Le Deal du moment : -29%
PC portable – MEDION 15,6″ FHD Intel i7 ...
Voir le deal
499.99 €


Il faut se perdre pour trouver l'introuvable. [Ezéchiel & Frederic]
avatar
Invité
Informations


MessageSujet: Il faut se perdre pour trouver l'introuvable. [Ezéchiel & Frederic] Il faut se perdre pour trouver l'introuvable. [Ezéchiel & Frederic] Icon_minitime1Sam 18 Jan - 15:02

    Le Quartier Est de New York est immense. Mais en plein dimanche, il est aussi presque vide. Et dans certaines rues où il n'y a personne, un jeune homme marche, occupé à tester la genouillère qu'un Platine lui a si généreusement offert en échange d'informations sur ses camarades. Il marche en regardant autour de lui, en tentant d'oublier que quelques jours avant à peine, des tueurs s'introduisaient dans l'Académie Weins, massacraient des pauvres innocents sous les yeux des autres qui n'avaient rien fait et qui voyaient leurs camarades tomber les yeux ouverts, le coeur à l'arrêt et la respiration désormais inexistantes. Frederic en avait fait des cauchemars toute la semaine. Complètement paniqué en se réveillant en hurlant, il avait presque peur de dormir. Alors que le sommeil était plus ou moins revenu avec l'oublie du traumatisme causé par Calypso, il était reparti. A la place, des visions de morts sous ses yeux, des horribles traînées de sang, des morceaux de cadavres et des cris, de la douleur.

    Il ferma les yeux et continua d'avancer. Il était tôt. Il était sorti du bâtiment des Plombs seul, et il s'était mis à marcher au hasard. Il avait éviter le Quartier Sud et le Quartier Nord et finalement il avait atterri ici, à l'Est, autour de hauts bâtiments vides. Il regardait autour de lui sans reconnaître les rues. Mais au moins il marchait. Sans fauteuil. Sans béquille. Il arrivait enfin à marcher sur ses deux jambes. Certes la douleur était encore présente, et il traînait la patte, mais au moins il pouvait marcher tout seul. Un peu mieux qu'un bébé faisant ses premiers pas. tout en marchant doucement, il s'alluma une cigarette et tira une bouffée avec un sourire. Il faisait très froid pour la saison et il avait du mettre un pull. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas eu si froid. Il bailla. Il avait la sensation très nette de ne pas avoir dormi assez mais il avait peur de retourner das son lit. Il recracha la fumée et tourna à gauche, au hasard. Il mémorisa le trajet effectué pour pouvoir rentrer. Il ne pourrait pas encore marcher longtemps avant que la douleur se réveille. mais c'était déjà beaucoup beaucoup mieux. Il nota, même si cela lui déplaisait, de remercier Caleb quand il le reverrait. C'était le meilleur cadeau qu'on lui ait fait depuis longtemps.

    Il s'arrêta devant une croix et leva les yeux pour voir une église. Une église à New York. Il était surpris de la voir ici. Il tira de nouveau sur sa cigarette qui se consumait bien trop vite à son goût. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas vu une église. Peut être avec un prêtre à l'intérieur. Avec sa vision de New York décadente et meurtrière, ça ne collait pas trop. Peut être un peu curieux et surtout intrigué, Frederic éprouva le besoin de rentrer dans ladite église. Il hésita, écrasa sa cigarette et poussa la porte. Il ne savait pas trop s'il avait vraiment le droit d'être là. Il regarda autour de lui. Quel lieu étrange et tellement éloigné de sa vie habituelle. Croit-il en Dieu ? Il n'en est pas sur. Il pense parfois qu'il y a surement quelque chose au dessus d'eux, quelque chose de supérieur, un truc quoi, un endroit, quelqu'un peu être. Qui guident les hommes. Mais croit-il en ce Dieu précis ? Il n'en sait rien. Pourtant il regarde les cierges allumés.

    Et il veut prier pour tous ceux qui sont morts pendant cette fusillade. Pour que les tueurs ne reviennent jamais. Il regarde les bougies incrédule. Il a souvent pêché selon les lois de cette église. Elle semble déserte et pourtant il sent comme si quelqu'un le regardait. Il lève les yeux au plafond. Personne n'y est cloué. Il respire trop vite, il se sent mal à l'aise. De nouveau, il observe les bougies. Il en prend une et l'allume grâce à son briquet pour la reposer avec les autres. Il ne ressent pas ce qu'un croyant devrait sentir, la joie, le sentiment d'avoir quelqu'un qui écoute. Il ne joint pas les mains, il ne se mettra pas à genoux non plus. "... Dieu, si tu m'écoutes ... ça serait bien que ça s'arrange un peu par hasard ... Y a peut être des guerres ailleurs, d'autres enfants qui meurent de faim et tous ça ... mais c'est vraiment devenu un vrai bazar cette ville et ... ça serait bien ... que quelqu'un arrange tout ça. Et à part toi ... pour le moment je vois pas." Il se sent légèrement idiot à dire tout ça dans le vide. Il enfouit ses mains dans ses poches et fronce les sourcils. Il deviendrait peut être fou. Il tourne les yeux autour de lui. Non vraiment, se tenir dans une église n'a pas grand chose de rassurant. Au contraire, cette impression de grandeur l’oppresse et l'angoisse. Ses pas résonnent.

Clandestins
Ezéchiel Stone
Ezéchiel Stone
Informations
AVATAR : Paul Bettany

DC : Caleb Reed

DISPONIBILITÉ RP :
  • Disponible


COMMENTAIRES : La marche des vertueux est semée d’obstacles qui sont les entreprises égoïstes que fait sans fin, surgir l’œuvre du malin. Béni soit-il l’homme de bonne volonté qui, au nom de la charité se fait le berger des faibles qu’il guide dans la vallée d’ombre de la mort et des larmes, car il est le gardien de son frère et la providence des enfants égarés. J’abattrai alors le bras d’une terrible colère, d’une vengeance furieuse et effrayante sur les hordes impies qui pourchassent et réduisent à néant les brebis de Dieu. Et tu connaîtras pourquoi mon nom est l’éternel quand sur toi, s’abattra la vengeance du Tout-Puissant !

Ézéchiel 25, verset 10.
MESSAGES : 45

Date d'inscription : 03/09/2013


MessageSujet: Re: Il faut se perdre pour trouver l'introuvable. [Ezéchiel & Frederic] Il faut se perdre pour trouver l'introuvable. [Ezéchiel & Frederic] Icon_minitime1Lun 31 Mar - 20:44

Étrange jeune homme en vérité, il avait l'air si désabusé pour son jeune âge. La ville avait parfois cet effet sur ses habitants les plus vulnérables, un sentiment désagréable de pesanteur, sur les âmes et les cœurs, comme une pièce dont les murs et le plafond se rapprochaient inexorablement sans que l'on puisse entrevoir l'indice d'une échappatoire salutaire. Peut être qu'il était venu trouver en ces lieux un peu de réconfort, un mince espoir qui l'aiderait à avancer, une raison de croire tout simplement.

