle venait de prendre vie et réclamait une quelconque justice. Lecter avait prévenu un jour ; dans la clairière il avait dit à Boogie : Crois moi tu n’as pas idée de la proportion que ça pourrait prendre. Tu ne sais pas encore ce qu’il en coûte de vouloir me déposséder. Maintenant il sait, il voit et ça pourrait être sa dernière vision. Le tuer lui ?  Et après ? Une fois la gorgone nommée folie rassasiée, quand Jason devrait contempler son massacre supporterait-il la vision du Croque Mitaine mort sous sa propre main ? Réponse évidente et tellement vive. Non il ne pourrait pas.                      

En opposition totales ses pensées se fracassent les unes contre les autres et pour la première fois la bête d’écailles se dresse, gronde et enrage contre la folie qui tente de poser la main sur sa nuque. Le rouge tombe, envahi le noir et blanc. Pas cette fois non ; cette page là ne sera pas écrite dans son propre sang. Volte face de la bête qui approche nerveusement le fauteuil, récupère le livre pour l’envoyer sur le lit derrière avant de refermer les doigts sur le poignet du Croque Mitaine pour lui faire enfin quitter sa place.
Gronde flamme grise, enrage folie, lacère donc si ça te chante … le rouge sanglant n’aura pas le dernier mot tant que le bleu happera le noir. L’encre vacille, pleine de remous mais elle s’accroche désespérément à la glace d’hiver. Aide-moi, soupire la bête, ramène moi, ne m’abandonne pas. Hésitante, une main se glisse contre le cou du chat, effleure sa joue du bout des ongles. L’écarlate a beau tout envahir il ne masque pas les iris bleus devenus dernier repère, dernier rempart auquel Jason s’agrippe malgré ces mains invisibles qui cherchent à l’en éloigner. Murmure las, épuisé du Clown qui lutte contre lui même et d’une bête qui gémit, appelle à l’aide car elle se sent acculée. « Je … ça ne va pas ; je crois … »

Les jambes cèdent, l’obligent à s’asseoir au pied du lit et une migraine fulgurante, fiévreuse laisse à Lecter cette impression que sa tête est coincée entre un marteau et son enclume. Dur de chasser la folie quand on l’enlace depuis tant d’années, dur de résister à ses chants guerriers et déchirement intérieur de repousser celle qu’il considéra par trop de fois comme son unique alliée. Mais il n’est plus seul. Plus maintenant. Lentement Jason remonte les genoux contre sa poitrine et les entoure de ses bras, tête basse. Et le Chaos murmure à la bête, explique à son enfant chéri : Tu vois maintenant ? Tu es ton seul ennemi ...    
   

© Jason L.

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MessageSujet: Re: Triumvirat Triumvirat  Icon_minitime1Ven 16 Aoû - 22:21



Lecter émerge difficilement de sa léthargie et ça ne doit pas être du uniquement au coup puissant d'Alonso. Les yeux noirs ne semblent pas encore s'être fixés dans la réalité et balancent entre des visions de cauchemar que le Croque-Mitaine devine éclatées et sans queue ni tête, kaléidoscope qui ronge les rétines et l'atmosphère sereine qui règne dans ses quartiers presque dépouillés. Le Clown se redresse sur son lit comme s'il évoluait dans une matière visqueuse ralentissant le moindre de ses gestes. Durant une ou deux minutes, aucune communication, aucun échange possible et Boogie se contente de rester assis attendant un signe qui lui permettrait d'approcher de la Bête sans risquer le coup de croc. S'il a toujours la Bête face à lui et pas l'être de cendres, celui-là même qui a bien failli faucher sa vie si le Cubain n'avait pas été là...
Voix éraillée et souffreteuse qui s'échappe des lèvres de Jason. Phrase qui ne s'adresse à personne en particulier. Sa banalité aurait de quoi rassurer mais le Clown rejette soudain vivement les draps. le Croque-Mitaine se soulève légèrement de son fauteuil, mains posées sur les accoudoirs prêt à s'élancer à la rencontre de son maître mais un geste impérieux du poignet ainsi qu'une demande qui tient plus de l'avertissement qu'autre chose, stoppe son élan, lui conseille de rester où il est et de ne plus bouger. Quatrième fois en deux heures qu'on réclame de sa part l'éloignement. L'intonation n'est pas celle de l'être de cendres qu'il a pu entendre dans le restaurant et même si la voix a grimpé d'un octave c'est bel et bien celle qu'il connait.
Fronçant légèrement les sourcils, son regard polaire rivé à ces yeux noirs presque hallucinés, le Croque-Mitaine reprend sa position assise, s'enfonçant dans le fauteuil avec l'impression d'être un chrétien qu'on vient de jeter dans la fosse aux lions et qui fait face au prédateur qu'un rien peut faire bondir toutes griffes sorties. Une goutte de sueur froide dévale le long de son dos et il se souvient des paroles émises dans son sanctuaire, la nuit où les choses ont commencé à se tordre entre le second et son maître. Bref retour en arrière sur un avertissement dont il était loin d'imaginer la teneur réelle. Et lui qui parlait toujours de répercussions et d'effet papillon...comment aurait-il pu envisager un truc pareil? Ca tenait presque plus de la possession démoniaque que du simple dérangement. Le typhon est passé, a été étouffé par un coup de coude anguleux mais l'avis de tempête est toujours valable. Et seul le Clown peut définitivement l'éloigner.

Le Croque-Mitaine assiste à la lutte qui a lieu dans le crâne de Lecter et, frustration terrible, il ne peut rien faire pour l'aider à s'en sortir. Le conflit intérieur est âpre et il est incapable de faire pencher la balance en faveur de Jason Lecter tel qu'il le connaît. Il ne peut qu'espérer que le fou furieux perde. Bien qu'il ai veillé à ce qu'aucune arme ne se trouve dans la pièce, n'importe quel objet peut devenir, entre les mains de l'être de cendres, létal. Et comme lorsqu'il se trouvait au milieu des forêts peuplées de prédateurs, le Croque-Mitaine sent l'insignifiance de sa vie humaine...fragile, si fragile petit cocon de chair. Attendre. Boogie est un être par nature patient mais ce qui touche directement ou indirectement Lecter a le don unique de balayer cette habitude bien ancrée. La voix douce de la raison lui conseille d'obéir, il ne peut rien faire pour l'instant à part observer et patienter. Sois un phare pour le moment, lui chuchote-t-elle, quelque chose de bien réel à quoi se raccrocher. Laisses venir, tu n'es pas sur ce champ de bataille.
Et il laisse venir.
Pas à pas, Jason raccourcit la distance qui les sépare et les iris pâles se lèvent au fur et à mesure que la Bête perdue avance. Des doigts se referment sur la couverture de son livre, qui s'envole au loin par-dessus une épaule, avant de lui saisir le poignet. Paume tiède et moite dont il sent contre sa peau les infimes tremblements. Lecter tire doucement, lui faisant lever le bras et fluide, le Croque-Mitaine abandonne son fauteuil. C'est presque avec désespoir que les iris noirs s'accrochent au bleu, comme si se détourner de ces derniers annoncerait la fin de la lutte qu'est en train de perdre le Clown. Une main glisse dans le cou de Boogie, tremblante mais sans avoir envie pour l'instant de le lui tordre ou de le briser. Des ongles effleurent sa joue sans le griffer ou le défigurer. La Bête blessée gémit et réclame de l'aide. Egarée au milieu d'un paysage gris, terne et cendreux, seule.

Ultime appel à l'aide. Ca ne va pas. Contre le Croque-Mitaine, Lecter glisse jusqu'à tomber au sol, dos contre le bord du lit, recroquevillé en position foetale. Genoux sous le menton et bras entourant ses jambes. Les yeux pâles se baissent sur la forme roulée en boule et doucement, il se baisse jusqu'au niveau du Clown. Le bleu croise le noir qui semble loin. Si loin. Perdu au-delà d'un tourbillon sombre où luit encore un éclat grisâtre. Pas empathique le Croque-Mitaine? Pourtant, c'est un déchirement presque physique de voir Lecter aussi paumé et abattu. Légère, sa main se pose sur celles nouées devant les genoux. C'est complètement idiot mais il ne peut rien dire d'autre. Quoi qu'il se passe dans la tête de Jason, s'il y a une chose dont il peut avoir la certitude c'est que la Bête noire ne s'en ira jamais. Je suis là. murmure à peine audible d'un Chat qui délaisse la glace derrière laquelle il se trouvait encore il y a quelques minutes. Restant accroupi, il allonge la jambe pour pivoter et s'asseoir lentement à la droite de la Bête égarée. Il pose une main sur l'omoplate du Clown. Attend quelques secondes avant de la glisser en travers de son dos jusqu'à se refermer sur l'épaule droite. Comme on opère avec un animal méfiant et dangereux, les gestes du Croque-Mitaine se font lents et précautionneux, réfrènant sa propre Bête qui trépigne d'impatience, la laissant filer pas à pas, sans précipitation, centimètre par centimètre, au rythme de la mélopée susurrée par la raison. Je suis là. répète-t-il tout en attirant avec douceur Jason contre lui. Qu'il se tourne soudain vers lui pour lui déchirer la gorge avec les dents, il s'en fiche. Boogie a juré, promis qu'il ne partirait jamais.

Jason
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MessageSujet: Re: Triumvirat Triumvirat  Icon_minitime1Sam 17 Aoû - 0:04

" Dettes d'Honneur "

Non ça ne va pas, ça ne pouvait pas aller. Pas faute de l’avoir dit, d’avoir prévenu mais comment songer qu’en Lecter il puisse y avoir pire que ce qu’il montre lors de ses colères ? Déjà là il tue pour des broutilles prenant à ses yeux des proportions énormes mais ça … c’est autre chose et ça dépasse le costume du Clown qui se drape de dés lors des apparats les plus diaboliques, qui dérobe sa faux à la mort et les têtes doivent seulement tomber au risque que cet état ne trouve aucune fin. Alors il s’accroche, cherche un seul et unique fil auquel se tenir à deux mains. Le seul auquel Lecter fait confiance est là, infime mais d’une solidité qui n’est plus à prouver, le leur. Leur attachement maladif, tordu qui a essuyé tant de tempêtes mais qui en est toujours revenu, plus fort et plus résistant. La bête peine pourtant. Elle voit le tissage arachnéen, elle le voit luire dans le noir mais difficiles sont ses pas dans la vase qui lui colle à la peau et cherche à la coller au sol.

Cloué, écroulé c’est un Jason désorienté qui se recroqueville comme une araignée apeurée avant qu’une botte l’écrase, qui ne sait plus par quel bout se prendre lui même et qui malgré tout n’ose pas appeler réellement à l’aide de vive voix. Relent de fierté qui survit à la chose comme il peut mais en face la bête de soie noire comprend. Le serpent a sifflé, a gémit et l’oreille du chat a su y lire une détresse sans précédant. Face au Clown le Croque Mitaine s’accroupit doucement, croise son regard et le bleu retrouve sa capacité hypnotique, cette force unique capable d’apaiser les flammes mêmes les plus virulentes. Une main sur les siennes, Jason sursaute légèrement tant chaque nerfs est réceptif mais la souplesse du geste ne le rend pas agressif, il ne force pas et Lecter écoute, reçoit ce « je suis là » qui percute de plein fouet le fantôme de cendres qui s’agite en lui. L’approche qui suit est habile et tellement digne du félin. Pas de glace solide, c’est l’eau qui ondule et enveloppe, qui nettoie le décor maculé et dilue peu à peu le rouge envahissant. Une main contre son dos, tressaillement réflexe et la respiration s’accélère. S’il était seul Jason n’aurait pas cherché à repousser la folie qu’il connaît si bien, mais ce soir l’hideuse gorgone réclame le sang de ceux que Lecter a choisi d’élever à ses côtés et eux, elle ne les aura pas. S’ils doivent périr sous sa main, ce ne sera pas parce que cette bouche démente l’aura ordonné mais bien parce que le maître de foire le décidera pour des raisons qui le concerne.

Je suis là. Mélodie qui trouve enfin échos en la créature d’écailles qui relève la tête, croise les iris familiers avant d’être happée, enlacée par celle au pelage noir. La raideur installée en Jason refuse de s’atténuer mais cette chère proximité ravive quelque chose, arrache de la poussière grisâtre des souvenirs qui semblaient perdus. Une journée à huis clos dans un bar fermé, une chambre, des secrets murmurés du bout des lèvres et un corps à corps des bêtes qui a de quoi faire vaciller la folle furieuse qui commence à grogner face à son combat qui s’annonce d’ors et déjà perdu.
Un soupir tremblant file entre les dents de Jason qui commence enfin à retrouver le contrôle de ses membres. Ignorant la douleur sourde de sa migraine, le Clown pivote et retrouve cette souplesse désarticulée qui n’appartient qu’à lui pour se redresser et passer une jambe par dessus celles du Croque Mitaine, lui faisant face, enfin. Genoux à terre, il pose une main sur le bord du lit pour s’y appuyer, se pencher lentement et enfouir son visage dans le creux de son cou. Mais pas de crocs pour mordre, pas de griffes pour déchirer la peau et pas d’acide aux bord des lèvres. Le Clown se réapproprie pas à pas son costume et retrouve ses élans, ces manières impudiques jusqu’à ce baiser qui rampe le long d’une gorge qu’il connaît sous toutes les coutures. Sifflement, ronronnement paisible de la bête qui retrouve enfin sa jumelle et se love contre sa fourrure, y plonge le nez pour s’enivrer de son parfum qui à lui seul suffit pour rallumer des braises chaudes.

Il était horrible le diable sur sa scène ce soir, choquant mais rien ne dure dans l’univers Lecter. Il suffit d’un déclic pour que le Clown reprenne sa foire en main, campe à nouveau sur ses positions. Ce fut certainement plus dur qu’à l’accoutumé, plus pénible que les autres fois de s’extirper de ça mais derrière Jason deux autres têtes se sont opposées sauvagement d’abord, finement ensuite à la créature de cendres qui s’effrite et s’écroule sur elle même pour enfin relâcher sa proie sans pouvoir rien y faire.
Presque tendres, les bras s’enroulent autour du Croque Mitaine et la voix reprend ses notes connues, ses accords légers même s’ils sont un rien cassés dans ce murmure à son oreille. « Tellement irrésistible Boogie  que même la voix la plus folle ne saurait être plus séduisante. » Soulagement à peine déguisé dans un rire court, étreinte un brin incertaine, un peu troublée encore mais Jason Lecter est rentré. Toujours là, éternellement dévoué et présent contre vents et marrées son fidèle second, son premier ami, son dernier refuge. Le piège ultime qui aura cette fois repoussé son assaillant le plus vil. « Ne t’avais-je pas dit que pour un seul de tes regards j’abandonnerai tout y compris le pire de moi même ? »      

© Jason L.

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MessageSujet: Re: Triumvirat Triumvirat  Icon_minitime1Sam 17 Aoû - 13:35



Territoire inconnu dont on foule le sol cendreux avec précaution par crainte de déclencher un glissement de terrain qui peut être fatal, Boogie s'y avance avec prudence mais avec résolution. Qu'ils soient deux, trois ou vingt dans le crâne de Lecter, il sait que le Clown est là quelque part et si c'est le fou furieux qui doit se dresser devant lui, le Croque-Mitaine gardera les yeux rivés dessus, il ne tournera pas les talons et ne se détournera pas de son objectif. Il doit montrer le chemin du retour à la Bête égarée qui se bat contre cet assaillant. Une flammèche bleue vacillante ou une mélodie légère d'antique boîte à musique que seul Lecter peut entendre et comprendre, faire vibrer cette corde fine qui les relie l'un à l'autre. Revenir dans ce monde de bleu et de noir. Et bien qu'il n'ai toujours pas l'assurance de qui va remporter la bataille - être de cendres ou le Clown - Boogie étreint doucement le corps recroquevillé contre le sien. Que ce contact, cette proximité soudaine après quatre injonctions à ne plus l'être lève un vent suffisamment fort pour balayer la couche de cendres et de poussière qui recouvrent les souvenirs et qui les masquent à la vue du Clown. Qu'il se souvienne. Qu'il revienne. Le Chat se plaît à dire qu'il mène les âmes au purgatoire, créature psychopompe restant près des agonisants jusqu'à leur grand départ, accompagnateur privilégié des ultimes instants. Aujourd'hui, c'est le chemin inverse qu'il prend en espérant guider une âme noire égarée et ne pas être suivi par le feu grisâtre.

