Aujourd'hui avait été une journée en apparance normal si on enlève le faite que je n'avais plus de nouvelles de Fred depuis un sacré bon bout de temps. Cela commencait à me tracasser. Au fur et à mesure de la journée l'idée qu'il lui était arrivé quelque chose faisait surface dans mon esprit. J'avais peur qu'il soit partit pour je ne sais quelle raison. Si cela était arrivé, jamais je ne m'en remettrais surtout que la dernière fois que je l'ai vus, on s'était un peu embrouillé. Bref passons les détails. Rien que d'y penser, j'en avais les larmes aux yeux.
Heureusement que Naoki était là pour me redonner le sourire. Je le considérais vraiment comme un frère. Je l'aimais énormément. Il comptais énormément à mes yeux et depuis que je vivais avec lui, je ne me verrais plus sans lui.
D'ailleurs, ce matin encore il m'avait réveillé d'une manière originale. Il savait que j'avais horreur par dessus tout d'être réveillé comme une brute. C'est pourquoi il rivalisait d'ingéniosité pour me réveiller en douceur chaque jour. Aujourd'hui, il m'avait parlé au creux de l'oreille. Il pouvait être étonnement tendre quand il le voulait. J'avais d'ailleurs bien du mal à me faire à l'idée qu'il n'ai pas de petite chérie. Mais après tout ce n'était pas pour me déplaire non plus. C'est surement égoiste mais je voulais pas le perdre mon petit Naoki moi !

Enfin bref, tout ca pour dire que ma journée avait plutôt bien commencé grace à lui. Le reste de la journée j'étais tracassé par l'absence de Fred et vint mon entrainement. Je pensais que tout se serait bien passé comme toujours. Ce soir là pourtant, c'était... différent. Caly était de retour et je l'avais trouvé particulierement sur mon dos. Bon, au début je pensais que j'avais peut être régressé et qu'elle l'avait remarqué et que cela l'aggacait au plus au point mais au fur et à mesure de l'avancé de l'entrainement elle ne me lachait toujours pas. Je finis par comprendre que ce n'était pas pour le motif que je pensais qu'elle se comportait ainsi avec moi mais je n'arrivais pas a deviner pourquoi.
Au bout d'une heure, je renonçais et me concentrais d'avantage dans mon travail.

Une heure et demie plus tard.
L'eau glacé des douches du gymnase coulait le long de mon corps, parcourant ma peau de frissons.
Je l'avais bien mérité après autant d'efforts. L'entrainement avait vraiment été intensif. Je prenais donc mon temps pour me décontracter. Je devais être la dernière présente dans le gymnase mais cela m'importais guère. Bien au contraire. Après m'avoir lavé je m'asseyait sur un banc à l'intérieur de la cabine, une serviette de bain autour de mon corps. Je farfouillais ensuite dans mon sac et y trouvait un joint roulé par mes soins avant de venir à l'entrainement. J'en avais besoin. Ces derniers temps j'avais du mal à me détendre et j'avais horreur de cette impression, cela me rendait aggrésive.
Je m'appuyais donc contre le mur humide et froid et l'allumait.
Je tirais avec lenteur. Je sentais petit à petit ma tension redescendre comme par magie.
Heureusement qu'ils n'avaient pas pensé à installer des détecteurs de fumée dans ces foutus vestiaires.

Quinze minutes plus tard.
La porte du gymnase claquait avec fracas.
Je venais de sortir. Il me restait plus qu'à rentrer à l'internat et me faufiler dans la chambre de Naoki sans me faire repérer. C'était risquer mais sa en valait la peine.
Je marchais donc rapidement car j'étais en retard. Nao' risquait de s'inquieter.

Cinq minutes plus tard.
"Ouf, j'ai cru qu'il t'était arrivé quelque chose... Alors cet entraînement?"

Je souriais. Alala ce Naoki. Il est vraiment unique. Je pris le temps de rentrer et de fermer avec précautions la porte de notre chambre. Je me laissais tomber sur mon lit tel un morse vautrer sur sa banquise. Je répondais ensuite après un soupir de soulagement à Naoki :

« Ne t’inquiètes pas, je vais bien. Tu pourras vérifier je suis revenu en un seul morceau ! »

Un petit rire enfantin sortit de ma gorge.
J'ajoutais ensuite :

« Néanmoins, il s'en est fallut de peu. L'entrainement était vraiment intensif. Je suis épuisé. »

Je préferais garder pour moi l'attitude étrange de Caly. Il se pouvait que je m'invente d'étranges choses. Je devenais paranos à force de me méfier de tout le monde de crainte d'être démasqué avec Naoki.