Ézéchiel était en train de réparer le toit du confessionnal à l'arrivée du garçon, et il décida, par habitude, d'attendre un peu avant de se montrer, par prudence et aussi pour se donner le temps de jauger son visiteur. Les dernières semaines avaient été agitées en ville, et tout ce chaos diabolique avait encore accru la paranoïa de prêtre. Il avait vécu quasiment reclus depuis, s'occupant de restaurer son église, et son labeur commençait à porter ses fruits. Il avait laissé les portes ouvertes, afin de chasser l'odeur de peinture fraîche qui embaumait l'édifice tout entier. Il ne s'attendait pas pour autant à ce que quelqu'un franchisse le seuil de la maison de Dieu, pas de son plein gré en tout cas, et la méfiance passée fit place à un étonnement sincère, à meure que le jeune inconnu s'adressait à son créateur. Il n'avait pas la posture des vrais croyants, et, si son humilité découlait sans doute d'avantage de sa timidité que d'une crainte révérencielle du Tout Puissant, elle n'en était pas moins appropriée. En l'observant, l'homme de foi se fit la comparaison d'un petit animal perdu dans la forêt, qui viendrait de déboucher sur une clairière inconnue, s'y aventurant avec circonspection. Sa courte prière en révélait bien davantage. La plupart des gens qui priaient le faisaient pour eux mêmes, pour des proches aussi, afin d'attirer les bienfaits et la protection du Créateur, rares étaient les vraies âmes pieuses qui imploraient Dieu de prendre soin de l'ensemble de la création, sans arrière pensée égoïste. Assurément, le jeune homme était en quête d'une aide spirituelle, de réponses à des questions qui le dépassaient, et s'il n'avait pas encore trouvé la foi, toujours était il sincère. C'est ce qui motiva Ézéchiel à venir à sa rencontre. Il déposa le pistolet qu'il avait jusque là gardé en main et sortit du confessionnal pour aller s'asseoir au premier rang. Il se tourna alors vers le jeune homme, qui ne savait plus où se mettre, et lui dit en souriant :

"Je suis le père Ézéchiel, bienvenue dans la maison de Dieu, mon fils. Je t'ai entendu prier, involontairement. Ces lieux ont généralement une bonne acoustique. N'aie pas peur, il ne va rien t'arriver ici" dit il, en réponse à l'expression craintive qui faisait jour sur son visage juvénile. "Si tu commençais par t'asseoir.." poursuivit il en tapotant la place à côté de lui "..et par me dire comment tu t’appelle, après, on verra ce que Dieu peut faire pour t'aider."

avatar
Invité
Informations


MessageSujet: Re: Il faut se perdre pour trouver l'introuvable. [Ezéchiel & Frederic] Il faut se perdre pour trouver l'introuvable. [Ezéchiel & Frederic] Icon_minitime1Ven 4 Avr - 13:05

    S'aventurer dans une église, quelque part, c'était être dans un endroit sur pendant un temps. Prendre quelques secondes pour regarder autour de soi et arrêter de penser à tous ses problèmes. Ou plutôt y penser, mais en parler à quelqu'un de neutre qui ne pourrait pas comprendre toutes les nuances des problèmes de Frederic. Car quand on regarde, on comprend qu'ils sont nombreux et qu'à coté, les petits problèmes de la vie comme l'amour ou les cours semblent totalement superflus. Mais il se demande ce qu'il fait là. Il ne connait personne aimant la religion pour l'influencer. Il est entré de son plein chef comme s'il cherchait quelque chose, un repère pour se raccrocher à quelque chose de concret. Car il y avait beaucoup de pensées contradictoires dans sa tête.

    Il avait toujours eut les idées claires sur l'Académie et sur Gordon. Il ne voyait pas pourquoi on allait le forcer à aimer quelqu'un quand il ne voyait pas le coté bon à cela. Mais depuis qu'il côtoyait malgré lui des Platines qui croyait à ces conneries, il commençait à remettre ses idées en question. Gordon n'était peut être pas si mauvais que cela après tout. Il avait sorti grâce à son école des jeunes hommes et filles de la rue pour leur apporter son soutien. Dont lui, quelque part. S'il n'avait pas été expédié à Weins, il serait sans doute encore avec une seringue dans le bras. Il frissonna à cette idée. Il devait bien l'avouer, l'Académie Weins lui avait apporté beaucoup. Mais de là à dire que Gordon était un dieu, un héros, quelqu'un de parfait, il y avait quand même des limites. Il n'en était pas là. Et alors qu'il était totalement perdu, voilà qu'une église se mettait sur son chemin. Et le voilà. Rentré dans une église. Pour essayer de savoir où il en était.

    Et pour comprendre cette putain de fusillade aussi. Pour essayer de voir en quel honneur y avait-il eu tant de morts, de blessés. Pourquoi cette violence gratuite contre des étudiants qui n'avaient rien fait pour cela. Montrer son opposition à Gordon, oui mais pourquoi ? Pourquoi autant et pourquoi avec tant de haine contre eux ? C'était pour cela qu'il avait tenté une vague prière adressé au Haut Seigneur tout puissant et tout ça. Il ne savait pas vraiment quoi en penser non plus. Peut être existait-il une entité qui les surveillait depuis le ciel, paressant sur les nuages. Mais si vraiment il existait, qu'est ce qu'il fichait quand il y avait des morts innocents sous ses yeux ? Peut être était-il simplement content d'avoir de nombreux potes pour bavarder sur les nuages.

    Il sursauta en entendant du bruit derrière lui. Il n'était pas seul. Son instinct de survie lui cria de partir en courant mais il préféra observer l'homme qui lui faisait face pour s'asseoir au premier rang des sièges. Il avait l'air jeune. Sans doute quelqu'un qui venait vraiment pour prier. Pour être plus heureux, pour avoir plus d'argent. Il ne voyait pas l'utilité de prier pour ça pour sa part. Tu veux plus d'argent ? Va faire les boutiques pour chercher à t'engager quelque part. Tu veux être plus heureux ? Profite de la vie, achète toi une barbe à papa, plonge dans la mer à minuit. Mais prier quelqu'un montre sa dépendance à quelque chose de flou, peut être totalement inexistant. Et revient à montrer sa faiblesse et son incapacité à régler les choses par soi même.

