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Faire parti de ceux qui ne font rien. | Jethro & Frederic
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MessageSujet: Faire parti de ceux qui ne font rien. | Jethro & Frederic Faire parti de ceux qui ne font rien. | Jethro & Frederic Icon_minitime1Lun 5 Aoû - 19:42


Faire parti de ceux qui ne font rien.



Jethro & Frederic




    Frederic resserra son blouson de cuir avant de sortir de la salle avec ses béquilles. Il pleuvait, dehors et les filles commençaient à crier leurs grands dieux qu'elles allaient friser. Personnellement, il n'en avait pas grand chose à faire, à part que la pluie était une source de douleur supplémentaire à ses articulations en mauvais état. Et qu'il ne pouvait pas fumer dehors, notamment dans l'allée des embrumes, à part s'il voulait prendre le risque de mouiller la dite cigarette. Il n'avait pas encore essayé de fumer dans l'internat de Weins depuis qu'il y habitait mais une petite voix lui disait que ça serait une très mauvaise idée. Bien sur, ce n'était pas son principal problème.

    Le quotidien s'était imposé de lui même et la rage qui l'habitait était petit à petit en train de se taire. Il tentait de survivre, au jour le jour, mais chaque jour apportait son long de souffrance, d'habitudes à prendre et auxquelles il n'arrivait pas à se faire. Il ne pouvait regarder son genou gauche sans éprouver un flot de sentiments contradictoires et surtout, de l'impuissance. Il ne pourrait rien y changer, il ne pouvait pas non plus se venger, il arrivait à peine à s'occuper de lui même. Il n'arrivait pas à avancer. Il savait que s’apitoyer sur son sort ne résoudrait rien, qu'il n'était pas sensé pleurer pendant des heures en se maudissant d'être si faible, mais il n'arrivait pas.

    Le paquet de cigarette dans sa poche droit attendait d'être consumé. Et Frederic en avait bien besoin après huit heures de cours éprouvantes. Les cours étaient éprouvants, comme tout le reste de toute façon. En avançant jusqu'au hall, Frederic vit avec un grand soulagement que la pluie était en train de s'arrêter. Autour de lui, les autres s'élançaient dans les rues avec des parapluies. Le hall allait bientôt être désert et encore, il allait être seul, ce qui valait peut être mieux. La pluie avait quelque chose de rassurant. Elle mettait la ville entière dans un état de gris certes consternant mais Frederic préférait observer la pluie et les gens sous la pluie, occupés à courir. Il cligna des yeux. Les adolescents et les professeurs quittaient les yeux. Il s'efforça de ne pas croiser le regard de Platines ou même de personnes qui ne l'appréciaient pas, ou plus. Il avait assez d'emmerdes comme ça.

    De toute façon, ses soi disant amis lui tournaient le dos les uns après les autres et il n'arrivait même pas à leur en vouloir. Chacun réagissait à sa façon.

    "Fais chier ..."

    Avançant quand même en douceur et tentant de ne pas penser à la douleur endormie qui tiraillait dans son genou gauche, il avança jusqu'à la porte qui donnait sur le dehors de l'académie. Il espérait que la pluie s'arrête. Il se donna cinq minutes avant de rentrer sous la pluie. De toute façon ça ne pourrait pas aller plus mal.  


HS : désolé c'est suuuuper court >_< je ferai mieux au prochain poste. Si ça te convient pas j'édite n_n

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MessageSujet: Re: Faire parti de ceux qui ne font rien. | Jethro & Frederic Faire parti de ceux qui ne font rien. | Jethro & Frederic Icon_minitime1Mar 6 Aoû - 13:05

Faire parti de ceux qui ne font rien. | Jethro & Frederic Tumblr_m98hmjKIW41rv240t



La libération était proche. Assis dans le fond d'une salle de classe, Jethro n'écoutait aucun foutu mot qui sortait de la bouche de l'enseignant se contentant de temps à autre de lever le nez de sa feuile pour promener un regard morne sur les viages happés par le discours abscons de l'adulte qui leur faisait face. Les yeux en amande s'étrécirent sur ces lèvres qui s'agiaient et débitaient ânerie sur ânerie. S'il n'était pas si en colère, s'il n'était pas habité par une rage si intense, il chercherait à comprendre par quel mécanisme tant d'adolescents pouvaient se tenir si sages à absorber ce savoir qu'il savait totalement faux. On était si loin des écoles que ses parents lui avaient décrites quand il était encore enfant. On était si loin de cette volonté farouche d'éduquer de futurs citoyens lucides. Plus le temps passait entre ces murs et plus l'impression qu'il avait eu en voyant les premières images de l'Académie Weins à la télévision se précisait. Il était au beau milieu d'un abattoir. Un abattoir où l'on ne posait pas une électrode au milieu du crâne pour suspendre la vie. C'était un abattoir où on annihilait ce libre arbitre auquel il s'accrochait. Jethro était entouré de poupées que l'on vidait soigneusement et que l'on remplissait par une matière plus ductile et bien moins rétive que le chaudron d'émotions qui devait être le moteur de tout être humain.
Depuis cette rentrée 2099, le corps enseignant avait renoncé à l'interroger en cours. Jethro se contentait de soupirer, débitant des textes qui n'avaient rien à voir la leçon, essayant de capter un semblant de lumière au fond des pupilles vides de ses camarades Zinc...car pour les Titanes, les dés étaient déjà jetés. Sauf pour Emily bien sûr. Jethro restait intimememnt persuadé que la clé du retour de sa soeur dans le monde des vivants se situait dans cette gémellité particulière qu'ils avaient cultivé jalousement. Les yeux noirs se baissèrent sur une feuille de papier dénuée de la moindre prise de note. Juste un dessin au milieu. Un enfant aux cheveux hirsutes, vêtu d'un long manteau, debout sur un astéroïde, une rose à sa droite, un petit mouton à sa gauche.

Comme une seule entité, les Titanes se levèrent en un ensemble presque parfait. On ne pouvait pas nier qu'ils étaient encore mieux qu'une sonnerie. Les braves petits soldats parfaits quittèrent la salle. Puis les Zincs qui ont toujours un train d'avance sur les Plombs qui sont toujours les derniers à ranger leurs affaires. Jethro roule sa feuille en boule et d'un geste désinvolte la lance das la corbeille sans un mot pour l'enseignant. Il a renoncé à être poli avec les artisans du Vide et du Néant Culturel.
Dehors, il pleut. Tant mieux pese-t-il aussitôt. La grande majorité des étudiants préfèreront rester à l'intérieur. A l'abri dans leur carcan, se réjouissant de ces murs qui les protègent du temps maussade. A peine un regard lancé aux enfants parfaits de Mère Patrie, Jethro trace droit devant lui quitte à heurter au passage ceux qui se sont laissés passivement broyés par la machine. Son-ils seulement encore des êtres humains? Vaste question dont il devarit débattre avec d'autres Plombs...car ceux de son engeance sont encore les seuls avec qui il peut vraiment parler - vraiment parler - sans avoir à être assommé par un discours laudatif sur leur civilisation actuelle. Discours préfabriqué, incrusté dans le plus petit neurone et vomi avec un sourire dégoulinant de prévenance et une docilité déconcertante.

Il y a encore quelques mois, Jethro était non-fumeur. Avec Emily, ils ne supportaient pas l'odeur du tabac froid qui rappelait trop la maison de leur foutue tante bigote qui ne jurait que par Dieu et Gordon...surprenant qu'elle n'ai d'ailleurs pas encore fait fusionné les deux entités pour se créer sa propre divinité. Maintenant, Jeth' fume comme un sapeur et le moindre temps mort, la plus courte pause est devenu un prétexte pour s'en griller une. Continuant son chemin au mépris des autres étudiants sur sa trajectoire, il pousse les doubles portes qui mènent à la cour, s'adosse au mur juste à côté pour se protéger de l'averse et sort une sèche de son paquet.
Fais chier!
Une voix familière lui parvient malgré le martèlement de la pluie. Une voix qui sort un "fais chier", c'est pas une voix de Platine. Jethro se penche jusqu'à ce qu'il soit visible par l'ouverture de la porte. Frederic Host appartient également à ces "Intouchables" de l'Académie. Une sorte de paria tout aussi contagieux que lui et que l'on ne va voir que pour tenter de lui faire comprendre à quel point Gordon c'est le Bien et se soumettre c'est l'acte suprême de Sagesse. Jethro se détache du mur pour tenir la porte sur le passage de l'atre Plomb qui se balade avec des béquilles depuis quelques temps. La clope coincée entre les lèvres, Jeth' lui indique la fine zone épargnée par l'averse. Il y a de quoi se tenir à deux. Prenant l'une des béquilles pour laisser l'autre prendre place, il tend son paquet de cigarettes.
Je t'en paie une? Avant que l'autre n'ai le temps de répondre, il agite la main. Pas besoin de mercis. Si on peut pas compter sur les autres brebis galeuses du troupeau où irait-on?

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MessageSujet: Re: Faire parti de ceux qui ne font rien. | Jethro & Frederic Faire parti de ceux qui ne font rien. | Jethro & Frederic Icon_minitime1Mar 6 Aoû - 14:57


Faire parti de ceux qui ne font rien.



Jethro & Frederic



    En regardant les autres avancer jusqu'à la sortie, ouvrir leurs parapluies et s'élancer pour rentrer chez eux, Frederic avait clairement l'impression d'être mis à l'écart de quelque chose. En les regardant, ils semblaient avancer tous de la même façon, d'aller dans la même direction. Des moutons, tous. Les Platines guidaient les autres et les forçaient à partir dans leurs sens. et les autres suivaient, bêtement. Précisément le genre de comportement qu'il exécrait. Il n'arrivait pas à comprendre au nom de quoi on pouvait décider de suivre des leaders et de lécher leurs bottes presque pour se faire bien voir. Il ne comprenait pas pourquoi est ce que Gordon était vu comme un sauveur de l'humanité. C'était peut être très égoïste, mais ledit Gordon n'avait pas fait grand chose pour lui. Alors entendre les autres répéter que Gordon était le bien incarné et que tout ceux qui ne croyaient pas à son pouvoir étaient des moins que rien le mettait dans un état d'incompréhension. Il n'y avait pas de place pour la réflexion. Pourquoi devrait-il, parce qu'on lui disait, croire à un seul principe sans savoir pourquoi est ce que c'était bien ou mal ? Non, décidément, il n'arriva pas à comprendre.

