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Luka Earhart
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MessageSujet: Luka Earhart Luka Earhart  Icon_minitime1Ven 25 Oct - 11:26


Luka Earhart

« Le patriotisme est la vertu des brutes »
▬ Oscar Wilde



identité

NOM : Earhart
PRÉNOM(S) : Luka - Anna
DATE DE NAISSANCE : 03/07/2070
À : New York
ÂGE : 29 ans
NATIONALITÉ : Américaine, pure souche
MÉTIER : Créatrice et meneuse du Front de Résistance Pacifique, Egérie de campagnes artistiques clandestines.
SIGNE PARTICULIER : On évite les signes particuliers quand on devrait être mort.

► Poste vacant ; scénario ou inventé? Inventé
► Célébrité choisie : Dree Hemingway
► Groupe : Citoyens

Crédits : ©  (icons) || © Jason (avatar)



HISTOIRE

« ll y a deux histoires : l'histoire officielle, menteuse, puis l'histoire secrète,
où sont les véritables causes des événements. »

— Balzac.




New York Times, le 27 Décembre 2087 :

               " Le centre ville est encore sous le choc des coups de feu qui le secouèrent la nuit du 24 Décembre dernier et qui provoquèrent la mort de trois jeunes citoyens new-yorkais (...). D'après les autorités, ils étaient impliqués dans un important trafic de cocaïne qui leur aurait ce soir là coûté la vie. (...) " même dealer de drogue, un enfant de mérite pas de mourir ", déplore Kathelyn Earhart, la mère de Franck Earhart. " Il n'avait même pas seize ans. " Le Gouverneur a prononcé un discours sévère pour les familles et accusé, une nouvelle fois, la criminalité intôlérable de la ville.  Il assure que des mesures seront prochainement prises pour éviter, à nouveau, aux enfants d'être exposés à ce genre de tentations dangereuses
(...) "



" Pour une longue dame brune, j'ai inventé
Une chanson au clair de la lune, quelques couplets.
Je sais qu'elle l'entendra un jour, qui sait demain,
Pour que cette chanson d'amour finisse bien...
- Bonjour, je suis la dame brune, j'ai tant marché.
Bonjour, je suis la dame brune, je t'ai trouvé.
Fais-moi place au creux de ton lit, je serai bien,
Bien au chaud et bien à l'abri contre tes reins. "



- Je suis désolé pour ton frère.

Engourdie par d'amoureuses langueurs, Luka tourne un sourire tendre vers son amant. Sa main vient frôler son visage crispé d'inquiétude, caresser les rides qu'il s'est infligées au coin de l'œil. Lentement, elle laisse glisser sa joue sur son torse, pour enfin laisser échapper un doux murmure.

- Mon frère a fait ses choix.

Manek esquisse un sourire à son tour, soulagé, et resserre son étreinte sur le corps de la belle, nichant son nez au creux des cheveux blonds qui s'épanouissent sur les draps. Leurs corps, encore moites de s'être longuement embrassés, s'épousent en un amour plus chaste, au milieu d'un silence qu'ils n'ont pas besoin de rompre. Autour d'eux, fauteuils rétros et autres lampes à lave s'entassent dans quelques mètres carrés. Le studio dégage une odeur de vieux bois et de poussière, dans laquelle de nombreuses photographies exhalent leurs parfums intimes. En contemplant clichés sur les murs, on peut sentir l'herbe fraîche des dimanches après midi, les feuilles d'automne et ces milliers de pots d'échappements dans les rues de la ville. Amoureuses de ces paysages, Luka ne résiste pas longtemps à la tentation de se retourner pour les regarder encore. Un sourire bienheureux  sur les lèvres, elle caresse machinalement le bras sur lequel elle repose et inspire ces effluves imaginaires avec fascination.

- Tu vas devoir me libérer si tu veux recevoir ton cadeau de Noël. murmure t'elle, alanguie.
- Mhmm cruel dilemme.

Les lèvres du jeune homme contre sa nuque lui arrachent un frisson extatique. Elle le laisse savourer la courbe de sa mâchoire sans résistance, tout juste un rire mécontent lorsque sa barbe naissante lui chatouille l'épaule.

- Va. soupire t'il en desserrant son emprise. Je suis vénal et je veux mon cadeau.

Mademoiselle roule excessivement les yeux dans ses élégants orbites et s'extirpe paresseusement des vieux draps, consciente du regard qui se pose immédiatement sur sa robe de chair. Le regard de Manek est ce qu'il a toujours eu de plus intense. D'un brun prononcé, relevé par les négligences de sa barbe, celui qui vous transperce l'âme et vous abandonne, dévasté, à une fascination irrépressible. Ce regard qui suscite en Annika tant d'émoi chaque fois qu'il daigne se poser sur elle. Déjà, alors qu'elle lui tourne le dos, elle rougit de le sentir glisser sur son corps, contempler le galbe de ses fesses et admirer la blancheur de son derme. Il a pu lui faire l'éloge de sa beauté des dizaines, des centaines de fois, elle sent encore comme au premier jour cette honte horrifiante de ne plus être à la hauteur de ses qualités. Le trouble constant que nous inflige le grand amour quand il devient pleinement vécu.
Elle extirpe de son sac un paquet coloré, qu'elle fixe tout le long du retour, gênée. Ce constat fait sourire Manek, mais il ne dit rien, et se redresse pour l'accueillir lorsqu'elle vient s'agenouiller devant lui. Fébrile, Luka lui tend son présent, puis se tortille maladroitement les doigts en l'observant l'ouvrir. Malgré tout, la stupéfaction béate qui fige les traits et la respiration de son Ami la comblent de fierté, elle bombe le torse pour accuser cette réaction avec honneur.

- Tu...
- Ca te plaît ?
- Je ne peux pas accepter enfin. Luka...
- Mais si, bien sûr que si.
- Où as tu trouvé les moyens d'acheter une chose pareille?
- En travaillant. Tiens regarde.
Elle pose son doigt sur les inscriptions qui constellent la petite boîte.
- C'est du numérique. Ça vient d'être remis en vente. Ca veut dire que tu peux mettre les photos que tu prendras sur ordinateur. Comme ça, tu vas pouvoir créer ton site et te faire connaître.

Un émerveillement incrédule s'empare du jeune homme. Il aimerait refuser, elle le sait bien, mais il n'osera jamais. Avec les précautions d'un moine ouvrant de vieilles reliques, il extirpe l'objet de son emballage et le fait tourner entre ses doigts, aussi experts qu'avides. Il déglutit en observant chaque ligne, chaque bouton, avec une fascination qui concurrencerait presque celle qu'il voue d'ordinaire à sa bien aimée. Incapable d'attendre que la notice soit examinée, il allume l'appareil et le pointe vers elle. Aussitôt, elle se cache, mais cela ne le dissuade en rien de prendre sa toute première photo et de l'admirer durant de longues secondes.