    Puis l'homme se présente et Frederic ouvre la bouche en oubliant de la refermer. Cet homme est un prêtre. Cet homme vit pour l'église, il croit en Dieu, lui. Et il comprend que cet endroit n'est pas sa place. Il se sent gêné, comme observé dans un moment qui n'appartenait qu'à lui. Il lui dit comme si c'était normal de ne pas avoir peur, ignorant que la terreur faisait tellement parti du quotidien de Frederic ces derniers mois qu'il lui apparaissait normal de ressentir de la peur. C'était presque aussi naturel de respirer que de regarder toujours derrière lui pour voir s'il n'était pas suivi, si ceux qui le côtoyait n'avait pas de couteau ou de pistolet. Peut être était-il totalement parano. Mais il en avait surtout assez d'être stupide et de faire les mauvais choix. En attendant il continuait d'avoir peur pour sa vie. Et ce sentiment s'était tellement renforcé avec la fusillade qu'il ne se sentait plus nul par en sécurité. Même dans sa chambre au dortoir, il avait peur de dormir. Alors ces mots lui semblaient presque ironique.

    Il hésita avant de s'asseoir, gardant néanmoins une chaise d'écart. Il valait toujours mieux être méfiant dans cette ville. Au moins, il avait réussi à comprendre cela. Si cet homme était réellement un prêtre, il pouvait peut être se confier. confesser ses péchés peut être. Et il y aurait du boulot. "Je m'appelle Frederic ... et ... ce n'était pas vraiment un prière, plutôt quelques mots prononcés à la va vite. Pour les faire sortir de ma tête." Peut être que parler de la fusillade allait l'aider. Surtout en parler à quelqu'un qui ne l'avait pas vécu de l'intérieur, qui n'avait pas eu d'arme pointé sur sa tête. Quoi que. Ca l'étonnerait quand même.

    "Vous ... Comment je dois vous appelez ? Par votre nom ou ... ou mon père ?" Même dans ce contexte, lui qui n'avait eu qu'un père en prison puis un père mort lui sembla étrange. "Et à Lui ? Ce Dieu auquel vous croyez ? Comment je dois m'adresser à lui pour qu'il m'écoute ? Ce sont sans doute des questions que vous entendez souvent mais comment permet-il que tout cela arrive ? Comment peut-il laisser certains hommes en paix alors que d'autre crèvent la tête sur le plancher d'une école ?" Eglise et Frederic n'ont jamais et ne feront jamais bon ménage. Déjà quand il s'agit de se confier, il a du mal. Mais bizarrement, les mots sortaient tout seul et sa colère montait. Il respira un bon coup, laissa un léger temps de silence. "Excusez moi pour ce langage sans doute un peu trop franc. Mais les choses sont ce qu'elles sont. J'ai vu des gens mourir. Alors ... je doute que Dieu puisse m'aider pour ça." Même pour le reste. Si Dieu pouvait faire revenir les morts, cela se saura. Il passa une main dans ses cheveux. Des mots comme hérésie et blasphème lui vinrent en tête. Pourtant il ne retira pas ses paroles. Et il ne s'excusera pas auprès de Dieu non plus. Il a besoin de rejeter sa haine sur quelque chose, sur quelqu'un. Et si cette entité ne peut pas lui répondre, c'est encore mieux.

Clandestins
Ezéchiel Stone
Ezéchiel Stone
Informations
AVATAR : Paul Bettany

DC : Caleb Reed

DISPONIBILITÉ RP :
  • Disponible


COMMENTAIRES : La marche des vertueux est semée d’obstacles qui sont les entreprises égoïstes que fait sans fin, surgir l’œuvre du malin. Béni soit-il l’homme de bonne volonté qui, au nom de la charité se fait le berger des faibles qu’il guide dans la vallée d’ombre de la mort et des larmes, car il est le gardien de son frère et la providence des enfants égarés. J’abattrai alors le bras d’une terrible colère, d’une vengeance furieuse et effrayante sur les hordes impies qui pourchassent et réduisent à néant les brebis de Dieu. Et tu connaîtras pourquoi mon nom est l’éternel quand sur toi, s’abattra la vengeance du Tout-Puissant !

Ézéchiel 25, verset 10.
MESSAGES : 45

Date d'inscription : 03/09/2013


MessageSujet: Re: Il faut se perdre pour trouver l'introuvable. [Ezéchiel & Frederic] Il faut se perdre pour trouver l'introuvable. [Ezéchiel & Frederic] Icon_minitime1Mer 13 Aoû - 16:37

Le gamin avait l'air paumé, furieux et apeuré à la fois, une combinaison qui était familière au prêtre. Il en avait vu tant et tant, la chair fraîche comme on les appelait, les petits nouveaux tout fringants qui débarquaient sur le front avec encore cette candeur innocente, la fleur au fusil, pensant qu'ils allaient gagner la guerre avec leurs bonnes intentions. Dommage que les balles ne s'arrêtent pas à ce genre de détail. Ils tombaient comme des mouches les premiers jours, et les plus malins, ceux qui suivaient les conseils, ne finissaient guère mieux, se résignant à s'enfermer dans leur propre enfer pour tenter de survivre. A la fin, quoiqu'il en soit, il n'y avait plus de bleus dans les rangs, juste des créatures faites plus d'instincts que de chair, et déguisés en hommes.

Ézéchiel avait entendu parler de la fusillade, et la chose, bien que révoltante, ne l'étonna pas plus que ça dans une ville aussi merdique. On ne respectait plus rien, ni personne, rien n'était plus sacré, ni les lieux, ni les idéaux, ni même les enfants apparemment. Le prêtre compatissait avec ceux et celles, jeunes ou vieux, qui avaient enduré ce cauchemar, et trouverai le moyen de les assister si possible. Et s'il pouvait aider celui là, qui en avait grand besoin, ce serait un bon début. Ézéchiel flanqua une taloche derrière la tête du gamin, pour l'empêcher de ruminer ses sombres pensées, et son air ahuri le fit sourire.

"Ne t'excuse jamais pour avoir dit la vérité, ou ce que tu pense être vrai, autrement tu passera le restant de ton existence à préférer mentir pour éviter de t'humilier. Et quoique tu en dise, s'adresser à Dieu même pour lui exprimer ta colère reste une forme de prière. Certaines personnes le prient même pour leurs animaux, pour qu'il leur fasse les dents plus blanches ou pour le remercier d'être encore en vie un jour de plus, chacun fait ça à sa sauce, petit. Parfois, l'acte en lui même est plus symbolique que la requête, ça permet d'ouvrir les vannes et de vider son sac. Et rien que pour ça, ça vaut le coup, tu ne crois pas ?"

