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La Foire aux Monstres
Jason
Jason Lecter
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MessageSujet: La Foire aux Monstres La Foire aux Monstres Icon_minitime1Mer 10 Juil - 20:24

La théorie du Chaos


Et ça vole, et ça déchire ça fracasse et ça hurle. Dans l’entrepôt la voix résonne contre la tôle, de hurlements à ordres crachés, de virulences à cruautés les limites sont en miettes, elles gisent au sol sans plus personne d’assez minutieux pour les remettre en ordre. On se tait, on baisse la tête et on fuit, cloîtré au dortoir de peur de croiser le chemin du monstre. La bête est lâchée, adieu laisse, muselière et collier. Et après la vague le silence retombe en laissant place à un vent lourd jamais agréable. Des bruits d’outils, des ronchonnements interminables et des crissements métalliques, chanson du Tyran à l’ouvrage, de l’artisan à son art.    

Autour du bureau et des tables la meute de chien ne dort que d’un œil, agencée en cercle près de leur maître comme en barrière à toute intrusion ils ont saisi bien vite les humeurs de celui qui les a libéré une certaine nuit, les arrachant au chenil restreint de la prison. Lorsqu’il cri ils s’éloignent, vont faire un tour et lorsque les mots cessent ils reviennent sagement sans qu’il ait besoin d’appeler. On ne comprend pas la chose, c’est à faire dérailler un psy tant c’est bancal mais ça … c’est digne du Clown. Au plus proche du bureau, le molosse des arènes deux fois plus gros que ses comparses canins qui demeure assis, la tête posée sur la cuisse de Jason qui s’affaire. Entre deux prises d’ustensiles il accorde une caresse à l’animal qui somnole, une attention comme logique de rassurer ce frère inquiet. Devant Lecter une autre bombe en cours mais qu’il ne parvient pas à finir comme à son habitude. Les yeux qu’il pose sur les fils, le matériel, chaque pièce soulève une nuée de « si » détestables qu’il ne parvient pas à ravaler. Et si tout merdait encore ? Et si cette pièce ne fonctionnait pas ? Et si … trop ! Bien trop de questions et ça ne lui ressemble tellement pas de se les poser qu’il part en vrille toutes les trente minutes voir moins.
« Incapable » ça bourdonne dans ses oreilles. Elle a osé, petite poule prétentieuse et sans cervelle ! Elle a osé l’insulter ! Directement, sans retenue alors qu’il a toujours eu la correction de ne pas la renvoyer dans la fange où elle se prélasse. Jamais les mots pute, femme facile et autres dérivés n’avaient passé la bouche ravagée de Jason. Oh il l’avait pensé parfois -c’est de bonne guerre entre rivaux- mais de là à le dire ça non. Pas respect, parce qu’il la trouvait tout de même digne de termes moins avilissants mais là … en l’humiliant de la sorte elle a porté un coup tellement bas qu’il a perdu pied et que s’il est actuellement en train de ramper, il arrache tout ce qui lui passe sous les ongles. Cette fille va payer, elle DOIT payer ! N’importe comment et surtout que ça vienne de sa main à lui ; de la pire manière quitte à la torturer un an entier à la seule lueur d’une ampoule.
Bouffé, c’est ainsi qu’il se sent. Bouffé par l’ennui, par l’inactivité et la haine ; comme un putain de cadavre rongé par les vers et se décomposant sans pouvoir rien y faire. Ça ne passe, pas, impossible ! Il peut l’avaler, le ravaler sans arrêt ça lui reste en travers de la gorge et rien n’y fait. Les sermons d’Alonso lui importent peu, les gens qu’ils croisent sont autant de cibles potentielles et s’il s’écroule régulièrement sur l’épaule du Croque mitaine tant il s’épuise à enrager c’est pour mieux revenir le lendemain plus virulent encore ; claquemuré dans une routine devenue dévorante et obsessionnelle. Une image de Reine dont il ne rêve plus que de voir la tête arrachée, le corps en charpie et tant qu’à faire, l’esprit flingué par tout les côtés. A-t-il seulement désiré la mort d’une personne à ce point auparavant ? Pas sûr mais par la même, personne ne l’a à ce point descendu en flèche, personne n’a jamais porté à ce point atteinte à son rang.