Je suis là et le serais toujours. Bien que les images d'un Jason en proie à une crise de démence plus aigue que tout ce qu'il a pu voir et affronter sont toujours aussi nettes et précises, le Croque-Mitaine ne peut les retenir sur une ardoise quelconque. Lecter a brandi une arme contre lui et sans Alonso, il serait certainement réduit à l'état de petit tas de viande sanglant pourtant le Croque-Mitaine trouve tout seul la plaidoirie en faveur du Clown; se faisant à la fois victime, avocat de lla défense et juge. La crise fut exceptionnelle mais comme toutes les précédentes, on passera au-dessus, on avancera. L'envie de partir se murer dans la solitude pour tenter de digérer ce nouveau chapitre se dissout lentement. Pas de rancune et pas plus de pardon car le Croque-Mitaine est incapable d'émettre le moindre grief à l'égard de Lecter.

Un soupir tremblant s'échappe des lèvres de Jason, retour fébrile dans le réel, et Boogie resserre son étreinte, abandonnant son rôle de guide pour redevenir celui du second, de l'ami, de celui qui n'a jamais failli en dix années. Il suffit que Lecter esquisse un mouvement pour que le Croque-Mitaine ai l'entière certitude que ce n'est pas le spectre de cendres qu'il a ramené. Avec cette souplesse de contorsionniste, le Clown s'agenouille sur les jambes du Chat, se penche jusqu'au creux de son épaule pour y enfouir son visage. Les iris pâles peuvent enfin disparaître derrière le rideau de cils noirs, ils n'ont plus besoin d'appeler la Bête par-delà le seuil de la folie, de l'arracher à ce monde gris et hermétique où il n'est qu'un intrus, un ennemi à déchiqueter. Profonde expiration de soulagement alors qu'un souffle tiède frôle sa peau, que des lèvres s'y posent. La main du Croque-Mitaine glisse, légère, sur la nuque de Jason, remonte dans ses cheveux  et on pourrait presque entendre un ronronnement se confondre avec un sifflement ophidien. Le "je suis là" se fait "tu es là". Boogie lâche la Bête de soie noire, la cendre ne l'étouffera pas. Le typhon s'éloigne. Mais le Croque-Mitaine sait qu'il n'a pas totalement disparu, ce monstre dans le monstre est toujours là, tapi dans quelque recoin, prêt à surgir pour tout teinter de gris et de rouge. Mais maintenant, la folie de Lecter sait qu'elle trouvera toujours une paire d'yeux d'un bleu polaire qui tentera de lui arracher sa proie et une paire d'iris verdâtres qui n'hésitera pas à lever le poing pour la faire taire. Et si Jason a su se soustraire à son influence une fois, la récidive n'est pas une chose impossible.

On avance en retrouvant des horizons familiers. Les bras du Clown s'enroulent autour de Boogie, empreints d'une douceur inédite mais rassurante, une voix cassée aux intonations légères bien connues glisse au creux de son oreille. Le ronronnement du Chat sait se faire plus séduisant que la voix de la folie. Un sourire invisible pour Lecter étire les lèvres du Croque-Mitaine. L'étau se serre autour de lui, encore incertain et fébrile, le Serpent se débarrasse des derniers lambeaux grisâtres glissés sous ses écailles. Le Croque-Mitaine lève son autre main pour la poser dans le bas du dos de Jason. Menton calé au creux de son épaule, il soupire à voix basse. Je t'avais dit que j'étais capable de défier les Enfers et toutes ses hordes pour toi. Les secondes filent, silencieuses, parce qu'il n'y a rien à dire, rien à demander ou à expliquer. Juste une étreinte qui rétablit l'équilibre délicat et aide les protagonistes à retrouver leur costume respectif.

Jason
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MessageSujet: Re: Triumvirat Triumvirat  Icon_minitime1Sam 17 Aoû - 16:12

" Dettes d'Honneur "

Balayé le monstre de cendres, repoussé jusqu’à sa disparition dans un souffle hivernal venu d’une seule gorge. La voix a murmuré je suis là, j’ai toujours été là et le resterai. La bête a entendu et ne s’est fiée qu’à elle, ignorant royalement toutes les autres et se détachant des mains décharnées qui restaient si sauvagement accrochées à sa peau. Le monde bleu et noir revient en force et Jason chasse brutalement tout ce qui entrave encore l’entrée, qui tente de le garder clos. Seul, la chose aurait été impossible mais il n’est plus cet homme unique qui évolue pour lui même. À ses côtés désormais, deux êtres se dressent et font barrage au pire pour lui éviter d’être son propre meurtrier et qu’on se le dise, le Sud n’est pas plus faible ainsi. D’erreurs en chutes, de blessures en cicatrices ils ont noué quelque chose d’incertain mais qui ne saurait disparaître, qui ne souffre que par leurs mains mais jamais par celles d’autrui. C’est récent quand Lecter y pense ; quelques mois en arrière il était encore seul et ordonnait, punissait à son bon vouloir puis une nuit en forêt et ils étaient deux au retour … ce soir, le triumvirat est élevé et déclaré. La mafia aura été leur première victime, symbole d’une unité qui ne tournera plus que sur une seule règle d’or. Toucher l’un, c’est provoquer les deux autres et de ça personne ne sortira entier.
Home sweet home dirait le Clown comme à chaque retour d’une mission menée à son terme. Il est revenu à lui et reprend son costume car l’impulsivité et l’impatience ordonnent de repartir en avant toujours et de se relever plus rapidement encore. Pas homme à s’apitoyer sur son sort, en aucune façon c’est grâce à cela qu’il peut encore fouler ce sol avec sa drôlerie, son enthousiasme. Inépuisable Jason, va-t-en guerre qui n’aura de cesse de retourner rependre le Chaos et ses rires même avec deux jambes brisées.    

L’étreinte reçoit une réponse, les bêtes se retrouvent et peuvent enfin soupirer de concert, se détendre après cette crise qui aura certainement installé un grain de méfiance quelque part. Ce qu’on ignore ne fait aucun tort disait Jason ; maintenant Boogie et Alonso savent jusqu’où le bateau fou peut dériver, quel visage peut être pire que la plus noire colère en lui et la gorgone de cendres reviendra un jour, personne n’en doute. L’instabilité de Lecter est trop présente pour qu’il ne retombe pas en cet état. Ne pas le déposséder, ne pas lui arracher ce à quoi il tient un minimum par principe, c’est encore ça le mieux à faire mais dans cette ville ils sont trop peu nombreux à prendre cette menace au sérieux. Trop aussi à penser qu’il est déjà cinglé alors un peu plus quelle importance ? Eux savent et le Croque Mitaine le redit ; envers et contre tout, même face à ce monstre là, il sera présent et s’opposera. Le silence tombe et il prend des notes agréables après ce concerto abominable de voix grinçantes. C’est fini, c’est passé enfin. Lentement, Jason expire un profond soupir qui n’a plus rien de tremblant et s’écarte sans empressement de son second. L’encre ne dérive plus, caresse le bleu avec sa certitude de toujours, son éclat rieur, sa chaleur retrouvée et un sourire renaît. « Ravi de ne pas t’avoir tué. Ça peut sembler un peu raide présenté de cette manière mais … enfin, je me comprends. »
Se relevant, il plisse un œil en sentant un léger vertige et les élancements de la migraine. Stabilité vite retrouvée et le Clown avance jusqu’à récupérer le livre qu’il avait éloigné un peu plus tôt. Un peu de respect pour la littérature tout de même et il retourne le poser sur le fauteuil avant de se masser la nuque. « Un conseil évite de laisser Alonso t’assommer, c’est bien plus douloureux que Ganesh … Il va me payer les frais d’ostéopathe à ce rythme. » Pas certain qu’il ne lui ai pas déplacé une vertèbre ou deux avec sa force de brute.

Pas de malaise, pas de gêne mais ce n’est pas pour autant qu’il ne faut pas poser quelques points sur les I. La situation a soulevé des questions et seul Jason peut y répondre. Calant les mains au bas de son dos, le Clown accroche le regard du Croque Mitaine et y cherche la moindre méfiance. Il a bien conscience que le spectacle n’avait rien de plaisant, qu’il a laissé une marque quelque part. « Toi comme lui … n’y pensez pas trop. La dernière fois datait d’au moins dix ans et c’était bien avant votre arrivée. Je perds rarement pieds à ce point alors ne me regardez pas de travers dés que je m’emporte à l’avenir … à moins qu’on me contrarie franchement vous n’êtes pas prêts de revoir ça. » Détaché au possible, il hausse les épaules et revient à sa hauteur en laissant toutefois une certaine distance. Ne serait-ce que pour le laisser respirer un peu après cette ambiance bizarre. « J’ai besoin d’une douche je pense. » Commence-t-il, jetant un œil critique sur sa chemise et son veston où le sang a coagulé. « Tu dois vouloir te détendre un peu sans doute, je comprends alors je vais rejoindre mes quartiers.  Pas que je veuille m’éloigner mais je ne suis pas foutu de rester tranquille et ce n’est peut-être pas ce dont tu as besoin. » Depuis quand s’en préoccupe-t-il ? Depuis leur journée au bar en fait. Preuve étant que Lecter avait respecté les prétendues migraines de son second et l’avait laissé s’exiler dans sa chambre ces derniers jours. Incapable de se contenir, c’est toujours pareil et au risque de sombrer dans l’ivresse de cet Enfer bleu et noir qu’ils avaient visité le Clown fait un pas en arrière, recule et tente l’esquive. Pas par gêne non, simplement par doute de la situation se prête à ça. N’a-t-il pas manqué de le tuer après tout ? On est loin de leur intimité de l’autre fois. Elle semble même avoir pris un coup dans l’aile ; c’est logique. Laisse le temps au temps, souffle un peu toi aussi. Murmure un fond de raison. Le serpent est presque sage, il n’avance plus et pourtant ce n’est pas l’envie qui manque d’au moins se couler entre les pattes du chat. Machinalement, Jason frotte sa joue du bout des doigts et le contact est électrique, un rien dangereux. N’y pense pas, oublie. Facile à dire … qui dit qu’une fois devant son miroir son reflet ne criera pas vengeance ? Non c’est passé. Tout va très bien. Il gère. « Hm ; je vais y aller … on se voit plus tard. »

C’est à peine s’il se voit partir, à peine s’il se sent changer de pièce et refermer la porte de ses appartements où aussitôt le molosse couché sur le lit redresse la tête pour l’accueillir. Rapidement le Clown presse l’interrupteur et c’est une vague de couleurs, un désordre bourré d’armes qui l’entoure. Il le connaît, c’est son monde … son antre et pourtant tout semble l’agresser. C’était encore trop frais de toute évidence. Se forçant à bouger c’est en quatrième vitesse qu’il abandonne ses vêtements dans un panier une fois la salle de bain rejointe et sans un regard vers le miroir qu’il se jette sous la douche, la plus froide possible. La sensation mordante le calme mais ne détend rien et appuyant son dos contre le carrelage de la cabine, Lecter se laisse glisser jusqu’à s’asseoir dans le fond. Sang et restant de maquillage tout se dilue et s’en va au fil de l’eau comme un peu de sa teinture verte. Tu gères hein ? À peine. Rageusement, il finit par cogner le plâtre qui maintient son bras contre le mur. Jason l’avait demandé léger afin de pouvoir s’habiller et ne pas être trop entravé et rapidement la matière cède, libérant le membre qui doit encore tenir droit par le diable seul sait quel miracle. Ses trente minutes rituelles sous la douche se réduisent à dix grand maximum et Jason sort, se séchant à peine avant de passer un jean. Étrangement, il se sent gelé de l’intérieur. Et maintenant ? Ah la revoilà cette foutue question. Et maintenant ? Penser à autre chose ! A quoi ? Le mieux serait justement d’arrêter de penser et pour ça … pas trente six solutions.

[…]

Il a quitté ses appartements, les fuyant comme on fuirait la peste et le choléra réunis et c’est une foutue mauvaise idée qui a pris le pas. Qui vaut mieux pourtant que le monstre de cendres qui tente encore de s’agiter. Le laboratoire … son univers chimique où rien n’est moins dangereux. Drogues et mélanges inconnus de toute autre personne que Lecter qui luisent sur des étagères à la lumière noire. Assis dans un canapé, le clown fixe la volute de fumée de … de quoi d’ailleurs ? Pas certain de se souvenir, il a encore testé un de ses mélanges. Une cigarette en main, papier vert fluo indiquant qu’elle est de sa fabrication et autour de ses épaules nues un corps d’écailles tout aussi vert qui ondule paresseusement. Sifflement de l’animal dont la tête repose sur la cuisse de Lecter. On apprivoise pas un serpent ; au pire on l’appréhende, au mieux il nous tolère et accepte notre présence mais on en devient jamais le maître. Cette bête là n’est pas mortelle ; Lecter a bien eu envie de sortir un plus vieil ami tellement plus dangereux mais il s’est abstenu. La porte s’ouvre, peut-être et la voix de Jason murmure à peine. « Tu t’inquiétais mon gentil chat ? Pas la peine … ça va … très trèèès bien. »    

© Jason L.

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MessageSujet: Re: Triumvirat Triumvirat  Icon_minitime1Sam 17 Aoû - 22:47



Battue, l'ombre grise retrouve sa prison de où elle n'aurait jamais du s'évader et c'est d'un ton rieur que Jason se réjouit de ne pas avoir tué son Croque-Mitaine dans ce moment d'égarement aussi bref que mémorable. Boogie se demande pourtant au bout de combien de temps cette image d'un Jason littéralement possédé et infecté par un mal capable de tant l'aveugler va rester accroché à ses rétines. Est-ce-que ce spectre gris va soudain ressurgir à la prochaine engueulade? A la prochaine crise? Une voix calme et posée s'élève sous son crâne, le monstre gris n'apparaît qu'en de très rares occasions, sinon, tu l'aurais déjà vu en dix ans. Bénie soit cette logique imparable qui ne se base sur aucune spéculation et n'use que de faits. L'air se fraie un chemin dans ses poumons, colonne fraîche qui balaie posément les cendres qui continuent de lui démanger les yeux. La corde de l'arc "méfiance" se détend complètement. Maintenant, il sait que ce que beaucoup nomme "folie" chez Lecter n'est qu'un énième terme galvaudé par des ignorants. Lecter est peut-être instable, décousu, imprévisible, déglingué et tordu mais fou furieux, certainement pas. Les rires et la légèreté coutumiers sont de retour signant définitivement la défaite du monstre de flammes grises. Il n'y a plus rien à faire d'autre qu'avancer. Et c'est avec aigreur que Boogie se rend compte qu'il en doit une au Cubain. Et une sacrée faveur, d'ailleurs.
Le Clown se lève, un peu chancelant et le Croque-Mitaine en profite aussitôt pour se remettre à son tour debout. Du regard, il suit Lecter qui part récupérer le livre qu'il avait jeté quelques secondes auparavant comme s'il s'agissait d'un de ces murs qui se mettaient en travers de sa route et qu'il explosait sans réfléchir. C'est presque respectueusement qu'il le repose sur le fauteuil. Persiflage léger sur la délicatesse d'Alonso. Et Boogie revoit la façon dont le coude s'était abattu sur une nuque. Avec du recul, il se dit qu'en situation normale, il aurait hurlé sur le titan, l'aurait qualifié de stupide brutasse au crâne aussi épais que ses bras. Pas là. Ce fut un réel soulagement que de voir Lecter s'effondrer inerte et pas une seconde, il n'avait pensé à d'éventuelles conséquences ou à un os déplacé. Fais-le et fais-le vite...c'était tout ce à quoi il avait songé.Je risque pas de m'amuser à provoquer Alonso. commence-t-il d'une voix légère. Je suis certain qu'il est capable d'arrêter un taureau lancé à grande vitesse. Je croyais qu'il n'avait aucune mesure mais le fait que tu soies debout avec juste un mal de crâne prouve qu'il peut doser ses coups.