Zeke laissa le temps au môme de digérer un peu et son sermon et sa claque, les deux faisant souvent bon ménage. Si ça pouvait le faire sortir de sa posture de victime, ça irait encore mieux, parce qu'il n'était pas sur que le gosse allait digérer la suite. Après quelques secondes, il brisa à nouveau le silence :

"J'ai compris la raison de ta visite, tu m'as l'air d'un gamin comme il faut, mais j'ai l'impression que tu as du mal à gérer la situation, en ce moment. Tu dois te poser plein de questions, et tu pense que Dieu va t'apporter les réponses sur un plateau ?. Allons, ce serait trop facile, à quoi bon le libre arbitre si on nous mâchait le boulot au moindre souci ?. Et oui, au fait, je suis passé par là moi aussi" Le prêtre retroussa ses manches, exhibant ses cicatrices et ses tatouages de régiment. La devise des marines côtoyait une image de la Vierge, qu'un coup de couteau avait presque tranché en deux. "J'ai déjà rencontré la mort, à de nombreuses reprises, sous des formes diverses, et je peux te garantir qu'elle sourit à tout le monde mais ne s'arrête pour personne, pas même pour toi ou tes amis. Elle fait partie de l'ordre des choses, elle fauche inlassablement, aveuglément, éternellement. Mais une fois que tu l'as admise, elle devient comme une vieille compagne, une ombre qui te suit et dont tu sais qu'un matin, elle croisera ta route. Plus vite tu t'y fera, plus vite tu apprendra à vivre. Ce que tu as vécu n'est qu'un faible aperçu de ce dont est capable l'homme, et tu as de la chance d'en être sorti vivant. Peut être que tu te fourvoie en t'en prenant à Dieu, peut être que tu devrai le remercier d'avoir été épargné. Dieu a créé l'homme, mais il ne lui a pas farci le cœur de péchés, il ne l'a pas fait mauvais. La société dans laquelle nous vivons, en revanche, c'est une autre paire de manches. Ne sois pas trop aigri à son égard, de toute façon, ça ne servira à rien, il est l'Eternel, alors que nous...ma foi, bien malin qui pourra dire ce que nous sommes. La prochaine fois que tu ressentira le besoin de te purger de cette colère, regarde bien le monde dans lequel nous vivons...ou survivons. Tu y trouvera la source de bien des maux qui te bouffent, mon fils, et à ceux là peut être pourra tu apporter une solution."

Le prêtre sourit au jeune homme, Frédéric avait il dit s'appeler. Il était sur qu'il s'en remettrai, il en avait encore la force et le temps aussi.

"Au fait, tu peux m'appeler Ézéchiel, ou mon père si tu souhaite te montrer plus formel, c'est comme tu veux. Mais évite Zeke, si tu ne veux pas prendre mon pied au cul"

avatar
Invité
Informations


MessageSujet: Re: Il faut se perdre pour trouver l'introuvable. [Ezéchiel & Frederic] Il faut se perdre pour trouver l'introuvable. [Ezéchiel & Frederic] Icon_minitime1Ven 19 Sep - 22:05

Il faut se perdre pour trouver l'introuvable - Ezéchiel & Frederic  

Bon sang que des vacances lui feraient du bien. Il était prêt à s'endetter pour dix ans s'il pouvait avoir la possibilité de rentrer chez lui pour quelques jours au moins. Une bonne petite cure de santé à Talinn, peut être prendre le bateau pour aller à Helsinki et retrouver une civilisation gentille. Au lieu de ça il parlait à un prêtre. Un putain de prêtre. Il n'était même pas croyant. Il ne pensait qu'à peine que Dieu existait. Quand à le prier, il aurait vraiment fallu qu'il soit désespéré, ce qu'il n'était pas. Il était certes l'ombre de lui même mais il n'aurait jamais recours à une entité qui n'existait pas pour se sortir d'affaires.

Il le frappa derrière la tête et Frederic s'écarta par réflexe. Trop de personne voulait le frapper ces derniers temps et ses réflexes de défense n'en était que renforcé. Il fixa l'homme qui lui faisait face. Il se croyait alors vraiment supérieur à lui, comme un père avec son fils. Il se croyait capable de le réprimander. agissait-il ainsi avec tous ses fidèles ou uniquement parce qu'il avait commis un pêché ? Ils étaient dans la maison de Dieu après tout, il devait faire l'effort de tenir sa langue. Mais ces paroles lui indiquèrent que non, et voilà, il n'en fallait pas plus pour le perdre. Dire la vérité n'était jamais mal selon lui puisqu'il fallait ne pas s'en excuser. C'était ce qu'on lui avait toujours appris, mais est ce qu'il avait fait excès de zèle ces derniers temps ?

Il parlait trop. Il ouvrait trop sa bouche pour balancer la vérité à tord et à travers. Il fixa le prêtre en écoutant la suite de son discours. Lui voyait Dieu comme un confident, quelqu'un ou quelque chose qui pouvait toujours écouter. Même lorsqu'on est en colère. Du moins il analysait ces paroles ainsi. Il pensait avoir raison. C'était un confident en tout cas. Mais un confident ne doit-il pas répondre ? Ce que ne peux pas faire un vide comme Dieu. Même en admettant que ce Dieu existe, il n'allait pas descendre sur terre pour parler à un petit pêcheur comme Frederic pour lui montrer le sens de sa vie. Et Ezéchiel pense la même chose. On ne peut pas se servir de Dieu comme d'un confident et attendre qu'il apporte les réponses à nos problèmes. Ca serait beau pourtant. Il ramènerait Frederic à sa vie d'avant. Mais ça n'arrivera pas non plus. Effrayé par cette vérité trop crue, Frederic ne trouva rien à répondre et fuit le regard de l'homme en écoutant la suite.

Il lui fit un petit sermon sur Dieu, sur la Mort et sur la société ses paroles pénétrèrent son coeur pour le frapper au milieu des ventricules. Il se sentit mal en l'écoutant, comme l'enfant qu'il était et qui se savait pris en faute. Il se força à le regarder de nouveau. Pour lui aussi la grande faucheuse était sa compagne. Il se mordilla la lèvre. Il l'avait déjà rencontré. Deux fois au moins pour lui même. Et avant il l'avait vu penchée sur le corps de son père. Cette espèce de salope lui était apparue trop de fois à son goût. Et il lui disait juste de s'y faire et de continuer à se battre pour vivre ? Mais ça aussi c'était trop facile. Il estimait qu'il avait eu de la chance de s'en sortir vivant et il n'avait pas spécialement tord. Mais s'il était mort, est ce que ça aurait changé quelque chose ? Il se serait réincarnée et tout aurait continué dans une autre vie.