- Regarde, elle s'affiche. Non mais regarde moi cette qualité d'image ! Y combien de pixels là dedans bordel de Dieu ? C'est...

Brusquement, il bondit. Luka sursaute. L'aurait elle rendu fou ?

- Il faut qu'on l'essaye tout de suite. s'exclame t'il en s'extirpant des draps, nu comme un ver. Regarde l'objectif.
- Non, attends, Manek...

Mais il la bombarde déjà de clics et d'éloges. Gênée de prime abord, obligée de masquer sa poitrine et de lancer à l'appareil un visage implorant, échevelé, elle ne tarde pas à se prendre au jeu. Les airs chastes, les réprimandes courroucées, les éclats de rire et les pauses énamourées se succèdent en cet après midi d'hiver, que désormais plus rien ne saurait gâcher...


" Je te le jure nous fûmes enfants, nous avons ri de peu de choses
Amis des cow-boys aux indiens, sûrs d'avoir le temps, les métempsychoses
Mais il n'en est rien
Il n'y aura fallu qu'un méandre, une ou deux paire de claques en trop
Pour que le feu donne des cendres et qu'on descende voir là-haut
S'il y a du monde, s'il y a du monde "



- Tu es sûr de toi ? Je veux dire... C'est une sacrée entreprise.
- Tu dis toi même que tu ne peux plus vivre avec ta mère. Alors une année en internat dans une académie flambant neuve ne peut être qu'une bonne idée.

La sujet est esquivé avec une nonchalance agaçante. Luka pousse un soupire bref, elle détourne son regard du dos de son petit ami, résolument tourné vers le panneau d'affichage. D'un œil inquiet, elle observe la foule qui se mêle au milieu du gigantesque hall, les professeurs aguerris qui boivent leur café crème, les élèves impatiens qui jettent des regards autour d'eux comme dans la Chapelle Sixteen. Ce monde, ce bruit, cette agitation, tout est bon pour la terrifier d'avantage. Un tournis la prend, elle resserre son vieux sac de cuir contre sa hanche. Vêtements débraillés, maquillage maladroit, c'est tout ce qu'elle a pu trouver pour cette inauguration. Alors qu'elle s'apprête à engager une année dans la plus prestigieuse école jamais construite. Elle déglutit péniblement.

- Et tu es sûr qu'ils voulaient que je t'accompagne ? C'est ton site tout de même...
- Le lettre était claire. Ils t'ont adorée. Là, salle quatre. On y va.

Manek prend son propre sac et se lance dans la marée humaine. Au bout d'une seconde, elle ne voit déjà plus que son crâne, légèrement plus haut que la moyenne. Un nouveau soupir lui écorche la gorge, et Luka suit son homme jusque dans les entrailles de l'aventure...

- Tout va bien ?

Ils attendent le professeur depuis dix minutes, déjà. Résolue à ne pas quitter la fenêtre des yeux, mademoiselle hausse vaguement les épaules. Ses mains tournent et retournent son portable d'occasion, attendant frénétiquement un signe de sa mère. Mais rien... peut être l'a t'elle déjà reniée. Depuis le divorce, il ne s'est pas passé un jour sans que Luka et sa génitrice n'encaissent une dispute, un froid, une allusion. A dix huit ans, obligée de gérer un quotidien à la place d'une femme sous antidépresseurs et menacée de renvoi, il est normal qu'elle ait souvent un ou deux reproches à faire. Malgré tout, elle aurait aimé lui parler. Expulser son angoisse. Comme n'importe quelle jeune  fille ainsi livrée à un tout nouveau monde.

- Luka.

Le ton est plus autoritaire. Manek semble s'être débarrassé des étoiles qui lui brouillaient la vue. Elle baisse le regard sur son portable, au bord des larmes. Déstabilisé, il balbutie, lui passe la main autour des épaules, répète son prénom, plus doucement. Elle s'essaye à un sourire mais la tâche est herculéenne. Au bout de quelques secondes, sa voix s'élève, à peine audible.

- La seule personne qui ait jamais voulu me mettre sous les projecteurs à part toi, c'est mon beau père. Et ce n'était pas le genre de film qu'on présente au grand public... Comment veux tu que je prenne la chose sereinement?

Elle sent l'étreinte de son aimé flancher sous le poids de cette nouvelle donne. Un soupir s'échappe à nouveau, de regret cette fois ci. Elle en a déjà trop dit.

- Je n'y avais même pas pensé. Je suis désolée, je... tu veux qu'on fasse demi tour ? On peut encore sortir d'ici
- Non ! Non, c'est ton rêve de te faire  connaître et je suis heureuse d'en faire partie. C'est juste que... Ces photos sont belles parce que c'est toi qui les as prises. Elle relève un regard honteux vers lui. Avec toi c'est facile mais... Je ne suis pas sûre d'être faite pour ça.

Ses yeux replongent sur ses genoux. Enfin, il se lève, va pour la serrer contre lui. Il la rassure. Comment pourraient ils ne pas l'aimer, sourit il. Ils vont l'adorer, renchérit il. Cette fois, elle sourit pour de vrai. Elle se blottit plus avant contre son épaule et ferme les yeux. Sereine.

Non, la vie de Luka n'a pas toujours été à l'image de cette prestigieuse école. Née dans une famille pauvre, de celles qui s'entassent dans peu de mètres carrés et luttent pour la survie des leur, elle avait quatre frères et soeur et un père très absent. Tellement absent qu'il a fini par partir un jour, pour de bon, quand elle avait huit ans. Sa mère a bien retrouvé un homme plus riche par la suite, mais un homme qui prit la sale manie de la photographier quand elle eut quatorze ans et quelques nouvelles formes. Il ne faisait rien de plus. Il la photographiait, c'est tout. Et Luka ne disait rien, parce que ça aurait pu être pire, quand bien même ça peut toujours être pire. En somme, ils ne s'en sont pas trop mal sortis. Bien sûr, elle a eu une adolescence difficile et des conflits avec sa mère, qu'elle tenait responsable de ne pas se rendre compte de ce qui se tramait. Un grand classique. Mais elle a rencontré Manek et, pour ça, elle a eu de la chance. Lui non plus n'était pas aidé dans l'existence, il avait une mère très malade et beaucoup de factures à gérer malgré son jeune âge.