L'atmosphère continue de s'étirer et seconde après seconde, les verrous de la méfiance se desserrent. Le Croque-Mitaine repousse fermement le souvenir trop frais pour retrouver ce présent dans lequel ils se complaisent. Les iris noirs se plantent dans les banquises glacées, pas inquisiteurs mais à la recherche du moindre remous à leur surface, du plus petit frémissement. L'heure est maintenant à l'ébauche d'une explication quelconque. Boogie lève mollement la main, il n'a pas tellement envie d'en savoir plus mais Lecter poursuit sur sa lancée. Besoin d'insister sur le caractère exceptionnel de cet épisode qui ne devrait pas se reproduire, désir de ne pas se rendre compte que Alonso ou le Croque-Mitaine altèrent leur regard à son propos ou changent leur comportement. Boogie hausse nonchalamment les épaules en plissant les lèvres. On avance et c'est tout. Le passé est déjà mort et le futur pas encore né. A quoi bon laisser une exception nous ronger? Il secoue doucement la tête. Je sais que cette chose n'est pas toute puissante et c'est tout ce qui m'importe. Jason annonce que leurs chemins se séparent là pour la journée. Chacun récupère ses pénates, reprend possession de sa petite cellule personnelle avant de continuer, demain, à poser un pied devant l'autre. Le Croque-Mitaine opine du chef. Si Lecter lui avait demandé de rester, s'il avait réclamé sa présence, il aurait obéi mais si on lui laisse le choix, il préfère autant s'immerger dans le silence et le calme. Un peu d'oisiveté feutrée et délicate, coupé de tous et de tout, s'octroyer un moment pour digérer définitivement les récents événements, ne serait pas de refus. Au moins, il n'a plus envie de partir en forêt. Le Clown effleure sa joue blessée, pensif et Boogie laisse échapper un sifflement d'infirmier mécontent avant de s'emparer de sa main et de la lui baisser. Evites d'y toucher. lâche-t-il avec un ton de parent autoritaire. Libérant le poignet de Lecter, il se penche vers l'avant pour capter les yeux noirs. Air grave et accents d'une sincère inquiétude latente. Et si ça ne va pas, viens me déranger. Sans aucun scrupule. Et alors que Jason s'éclipse, un pli soucieux se dessine sur le front lisse de Boogie. Autant, il croit sans l'ombre d'un doute à la résistance à la douleur physique chez le Clown, autant là...il émet des réserves quand à cette assurance et à ce retour abrupt à leur normalité. Retrouvant son fauteuil, ses doigts se posent sur la couverture du livre mais ne l'ouvriront pas et les iris polaires resteront posés sur le bouton de la porte attendant de le voir tourner.

[...]

Combien de temps avant qu'il ne se décide à se bouger? Une heure? Deux heures? Plus? Boogie n'est pas adepte de marquer le temps qui passe quand il est dans ses appartements. En dehors, c'est toujours la course, la frénésie. On planifie, on organise, on réceptionne, on recense, on punit. Tourbillon d'hyper-activité où il se fait intendant car le plus à même à pouvoir canaliser au mieux toute ces énergies avec raison et sang froid, rythme de forçat auquel il se plie sans aucune difficulté. Mais une fois la porte de ses quartiers refermée, il se retrouve dans une zone échappant au temps. Pas de montre, pas d'horloge ou de réveil. Il a le sommeil suffisant léger pour se réveiller dès qu'un pied se pose sur l'escalier de métal qui mène aux trois antres.
Les doigts se sont mis à tapoter de plus en plus nerveusement la couverture du livre, l'apaisement ne vient pas et puis, il n'y tient plus. Besoin de savoir et surtout de voir que le Clown ne fait rien de stupide car dans ce daine-là, il est passé maître. S'arrachant de son siège, le Croque-Mitaine quitte ses appartements en claquant la porte. Bref détour pour aller à la rencontre d'Alonso lui confirmer que tout va "relativement" bien, aveu à demi-mot qu'il lui en doit une et il retourne sur ses pas avec une certaine raideur. Boogie déteste être redevable. Une dette c'est un hameçon qui se plante dans sa chair. Le Cubain est loin d'être apprécié par le Croque-Mitaine mais ce dernier n'ignore pas que le titan a une sorte de code d'honneur. Uniques témoins d'un spectacle qu'ils ne devraient plus jamais voir, il doit reconnaître que l'événement a au moins eu pour effet de leur révéler qu'ils pouvaient agir ensemble sans se provoquer. Même si ça lui déchire la gorge de le dire, Boogie accepte d'échanger un unique set dépourvu d'acide avec Alonso. Code d'honneur...fort bien. Je m'aventure sur ton territoire et accepte pleinement ma créance. Libre à toi d'en faire ce que tu veux.
Cela fait, il faut maintenant remettre les griffes sur Lecter. Après avoir secoué deux trois infortunés qui ont eu la malchance de croiser sa route, on lui apprend que Jason se trouve dans son laboratoire. Flash lucide sur une confidence qu'on lui avait demandé d'oublier; le Croque-Mitaine sent ses mâchoires se crisper et ses dents grincer à ses oreilles. Foutu Clown inconscient...

C'est sans douceur et encore moins en s'annonçant par quelques coups brefs que Boogie entre dans le laboratoire. Endroit qu'il a très peu fréquenté d'ailleurs par manque d'intérêt sur ce qu'on pouvait y faire. C'est en passe de changer. Volutes de fumée qui lui agresse aussitôt le mufle, les yeux pâles distinguent enfin le Clown dans la lumière noire - qu'il trouve d'un goût douteux - avachi dans un canapé, un reptile autour du cou comme une rock-star en plein bad trip qui n'attend que le troupeau de groupies. Fronçant le nez, le Croque-Mitaine se plante devant Lecter dont la voix traînante et empâtée est à peine audible. L'inquiétude cède le pas à de la colère. Lecter préfèrera toujours l'auto-destruction plutôt que de frapper à sa porte. Plusieurs envies se bousculent au portillon des rares décisions impulsives de Boogie et on pense à gifler, à secouer, à jeter à terre, à relever de force, à tourner les talons. Et tout ce qu'il entrevoit comme réaction chez le Clown, c'est un rire. Un rire qui va lui hérisser le poil et ne faire qu'attiser sa colère. Spirale de violence inutile...exutoire, divinement jouissive, mais complètement inutile. Pas si gentil que ça. dit-il en arrachant la cigarette fluo des mains de Jason. Et c'est le dos raide et la voix glaciale que le Croque-Mitaine répond.Inquiet? Oui. Mais maintenant, je suis plus vexé et en colère que soucieux.

Jason
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MessageSujet: Re: Triumvirat Triumvirat  Icon_minitime1Dim 18 Aoû - 0:05

" Dettes d'Honneur "

Pourquoi tu as fait ça encore ? Il se pose la question, le temps d’aspirer une bouffée de sa cigarette puis d’oublier. Pourquoi … pour ne pas aller le déranger. À l’appel à l’aide c’est cette inclinaison suicidaire et ce besoin viscéral de gérer ses problèmes seul qui guide Lecter. On ne s’apitoie pas, on se débrouille, on gère et ça ne changera pas. Être seul, s’enfermer c’est là sa plus belle parade à ce qui l’agite. Reporter son attention ailleurs et s’abrutir puis si rien ne fonctionne c’est ici que la course s’achève, dans ce bocal sous les lampes noires et entouré de substances aussi instables qu’illicites. Il n’en précise jamais le déroulement, on entre pas ici parce que le Clown est le seul à comprendre l’organisation de ce lieu où les étiquettes sont rares et où seuls la mémoire, les sens reconnaissent le rôle de chaque objet. Puis les serpents dont l’un somnole autour de son cou et dont le contact familier devient rassurant à sa manière. L’esprit s’embrume, le corps s’avachit lentement à mesure que la cigarette se consume et enfin … enfin le fantôme de cendres se tait.  

Si ça ne va pas viens a dit le Croque Mitaine. Pas simple pour le Clown, c’était déjà un miracle qu’il reconnaisse avoir besoin d’aide un peu plus tôt. Jason sait parfaitement que s’il avait été logique il aurait fait ça, retourner frapper à sa porte et chercher sa présence mais il est loin d’être sensé. Alors il s’est exilé, a sombré quitte à se casser un peu plus en solo. La porte s’ouvre bel et bien et le balafré soupire d’une voix paresseuse en croyant bien reconnaître son second. Qui d’autre à part lui de toute manière ? Alonso ? Il aurait  déjà hurlé et serait déjà sur lui pour l’empoigner et le renvoyer à son lit. Enfin, s’il ne respectait pas les délires de son maître cela va sans dire. Frapper une créature folle oui, s’opposer au Clown revenu à son état … non ça c’est très différent. Le chat approche, coule sur lui une oeillade polaire avant de lui arracher sa clope des mains. Moue boudeuse de Jason qui fronce les sourcils mais finit par ricaner. Pas si gentil ? Tien donc, il n’a jamais protesté avant pourtant. Parce qu’il ne savait pas … oui, il lui a dit à quoi consistait ses isolements dans cette pièce et maintenant forcement Boogie y voit un potentiel danger. Oh allons, comparé à d’autres penchants c’est peut-être le plus calme. « Rends moi ça tu veux, hm ? » Réclame-t-il d’une main tendue. Mais reprend la voix glacée qui avoue non plus une inquiétude mais … une vexation et de la colère.

Mouvement d’un sourcil surpris chez Jason qui se redresse sur un coude pour observer les traits de son Croque Mitaine à cette lumière. En effet, il semble contrarié. À ce point, Lecter ne comprend pas franchement. Il ne fait rien de mal, il n’en mourra pas. Expression pensive, l’encre noire luit et si elle n’a plus cette teinte grisâtre elle est malicieuse, joueuse alors que ce n’est franchement pas le quart d’heure. « Vexé … et en colère … et dire que je me tiens tranquille pour une fois. » Pouffant entre ses dents il passe le bout des doigts sur le cou du Boa qui vient de lover la tête dans le creux de son épaule.

Arrête ça va mal finir. En quoi ? Jamais Boogie n’osera le frapper pour si peu alors quoi ? Après ce passage à vide il n’ira pas non plus sermonner le Clown pour son inconscience … du moins il ne devrait pas. Puis vexé pour quelle raison ? Parce qu’au lieu d’aller le chercher Lecter s’est encore embourbé dans ses plaisirs tordus et en colère parce que … hm, ça c’est moins compréhensible en fait. Se massant l’arrête du nez, Jason finit par revenir en position assise et tend le bras vers une table en fer pour y prendre une autre cigarette du même genre qu’il allume dans un geste ralenti. Aucune provocation, il n’y pense même pas et envoyant une volute bleutée vers le haut il reprend, tachant de conserver un ton agréable et le moins moqueur possible. Dans cet état tout le pousserait à rire et surtout pas grand chose. « Vexé, admettons … pour le reste je ne vois aucune raison. Je ne suis pas retourné traîner loin de la maison, je ne suis pas en train de me tailler l’autre joue alors quoi ? Bon dieu Boogie essaie de savoir ce que tu veux un peu … Je ne fais rien ! » Persifle-t-il en allongeant volontairement le dernier mot, plongeant le noir au creux du bleu toujours si sévère. Claquement de langue, haussement d’épaules finalement et il se lève d’un bond pour aller tirer un rideau noir qui masquait parfaitement un pan de mur vitré où ondule toute sa ménagerie à écailles. Le boa vert retrouve son terrain et le Clown en referme soigneusement la porte à clef avant de retourner se poser sur le canapé.

« Et maintenant ? Tu restes, tu pars ? Tu m’engueules parce que la sacro-sainte raison a encore hurlé au suicide ? » D’ordinaire Lecter laisse filer, ne reproche jamais les mises en garde et c’est à peine s’il écoute les sermons mais là, tout de suite c’est malvenu. Ses nerfs sont aussi électrisés qu’un câble sous haute tension, sa mâchoire semble se déloger à chaque mot trop articulé et sa migraine -si elle est moins forte- en est encore au stade d’un mal de crâne dérangeant … pour oublier ça et le reste il n’a rien trouvé de plus radical. S’allongeant finalement, un bras dans le vide et l’autre écartant la cigarette de sa bouche à rythme régulier, Lecter reprend, le ton moins complaisant et quasi blasé. « Tu étais prêt à m’assommer avec une seringue de je ne sais quoi dans ta chambre -parce que oui je l’aie vue- et tu vas me reprocher de fumer … je ne sais plus quoi d’ailleurs, bref. Sérieusement tu te contredis Boogie. »

Nouvelle bouffée arrachée, cercles de fumée qui virevoltent et sans détour Jason avoue, vérités nues à prendre comme elles viennent car lui n’a pas de remords à les aligner. « J’ai préféré te laisser de l’air pour ne pas envahir ton lit cette nuit. Je n’ai pas de scrupules à visiter notre petit enfer privé mais à mon sens … ça aurait été bizarre dans ces circonstances. Drape-toi dans ta maudite glace ; jure-moi le contraire je sais ce qu’il en est au fond. Tu me connais bien, ça vaut à l’inverse … tu voulais être seul et digérer ça. Pour une fois je ne suis simplement pas allé à l’encontre de tes … désirs. »  
   

© Jason L.

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MessageSujet: Re: Triumvirat Triumvirat  Icon_minitime1Dim 18 Aoû - 2:45



Ouvrant la main, Boogie fait tomber la cigarette fluo au sol. Il faudrait être aveugle pour ne pas voir les autres sèches phosphorescentes qui s'alignent sur la table. De tous les vices du Clown celui qui lui apparaissait le plus incompréhensible c'était bien celui-là. Buveur et fumeur occasionnel, les drogues ne l'avaient jamais vraiment attiré. Il en a une vision particulière arrêtée. A Vancouver, c'était le passe-temps favori des adolescents qui n'avaient rien d'autre à faire, une façon de s'évader d'un monde crasseux mais qui n'apportait strictement rien puisqu'au réveil, les choses ne changeaient pas et restaient désespérément vides de sens. Un acte de faiblesse de la part de faibles incapables de gérer leur désespoir. Plutôt que de s'élever au-dessus de la fange, ils s'y vautraient avec un sourire béat. Quand au côté soit disant "festif" de la chose, il aurait déjà fallu qu'Alastor daigne se mêler au commun des mortels pour trouver dans ces rassemblements bruyants et puants un quelconque amusement...s'il pouvait s'y amuser d'ailleurs, ce qui n'était franchement pas gagné. Même si les effets sur les gens pouvaient revêtir une quelconque forme d'intérêt, cela restait un point de vue clinique froid et détaché. En user ne faisait pas partie de ces choses qu'il observait avec curiosité et presque avidité. Là où Lecter se trouve bien tranquille, Boogie n'y voit qu'une déconnexion provisoire qui teint le monde de couleurs criardes détournant du fond des problèmes. Si on pouvait éloigner à coup sûr ses démons, ça se saurait.

Ce qu'il aurait voulu? Excellente question à laquelle il ne fait que lever les yeux au ciel. N'importe quoi d'autre que l'absorption de mélanges bizarres dont les effets restent inconnus et aléatoires avant de vous tomber dessus. Jason n'est pas stupide au point de se provoquer une OD mais après l'apparition du maëlstrom de cendres dont les dernières particules grises viennent à peine de retomber au sol, il y avait peut-être quelque chose de plus malin à faire.

Le Clown se lève en un seul mouvement pour révéler son zoo à écailles derrière un rideau sombre. Ôtant les anneaux de l'animal autour de son cou, il dépose le serpent dans son terrarium. Faisant volte-face après avoire soigneusement fermé le vivarium, il poursuit sa harangue. Et maintenant, que va faire le Croque-Mitaine? Plus le temps passe plus Boogie se dit qu'en effet, il ferait mieux de faire demi-tour. Rester ne servirait à rien puisque dorénavant Lecter est dans une sorte d'univers où il ne mettrait jamais les pieds. Quand à l'engueuler, ça serait encore plus inutile que d'ordinaire. Le Croque-Mitaine se mord les lèvres alors que sous son regard pâle, le Clown s'affale sans grâce, adoptant un ton coulant en évoquant la seringue qu'il avait gardé à portée de main, avouant que présentement, il ne sait même plus ce qu'il est en train de fumer. les paupières s'étrécirent sur les iris clairs et une moue fatiguée apparaît sur ses traits. Commences pas à comparer ce qui ne peut pas l'être. Entre injecter un anesthésiant pour éviter de se faire déchiqueter et s'abrutir soi-même, il y a un sacré fossé. On ne drogue pas un fauve fou furieux pour le plaisir de la droguer.