"Et ça vous va ? Croiser la Faucheuse de temps en temps, lui dire d'aller se faire voir puis continuer en remerciant le Seigneur c'est ça ? Mais alors quel est le but d'une telle vie ? Le prier, le louer encore et encore  ? Vous pensez que c'est ce que je devrais faire, me mettre à genoux à en saigner pour le remercier ? Premièrement j'ai une rotule brisée donc ça serait physiquement impossible et deuxièmement, je ne ressens pas ce sentiment de gratitude dont vous parler."

Plutôt de l'incompréhension. Il avait grimacé à l'évocation de sa blessure. Celle là il l'avait mérité, il le savait. Mais n'aurait-ce pas été plus simple de mourir ? Si vraiment il le méritait, il aurait du. Alors pourquoi ? Quel était la force supérieure qui avait décidé de le garder en vie ? Etait-il promis à un grand destin dans quelques années ? Il ne voyait pas comment.

"... D'accord, j'ai compris l'idée, je vous emmerde avec mes questions. Mais je n'ai jamais rencontré quelqu'un comme vous qui vit pour une seule raison ... enfin, une raison noble. J'ai fréquenté un homme qui n'existe que pour le chaos. Vous diriez de lui que c'est un envoyé de Satan, qui fait couler le sang et le feu partout où il passe. Mais vous, vous restez là, à dire aux âmes égarées que rien n'est impossible et que le seigneur nous aide à survivre dans ce monde. Pourquoi ? Comment on choisit de vivre comme vous, sans profiter des ... des bonnes choses de la vie ?"

C'était de la pure curiosité mal placée. Mais c'était aussi une espèce de diversion pour éviter de parler de lui, encore. Même s'il avait besoin de se confier, il préférait se cacher devant des inconnus. Parler des autres lui semblait un bon compromis pour ne pas se livrer.



Clandestins
Ezéchiel Stone
Ezéchiel Stone
Informations
AVATAR : Paul Bettany

DC : Caleb Reed

DISPONIBILITÉ RP :
  • Disponible


COMMENTAIRES : La marche des vertueux est semée d’obstacles qui sont les entreprises égoïstes que fait sans fin, surgir l’œuvre du malin. Béni soit-il l’homme de bonne volonté qui, au nom de la charité se fait le berger des faibles qu’il guide dans la vallée d’ombre de la mort et des larmes, car il est le gardien de son frère et la providence des enfants égarés. J’abattrai alors le bras d’une terrible colère, d’une vengeance furieuse et effrayante sur les hordes impies qui pourchassent et réduisent à néant les brebis de Dieu. Et tu connaîtras pourquoi mon nom est l’éternel quand sur toi, s’abattra la vengeance du Tout-Puissant !

Ézéchiel 25, verset 10.
MESSAGES : 45

Date d'inscription : 03/09/2013


MessageSujet: Re: Il faut se perdre pour trouver l'introuvable. [Ezéchiel & Frederic] Il faut se perdre pour trouver l'introuvable. [Ezéchiel & Frederic] Icon_minitime1Ven 24 Oct - 5:00

Le prêtre écouta patiemment la diatribe du jeune homme. Dieu qu'il lui semblait beau dans sa rébellion, il lui fit un instant penser à l’Étoile du nord, lui aussi fâché contre son père, Le Père. La même colère, la même fougue, la même incompréhension, à croire que certaines choses ne trouvaient un sens que dans l'écho de leur renouvellement. Tellement de temps depuis sa chute, et tant et tant d'êtres qui n'en finissaient plus de le suivre, si empressés d'en finir avant même que d'avoir commencé à comprendre.  Dans un élan de compassion, il envisagea entre deux pensées de l'aider à rejoindre le néant reposant auquel le jeune homme semblait tant aspirer. Mais il avait de toute façon laissé son pistolet dans le confessionnal, et il n'était pas poli d'interrompre son interlocuteur une fois qu'il avait commencé à s'épancher. Manifestement, le gamin en avait gros sur le cœur, et se livrer faisait ressortir une terrible amertume qui avait du le ronger des années durant, c'était peut être la première fois qu'il s'ouvraitt ainsi et il laissait libre cours à sa fureur. Une bonne chose, il était saint de se purger de ses mauvaises humeurs de temps à autre, ça évitait le pourrissement de l'âme et permettait de faire le tri, de séparer le bon grain de l’ivraie. Enfin, il eut fini, et Ézéchiel lui répondit. Il se leva, déboutonna sa veste en retirant son col, devant le regard médusé du jeune homme.

"Ne t’inquiète pas,  je connais les sombres rumeurs, et je ne mange pas de ce pain là. Je veux juste te montrer quelque chose. Tu as déjà vu mes bras, mais apparemment ça ne t'as pas assez marqué pour que tu te rendes bien compte"
. Le gamin ne savait plus que penser, mais au moins ne se sauva t'il pas en hurlant. Le torse, le dos et les bras du prêtre étaient parcourus de cicatrices, certaines nettes et lisses, d'autres hideusement couturées, faites dans l'urgence par des personnes pas forcément qualifiées, certaines par lui même quand les docs étaient surchargés. Des brûlures avaient laissé sur sa peau des croûtes rapeuses, on pouvait distinguer des étoiles de chair grossières là où les balles avaient fait mouche, et certaines meurtrissures plus récentes quand il faisait pénitence. Leur aspect rosâtre contrastait avec le mauve pâle de leurs voisines plus anciennes. Une vraie carte de la douleur, un corps brisé et à jamais privé de la grâce et de la beauté, une enveloppe néanmoins fonctionnelle à défaut d'être belle, une vanité qui semblait bien futile en comparaison du sacrifice. "Je ne te montrerai pas le reste, il serait très indécent d'exposer ces parties basses dans une église, devant un jeune homme. On pourrait jaser" dit il en souriant. " Voici ce que l'on récolte à la guerre, petit, on a du t'en parler à l'école, mais ce n'est rien en comparaison des blessures qui ensanglantent l'âme. Le corps guérira toujours, plus ou moins facilement, fonction de l'âge, des soins reçus...mais l'âme, le cœur, l'esprit, appelle ça comme tu voudra, c'est une autre paire de manches". Le prêtre se revêtit, laissant le temps au jeune homme de surmonter son dégoût et son incompréhension. Peu de personnes étaient capables d'appréhender la nature profonde de l'homme dans sa sauvagerie la plus innée, la plus viscérale, et encore moins d'en supporter la vue des conséquences. Zecke espérait qu'il n'allait pas vomir, il venait de nettoyer toute la matinée. Il avait retrouvé un morceau d'os et une molaire, coincés dans un des bancs, et la fusillade remontait à quelques semaines pourtant.