Le Cubain apparaît soudain, un sourcil arqué d’interrogation et il approche du bureau dans sa nonchalance habituelle, se posant sur le bord avant de croiser les bras. Le visage peint d’une expression sévère, il jette un œil aux mécanismes dont il ne comprend rien mais qui ne semblent guère avancer à l’allure qu’il connaît.

« Il te manque des trucs pour la finir ? » Demande-t-il, presque soucieux.
« Même pas ! » Rétorque rudement Jason, claquant tout sur le le plateau avant de se laisser aller dans le fond de son siège, balançant ses lunettes par dessus la pagaille. « Mais j’en viens à me demander si celle là pétera pas de travers aussi ! Histoire d’assaisonner mon mauvais karma ! »
« Y’a pas de raisons enfin, t’as changé de fournisseur et il avait pas l’air trop con non ? »
« Encore du bas de gamme ; regarde les fils y’a qu’à les dénuder et tout le cuivre fout le camp avec. C’est merdique et ça vaut même pas ce que j’ai payé. » Soupire-t-il, appuyant la joue contre son poing, l’autre main frottant pensivement la tête du molosse.
« Hm … Boogie est pas là ? »
« Parti réceptionner la livraison d’armes dehors et d’ailleurs depuis quand ça t’intéresse ? Tu te fous de lui comme de ta première chemise. » Persifle le balafré.
« Depuis qu’il est le seul capable de te tenir dans ton lit. Tu comptes les heures sérieusement ? »
« Non, j’en sais rien. D’ailleurs il est quelle heure ? »
« Onze heures dix, il fait nuit je précise ... Oh et la météo annonce de l’orage ! »
« Très drôle tien ! Déjà onze heures ? Fais chier ... » Croisant les deux mains derrière sa nuque, Lecter baisse la tête et clos les paupières.
« Ouais déjà ; t’as pas bougé de là depuis midi. Par contre … tu ralentis pas la clope je vois. T’as tué combien de paquets aujourd’hui ? »
« J’sais pas … quatre ? »
« Arrête Jason, franchement va dormir un peu, t’as pratiquement plus de voix et tu t’es regardé dans un miroir dernièrement ? Cette semaine t’es tellement à cran que t’as dû perdre cinq kilos ! »
« Raaah fous moi la paix Alonso ! T’as pas autre chose à foutre que de venir me polluer les tympans ? »
« Mais bon dieu tu vas arrêter ? T’es mon patron ok mais on se connaît depuis un bail Jason ! Je m’inquiète pour toi là et si ça te dépasse je peux éventuellement le concevoir mais j’ai pas envie d’assister à ton suicide à petit feu ! »

Chassant l’air d’un mouvement lassé de la main, Lecter l’enjoint à se taire mais cette fois c’en est trop. Le Cubain abat sauvagement les deux mains sur le bureau -le faisant tanguer- avant de se pencher sur le Clown qui lève enfin les yeux dans sa direction. Non mais qu’est-ce qui lui prend là tout de suite ? Depuis quand est-il devenu un chien capable d’aboyer sans commandement ?