Je replongeais d'ailleurs dans mes incertitudes avec un peu de mal. Mon esprit était quelque peu enbrouillé. J'optais donc pour mettre en marche la chaine hi fi. Je retournais ensuite m'installer sans aucune grace sur mon lit.

- « Je voudrais vous féliciter du travail que vous faites, Mademoiselle Storm. Vous avez réussis à ramener dans cette école un minimum de dignité et d'intelligence. J'espère que vous et votre équipe de Cheerladers réussirez à remporter les compétitions ! »
- « Merci, Monsieur. Mais pour les compétitions je vais avoir besoin d'argent afin de financer tout ça. »
- « Allons ! Vous savez parfaitement que vous avez mon entière confiance et que vous aurez l'argent dont vous avez besoin. La seule chose que je vous demande, c'est de vérifier qu'il n'y a aucune droguée dans vos rangs afin de ne pas salir la réputation de l'Académie. »
- « Évidemment, Monsieur le Directeur. »

Calypso raccrocha le téléphone et soupira. Elle se trouvait là où aucun étudiant n'était jamais allé : elle était assise sur le fauteuil de cuir se trouvant derrière le bureau inoccupé du Directeur Edmund Weins. Celui-ci ne venait jamais dans l'Académie et se contentait d'appeler par téléphone s'il voulait quelque chose. Ce jour-ci, Calypso avait dû délaisser ses occupations pour pouvoir s'entretenir avec lui. La blonde était une des rares personnes à avoir déjà vu en face le directeur de l'Académie et il l'effrayait. Ça faisait partit du rôle des Reines et Rois d'assurer la paix dans l'Académie, de faire régner l'ordre et d'imposer sa loi surtout. Calypso réussissait plutôt bien son job et la violence avait nettement baissé maintenant qu'elle était au pouvoir. Seulement là, sa discussion avec le directeur l'avait ébranlée. Elle avait très mal dormi la veille et maintenant on lui demandait de faire la chasse aux toxicos dans son équipe or une de ses meilleures cheerladers était une droguée... Elle n'aimait pas l'avouer, mais sans Heather, l'équipe ne gagnerait rien du tout. Mais Calypso était assez rusée pour ne rien laisser paraître et la seule chose qui transparaissait pendant ses "cours" c'était que sans Calypso, l'équipe n'irait nul part.
La veille, Calypso avait eut rendez-vous avec Frederic et il n'était pas venu. Ce n'était pas dans ses habitudes et la Reine s'était inquiétée. Lorsqu'elle avait frappé à sa porte d'appartement, il y avait eut un espèce de bruit étrange, comme si un corps s'affalait sur le sol, et Calypso avait sentit l'odeur particulière que dégage une overdose. Son coeur avait cessé de battre et elle avait défoncé la porte d'entrée. Heureusement pour elle, la porte était peu solide et le bois avait juste volé en éclats lorsque son pied était entré en collision avec elle. Calypso avait pénétré dans l'appartement et avait vu Frederic allongé par terre et blanc comme un cadavre. Elle avait essayé de le réveiller mais il semblait déjà partit pour un monde plus sympathique alors elle avait prit son portable et avait appelé l'hôpital. Les urgences étant déjà remplies, elle avait fait jouer tous ses contacts et quelques instants plus tard, son client médecin arrivait en courant, suivit par deux ambulanciers et ensemble ils emmenèrent Frederic à l'hôpital où son client avait réservé une chambre. Calypso était restée dans l'hôpital pendant toute la durée de la réanimation et avait fait appeler la mère de Frederic. Les deux femmes s'étaient retrouvées face à face et il y avait eut un moment de gêne. Sans doute Madame Host connaissait la réputation de Calypso et s'imaginait-elle qu'elle était la prostituée de son fils. Mais ce moment de gêne ne dura que quelques instants puis la mère de Frederic et Calypso prirent les choses en mains. Elles décidèrent un commun accords ce qui se passerait pour la suite. Calypso offrit son aide à la mère de son meilleur ami et entre les deux femmes, naquit une sorte d'amitié respectueuse. Elle avait sauvé son fils et elle allait sauver son meilleur ami.