    Mais il ne pouvait pas ouvrir la bouche. Il n'en avait pas le droit. Personne ne l'écouterait de toute façon. Il n'était qu'un minuscule fragment perdu dans l'académie. Personne n'écoutait les Plombs. A peine les Plombs eux mêmes s'écoutaient-ils entre eux. Être un Plomb, c'était être en bas de l'échelle, c'était n'être que rien. C'était ne rien pouvoir faire, à part écouter et tenter de se faire oublier. Personne ne lui parlait, mais les gens savaient qui il était. Tous autant qu'ils étaient. Et si par malheur une Platine lui tombait dessus et que sa grande gueule l'ouvrait malgré lui, il se fera tuer. Même Rebecca ou Kennedy pouvaient le tuer maintenant. Elles étaient des robots déjà, alors si il se dressait ouvertement contre elles, le groupe allait lui tomber dessus et dans son état, il ne se relèverait pas.

    Oui, depuis que Frederic était un handicapé et qu'il ne pouvait se déplacer sans béquilles ou sans fauteuil roulant, il regardait les gens aller vite vers un point. Il n'allait pas aussi vite qu'eux, alors il les regardait courir sans but. A quoi cela servait-il, il ne trouvait pas de réponse. Le clic clac des béquilles touchaient le sol lui rappelait qui il était et pourquoi il était comme ça. Dure réalité. Evidemment, pas de pitié à Weins. Personne n'osait s'approcher de lui parmi les Plombs et les Zincs et ça lui allait très bien. Quand des Platines venaient à lui pour tenter de lui bourrer le crâne, il se forçait à sourire, à mentir, à parler gentiment et à espérer que personne ne lui porte le premier coup.

    Aussi, quand la porte du hall resta ouverte, ce fut presque une surprise. Ainsi donc il avait encore un ami dans les environs. Enfin une amie, il en avait une, il avait Spencer, évidemment. Mais elle aussi voulait éviter les emmerdes, ce qui était normal. Mais ce n'était pas elle, c'était Jethro. L'autre garçon l'aide, il lui tient la porte, il lui tend une cigarette et Frederic ne peut s'empêcher de se demander pourquoi est ce qu'il fait ça. Personne ne fait les choses pour rien.

    "Je t'en paie une ? Pas besoin de mercis. Si on peut pas compter sur les autres brebis galeuses du troupeau où irait-on ?"

    La pitié, ou quelque chose qui y ressemble. Frederic ne dit pas merci, puisqu'il n'y en a pas besoin, prend la cigarette généreusement offerte et l'allume d'un geste expert et habitué. Il regarda les yeux marrons de l'autre et ses cheveux bouclés. Ils sont différents et pourtant il y a quelque chose de semblable dans leurs conditions. Ils sont des Plombs après tout. Frederic tourne les yeux et regarde la pluie. Il ne sourit pas. Ces derniers temps il n'y arrive pas. Ils font partis du troupeau, mais ils sont quand même à l'écart. Ils ne sont pas des Platines sans coeur qui suivent sans se demander pourquoi et si elles sont dans le vrai.

    "On irait avec le reste du troupeau ... comme des abrutis, on suivrait, sans se demander pourquoi ni où on va exactement. Comme les autres."

    Ca serait juste ... horrible comme situation. Suivre. Avancer. Encore. Ne rien dire. Frederic tire sur sa cigarette et se demande comment fonctionne le cerveau de ces gens qui croient que Gordon est un être supérieur, qu'il faut tout écouter de lui et mettre ceux qui osent ne pas y croire à l'écart.

    "C'est bien de s'aider entre ... brebis galeuses. Les brebis ralentissent les moutons avec leurs têtes emplies de choses compliquées."

    Nouvelle bouffée. Si le troupeau est ralenti, le troupeau met plus de temps à avancer, s'arrête, se demande pourquoi il s'arrête et commence à penser, enfin. Les brebis pensent par elles mêmes, pour l'instant. Tu pars loin là.

    "Comment ça marche dans leur tête ? Ils ont une ... voix qui leur dit qu'il ferait ça, donc qu'il faut le faire ?"

    Non, décidément, Frederic ne comprend pas ce concept. Quand il grandira, peut être. Il trouvera des réponses durant les années qu'il parcourra sur terre. S'il arrive à vivre. S'il y a d'autres brebis pour l'aider à ralentir le troupeau.

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MessageSujet: Re: Faire parti de ceux qui ne font rien. | Jethro & Frederic Faire parti de ceux qui ne font rien. | Jethro & Frederic Icon_minitime1Mar 6 Aoû - 16:23



Le flot d'étudiants ne tarit pas et c'est dans un ensemble parfaitement artificiel qu'ils s'éloignent dans un presque joyeux brouhaha. Mais au-delà de ces voix légères et enjoués, Jethro lui n'entend que des grincements de machines en marche et ne voit que de pauvres esprits en train de lentement mais sûrement se faire mâchouiller par un monstre dont personne ne distingue les terribles mâchoires.
A côté de lui, l'autre fumeur partage le même point de vue. Les animaux malades du troupeau qui fréquente Weins ne font que ralentir l'ensemble. Et s'ils ne rejoignent pas les rangs bien droits tirés à la règle, s'ils ont le malheur de briser l'harmonie générale...que leur arrivent-ils? Jethro avait entendu parler d'étudiant qui ne se sont jamais soumis à l'autorité et qui ont tout simplement disparus. Un écho à ce qui est arrivé à ses propres parents. Aucune explication ne fut donné à lui ou à sa soeur. Aucune raison ne fut avancée. Ils s'étaient juste...volatilisés. Une ablation faite à la vue de tous mais personne n'avait rien remarqué. On agite sous leur nez un pompon pour détourner leur attention de ce qu'il se passe en arrière-plan. Et énormément de personnes dans cette ville avaient les yeux rivés sur le pompon brillant.

Portant sa cigarette à ses lèvres, Jethro exhale un épais nuage de fumée grisâtre. Il secoue doucement la tête une expression qui pourrait passer pour être blasée en entendant les propos de Frederic. Qu'est-ce-qu'il peut bien se passer dans la tête des Platines pour qu'ils en oublient qu'ils sont dans l'âge où tout est possible? Ils n'auront jamais de meilleure occasion de vivre. Réellement vivre. Jeth' n'a aucune réponse à apporter. Sa soeur jumelle est une Platine et il n'a rien pu faire pour éviter ce fait.

Aucune voix ne leur murmure ce qu'ils doivent dire ou faire. Si c'était le cas, il pourrait facilement faire taire cette bouche qui dicte la façon de vivre chaque minute aux Platines. Il pourrait couper les fils de marionnette qui entravent sa soeur. L'espèce de vendetta silencieuse et sournoise qu'il s'échine à mettre en place à coups de feuillets et d'annotations glissés dans les pages des livres de la bibliothèques porterait ses fruits. Il réussirait au moins à éclairer la lanterne de quelques étudiants qui faisaient partie des "privilégiés". Mais rien. Jusqu'à aujourd'hui, il n'avait pas encore vu une seule fois l'éclat même fugace de la contestation et de la rébellion dans le regard presque bovin des Platines.
Ils sont intimement et fermement persuadés que leur vision est la meilleure. Je ne sais pas comment ils en sont arrivés là, qui ou quoi les a étouffés, mais c'est bien plus profond et grave que de la simple soumission. Le discours des Platines était sensé, s'articulait à la perfection et les arguments avancés étaient d'une logique imparable. Aucun grain de sable dans les rouages de cette réflexion déviante qui était à l'oeuvre dans leurs crânes. Ils débitaient tous les même inepties mais des inepties homogènes et solides. Si c'était que de l'obéissance bête et aveugle...je n'aurais pas perdu ma soeur.

Jethro prend une nouvelle bouffée rageuse avant de jeter d'une pichenette son mégot dans la direction d'un groupe de Platines. Regards presque outrés qui se lèvent dans sa direction. Bien évidemment, ils ne feront rien qui entâcheraient leur belle et rayonnante réputation. Jeth se contente de leur adresser un majeur dressé alors qu'ils s'éparpillent comme une volée de moineaux.
Plomb...on est sensé être des moins que rien et pourtant, c'est pas l'impression qu'ils arrivent à me donner. Regarder le troupeau de loin sans lui emboîter le pas, c'est pas une malédiction. C'est une bénédiction.

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MessageSujet: Re: Faire parti de ceux qui ne font rien. | Jethro & Frederic Faire parti de ceux qui ne font rien. | Jethro & Frederic Icon_minitime1Mar 6 Aoû - 22:15


Faire parti de ceux qui ne font rien.



Jethro & Frederic



    Dans le monde étrange et sombre de Frederic, il lui arrive encore de rêver du jour où il pourrait marcher, courir comme avant. Trébucher sur les trottoirs. Mais ce ne sont que des rêves. Mais dans ces rêves si étranges, les Platines n'existent pas, ils ne suivent pas un être omnipotent qui les guident à tord et à travers vers quelque chose, un but. Dans son monde, c'est un peu Alice au pays des merveilles qui s'est pris une cuite à la tequila. C'est coloré, chaud, fluorescent. Les gens sont fous dans le bon sens. Il n'y a pas de croque mitaine sous les lits, les clowns sont gentils et les filles sourient, rient et ont un goût sucré. Dans les rêves de Frederic, il y a toujours une fin. Frederic deviendrait fou à force de rêver à ce monde qui n'existe pas. Alors il ouvre les yeux et reprend contact avec sa réalité. Quand Frederic ne voudra plus de ce monde, il le quittera, deviendra fou. Il est déjà une bombe humaine de toute façon.

    Jethro parle avec des métaphores, il dit des mots qui ont du sens. Qui pourraient avoir du sens. Mais Frederic fronce les sourcils en voyant les Platines se moquer d'eux, les prendre pour des moins que rien. Ils ne sont rien pour eux, mais eux même ne sont que des détritus. Les restes d'une humanité qui peu à peu sombre. Personne n'a l'air de voir que quelque chose ne va pas, ne va plus, que quelqu'un tire des ficelles et qu'ils ne sont que des pinocchio qui ne savent pas mentir. Des espèces de choses dans conscience. C'était bizarre. Ils n'arrêtaient pas de dire que Frederic et les autres Plombs étaient dans le faux. Pourtant Frederic n'en avait pas l'impression. Il ne se sentait pas totalement dans le faux le plus total. Il y avait forcément une explication des plus logiques, autre chose que d'être une chose sans cervelle ou un paria. Il y avait forcément un entre deux. Si quelqu'un voulait bien leur expliquer ce qu'ils étaient exactement, ils comprendraient peut être. Certainement. Ils n'étaient pas plus idiots les uns que les autres. Frederic tire sur sa cigarette. Jethro a raison, il y a un truc, bizarre. Ils sont si froids.