« Oh dis donc tu te calmes oui ? »
« Tu la boucles Lecter ! Parce que là j’en ai ma claque de toi et de tes humeurs ! Je sais très bien à quoi tu penses et je suis loin d’approuver ! » Fulmine le géant en face.
« Ah tiens donc ? Devenu extra lucide Alonso ? Première nouvelle ... »
« Tu veux faire péter le Nord et buter Calypso ! Tu porterais une pancarte l’annonçant que ce serait pareil et laisse moi te dire que moi vivant tu ne mettras pas un pied au Nord pas plus que tu toucheras à un seul de ses cheveux tu imprimes ça ou je dois te l’envoyer en recommandé ? »
« Je te savais pas amouraché de la harpie, comme c’est mignon. »

Jambes croisées, sourire aiguisé le Clown se moque, il jure, il crache du venin mais cette fois c’est hors de question pour le Cubain de rester stoïque. Ils courent à leur perte, tous autant qu’ils sont s’ils le suivent à ça.  Que Jason se moque, qu’il insulte c’est bien le cadet de ses soucis et d’un mouvement vers l’avant il vient accrocher les deux mains à la chemise du tyran, le soulevant de sa chaise au point de le faire pratiquement s’étaler sur le plan de travail qui les sépare.

« C’est une question de logique bordel ! Tu ne PEUX PAS attaquer le Nord Jason ! Fais ça et on y passe tous pour un putain de caprice à propos d’une foutue bombe qui a merdé ! Elle t’a insulté ? La belle affaire, tu l’as agressée pour une simple histoire de fournisseur ! Tu sais comment elle est ! Elle est comme toi elle ne s’excusera pas ! A t’enliser dans tes délires tu vas nous envoyer au casse pipe et encore je suis gentil parce que tout ce qui va arriver c’est que les mecs vont se retourner contre toi et c’est pas avec ton état actuel que tu en sortiras vivant ! »
« Vire tes mains de là sinon ... »
« Sinon quoi Lecter ? Tu vas me buter aussi ? Mais vas-y ! Tue moi si tu peux ! T’es tellement défoncé et enragé que tu sais même plus faire la différence entre les conseils et les insultes ! Tu ne parles plus tu gueules et tu as même pas percuté que ça fait des jours que t’as pas lâché le moindre rire ! Réveille toi merde ! »

Le Cubain voit bien l’étincelle, il sent tout le corps de son chef se tendre comme un arc mais ne voit pas venir la lame qui lui entaille l’avant bras assez profondément pour l’obliger à lâcher prise. À peine libéré Jason bondit en arrière et laisse filer un sifflement pour ordonner aux chiens de sortir. Eux s’exécutent sans demander leur reste et le Cubain soupire tandis que le Tyran resserre les doigts sur la paire de ciseaux qu’il tient.    

« Tu as peut-être un rang Alonso mais il ne te donne aucunement le droit de remettre mes décisions en question ! Le premier qui songe à l’ouvrir de la même manière que toi je le descend et ça s’arrête là ! Oui je vais faire sauter ce putain de quartier et oui je vais l’écorcher vive et crois moi t’es pas en mesure d’arrêter ça ! »
« Mais c’est même pas une question de contredire ! Franchement je te reconnais pas, tu prévois plus et tu penses mêmes plus ! T’as même plus assez de limites pour réaliser que si tu t’attaques au Nord c’est pas que toi, pas que nous qui allons morfler c’est tout le Sud ! Y’a des gens qui vivent là Jason merde ! »
« Je m’en balance des gens, qu’ils crèvent tous je m’en fous tu le sais pas encore ? » Hurle le Clown, balançant un coup de pied dans sa chaise qui s’en va racler le sol.

Mais sans annonce le poing du Cubain -qui venait d’arriver à sa hauteur- percute sa mâchoire et Lecter s’en va heurter violemment la table derrière lui, renversant la moitié des papiers qui l’occupaient. Secouant la tête au ralenti tant il est anesthésié par le choc, il essuie rapidement le sang au coin de ses lèvres et lève une paires d’yeux noirs sur son homme de main qui reprend aussitôt, le pointant d’un doigt accusateur.