"Tu vois, tu n'es pas le seul à avoir été blessé, meurtri dans ta chair, mais ceci n'est que broutilles. Un corps est un corps, rien d'autre, un outil de Dieu pour servir de réceptacle, et même réduit en lambeaux, c'est toujours avec ton cœur que tu pries, et avec ta tête que tu penses, n'oublie jamais ça. Quand à la génuflexion, bah, on a pas mis des bancs pour les chiens, on s'adresse aussi bien à Lui assis, que debout, à genoux ou couché, chacun fait à sa façon, l'important c'est d'être honnête avec soi même, pour commencer. Le reste viendra tout seul. Croire en soi est le début de la foi, c'est aussi simple que ça, et aussi compliqué dans le même temps. Quand au but de ta vie, à lui donner un sens, et bien tu as l'embarras du choix. Les gens qui veulent changer leur vie ou le monde se trouvent des moyens de le faire. Les autres se trouvent des excuses."


Le prêtre, tout à son sermon, était tout de même préoccupé par certaines des paroles de Frédéric. Le garçon avait mentionné un envoyé de Satan, et cette pensée le fit sourire. Il avait effectivement rencontré un tel individu récemment, et ce dernier était apparemment connu dans les environs, mais de cette jeune personne ?. Voila qui méritait des éclaircissements.

"Tu parlais des bonnes choses de la vie, n'est-ce pas ?. Elles divergent pour tout le monde, et j'ai vu trop de bon sang couler pour ces petits plaisirs : le galon de pétrole qui propulse ta voiture, le tabac de tes cigarettes, les minerais sur lesquels reposait l'économie de cette nation. Tout a un prix, et il est généralement bien plus élevé que ce qu'en conçoit le commun des mortels. Je prends plaisir à servir Dieu, à retaper ce lieu pour y accueillir des personnes comme toi, à lire après une journée de labeur, à contempler la poussière qui vole dans les rayons de lumière quand le soleil frappe les vitraux, à la fraicheur d'un verre d'eau pure et limpide quand la soif me tenaille, et tant d'autres choses encore. Si tu as déjà subi des privations, quand on t'as dépouillé de tout, tu apprends à apprécier le peu que tu récupère ensuite. Le dénuement donne de la valeur aux petites choses insignifiantes, tout comme la mort valorise la vie. Ton agent du chaos l'a bien compris, quoique d'une façon un peu biaisée, tordue même. Car oui, je l'ai rencontré, Jason le clown, et je te donne raison sur ce point : il peut faire penser à un agent de Lucifer. Il terrorise les gens, leur rappelle à quel point il est facile de se fourvoyer devant de fausses idoles, il est un mal nécessaire, un outil de châtiment parfaitement adapté à sa fonction et à son époque. Il est peut être la punition que méritait cette cité en perdition, la maladie et le remède, va savoir. Peut être un jour joindrons nous nos forces, ou nous affronterons nous, cela n'a pas encore été décidé. Mais ce jour là je serai prêt, petit, prêt à faire ce qu'il faudra, car je ne le crains pas"

Ezechiel remit son col en place et s'assit de nouveau à côté du gamin, espérant ne pas l'avoir trop effrayé. Ou alors juste assez pour ne pas avoir à lui botter le cul s'il s'éloignait un jour du droit chemin. Il commençait à l'apprécier, et il ne voudrai pas être forcé de le "recadrer" un beau jour.

avatar
Invité
Informations


MessageSujet: Re: Il faut se perdre pour trouver l'introuvable. [Ezéchiel & Frederic] Il faut se perdre pour trouver l'introuvable. [Ezéchiel & Frederic] Icon_minitime1Ven 9 Jan - 17:33

Il faut se perdre pour trouver l'introuvable - Ezéchiel & Frederic  

Il serait préférable qu'il parle de lui, de ses propres problèmes plutôt que d'essayer de comprendre un homme qui ne partageait pas sa vision de la vie. Il avait des problèmes beaucoup plus important à résoudre et pourtant il restait là, à tenter de comprendre pourquoi et comment on pouvait encore croire en Dieu dans un tel monde. Quel était dont le but, l'envie qui menait à cela ? Il n'en savait rien. Et il sentit, quand Ezéchiel se leva qu'il ne comprendrait sans doute jamais même s'il lui expliquait. En tout cas pas maintenant. Il n'était pas assez ouvert sur le monde pour comprendre vraiment. Il avait beaucoup trop de rage de colère et de tristesse en lui pour comprendre un homme qui aspirait à l'espoir et à la paix. Et il détestait être comme ça. Longtemps il avait été heureux de vivre et il avait mordu dans la vie à pleine dents. Il s'y était vautré, fermant les yeux pour mieux savourer les sensations. Il n'était plus lui depuis longtemps. Une partie de lui s'en était allé pour toujours, cette fois encore. Il ne pourrait plus la retenir. C'était beaucoup trop tard.

Le prêtre déboutonna le col de sa veste et Frederic ne put s'empêcher d'être surpris, voire alarmé. Il croyait aux rumeurs mais celles sur la sexualité débridé des hommes d'églises lui avait toujours pas lointain. Mais quand il enleva sa chemise, il fixa les nombreuses blessures et cicatrices qui couvraient sa peau. Et il ne put en détacher ses yeux. Il y avait quelque chose de triste dans ce torse qui le mit mal à l'aise. Il n'avait aucune envie de continuer à regarder et pourtant il détailla chaque parti du corps. Voilà le corps d'un homme qui a souffert. Qui a vu et fait des choses terribles et violentes. Tel le corps, l'âme qui l'habitait ne s'en remettrait jamais. Il finit par tourner la tête et il se mordit la langue pour ne pas céder aux larmes. Pas encore. Pas devant un inconnu. Mais ses mains tremblaient. Cela semblait douloureux pour lui. C'était affreux. Presque insoutenable. Comment pouvait-on vivre avec cela sur le dos en permanence ?