    "C'est pas de l'obéissance, c'est plus fort, plus profond. Si ça se trouve y a des fous qui les enferment dans des caves pour ... pour faire ... j'en sais rien, mais y a des choses qu'on sait pas."

    D'autre Platines sortent au moment où Jethro parle de sa soeur. Frederic se mord la lèvre. Si, si, si. Avec des si, on met New York en bouteille et Talinn dans le bouchon. Frederic avait bien vite compris que les si étaient comme des rêves et ne servaient à rien. Il se mord la lèvre et s'étouffe presque en entendant la dernière phrase. Une violente quinte de toux le prend et il met un moment à reprendre sa respiration.

    "Une bénédiction ? Sérieusement c'est ce que tu penses, que c'est une bénédiction ? T'es bien le seul à vouloir de cette bénédiction ! Parce que même si ça en est une, je commence à en avoir marre d'être bénis des dieux !"

    De nouveau, Frederic tire sur sa cigarette et la termine avec rage avant de la jeter plus loin. Merde à la fin. Marre d'être toujours la brebis galeuse dont personne ne se soucie et que tout le monde traine derrière soit. Ce n'est pas une raison pour être affreux avec Jethro, lui n'a rien demandé. Il vient t'aider et toi ... tu recommences. Ca sert à rien d'envoyer chier tout le monde, je crois te l'avoir déjà dit. Saloperie de petite voix, elle a encore raison.

    "Désolé. Je suis à cran. C'est pas ce que j'ai voulu ... si. Si, c'est ce que j'ai voulu dire, mais ... Bref. J'aurai pas du le dire comme ça, c'est tout. C'est juste que ... parfois ... j'en peux plus d'être la brebis galeuse. J'dis pas que j'ai envie de faire parti du troupeau, juste ... me mêler à eux."

    Est ce vraiment si ... compliqué à comprendre que quelqu'un ne veuille plus être cette personne que tout le monde regarde avec des yeux paniqués, emplis de pitié et avec qui personne ne veut être ami ?

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MessageSujet: Re: Faire parti de ceux qui ne font rien. | Jethro & Frederic Faire parti de ceux qui ne font rien. | Jethro & Frederic Icon_minitime1Mar 6 Aoû - 23:53



Il y a des choses qu'on ne sait pas disait Frederic. Oh que oui et ça, Jethro l'avait pressenti à l'instant où il avait foutu les pieds dans cette école. A montrer un tel visage lisse, des étudiants si parfaits, il y avait forcément quelque chose de louche derrière tout ça. Tout sonnait trop faux, tout était trop bien, trop calme, trop sage. Où sont passés les doux dingues, les rêveurs, les utopistes? Où sont passés les adolescents écorchés vifs, les victimes du bouillonnement de leurs hormones, les impulsifs? Et cette façon de séparer, de classer les étudiants selon leur degré de pourrissement à leur doctrine. C'était vraiment sensé les motiver ou plus simplement attiser rancoeur et jalousie pour finalement amener les gens, brisés, à céder? Diviser pour mieux régner, c'est ça?
A l'hypothèse qu'il se passe quelque chose de grave dans les entrailles de l'Académie, Jethro ne peut que hocher silencieusement la tête en signe d'assentiment. Cette idée l'avait effleurée. Il partait de son petit cas personnel mais pour qu'Emily tourne casaque aussi sèchement, il ne pouvait pas y avoir autre chose qu'une intervention pernicieuse de l'extérieur ou d'un tiers. Ils étaient plus que de simples frère et soeur et il avait fallu des moyens aussi efficaces que cruels et sournois pour parvenir à l'amputer de sa jumelle. Il y a des choses qu'on sait pas ...et dont on se garde bien de laisser filtrer la plus infime bribe d'information.

Et puis, Frederic explose. Pour lui être un Plomb n'est pas une bénédiction. La colère et la lassitude pointent dans sa voix, il s'emporte. Jethro tourne lentement la tête dans la direction de l'autre Plomb, un énigmatique sourire aux lèvres. Les yeux en amande ne se détachent pass du profil qui s'emporte avant de se calmer d'un seul coup. Le mégot s'envole, atterrissant dans une flaque d'eau où il s'éteint. Il reprend un ton plus bas, presque sincèrement navré de s'être emporté. Mais Jethro ne reproche rien. Aucune ombre au fond de ses iris. Un rire franc et clair s'échappe de ses lèvres alors qu'il pose une main sur l'épaule de Frederic.

T'excuser? Mais bordel. C'est une réaction purement normale que de s'énerver. On est ni des automates ni des robots. Je préfère, et de loin, parler avec quelqu'un qui est encore capable de se révolter plutôt qu'avec un mou du bulbe qui ne jure que par Gordon. Il a l'impression que ça fait des siècles qu'il n'a pas eu un échange aussi "vrai". Les Zincs sont trop hésitants, on ne sait jamais sur quel genre d'indécis on va tomber. Un futur Platine qui va se hâter de soigneusement vous pourrir le karma parce que vous avez écorché verbalement leurs idoles. Ou un futur Plomb qui commence doucement à ouvrir les yeux et à porter sur le monde autour de soi un regard plus critique. Penchant légèrement la tête en avant pour saisir les iris de l'autre Plomb, il esquisse un sourire avant de reprendre d'une voix calme. Te mêler aux Platines? Pourquoi faire? Ils ne t'accepteront que dans l'espoir que t'ailles rejoindre leurs rangs.
Jethro se redresse, les lèvres plissées. Son regard erre sur la cour où fleurissent des parapluies protégeant parfois deux silhouettes "amies". La solitude c'est quelque chose qui pèse sur beaucoup d'épaules des étudiants de sa catégorie. Lui-même est en train d'en éprouver pleinement les affres. Il ne s'est jamais senti aussi seul et vide. Mais Jethro préférerait crever plutôt que se soumettre et de courber l'échine. Prenant une profonde inspiration, il soupire de lassitude.Je suis terriblement seul moi aussi. Ca pèse, ça essaie de me tirer vers le bas. Mais je lutte. J'ai décidé de ne plus que subir ce mal-être, j'en ai fait un moteur parce que tant que je l'éprouve, ça veut dire que je suis pas prêt à être lessivé.
Paupières plissées par la fureur qui gronde à prononcer ces mots, Jethro se passe nerveusement une main dans ses boucles brunes. Les Zincs le prennent déjà parfois pour un total fondu. Les Platines doivent se demander par quel bout le prendre...du moins pour les rares qui cherchent encore à l'amener sur la route de sable fin qui mène à la broyeuse. Mais Jethro reste sur son chemin de pierres traîtres et pointues où il évolue pieds nus. Et c'est d'une voix plus apaisée qu'il reprend la parole. Suffisamment audible pour que Frederic, et Frederic seul, l'entende. Si tu as besoin de quoi que ce soit, Fred, viens plutôt me voir. Je t'aiderais comme je peux...pas parce qu'une force extérieure me l'aura ordonné, pas parce que je dois grossir les rangs de mon camp, pas parce que j'attends quelque chose en retour...je t'aiderais parce que je l'aurais décidé et choisi.

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MessageSujet: Re: Faire parti de ceux qui ne font rien. | Jethro & Frederic Faire parti de ceux qui ne font rien. | Jethro & Frederic Icon_minitime1Jeu 8 Aoû - 12:10


Faire parti de ceux qui ne font rien.



Jethro & Frederic



    Un garçon perdu, qui ne grandit pas. C'est ce que Frederic voulait être quand il était petit. Il ne voulait pas être une fée ou Peter Pan lui même. Peter est égoiste, il se fiche des autres, il n'a pas d'amis. Il regarde les autres de haut et leur fait faire ses quatre volontés. Frederic n'est pas comme ça. Il ne veut juste pas grandir. Il aimerai s'extraire de sa vie, devenir quelqu'un d'autre, regarder ce que font les autres. Comme font ces autres pour survivre dans ce monde de fou. Frederic se demande ce que ça fait d'être un Platine aux gros muscles que les autres craignent. Il se demande ce que c'est qu'avoir du pouvoir, d'être un commandant, de décider pour les autres, de donnes des autres. Il veut savoir pourquoi certains naissent riches ou pauvres, vivent comme ça ou autrement. Être un autre que lui même. Il ne s'aime plus vraiment en ce moment, parce qu'il n'est pas bon d'être lui en ces instants. Certes, il faut faire avec. Mais comment ? Sa grande gueule ne peut même plus s'ouvrir, puisque s'il l'ouvre, il est dans une merde incroyable. Il l'est déjà, alors ça ne pourrait pas être pire. Frederic n'a plus grand chose à perdre dans ce monde qui est le sien. A part sa vie, il n'a plus grand chose à mettre en jeu. Ca pourrait faire de lui un individu dangereux, car il n'est rien de plus destructeur qu'un homme qui n'a plus rien à perdre. Il pourra devenir une bombe humaine. Mais il l'est déjà. Il n'est plus rien dans ce foutu monde.

    Alors il s'énerve, il hurle, il crie son désespoir à qui veut bien l'entendre. Il n'aime pas se plaindre de la vie misérable qui est la sienne. Personne n'aime se plaindre. Mais il n'a plus que ça. Les plaintes, le tabac, une chambre à l'internat de l'académie, une boîte qui contient quelques recettes de cuisines écrites en estonien. Pas grand chose. Un carnet de chèque. Des envies qu'il ne peut pas réaliser, mais qui continuent à le porter et le font avancer. Une foutue petite voix dans sa tête. Et tout ça mélangé le fait exploser, le rend instable et malheureux. Alors il arrive à Frederic d'exploser, de gueule, d'exprimer ce foutu mal être qui le ronge. Et n'importe qui à coté de lui s'en sort différent. La vérité sort de la bouche des Plombs. Les foutus Platines sont déjà plongés dans un mensonge quotidien. Peut être est-il condamné à être un Plomb toute sa vie. Il voudrait être quelqu'un d'autre, mais il ne veut pas être comme eux. Il n'a jamais aimé les moutons. C'est moche, c'est trop frisé. C'est trop de boucles qui partent exactement dans le sens que veut son propriétaire. C'est juste moche un mouton.