« Oh si je le sais ! Trop bien même mais là encore ouvre les yeux ! Y’a pas qu’elle au Nord, c’est une ville dans la ville mais si elle bouge tout le monde va bouger avec ! Elle connaît les flics et elle serait capable de te balancer une descente armée ! Tu contrôles le Sud c’est vrai mais si le gouvernement s’en mêle crois-moi bien les trois quarts de ton royaume vont se barrer en courant parce que oui Jason ils sont aussi égoïstes que toi ! Personne se fera saigner pour tes idées et personne ira en taule pour toi parce que pour eux tu es une saloperie de tyran et que malheureusement pour toi, quand ça merde les Tyrans on les laisse crever ! Moi je te tournerai pas le dos, Boogie non plus mais on a jamais fait la révolution à trois contre une ville entière ! Gordon attend que ça ; un faux pas de ta part pour te plomber et t’es en train de foncer en plein dedans ! »

S’il n’était pas maquillé, Jason serait tout de même aussi blanc que le fard qu’il porte. Les mots viennent de provoquer un ouragan et s’il ouvre la bouche, aucun son ne sort de là. Dix ans à bâtir un empire, dix ans à croire qu’il tenait quelque chose pour s’entendre finalement dire qu’une gamine qui se vend aux politiciens et aux cols blancs en possède largement plus que lui sans y avoir laissé grand chose en contrepartie. Sa fierté se brise comme du verre, son honneur craque, le clown se disloque. Avec ce discours le Cubain le renvoi à une jeunesse où il ne possédait rien. Époque où il arrivait dans ce quartier en parfait inconnu au visage intact, les cheveux blonds comme le blé en été, insouciant mais ambitieux, savourant un parfum de révolution qu’il aimait à croire un jour libératrice. Une décennie passée, des heures à y travailler, à sacrifier, scarifier corps et âme pour quoi ? Pour en arriver à quoi ? A revenir lamentablement à la case départ en se sentant perdant ? Pas lui ! C’est impossible ! Il est le maître du Sud ! Ou seulement le maître d’une meute de chiens et un type seulement suivit de deux autres ? Ça vacille, c’est pathétique, c’est … une mascarade. Une putain de farce tellement énorme qu’il n’a plus ni la force ni l’envie d’en rire. Le vertige qui le prend est sans commune mesure, sans précédant et la porte qui s’ouvre sur son second  lui semble à des années lumières de la réalité. A-t-il entendu ça ? Certainement. Il aura attendu le calme pour entrer. Boogie s’invite rarement sans y être autorisé. Aussitôt Alonso l’interpelle, comme cherchant à sauver ce qui peut encore l’être. Parce que sans son avis à lui c’est peine perdue.

« Dis lui toi ! Ça nous apportera rien ! »

Lecter grimace, fait craquer sa mâchoire et cherche le regard glacé du Croque Mitaine.

« Et bien vas-y, donne ton avis toi aussi qu’on en finisse une bonne fois pour toute ! » Ça sort, mais d’une voix blanche. Les ciseaux lui glissent des mains, Jason s’en moque et reste là encore debout sans plus savoir à quoi ça rime. « Exprime toi Boogie c’est une discussion au sommet et dis-moi si tu partages cette idée que je creuse ma propre tombe ? »

De lui il a toujours attendu la vérité et depuis peu plus jamais de secrets, plus jamais de non-dit mais cette fois, comme prévoyant les paroles à venir Lecter voudrait pourtant l’inverse. Quand bien même ça le tuerait, quand bien même ça les tuerait tous. Le Clown veut la franchise, il lui a fait promettre après leurs dernières disputes et ce qui vient, il faudra l’entendre aussi pénible que ce soit. Mens-moi … Dis-moi que ça ira, même s’il a raison, mens-moi.                

© Jason L.