Luka et Manek, pour leurs amis, c'est le couple qui ne flanchera jamais. Ils s'aiment et se sont déjà engagés à finir ensemble, comme résonne l'évidence une seule fois dans une vie. Alors quand Manek a profité du retour des technologies et créé son site de photographie, quand il a enfin convaincu Luka d'y publier quelques portraits d'elle, leur chance à tous les deux a fini par tourner. La grâce est venue sous la forme d'une lettre, à la signature étrange d'un mystérieux directeur d'école. Elle disait qu'il serait heureux de les accueillir dans son établissement, à la solde du gouvernement lui-même. Que le talent de Manek et la beauté de Luka méritaient d'être mis en lumière, et qu'ils auraient tous les deux l'occasion de poursuivre dans leur voie, d'orienter leurs études afin que, au bout du compte et si tout se passait bien, on leur ouvrirait les portes des pistes les plus prestigieuses.

Bien sûr, ils ont signé sans l'ombre d'une hésitation. Et si Luka est encore une jeune fille timide, quelque peu effrayée par l'inconnu, Manek est un homme à prendre toutes les situations à bras le corps pour s'en sortir. Ils s'encouragent tous les deux à donner le meilleur d'eux-mêmes. Rapidement, ils deviennent le couple en vue de l'académie. A l'époque, un journal est créé dans l'école, avec une section photographie pour y exposer les fabuleux portraits de Luka, que Manek réalise toujours lui-même. Ils sont populaires, vivent ainsi trois mois d'euphorie et de fête, à penser que la chance ne les oubliera plus jamais.
Mais après un temps, Manek commence à prendre de la distance. Il tient des discours alarmistes sur ce qui se trame derrière les paillettes et se détache des activités de l'académie. Bientôt, alors qu'ils étaient tous les deux Zinc et sur le point de rejoindre un programme visant à les élever au dernier sommet, Manek retombe en simple plomb, juste après avoir refusé le dit programme, et gueulé pour que Luka n'y participe pas non plus. Il s'agite, s'emmure dans le silence, ne parle plus que de la nécessité de s'enfuir. Et leur couple en souffre. Terriblement. Ils ne peuvent plus tellement se voir, n'en ont peut être même pas vraiment envie. Tout cela les dépasse. Jusqu'au point de rupture.

Car Luka fait l'autruche et se préoccupe d'avantage de son bonheur, leur bonheur, que des théories fumantes. Elle nie en bloc tout ce qu'il tente de lui dire, se bouche les oreilles, par simple peur qu'ils soient compromis tous les deux. Ce n'est pas qu'elle est mauvaise, juste un peu lâche, effrayée à l'idée de regarder la réalité en face et que la réalité ne la fasse rechuter jusque dans la galère.  De plus en plus, on la pousse à cesser de fréquenter la mauvaise graine, mais c'est la seule chose qu'elle se refuse à faire. Ces quelques mois sont d'une solitude terrible, du genre qui vous éloigne des autres et de vous même, irrémédiablement...


" Je te le jure nous fûmes grands dans les bras du magicien d'Oz
Aux angles sud-américain, citant Maupassant sur un lit de roses
Libre entre tes mains
Il n'y aura plus rien d'exsangue à la vindicte de tes mots
Pas une chance qu'on entende, à s'y méprendre les tableaux
De nos rimes blondes à nos îles à flots "



- Je vais quitter l'académie. Un pote m'a trouvé un job bien payé en ville, je m'enfuis demain.
Assise  sur un banc du luxueux parc, Luka laisse choir sa cigarette dans le cendrier, le souffle coupé. Elle lève les yeux vers son compagnon, noyé dans la contemplation des toits qui les domine, la tête jetée en arrière
- Tu veux fuguer ?
- Puisqu'on a décidé de prendre quelques distances...
- Quelques distances Manek. Pas le moyen assuré de ne plus jamais nous revoir.
- Un... scientifique a repéré quelques uns de mes clichés et... il me propose de travailler sur un nouveau documentaire avec lui. Tu sais bien que j'ai toujours rêvé de faire ça.

Sa voix est brisée. Aussi morte que le cœur qu'il est entrain de malmener.
Il se tourne vers elle. Le cœur au bord des lèvres, elle n'a pas le courage d'affronter les rides qui sont nées il y a peu sur le visage fatigué de son amant. Elle baisse le regard, déglutit avec peine, absorbée par cette cigarette qui se consume toute seule.
- Je reviendrai te chercher, je te le promets. Quand tu auras compris, toi aussi. Mais je peux pas rester ici à te regarder, sans pouvoir te parler, au risque de te rendre tellement malheureuse.  Je ne sais pas combien de temps ça va prendre mais... Après ça, on pourra repartir de zéro. Si c'est toujours ce que tu souhaites.

Il s'en va. Luka ferme les yeux. Elle écrase une larme. Puis c'est un flot continu qui la submerge en silence, au milieu de cette inertie parfaite qu'on lui a enseignée. Elle renifle, s'essuie les joues, mais les gouttes amères continuent leur course. Si seulement elle pouvait trouver un responsable qui ne soit pas elle. Mais non...
Elle ne le retient pas. Elle ne sait plus comment le retenir.

Et elle n'en aura pas besoin, l'académie le retiendra elle-même. Et c'est un Manek couvert de bleus et de contusions, l'épaule démise, qu'elle retrouvera le lendemain en cours.
A partir de ce jour, Luka commence à faire face à la réalité. Mais elle a peur, elle crève de trouille à l'idée qu'il lui arrive quelque chose. Elle tente de le dissuader, tout en sachant sa tentative totalement vaine : Manek est plus fou que jamais. Il ne cesse de se rebiffer, quitter les salles en plein cours et crier à qui veut l'entendre qu'il faut sortir d'ici, sans quoi ils vont tous les avoir. Un professeur interdit formellement à Luka de lui parler à nouveau mais elle refuse. Le lendemain, à entendre un énième élève pester sur son Plomb de petit ami, elle explose et lui hurle dessus. Ce n'est pas un foutu métal, sanglote t'elle. C'est un être humain. Des os, du sang, de la chair, un peu de fer à la rigueur mais rien d'un foutu tas de plomb. Le soir-même, elle le rejoint dans le clan des opprimés.




Luka est dans la salle de bain de Manek, ce soir-là. Puisqu'ils vivent dans le même dortoir, ça n'est plus tellement difficile. Quand bien même ils se disputent encore. Quand bien même on a bâti ce mur entre eux, beaucoup plus solide que toutes les bâtisses de pierre. Quand bien même c'est le monde entier qui les sépare.
Luka ne sait pas. Elle ne sait plus. Elle a le sentiment qu'on lui arrache sa vie petit bout par petit bout, et qu'elle ne peut rien faire contre ça. On lui en a déjà arraché tellement, sans qu'elle ne s'en rende compte, alors qu'elle était consentante. C'est difficile de faire marche arrière maintenant, en ayant consenti à tellement de choses avant. Petit bout par petit bout... Et c'est là la force de la perversion, d'amener ses victimes à faire ces ridicules, invisibles pas, jusqu'à ce qu'elle ait franchi tellement de chemin, qu'un retour en arrière est impossible. Inconcevable. J'ai déjà consenti à tellement de pas, se dit la victime. De quoi aurais-je l'air si je ne franchissais pas celui-là ?