Et les vérités crues dévalent soudain dans une bouffée toxique qui prend à la gorge. Il avait envie d'être seul, d'absorber la crise du restaurant italien, de la rejouer, de l'appréhender pour mieux s'en débarrasser. Et dans une forme d'altruisme dénué de tout égoïsme, repoussant ses propres désirs de descente dans leur enfer, le Clown lui avait accordé cette parenthèse. Sourire aigre qui étire les lèvres du Croque-Mitaine. Aussi sûrement qu'un acide ronge les chairs, Jason lui ronge le crâne et la sérénité qu'il pouvait trouver dans la solitude et le silence se fait de plus en plus difficile à trouver. Le poison s'infiltre jusque dans ses habitudes les plus anciennes et l'éloignement le plus justifié ne devient que prélude à un interrogatoire intérieur digne de l'Inquisition. Lecter ne le connaît que trop bien pour qu'il lui fasse l'affront de prétendre le contraire.

Trop calmement, Boogie croise les mains dans son dos et c'est une voix faussement légère presque mélodieuse et chantante qui s'échappe de ses lèvres. Visiblement tout va bien alors. Je m'inquiète vraiment pour rien. Je vais donc disposer et te laisser fumer. Tranquillement.

Jason
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MessageSujet: Re: Triumvirat Triumvirat  Icon_minitime1Dim 18 Aoû - 4:30

" Dettes d'Honneur "

Comparer ce qui peut l’être. Pour cela encore faudrait-il que le Clown soit un homme foncièrement lucide et logique, ce qu’il n’est en aucune façon de toute évidence. De son point de vue, recevoir une dose d’anesthésiant ou se piquer lui même, inhaler n’importe quoi c’est du pareil au même car seul le résultat compte. Cela dit, le Croque Mitaine est parfaitement dans son doit en avançant qu’il aurait agit de la sorte pour éviter un coup mortel de la part de son maître et pourtant c’est d’un vague mouvement de sourcils que ce dernier répond, comme pour signifier : c’est pareil. Ça ne l’est pas mais tant pis tant que ça l’est selon Lecter. N’écouter que lui, défaut méprisable qui l’a souvent desservit mais il n’est pas franchement en état de saisir la subtilité des choses.

Il reconnaît avoir engagé une distance entre eux afin de rendre à Boogie un moment plus paisible mais si le geste était magnanime il était aussi venimeux. En ayant conscience de ce qui tourmentait Lecter comment son second aurait-il pu penser seulement à lui sans se demander ce qu’il faisait ailleurs. Jason se taillait-il le visage pour signer une nouvelle œuvre d’art tordue ? Était-il retourné dormir ? Avait-il sombré dans les bras de cendres ? Tout était possible le concernant alors non le Croque Mitaine ne pouvait pas digérer les événements tant que cette saveur acide, ce doute lui collerait à la langue. Pas assez habitué à vivre en se souciant des pensées d’autrui Jason ne comprend que maintenant que son geste -gracieux de prime abord- était tellement plus égoïste qu’exiger les bras de son second pour se reposer. Ensemble ils surpassent même les ravins les plus noirs, ils se relèvent de tout mais seuls chacun de leur côté voilà la fin et elle est amère. L’un pense trop et rumine des questions infinies, l’autre nie tout en bloc et ose croire que ses troubles sauront s’évaporer comme ce papier fluo qu se consume un peu plus à chaque inspiration. Quand comprendras-tu ? Ton seul ennemi c’est toi, c’est cette obstination à repousser chaque main quand l’heure est à les accepter au contraire. La sienne était tendue, proposée en une invitation découverte par un simple : si ça ne va pas viens sans scrupules. C’était facile. Pourquoi faire simple quand on a belle de faire compliqué n’est-ce pas ? Espèce de malade.

Gestuelle féline et calme en ces mains qui se croisent dans le dos du Croque Mitaine ; voix chantante qui s’élève. Il veut donc filer ? En donner l’impression ? Non c’est autre chose. Ça sonne faux, c’est bizarre à l’oreille et automatiquement ça attire la bête d’écailles. Pivotement de la tête, le noir cherche le bleu et l’accroche avec suspicion. Une seconde, le Clown plisse un œil et son sourie s’efface. Deux, il se relève et le toise toujours sans broncher. Trois, il étire le bras et écrase le mégot avant de quitter son siège. Quatre, il avance et se plante devant lui. Cinq, deux mains accrochent la chemise sur le devant et brisent la distance qui les sépare en l’obligeant à approcher jusqu’à sentir son corps heurter le sien. « Dommage, ça sonne trop faussement pour te ressembler. » Voix basse qui gronde dans la gorge avant de projeter Boogie sur le canapé.

Drogué peut-être, embrumé certainement mais pas assez pour perdre ses moyens. Comme pour l’alcool Jason a trop testé la chose pour en être la victime et si son cher second connaissait la teneur des cocktails qu’il s’injecte régulièrement il aurait de quoi vouloir lui arracher la tête pour son inconscience suicidaire et son trop grand penchant pour l’auto-destruction. Revenant sur ses pas, un genou posé sur l’assise, une main sur le dossier Lecter se penche en avant et arrête son visage à une dizaine de centimètres du sien. « Disposer … Non ça ce n’est pas logique. Si tu es venu tu ne partiras pas si vite ; pas ton genre de te déplacer pour rien et moins encore de t’esquiver à moins que je te le demande. » La voix use de la même légèreté, le noir ne happe plus le bleu mais le dévore, poison violent. Envie de le rendre dingue, de le voir oser n’importe quoi d’inhabituel quitte à devoir parer un coup. Ne joue pas à ça. Mais c’est tellement tentant, tellement irrésistible de songer qu’à sa façon le feu ronge la glace avec tellement plus de virulence cette nuit. Jusqu’à quel point ? Quelle porte se cache là dessous ? Trop curieux, trop impatient et pourtant le Clown se fait créature lente, sournoise. Lecter n’est pas allé rejoindre le Croque mitaine, celui-ci est venu à lui car inquiet tout d’abord, vexé ensuite et ça remue des détails.

« Me laisser fumer tranquillement ... » Répète-t-il, joueur tout en avançant l’autre jambe, de nouveau agenouillé au dessus des siennes et les deux mains de chaque côté de son visage. « Mais je n’ai pas envie que tu sortes d’ici. Dilemme hm ? » Fin claquement de la langue sifflante qui passe sur ses lèvres, ravive un tiraillement à la commissure déchirée. Oh comme il pourrait être mesquin sur ce coup, comme il pourrait user, abuser de cette situation tordue. Pas de chantage affectif mais un autre, seulement pour tisonner le fauve et le voir bondir. Qu’il lui saute à la gorge et sorte les griffes. C’était fou de ne pas fermer cette porte à triple tours pour empêcher son intrusion. Cet endroit … il est aussi toxique que ce qu’il contient. La bête ophidienne s’enroule autour de sa jumelle de soie noire, menace délicate de ses anneaux qui pourraient bien se resserrer d’un coup sec. Un doigt sous son menton, qui remonte et se pose sur la bouche du Croque Mitaine. « Mais tu peux toujours essayer, t’échapper. Je ne suis pas en état de te retenir tu vois je suis un peu trop … sonné pour ça. »
En suivant c’est un rire cristallin qui s’envole et quittant les lèvres closes, les doigts du Clown dévalent le long de sa gorge, se faufilent dans l’encolure de la chemise pour retrouver le stigmate d’une morsure devenu sceau, marquage des bêtes. Maudit manipulateur, maudit feu de paille qui alimente d’ors et déjà son brasier lorsque la voix s’échoue soudain contre la bouche du chat en soupir faussement dramatique et que le noir provoque délibérément le bleu. « Mais si tu t’éloignes je vais ruiner ton joli travail d’orfèvre et sache le je n’ai pas besoin d’une lame pour ça. Je n’ai qu’à ouvrir la bouche en grand comme ces charmants reptiles … vision peu esthétique je te l’accorde mais ce n’est pas comme si l’un de nous s’en préoccupait, n’est-ce pas ? »
… Déloyal.              

© Jason L.

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MessageSujet: Re: Triumvirat Triumvirat  Icon_minitime1Dim 18 Aoû - 12:43



Bref échange de regard où le noir tente d'accrocher le bleu, glisse à sa surface sans réellement l'atteindre. Le Croque-Mitaine n'attend pas que le Clown se lève ou émette le moindre son, il pivote, revenant sur ses pas, s'éloignant d'une enjambée sans afficher l'intention de faire de nouveau volte-face. Il va faire ce qu'il aurait du faire il y a une ou deux heures, suivre sa première idée en circonscrivant le poison noir qui teinte ses veines, se prouver qu'il peut encore ignorer la morsure de l'acide. Peut-être devrait-il emmener le corniaud aux yeux vairons avec lui et filer dans cette forêt s'enivrer des odeurs boisées, se soûler avec la musique de la nuit, s'immerger au milieu d'une pyramide de prédateurs et de proies.

Derrière lui, ça s'agite et ça se lève. Une poigne se saisit de son bras, l'obligeant à se retourner. Les mains de Lecter se referment sur le devant de sa chemise, le tirent à lui. Les iris clairs plongent dans les ténèbres mais c'est un calme plat qu'on y lit. Ca ne lui ressemble pas de faire machine arrière de cette façon et le Clown gronde. D'avertissement ou de colère? Boogie n'a pas envie de chercher et d'interpréter les réactions de la Bête ophidienne. Qu'elle s'énerve seule et retourne dans ce monde embrumé et émoussé, qui arrondit et épointe les moindres angles aigues pour qu'ils paraissent moins agressifs. La poigne se resserre et c'est sans ménagement qu'on le jette dans le canapé. Le Chat amortit sa chute et à peine a-t-il touché le siège qu'il raidit aussitôt le dos pour éviter de finir à moitié vautré.  Pas le temps de tergiverser, Boogie s'apprête aussitôt à abandonner la position assise avant de se retrouver coincé par Lecter. Mais le Serpent revient déjà sur ses pas et c'est un genou posé sur le canapé qu'il coupe toute retraite au Croque-Mitaine. Le Chat ferme les yeux, déjà agacé avant même que tout ai commencé. Il ne connaît que trop bien cette lueur au fond des yeux noirs mais il n'a pas franchement envie de jouer maintenant. Employant un ton aussi chantant que lui, Jason pointe d'un index railleur le comportement différent et paradoxal adopté pas Boogie. Ca ne lui ressemble pas de se déplacer pour rien. Ca ne lui ressemble pas d'esquiver le Clown. Ce n'est pas "logique". Les paupières se lèvent sur le bleu...le Clown trouve quelque chose pas..."logique"? Mais qu'est-ce-qui ressemble encore à quelque chose de sensé ce soir? Le noir se faufile, provoque, démange, tente de réveiller la petite vipère folle lovée au fond du crâne du Croque-Mitaine. Ce n'est pas mon genre non plus de m'éterniser quelque part où je n'ai rien à faire. Aussi sûrement que le Clown n'est pas dans son élément au milieu des arbres, Boogie est étranger à cet univers de psychotropes où tout paraît ralenti.

Impulsion pour repousser le Clown. Accrochées au dossier du canapé, les mains de cèdent pas. L'autre jambe de Lecter se pose sur l'assise achevant d'emprisonner le Croque-Mitaine. Boogie renverse la tête en arrière en poussant un long soupir. Impression de déjà-vu. Les notes diffèrent, la mélodie n'est pas celle de d'habitude, mais les mouvements suivis par ces notes sont les mêmes. Identique le schéma. Le Croque-Mitaine se tue à répéter au Clown que lorsqu'une mécanique est bien huilée, lorsque l'on a la certitude qu'un plan fonctionnera avant même d'être déployé, c'est le moment de changer de tactique. Un claquement de langue en guise de point d'interrogation et Boogie se demande s'il doit répondre à cette question. Le regard pâle retrouve les iris sombres. Tendant légèrement le cou, il murmure en détachant soigneusement chaque syllabe. Pas de dilemme pour moi. Du moins pas encore...jusqu'à ce que Lecter trouve un quelconque moyen de pression pour le mettre, une fois n'est pas coutume, face à deux propositions dont le choix sera déjà fixé d'avance. Ca ne sera pas un de ces chantages affectifs qui le faisaient céder systématiquement. Leur impact s'est grandement modifié. Un index se glisse sous son menton, s'immobilise sur ses lèvres. Le Chat détourne vivement la tête, interposant un bras entre lui et le Clown. Pousses-toi. Les doigts de Jason s'immiscent dans son cou, se faufilent sur son épaule jusqu'à effleurer la cicatrice d'une morsure, flattant du bout des ongles la peau marquée devenue un véritable compte à rebours jusqu'à l'explosion qui fait céder des portes de métal qui ferment leur petit enfer personnel. Le pyromancien tisonne et provoque mais la Bête noire boude et même s'il s'approche au point de lui frôler les lèvres, même si le bras du croque-Mitaine cède face à ce rapprochement, les iris bleus restent stoïques.

"Mais si..." commence le soupir théâtral, ha!, le voilà le fameux choix qui n'en est pas un. Il aurait presque tardé à débouler celui-ci...pas de constat amer, pas de chantage affectif comme prévu. Lecter opte pour son goût de l'auto-destruction, son absence complète d'intérêt pour sa propre chair. Double choix pour Boogie, d'un côté la porte de sortie facilement atteignable, de l'autre le visage balafré dont l'aspect peut être complètement altéré. Que c'est mesquin...courte inspiration lèvres entrouvertes et le Croque-Mitaine se ravise en se mordant le bout de la langue. Et bien, ruines mon travail. lâche-t-il blasé. Et quand la moitié de ton visage pendra lamentablement et que tu pourras voir l'état de tes molaires simplement en tournant la tête, j'espère que tu auras l'imagination assez fertile pour te trouver un autre sobriquet que celui du clown. Fermement, il repousse des deux mains Lecter, le faisant suffisamment basculer sur le côté pour qu'un de ses genoux se lève. Boogie se faufile dans l'ouverture ménagée, passant sous le bras du Clown, libérant ses jambes. S'éloignant aussitôt, glissant à l'autre bout de la banquette, il se relève. Je te laisse dans ton petit paradis ou enfer artificiel avec tes fioles, tes aiguilles et tes clopes. J'y mettrais jamais les pieds et j'ai franchement pas envie de t'y voir errer tout seul. Je te souhaite quand même un bon voyage et à demain.  termine-t-il en lui tournant le dos.

Jason
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MessageSujet: Re: Triumvirat Triumvirat  Icon_minitime1Dim 18 Aoû - 14:35

" Dettes d'Honneur "

Quelque chose ne va pas. En fait, ça ne va plus depuis l’apparition de ce visage de cendres, depuis qu’ils avancent sur cet étrange chemin vague au sol visqueux. Paroles tantôt sèches, tantôt acides, un bras qui fait barrage entre deux corps, une négation, un pousses-toi, éloignes-toi … Pas de dilemme pour lui. Rares sont les fois où Boogie le rejette, inexistantes presque et ça commence à agiter quelque chose qui n’a rien de plaisant, qui n’invite pas à une drôlerie quelconque. Comme jeter du sel sur une plaie béante, mettre de l’alcool sur une brûlure, c’est lancinant et Jason cherche à l’ignorer autant que possible pour pousser le vice. Chantage qui n’a rien d’affectif mais touche une chose à laquelle le Croque Mitaine avoua tenir, un visage ce soir blessé mais sans fard. Déloyal oui mais Lecter dira : on fait avec ce qu’on a sous la main, on s’adapte.
Stoïcisme horriblement vide qui laisse le second sans vraie réaction, qui ne fait même plus frisonner la surface des lacs bleus devenus plus solides que jamais. C’est tellement … bizarre.

Voix blasée. Les mots sortent et le Clown se fige. Au fond la bête entend un « vas-y je m’en fiche, ça ne m’atteint pas. » Détruis-toi, blesses-toi, ça me passe au dessus. A mesure des paroles le sourire s’efface, disparaît. Le sourire scarifié demeure et c’est comme s’il se moquait de son porteur, lui riant magistralement au nez. Boogie chasse, repousse et s’échappe de manière si radicale que Lecter n’arrive pas à le retenir, empêcher ses mouvements qui deviennent plus parlants encore que ce qui s’échappe de sa bouche.
C’est l’instant où le maître devrait avoir bondit, hurlé et s’être offusqué mais rien, rien ne prend forme sous son crâne sinon un brouillard opaque qui donne à son second des allures d’inconnu. Jason connaît l’être de glace, mais qu’est-il celui qui le rejette avec tant de véhémence ? Qui lui annonce aussi franchement qu’il peut bien se détruire, ce n’est plus son affaire. Les yeux noirs du Clown affichent une surprise mais pas seulement … cependant le reste tient d’une incompréhension telle que même lui ne sait plus à quoi s’en tenir. Ce n’est même plus une provocation, même pas un discours visant à le faire réagir. Le Croque Mitaine paraît indifférent à tout ce que son maître pourrait faire et c’est ça le plus troublant. Point final et il lui tourne le dos. Rideau ; c’est une main invisible qui s’abat sauvagement sur la nuque de Lecter comme pour l’assommer une fois de plus.