    A coté de lui, Jethro approuve ses paroles. Ils ont raison de s'indigner. Ils ne sont pas des foutus membres d'un troupeau. Ils sont à part. Un berger peut les forcer à rentrer dans le lot. Mais eux au moins, ils pensent par eux mêmes, enfin ils le croient. Ils pensent, donc ils sont. Qui disait ça déjà ? Surement pas un Platine. Ils ne pensent déjà plus. Et ça fait de la peine de les voir comme ça. Ca donne envie de les secouer, de leur dire de se réveiller, de ne plus être comme ils sont. Mais c'est irréversible. Comme la soeur de Jethro, parti à jamais dans le monde des Platines. Et elle n'est pas la seule. Des autres Plombs se font avoir chaque jour. Et deviennent ce qu'ils ne voulaient pas être. Cela arrivera certainement à Frederic aussi, s'il cesse de lutter. Il cessera, un jour, quand il sera encore plus faible qu'aujourd'hui.

    "On va céder aussi un jour. Quand on sera vulnérable, faible, qu'on pourra plus lutter ... ils nous auront ... c'est sans doute comme ça qu'ils ont volé ta soeur. Ils nous font peur et c'est pour ça qu'un jour ... on sera peut être comme eux ... on pensera plus ... ça me fait peur tout ça. J'éprouve quelque chose, donc ils peuvent m'atteindre. C'est comme ça que ça marche hein ? Ils font peur, ils font mal et un jour tu te retrouves parmi eux à cracher sur les pauvres petits Plombs. C'est dégueulasse comme vie Jethro."

    C'est juste dégueulasse de ne pouvoir choisir. Frederic a peur de la réalité, de cette réalité qui l'attend Il espère se tromper. Il espère que la lutte continuera longtemps. Jethro continue de parler et les yeux bleus de Frederic se tournent vers lui. Il prononce des paroles gentilles, des paroles de mecs, des paroles d'entres aides. Des paroles vraies et pensées, du moins il le croit. Et le poids que Frederic porte dans ses ventricules se fait soudain un petit plus léger. Ils pensent la même chose. Et il s'en faut de peu pour qu'il ne pleure pas. Il serre les poings sur ses foutues béquilles. Il se mord la lèvre inférieure.

    " ... Merci ... Tu peux faire pareil ... je sais pas comment je pourrai t'aider mais si jamais t'as besoin ... ou envie de réfléchir sur comment faire changer les Platines ..."

    Des envies de changer le monde, pourquoi pas. Pendant un moment, Frederic se demande d'où vient cette gentillesse. Et puis finalement, il ne veut pas le savoir. Jethro a comme lui, il dit les choses. Il parle, il a des sentiments. Il a ces envies de parler de réalité, de cauchemars vivants, des troupeaux de moutons qui les entourent. Ils ne sont plus seuls s'ils sont deux.

    "Va falloir qu'on lutte. Après tout ... ce ne sont que des humains ... enfin, je crois ..."

    Des humains très très bizarres, comme s'ils n'avaient plus de cerveaux. Des humains sans tête. Sans rien dans les cellules grises.

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MessageSujet: Re: Faire parti de ceux qui ne font rien. | Jethro & Frederic Faire parti de ceux qui ne font rien. | Jethro & Frederic Icon_minitime1Jeu 8 Aoû - 23:26



Lutter et résister, c'est tout ce qui leur reste. Au fil des mois, les Plombs voyaient ceux qu'ils croyaient être leurs amis, leurs proches, leurs frères ou leurs soeurs s'éloigner inexorablement. La tentation était plus que forte de baisser les bras, de se dépouiller de ses idéaux pour aller rejoindre ces sirènes populaires qui chantaient admirablement bien. Mais Jethro ne pouvait se résoudre à céder. Abdiquer c'était reconnaître que tout était inéluctable, irréversible et perdu d'avance. Ca serait renoncer à Emily et à tout ce qu'elle a été, à tous leurs souvenirs. C'était reconnaître que devenir Platine était le but ultime de toute existence. C'était se figer. Arrêter d'évoluer. Ca doit être doux de ne plus se torturer avec des questions fondamentales, de se laisser glisser dans l'apathie. Stopper la machine cérébrale et donner les commandes à autrui, que les autres pensent à ma place, c'est bien plus facile...mais impossible pour ce foutu Jethro. Des leçons inculquées par ses parents, il avait bien retenu que rien n'était écrit d'avance. Un grain de sable dans un rouage pouvait détruire la machine. L'Histoire de l'humanité regorgeait d'hommes et de femmes qui, seuls, avaient renversé des gouvernements. L'être humain est maître de son destin. Quand aux politiques, elles doivent être au service du peuple et non l'inverse. La révolution devait bien gronder dans quelques crânes. Jethro était certain qu'il n'était pas seul à sentir son souffle sur sa nuque.

Pour l'instant, il était coincé dans cette foutue Académie et Frederic avait raison sur ce point, la vie de Plomb était plus que dégueulasse. Pire qu'une lente torture. On tisonnait sans cesse ces étudiants, leur faisant miroiter une perfection qu'ils ne pourront atteindre s'ils ne se soumettaient pas, leur rappelant sans cesse à quel point ils étaient insignifiants. Jalousie et envie étaient les seules choses qu'on reconnaissait aux Plombs, les seules émotions que l'on encourageait à croître, à pousser et on veillait bien à ce qu'elles ne disparaissent jamais de leurs coeurs pour pouvoir en récolter les fruits pourris. Les Platines savaient se montrer mielleux presque prévenants dès qu'ils sentaient que leurs paroles n'étaient plus qu'un vague murmure inintelligible auquel on ne prêtait aucune attention. Le mépris se faisait cajolerie. Et jusqu'à présent, cela n'avait jamais touché ou ému Jethro. Abject. Ecoeurant. Le genre d'attitude fausse qui lui soulevait le coeur et lui donnait la nausée.

Le jour où tu te transformeras en Zinc, je te rappelerais cette discussion. commença doucement Jeth'. C'est certainement présomptueux et très orgueilleux de ma part de dire ça mais ils ne me font pas peur. Ils sont certainement plus flippés que nous. Privilégiés mais il suffit d'un rien pour qu'ils soient déchus. Tellement obéissants que la moindre faute, le moindre écart de conduite peut leur être fatal. C'est pas pour rien que je prends un malin plaisir à essayer de les faire sortir de leurs gonds. Quand on est si parfait, la chute est bien plus rude alors que nous... Il laisse échapper un reniflement amusé. Nous...et bien on est déjà au bas de l'échelle. Alors à moins de creuser, on risque pas de tomber de bien haut.

Promesse mutuelle qu'ils pourront compter l'un sur l'autre. La confiance n'est pas chose facile chez les Plombs. Autant les Platines sont capables de remettre leur vie dans les mains d'un autre Platine, autant chez les brebis galeuses, les moutons égarés du troupeau, ce n'est pas si naturel et toujours sujet à caution et à méfiance. Jethro n'entend pas ses paroles comme un signe de naïveté ou d'angélisme. C'est tout ce qu'il reste aux Plombs...faire confiance à l'autre en prenant volontairement le risque de se faire planter un couteau entre les omoplates. Et c'est un creux à l'estomac qu'on le fait en se demandant si on fait le bon choix ou pas.

Des humains programmés...mais rien n'est éternel. Même pas la reconnaissance d'un peuple envers son soit-disant bienfaiteur. Si j'arrive à ramener ma soeur, je leur prouverais qu'ils ont bâti cette écoeurante société sur une illusion. Rien que pour cela, je ne me laisserais jamais broyer. J'ai bien l'intention d'être aux premières loges le jour où tout se cassera la gueule.

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MessageSujet: Re: Faire parti de ceux qui ne font rien. | Jethro & Frederic Faire parti de ceux qui ne font rien. | Jethro & Frederic Icon_minitime1Mar 13 Aoû - 23:33


Faire parti de ceux qui ne font rien.



Jethro & Frederic



    C'est vraiment chiant d'être un Plomb. Les gens ne réalisent pas à quel point c'est juste insupportable d'être dans la peau d'un mec ou d'une fille totalement impuissant, que tout le monde regarde avec un air de dire "oh regardez, ils sont nuls, ils ne sont pas des robots, ils ne croient pas à Gordon". Et ça pèse. Au quotidien. Après c'est un choix quand même, de ne pas croire au gouvernement, tout ça tout ça. Mais des fois c'est chiant, c'est long une vie à espérer que les choses changeront un jour. Et ça rend les gens comme Frederic, qui ont d'autres problèmes que l'Académie, complètement dépressif. Frederic est sujet à la dépression.

    Frederic laisse échapper un léger rire et farfouille dans son sac pour reprendre une cigarette. Jethro parle bien, il dit des choses jolies et Frederic aimerait y croire. Mais franchement il n'y arrive pas, il n'y arrive plus. Il est sans doute trop mal pour le croire, sans vouloir le plaindre et le faire passer pour une victime. Malheureusement pour son nouvel ami, il n'y croit pas. Il enclenche son briquet et allume sa cigarette. Son addiction n'est pas prête de se résoudre et c'est tant mieux. Il n'a pas envie qu'elle s'arrête, comme ça il pourra mourir d'un cancer des poumons à 27 ans, s'il tient jusque là bien sur. Ce qui n'est pas dit.

    "Je voudrais pas avoir l'air de casser ton trip ... mais ça arrivera jamais hein ... On sera morts et enterrés bien avant, bien bien avant en ce qui me concerne. On verra jamais tout ça se casser la gueule. C'est con à dire mais c'est trop solide pour que ça foire."

    De nouveau, un groupe de Platines passe. Frederic soupire en les regardant. Plutôt crever que d'être comme eux. Il ne pleut plus d'ailleurs. Ca sent bien. L'odeur de l'herbe et du goudron mouillé. Il faut être réaliste. Ca serait bien si la vie pourrait marcher comme Jethro le dit. Mais c'est pas possible. C'est limite trop beau pour être vrai. Et ça fait mal de penser que rien ne changera jamais à moins de devenir des robots sans rien dans la tête à part Gordon. Pas de futur. Pas d'avenir. Rien. Des choix, des luttes, un énorme bordel dans les têtes des Plombs.