Nue, elle s'apprête à se frictionner avec son gant de toilette défraîchi quand un fracas la fait bondir. De l'autre côté, la porte de la chambre est forcée. Tétanisée, elle entend des bruits de lutte, les gémissements étouffés de Manek et les coups sourds portés à son corps. Incapable de bouger, elle reste là, à écouter son coeur battre comme un lapin terrifié, jusqu'à ce que revienne le silence. Et, gémissant le prénom de son aimé, elle sort de la salle de bain, pour découvrir une pièce vide. Luka attrape une chemise et un pantalon à portée de main pour se précipiter dans le couloir à leur suite. Elle se rue sur les quatre silhouettes, dont trois tiennent celle, gémissante et battante, de l'amour de sa vie. Dans un hurlement, elle se mêle à l'étalage de corps pour le tirer à elle, frapper tout ce qui lui passe sous la main, pourvu qu'on le lui rende.  Mais même s'ils renoncent à la calmer, après des minutes de lutte interminable, ils se ne gênent pas pour l'assommer à moitié, la traîner avec le reste de l'escapade hors de l'école. Jetée à l'arrière d'une camionnette, elle se précipite sur son homme, le serre dans ses bras.

Elle ne sait pas quoi faire. Et, finalement, ils n'ont pas tellement le temps d'y réfléchir. Balancés sur un trottoir, elle n'a pas le temps de se redresser que deux coups de feux résonnent. Croyant mourir de peur, elle s'aperçoit vite, avec non moins d'horreur, qu'ils n'étaient pas pour elle. Relevant seulement le regard vers ces hommes, vers le canon pointé sur elle, elle ne peut que les supplier du regard. Elle voit l'un des surveillants avec qui elle tissé de si bonnes relations, il n'y a pas deux mois de ça. Il la tient en joue. Il a l'air d'hésiter. Son visage est contracté d'une expression atroce, écartelée, un air qu'elle n'oubliera jamais. Et dans un élan de grâce, il soupire. L'arme s'abaisse, la voiture démarre, elle reste seule avec un corps troué de part en part.

Il a deux balles dans la poitrine. Il respire. Les mains serrées autour de son visage, Luka hurle. Elle hurle au secours, elle hurle à l'aide. Dans la nuit noir et impitoyable, à peine éclairée par quelques lampadaires, dans la solitude de cette ruelle qu'elle n'identifie même pas, elle s'époumone, pourvu qu'on lui vienne seulement en aide. Et un homme arrive. Il faut appeler à l'hôpital, sanglote t'elle. Ils ne le soigneront pas, rétorque l'homme. Mais elle s’insurge, dans un nouveau sanglot. C'est un gamin, il va mourir, ils sont obligés de le soigner. Cet homme est fou s'il croit qu'on laissera un gosse crever aux portes d'un hôpital. Et devant son insistance, ses larmes et son désespoir, l'homme cède. Il appelle. Et dix minutes plus tard, dix minutes à parler à l'amour de sa vie pour l'empêcher de mourir, l'ambulance arrive. Avant même d'en ouvrir les portes, ils contrôlent l'identité de l'homme à terre.

" Nous ne pouvons pas le prendre en charge.
- Quoi ? "

Luka ne reconnaît même pas sa voix. Ce couinement atroce, cette émanation de souffrance et d'horreur, elle ne la reconnaît pas. Elle ne parvient même pas à croire à ce qui lui arrive.

" Nous ne pouvons pas soigner votre ami. Estimez-vous heureux qu'on ne vous dénonce pas, tous les deux.
- Vous plaisantez ? Vous allez laisser un gamin crever sur le bord de la route ? Quel genre de monstres êtes vous ?! "

Et ça continue. Ils refusent, elle s'entête. Bientôt, elle hurle à nouveau. Elle se jette sur les hommes, poing en avant, pour expulser la rage qui la gagne. Le mystérieux homme se joint à la bagarre. On les repousse, on leur balance quand même trois bandes et quelques compresse quand elle supplie pour que, au moins, ils lui laissent de quoi soigner Manek. Et elle reste près d'une heure durant, à tenter de le sauver en entassant maladroitement des compresses sur ses blessures, puis à refuser catégoriquement d'accepter qu'il soit mort. Crispée autour de son cadavre, les bras serrés, elle crie chaque fois qu'il tente de lui faire lâcher prise. Mais l'épuisement l'emporte, elle doit finir par se rendre à l'évidence. Elle récupère seulement un petit appreil numérique dans le fond de sa poche.  Un clic. Une photot du cadavre.
L'homme la ramène à l'académie.

" Ecoute-moi " explique t'il en route. " Je m'appelle Jack. Je connaissais Manek, j'aurais dû le sortir de là. Il m'a parlé de toi et je te promets que toi, je vais réussir à te faire sortir. On va ramener le corps à sa famille, je connais un gars qui s'occupe de ça. Il faut que tu retournes là bas, que tu fasses comme si de rien était. Et tiens-toi prête. On va te sortir de là. "

Ce soir là, Luka rentre donc dans son couloir de la mort. Les jours suivants, elle tient bon, se fait violence pour assurer la présence en cours et ne parle à personne. Son dégoût est complet, mais elle se sait surveillée. Elle ne dit rien, ne fait pas une seule histoire, bien trop choquée pour être réellement dans le monde des vivants, de toute façon. Et une nuit, Jack débarque dans sa chambre. Il a une sacoche pleine de centaines d'exemplaires du cadavre photographié, qu'ils jettent à travers les couloirs à la première heure du jour. Il parvient à la faire sortir de là, pour ne plus jamais y revenir, laissant derrière eux la preuve accablante de la pourriture sous les pavés de l'école...
Un été 2089, Luka et Manek disparaissent pour toujours.