Et maintenant ? Maintenant il jette un regard devant lui sur les fioles au loin, les alambiques et les tubes disposés sur un plan de travail, sur les liquides colorés ou pas, sur les bocaux et sur le sol finalement. La moquette noire prend des apparences de goudron mouvant prêt à l’avaler et la légèreté que la drogue lui accordait se dissipe pour rendre à son corps une raideur presque douloureuse. Qu’est-ce que c’est que ce délire ? Où sont-ils ? Si c’est un mauvais rêve qu’on l’en réveille et vite parce que ça n’a rien de comique.
Ce n’est pas grave alors ? Qu’il se défigure, qu’il se blesse ou pire c’est donc sans la moindre importance et ça ne le touche pas plus que ça l’ennui ? L’ignorance n’est même pas feinte, elle est blasée, lassée et face à elle Lecter ne voit aucune parade, ne trouve aucune phrase assez percutante pour changer la donne. Qu’il se lève, lui plante une seringue dans le cou pour l’obliger à mettre un pied voir même les deux dans ce monde ça ne changera rien du tout. Boogie lui appartient et s’il doit mourir parce que Jason joue avec sa vie il le fera, il l’a souvent dit, laissé entendre alors ça ne sert strictement à rien. Enfer ou paradis artificiel a-t-il dit ; oh si ce n’était que ça ici … ce serait un moindre mal. Caché sous un parfum d’herbes soporifiques c’est un relent de mort qui demeure toujours car sous les drogues c’est le venin qui persiste.

Il voudrait parler, lui dire ne t’en vas pas, reste avec moi mais la bête rejetée est blessée. Repoussée, elle ne supporte pas de l’être et de lui moins encore. Si lui tourne les talons … « Logiquement » c’est là que Jason menace et dirait qu’il préférerait le tuer plutôt que le laisser partir. Mais menacer sa vie est inutile ; on ne menace pas de briser ce qui nous appartient car finalement ça ne concerne que nous. Les rouages se mettent en branle ; tournent d’un seul coup à plein régime. Que Lecter fasse ce qu’il veut alors ? Ce n’est pas important et le Croque Mitaine estime que ce n’est plus son souci ?
Dents serrées, Jason s’arrache au canapé et ouvre le premier placard à portée de main. Deux secondes pour refermer les doigts sur une fine seringue et il se retourne, fixant le dos du chat qui s’apprête à partir. « Ha tu veux partir … soit. Pars donc Boogie, laisse-moi dans ce … paradis d’enfer que tu juges artificiel. » Ton plat, glacé et l’encre fixe résolument la nuque du Croque Mitaine pendant que le Clown retourne s’asseoir. Chose faite, il arrache le capuchon, le jette à travers la pièce et fait tourner la seringue entre ses doigts. « Je me demande pourquoi tu as pris la peine de me gérer ce soir alors, au fond c’est sans importance hein ? Je peux faire ce que je veux ça ne te concerne plus si j’ai bien compris. À demain … parce que tu crois réellement que tu peux me tourner le dos et croire que demain tu pourras me croiser ? » Rire amer, il secoue la tête et enfonce l’aiguille dans sa cuisse, s’injectant la dose avant de reposer l’objet désormais vide sur la table. Compte à rebours enclenché et le noir cherche le bleu. « Il y a peu encore je t’aurai brisé les os pour ça, mais tu t’en moques. Tu plies mais ne rompt pas, tu acceptes les punitions. Que je m’en prenne à toi, c’est mon seul problème finalement. » Haussement d’épaules, il laisse aller sa tête sur le dossier et lève les yeux au plafond. « Tu as raison laisse moi donc dans mon enfer et que j’y crève, pour ce que ça change au fond. Tu pensais quoi ? Que je cherchais un petit trip coloré pour fuir la réalité ? Je suis cinglé mais pas stupide Boogie. C’est rare mais je me sentais juste cassé, je voulais arrêter de penser une heure ou deux. Je ne suis pas comme toi, je ne sais pas poser les choses pour les analyser calmement … Je voulais me détendre assez pour faire le point. »

Lentement, sa tête pivote pour observer cette silhouette qui en le repoussant a pris des aspects trop étrangers. « Rien n’est faux ici Boogie mais tu n’en as jamais fait cas. Pour le reste, je précise même si de toute évidence ça ne te concerne plus que cette dose là était un venin et que bien sûr il est mortel. On ne change pas, je reste suicidaire comme toujours. C’était la première fois que tu me repoussais de la sorte, je te dégoûte à ce point d’un coup ? » Le soupir qui file rit sans joie, tant pis. « Aucune importance, je ne t’oblige pas à rester. Tu veux t’en aller ? Va donc, mais si c’est bien ce que tu souhaites … on ne se verra pas demain. »

© Jason L.

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MessageSujet: Re: Triumvirat Triumvirat  Icon_minitime1Dim 18 Aoû - 16:58



Le corps pivote avant le regard clair. Et c'est avec une lance douloureuse fichée au creux de la poitrine mordant le peu d'âme qui lui reste que les yeux de Boogie quittent Lecter. Une paroi invisible mais bien réelle s'est interposée pour la première fois entre le Croque-Mitaine et le Clown. Lassitude soudaine du second qui n'en peut plus de récolter que des citrons? Après ce qui s'est passé au restaurant, il aurait attendu autre chose qu'un énième chantage, une nouvelle giclée corrosive. Une goutte d'eau qui fait déborder un vase qui s'est rempli à ras bord en une poignée d'heures. Boogie est réputé pour être quelqu'un de patient mais il semble qu'il possède des limites dans ce domaine. A moins que ça ne soit l'être dépendant d'un autre qui voit son compagnon s'abîmer dans des régions où il ne mettra jamais les pieds qui réagisse. Une jalousie exclusive qui s'exprime de la façon la plus laide qui soit. Par une indifférence mauvaise qui soulage pendant qu'elle est crachée et devient aussitôt amère dès qu'elle s'achève. Le Croque-Mitaine reste figé, dos tourné. Incapable pour le moment d'avancer un pied devant l'autre, la tête basse. Un arrière-goût désagréable tapisse son palais et quelque chose est en train de brûler sous son crâne dégageant une fumée opaque et étouffante. Avis de tempête chez Boogie, il en ignore la nature mais sent qu'elle va tout ravager. Ce silence qui règne dans son crâne n'est que trop éloquent. Les petits rats familiers viennent de quitter le navire, le laissant seul face à ce qui s'approche.

Coup de tonnerre que lui seul peut entendre. Vertige qui efface d'un coup d'éponge le laboratoire. Toute l'assurance, tout le détachement dont il vient de faire preuve se rejoue à vitesse grand V. Ses propos. Ses gestes. Kaléidoscope d'images, mots désincarnés auxquels se superpose le visage du Clown qui se vide peu à peu de toute chaleur et de tout sourire. Qui vient de vampiriser qui? Spectateur soudain atrocement objectif, la scène projetée dans ce cinéma diabolique lui donne la nausée. Levant la main rapidement, il la pose sur le bas de son visage. Atterré par son propre comportement, aspiré soudain par une entité qu'il ne connait pas. Vague douce qui le berce avec une violence contenue, éclat de voix qui le félicite avec une onctuosité malsaine, flatteries obscènes qui lui révèlent avec une précision chirurgicale à quel point il a été infect. En vérité, y a-t-il seulement un terme pour le qualifier? Sans l'avoir jamais éprouvée jusqu'ici, le Croque-Mitaine peut mettre un nom sur ce timbre dégoulinant de miel dont chaque phrase l'écorche.
Culpabilité.
La Bête se recroqueville. Coupable. Elle secoue furieusement la tête, la raclant au sol. Remords. Elle veut chasser de sa vue cette scène qui vient de se jouer. Regrets. Sa vue se trouble et sa gorge se serre. Et maintenant...? Et maintenant...? Toujours envie de se terrer dans une forêt? Toujours envie de se retrouver seul? lui murmure, un bonbon sur la langue, cette voix inconnue qui ne semble pas avoir envie de cesser le harcèlement qu'elle vient à peine de commencer. Pétrifié, Boogie entend vaguement Lecter se lever et fouiller Dieu seul sait où à la recherche du Diable seul sait quoi. Les répliques se bousculent à ses lèvres mais rien n'en sort, seuls les doutes quand à la solidité du barbelé qui le relie au Clown surgissent comme des cadavres décharnés et pourrissants, enfonçant leurs mains osseuses dans sa bouche, le muselant, l'empêchant d'émettre le moindre son. Les muscles soudain raides et la moindre de ses articulations soudain grippée, c'est en se faisant violence qu'il parvient à se retourner pour voir le Clown faire tournoyer une seringue entre ses doigts. Feulement d'alarme alors que la culpabilité éclate d'un rire affreusement mélodieux. Mais bouges, Boogie. Reprends-toi. Il a beau se hurler dessus, il reste paralysé, transformé en statue de sel. Impression qu'une avalanche lui tombe dessus, le froid s'infiltrant jusque dans la moelle de ses os alors que des spires sèches et épineuses lui grimpent le long des jambes, l'enracinant au sol. Bouges. BOUGES!

Avec une lenteur intolérable, le Croque-Mitaine voit Lecter se planter la seringue dans la cuisse, appuyer sur le piston, s'envoyer ce qu'il sait n'être ni de l'eau ni une quelconque drogue. Vague de pur effroi qui se déverse dans ses veines en même temps que les paroles de Jason continuent de lacérer cette conscience qui se réveille de ce qui aurait dû être une éternelle léthargie, à peine née et déjà entièrement dépecée, intégralement écorchée. Et c'est une fois le mal fait et accompli que Boogie arrive à s'arracher à son immobilisme.
Il se rue jusqu'au Clown, renversant la table et son contenu sur son passage, piétinant ce qu'il s'y trouve avant de s'effondrer devant le Clown. Ses mains se referment sur le visage balafré, lui relèvent la tête. Bleu contre noir. Plus de glace plus de givre plus d'indifférence. Une tempête agite l'eau et le Croque-Mitaine entend déjà quelque chose craquer et céder en lui à l'idée qu'il est certainement en train de perdre Jason. Tout son petit monde cloisonné et savamment organisé est sur le point de voler en éclat. Ca rampe le long de son dos, ça attend avec la patience d'un vautour que tout se termine pour tout réinitialiser dans un désordre complet. La vague furieuse de terreur balaie tout sur son passage et il ne reste plus que la peur qui lui étreint la gorge, surgie du plus profond de ses tripes, qui affole son coeur, lui coupe la respiration. C'est avec fureur qu'il secoue Lecter. Il est où?! rugit-il d'une voix étranglée où perce le désespoir. Où il est ce foutu antidote?! Rageusement, il se passe le dos de la main sur la taie trouble qui masque sa vue ne réagissant pas à ce contact humide qu'il ne connaît pas. Je sais qu'il y en a un. Où il est? La voix se brise. Je t'en supplie. Dis-moi où...

Jason
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MessageSujet: Re: Triumvirat Triumvirat  Icon_minitime1Dim 18 Aoû - 19:14

" Dettes d'Honneur "

La morsure du serpent. Lancinante sur l’instant elle pique comme une aiguille et arrache un sursaut, on recule, les yeux dans le vague en regardant la bête pour mieux observer ensuite une plaie minime, deux piqûres qui saignent à peine mais qu’on sait d’avance mortelles. Ce qui vient de se dérouler était identique dans la carcasse de Lecter. Les paroles froides et l’éloignement n’ont pas écorché son corps mais le poison qui s’est répandu à leur entente a été d’une violence telle qu’il s’est senti crever de l’intérieur. Toi et moi contre le monde entier, toi et moi dans le meilleur du pire, toi et moi. Tu n’es plus seul. Berceuse fracassée réduite à un : maintenant je te laisse seul, débrouilles-toi, ça ne me regarde pas. Le nous fendu en deux comme un fruit tendre sous un couperet de boucher, gardes le "tu", je reprends le "je" et à demain. La bête ne s’était jamais sentie mauvaise, toujours fièrement campée sur ses pattes mais soudain sous le regard impassible de sa jumelle elle s’était seulement sentie hideuse, répugnante et ne méritant plus l’ombre d’une attention.
À cela que pouvait-il répondre ? Comment exprimer ce sentiment ? Que le monde l’accable de reproches et le dévalorise Jason s’en contre fiche mais venant de lui l’effet devient celui d’une bombe nucléaire. Cher Croque Mitaine, semblable dans la dérive, qui voyait encore en lui un certain angélisme et qui en aucune façon ne lui laissait entendre qu’il puisse être affreux au point de l’éloigner. Dans les yeux bleus Lecter voyait son propre reflet et il avait toujours eu une certaine élégance, une grâce voir un charme mais là, la seule image renvoyée était celle d’un être qu’on ne rêve que de repousser, qui force l’écœurement et la fuite. Je te dégoûte à ce point ? A-t-il demandé, et encore le terme n’est pas assez fort pour décrire ce qu’il croit avoir lu à la surface des lacs gelés.

C’est à sa manière, dans l’expression d’une tragique métaphore qu’il s’est injecté de quoi le tuer, a fait des paroles qui ont rongé son esprit ce venin qui se repend désormais dans ses veines. Pas de tristesse, c’est tellement au delà. Penser que Boogie puisse tourner le dos si simplement l’a anéanti et le Clown en oubli de pleurer, de s’écrouler. Le piège a refermé ses dents, l’a broyé. Il l’avait annoncé, son second était le seul à pouvoir causer sa perte autrement que par les armes. Extrême jusque dans l’auto-destruction et si c’est là sa fin il la prend comme elle vient. Détaché, il soupire simplement que si demain vient, Jason ne sera plus là pour le voir. Qu’importe le monde, la ville, le travail accompli, la bête n’a que faire de sa gloire et de sa couronne si son premier et dernier vrai allié la quitte. Alors elle lâche tout, costume et masque, s’éloigne comme le dragon prend son dernier envol pour rejoindre un cimetière qui ne se révèle qu’à l’approche de sa mort. Le Chaos a un jour poussé le chat sur la route du serpent et si le chat s’en va, le serpent redevient l’araignée solitaire qui s’était faite violence pour avouer un jour : j’ai besoin de toi. Équation simple de prime abord mais qui dans sa construction était bien plus complexe, fatale à son terme. Sans sa toile, l’araignée ne survit pas.