    "T'as de la chance de pas avoir peur. J'aimerai bien être comme toi. Parce que ces ... Platines ... ils me font peur ... parce qu'ils peuvent nous massacrer d'une pichenette ... et parce que j'ai pas du tout envie de de leur ressembler. Ca craint d'être un Plomb mais putain qu'est ce que ça doit craindre d'être un Platine !"

    Frederic parle trop fort, un des Platine en question se retourne et étrangement il frémit. Merde. Mais pourquoi a-t-il peur, rien que quand il voit un Platine se tourner vers lui ? Il avait connu pire quand même. Bien pire qu'un ado de seize ans adorateur de Gordon. Il cligne des yeux et continue de tirer sur sa cigarette de façon naturelle.

    "Je compte sur toi le jour où je deviendrai un Zinc. Même si je déraille, y aura toujours un Plomb pas loin ... Et ça c'est cool. J'aime bien ce foutu bas de l'échelle. On y est bien."

    La main de Frederic se tendit, le paquet de cigarette entre ses doigts. Sa façon à lui de proposer à Jethro de lui rendre une cigarette. Ce foutu bas d'échelle, il s'y est habitué finalement et il n'est pas pris de s'en déloger. Même si sa vie c'est de la merde et qu'il est déjà presque condamné à devenir un robot de misère, un jour il sera peut être autre chose. Et ce jour là, ça sera bien d'avoir un pote sur qui compter. Prochaine étape, aller boire une bière. Ou un whisky. Parce qu'il n'y a rien de meilleur que le whisky. A part la vodka des pays d'Europe de l'Est.

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MessageSujet: Re: Faire parti de ceux qui ne font rien. | Jethro & Frederic Faire parti de ceux qui ne font rien. | Jethro & Frederic Icon_minitime1Lun 19 Aoû - 15:20



Oh que si, ça arrivera. Pour la simple et bonne raison qu'on ne peut pas écraser les gens de la sorte sans qu'il ne se rebiffe au bout d'un moment. Je me fiche de savoir si ça prend dix ans ou un siècle. L'Histoire l'a prouvé à plusieurs reprises. Les secrets les mieux gardés sont toujours éventés. Leurs messagers sont considérés comme dingues ou comme des affolés de la conspiration mais il suffit qu'ils réussissent à implanter une seule fois le doute dans l'esprit des gens... Baissant d'un ton au passage d'un groupe d'élèves qui ne leur accorde aucun regard, Jethro se penche vers Frederic et à voix base lâche. Les dictatures, ça se renverse. Et les dictateurs finissent pendus ou leur tête en haut d'une pique. Ca désole l'adolescent de voir que l'autre Plomb soit aussi défaitiste. Avant que ses parents ne disparaissent, ils avaient dit une phrase...sur le coup, Jeth' ne l'avait pas vraiment comprise, comme beaucoup de choses qu'ils lui avaient enseigné d'ailleurs. "Un jour, tu comprendras" lui répétaient-ils en insistant sur le fait que leurs enfants devaient se rappeler ces moments, ces discours, ces contes. Jethro s'en souvenait mais Emily semblait avoir oublié. Ce qu'il y a de pire que le martèlement des bottes, c'est le silence des pantoufles. Le petit garçon avait froncé les sourcils en se demandant en quoi des pantoufles pouvaient être silencieuses. Maintenant, il comprenait.

Levant le nez sur le ciel qui s'éclaircissait lentement, Jethro prend une profonde inspiration. L'accalmie et la trouée dans les nuages gris semblent avoir le même effet sur Fred. Apaisant quand les cieux cessent de pleurer et que la terre répand une odeur douceâtre. Ca lui rappelle cette époque qui lui semble si lointaine où ils filaient aussitôt dehors avec Emily malgré les remontrances de cette crétine de tante qui les avait recueilli. Un bel exemple de pantoufles silencieuses cette cruche, d'ailleurs. Elle l'avait toujours considéré comme le "mauvais jumeau", celui qui pousse l'autre à commettre les pires bêtises. A dix ans, qu'on soit une fille ou un garçon, on court pieds nus dans l'herbe, on ne se fait pas chier à boire le thé en levant le petit doigt et en trempant des biscuits au gingembre délicatement dans la tasse fumante sans faire tomber ni miette ni goutte.

La crainte qu'inspire les Platines n'est pas une exception et savoir qu'un Plomb l'éprouve n'est pas étonnant. Inconscience ou vanité, Jethro ne les craint pas. Oui, ils peuvent plier n'importe quel Plomb sans réellement redouter une quelconque punition. Oui, ils disposent de beaucoup plus de droits que n'importe quelle autre faction étudiante mais ils ne restent que des humains. Physiologiquement pas différent de ceux et celles auxquels ils refusent de se mêler par crainte de se faire rétrograder. Si on les frappe, ils saignent. Et leur sang ne charrie ni paillettes ni pépites d'or. Il est rouge comme celui de n'importe qui.

Ca craint d'être un Platine...! s'exclame Frederic alors qu'un de ces automates passe à côté d'eux. Léger frémissement chez le voisin de Jethro. Les yeux noirs se lèvent sur l'autre étudiant, plus jeune qu'eux - à peine seize ans - et déjà complètement nivelé, reniflement méprisant lorsqu'il se rend compte que l'autre ne veut pas détourner le regard. Si sa Majesté ose espérer une seconde me faire baisser les yeux, il risque d'être à la bourre pour son premier cours. Ca dure à peine une minute car si Jethro se complait à répéter que son dossier scolaire "il se torche avec", ce n'est pas le cas d'un Platine. L'appel des cours bien carrés, bien formatés est plus fort qu'une lutte d'ego et l'autre disparaît rapidement sans demander son reste.

Paquet de cigarettes tendu vers lui. Jethro en sort une qu'il glisse à son oreille. Légère tape sur l'épaule de Frederic. Voilà le genre de propos qu'il faut tenir. Un sourire franc éclaire le visage du Plomb. Si tu deviens un Zinc, je ferais tout pour te faire dévier du droit chemin. On est jamais mieux que sur le sentier dégueulasse et boueux. Je laisse les pavés et le bitume aux faibles.

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MessageSujet: Re: Faire parti de ceux qui ne font rien. | Jethro & Frederic Faire parti de ceux qui ne font rien. | Jethro & Frederic Icon_minitime1Mar 20 Aoû - 0:25


Faire parti de ceux qui ne font rien.



Jethro & Frederic




    Jethro a raison bien sur. Et Frederic est un peu trop défaitiste, parce que Frederic n'a pas le moral. Il ne va pas bien, sa vie s'est peuplé de noir, de pensées sombres. Toutes ces histoires de gouvernement, de robots, de brebis pauvres et perdues loin des moutons, ça pouvait lui passer au dessus, avant. Mais ça, c'était avant, bien sur. Quand il était quelqu'un. Frederic avait toujours été un pauvre petit Plomb au regard de tout le monde. Un mec complètement fou, avec des cases en moins, qui ne comprend pas le monde dans lequel il vit. Parce que des gens changent les règles du jeu au fur et à mesure qu'il avance les pions. Il y a un mur, là bas, le Gouvernement, qui dépose des pions un peu partout autour de lui et qu'il appelle les Platines.

    Oui, Frederic a peur des Platines. Il arrivait à éviter Rebecca et Kennedy quand il allait encore bien, mais maintenant, il a un peur bleue de leur tomber dessus. Un croche patte, il est à terre, il crève dans la dizaine de minute qui suit. Alors il a peur. Et il lui faudra attendre longtemps avant de voir les choses changer.

    "On est nés au mauvais moment mon vieux. Trompé d'époque. On aurait été bien un siècle plus tôt."

    Frederic tire sur sa cigarette et regarde le jeune adolescent repartir avec un mouvement d'épaule dédaigneux. Il aurait pu être comme ça lui aussi. A son age, Frederic avait fait le tour de son union avec Madame Poudre Blanche, il faisait la rencontre de Calypso, il rentrait tout juste à Weins. Il aurait très bien pu virer Platine. Il frissonna en y pensant. Mais ce destin n'a rien d'enviable. Il fait peur vu de loin, quand on sait de quoi les Platines ont l'air. Ils ont des avantages certes. Des télés, des meilleurs chambres. Mais Frederic préfère se battre, même si c'est une idée franchement inutile et perdue d'avance.

    Jethro lui arrache un sourire en tapant son épaule. Ouais. Jamais il n'ira sur les chemins de pavés. Il est bien trop complexe pour ça. Même le gouvernement ne voudrait peut être même pas de Frederic. Il aspire une nouvelle bouffée.

    "T'es un dingue toi, t'as peur de rien. Comme ça se fait ça d'ailleurs ? J'me considère pas comme un sain d'esprit mais j'ai quand même peur de pas mal de chose, c'est quoi ton secret Mentworth ?"

    Frederic a l'habitude des noms bizarres, il a passé les dix premières années de sa vie dans un pays où la moitié des gens sont russes. Alors des mots bizarres, il en a entendu des paquets. Bref. La cigarette se consume. Odeur de plus dans un monde qui part à la dérive avec deux pauvres petits plombs sur des marches qui se demandent ce qu'ils foutent là. Et Frederic avoue ses putains de faiblesses et sa volonté de boucher les trous dans la force qu'il possède. Les très très gros trous. Il en a presque honte, parce qu'il craint. Il n'est plus qu'un homme brisé, blessé, qui a peur de tout. Et il s'en veut d'être devenu comme ça. Ce n'est pas de l'admiration, il veut juste comprendre comment font les gens pour vivre dans le même monde que lui. Parce que c'est un mélange bizarre. Il soupire. L'homme qu'il était, ou qu'il avait cru être a foutu le camp.

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MessageSujet: Re: Faire parti de ceux qui ne font rien. | Jethro & Frederic Faire parti de ceux qui ne font rien. | Jethro & Frederic Icon_minitime1Mar 20 Aoû - 11:35



Né au mauvais endroit au mauvais moment...Jethro laisse s'échapper un reniflement amusé. Malheureusement, la machine à remonter dans le temps n'a pas encore été inventée et ne semble pas prête de faire partie des prochaines avancées technologiques. A en croire les conspirationnistes enragés, le gouvernement est bien plus préoccupé par les méandres de l'esprit humain. Il se souvient que ce cauchemar avait déjà effleuré les Etats-Unis durant un conflit lointain. Comment ça s'appelait déjà? Ultra? Kultra? Les projets secrets abusant de l'être humain ne sont pas une nouveauté et certainement pas l'apanage du XXIIème siècle. Mais à coup sûr, les gens d'avant, leurs grands-parents et arrière grands-parents ne devaient être plus satisfaits qu'eux.
Fred soulève une question qui semble le turlupiner. Jethro semble ne craindre rien ni personne. L'adolescent pousse un soupir avant de reprendre la cigarette glissée sur son oreille et de l'allumer rapidement. Une bouffée et il recrache un nuage grisâtre par le nez. La peur...triste demi-sourire qui apparait sur son profil alors que son regard erre devant lui.