Et il souriait pourtant. Il fit même une espèce d'humour sombre. Frederic ne put s'empêcher de lui jeter un regard noir et froid. Comme si c'était drôle. Comme si ces blessures n'étaient que du hasard. Il ne supporta pas qu'on puisse en rire. C'était presque ridicule vu la profondeur de certaines cicatrices. L'homme n'avait pourtant pas l'air d'un idiot, alors c'était juste qu'il prenait bien la chose. Mais on ne riait pas des blessures que les autres nous imposent, songea-t-il. "Je sais ce qu'est une blessure. J'en ai déjà vu. Certaines sont plus subtiles mais elles ont toutes été faites à la guerre. Vous n'allez quand même pas m'apprendre ce qu'est une bataille ? J'en ai peut être pas l'air comme ça, mais j'ai parlé à ... à des personnes qui elles aussi avaient été blessées par la vie." Sa mère. Calypso. Jethro. Et d'autres. Et lui même. On ne la lui faisait pas. Ces cicatrices étaient impressionnantes mais il connaissait des personnes qui avaient des blessures secrètes, cachées. Les montrer ne faisait pas du prêtre un homme fort. Les avoir lui faisait penser à ce qu'il s'était passé pour qu'il les ait. C'était cela l'important.

Il se mit à parler sur la confiance, sur la foi et sur les blessures. Frederic écouta ce qu'on lui avait déjà dit et qui n'était pas sans lui rappeler les mots des docteurs et des psychiatres qu'il avait croisé à Los Angeles ou même à New York. Crois en toi Freddie, crois et ça va aller, tu iras mieux. Tu peux changer si tu y crois. Ta vie changera si tu t'en donnes les moyens. Ezéchiel lui conseillait de le faire par la prière et il fut presque tenté de le croire. Il enregistra tout ce qu'il lui dit. Ce n'était pas le premier à lui faire ce discours, ce qui pouvait signifier qu'il pouvait avoir raison, lui et les autres. Pourtant une partie de son âme encore enfantine lui hurlait que c'était faux, qu'il avait trop longtemps agi dans un sens pour changer. Il ne se sentait pas de prier pour devenir quelqu'un qu'il ne supportait pas.

La suite l'intéressa déjà plus. Le prix de la vie était élevé. Il s'en était rendu compte depuis que sa bulle dorée avait éclaté. Depuis que l'argent avait disparu de sa vie, il se sentait démuni, sans pouvoir, sans rien. C'était la seule constance qu'il avait eu depuis sa naissance. Et maintenant même ses chiffres alignés pour signifier le montant de son compte en banque. Cela lui manquait plus qu'il ne voulait l'admettre. Parce que l'argent signifiait un minimum de pouvoir : avec l'argent il pouvait agir, avoir un minimum de liberté, de sécurité, qu'il n'avait même plus. Les gens puissants ont souvent de l'argent, ou des relations qui en ont. Ceux qui n'en avaient pas devaient trimer pour parvenir à se hisser à un niveau correct. Cela ne correspondait pas à son identité. Et pourtant, comme le prêtre avait raison. Le labeur, c'est la vie.

Il allait devoir changer. Radicalement. De fond en comble. Il allait devoir devenir un autre s'il voulait rester en vie. Il devait absolument revenir en force pour montrer qu'il pouvait continuer à vivre. Il pouvait le faire il le sentait. Comment restait encore le problème mais il s'était déjà sorti de galères bien pire. ... Quoi qu'en fait non, il ne s'était jamais sorti de galère pire que ça. Mais il le ferait. Même s'il devrait compter sur l'académie pour trouver du soutien. Quand le prêtre mentionna Jason Lecter, il frissonna. Il visionnait toujours l'horreur sur son visage, l'ignoble petit sourire déformé et le rire terrifiant. Et tout revenait à lui, à ce jour où il avait commis l'erreur infâme de faire couler ce maquillage avec l'aide d'alcool renversé sur son visage. Il trembla et resserra son blouson. Il en avait peur. Comme beaucoup de monde dans cette ville. Il aurait du en avoir bien plus tôt. Mais peut être qu'un jour où le clown agira vraiment comme Lucifer et viendra le saisir entre ses griffes pour l'entraîner en enfer.

Il tourna la tête pour regarder le prêtre dans les yeux. "Jason Lecter serait donc l'incarnation du mal ? Peut être. Il semble absolument terrifiant c'est vrai. Comme si rien ne pouvait l'arrêter. Mais il a au moins une chose pour lui : il est libre. Enfin, il a les forces de l'ordre à ses trousses mais au moins ... ce que je veux dire, c'est que s'il se réveille un matin avec l'envie de faire exploser une banque, il peut le faire. Il en a les moyens, la possibilité et il ne se pose pas de questions quand aux victimes. Alors peut être qu'il est le diable, mais sa façon de l'être est quand même fascinante je trouve." Il le défendait. Il défendait un tueur sanguinaire et un malade mental. Un truc ne tournait pas rond chez ce garçon. "Je ne dis pas que je l'admire et encore moins que je voudrais être comme lui ... disons simplement qu'il a ses bons cotés. Comme tous les vilains. C'est ... c'est ça, c'est un vilain, comme ceux des histoires qu'on raconte aux enfants. Mais ... j'adore les vilains. Ils ont un truc en eux qui les rendent ... admirables."

Il tremblait encore, de froid. Il ne pouvait pas s'en empêcher. "Vous dites que l'on peu se contenter de peu, après une bonne journée de labeur et tout ça. Mais ... c'est faux enfin ... surtout quand on a connu le faste et la luxure. Mais vous vous en contentez, ce qui fait presque de vous un être héroïque. Vous aussi vous avez des qualités admirables. Il devrait y avoir un juste milieu entre l'incarnation de Satan et celle de Dieu. Vous qui lisez la bible, vous pensez qu'il est possible d'être neutre ? De pêcher de temps à autre et de mal agir le lendemain ? Un compromis en quelque sorte."

Il soupira. Un instant il se sentit ridicule. "Désolé c'était ... des pensées en l'air. Ca m'évite de penser à d'autres choses. A moi par exemple. J'en ai des blessures aussi. Et elles sont nettement moins belles que les votres." Il serra son poing pour s'empêcher de trembler. "Et j'ai du mal à parler ici, dans le froid et sans rien à boire ... mais vous n'avez que de l'eau bénite je suppose." Et puis, comme une évidence, la question qui fait mal. "Est ce que vous me trouvez égoiste de ne parler que de ... de mes pensées et de moi ? Je vous assure que j'essaie de comprendre vos actes et vos résolutions ... mais ça me parait tellement impossible à tenir ... Cela donne l'impression d'une vie médiocre."



Clandestins
Ezéchiel Stone
Ezéchiel Stone
Informations
AVATAR : Paul Bettany

DC : Caleb Reed

DISPONIBILITÉ RP :
  • Disponible


COMMENTAIRES : La marche des vertueux est semée d’obstacles qui sont les entreprises égoïstes que fait sans fin, surgir l’œuvre du malin. Béni soit-il l’homme de bonne volonté qui, au nom de la charité se fait le berger des faibles qu’il guide dans la vallée d’ombre de la mort et des larmes, car il est le gardien de son frère et la providence des enfants égarés. J’abattrai alors le bras d’une terrible colère, d’une vengeance furieuse et effrayante sur les hordes impies qui pourchassent et réduisent à néant les brebis de Dieu. Et tu connaîtras pourquoi mon nom est l’éternel quand sur toi, s’abattra la vengeance du Tout-Puissant !