Plus un mot de la part de Lecter qui détourne les yeux, se passe lentement une main dans les cheveux et d’un coup tout s’accélère. Fracas du fer renversé, des tubes fluo bientôt piétinés et devant lui le Croque Mitaine s’effondre avant de refermer les deux mains sur son visage. Un noir serein percute un bleu affolé, une eau mouvementée dont se joue une tempête venue de nul part. Pas envie de m’éterniser là où je n’ai rien à faire ; pas de dilemme pour moi … n’as tu pas dis ça plus tôt ? Jason ne le prononce pas mais le pense et ne comprend pas. Que fais tu encore là, pourquoi cette panique si ça ne te touche pas ? Le visage fraîchement tailladé ne sourit plus, il n’en a pas envie et a renoncé à tout, prêt à s’en aller sans s’inquiéter si c’est là la chute que le chaos lui réserve mais en face les mains le secouent, la voix rugit, désespérée et demande où, où est le sérum contre la mort qui galope dans les vaisseaux sanguins. Haussement léger des épaules, le Clown ouvre la bouche pour répondre mais la phrase meurt avant même de s’échapper. Le bleu est trouble, noyé alors que Boogie dit qu’il doit forcément y avoir de quoi arrêter ce manège là et la suite explose, le ton se fissure et se brise. Je t’en supplie …

Pourquoi ? Les iris noirs interrogent, demandent pourquoi ces larmes et cette détresse. Pourquoi ça te dérange ? Parce que ça semble définitif en comparaison d’un visage mutilé ? Jason a toujours été entier, jamais à faire dans la demie-mesure et si on fait un pas en arrière lui en fait dix. Ça passe ou ça casse. Il a voulu, il a cherché à garder son second près de lui même si c’était vil et être éconduit de la sorte l’a cassé. Ce n’est pas passé, tant pis alors. Réaction en chaîne digne de lui qui ne tient même plus de la fuite par le suicide non car Jason régente jusqu’à sa mort, toujours maître de sa foire. Un rien décontenancé, il pose délicatement la main sur la tête de son second et passe les doigts dans ses cheveux à la même allure. « Est-ce si important ? » Demande-t-il, se penchant vers l’avant. « Tu voulais partir alors... » Il se mord la lèvre, soupire à peine quand son nez commence à saigner. C’est rapide, c’est fait pour remarque. Reniflant, le Clown essuie le sang d’un revers de la main et se lève. S’il ne réagit pas maintenant il sera trop tard bientôt. « Je reviens. Ça va … »

Il pourrait ignorer ça et laisser faire le venin, mais c’est impossible après ce qu’il vient de voir. Les décisions vont vite en lui et déjà il retourne à son armoire, fouille le meuble du regard et récupère de quoi poser un garrot à son bras pour injecter l’antidote à la suite. Le temps est précieux en cas d’empoisonnement surtout pour celui-ci qui le tuerait d’une hémorragie massive. Ayant bien conscience de ce qu’il a utilisé, ce sont trois doses de sérums qui seront nécessaires et une fois les injections faites il range, referme le tout pour revenir s’asseoir. Rester calme autant que possible maintenant. Ne pas pousser le rythme cardiaque au risque d’empirer les choses.  Le danger n’est pas totalement écarté mais l’habitude est là et le Clown gère. Le noir revient au bleu, il ne sait pas réellement ce qu’il devrait dire.

La bête est blessée, recluse, se sent rejetée et les épaules se baissent, la tête avec elles. « C’est bon, je survivrai … » Si fragile soudain le fil de barbelé, il semble rouillé et peut-être est-il rompu.  Machinalement, Jason se masse la nuque, fixant la moquette, c’est fini. « Tu peux filer maintenant … plus rien ne te retient. » Première fois qu’il force un sourire, que le noir est aussi désolé face au bleu mais pas d’acide à cracher, seulement un vague à l’âme à songer que quelque chose de précieux n’existe plus. D’une main tendue, Jason passe le bout des doigts sur le visage de Boogie, efface le sel de ces larmes venues d’il ne sait où. Tendresse réelle, elle a un goût amer pourtant et c’est seulement pour rassurer l’autre, pour lui assurer que la mort ne gagnera pas cette partie que la voix soupire, lointaine car l’intimité semble avoir déserté. « Tu vois, je suis toujours là. » Le Clown est là oui ... mais la bête d'écailles elle, n'en reviendra peut-être pas.

© Jason L.

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MessageSujet: Re: Triumvirat Triumvirat  Icon_minitime1Dim 18 Aoû - 23:19



Une main se pose sur sa tête, des doigts glissent, légers presque imperceptibles dans la crinière et la Bête a envie de s'ébrouer à ce contact. Fais quelque chose mais pas ça. Craches le morceau et arrêtes de parler. Poses les yeux quelque part, montres-moi où il est. Crèves pas. Pas maintenant. Pas comme ça. Pensées décousues qui ne se concentrent que sur le Clown, terrorisées à l'idée de rater un signe qui pourrait sauver sa vie. Les lèvres s'agitent et une question file. Est-ce si important? demande Jason. Regard bleu interloqué. Oui, c'est important. On a beau être jusqu'au-boutiste, entier dans tous les actes que l'on entreprend, extrémiste, on ne décide de s'envoyer en l'air comme ça. Si le Croque-Mitaine avait attenté à sa vie à chaque fois que Jason l'avait rejeté, il serait déjà mort, raide et enterré une dizaine de fois. Si ce n'est plus. Il revenait toujours, fidélité intacte et ce, peu importaient les sévices, les affronts, l'acide. Tu voulais partir...Boogie s'en mord les lèvres d'impatience. Tais-toi et dis-moi où il est. Partir, oui. Mais pour revenir comme toujours. Par les sept cercles de l'Enfer, s'il voulait réellement partir et disparaître, il l'aurait fait depuis des années. Il n'aurait pas pris la peine de se lier si profondément à quelqu'un. Lorsque le sang se met à couler du nez du Clown, le craquement résonne plus fort dans son crâne, la vautour étend ses ailes prêt à fondre sur les zones cloisonnées pour les briser. Les iris pâles se font suppliants, un tremblement incontrôlable s'empare de ses mains. Le temps semble s'accélérer alors que tout fonctionne au ralenti. Un foutu ralenti qui va de pair avec cette main spectrale à la froideur de tombe qui se serre autour de son coeur. Jason se lève et Boogie s'écarte le laissant passer...ça va lance-t-il en se dirigeant vers son armoire. Le chat psychopompe voit que l'Instant approche. Une main squelettique est suspendue au-dessus de la tête de Lecter, pour l'avoir invoquée à de nombreuses reprises, il en distingue la forme phosphorescente à la lumière noire. Cette fois-ci, il ne peut pas en ralentir ou en accélérer la descente. Dépêches-toi, dépêches-toi, dépêches-toi...au fur et à mesure que Jason s'injecte les doses de sérum, les os cliquetants s'estompent jusqu'à devenir à peine visibles.

Trois doses exactement, c'est dire si la chose qu'il s'est volontairement inoculée était virulente. Boogie se laisse tomber à genoux face au Clown qui reprend place dans le canapé. Son coeur martèle toujours à ses oreilles et la voix onctueuse lui chantonne à l'oreille que c'est de sa faute. Tout est de ta faute, Boogiie. Vois...vois les dégâts que tu as provoqué. Agréable cette odeur de terre brûlée, mon cher? Avec un peu de chance, tu es de nouveau seul. Et pour appuyer ses dires, elle lui envoie à intervalles réguliers des flashes de son indifférence et du mépris qu'il a vomi sur Lecter. Cette soirée est définitivement sous le signe du pire.

Le noir plonge dans le bleu et brusquement, les teintes lui semblent si différentes, incapables de se mêler de nouveau. Jason survivra et Boogie peut bien filer si cela lui chante. Des doigts effleurent son visage comme une ultime caresse, effacent les traces humides sur ses joues et une douleur sourde fore un trou béant dans la poitrine du Croque-Mitaine, mèche vrillée qui broie les os, tord tout ce qu'il y a à l'intérieur. C'est donc ça le remord? Cette chose qui grignote consciencieusement, qui torture et harcèle d'une voix délicate. Boogie déglutit péniblement et ça fait toujours mal, ça broie. Honteux pour la première fois de sa vie, il baisse les yeux face aux iris noirs. Il devrait s'arracher la langue et la jeter dans les flammes, n'est-ce-pas ainsi qu'il exerce ce qu'il appelle "justice"? C'est lui qui devrait crever pour avoir agi de cette façon. L'idée l'effleure de s'introduire dans la salle des araignées et de plonger la main dans l'un des cubes où une arachnide au ventre noir marqué d'une strie rouge le mordrait. Il avait prétendu qu'il n'était pas un traître, pourrait-il encore le dire maintenant? Ses dents se plantent avec rage dans sa lèvre mais la douleur provoquée n'atténue en rien celle qui continue de le larder avec férocité. Je... souffle-t-il avant de refermer la bouche. Suis désolé? Espèce d'imbécile, tu l'es certainement beaucoup moins que lui. Fuyants, les iris pâles se lèvent sur la Bête brisée. Et c'est de ta faute, chantonne la voix à la vue de cette image. Le Chat se hisse sans grâce sur le canapé, foudroyé presque à l'agonie, envahi par le froid qui n'est plus un allié mais un bourreau.

Qui s'explique s'excuse, qui s'excuse s'accuse. On lui avait dit de laisser les choses venir, de ne pas construire de discours avant de les dire. Le fou a le coeur sur la langue. Je suis égoïste et je t'appartiens autant que tu m'appartiens. J'aurais préféré qu'après ton réveil, on parle ou pas d'ailleurs. Qu'on reste ensemble parce qu'en bon possessif exclusif, je voulais profiter de ce retour. Rester seul pour digérer cette soirée? J'y suis pas parvenu. C'est pour ça que je suis venu ici. Les iris clairs se perdent dans la contemplation de la moquette noire. Ne pas réfléchir, laisser venir. Filet de voix à peine audible, il poursuit d'un ton éteint. Il ne va pas aussi bien qu'il le montre...qu'est-ce-qu'il fait...est-ce-qu'il va bien...il fallait que je sois sûr que tu ne fasses rien d'inconsidéré. Autant, je crois aveuglément à ta résistance à la douleur autant je doute sur celle que tu as face aux plaies du passé parce que moi, je suis affreusement faible face à elles. Silence. La douleur ne part pas, ne s'apaise pas. Sensation de lourdeur qui l'écrase, pèse rudement sur ses épaules. On aborde maintenant la cause floue de son comportement infect. Cette glace mordante derrière laquelle il s'est faufilé. Possessif et jaloux. Jaloux de te voir errer là où je n'irais jamais. Jaloux de voir que je ne suis pas le préféré. Si toi tu peux t'aventurer dans une forêt, je ne peux pas m'aventurer là-dedans. dit-il en embrassant du regard le laboratoire. Je ne suis pas un gentil chat. Fidèle mais certainement pas gentil. Peut-être que voir le pire en toi a fait ressortir le pire en moi. Peut-être que je suis moins équilibré que je ne le crois. Peut-être que je supporte pas que tu t'éloignes de moi. J'en sais rien. Mais je... Le Croque-Mitaine fronce les sourcils en détournant les yeux. Je regrette et j'ai terriblement honte. Champ lexical et sentiment tout nouveau, il a tué des femmes et des enfants ce soir, sans sourciller, sans éprouver l'ombre d'un remords. Leur détresse et leur peur n'ont rien agité, rien éveillé. Par contre, celles du Clown le hantent déjà.

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MessageSujet: Re: Triumvirat Triumvirat  Icon_minitime1Lun 19 Aoû - 1:41

" Dettes d'Honneur "

Le spectre passe, la mort s’éloigne et le Clown n’a pas besoin de se forcer au calme pour rester assis. Son enthousiasme n’est plus, sa joie est clouée comme un insecte punaisé sous verre dans un cadre, ses élans sont loin. Il aurait rit si on lui avait dit qu’un jour il sentirait ça, cette sensation vrillante d’être rejeté, ignoré. Il l’a tant fait aux autres, c’est naturel et régulièrement il a repoussé son second. Mais Jason Lecter n’est pas capable de relativiser, lui n’est pas un roseau qui plie au vent. C’est une branche morte au bout de laquelle se balance une foutue corde de pendu, nœud coulant qui, lorsqu’il en vient à porter un poids trop lourd fait éclater son support. Jusque ici personne, jamais n’avait poussé le Clown dans ce retranchement. Jamais il n’a attenté à sa vie pour autre chose que la guerre et le Chaos, jamais pour lui même. Ça fait mal hein ? Soupire la folie, vilaine mégère qui lui rappelle en sous entendu la raison pour laquelle il ne devait pas s’accrocher, s’attacher. Tu vois où ça te mène ? Regardes toi. Il fait le point et oui, c’est déchirant, non il n’est pas fier. Pourtant il aurait laissé le poison faire son travail sans la moindre hésitation, sans rien craindre de plus que cette douleur insidieuse qui lui avait serré la gorge et cette impression d‘abandon total. Si le Croque Mitaine ne s’était pas précipité, s’il n’avait pas supplié … il serait mort.

Sauvé pour cette fois, il s’en relèvera mais en lui quelque chose reste cloué au sol sans plus aucune force. La bête roule en boule, sourde et aveugle elle semble agoniser, terrée quelque part en unique témoin de sa propre chute dont la folie se moque sournoisement. Malgré tout Jason sèche les larmes, en créateur il rassure son œuvre et lui dit que tout va bien. Qu’il est encore là … Puis il reprend possession de ses doigts, entend un début de phrase qui ne trouve pas de suite. Envie de dire, ne t’en fais pas, ça ne fait rien. Le Clown devrait s’énerver, enrager mais rien ne vient et le décor irisé sous les lumières noires prends des allures de fond marin où règne un étrange silence entrecoupé par l’éclatement de quelques bulles qui remontent paresseusement à la surface. Entre deux eaux ; c’est ainsi qu’il se sent et il n’a pas envie d’en sortir. Neutralité mal taillée à laquelle Jason s’accroche pour ne pas entendre à nouveau les paroles trop rudes, ce « pousses-toi » comme craché à un être méprisable. Un frisson lui grimpe le long du dos, il soupire tandis que Boogie se hisse à ses côtés sur le canapé.

La moquette serait-elle devenue un repère ? Ils la fixent ensemble mais le noir n’apportera aucune réponse à ça, il ne mettra pas de mots sur ces sentiments piquants, urticants qui viennent de les saisir à la gorge comme un jet de poivre. Puis les mots s’échappent, le Croque Mitaine prend la parole et explique, expose ses pensées sans chercher à les préparer. Coeur en bouche au fou. Tu ne souris pas Lecter ; tu devrais pourtant. Logiquement oui … Il aurait donc préféré rester à ses côtés, n’importe comment, pour en parler ou non car ces événements ne pouvaient pas être gérés en solo. C’était trop brutal, trop d’émotions fulgurantes pour en revenir comme d’habitude et enterrer la chose en y pensant plus.
Les plaies du passé. À ces mots Jason lève la tête pour contempler son armée de serpents qui reste étrangère à la scène et évolue tranquillement le long des branchages, certains noués les uns aux autres en mont de boucles, yeux clos et reposés. Veinards qu’ils sont … il les envierait presque. La vérité, c’est que le passé ne lui laisse aucun goût sur la langue. À peine un relent quand il l’évoque mais il est toujours infime. Pour ce qui est de la créature de cendre c’est autre chose … Elle a toujours été là, gorgone vengeresse qui hurle de sa voix difforme quand on la dépossède, qui abat ses griffes venimeuses sur les fautifs et les malheureux qui se trouvent autour. Il avait sept ans la première fois et si bon nombre de souvenirs se sont floutés, chacune des apparitions de cette chose est aussi claire que si elle s’était produite la veille. Jamais de survivants à son passage ; Boogie et Alonso étaient les premiers à en réchapper. Les seuls que Jason se refuse à tuer.
Le silence plane et le Clown semble s’éteindre comme meurt la flamme d’une bougie, il en perd toute chaleur et ne la retrouve pas. Doit-il redevenir le tyran ? Celui qu’ils ont connu à leur arrivé ? Qui riait pour lui, se moquait de tout le monde et ne portait aucun vrai regard sur eux. Doit-il se détacher à nouveau de tout au risque d’attenter de nouveau à son existence ? Ce serait judicieux, moins douloureux aussi. Roucoule la folle, médisante. Mais sa voix est chassée, éloignée par l’aveu de Boogie. Pas le préféré ? L’idée a le mérite d’attirer l’attention de Jason qui tourne les yeux vers lui, pensif. Le pire de lui … sans doute. Certainement même. Les yeux bleus esquivent, se détournent et la voix avoue la honte, elle reconnaît des regrets. Et maintenant ?