Pourquoi je n'ai pas peur? répète-t-il. Jethro baisse les yeux au sol. Mes parents...ça doit venir d'eux. J'ai pas été élevé pour être un mouton et le fait qu'on me les ai enlevé doit beaucoup jouer. Perdre ses parents, c'est certainement la plus grande peur de n'importe môme. Du haut de ses huit ans, il n'a jamais pu croire à ce que les autorités avaient avancé comme raison à cette disparition. Simplement partis ailleurs. La belle connerie qui aurait pu passer auprès de n'importe quel débile mais pas auprès d'un Jethro qui commençait à se forger un sacré caractère frondeur. Les Mentworth n'auraient jamais abandonné leurs enfants, ils ne seraient jamais partis en laissant derrière eux leurs classes clandestines. Ils étaient des gens entiers, trop épris de l'humanité et croyant trop en elle pour oser commettre une telle chose. Et les mensonges qu'on a servi à Jethro et à sa soeur n'ont jamais trouvé un seul écho en lui. Ses soupçons se sont confirmés au fil des années lorsqu'il a commencé à porter un regard critique sur la société dans laquelle il évoluait. Ce paternalisme écoeurant de Gordon, le fanatisme de ses plus proches collaborateurs, cette foutue académie que les médias glorifiaient en montrant des rangs de petits robots bien alignés au visage identique. Et ces livres...ces livres qui devraient finir brûlés et qu'il dévorait, cachait et répandait autour de lui auprès des personnes qui pourraient y être sensibles. Ils ont disparu du jour au lendemain après avoir refusé d'enseigner ici. Je suis sûr qu'un groupuscule dévoué au gouvernement les a emmené Dieu seul sait où. Là, j'étais terrifié mais je n'étais pas seul. Il y avait ma soeur. Jethro prit une nouvelle inspiration à travers le filtre de la cigarette offerte. La peur...oh, il l'a bien éprouvé, elle l'a torturé durant longtemps, lui nouant les tripes, peuplant ses rêves des pires images.

Ma soeur, Emily... soupire-t-il une ombre dans ses yeux en amande. Quand j'ai compris ce qu'il se passait ici, j'avais peur qu'elle ne devienne une Platine. Elle a toujours été plus influençable, plus fragile que moi. C'est toujours moi qui l'entraînait dans des sales coups. La seule fracture qu'Emily a à déplorer de toute sa vie, c'est à cause de Jethro. Il s'en était voulu à mort, sa tante l'avait copieusement engueulé mais sa jumelle s'était contenté de garder les lèvres closes et de relever le menton quand on lui replaçait ses os. "Pour faire comme toi" avait-il murmuré d'une voix tremblante "les warriors ça chouine pas". Battement de cils et Jeth' tourne la tête vers Fred.Et ma plus grande peur est arrivée. De Plomb elle est devenue Zinc. Et cette année, elle a rejoint les Platines.Platine...autant dire la fin du monde pour Jethro. Impossible de faire entendre raison à cet automate qui a pris l'apparence de sa soeur. Les yeux noirs se rivent à ceux de Fred. Jeth' hausse tristement les épaules en secouant doucement la tête. Qu'est-ce-que je pourrais craindre alors qu'on m'a tout pris? Parents. Soeur jumelle. Les seuls êtres qui ont et avaient une réelle importance pour lui. Je n'ai plus rien à perdre. Donc je n'ai plus à avoir peur.

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MessageSujet: Re: Faire parti de ceux qui ne font rien. | Jethro & Frederic Faire parti de ceux qui ne font rien. | Jethro & Frederic Icon_minitime1Jeu 22 Aoû - 18:42


Faire parti de ceux qui ne font rien.



Jethro & Frederic



    Et encore des choses en commun. Les parents qui se sont plus là, les proches qui se détournent d'eux. Destins semblables mais fins différentes. Qui peut savoir comme Jethro ou Frederic vont terminer. Comme imaginer ces deux mêmes garçons en mode Platine, prêcheurs du gouvernement et de Michaël Gordon, exterminateur de Plombs à leurs tours ? Comment penser que l'on puisse changer à ce point ? Si Jethro continue la lutte, quelque chose en Frederic se brise, lui enlève la force de se battre contre tout ce qui l'entoure. Il ne peut pas continuer comme ça, il doit se ressaisir et aller de l'avant, montrer aux autres Plombs qu'un foutu Platine parmi tant d'autre ne peut pas les atteindre. Il doit être fort pour lui même, pour Spencer aussi, la petite chose rousse qui a tant besoin de lui, pour Jethro qui prend certainement sur lui pour parler de ses problèmes, sans parler de tout les autres petits Plombs persuadés qu'ils ne sont rien dans l'Académie et qui en ont marre d'être ce qu'ils sont. Mais c'est fatiguant d'être tout à la fois. Chacun ses problèmes, chacun sa dure réalité et le monde roule.

    Non. Ca roule pas parce que ça peut pas durer comme ça. Frederic a été élevé dans un monde d'argent, mélangé à des visites en prison et des idées bizarres de puissance, de force et de volonté. Sa mère l'évitait parfois, mais le soutenait à bout de bras, faisait tout son possible pour ce que les gens croient qu'il allait bien. Du maquillage, de la futilité, mais de la force discrète, traits de caractères hérités d'on ne sait où. Des pulsions étranges se mélangent à cette force, le rendant fragile, cassable mais refusant de se laisser avoir encore par des espèces de robots qui veulent le changer.

    Les phrases de Jethro sonnent durs à ses oreilles et il s'en veut de l'avoir pousser à parler de toute ça. L'odeur de pluie flotte sur le bitume et celle de l'herbe vient s'y mêler, créant un étrange parfum de ville. Il voudrait se tirer d'ici en courant, comme il pouvait le faire avant, fuir, jusqu'à ce que ses poumons explosent. Mais sa rotule manquante s'en est allée en emportant sa liberté avec elle. Jethro non plus n'a plus rien à perdre. Donc théoriquement, il ne devrait pas avoir peur de mourir. Alors que Frederic en est terrifié. Il a volé près, trop près de la faucheuse. L'air qui entoure cette dame fait vraiment peur, plus que toute cette réalité pourrie. Frederic termine sa cigarette en imposant un moment de silence.

    "Rien de plus dangereux qu'une personne qui n'a plus rien à perdre hein .. Je comprends ce que tu vis. Le gouvernement t'a volé ta soeur, elle n'aurait pas du devenir ce qu'elle, ça n'aurait jamais du arriver et des trucs dans le genre. Je suis ... vraiment désolé Jethro. Ca craint ce qu'il se passe. Ca craint vraiment. Et en plus je pense qu'on sait pas tout."

    Jamais les Platines ne deviennent des Plombs. Trop formés, formatés, tordus dans tout les sens pour devenir ce qu'ils sont. C'est vraiment dégueulasse. Révolte, anarchie, bordel et émeute. Ca craint hein ? Bien sur que ça craint, encore pire que ça même.

    "Pour tes parents je sais pas mais ... si tout le gouvernement crève ... alors y a une chance pour ta soeur ... même une petite, pour qu'elle revienne et qu'elle se rende compte à quel point elle est dans le faux."

    L'espoir fait vivre. Et c'est pour ça que les Plombs cotoient les Platines. Pour faire miroiter l'espoir d'une vie meilleure si jamais ils deviennent comme eux. Et c'est horrible ce genre de vision. D'un coté, les battants, ceux qui doivent lutter pour leur survie et pour garder le droit de penser. De l'autre, les moutons. Quand on se rend compte de ça, les petits problèmes deviennent ridicules en fait. Jethro a une chance, même infime de retrouver sa soeur. Parce qu'elle, elle est en vie. Les membres de la famille de Frederic ne peuvent pas en dire autant.

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MessageSujet: Re: Faire parti de ceux qui ne font rien. | Jethro & Frederic Faire parti de ceux qui ne font rien. | Jethro & Frederic Icon_minitime1Ven 23 Aoû - 10:54



Désolé...désolé pour la tournure qu'a pris sa vie. Jethro hausse les épaules en recrachant un nuage de fumée de cigarette. Depuis la rentrée, on ne fait que lui répéter de faire une croix sur Emily, de la laisser tranquille. Elèves comme professeurs ne font que ressasser cette même phrase qui lui donne des envies de baffes et de coups de poing. Renoncer à sa jumelle, c'est comme renoncer à une partie de lui. Platine ou non, elle a toujours ses souvenirs, elle n'a pas pu oublier le langage qu'ils se sont inventés quand ils étaient petits et qu'ils utilisent encore pour parler sans être compris. Elle n'a pas pu oublier la disparition de ses parents, elle ne peut pas croire que ces derniers ont simplement plié bagage sans leur laisser le moindre indice. Et puis, il y a ce lien particulier qu'ont les jumeaux. Légende, mpythe pour certains, mais il faut le vivre pour savoir qu'il est bel et bien là. Jethro a entendu des Platines parler sur Emily, dire qu'elle avait de drôles de phase à la limite de l'hystérie. C'est bien la preuve que quelque chose ne fonctionne pas dans le lessivage qu'on a essayé de lui faire. Une faille dans le système ou dans les moyens mis en place pour réinitialiser un cerveau. Une fissure infime qu'il doit à tout prix élargir.
Hypothèse complètement folle mais qui le convainc suffisamment. Leur gémellité...s'il y a bien quelque chose qui pourrait effriter ce mur qu'on a érigé autour d'Emily c'est bien cette spécificité. Leur spécificité.

T'as raison sur ce point. On ne sait pas tout. Je me doute que s'entendre rabâcher à longueur de temps que Gordon c'est le meilleur, que le gouvernement veut notre bien, ça doit s'implanter quelque part. Surtout chez des gens comme nous, jeunes et encore malléables. Mais ça ne doit pas suffire. Ca ne peut pas suffire.

