« ll y a deux histoires : l'histoire officielle, menteuse, puis l'histoire secrète,
où sont les véritables causes des événements. » — Balzac.

07 mars 2082. C'était une chaude journée en Estonie, pour une fois. Sa mère était américaine, elle n'aurait pas du accouchée en Estonie. Elle ne le voulait pas. Elle aurait voulu que son fils soit américain de naissance. Pas être né dans cette Estonie qu'elle detestait. Mais son état ne lui avait pas permis de prendre un avion. Quand le medeçin de son mari lui avait dit cela, elle s'était senti misérable. Mais Frederic n'aurait jamais du naitre de toute façon. Jamais il n'aurait du voir le jour. Du moins c'était ce que pensait sa mère avant qu'il naisse. Après ... Tout fut différent. A partir du 8 mars 2082, tout fut différent.

Frederic était un petit garçon remuant. Incapable de tenir en place, il donnait l'impression à sa mère d'être partout et de vouloir la faire devenir folle. Mais elle l'aimait tellement qu'elle était incapable de dire ou de faire quoi que ce soit. Elle l'aimait. Sur le plan physique, il ressemblait tellement à son père que ça en était douloureux. Elle ne savait pas pourquoi elle restait en Estonie. Sans doute pour son mari, encore en prison. Il allait y rester encore longtemps. Elle attendait, elle se faisait l'espoir qu'après, dès qu'il sortirait, qu'ils seraient heureux tout les trois, peut être quatre et que après, ils iraient vivre en Amérique où elle retrouverait sa vraie vie. Elle n'était pas malheureuse, mais elle n'aimait pas l'Estonie. Elle parlait la langue, elle vivait bien, elle était pleine d'argent, ils ne manquaient de rien. Mais elle n'était pas heureuse. Ce climat d'aller retour en prison n'était pas bon pour Frederic. Elle le savait. Frederic n'avait pas besoin de l'Estonie.

Frederic grandissait pourtant. Il devenait un garçon souriant, plein d'energie et qui avait des bonnes notes à l'école qu'il fréquentait. Il semblait bien dans sa peau pour un garçon de huit ans, songeait-elle en finissant les bouteilles de gin. Elle l'aimait, c'était son fils. Elle veillait à ne pas boire devant lui, ni à fumer. Frederic ne devait pas rentrer tard, il allait se coucher tôt, il se levait à heure normale, il allait à l'école et rentrait pour déjeuner. L'estonien n'était pas souvent parler à la maison, elle ne l'aimait pas. Ils parlaient anglais. Sauf quand ils allaient à la prison. Frederic détestait y aller. Il n'aimait pas entendre son père le surnommer Freddie. Il détestait ces surnoms idiots que les grandes personnes avaient le don de lui affluer. Il voulait n'être que lui-même. Les visites à son père le mettaient dans un sale état : le soir il faisait des cauchemars, avec des dragons et des lézards mangeurs d'homme dedans. Mais bon. Frederic n'était encore qu'un gosse.

Fut un temps où le père sortit de prison.

Et à partir de ce moment là, la maison semblait silencieuse. Ses parents étaient constamment enfermés dans leurs chambres. Son père sortait et sa mère fumait beaucoup trop, en s'efforçant de sourire à son grand garçon, comme elle l'appellait. Elle parlait de plus en plus souvent estonien, mais parlait aussi de partir en Amérique, comme elle l'avait toujours rêvé. Mais lui ne répondait pas, il ne répondait jamais. Il se contentait de partir, et le salon sentait bizarre après, ce que Frederic ne comprennait pas. Sa mère pleurait souvent, et il détestait ça. Lui aussi commençait à rêver de cette fichue Amérique. Il voulait être juste tranquille. Et il finit par l'être. Il était rentré tôt ce jour là. C'était le 5 mai 2093, il allait bientôt avoir onze ans. Il était rentré avec le sourire, sa mère avait prévu un gâteau au chocolat pour le dessert. Il savait qu'elle ne cuisinait pas souvent. Il n'attendait que ça. Il voulait ce gâteau. Il n'eut que le reflet rouge du sang dans le salon. Son père était étendu face contre terre, les yeux ouverts. Il y avait une seringue par terre, deux, trois, une vingtaine et un drôle de liquide. Cette drôle d'odeur flottait. Frederic ne comprenait toujours pas.

Il ne compris pas non plus que sa mère ne fasse pas de gâteaux. A la place, il eut droit à une barre chocolatée dans un aéroport. Mais il ne se souvient même plus à quel parfum elle était.

L'Amérique lui tendit une main. Dans cette main, elle tenait une seringue.

Et l'univers fit un brusque demi tour en direction de la drogue, ce que sa mère ne comprit jamais. Mais la course folle était entamée. Elle commença à treize ans, jour de sa première rencontre avec Héroïne. Sa rencontre avec Cigarette avait eu lieu quatorze mois plus tôt et celle avec Cannabis, six. Tout allait vite, trop vite. Mais Frederic s'en fichait. Il n'était qu'un gosse de riche qui oublie le cauchemar estonien dans la drogue et la poudre blanche. Et il aimait ça. Bizarrement, il sentait que ce mode de vie était fait pour lui. Il aimait sa vie. Lui et sa mère ? Boarf. Elle lui paie un appartement, histoire de le tenir loin d'elle. Elle l'aime, surement, à sa façon. Il s'en fiche. Ce qui importe ? Trouver sa dose.

Puis un jour, Weins fit son apparition. Il le prit mal, mais au final, il sèche tellement qu'il s'en fout. Weins, c'est sa récré du jour avant d'affronter le vrai monde la nuit. Il profite de sa vie. Du moins, c'est ce qu'il croit.