Maintenant Lecter redresse le dos, mouvement simple mais un rien précipité qui fait tanguer toute la pièce. Doucement, calme toi ça va passer. Se sermonne-t-il en passant une main sur son visage, un soupir au bord des lèvres. Et maintenant Jason ? Où est passée ton éloquence ? Oh elle est bien là mais c’est le maître qui parlerait, pas la bête qui refuse de revenir, qui s’enfonce plus loin encore dans sa cachette. Au bar il n’avait eu aucune hésitation à approcher, à voler un baiser, à attiser une flamme mais le pyromane n’a pas de quoi allumer un feu sur le moment. Parle bon sang ! Dis quelque chose ! Mais quoi ? Depuis quand tu te poses la question ? Vrai. Il ne pense jamais à ça. Et cette migraine qui revient … Au diable ! Les voix et les questions, qu’elles aillent toutes au diable. La nuque appuyée au sommet du dossier, le nez levé il se force à parler et advienne que pourra. Pour maintenant … ça ne changera plus grand chose, ça ne pourrait pas être pire. « Je peux gérer beaucoup de choses, tout ce qui me concerne en fait. Même le pire de moi même je peux en revenir même si ça me secoue … Je comprends, saches-le ce que tu dis là, je ne voulais pas m’éloigner non plus mais je ne voulais pas prendre le risque de remuer la cendre avec toi. Je pensais me calmer, reprendre un peu contenance et revenir mais peut-être que j’aurai dû m’enfermer à double tours ici. » Baissant les yeux, il avise les cigarettes fluo écrasées par terre, hausse délicatement les épaules. « Je sais bien, te provoquer pour te forcer à rester ici c’était un peu rude, trop vu les circonstances mais ... »

Blocage, c’est comme si quelqu’un venait de lui voler sa voix. Tu parles trop Jason tu te souviens ? Ha oui c’est vrai. Et maintenant ? Parler mais pas trop ? Ce serait le comble. Monte monte colère, reviens flamme mordante, réveille toi. Dans sa poitrine le cœur s’emballe, le sang pulse plus vite, la respiration devient plus courte. Au diable a-t-il dit ! Allez toutes au diable. D’un coup de pied sec il percute la table en fer qui racle la moquette et pose les coudes sur ses genoux, tête résolument baissée et paupières closes. La voix tremble, pas de larmes mais c’est tout comme et c’est la bête que Jason tire par la peau du cou pour la forcer à parler, à expliquer son malaise. « Tu regrettes, j’ai compris ça mais ce regard là je ne le connaissais pas chez toi. Que tu veuilles de l’air je peux l’accepter ; que tu me repousses si franchement par contre … Je ne peux même pas t’expliquer, te dire à quel point je me suis senti misérable. » Ça fait mal hein ? Misérable ; le mot tombe comme un claquement de fouet et le Clown pivote, remonte les jambes sur l’assise pour lui tourner le dos. Ne pas sentir le moindre regard, craindre d’y trouver encore le moindre grain de déception, de lassitude. « Je sais parfaitement à quel point je te fatigue parfois, mais là … je t’ai vu lassé. Je peux supporter n’importe quoi, je m’adapte mais que tu me rejettes, je peux pas. Je … ce que j’ai entendu à ce moment, ce que j’ai lu c’est seulement que je pouvais bien m’arracher le visage, ça ne te concernait plus et que tout ce qui comptait c’était que tu t’éloignes et … que tu en avais assez de moi. »            

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MessageSujet: Re: Triumvirat Triumvirat  Icon_minitime1Lun 19 Aoû - 12:29



Silence que le Croque-Mitaine trouve d'une pesanteur terrible. Bien que Lecter soit en vie et lui rassure presque mécaniquement que tout va bien, le rapace charognard n'a pas disparu, il se contente de lisser ses plumes, patient, car lui mieux que quiconque sait que tout meurt et tout finit dévoré par les vers. Boogie est trop dépendant du Clown, trop empoisonné pour survivre, en restant entier et intact, à une crise de cette ampleur. Le silence l'écrase et la culpabilité le ronge. La Bête de soie noire se retrouve seule et perd aussitôt de sa superbe, vulgaire chat errant dont les miaulements morts ne sont entendus par aucune oreille. Jason n'est qu'à quelques centimètres de lui et pourtant, il n'a jamais été aussi loin.
Si Jason parvient à gérer ses crises les plus noires ce n'est pas le cas de Boogie car les siennes sont rares et ne sont jamais dirigées vers Lecter. Elles naissent pour lui pas contre lui. Il s'est toujours vanté d'être quelqu'un de modéré, qui garde toujours un certain contrôle sur lui-même, doté d'une patience jusqu'alors infinie. C'est ce qui a fait sa réputation, c'est ainsi qu'on le perçoit et c'est grâce à cela que l'alchimie opère entre lui et le bouillonnant Clown. Leurs caractères diamétralement opposés trouvent toujours un équilibre. Peu importe la façon dont Jason peut se comporter à son égard, il a toujours plié sans rompre. Au tourbillon de flammes, il oppose un mur de glace et quand la tempête passe, le Croque-Mitaine ne se brise pas. Mais l'inverse n'est pas valable.

S'enfermer à double tour. Peut-être que rien de tout cela ne se serait passé...aussi tordue et fusionnelle que soit (que fut, rectifie aussitôt la petite voix douce et onctueuse) leur relation, il y a des choses qui ne devraient pas être vues ou connues de l'autre. Tout comme Jason se refuse à en savoir plus sur ce qu'il s'était passé entre Amnesia et Alastor Burton. Ce que l'on ignore ne fait pas de mal, n'est-ce-pas? Boogie n'aurait jamais du mettre les pieds dans le laboratoire ou du moins, pas aujourd'hui, pas après l'épisode mafia. Dans d'autres circonstances moins étranges, moins spéciales, moins exceptionnelles, il aurait certainement eu une autre réaction. Là, il a juste eu l'impression d'être de "trop", accessoire hors contexte planté dans un décor qui ne lui convient pas. Il s'était senti comme une sorte d'intrus, trop sérieux, trop calme, trop posé, débarquant sur le quai d'une gare alors que le  train est déjà parti avec son unique occupant à bord. Sa jalousie et son hermétisme bourré d'a priori sur les drogues avaient fait le reste. L'être gracieux, l'homme qu'il a élevé au rang de messie du Chaos lui était apparu dans toute son humanité. Quand on idolatre tellement quelqu'un, quand on la met sur un piédestal aussi haut, devoir baisser les yeux pour la regarder, c'est la crise de foi assurée. Boogie n'a pas vu quelqu'un qui cherchait à trouver une contenance ou du calme, il a juste vu la Bête s'éloigner et se couper de lui.

Coup de pied balancé dans la table dont la son métallique fait légèrement sursauter le Croque-Mitaine. Le Clown se penche, courbant le dos pour poser sur ses genoux ses coudes, paupières closes, la suite de ses paroles ne sont qu'autant de traits qui se plantent dans la poitrine de Boogie et le tremblement de la voix dépouillée de toute chaleur écorche ses oreilles, érafle ses tympans et tourmente cette conscience nouvelle-née dont il ne supporte déjà plus les gémissements. Lèvres serrées, le iris pâles se baissent. Ce regard vide et indifférent, Lecter ne l'a jamais vu car il ne s'est jamais dirigé vers lui. Jamais le Croque-Mitaine ne s'est réellement mis en colère contre lui, jamais il n'a été aussi frustré, vexé, lésé. Et en écho terrible à ses pensées, Jason avoue s'être senti misérable. La petite voix délicate ricane avec une douceur de guimauve à l'oreille de Boogie. Il se revoit repousser à deux mains le Clown et s'il s'est contenté d'un "pousses-toi", ça avait plus l'allure d'un "dégages" sec aussi vulgaire que cruel.

Relevant les jambes contre sa poitrine, Jason se recroqueville avant de lui tourner à son tour le dos. Lassé du Clown? Surtout lassé de voir l'usage de ces mêmes stratagèmes qui le font systématiquement plier. Lassé de voir que Jason use encore de ces moyens alors qu'il lui aurait simplement suffit de demander à intelligible voix. Il n'avait pas envie de jouer ce soir. Pas envie de feindre de s'engager dans une de leurs éternelles parties où on pousse l'autre à bout jusqu'à ce qu'il abdique. Quand au fait de se moquer éperduement que Lecter se mutile...c'est à voix basse que le Croque-Mitaine reprend la parole.
Je suis venu pour me rassurer, être certain que tu ne te fasses pas de mal, que tu ne tentes pas de récupérer ce qu'on t'avait volé...deux fois, coup sur coup, puisque j'ai également touché à ta cicatrice. Je ne t'aurais jamais laissé te massacrer le visage, tu sais ce qu'il représente pour moi. Il irait au fond de l'Enfer pour l'artiste maudit. Sa plus grande et sa plus belle faiblesse. Si je t'en ai empêché alors que tu n'étais plus toi-même comment aurais-je pu rester passif? Un soupir et les yeux pâles se tournent vers le dos qui lui fait face. J'ai réagi avec une impulsivité qui ne me sied pas. La colère chez moi ne se manifeste pas par des flammes qui mordent. Même la rage la plus noire reste une émotion... Alors que l'indifférence, c'est devenir un golem de glace que rien n'ébranle, aucune émotion, juste tout teindre en blanc. Devenir un fléau qui s'abat sans distinction, les gens au restaurant en ont fait les frais. En colère, le Croque-Mitaine n'est qu'un robot méprisant qui traverse tout obstacle sans jamais s'arrêter et ça ne s'apaise que lorsque la raison de sa rage est à terre. Je ne voulais pas d'un énième chantage ou d'un énième caprice. Pas après t'avoir ramené de nulle part, pas après tout ce chemin qu'on a parcouru ensemble. J'avais pas envie de jouer...je te voulais juste toi.

Doucement, le Chat glisse au sol, dépasse Jason toujours recroquevillé et remonte sur le canapé, face à lui. Il ne distingue qu'une crinière verdâtre que quelques mèches dorées zèbrent et un profil qui évite son regard. La douleur qu'il éprouve n'en est que plus insoutenable car le mal qu'il a lui-même provoqué s'étale de façon crue. En face, il ne voit qu'un filet de fumée au dessus d'un feu qu'il a éteint avec détachement et froideur, sans se soucier une seule seconde de ce qui en découlerait. Ca a été une soirée qui a dévoré ma patience. J'ai fait qu'être angoissé... à partir de l'instant où Alonso a évoqué des sushis... en rage... le petit Nino qui a tout intérêt à se trouver un psy, Bob qui n'est toujours pas sauvé du découennage, le massacre du restaurant, le visage connu du parrain... terrifié... quand Jason s'est éclipsé pour laisser place à un spectre de cendres... soulagé... quand le Clown est revenu de ce monde grisâtre. Et le cycle a recommencé à l'instant où je suis entré ici. C'est beaucoup trop, même pour moi. Une main appuyée sur l'assise du canapé, Boogie se penche en avant, jusqu'à happer les iris noirs. La Bête crève d'envie de se rapprocher plus, ne veut plus entendre de soupirs brisés mais des sifflements. Elle avance une patte après l'autre, appuyant sa tête contre cette barrière invisible. Je reviens toujours, Jason, parce que je ne peux pas "être" sans toi. Seul, je ne suis qu'un chat errant, à peine meilleur qu'un nuisible. Maintenant... Un triste demi-sourire tire sur ses lèvres, écorchant son visage. Maintenant, restes à savoir si toi tu le peux mais je ne tiendrais pas bien longtemps face au retour du tyran.

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MessageSujet: Re: Triumvirat Triumvirat  Icon_minitime1Lun 19 Aoû - 16:20

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En lui la voix se moque et persécute, elle rit et n’a de cesse de lui renvoyer cette scène pénible comme un monstre venu souffler une haleine âcre en plein visage. Deux fois ce soir que la bête se couche, s’isole et pas pour les mêmes raisons. La branche craque, le bois geint et a bien faillit rompre sous l’effet d’un relent de sève mortelle. Que dire maintenant ? Comment gérer ça ? C’est une chose pour Jason de chuter mais pas d’avoir la sensation qu’il n’a plus un seul os assez solide pour soutenir sa carcasse. Misérable, bon à jeter et même si c’est une pure paranoïa c’est ainsi qu’il a assimilé les faits. Et ça devrait seulement le faire rire, ça ne devrait pas le toucher parce que venant de n’importe qui d’autre il s’en serait moqué. La main de cendres s’étend et dépose son contact poudreux sur sa nuque, sa voix de hyène grinçant à l’oreille du Clown. N’est-il pas beau le début de ta fin très cher ? C’est ta faute, accepte-le ! À le pousser tout le temps tu t’attendais à quoi ? Sincèrement ? Juste en revenir à leurs habitudes, à ce on prend les mêmes et on recommence, chasser ça et rejouer des cartes connues mais cette fois elles étaient de trop sur la table et le poker a tourné en roulette russe, crachant des balles qui ont blessé leur cible pour des raisons bien différentes.

Aux paroles que Boogie prononce Jason baisse un peu plus les yeux et crispe les mains sur ses jambes, dos voûté. C’est ta faute tout ça, tu as joué et tu as perdu. Le chat ne voulait pas d’une énième démonstration de ces jeux qui ne font rire que toi. Silence … par l’enfer, silence. Et maintenant ? Maintenant il ne sait pas, il ne sait plus et pour un peu il retournerait à cette armoire pour trouver une autre seringue contre laquelle il n’y aurait aucun antidote. Il en a et ça n’a jamais été aussi tentant d’en faire usage. Pas de remords, c’est différent et ça lance, ça grignote le feu. La cendre … c’est seulement la cendre froide qui recouvre tout comme après une éruption volcanique. Elle jubile la gorgone, elle tisonne et pousse le vice, soupire qu’il serait temps de reprendre un costume taillé sur mesure et faire le ménage autour. La bête secoue la tête, refuse de revenir à ce rôle de tyran solitaire. Puis, vague roulante et légère c’est une nuit en bleu et noir qui revient caresser les rétines, tente de raviver le parfum sulfureux de cet enfer où plus rien ne comptait sinon l’enlacement des bêtes. Faible, trop faible encore le roulis aquatique que la poussière grisâtre attaque de plus belle. Tu dérailles Jason, reprends-toi. Et la créature folle susurre : moi … j’ai toujours été là. Le feu s’éteint, devient braise mourante et sa fumée prend à la gorge.

Mouvement du chat en glissade jusqu’à prendre place face à Lecter qui n’a plus rien d’arachnéen ni de serpentaire. Corps en proie à une rigidité quasi cadavérique, esprit lacéré, le noir est opaque et mate comme un éclat de charbon. Le Clown est loin, bien loin mais la bête entend sa jumelle qui avoue ses sentiments, ce qui l’a agité cette nuit en vents contraires, le blessant fatalement au passage et le poussant à cette ignorance extrême. Beaucoup trop même pour lui, la patience a toujours une limite et les contenants même s’ils sont immenses finissent toujours par déborder un jour. Penché vers l’avant, le bleu vient à la rencontre du noir qui dés lors ne parvient plus à se détourner. Je reviens toujours dit-il, répétant que seul il ne peux pas être, et surtout pas grand chose. Lecter secoue la tête, voudrait parler mais les mots restent murés derrière ses dents serrées. Tu te trompes. Pense-t-il, même sans moi tu es là, même sans moi tu es quelqu’un. Sourire désolé en face, le Croque Mitaine achève en précisant que si le tyran perd ses flammes, se drape de poudre et de cendres alors il n’est pas sûr de tenir.
Black Out. Le Clown passe en pause comme si on venait soudain de faire sauter les plombs de son compteur interne. Maintenant Jason ; fais donc ton choix. C’est ton univers en dualité perpétuelle alors décides, le feu ou la cendre. Une seconde … le feu brûle mais connaît des hauts, des bas, il peut subir encore et chavirer, souffrir à sa façon. Deux secondes … la cendre est froide, elle n’a rien à perdre et vole de ci de là sans souci, se pose partout jusqu’à bouffer le monde et recouvrir d’une couche épaisse chaque émotion. Trois secondes … Alors, et maintenant ? Quatre secondes … choisis ! CHOISIS ! Cinq … rideau de cils sur les iris noirs.

Deux mains jusqu’ici immobiles surgissent, s’arrachent à leur raideur pour accrocher la chemise du Croque Mitaine et l’attirent. La bouche n’a rien à dire, elle se tait et s’empare de l’autre. Baiser venimeux mais sans morsure, on ne joue plus, on ne provoque plus, on ne prend pas les mêmes. Le suicidaire ne saurait accepter la froideur et le confort des cendres ; les flammes seules le contentent et s’il doit y crever qu’importe. Tomber mais se relever, s’écraser mais revenir en force. Te revoilà enfin Lecter. La vague timide a reculé, feignant la reddition pour revenir en véritable tsunami teinté de bleu et noir et la déferlante dévore le gris jusqu’aux portes de cet enfer connu qui les a si bien réunis. Soupirs, soulagement entre deux inspirations et le Clown se renverse en arrière jusqu’à sentir son dos rencontrer l’assise, entraînant la bête de soie noire dans sa chute. On conjugue à nouveau au pluriel, on reprend ce nous précieux et au barbelé fragilisé se mêlent les fils délicats d’une toile incassable. Ça vaut toutes les drogues mais Jason avait oublié, perdu de vue que la folie n’est jamais plus belle que lorsqu’elle est partagée. Plus on est de fous plus on rit alors non, seul il ne pouvait pas en revenir à lui même. C’est avidement, habilement qu’il ouvre cette chemise bouton par bouton, découvrant la peau blafarde pour en ressentir à nouveau le contact. Possessif revenu à ses principes et sa jalousie maladive, ce besoin viscéral de conserver au plus proche ce qu’il a un jour déclaré sien. Tu me voulais, juste moi et bien me voilà, me revoilà.