Un soutien médicamenteux? Une sorte de laboratoire de savant fou caché quelque part où les corps des adolescents sont sanglés devant des écrans dont ils ne peuvent détourner les yeux et qui balancent une volée d'images que l'oeil n'a pas le temps de capter mais qui se faufilent dans le plus petit recoin du cerveau? Jethro a lu trop de livres pour empêcher son imagination de galoper à bride abattue. Il y a bel et bien quelque chose de caché, quelque chose qu'on se garde bien de révéler ici. Personne ne change autant, aussi rapidement uniquement à coups de laïus laudatifs sur un gouvernement pourri. Peut-être qu'il devrait se mettre à arpenter l'Académie de long en large, d'en fouiller le moindre recoin?

Il y a longtemps que je ne nourris aucun espoir de revoir mes parents. commence-t-il en prenant une dernière inspiration sur sa cigarette. C'est moche à dire mais c'est ainsi. On ne lui a laissé aucun doute à ce propos. Il ne reverra jamais ses parents mais là où les autorités prétendirent que c'était à cause d'une fuite, Jethro sentait que c'était bien plus définitif. Ils étaient trop subversifs, trop attachés au passé. Il plisse brièvement les paupières. Se sont-ils suffisamment cachés? Dans ses souvenirs flous d'enfant, Jeth' ne se souvient pas que les classes officieuses se soient passées sous le couvert d'une cave ou dans un bâtiment désaffecté. Supprimés, arrachés comme une tumeur cancéreuse prête à infecter les cellules voisines. Ils continuaient d'enseigner mais ce qu'ils disaient aux enfants qu'on leur confiait n'avait rien à voir avec ce qu'on entend ici.D'une pichenette, il jette son mégot dans une flaque d'eau en poussant un long soupir. Yep...ça craint. Mais faut pas commencer à se dire que tout est perdu d'avance.

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MessageSujet: Re: Faire parti de ceux qui ne font rien. | Jethro & Frederic Faire parti de ceux qui ne font rien. | Jethro & Frederic Icon_minitime1Mar 27 Aoû - 12:59


Faire parti de ceux qui ne font rien.



Jethro & Frederic



    Non, rien n'est perdu d'avance enfin. Pourquoi est ce que leurs vies seraient foutues d'avance ? Tout aurait pu se passer mieux que ça. Ils n'auraient jamais pu être élève à l'acdémie Weins, ils n'auraient jamais pu se croiser, Frederic aurait pu ne jamais changer de continent pour venir à New York. Tout aurait pu être tellement pas pareil. Différent de tout ça. Etrange bazar rempli de couleurs fluorescentes qui les aveuglent et les rendent incapable de voir ce qu'il se passe au détour d'un couloir. Ouais, ça craint tout ce merdier. Il aurait bien voulu ne jamais naître dans ce foutoir.

    "Ou alors ils sont juste plus réceptifs et toutes ces conneries, eux, ils pensent que c'est vrai. Mais comment tu peux ... penser que ... tout ça, c'est bien ? 'Fin, les mecs, ils tapent les gens comme nous parce qu'ils pensent qu'on est des déchets ... c'est compliqué."

    Frederic ne s'est encore jamais considéré comme un déchet, un truc qu'il faut jeter pour que le paysage soit meilleur. Il a fait des mauvais chois, des très mauvaises actions qui l'ont réduit à l'état de pauvre chose cassée. Mais pour rien au monde il n'est un déchet parce qu'il pense. Mais eux, comment font-ils pour se sentir supérieur ? Les seuls fois que Frederic pouvaient prétendre être le roi du monde, c'était quand il sniffait de la poudre. Là, on se sent partir pour un monde où rien n'est impossible, où même soulever des éléphants et les faire tournoyer devient possible, où les pandas sont roses et les oiseaux des tatouages de Frederic sont vivants et bougent sur sa peau. La drogue donne des ailes. Ils sont peut être juste drogués en fait. Mais ça doit être vachement puissant pour les faire planer autant. Un truc de dingue.

    Jethro continue de parler de ses parents. Il souffre, lui aussi. Perdre un être cher, se le voir arracher pour on ne sait quelle raison, ça fait mal. Voir les cadavres étendus contre le sol, voir le sang maternel contre les murs. Frederic baisse les yeux et s'interdit d'y penser plus que ça. Ses blessures personnelles ne sont pas guéries. Il n'arrive pas à agir comme quelqu'un de normal, qui prendrait Jethro dans ses bras en lui disant "t'inquiète, ça va aller". Parce qu'il sait lui, que se retrouver seul est ce qu'il y a de pire. Ca n'ira plus jamais.

    "J'te comprends ... Mais sois fier, ils ont continuer à faire ... à lutter, à penser."

    Être élevé dans une famille pro-Gordon doit être assez flippant aussi. Une vie comme dans les livres de classes, des gens parfaits avec des affiches partout sur les murs pour louer ce charmant homme. Frederic n'a pas été élevé comme ça. Son enfance s'est faite sans lui. C'était bien, c'était simple. Il y avait du thé dans les placards. Maintenant, il n'y a plus que du tabac et des filtres à café.

    "C'est pas gagné d'avance non plus. Des fois j'me demande comment lutter vraiment. Parce qu'on refait le monde, c'est cool, ça fait passer le temps. Mais comment on fait si on veut vraiment que les choses se bougent ? J'en ai marre de me poser ces questions sans réponse."

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MessageSujet: Re: Faire parti de ceux qui ne font rien. | Jethro & Frederic Faire parti de ceux qui ne font rien. | Jethro & Frederic Icon_minitime1Dim 15 Sep - 14:10



Plus réceptifs les futurs Platines? Ou peut-être tout simplement plus désespérés. Que serait devenu Jethro s'il avait cru une seule seconde aux mensonges qu'on a pu lui cracher au visage suite à la disparition de ses parents? Il aurait certainement vu le gouvernement comme un élément salvateur, qui se préoccupait de son sort pour le placer, lui et sa soeur, dans une nouvelle famille plutôt que de les lâcher dans un quelconque foyer pour orphelins. En arrivant à Weins, plein de reconnaissance et de gratitude pour ce geste auguste, il aurait rapidement rejoint les Platines. Surtout s'il s'était montré un peu sensible au discours pro-gouvernement de son abrutie de tante. Peut-être que les Platines sont issus de familles où Gordon est considéré comme un dieu sur Terre et dont chaque décision est juste. A grandir au milieu des bas de plafond on en devient inconsciemment un, forgé et martelé par une autorité parentale qui n'est que le prolongement de l'élite du pays. Et c'est sans compter cette façon écoeurante qu'a Weins de creuser sèchement les inégalités en attisant les jalousies et l'envie. Bordel...que ces sentiments sont à vomir. Comment personne ne peut se rendre compte que bâtir une société sur ces deux choses est forcément voué à l'échec?  
Des déchets...voilà comment les Platines considèrent les Plombs. Des choses impures dont la crasse doit être lavée en essayant de leur faire comprendre à quel point l'herbe est plus douce, plus verte de leur côté de la barrière. Ca ne leur coûtera que leur libre-arbitre. Et lorsqu'ils comprennent que leurs discours sirupeux et nauséabonds, que leur propagande ne trouve pas d'oreille attentive, ils optent pour la méthode dure. Cogner au détour d'un couloir. Rejoins-nous et tout ça sera fini. Faut-il être obstiné et possédé par des valeurs hautement plus nobles que les leur pour ne pas fléchir. Jethro n'en est pas à sa première bagarre et le rythme a tendance à s'accélérer depuis la rentrée. Ses allers et retours à l'infirmerie lui permettraient presque d'appeler l'infirmière par son prénom. Et on finirait presque par appeler la salle de retenue "la salle Mentworth".
A ses côtés, Jethro sent le même frémissement désagréable à l'évocation de la perte d'êtres chers. Il ignore ce qu'on a pu arracher à son vis-à-vis et une certaine pudeur couplée à un respect des silences d'autrui lui interdisent de demander à Fred ce qui a bien pu lui arriver, mais il sent une tragédie aussi poignante que révoltante chez l'autre Plomb. A croire qu'il n'y a que le malheur et la douleur qui relient les mauvais élèves de Weins entre eux. Des bêtes blessées dont on espère secrètement que les plaies soient si vives, si béantes qu'elles provoquent irrémédiablement une solitude terrible et pesante qui ramènera ces brebis égarées dans la tiédeur rassurante du troupeau. Jusqu'au bout les parents de Jethro n'ont pas dévié de leur ligne de conduite et de leurs idéaux. C'est bien plus que de la fierté que l'adolescent éprouve à leur égard. Certes, il y a encore quelques années, il nourrissait une certaine colère à leur encontre. Si les Mentworth avaient été plus discrets ou plus modérés, peut-être seraient-ils encore là. Mais avec le temps, ils sont devenus des symboles, des martyrs. Quelque chose de bien plus solide que toutes les tentatives de le soumettre. Jethro a compris qu'on ne peut pas détruire un symbole.

Faire bouger les choses? Le regard noir balaie la cour devant eux avant de se porter par dessus son épaule. Ici? Il n'y a pas trente-six solutions. Opposer l'union là où Weins prône la division. Se soutenir les uns les autres là où on cherche à nous briser. C'est utopique et presque impossible, n'est-ce pas? Jethro appartient à ces gens qui n'ont plus rien à perdre et ne redoute plus rien. Dangereux presque suicidaire pour certains cette façon de ne pas hésiter une seule seconde à s'élever pour protéger des Plombs qu'il ne connaît pas et avec qui il n'a jamais parlé ou échangé un seul mot. Agresser un de ses semblables en sa présence équivaut systématiquement à avoir un adversaire de plus car Jeth' ne peut rester passif et aveugle. Mais je suis sûr qu'en dehors de ces murs, il y a des gens qui sont déjà dans cette optique de miner de l'intérieur cette société, la faire imploser. C'est ce que faisaient mes parents lorsqu'ils enseignaient encore aux enfants. Ils voulaient bâtir une génération de gens lucides et libres. Pas des traîtres ou des insoumis comme se plaît à les qualifier Gordon et sa Cour. Et Jethro est fermement décidé à les trouver, ces gens qui n'ont pas baissé les bras et luttent. Quitte à devenir une taupe au sein de Weins. Que sa vie serve au moins à quelque chose.