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COMMENTAIRES : Mon monde est une vaste étendue aride couverte de poussière et d'une végétation desséchée. Les arbres y sont tordus et leurs branches aux mains griffues écorchent et s'accrochent. Les seules visites que j'y reçois sont celles de spectres décharnés, de bêtes sauvages et de monstres sanguinaires. J'habite au coeur d'hectares désolés où j'expose des cadavres d'une macabre Beauté, et lorsque je parcours ces champs de Mort et de Douleur, marchant seul sur des ossements humains, les seules fleurs qui se mêlent à mes cheveux sont les flocons de neige qui descendent d'un ciel gris plombé.
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MessageSujet: Re: La Foire aux Monstres La Foire aux Monstres Icon_minitime1Mer 10 Juil - 23:19

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Dans les circonstances actuelles, on trouvera pas mieux...pour ce que j'en vois, elles nous pèteront pas dans les mains. Mais on est loin de la qualité des mois précédents.
C'est narines pincées et lèvres serrées que Boogie réceptionne cette petite phrase soufflée au creux de son oreille par celui qui a été catapulté responsable de l'arsenal après le dernier achat d'armes défectueuses. Son prédécesseur a fini démembré et jeté aux ordures. L'homme sait qu'il risque sa peau dès qu'il ouvre la bouche et que l'honnêteté est préférable à un joli mensonge. En silence Boogie inspecte l'arme de poing qu'il a à la main. Il en fait jouer les mécanismes, écoute le chant métallique de l'arme qui ne semble souffrir d'aucun défaut. Ses iris polaires se lèvent sur le visage du fournisseur qui essaie de rester impassible mais le petit tic de paupière n'échappe pas au Croque-Mitaine. L'autre est nerveux, veut absolument se débarrasser rapidement de sa marchandise pour rentrer chez lui remercier le ciel d'être encore en vie après cette entrevue. Ils n'auront pas mieux et ces derniers temps, leurs fournisseurs avaient une sacrée tendance à fuir dans le Nord. La petite vipère disposait déjà d'un gros avantage sur eux avec sa main mise sur la politique et les flics. Ce terrain-là était déjà miné, ils devaient se tourner vers l'autre côté de la chaîne alimentaire humaine. La lie...quelle qu'elle soit. Et cela allait passer par des accords, des liens commerciaux. Insuffler la crainte mais pas la terreur. Boogie prend une grande inspiration tout en jetant l'arme dans la boîte en bois. On prends. A ces mots, une poignée de sous-fifres se mettent en branle pour faire rentrer les armes dans le repaire tandis que le Croque-Mitaine tend une enveloppe pleine à craquer de billets. Des doigts se referment sur le papier tandis que les siens se referment sur un poignet. Pouls rapide, coeur qui s'emballe aussitôt. La main de Boogie glisse jusqu'à celle de l'homme et il la lui serre presque amicalement. Je suis prêt à devenir un client fidèle. Restes droit et honnête avec moi et tout se passera bien. On est d'accord? Sous-entendu, files au Nord, je te retrouverais. L'autre opine du chef avant de décamper. Poings sur les hanches et paupières plissées, Boogie suit du regard le vendeur d'armes jusqu'à ce qu'une main lui tapote l'épaule. Ca gueule chez Lecter.... Il hausse les épaules. Comme toujours. Nan. Je veux dire, ça gueule "vraiment".


...Gordon attend que ça ; un faux pas de ta part pour te plomber et t’es en train de foncer en plein dedans !
Main sur la poignée, Boogie la tourne et ouvre la porte. Pas le temps de poser un pied dans la pièce que le Cubain le prend aussitôt à partie. Pas le temps de répondre, Jason embraie aussitôt. Le regard clair va de l'un - blessé au bras - à l'autre - blessé au visage. Une bombe inachevée git lamentablement sur la table. Un ouvrage presque routinier et réflexe chez Lecter mais dont il semble incapable de mener à terme ces derniers temps. Obsédé par son unique échec, littéralement possédé par Calypso, le Clown stagne dans un maëlstrom de fureur aveugle et dénué de la moindre réflexion. Enragé, il s'acharne sur une plaie s'énervant autant que se repaissant de la douleur provoquée. Le Croque-Mitaine pousse un soupir sonore avant de se saisir d'une chaise et de s'y poser. L'air de la pièce semble saturé d'électricité et tout ce qu'il trouve à opposer à cette énergie dévastatrice contenue, c'est un calme olympien. Presque du détachement. Etendant les jambes devant lui, Boogie noue ses bras derrière le dossier de son siège avant d'enfin se décider à parler.