Tiré d’affaire, le venin ne le tuera pas mais ses restants lui font tourner la tête et rapidement Jason sent l’air manquer, son cœur cogner furieusement et s’arrache de lui même à l’échange. Ne pas courir, prendre le temps et marcher. Se calmer pour une fois ce serait judicieux. Une chaleur fiévreuse commence à ramper, les paupières s’ouvrent lentement sur le noir qui n’a plus rien de vide. L’encre chavire, reprend ses nuances de toujours. Mais que c’était bête. Seule fois où il s’éclipse, range son égoïsme pour lui laisser de l’espace et se gérer seul ; voilà le résultat. Imbécile
Une main descend au creux des reins, l’autre épouse sa joue et la voix de Lecter souffle en un murmure sur les lèvres du Croque Mitaine. Chère intimité, chère proximité retrouvée. Là seulement il se sent complet. « Même en ne cherchant pas, je ne sais pas réellement ce qu’il convient de dire. Peut-être la vérité alors ? Ce que j’aurai dû dire au lieu de te provoquer. Reste avec moi et mon cher Boogie ... » Le ton baisse, à peine audible, c’est un secret de ce monde en deux tons. Voix de velours qui caresse, lascive. Sifflement du serpent qui d’un mouvement ouvre les portes en grand. « Bienvenue en Enfer. »  

© Jason L.

Boogie
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MessageSujet: Re: Triumvirat Triumvirat  Icon_minitime1Lun 19 Aoû - 21:59



Tel un condamné à mort que l'on vient de sangler sur Miss Cent Mille Volts, que l'on vient de soigneusement préparer à son exécution après que ses crimes aient été énumérés, Boogie attend, le regard plongé dans celui de Jason, qui devient soudain ce gouverneur dont on espère le coup de téléphone qui annoncerait la grâce. Si la Bête ne s'est jamais émue de la souffrance qu'elle a pu infliger à des dizaines et des dizaines de personnes tout le long de sa carrière sanglante, si elle s'est comportée à l'égard de l'humanité comme une créature supérieure qui pouvait disposer de tout être inférieur selon ses barèmes comme bon lui semblait, la faute commise envers Lecter est vécue comme une trahison du plus haut niveau. La Bête s'est trahie elle-même et pire, elle a trahi son créateur, son maître. Même si elle s'est trouvée des circonstances atténuantes, ces dernières n'apaisent en rien les remords et la conscience écorchée vive. Si le Clown choisit les cendres plutôt que les flammes, s'il choisit le retour du tyran rejettant définitivement la Bête de soie noire comme cette dernière a pu le rejetter il y a quelques minutes, il se soumettra à la sentence comme il l'a toujours fait. Ca sera son ultime acte de contrition, sa repentance. Car dans ce dernier cas, Boogie sait qu'il devrai abandonner sa nouvelle identité et redevenir Alastor Burton, le boucher de Vancouver, serial killer en fuite depuis plus de dix ans. Sans le Clown, le Croque-Mitaine n'a aucune raison d'exister. Alter ego de personne, second de rien, simple monstre. Cette triste célébrité a de tout temps été sa pire crainte et sa seule peur, Jason l'avait faite fuir confirmant la renaissance impie dont il était l'instigateur, bénissant la Bête qu'il a forgée. Mais sans lui, cette peur reviendra au triple galop en même temps que la solitude du meurtrier s'abattra de nouveau sur Alastor.

Que vas-tu décider Jason? Les iris polaires n'interrogent pas de front mais une certaine impatience s'y lit. C'est bien plus que sa simple vie qui est en jeu. Suspendue aux lèvres et au souffle du Clown, la Bête de soie attend la sentence, assise au banc des accusés, les muscles tremblants à l'idée de perdre le Serpent. Les yeux noirs se figent semblant hésiter, peser le pour et le contre. Même si aucune main ne se serre autour de sa gorge, le Croque-Mitaine a l'impression de se retrouver des mois en arrière après la révélation de l'existence d'Amnesia. Vie en suspens, sur le point d'être balayé d'un revers de la main hors de l'échiquier du Clown, hors de son monde, contraint à l'exil. Lecter avait pardonné...première et dernière fois. Que sa créature ne recommence plus jamais une chose pareille. Et il avait juré ses dieux infernaux, ravalant son sang, étouffant la douleur des coups.
Le garder et conserver le manteau de flammes c'est accepter le fait d'être encore blessé. Retrouver les cendres, c'est la solitude indolore. Les secondes passent, le temps s'étire, semble durer et durer. Rideau sur les abysses et le Croque-Mitaine se redresse légèrement. Une décision a été prise et va être annoncée.

Brisant cet immobilisme et cette raideur, les mains du Clown surgissent, s'accrochant sur le devant de la chemise de Boogie. Le temps d'un battement de coeur, il croit que le spectre de cendre est de retour et que ce geste vif n'est que le prélude de sa mort. Le roman noir de sa vie s'achèvera donc comme il a commencé. Dans le sang et ça sera le sien. Tant pis...ou tant mieux. Il n'aurait de toute façon pas pu vivre avec ces remords et cette foutue voix écoeurante de douceur et de mièvrerie. Si Lecter ne lui cloue pas le bec, elle le rendra complètement dingue ou encore plus qu'il ne l'est déjà. Le soupir fataliste du condamné qui s'apprête à perdre la vie se transforme en hoquet de surprise lorsque Lecter l'attire en un mouvement contre lui. Déstabilisé, le Croque-Mitaine lève la main pour arrêter sa chute. Sa paume se referme au creux d'une épaule et il sent sous le tissu la marque de ses propres dents, détonateur autant que désamorceur, ce sceau qu'ils se sont gravés à même la peau ne s'effacera jamais à moins de s'arracher un lambeau de chair. Le jour où le Chat et le Serpent ne marcheront plus côte-à-côte, c'est bien ce qu'il se passera...une mutilation, une amputation. Les iris pâles abandonnent cette zone meurtrie et le visage de Lecter envahit son champ de vision. Contact tiède de lèvres contre les siennes avant que le feu ne déferle aussitôt. Envie idiote de s'écarter et de demander pourquoi. Une voix calme et mesurée lui répond, parce que le noir se marie à merveille avec le bleu et que le bleu n'est jamais aussi beau que ceint de noir. Si la cendre étouffe et recouvre tout, le feu se propage et la folie est un virus tapi dans un coin du crâne, s'éveillant lorsque les conditions lui sont propices. La Bête noire se fond sous la peau du Croque-Mitaine, ses pattes de velours retrouvent ses marques sur le corps de Lecter. La revoilà leur petite parade bien à eux, ce petit monde désertique qu'eux seuls peuvent trouver beau et fascinant, qu'eux seuls peuvent arpenter. Un jour peut-être, ils se tueront car la chute de l'un entraînera irrémédiablement la chute de l'autre, mais ça ne sera pas pour ce soir. Soupir et soulagement, leurs propres démons s'éloignent, ils peuvent torturer une Bête, mais uniquement lorsqu'elle est seule. Et si la rouille a mordu le barbelé, l'araignée se charge de la gainer de soie blanche.
Chute en avant jusqu'à ce que Jason soit à l'horizontale. Sa main quitte l'épaule marquée pour se poser sur l'assise du canapé tandis que l'autre se cale contre son cou. Baiser plus profond plus ardent qui prend une saveur de soufre familière, enivrante. Les boutons de sa chmise cèdent les uns après les autres tandis que se profilent des portes noires qu'ils ont déjà franchies. Boogie sait qu'ils se blesseront encore, aussi longtemps qu'ils vivront, parce que c'est ce qu'ils font de mieux, parce qu'ils ne sont ni miel ni fiel, parce qu'ils sont des monstres et que le sucre ne se sera jamais meilleur que l'acide. Mais il ne le fera plus de cette façon et certainement plus en dirigeant le golem de glace vers le Clown.

Lecter s'arrache des lèvres du Croque-Mitaine qui ressent alors le tambour au rythme syncopé d'un coeur qui n'est pas le sien contre sa poitrine. Ah oui...le venin...Foutu Clown cinglé. Rideau de cils qui se lèvent sur un noir profond dont l'éclat retrouvé cloue les lèvres invisibles de la harceleuse à la voix mièvre. La peau de Boogie se rétracte et se hérisse sous la main qui glisse jusqu'au creux de ses reins, vertèbres qui craquent et dos qui se déroule. Le Chat cale sa joue dans la paume qui s'y est posée. Murmure contre ses lèvres. Plus de jeu, plus de damier où on avance sa petite armée pour mettre en échec l'autre, plus de provocation. Juste une vérité nue et dépouillée, bien trop rare mais qui ne la rend que plus savoureuse. Reste avec moi. Pas de persiflage du Croque-Mitaine - était-ce si difficile à dire? T'es-tu foulé une corde vocale? - la langue glisse le long de la cicatrice indemne alors qu'un écho à peine audible lui chatouille l'oreille. Bienvenue en Enfer. Ronronnement entendu qui répond au sifflement caressant. Ses lèvres se posent au creux du cou et au fur et mesure qu'elles descendent accompagnant l'échancrure d'une chemise qui s'élargit et s'élargit, la Bête aux gestes déliés refait surface. Les lacs gelés fondent, bouillonnent.
Bienvenue en Enfer et celui-ci, c'est le leur.

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MessageSujet: Re: Triumvirat Triumvirat  Icon_minitime1Mar 20 Aoû - 0:06

" Dettes d'Honneur "

Vivre, exister, mourir, tout est question de choix. Dans l’esprit de Lecter il n’en a jamais été autrement. Choisir, éternellement posé face à une balance qui annonce sans faux semblants ni détours un pour ou un contre. Tuer, apprécier, blesser ou avancer ce n’est qu’une histoire de décision qui ne souffre pas d’hésitation. À peine, le temps de poser un point d ‘interrogation au bout d’une ligne et puis la suite naît d’elle même, évidente car le Clown n’a aucune patience, il ne sait pas se poser et fonce quitte à se blesser, à frôler la mort d’un peu trop près. Il l’a vu ce soir, drapée dans son manteau d’ombres qui souriait -tristement sans doute- et baissait sa faux en secouant la tête, lui disant « imbécile ; tu ne comprends rien. ». Vivre seul c’est facile, mourir seul plus encore mais lorsqu’on a passé tant d’années entouré d’un seul être le monde prend des couleurs particulières, il se révèle comme tant de ces substances invisibles à la lumière noire. N’est-il pas joli ton décor Jason ? N’est-il pas idéal ? Regarde, vois comme tu l’as toujours fait. Droit devant vois le bleu et songe que sans lui, tu n’es plus que cendres. Que sans lui le Clown en perd sa délicieuse drôlerie. Il comprend alors, enfin au moment du choix que la gorgone ricanante ne veut qu’une chose : sa fin sans transition. Depuis toujours elle le pousse vers le gouffre, s’amuse de le voir lutter mais en ce monde il existe une âme, un être bien réel qui lutte plus fort encore pour lui éviter la rudesse de coups mortels. Dix ans Jason … pourquoi tu ne vois pas ? Jamais Boogie ne partira, aussi forte que soit son ignorance ou la tienne il reviendra, toujours. Comment en douter ? Pourquoi le faire ? Parce que le moindre rejet fait mal, trop mal. Je ne veux pas continuer sans toi. Sans toi, je ne suis seulement plus moi. Le dire serait facile pour les autres, pour eux ça tient de l’effort car ça laisse entendre des remords. Pas d’attachement, pas de faiblesse, aucune raison de ployer genou, on redresse la tête toujours … logiquement. Mais dans le théâtre bleu et noir, logique rien ne l’est. La raison s’efface et ne demeure que le soufre qui rampe, grimpe au long des membres, s’infiltre jusqu’à envahir les poumons, intoxiquer la moindre cellule de la peau et ravager les corps.
Bienvenue annonce l’enfer. Béni et maudit soit-il.

Pavé de bonnes, de mauvaises intentions. De ronces ou autres quelle importance ? C’est dans la décadence, dans la folie que les bêtes se complaisent. C’est au son de soupirs bien précis, au rythme anarchique de leurs caresses et de morsures indolores qu’elles se cajolent et pansent leurs plaies. Un seul coup de museau et les voilà relancées, reparties comme en quarante à la guerre et capables d’affronter le pire mais seules non. Seules elles retournent à leur situation primaire, leurs gémissement uniquement désolés, presque plaintifs face à l’immensité d’un monde pourri qui ne rêve que de les voir écrasés, balayés puis enterrés. Reste avec moi, ne me laisse pas, je t’en prie. Ne m’abandonne pas. La voix taira ces paroles mais autre chose le dira, à sa manière. Ce n’est pas difficile, juste quelques mots à souffler mais pour Jason la proportion est telle qu’il en passe systématiquement par le chantage, la provocation. Jamais délicat, rude à trop de reprises il blesse pour mieux étreindre et apaiser par la suite. Lorsqu’il s’agit du Croque Mitaine plus rien n’a de logique finalement. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué hein ? Parce que c’est Clownesque, c’est fou, c’est du Lecter en bonne et due forme. L’eau frémit, la glace n’est plus, c’est fini ; la cendre vole au loin, le cœur emballé s’ignore et un baiser reprend dans une lenteur aguichante. Les doigts redécouvrent, retrouvent leurs marques. Quitte à se sentir crever, autant que ce soit pour les bonnes raisons. Autant regarder la mort dans les yeux. Que je crève, que j’agonise mais pas seul.
Bienvenue en Enfer, bon retour chez nous.

[...]  
         
La première fois, la bête pensait et refusait le sommeil pour s’interroger. Cette fois le Clown profite, soupire d’aise et resserre un bras autour des épaules du Croque Mitaine. Les yeux au plafond, son cœur tambourine à vive allure et ce n’est pas l’envie qui manque de tirer une cigarette pour chercher la plus fine illusion d’accalmie. Rien de violent, rien de doux, ni fiel ni miel toujours mais à cette lumière noire l’ambiance a quelque chose de différent. Loin le jour qui se lève, agressif et crachant la lumière blafarde d’un ciel pluvieux. Le laboratoire revêt un aspect de boite à secrets totalement hermétique que rien ni personne ne saurait investir. Ici plus qu’ailleurs c’est un monde clos, privé auquel seul Lecter autorise l’accès.

Aucune envie de dormir, ce serait même franchement suicidaire compte tenu de ce qui galope encore dans ses veines. On ne sait jamais. Juste prendre le temps et ne rien fuir, pas comme l’autre fois, apprécier la sensation grisante de cette chute que Morphée ne saurait écourter. Le souffle est encore emballé, le serpent s’étire langoureusement et fait face au chat sur l’espace étroit que laisse l’assise du canapé. Vraiment, n’était-ce pas tellement plus facile d’en arriver là dés le départ ? De ne pas fuir et se retrouver ensemble ? Si, mais ce serait trop, vraiment trop simple et quand ça l’est ça enlève tout le goût parait-il. C’est surtout malade oui ! Tu as failli mourir tu te souviens ? À peine. Bien éveillé, dépourvu d’ombre le noir plonge dans le bleu et Jason vient frôler la bouche du Croque Mitaine de la sienne. Différents c’est un fait, opposés trouvant une stabilité bancale … mais identiques dans les travers. Ce qui blesse l’un blessera l’autre. Voilà leur plus profonde malédiction. C’était ta faute Lecter. Coupable autant que lui. Mais les yeux clos, c’est sans pudeur aucune que la voix s’échoue en un soupir grave tant il est exténué. « Pardonne-moi, je suis allé trop loin. Et merci, pour tout ce que tu as accompli pour moi cette nuit. » Boogie ne voulait pas jouer, il ne voulait pas de provocations blessantes. Voilà la vérité et elle est d'une nudité éclatante comme un spectre de fumée, c'est d'un blanc pur sur un noir profond. Coeur en bouche au fou et de tous, Jason Lecter est définitivement le pire. 

© Jason L.


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