Le jardin... Des arbres, des feuilles, des mégots, ça à l'air presque beau en été...

Adossée à un arbre, arrachant quelques brins d'herbe par-ci par là, mes lunettes de soleil sur le nez, je rêvassais doucement. J'avais bien fait de venir habiter ici finalement... Bien entendu, Melbourne me manque... Mes amis me manquent, ceux que je considérais comme ma famille... Mes yeux se fermèrent doucement, et dans ma tête se dessinèrent les visages des personnes que j'ai rencontrés ici.

Il fait de plus en plus chaud : heureusement, je ne porte qu'un débardeur et un short, sinon je serais surement morte de chaleur depuis un bout de temps déjà...
Mes cheveux détachés contrastent fortement avec le tronc d'arbre un peu sombre, tache brune brillant de mille feux... Mes écouteurs dans les oreilles, je laisse défiler les chansons : la chaleur aidant, les chansons qui passe sur mon Ipod me berçe doucement, je finis par m'endormir, calmement, posément...

Lorsque je rouvre les yeux, je ne suis plus dans le parc... Je suis dans une... d'ailleurs oui, où suis-je ? Je vois des arbres, par centaine, mais ce n'est pas une forêt... Les arbres ont la tête à l'envers... Ce n'est pas le feuillage qui s'élève vers le ciel, mais les racines... J'entends un crôassement, et me tourne, pensant tomber nez à nez avec un corbeau noir de jais, mais je me retrouve face à un tout petit oiseau, qui tiendrait dans la paume de ma main aisément, aussi vert que l'herbe sur laquelle j'étais allongée...
J'avance doucement ma main vers lui, pour le toucher, et il s'envole en poussant un crôassment strident. Je m'en bouche les oreilles, et ferme les yeux...
Quand je les rouvre, je suis à nouveau dans le parc de Weins... Ou presque...

« Euh... L'herbe était verte aux dernières nouvelles, non ? »

Je me pose la question à haute voix, en voyant l'herbe bleue électrique sous mes pieds. Je baisse les yeux : je ne porte plus mon short, mais un espèce de pagne en feuille de palmier, et je ne porte ni débardeur ni soutien-gorge... J'ouvre de grands yeux, quand j'entends quelqu'un toussoter : je lève les yeux, tous mes amis sont là, dans la même tenue que moi : du moins, des gens qui leur ressemblent mais avec des cheveux et des yeux multicolors

Pudique, je cache ma poitrine, mais chacun m'attrape par les bras tandis que d'autres me pousse pour me forcer à les suivre : je me débats en criant que je ne veux pas, mais ils ne me lâche pas.
Je tombe à terre, et reste allongée un long moment, sur un sol blanc comme la neige... D'ailleurs, il est en neige...
Je vois une main se présenter devant mes yeux, et la saisit : je me retrouve face à un Fred des plus élégants, dans un costume noir, ceux qu'on ne porte que lors de grande occasion. Je baisse les yeux vers ma propre tenue, mais non, je ne porte plus cet horrible costume en feuille de palmier : je suis vêtue d'une somptueuse robe rouge sang. Fred me prends le bras et m'entraîne vers une piste de danse, où nous nous mettons à tournoyer, tournoyer, tournoyer... Tellement vite, tellement fort... La musique est assourdissante, les rires des autres invités me donnent mal à la tête, j'ai envie de sortir de la salle, mais Fred me tient toujours contre lui et je me retrouve une nouvelle fois presque nue...
Je glisse, et suis à moitié piétinée par la cohorte des danseurs...
Je mets mes bras autour de ma tête pour me protéger et cris :

« Non, Non, Non !! »

Soudain, tout s'arrête... Je n'entends plus rien, plus un bruit, plus un mot... A ce moment, je rouvre les yeux : cette fois, je suis bien dans le parc de Weins... Le soleil commence à décliner, et je cherche à tatons mon portable : j'ai dormit durant trois heures ! J'ouvre grand les yeux et me redresse... Je passe la main dans mes cheveux, perplexe...

« J'aurais pas dû choisir l'omelette... »

Je hausse les épaules avec un petit sourire. Je ne sais pas ce qu'ils ont mis dans leur omelette, mais les champignons hallucinogènes, c'est pas si mauvais que ça...Même si ça fait faire de sacrés rêves... Un craquement me fait tourner vivement la tête, je ne vois pas qui est là. On m'observe et la personne semble pouffer de rire. Qu'ais-je donc fait ou dit durant mon sommeil ?

J'avais l'esprit encore embrumé de toutes ces conneries de rêves stupides. Pourquoi je ne fais jamais des rêves normaux ? Pas des rêves avec de l'herbe bleu et des gens à la peau multicolor. Je luttais pour garder les yeux ouverts, le soleil en était la cause, bien qu'il ne soit plus très présent, laissant sa place peu à peu à la lune, il me brulait les yeux, et je m'empresse de les frotter avec mes poings en baillant bruyamment. Cette longue sieste m'avait fait du bien, plus de bien que je ne l'aurais cru. Ca m'avait remis les idées en place. J'avais d'ailleurs séché toute mon après-midi grâce à cette sieste, que du bonheur.

Je pensais que la personne qui m'avait vue tout à l'heure avait disparu, mais des bruits de pas, lourd, se dirigèrent vers moi. Je tournai vivement la tête, manquant de me faire un torticolis. Cette personne n'était autre que Fred, pas en costard, évidemment, sinon je serais encore en train de rêver. Sa voix me fit bizarrement mal aux oreilles, c'est sur que, comparé aux gazouillements des oiseaux, elle n'a rien d'agréable. « T'as la gueule de quelqu'un qui a bouffé des champignons qui font voir des couleurs. » Je souris malgré moi, ces champignons ne faisait définitivement pas voir que des couleurs. « Et alors ? T'as vu la tienne ? Remarque, ça change pas vraiment de d'habitude... » M'exclamais-je d'une voix rauque et pâteuse qui me fit encore plus mal aux oreilles. Cette remarque cinglante, bien que très acide, n'était pas méchante, loin de là, c'était juste pour le taquiner et il le savait très bien. La première fois que nous nous étions adressé la parole c'était pour nous insulter, alors cette petite phrase était tout à fait anodine !

Avec le temps, je ne faisais même plus attention à ce qu'il avait dans la main quand il se tenait près de moi, même si je n'appreciais pas trop que mes amis - parce qu'il était mon ami - prennent ce genre de chose, je n'étais pas sa mère et je n'avais donc aucun droit de lui dire ou interdire quoique ce soit. Il était mineur et vacciné. Quoique, vacciné, je n'en étais pas vraiment certaine...

Il s'asseya près de moi avant de planter son regard dans le mien, sans doute à la recherche d'un truc suspect. Je fronçai les sourcils et plissé les yeux pour lui rendre la tâche plus difficile,mais le laissait faire quand même. Encore un peu et il me prenait le menton entre les mains pour encore mieux me détailler. Je souris de nouveau. Une fois son investigation terminée, il me tendit ce qu'il fumait et je reculais vivement avec un air faussement dégouté. « Tu veux partager mon petit déjeuner ? » Je repoussais cette chose hautement nocive pour la santé du bout des doigts et levais les yeux au ciel. « Argh, dégages avec ça ! Tu voudrais quand même pas me faire basculer du mauvais côté » Dis-je d'un ton choqué et innocent avant de rire bêtement.

Nous restâmes un long moment à ne rien faire, sans rien dire et je me surpris à le détailler avant de lacher brusquement. « N'empêche, t'es quand même beaucoup plus beau en costard ! »