Nous serons tous les deux, les yeux du fusillé
Sur son affiche rouge, s’offrant l’éternité



Jack connaît des gars qui s'occupent de tout. Enfant des rues, il n'a même pas reçu de lettre qui tenterait de le convaincre d'accéder à l'académie. Il faut dire que Jack n'existe pas aux yeux du gouvernement. C'est un bébé non désiré, abandonné aux portes d'une église. Ce n'est pas son vrai prénom - il s'en fiche, dit il, de son vrai prénom, les soeurs le lui ont donné seulement parce qu'il fallait bien faire quelque chose.
Il connaît quelqu'un pour héberger Luka, quelqu'un pour lui apprendre les rudiments de l'arnaque, quelqu'un encore pour la laisser reprendre ses activités de mannequinat, masquée bien sûr. C'est la seule chose qui parvient à la faire tenir sur ses jambes, la perspective d'être photographiée, de pouvoir réaliser son propre projet artistique. De toute façon, il faudra bien qu'elle s'adapte à sa cachette, le temps de se faire oublier.
Deux ans. Deux ans pendant lesquels elle n'a de toute façon pas envie de vivre, mais réapprend de survivre. Au bout de ces vingt quatre mois, elle est une nouvelle femme.

Luka ne supprimera jamais vraiment sa culpabilité. Si elle sait qu'elle n'aurait pu décemment empêcher la mort de Manek, elle s'en voudra toujours de ne pas avoir vécu cette dernière bataille à ses côtés. D'avoir, du début à la fin, oublié de le soutenir, comme on soutient celui qu'on aime. Toute sa vie, elle s'emploiera à racheter cette lâcheté impardonnable. Alors, deux ans après s'être enfuie, Luka fera une proposition indécente à Jack : Résister.

De fil en aiguille, d'aide en bouches à oreille, le Front de Résistance Pacifique s'installe. Voilà huit ans, maintenant, qu'il poursuit et perpétue son action. D'autres ont rejoint les deux créateurs, de généreux donateurs les supportent dans la mesure du possible. Jack s'occupe de sa radio pirate et Luka de ses photos, tous deux collaborent pour le reste. Et la vie continue ainsi, dans les vagues relents de leurs espoirs survivants.
Parce qu'il faut bien espérer, après tout.
A défaut de pouvoir réellement vivre.


Épilogue :



L'usine est située en périphérie du quartier Est, dans une zone où l'activité n'est plus à son sommet. Il y a de la poussière, toujours, contre laquelle on ne peut pas lutter. On tente de garder la salle de soins et les quelques lits de fortune hygiénique mais pour tout le reste, c'est un combat inégal. Lucas s'y est faite, comme à tout le reste. L'isolement, le danger, la ruine, la poussière, tout ça, ce ne sont que des dommages collatéraux, finalement. Et ça ne l'empêche pas de faire sa séance photos, nue sur un matelas de fortune, seulement pourvue d'un masque, au milieu de la poussière. Ils ont même appris à s'en servir pour l'ambiance de leurs oeuvres, son photographe et elle. Une résistante clandestine vautrée dans le luxe sur tous ses clichés n'en serait que moins pertinente. Et puisque beaucoup de philosophes prônent l'amour des choses simples, elle peut déjà se déclarer femme pensante par ses seules conditions de vie...

On toque à la porte. Glissant un drap de fortune par dessus son corps, elle marmonne une invitation à entrer et se redresse légèrement, la main passée dans ses cheveux épars. C'est Jack. Venu pour la prévenir d'un nouvel arrivé. Luka se fait un point d'honneur à accueillir les nouveaux bénéficiaires de son mouvement. Il s'agit là de porter l'étendard d'un message précis, et elle ne peut décemment laisser la tâche à n'importe qui. Elle enfile donc un peignoir de fortune et descend à l'étage du dessous, retrouver deux parents et leur enfant blafard niché aux creux de leurs bras. Aussitôt, son visage se fend d'un sourire calme. La femme lui explique, en larme, que son enfant fait de la fièvre depuis plusieurs jours et qu'aucun hôpital n'accepte de le prendre en charge. C'est qu'il a un grand frère à l'académie, un élève à problèmes, et peu de personnes acceptent encore de supporter la famille entière depuis quelques mois. Luka sent son coeur s'étreindre d'un révolte sourde. Mais, d'un calme légendaire, elle accompagne la famille dans le dortoir et l'aide à installer l'enfant, les quittant seulement pour aller chercher quelques antibiotiques. Jack lui emboîte le pas, la veillant d'un oeil inquiet. Et en fouillant dans divers placards vides, la femme lâche d'un murmure glacial le souffle de sa colère.

" Un enfant, Jack. Que ces fous soient assez stupides pour renier leur conscience professionnelle, leur serment, au profit du Gouvernement est une chose. Mais un enfant... "

Elle referme un nouveau tiroir dans un soupir sec. Dénichant enfin, au milieu de la poussière des armoires vides, une plaquette de médicament, elle va la donner à la famille et installe un film pour leur enfant, qu'il s'endorme paisiblement. Il faut donner trois coups au lecteur pour réussir à le visionner mais la télé tient encore la route...
Luka remonte sa chambre. Dans un dernier soupir, plus profond que les autres, elle s'installe derrière une petite table en bois lui faisant office de bureau, se sert un verre d'un vieux cognac offert par une famille reconnaissante. Un goût amer de profond dégoût lui remplit la bouche. Elle a beau être parvenue à dépasser sa propre histoire, à se désoler du sort des plus cruels, des plus humainement pauvres, plutôt que de les haïr, il reste certaines choses impossibles à accepter. Et cette pénurie de denrées qui les accable depuis des mois...

" Je vais vendre quelques meubles. " glisse t'elle à Jack venu la rejoindre, entre deux gorgées.. " Et il y a certains bijoux dont je ne me sers pas. De nouvelles photos devraient bientôt être développées, ça suffira en attendant, je pense.
- Tu as songé aux autres options ?
- Il n'y a pas d'autre option.
- Bien sûr que si. On n'a pas exploré toutes les possibilités de clientèle et tu le sais. Tes photos intéresseraient beaucoup de personnes hors de notre réseau. Tu sais ce que j'ai entendu l'autre jour ? Jason Lecter refait sa décoration. Alors c'est peut être un peu risible mais quoiqu'il en soit, c'est une option. Nous sommes dans le même camp, tous autant que nous sont, quelles que soient nos méthodes. Et les excentriques complètement friqués du Nord, qui n'attendent qu'une occasion de se vanter d'être originaux. Ce ne sont pas les meilleures options, mais ce sont des options.
- ... Combien de fois ?
- Je te demande pardon ?
- Combien de fois on a ramassé un type mutilé par un criminel du quartier Sud, ou seulement accueilli une famille terrifiée par l'une des lubies du Nord ? Combien de fois, Jack ? Ce n'est pas parce que l'un a sorti son étendard de guerre et pointé ses canons sur le gouvernement, ou que l'autre revendique une indépendance absurde, tout en continuant de se vautrer dans la corruption avec les plus grands partisans du régime, que nous sommes dans le même camp. Ils l'alimentent, bordel de Dieu. Chaque nouveau cadavre retrouvé est une raison de plus pour renforcer la sécurité et traquer des prétendus résistants dans les familles sans défense. Chaque nouvelle nuit est d'autant plus d'occasions de pactiser avec ces ordures pour brasser du fric. Nous ne sommes absolument pas dans le même camp. Leur camp, c'est celui de l'intérêt, de l'argent, de la cruauté et des lâches. Leur camp, quoiqu'ils en disent, c'est celui du Gouverneur. Et crois-moi, je serais nue sur un lit de paille avant d'accepter quoique ce soit d'assassins et d'hypocrites dans leur genre.