On en est là alors... Son regard croise celui de Lecter. Moi aussi, j'ai envie de buter cette harpie, de lui faire ravaler son orgueil et de lui piétiner le visage quitte à mettre le Nord à feu et à sang. commence-t-il. Rien ne lui ferait plus plaisir. Mais cette damnée femme détient trop de gens entre ses griffes, trop d'influence. D'ailleurs comment parvient-elle à tout gérer sans faux pas? L'élite, les politiques, les flics...il doit bien y avoir un moment où elle relâche la pression toute autoritaire qu'elle soit. On ne s'en prend pas à une engeance pareille sans planifier soigneusement et pallier à toute éventualité. Autant dire que ces derniers temps, c'est le genre de choses qui passe carrément au-dessus de la tête de Lecter. Boogie poursuivit. Mais il s'agit là de vengeance personnelle. La sérénité fait l'arme, gardes toi d'engager un combat sous le flux des émotions. Le Croque-Mitaine a de l'azote liquide dans les veines. Monstre de détachement, même lorsqu'il commet les actes les plus odieux et violents, ils sont exécutés de manière logique. La colère doit être un carburant sur le long terme pas un boost éphémère. T'es complètement possédé par elle et par l'affront qu'elle t'a fait. Elle te bouffe et te hante. A tel point que tu ne penses à rien d'autre. Tu n'arrives même pas à te concentrer sur une tâche d'une difficulté enfantine. dit-il en indiquant du menton la bombe inachevée. Les iris clairs se posent brièvement sur Alonso avant de lâcher la mine sombre. Et je suis d'accord avec lui. Malgré sa présence constante, malgré les trésors de patience et de tempérance que Boogie s'évertuait à déployer, il ne parvenait pas à apaiser la tempête qui régnait chez Jason. Il assistait à l'érosion lente et inéluctable de son frère d'armes sans réussir à lui apporter une once de paix. Qu'il veille son sommeil, qu'il promette de rester toute la nuit, qu'il lui prête ses bras, qu'il use et abuse de sa voix calme et mesurée, rien n'y faisait. Possédé était le terme...Tu es en train de t'auto-détruire, de te perdre. Je te reconnais plus parfois. Et pour qui en définitive? Une gamine de 22 ans influente et aux cuisses accueillantes? Question rhétorique qu'il préféra laisser en suspens.


Jason
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MessageSujet: Re: La Foire aux Monstres La Foire aux Monstres Icon_minitime1Jeu 11 Juil - 0:55

La théorie du Chaos


Pas un mot, il n’a pas su prononcer un seul mot. Extérieurement Lecter est d’un mutisme jamais égalé, statue de pierre ne battant plus des cils et ayant comme oublié sa capacité à respirer. Mais à l’intérieur il s’est décomposé, c’est allé trop loin et lorsqu’il lève les yeux, qu’il les regarde tour à tour il semble ne plus les reconnaître. Il voit une accusation, il ne se sent plus maître, plus tyran, même plus lui et quelque part au fond de lui la bête s’écroule. Ses jambes lâchent, il se retient de justesse à la table derrière. Pas eux ! Ils n’ont pas le droit ! Ils ne peuvent pas le critiquer, ils ne peuvent pas lui faire ça ! Pas là, pas alors qu’il a un pied dans le vide. Pour qui ? Pour une petite garce qui a crié ce que pas même eux qu’il connaît depuis des lustres n’avaient osé dire. La colère devrait venir, elle devrait lui faire bouillir le sang dans les veines au lieu de ça il n’a que l’amertume sur la langue, ce goût immonde de cendre froides qui lui envahit la gorge et la sensation qu’ils lui tournent le dos. Il ne voulait pas entendre ça, aussi fort qu’il a réclamé une mise au point il la rejette et c’est dans une lenteur terrifiante tant elle lui va mal qu’il se redresse, abaisse les paupières et reprend le contrôle de son corps. Un pas, deux, il arrête de compter et ses doigts se referment sur la veste de costume noir qu’il arbore désormais faute de ses anciens atours. Gelé, il est frigorifié et malgré tout la fièvre lui brouille la vue.