Mais Frederic ne s'était toujours pas réveillé et ce n'était même pas sûr qu'il se réveille un jour. Le médecin leur avait dit d'être patientes mais Calypso était tout sauf patiente dans ces cas là. Elle avait peur, elle était morte de peur à l'idée que Freddie puisse ne jamais se réveiller. Il avait encore pleins de choses à lui raconter, elle avait encore des tas de trucs à lui révéler : il n'avait pas le droit de mourir... Calypso était assise sur une chaise, à côté du lit où se trouvait Frederic, en face de Madame Host qui s'était endormie, épuisée d'avoir trop pleuré. La Reine, elle, restait éveillée, resterait éveillée jusqu'à ce que Frederic se réveille. S'il fallait lui redonner un foi, des poumons ou quoi que ce soit, Calypso lui donnerait les siens ou se débrouillerait pour qu'on lui en donne un. Mais pitié, qu'elle puisse faire quelque chose pour lui...
Son portable avait sonné à six heures du matin. Madame Host ne s'était pas réveillée et Frederic non plus, alors Calypso s'était levée et était sortie de la chambre pour décroché. C'était la secrétaire du directeur qui lui demandait une entrevue téléphonique dans le bureau de son supérieur dans la journée. Elle lui avait donné une heure, avait raccroché et s'était rassit à côté de son meilleur ami. Il avait l'air paisible lorsqu'il dormait, rien à voir avec l'air de souffrance qu'il avait eut lorsque Calypso l'avait retrouvé gisant par terre. Au milieu d'après-midi, la Reine s'était levée et avait embrassé Frederic sur le front avant de sortir de la chambre, sans un regard en arrière. Elle avait quitté l'hôpital au bord des larmes et était retournée dans son appartement. Elle avait prit une douche rapide, s'était habillée et avait prit son sac avec ses affaires pour l'entraînement de cheerlader qu'elle devait diriger en fin de journée. Elle était entrée dans le bureau du directeur et le téléphone avec fil noir avait sonné. Une fois la conversation terminée, Calypso était sortie et s'était dirigée comme un automate vers le gymnase. Les filles n'étaient pas encore arrivée car elle avait une heure d'avance. Alors elle décida de commencer l'entraînement seule. Après s'être échauffée pendant une bonne demi-heure, Calypso reprit la chorégraphie seule, se contenant d'attendre lorsqu'elle était censée être en haut d'une pyramide. Elle rectifia quelques trucs par-ci par-là dans la chorégraphie et s'accorda deux petites minutes pour souffler. Quelques instants plus tard, les pom-pom girls arrivaient sans un bruit. L'entraînement commença immédiatement et les filles se rendirent compte qu'elles allaient devoir bosser beaucoup plus dur qu'elles ne l'avaient fait pendant l'absence de la Capitaine. Calypso était de retour et ça insuffla une sorte d'onde positive dans toute l'équipe. La Reine fit reprendre les mouvements jusqu'à ce qu'ils soient parfaits et passa en revue, une par une, toutes les pyramides de cette chorégraphie. Les filles étaient épuisées mais pas une ne soufflait mot : elles savaient parfaitement qu'elles devaient prendre leur mal en patience si elles voulaient rester dans l'équipe. Calypso s'en prenait beaucoup plus à Heather aujourd'hui, lui faisant reprendre ses pas sans cesser d'ajouter des corrections. Elle montrait à Heather ce qu'elle voulait qu'elle fasse et demandait à ce qu'elle fasse la même chose et quand ce n'était pas le cas, elle s'énervait. Personne n'aurait pu dire pour quelle raison la capitaine s'acharnait sur Heather et personne ne se le demanda : on respectait les coups de gueule de la capitaine parce qu'ils n'explosaient pas sans raison. Pour terminer l'entraînement, Calypso leur montra les mouvements qu'elle avait modifiés et ajoutés et n'hésita pas à les montrer plusieurs fois afin que toutes les assimilent. La blonde mettait tant de coeur dans sa chorégraphie que l'équipe fit de son mieux pour ne pas la décevoir. Finalement, la Reine mit fin à l'entraînement une heure plus tard que prévu mais personne ne s'en plaignit car elles avaient toutes l'impression d'avoir énormément progressé et peut être que c'était le cas après tout.

