Élevée par son père qui en avait la garde, volontairement sacrifiée par sa mère au profit de la politique, Victoria en aura gardé une certaine amertume. Enfant unique, elle ne manqua jamais d'attention de la part de son géniteur mais ce dernier -médecin pacifiste et peu ambitieux- ne jugea pas nécessaire de combler l'espace laissé par une épouse démissionnaire. De l'homme, la jeune femme aura hérité la compassion, un altruisme certain tandis que de sa mère, on retrouve l'entêtement, la détermination et ce sens inné de la mesure en toute chose. De nature patiente, agréable elle n'en reste pas moins la "digne foutue fille de sa mère" comme son père aime à le faire remarquer, un sourire dépité aux lèvres car une fois lancée, Victoria n'est pas de celles qui abdiquent.

La fille Baker aime découvrir, elle aime apprendre et dans cette logique s'est elle même tournée vers l'enseignement. Au départ, elle se destinait à cela loin, bien loin des États-unis mais à chaque voyage elle dû admettre que sa famille lui manquait, toujours et même sa mère qu'elle voyait pourtant très peu. Très à l'aise en compagnie des enfants, la demoiselle aurait aimé trouver définitivement sa place au sein de l'enseignement primaire une fois ses diplômes en main mais quand l'opportunité -récente- d'intégrer l'académie Weins se présente, Victoria y voit une occasion rêvée de prendre totalement confiance en elle. Car même sans partager son quotidien, Victoria ne parvient pas à surpasser le sentiment pesant d'avoir vécu et de vivre encore à l'heure actuelle dans l'ombre de sa mère. Ayant usage des deux noms, elle choisit plus fréquemment Baker pour l'administratif (plus court, plus pratique) et cela n'arrange en rien son malaise tant on a vite fait de la voir uniquement comme la "fille de la Mairesse".

Et si Victoria a finalement posé ses valises à New York ce n'est pas un hasard. Abordant la trentaine, elle espère en mettant les deux pieds en territoire maternel, renouer sans oser trop y croire et par la même occasion faire le point sur sa propre vie. Pas mariée, jamais fiancée même Victoria a beaucoup de mal à s'engager et ne sait plus réellement où se trouve sa place. Devenue trop rapidement adulte peut-être, un peu trop livrée à elle même la jolie blonde sait qu'il manque des pièces à son propre puzzle et compte sur les années à venir pour combler les trous. Par la même, s'éloigner de son père et du pessimisme dont il fait preuve en toutes choses depuis quelques temps (faute d'avoir réalisé ses projets) ne lui fera sans doute pas de mal.

En définitive, Victoria Baker est une battante, qui n'aime pas lâcher prise et pas baisser les yeux. Plus nerveuse qu'il n'y parait, un brin susceptible parfois, on lui dira qu'elle prend peut-être certains sujets trop à coeur. Alors têtue oui, mais suicidaire non et si elle se sait en tort la jeune femme saura le reconnaître. Généreuse, compatissante, elle possède un profond respect de la vie et parce que le gouvernement protège les citoyens, elle se voit mal lui cracher au visage. Sans être partisane de la première heure Victoria continuait de croire aux paroles du président Gordon mais dernièrement, on lui souffle à l'oreille que les choses ne sont pas aussi reluisantes qu'elles en ont l'air. Sans y accorder un réel crédit, Victoria n'est pas sans s'interroger au point de reconsidérer des choses jugées acquises. Et si au fond... d'autres avaient raison ?