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MessageSujet: Re: Faire parti de ceux qui ne font rien. | Jethro & Frederic Faire parti de ceux qui ne font rien. | Jethro & Frederic Icon_minitime1Mer 18 Sep - 23:41


Faire parti de ceux qui ne font rien.



Jethro & Frederic



    Société merdique, monde merdique, sans parler de cette ville qui craint. Frederic en a marre de devoir attendre que les choses bougent. Ca ne sert à rien de râler dans son coin. La cigarette peut se consommer toute seule, Frederic la regarde faire. Comme ce monde. Les choses bougent ou pas, les gens regardent ou ferment les yeux. Monde de merde, qui craint beaucoup trop. On dirait que ça ne touche personne. Et c'est ça qui fait peur, de voir que personne n'en a rien à faire de ce monde merdique qui ne change pas et où ceux qui osent se font piétiner. Il se répète, ses pensées tournent en rond.

    "Fais chier. Fais vraiment chier. Mais ça sert à rien de dire ça. Mes parents ne sont pas comme les tiens, ils ne sont pas morts pour le gouvernement ... ils sont m-morts parce que ... ils étaient ... obstinés, à croire que ce qu'ils faisaient étaient bien ... mon père se foutait du reste ... et ma mère pensait qu'à mon éducation, elle faisait tout pour que j'aille bien ... Des égoïstes ..."

    Mauvaise graine, né dans de l’égoïsme uniquement. Il commence à sentir la migraine arriver. Il part à la dérive.

    "J'ai jamais pensé que le gouvernement pourrait m'aider ... jamais, pas une seule fois. J'ai jamais cru qu'il pourrait arranger les choses. D'ailleurs, il ne le peut pas, parce qu'il est bien trop occupé à créer des robots complètement libidineux et autres filles parfaites. Il s'occupe pas des vrais problèmes. Putain, je sais même pas pourquoi je parle de ça. Juste ... pour dire que j'aimerai ... faire parti de ceux qui font bouger les choses pour une fois."

    Frederic lance un regard vers Jethro. Il ne doit pas comprendre. Il part dans ses délires, comme s'il parlait à quelqu'un d'autre. Ne pleure pas. T'as pas le droit de pleurer. Tu ne dois pas pleurer, tu va vraiment craindre si tu pleures et en plus t'auras les yeux rouges.

    "Désolé. J'pars un peu loin. J'crois juste que je suis en train de me faire avoir par le système et de ne plus vraiment croire que résister va m'aider. Les idées c'est bien, mais les actes, ça doit être plus complexes. Et je crains de penser ça, parce que si on pense tous ça, y a rien qui va changer. J'crois que je crains."

    Frederic se redresse et s'appuie sur ses béquilles. Il se mordille la lèvre. Il est content de pouvoir parler à Jethro. Il a l'impression qu'il comprend. Et même si ce n'est pas le cas, ça lui fait un bien fou de pouvoir se confier et se penser qu'il peut aussi parler dans craindre de se prendre une balle dans le dos au prochain carrefour.

    "J'vais rentrer. La pluie ça me donne envie de boire. Merci Jethro. Et j'suis désolé pour tes parents, pour ta soeur et pour ce monde de merde. Cette dernière phrase fait un peu anarchiste merdique mais on fera avec ... T'as raison, faut qu'on continue à se serrer les coudes, se motiver, se soutenir. C'est pas impossible et encore moins utopique."

    A part Spencer, il n'avait pas eu quelqu'un à qui parler et encore moins quelqu'un d'individu masculin. Ca fait du bien.

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MessageSujet: Re: Faire parti de ceux qui ne font rien. | Jethro & Frederic Faire parti de ceux qui ne font rien. | Jethro & Frederic Icon_minitime1Jeu 26 Sep - 15:15



Parler et débattre ne changera pas le monde. Si certains adultes éclairés peuvent essayer à leur petite échelle de préparer les générations futures à voir plus loin que le bout de leur nez, les effets ne seront pas visibles avant des années. Pour un Jethro écorché vif combien y a-t-il de Platines ? Et sur deux enfants élevés de manière ouverte et intelligente, un a chuté se laissant enchanter par le murmure de sirènes, l'autre rumine sa rage avec des rêves de révolution. La ville de New-York est apathique, endormie et les rares soubressauts qui l'agitent peinent à inverser la vapeur. De résistance, Jeth' n'en a encore pas vu l'existence. Aucun tract glissé en secret, aucune affiche déviante placardée dans une rue, même la plus sordide de la mégalopole. Pas de démonstration de force d'un groupuscule qui oeuvre pour tirer l'humanité vers le haut et la libérer de son joug. C'est à se demander si les gens ne sont pas réellement et profondément satisfaits de leur existence, si l'odeur sucrée émise par le Gouvernement n'est pas trop puissante au point de masquer le fumet de pourriture et de putréfaction sous-jacent.
Dépité. Blasé. Presque fataliste. Impression de se battre contre des moulins. Mais il y a aussi de la colère en Fred et il soulève, l'air de rien, ce qui pose le plus problème. Des gens qui en ont marre, il doit y en avoir. Mais où peuvent-ils aller ? Vers qui se tourner ? Comment s'unir comme Jethro le prétend ? A trop avoir un poids sur la nuque, lorsque l'occasion de relever la tête se présente, comment réagir ? Les prisonniers qui retrouvent la liberté savent-ils seulement quoi en faire ? Un voile apparaît sur les yeux de l'autre Plomb qui s'excuse presque de pouvoir être encore capable de ressentir des émotions autres que la dévotion et l'idolatrie qui font de braves petits Platines.

Tu n'as pas à t'excuser de quoi que ce soit, Fred. Jamais. Moi aussi j'ai l'impression que rien ne bouge et à part les tarés du Sud on peut pas dire que les new-yorkais élèvent la voix.

Les tarés du Sud, s'il y a bien des personnes qui ouvrent leur bouche, c'est bien ceux-là même si leurs desseins sont on ne peut plus nébuleux. Mais dans cette ville, tout détruire vaut peut-être autant qu'essayer de reconstruire quelque chose. Repartir sur des bases neuves, peu importe le prix, n'est peut-être pas si mauvais dans le fond. Bordel. Il pourrait devenir un terroriste que ça ne le toucherait même pas. Ou plutôt même plus. L'idée est glaçante, effroyable mais quand on doit affronter un monstre tel que Gordon, ne doit-on pas en devenir un soi-même ? Jethro prend une profonde inspiration avec cette impression de se trouver à la croisée d'un chemin. La direction qu'il ne va tarder à prendre sera primordiale et décidera de la suite de son existence. Continuer à rester dans l'ombre, à agir par petites touches sans vraiment y voir un quelconque résultat...ou partir à la recherche de ceux qui bougent qu'ils soient résistants ou complètement tarés.
Fred se lève, annonçant qu'il va rentrer. Le regard sombre de Jeth' remonte lentement jusqu'à croiser celui de l'autre Plomb. Au merci, il ne répond que par un léger mouvement du poignet. C'est inutile parce qu'il ne recherche pas la reconnaissance. Sourire amer à la mention de ses parents, de sa soeur, de ce pays qui ne tourne plus du tout rond.

Rentres bien, Fred. Je vais rester ici encore un peu avant d'aller planter quelques flèches dans une cible en me disant que c'est la tête de Gordon qui se trouve dans le centre. Et au moindre problème, tu n'hésites pas. Du plus petit au plus important, OK ?

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MessageSujet: Re: Faire parti de ceux qui ne font rien. | Jethro & Frederic Faire parti de ceux qui ne font rien. | Jethro & Frederic Icon_minitime1Mar 1 Oct - 8:57


Faire parti de ceux qui ne font rien.



Jethro & Frederic



    A part les tarés du Sud. Evidemment, toujours et encore eux. On revient toujours aux mêmes centres d'intérêt, on revient aux mêmes cercles restreint de personne. Frederic esquisse un sourire. Les deux grands malades mentaux, à sa connaissance, n'ont jamais vraiment fait d'actions resistantes, montrant que le gouvernement leur déplait. Ils s'en fichent. Ils doivent avoir d'autres problèmes, savoir quel bâtiment faire exploser le lendemain.

    Ne t'excuse pas Frederic. C'est pas ta faute tout ça. C'est pas à cause de toi si ce système est merdique à en crever. Et ils y vont. Passer de l'autre coté de la barrière pour par la suite devenir un fou adorateur de Gordon et de ses ministres. M'ouais, rien de très enviable. Il tique au surnom qui lui déplait, par habitude, mais c'est pour le moment le dernier de ses soucis. Être appelé par son nom ou un surnom maintenant, ça ne change pas grand chose. Il est ce qu'il est, ou plutôt ce qu'il n'est pas. Il n'est pas un résistant, il n'est pas un anarchiste total et fini, il n'est pas un élève appliqué désireux de devoir un Platine. Il n'est que lui. Et c'est déjà pas mal. Personne n'a envie d'être Frederic. Même pas lui même.

    "Tire bien sur Gordon alors ... et ouais j'hésiterai pas. T'inquiète pas."

    Il l'affirme mais il sait qu'il ne le fera pas. Il avance sur le chemin encore un peu mouillé, l'envie d'un café et d'une nouvelle cigarette dans la tête. Il affirme qu'il n'hésitera pas à contacter Jethro en cas de problème mais il sait qu'il ne le fera pas. Parce que ça voudrait dire qu'il devrait tout lui dire, ses douleurs, ses incapacités à dormir, toutes ses angoisses pour le futur, ses cauchemars, tout cet ensemble qui fait que Frederic a de gros problèmes et surtout qu'il ne peut rien faire pour les résoudre. Alors il sait qu'il ne l'appelera pas dès qu'il n'arrivera pas à dormir, il sait que même s'il le fait, il hésitera avant de le faire, parce qu'il sait qu'il mettra Jethro en danger s'il le fait. Parce que ça lui a fait du bien de parler avec lui et que quinconque le fera se sentir bien risque d'y passer.

    Il soupire en continuant d'avancer. Il est comme dans une impasse. Le gouvernement a des problèmes, soit. Mais Frederic n'arrive pas à se concentrer dessus parce qu'il est omnibulé par lui même et par ses propres problèmes. Alors il rentre chez lui et il lâche enfin ses béquilles, pensant au léger bien que ça lui a fait du bien de parler avec quelqu'un d'autre chose que sa vie.


HS : Un post tout petit pour conclure --"

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