Ézéchiel 25, verset 10.
MESSAGES : 45

Date d'inscription : 03/09/2013


MessageSujet: Re: Il faut se perdre pour trouver l'introuvable. [Ezéchiel & Frederic] Il faut se perdre pour trouver l'introuvable. [Ezéchiel & Frederic] Icon_minitime1Ven 20 Fév - 15:07

"Il n'y a rien de ridicule dans le fait de penser. Au contraire, c'est de ne jamais se remettre en question qui est grave. Je ne parle pas forcément de changer pour changer, mais laisser la porte ouverte à d'autres voies, d'autres possibilités. Un jour, tu trouvera ton propre chemin, pas nécessairement celui qui sera le meilleur, selon ton point de vue du moment, mais celui dans lequel tu te sentira le mieux. Ne bouge pas, je vais te chercher quelque chose à boire"

Le prêtre s'éloigna dans la sacristie et revint quelque secondes plus tard avec une bouteille en verre au goulot recouvert de cire noire, et deux verres. Le liquide qu'il versa était translucide, liquoreux, et son parfum, à défaut d'autre terme, tira une larme au gamin quand il renifla l'étrange breuvage. Ézéchiel avait servi de jolies doses, pas assez pour mourir mais suffisamment pour regretter. Il leva son verre et regarda la lumière jouer dans son contenu.

"Je ne sais pas si ça te conviendra, mais je peux le bénir si tu préfères. Je ne suis pas certain cependant que ça fonctionne de la sorte, et connaissant Bert, elle doit déjà avoir prononcé toute sorte d'imprécations -ou d'insultes- de son cru avant de bouillir celui-ci. Un sacré bout de femme, si tu veux mon avis. On pourrait se servir de son tord-boyaux pour démarrer un petit moteur, je m'en sers moi même occasionnellement pour désinfecter des plaies. N'en renverse pas sur le banc, le vernis est une fourniture difficile à se procurer, tu n'imagines même pas."

Il leva à nouveau son verre, en direction de la croix, et inclina la tête, comme s'il trinquait de manière intime avec le Seigneur, et avala son verre d'un trait. Le garçon l'imita, et l'on pouvait lire sur son visage honnête qu'il avait compris, mais trop tard, que ce n'était pas la bonne chose à faire quand on sortait à peine de la puberté. Zeke remplit à nouveau les verres, sans tenir compte de l'envie du garçon. Il fit tourner le liquide dans le verre, semblant réfléchir, et reprit la parole :

"Tu admires vraiment Jason ?. Cela n'aurait rien d'étonnant, on est toujours un peu fasciné par ce qui pourrait nous détruire, et il est vrai que le personnage dégage un indéniable charisme. Mais pour autant, le comprends tu vraiment ?. Tu le crois libre mais tu te trompes, même lui doit avoir certaines entraves, et tu serais sans doute bien étonné de la portée, de la signification, des questions qu'il se pose. Car affirmer qu'il ne soit pas capable d'interrogations, c'est grandement le sous-estimer, et je suis sur que plus d'un de ses ennemis a du commettre l'erreur une fois. Une fois de trop j'imagine. Allons petit, regarde toi : tu en es encore à chercher ton chemin, quand lui a déjà accepté de se perdre. Après, si tu veux braquer une banque, je peux te donner une arme. Tu viendra me reparler ensuite d'admiration, de fascination, de liberté, mais je pense que tu aura alors d'autres idées en tête..."

Il avala son second verre comme le premier, et se resservit. Il n'attendit pas que Fred finisse le sien, il posa simplement la bouteille entre eux deux, histoire de voir si le gamin avait bien enregistré cette notion de liberté d'action, et d'acceptation des conséquences. Il y avait des leçons plus dures à apprendre, mais il ne fallait jamais négliger les bases. Il se racla la gorge avant de reprendre. Cette cuvée ci était particulièrement abrasive, Bert avait du changer les tuyaux, ou oublier le pétrole lampant.

"Il existe un juste milieu, en toute chose, et cet équilibre est des plus difficiles à trouver. D'autres religions, d'autres philosophies appellent ça le Karma, le Yin et le Yang, la balance cosmique." Le ton du prêtre s'était durci alors qu'il prononçait ces phrases avec amertume. "Enfin, quoi ? Tu pense que tes bonnes actions t'autorisent à dévier de ton code de conduite pour t'accorder un passe droit, afin d'en commettre d'autres moins reluisantes ?. Si tu fais une connerie, apprends à vivre avec, essaye de la réparer, si tu le peux, non pas pour te sentir mieux ou pour soulager ta conscience, mais parce que c'est la chose juste à faire. C'est la Justice qui donne des compensations, je lui préfère et de loin la justesse dans les actions. La neutralité est une chimère, parce que tu choisis d'être neutre, et la notion même de choix implique de prendre parti, tu me suis ?. Ce "juste milieu" que tu cherches, n'est pas tant dans tes actions que dans l'acceptation de leurs conséquences. Si tu arrives à dormir et à te regarder dans un miroir, alors tu as trouvé un juste milieu. Sache aussi qu'il n'est pas égoïste de parler de toi, quand tu es en proie au doute, sinon l'acte de se confesser serait des plus arrogants, c'est seulement quand tu parles de ta personne sans jamais rien en dire qui est égocentrique. Enfin, tu as l'impression que ma vie est médiocre ?. Mais j'espère bien. En latin, ça vient de "mediocris", "qui tient le milieu"...amusant que les époques aient donné une connotation péjorative à ce mot, moi je ne lui en trouve pas. Et toi ?" Le prêtre lui fit un clin d’œil amusé, et sur un sourire, avala son verre d'un trait.


Contenu sponsorisé
Informations


MessageSujet: Re: Il faut se perdre pour trouver l'introuvable. [Ezéchiel & Frederic] Il faut se perdre pour trouver l'introuvable. [Ezéchiel & Frederic] Icon_minitime1



Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut
Page 1 sur 1

Sujets similaires

-
» Ne me quitte pas | Frederic
» Puzzles [Frederic]
» I will try to fix me || Spencer & Frederic
» Dans le fanatisme, il n'y a pas de demi-mesure. [PV-Ezéchiel]
» S'effacer - Harmony & Frederic