Luka vide son verre d'une traite et ferme les yeux une seconde.
Une longue et pénible seconde.



Lettre ouverte à un illustre Anonyme :



Hélène est morte hier, dans la soirée, de son cancer, sans dignité ni décence.  J'ai passé tellement de temps à la regarder mourir que j'ai l'impression de l'avoir attrapé, son foutu cancer. Je me suis endormie avec, j'en ai rêvé, au pied de son cadavre dont on ne savait même pas quoi faire, de peur de se faire repérer si on en faisait quelque chose.  J'ai l'impression de le voir partout, ce cancer, de le craindre autant que de l'espérer. Je me suis surprise à rêver que beaucoup d'hommes dans cette ville attrapent ce cancer et en crèvent, dans leur lit, seuls  avec leur foutue souffrance. Sans dignité, ni décence. Je n'en suis pas fière. Mais je suis fatiguée.
Jack a fini par emmener le corps dans les catacombes, au mépris de la prudence, et j'espère seulement qu'il ne sera pas retrouvé, souillé par le cancer, plus insidieux, de cette société. Je ne sais pas où il a trouvé la force de faire tout ça, après ce qui s'est passé. Toute une cellule de clandestins affiliés à sa radio a été arrêtée et si lui n'y était pas, il a perdu des dizaines d'anciens camarades, en l'espace d'une heure à peine.
Une heure, et tout était fini. Une heure, et on ne les reverrait plus jamais.
Depuis ce jour là, Jack est spectral. Il erre dans le quartier général sans prononcer le moindre mot et il lui arrive de rester toute la journée sur une chaise, à seulement contempler le flingue qu'il tourne et retourne dans ses mains, inlassablement. Je crois que lui aussi, il est fatigué. Je crois qu'il se demande à quoi ça sert, tout ça. Et je peux le comprendre.

Quand on a commencé il y a huit ans, on était rempli d'une énergie débordante, la volonté inébranlable des idéalistes. Maintenant, j'ai l'impression d'y avoir passé une vie entière, et que cette vie n'a servi à rien.  On voulait seulement soigner les gens, leur redonner un peu d'espoir, même si cet espoir était inutile. On voulait faire sourire quelques personnes et laisser le monde s'entretuer sans nous. Je ne sais plus comment, à l'époque, nous sommes parvenus à nous convaincre que le monde ne nous dévorerait pas dans la bataille. Nous avons dû croire que si nous restions pacifiques, il nous tolérerait et nous laisserait soigner son cancer. Mais non. Ce monde aime se vautrer dans le cancer. Et moi, il me fatigue.

Je n'ai pas eu de nouvelles d'Alonso depuis une éternité. La rue murmure des horreurs à son sujet. Des échos de conflits sanglants sur le fond de nouvelles annonçant l'arrestation de son précieux monstre. J'ai l'horrible impression que je ne le reverrai plus jamais. Qu'il est perdu, quelque part entre le cancer et le monstre. Le peu de personne que je connais et qui est encore amené à le côtoyer refuse de m'en parler, mais je sais qu'il est entrain de changer. On change tous, en un sens. On est entrain de se faire bouffer par des forces dont on n'a jamais daigné prendre conscience. Le cancer et les monstres, Charybde et Scylla, le marteau et l'enclume. Peut être que les monstres ont raison depuis le début. Peut être que le seul moyen de ne plus contracter cet ignoble cancer, c'est de couper court à la moindre cellule humaine en nous. Je n'en suis pas capable. Par principe ou par lâcheté, je préfère affronter le cancer, que le reflet d'un monstre dans le miroir. Mais je ne pourrai décemment pas le lui reprocher.
Il me manque. Mes certitudes me manquent.
Ma naïveté me manque.

Je ne sais pas ce qui va advenir de nous, il ne nous reste probablement comme seule issue que l'oubli. Quand la police nous découvrira et nous fera exécuter, il ne restera de notre idéalisme que quelques malheureux noms sur quelques miséreuses bouches. Mais si je n'ai plus l'espoir de combattre le cancer, je ne renoncerai pas non plus à lui faire face. Ils se trompent s'ils pensent pouvoir faire taire la rue, ils se mentent s'ils espèrent écraser la plèbe. En tous temps de l'histoire, le peuple a fini par gagner, pour le meilleur et pour le pire. Je ne serai peut être plus là pour le voir, vous non plus, ni même vos enfants ou les enfants de vos enfants. Mais la vague déferlera, inexorablement. Un jour.


*Barbara & George Moustaki
**Soan
*** Cali





CARACTÈRE

« Un homme de caractère n'a pas bon caractère. »
— Jules Renard.




Certaines personnes sont nées avec ce petit quelque chose qui les rend naturellement exceptionnelles. Une intelligence particulière, une richesse, une beauté intérieure ou extérieure remarquable, un grain de folie, un truc en plus.

Est-ce que Luka est de ces personnes ? Non. Soyons réalistes. Elle n'est ni plus intelligente ni meilleure que la moyenne de ce monde, dans quelque domaine que ce soit. On ne peut pas considérer la couverture d'un magasine scolaire comme la preuve d'une beauté si rare, ou décemment penser qu'une femme ayant abandonné son petit ami à l'article de la mort sociale est pourvue d'une très grande force de caractère. Luka est née commune, passive et dépassée, tout juste assez attendrissante pour s'attirer les faveurs de son entourage. Les événements et responsabilités qui en ont découlé lui sont tombés dessus comme la misère sur le pauvre monde et à bien des égards, on serait en droit de se demander pourquoi le rôle de martyr n'a pas été attribué à un personnage plus charismatique. Alors, me direz vous, on gagne en points de caracs quand on passe de lycéenne opprimée à meneuse d'un groupe clandestin. Mais ça ne peut décemment pas être suffisant. Et pourtant, il faut croire que si. Alors ?