Comme choqué de ne pas entendre un cri, d’assister à cette scène proche du surréaliste le Cubain cherche le regard du second sans plus savoir s’il faut parler ou non. Lecter récupère cigarettes et briquet, en allume une d’un même geste ralenti et rangeant le tout dans sa poche il reprend la parole.

« On en est là … ouais. » Cette voix qui traverse ses lèvres semble ne plus lui appartenir tant elle est neutre, placide. « Je vous souhaite de faire mieux, de … vous concentrer sur autre chose et … non en fait, débrouillez vous. Juste … je devrai certainement vous donner raison, si j’étais quelqu’un d’autre. Mais …  je suis toujours moi et je n’y arrive pas. »

Il pivote, les dépasse et s’éloigne. Une dernière fois il se retourne tout de même, les dévisage l’un et l’autre. Comme au premier jour, il aimerait y revenir et oublier ça, retourner à avant. Idée fusante qu’il ne devrait même pas avoir. Le passé c’est le passé hein ? Certes, ça ne devrait même pas le toucher mais ça le fait tout de même. Alors Jason plisse lentement les lèvres, remonte son col d’une main et soupire.

« Profitez du calme surtout, et faites de beaux rêves ... mes petits monstres. »

Il ouvre, la voix d’Alonso hurle son nom mais il referme derrière lui et à peine dehors la meute le rejoint. Une caresse aux têtes les plus proches, du bout des doigts et l’homme reprend sa marche. Les sbires qu’il croise deviennent invisibles, ombres parmi les ombres et à mesure qu’il avance quelque chose tremble en lui. Bientôt il jette un mégot consumé, marche sans plus savoir où aller mais parce qu’il connaît tellement de raccourcis ses pas l’entraînent jusqu’à une zone qu’il a trop fréquenté.
Figé devant la grille branlante de cette fête foraine en ruine qu’on a jamais démolie parce qu’il est coutume au Sud de conserver certaines choses Jason inspire profondément, fait sauter le cadenas d’une balle tirée et ouvre le portail en grand. Les chiens s’engagent devant lui, reniflent tout ce qui se trouve autour et le Clown lui lève le nez sur la grande roue tellement rouillée que chacune de ses navettes se balancent en grinçant. Un tour sur lui même, sur ce paysage de joie passée que le temps a juste rendu désolé et vide. Autrefois ici avaient résonné des rires et des cris d’allégresse, une joyeuse cacophonie désormais éteinte comme une mèche de bougie noyée dans sa propre cire. Les couleurs délavées de la place sont en parfait accord avec ce qu’il voit lorsqu’il fait le point sur sa vie, sur ce qui vient d’arriver et il a beau ressasser, il a beau y réfléchir il ne sait pas en venir à la conclusion qu’il a pu se tromper si lourdement.

A sa droite les chevaux de bois craquelés, à gauche les baraques de confiseries closes et taguées. La fête est finie, les ballons sont éclatés, la musique est tombée. Seul le vent, les cris métalliques et un panneau de bois qui claque animent encore ces lieux.

« Voilà mon vieux ! Ton … joyeux théâtre ! Elle n’est pas belle ta réussite Jason Lecter ? » Chante-t-il soudain, les bras grands ouverts et aussi fort que sa voix lui permet.