Calypso prit une douche mais retourna dans le gymnase car elle y avait oublié sa veste. En la prenant, elle sentit l'odeur typique du joint et il n'y avait qu'une seule personne en fumant dans l'équipe. L'idée que Heather ne se gêne pas pour fumer son joint dans le gymnase où s'entraînait l'équipe fit sortir Calypso de ses gonds. Elle ouvrit la porte du vestiaire juste au moment où celle de la sortie claquait. La Reine jeta rageusement sa veste dans son sac, rangea ses affaires et ferma la porte à clef. Puisqu'elle n'avait pas pu en parler avec Heather à l'instant, elle n'allait pas se gêner pour aller lui dire ses quatre vérités chez Naoki puisque c'était là qu'elle habitait. Elle pensait vraiment être discrète ? Calypso avait des yeux partout et si elle avait laissé couler la cohabitation des deux jeunes gens c'était pour ne pas pénaliser l'équipe car si Heather se faisait repérer, elle serait virée et l'équipe en prendrait un coup. Que Heather aille de temps en temps chez Naoki, d'accord, mais qu'elle y passe ses soirées et en plus se fume des joints dans l'enceinte du gymnase ? Ah ça non ! Calypso était hors d'elle et Heather allait bientôt voir ce que ça faisait que d'avoir la Reine en furie en face d'elle.
Entrant dans l'internat, Calypso fit claquer ses talons sur le sol et se dirigea directement vers la porte de Naoki. Elle s'arrêta devant, sachant pertinemment que les deux avaient dû entendre ses talons. Elle laissa passer quelques secondes, histoire de se calmer un peu, mais ça ne fit qu'attiser sa colère, déjà à son apogée avec l'absence de sommeil et la peur de perdre Frederic. Elle frappa à la porte, réprimant l'envie de défoncer ce bout de bois et attendit que Naoki vienne lui ouvrir. Elle vit parfaitement la peur passer dans les yeux de l'asiatique et, le poussant sans ménagement contre le mur, la Reine entra dans l'appartement. Il faut dire qu'elle était imposante, la Reine, avec son regard froid et métallique. Elle portait un jean et un pull lui arrivant à mi-cuisse, pourpre. Ses bottes à talons frappaient furieusement le sol lorsqu'elle entra dans la pièce où se trouvait l'espèce de chambre. Heather était là, assise sur le lit, l'air de ne rien comprendre à la situation. Naoki avait dû lui dire d'aller se cacher mais, shootée comme elle l'était, elle avait dû refuser. Après tout qu'elle accepte ou refuse de se cacher, le final aurait été le même...

- « Je peux savoir ce que tu fais là ? »

Sa voix était tranchante, menaçante. Calypso était dans une fureur noire et rien ne semblait pouvoir la calmer. Elle n'écouta même pas ce que dit Naoki et lui signala d'arrêter de parler, en levant la main droite.

- « Ne me racontez pas de conneries en plus ! Ça ne te suffit pas d'être une droguée ?! Il faut qu'en plus tu ne sois même pas capable de réfléchir avant d'agir ?! »

La regardant d'un air méprisant, Calypso soupira méchamment.

- « Tu me déçois, Van De Maansen... Tu n'as plus rien d'une cheerlader. »

Lorsqu'elle utilisait les noms de familles, ça n'était pas bon pour la personne en question. Et Calypso savait parfaitement que Heather tenait à son statut de cheerlader comme à la prunelle de ses yeux. Lui dire qu'elle ne méritait plus d'être une cheerlader, c'était comme lui dire qu'elle ne méritait plus de vivre... Si Calypso avait été plus calme, elle aurait peut être mieux choisis ses mots mais elle n'avait pas dormit de la nuit, Frederic se trouvait à l'hôpital entre la vie et la mort et un des meilleur élément de son équipe partait en vrille alors non, elle n'aurait pas le calme nécessaire pour choisir ses mots et tant pis si ça faisait très mal...

La porte qui se ferme doucement. Enfin, on va pouvoir parler tranquillement, sans craindre d'être entendus. Le grincement des ressorts d'un lit. Comme d'habitude quand elle revient de sa séance d'entraînement, elle a du s'allonger, sans aucune grâce, tout naturellement. Naturelle. Voilà un mot qui la définit bien. Et c'est une des raisons pour laquelle on s'entend si bien. Elle n'est pas comme les autres pompom girls, à toujours se demander si elle n'a pas un cheveu qui sort de son chignon. Oh, bien sûr, ça lui arrive de temps en temps... Mais c'est pas constamment. Ce qui est très agréable, car on peut avoir une vraie conversation, sans que le maquillage, les vêtements ou la coiffure ne viennent s'y glisser.