Qu'a t'elle pour la servir ? Un sens artistique peut être un peu plus poussé que la moyenne, une culture légèrement supérieure au reste de la populasse. Une certaine élégance, malgré tout, un petit quelque chose qui peut la rendre appréciable à voir et à entendre. Une expérience personnelle assez fournie, car ce n'est pas le quidam moyen qui a vu son existence réduite en cendres, deux fois en l'espace de vingt quatre ans. Et c'est sur ce dernier point que tout se base, ce détail totalement hors de sa volonté qui l'a rendue exceptionnelle, stricto sensu, c'est à dire qu'il l'a faite sortir de la règle générale. Luka est seulement la résultante d'un raisonnement par l'absurde. Par l'audace qu'elle a eu à survivre une première fois, puis une deuxième. Par cette affront commis de ne pas avoir cédé à la manipulation, du seul fait de la mort de son petit ami, pour laquelle elle n'a rien de légitimement responsable. C'est ainsi que l'existence a fait d'un être d'une affligeante banalité, une exception de la société. Et sa principale qualité, la justification de son rôle, c'est qu'elle l'a assumé. Totalement.

Luka est une idéaliste chevronnée, tout à fait contrariante dans la tendance qu'elle peut avoir à ne pas déroger de ses principes. Inflexibilité est son maître mot, idéologie son arme favorite. En cela, on pourrait l'accuser d'être d'une confondante stupidité, et on n'aurait pas tort. Faut il être imbécile pour provoquer un monde d'assassins et de tyrans, sur la base de principes surfaits, obsolètes, tel que le refus de tuer ou négliger son prochain. Luka est une humaniste, l'Homme sa seule et unique cause. Elle est de ces fous qui rêvent d'un monde sans meurtre ni corruption, et se battent sans relâche pour obtenir gain de cause, comme on pataugerait dans une semoule empoisonnée en permanence. Luka a bien conscience que le cynisme est le refuge des idéalistes qui n'ont pas réussi et tient à ses objectifs de carrière. Ferme, incorruptible, parfois grossièrement imprudente, elle y va de ses petits poings pour cogner dans la fourmilière. D'ailleurs, depuis quelques temps, elle n'a plus la patience de faire des exceptions à son idéal. Elle est fatiguée, épuisée d'être compréhensive avec le lâche refusant de se battre et le cruel justifiant ses actes par une loi du Talion aussi grotesque qu'insultante. Épuisée d'entendre partout que la réponse est la violence et que les faibles n'ont pas leur place. Il fallait au quidam moyen sans qualité particulière un meneur, un visage pour le représenter et le voilà. Point barre.

En somme, Luka n'est qu'une imbécile.
Suicidaire, de surcroît.
Mais, on le lui accordera, cette imbécile là a de la suite dans les idées.


Informations importantes sur le Front de Résistance Pacifique :


- Son QG se trouve dans le quartier Est.

- Il est clandestin, totalement secret et particulièrement mis en danger du fait de son absence actuelle d'alliés de poids. Ne rentrant ni dans l'optique du gouvernement ni dans celle des quartiers les plus dangereux, ce mouvement est livré à lui-même en permanence. Raison pour laquelle les personnes qui le connaissent ou en bénéficient sont tenues de ne pas en parler, et d'employer le nom de code " Pasteur " quand ils doivent l'évoquer, référence à cette grande personnalité connue de la santé.

- Sa principale bataille est de fournir des soins aux personnes qui ne bénéficient plus des grâces du Gouvernement. Une ancienne usine désaffectée leur sert de locaux et le matériel provient de vols et de donateurs anonymes. Luka vit également dans cette usine, au dernier étage, dans une espèce de loft aménagé avec ce qu'elle a pu trouver. Personne en dehors d'elle et de quelques résistants engagés ne peut séjourner durablement dans leur hôpital. Ils n'ont ni les moyens d'offrir l'asile aux gens ni la capacité de les protéger si la communauté devient trop ostensible. Une idée qui fait terriblement souffrir sa créatrice. Chaque fois qu'un homme doit être renvoyé de là d'où il vient, après des soins sommaires, est un coup de poing dans son ventre.
De manière générale, le FRP survit grâce à ses donateurs, qu'ils soient amateurs d'art ou seulement altruistes. Quand quelqu'un faisait partie ou connaissant cette organisation rencontre une personne susceptible d'être intéressée, elle s'arrange pour lui en toucher un mot.

- Il est absolument pacifiste, ne veut rien à voir à faire avec la criminalité, et Luka elle-même veille avec sévérité à ce qu'il n'y ait pas de dérives. S'ils possèdent quelques armes, c'est uniquement au cas où il leur faudrait se défendre contre une attaque quelconque.

- Ils tiennent une radio clandestine depuis trois ans, maintenant, car c'est la seule chose impossible à repérer et à tracer, manoeuvre d'ailleurs employée à maintes reprises au cours de l'histoire. Ils y diffusent des musiques libres et y communiquent des messages importants, à des fréquences complètement aléatoires.

- Luka sert de modèle à un photographe qui a rejoint le mouvement, elle fait vendre des photos, toujours masquée, des portraits d'elle et autres magasines en sous-main, à la fois pour financer ses actions et pour donner un visage porteur d'espoir aux personnes les plus démunies. Des messages sont également communiqués par ce biais, avant tout pour leur donner du courage. Plusieurs artistes ont également rejoint ce mouvement de vente pour échapper à la bride du gouvernement, se faire connaître en société. C'est la partie la plus idéaliste de leurs activités, car n'importe quel artiste a l'espoir de se faire connaître et passer son message sans entrave ni censure.





YOU & YOURSELF
Mais qui donc se cache sous le masque ?



Ton p'tit nom/pseudo : Luka
Ton âge : 22 ans
Un ou plusieurs comptes sur le forum ? Plus qu'un seul
Comment as-tu connu le forum ? Je ne sais pas, y a comme un air de déjà vu mais je ne saurais pas dire lequel
Et comment tu le trouves ? Ah ben si je reviens, c'est que je dois bien l'aimer, dans le fond
Quelque chose à ajouter ? Coucou ?

Merci à toi, nous te souhaitons la bienvenue sur Weins ~ Le staff reste à ta disposition si tu rencontres le moindre problème. Souviens toi, tu disposes d'une semaine pour remplir ton dossier ; s'il te faut plus de temps n'oublie pas de le signaler. A très bientôt ♫




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MessageSujet: Re: Luka Earhart Luka Earhart  Icon_minitime1Ven 25 Oct - 11:31

Hop, un petit double post.
Je suis revienduuuuuuuuuuuuuuuuuuuuue <3
Vous me manquiez trop. Alors comme le rush s'est un peu calmé depuis la rentrée...

Bon, j'aurai plus qu'un seul personnage, moins de sujet et moins de temps pour répondre vite mais si ça vous convient quand même, me revoili me revoilou.

Je vais juste réécrire le caractère pour me réapproprier le personnage et lui apporter deux ou trois subtiles modifications. Et puis me renseigner, voir un peu ce qui a changé pour ne pas commettre d'erreur \o/

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MessageSujet: Re: Luka Earhart Luka Earhart  Icon_minitime1Ven 25 Oct - 11:40

yeaaaaaaaaaaaaaaah ! Ca fait plaisir de te revoir ! Re-bienvenue parmi nous *-*

Tu nous as manqué hug

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MessageSujet: Re: Luka Earhart Luka Earhart  Icon_minitime1Ven 25 Oct - 12:42

Super! Re bienvenue, contente de te retrouver! :D

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MessageSujet: Re: Luka Earhart Luka Earhart  Icon_minitime1Dim 27 Oct - 23:18

* trucide violemment sa connexion *

Merci beaucoup, vous deux ! Et à ceux qui sont venus me faire des mammours dans la Goulue, j'en suis encore toute émoustillée.

Voilà, j'ai modifié le caractère, dates et âges, et j'ai ajouté la Lettre ouverte à l'histoire en guise de conclusion, pour résumer un peu l'état - piteux - du QG.
Au besoin, modifications et ajouts sans aucun soucis, tout ça, tout ça.

L

Clandestins
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COMMENTAIRES : La marche des vertueux est semée d’obstacles qui sont les entreprises égoïstes que fait sans fin, surgir l’œuvre du malin. Béni soit-il l’homme de bonne volonté qui, au nom de la charité se fait le berger des faibles qu’il guide dans la vallée d’ombre de la mort et des larmes, car il est le gardien de son frère et la providence des enfants égarés. J’abattrai alors le bras d’une terrible colère, d’une vengeance furieuse et effrayante sur les hordes impies qui pourchassent et réduisent à néant les brebis de Dieu. Et tu connaîtras pourquoi mon nom est l’éternel quand sur toi, s’abattra la vengeance du Tout-Puissant !

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MessageSujet: Re: Luka Earhart Luka Earhart  Icon_minitime1Mar 29 Oct - 0:58

Mes salutations distinguées, toi qui fut mon sauveur bien involontairement. Je dois confesser que j'ai un peu dézingué le QG, mais c'était pas de ma faute, la police a eu la main lourde. Au plaisir de te croiser à nouveau, les portes de mon humble paroisse te sont grandes ouvertes.

Calypso
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COMMENTAIRES : Sachez mes chers que vous vous trouvez face à la Reine de l'Académie. Reine que vous devrez acclamer, admirer parce que j'ai été élue par tout le monde comme étant la plus belle de cette fichue Académie. Mais ne vous réjouissez pas : beauté ne veut pas dire stupidité...
Ça fait six ans que je suis réélue, et je compte bien continuer jusqu'à mon départ.
Je suis également la Dirigeante en chef du Quartier Nord et je peux vous faire décapiter d'un simple claquement de doigt. Je suis également une prostituée de luxe et mes clients me sont entièrement dévoués alors dis un seul truc de travers sur moi et j't'envois en prison jusqu'à la fin de ta vie !

Allez sans rancune : je suis magnifique et intelligente, t'es rien face à moi !


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JE SUIS: un incertain, je peux basculer d'un côté comme de l'autre


MessageSujet: Re: Luka Earhart Luka Earhart  Icon_minitime1Mar 29 Oct - 12:49

Bon retour parmi nouuuuuuuuuus L
Je remets immédiatement le RP qu'on avait dans le Quartier Nord, réponds-y quand tu peux ;)

Bienvenue chez les
LES CITOYENS



© Jason


DÉSORMAIS TU POURRAS ►
... aller te recenser pour éviter de te faire arrêter par la Police sans passeport ;
... aller demander un rang pour qu'on puisse mieux savoir qui tu es ;
... te faire de nouveaux amis influents pour pouvoir être survivre ici ;
Et t'amuser parmi nous en te baladant dans la ville !

https://projet-weins.forumgratuit.org
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MessageSujet: Re: Luka Earhart Luka Earhart  Icon_minitime1Mar 29 Oct - 13:37

Sans rancune, Ezéchiel * copie-colle discrètement l'orthographe du prénom * Je t'ai envoyé un mp pour discuter de ça, si jamais tu passes sous ton DC.
Et c'est avec plaisir que je viendrai te rendre visite.

Merciiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii * récupère ses poneys, ses fraises tagada et va courir toute nue dans un champs *

Je te réponds au plus vite. Ca va être trop le trop bien <3

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COMMENTAIRES : Je sais ce que tu penses : « C'est six fois qu'il a tiré ou c'est cinq seulement ? ». Si tu veux savoir, dans tout ce bordel, j'ai pas très bien compté non plus. Mais c'est un Magnum .44, le plus puissant soufflant qu'il y ait au monde, un calibre à vous arracher toute la cervelle. Tu dois te poser qu'une question : « Est-ce que je tente ma chance ? ». Vas-y, tu la tentes ou pas ?

Cet engin raffiné est un Magnum 44 automatique. Redoutable. Correctement utilisé, il efface un homme et ses empreintes digitales aussi.
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MessageSujet: Re: Luka Earhart Luka Earhart  Icon_minitime1Dim 3 Nov - 4:46

Un petit mot juste pour réaffirmer que tu as la primauté (puisque l'ancienneté) sur le déroulement des événements qui concernent ton organisation. Je suis cool comme un marshmallow et plus flexible qu'une travailleuse indépendante non syndiquée qui tarife ses services à l'heure dans la banlieue d'Hanoï (une pute Thaïlandaise pour les incultes).

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MessageSujet: Re: Luka Earhart Luka Earhart  Icon_minitime1Dim 3 Nov - 10:01

Sans vouloir te vexer, mon chou, tu ferais une pute thaïlandaise particulièrement laide What a Face
Merci, en tout cas. C'est très sympa. Et puis je te prends au mot, je vais t'exploiter comme il se doit, et si t'es mineure et non consentante c'est encore mieux <3
(oui, bon, j'arrête de dire des horreurs...)

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MessageSujet: Re: Luka Earhart Luka Earhart  Icon_minitime1Lun 4 Nov - 3:11

Pan sur mon bec, je me corrige plus vite qu'un sado-masochiste qui ferait exprès d'être maladroit. Hanoï est la capitale du Viet-nam, c'est donc moi le gros inculte.

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MessageSujet: Re: Luka Earhart Luka Earhart  Icon_minitime1Lun 4 Nov - 10:01

Non mais tu voulais dire Bangkok, c'est ton correcteur orthographique qui a fait n'importe quoi, et t'y es pour rien (je suis sympa, t'as vu)
Bon allez, on arrête de flooder, petite brute sado-masochiste. Vu ce qui se trame, on va avoir tout le temps de causer, toi et moi What a Face


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MessageSujet: Re: Luka Earhart Luka Earhart  Icon_minitime1



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