« Ne t’inquiètes pas, je vais bien. Tu pourras vérifier je suis revenue en un seul morceau ! Néanmoins, il s'en est fallut de peu. L'entrainement était vraiment intensif. Je suis épuisée. »

Le tout avec un petit rire. M'enfin, intensif? C'est bien la première fois qu'elle se plaint de son entraînement... Et donc, la première fois que ce dernier m'inquiète. Après tout, s'il a été si intensif, qui me dit que ça ne risque pas de se reproduire, et donc le risque de blessure d'augmenter? Il fallait que je la vois. Tant pis pour les vêtements, une simple serviette nouée autour de la taille suffira. La radio qui s'allume, et de nouveau le grincement du lit. Tant mieux, on entendra moins ce que je vais dire des autres chambres. Donc, Nao, sors de la salle de bain maintenant et va t'asseoir à côté d'Heather.

- Intensif, comment ça? Tu vas bien au moins hein? Tu t'es pas blessée, ni rien? Si jamais t'as un truc qui va pas, une douleur, ou autre, tu me le diras, pas vrai?

Oui, je sais que je dois donner l'impression d'être comme une "mère-poule". Mais Heather, c'est la fille la plus importante de ma vie depuis un moment. Peu importe le jour ou l'humeur du moment, on a toujours quelque chose à se dire, un petit geste tendre l'un envers l'autre. C'est comme ma meilleure amie, ma petite soeur. Si elle venait à disparaître, je sombrerai. Tout simplement. Depuis qu'elle est entrée dans ma vie, je ne pourrais plus vivre sans elle. Impossible. C'est elle qui m'apporte une joie de vivre disparue depuis longtemps, qui réapparaît cependant petit à petit à son contact. Et si mes questions et la lueur qui peut se lire dans mes yeux ne lui a pas montré mon inqiuétude, alors la prendre dans mes bras devrait le lui prouver.

- Pardon, je suis peut-être un peu envahissant parfois... Mais j'ai pas envie qu'il t'arrive quelque chose, tu comprends? Donc si jamais un jour tu ne suis plus le rythme de l'entraînement, s'il te plaît, ne te force pas. Ne va pas te blesser par simple fierté, ou pour prouver que t'es une dure. Tu vaux mieux que ça.

Quel idiot, Nao, mais quel idiot! Elle est grande, laisse la donc faire ce qu'elle veut! Me voilà à soupirer en secouant la tête. Qu'est-ce qui me prend d'agir comme un père inquiet envers elle? Bref, oublions ce moment embarrassant, et changeons de musique. Celle qui passe actuellement me tape sur les nerfs à force, donc mettons un CD. Au hasard, pas la tête à choisir précisément un groupe. Le temps de changer le CD, un silence dans la chambre. Mais du bruit à l'extérieur. Des pas. Des talons plus précisément. Qui claquent fort et rapidement sur le sol. Une seule personne de ma connaissance marcherait comme ça avec des talons. Calypso Storm. Encore elle. Mais, après tout, peut-être est-ce juste une fille insignifiante qui rentre dans sa chambre, fatiguée de sa journée et énervée par son copain? Peu importe. La paranoïa s'installe rapidement, quand on a quelque chose ou quelqu'un, voire les deux, à cacher. Laissons donc le bruit de pas de côté. Bien qu'il se rapproche. Et qu'il s'arrête pile devant la porte. Un geste silencieux à Heather pour lui dire de ne pas faire de bruit. Puis des coups frappés à la porte. La peur qui monte. Un autre geste à Heather pour lui dire de se cacher. Qu'elle n'a pas l'air de comprendre. Je lui répète, nerveux, mais elle ne bouge toujours pas, reste dans sa position assise. Il ne me reste qu'à aller à la porte et espérer lui cacher la vue d'Heather. Voire même pousser la personne à l'extérieur. Toujours en serviette, et alors? Je préfère que les gens voient mon corps - après tout, il n'est pas si mal que ça - qu'Heather, qui n'a rien à faire dans ma chambre. Quitte à être sanctionné pour exhibitionisme ou une connerie du genre.

Mais, à peine la porte ouverte, me voilà contre le mur, le bras de... Calypso Storm en travers du torse. La dernière qui devait voir Heather dans ma chambre. Et c'est la première à la découvrir. Décidément, rien ne se passe comme il était prévu... Plusieurs émotions ont du passer sur mon visage ou dans mes yeux : peur, colère, détermination et incompréhension. Pourquoi Heather n'avait-elle pas bougé? Pourquoi Calypso est-elle rentrée comme une furie? Est-ce qu'elle était déjà au courant? Si oui, qui d'autre l'est? Est-ce qu'on va finir par se faire virer? Tant de quesetions et si peu de réponses... Peut-être que celle qui en est à l'origine va pouvoir répondre à quelques unes d'entre elles?

- « Je peux savoir ce que tu fais là ? »

Ah non, si elle pose des questions en plus, ça va pas le faire. Il faut tout de suite l'arrêter.

-Calypso, c'est moi qui l'ait invitée pour lui demander de l'aide en maths...

Un mensonge, bien sûr. Je me doutais bien qu'il ne passerait pas, surtout s'il était adressé à Calypso. Enfin, il aurait déjà fallu qu'elle m'écoute, pour ça, au lieu de m'interrompre d'une main...

- « Ne me racontez pas de conneries en plus ! Ça ne te suffit pas d'être une droguée ?! Il faut qu'en plus tu ne sois même pas capable de réfléchir avant d'agir ?! »

Quoi? Une droguée? Non... Je sais qu'elle fume un joint de temps en temps, ce qui ne me plaît pas du tout d'ailleurs, mais de là à dire que c'est une droguée... Elle se trompe, n'est-ce pas?

-Heather? Qu'est-ce que c'est que cette histoire? C'est encore Fred qui te fournit?

Chut Nao, c'est pas le sujet là. Y a un peu la Reine de l'Académie dans la chambre que tu partages illégalement avec Heather, donc on mettre les choses au point avec cette dernière plus tard, c'est pas le plus urgent.

- « Tu me déçois, Van De Maansen... Tu n'as plus rien d'une cheerlader. »

Non. Ça, je laisserai pas passer. Heather, rien d'une cheerleader? Elle se fout de moi, la "capitaine" de ces dernières? Rien d'une cheerleader? C'est elle peut-être qui assistait au retour d'Heather, fatiguée comme pas possible? Elle qui écoutait Heather parler de l'entraînement, de l'équipe, de la choré, en voyant les étoiles pétiller au fond de ses yeux? Non. Donc, ce qu'elle vient de dire, elle peut se le garder. Si elle avait été un mec, je l'aurai plaquée contre le mur. Mais, je touche pas aux filles. En tout cas, pas tant qu'elles ne montre pas un minimum d'aggressivité. On va juste serrer la main pour éviter de taper le mur...

-Plus rien d'une cheerleader... Tu peux le répéter en nous regardant tous les deux dans les yeux, sans mentir? Est-ce que tu imagines ton équipe sans Heather? Sérieusement? Parce que, d'après ce qu'elle m'en dit, elle fait une sacré part de boulot, et se défonce à tous les entraînements comme pas possible. Si tu es ici, c'est que tu sais qu'elle et moi sommes assez proches, et que tu sais ce qu'il se passe. Donc je pense assez la connaître pour t'affirmer qu'elle est une cheerleader, peu importe ce que tu pourras dire, peu importe le fait que je n'y connaisse pas grand chose dans votre sport. Peut-être même que c'est la meilleure de toutes. Alors, même si je t'apprécie, Calypso Storm, je n'accepte pas ce que tu viens de dire.

Ça, c'est dit. C'est clair et net. Et même si je devais sombrer dans le groupe des souffre-douleur, je ne changerais pas d'avis. On veut protéger quelqu'un ou on ne veut pas, il n'y a pas de juste milieu. Ça c'est fait. Maintenant, passons à un sujet plus délicat... Qui me met mal à l'aise.

-Hum... En ce qui concerne ce que tu sais à propos de cette chambre... Je sais bien que je n'ai aucune monnaie d'échange, à part quelques tuyaux que je peux te filer de temps à autres, mais... J'espère que tu n'en parleras pas. Et si tu le fais... Je prendrais tout sur moi.

Une faveur... Demander une faveur à la Reine quand on n'a rien à offrir en échange... Quelle position inconfortable. Même ridicule. Qui a le don de me faire rougir. C'était bien le moment, tiens. Rougeur qui ne fait que s'accentuer quand je baisse la tête et que je remarque que seule la serviette empêche de voir l'essentiel. Saleté de moment...