Lentement, avec élégance il fait la révérence aux chiens qui le dévisagent curieusement, sans trop savoir s’il s’adresse à eux ou non et à les voir têtes penchées, les yeux grands ouverts Jason part d’un grand rire, bientôt plié en deux et c’est à genoux qu’il s’écroule, une main sur les yeux. C’est sans aucun plaisir, ça ne le réchauffe pas et ça le casse un peu plus. Forçant ses jambes le clown se relève, avance jusqu’à un banc et s’y laisse tout bonnement tomber assis, les coudes sur les genoux et le nez levé vers ce tableau qui en fait … lui ressemble un peu trop.

Dix ans à construire une réalité tellement bancale qu’il suffisait d’un rien pour l’annihiler. Une foutue Reine de cœur pour bousiller tout son jeu et jeter le Joker à la corbeille. Un seul mot de travers, un « incapable » claquant comme un fouet dans son esprit déjanté. C’est lamentable au point qu’il en rit, doucement mais sans pouvoir s’arrêter et ses doigts accrochent ses cheveux, ses yeux s’ouvrent à nouveaux sur le sol poussiéreux et là, seulement là il sent les larmes raviner sur ses joues. Rageusement il retire sa veste, essuie son visage  au point d’en enlever la moitié du maquillage et ne reste du grimage qu’une relique. Pourquoi pleurer ? C’est pour les morts bordel ! Souris ! Ris ! Balancé le vêtement au loin et il renifle, retient le sel qui lui brûle les paupières. Ta mécanique est foutue Lecter. « Tu es en train de t'auto-détruire » a dit le croque mitaine. Ça n’a jamais été plus vrai. Jason a toujours vécu sur ce fil du rasoir, sans jamais voir au loin et sans jamais regarder derrière et voilà la sentence ; en voilà le prix à payer et il n’a plus la force de ramasser ce qu’il a lui même cassé. Gamin en larme d’avoir fracassé la totalité de son coffre à jouet, maintenant seul et les mains vides.

« La théorie du chaos hein ? » Il le crache d’un murmure, passe la main sur ses joues et lève à peine son regard cerné de noir quand il voit débarquer le chien aux yeux vairons.          

L’animal saute sur le banc, se couche à ses côtés et il n’y a qu’une seule raison à sa présence. Jason n’est pas le maître de cette bête là. Il en a choisi un autre, et c’est tellement logique que ça serre le cœur du clown. Ou ce qu’il en reste du clown. La créature revient toujours à son créateur, elle a promis une certaine nuit. Alors elle revient, retrouve son semblable. Sans lever la tête, comptant seulement sur l’obscurité ambiante pour sauver sa fierté éclatée Lecter ravale sa peine et murmure.

« Venu constater la … grandeur de ma chute Boogie ? Si c’est encore pour des sermons … la sortie est par là. » La voix tremble, il n’y peut rien et parce qu’il a tellement horreur de cette position de faiblesse il détourne ses yeux embués, ailleurs. « Au fond, c’est peut-être ça ma vraie place. »

© Jason L.

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MessageSujet: Re: La Foire aux Monstres La Foire aux Monstres Icon_minitime1Jeu 11 Juil - 11:18

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Une explosion aurait été préférable à ce mutisme figé. Mais Lecter ne mérite ni de beaux mensonges ni une réalité volontairement édulcorée. Quel genre de proche serait Boogie s'il agissait de la sorte? Mais la vérité nue et sans fard fait mal, elle incise et jette du sel dans les blessures qu'elle provoque. Il sait pertinemment que ses paroles vont être mal accueillies mais il n'avait pas imaginé que cela frapperait le Clown d'un autisme aussi soudain. Le corps de Lecter cède comme sous un coup de massue et le Croque-Mitaine peut entendre le son cristallin de quelque chose qui est train de se fissurer, prêt à se briser, dans la psyché de Jason. C'est un automate qui se déplace soudain, les gestes lents, réflexes, uniquement agités par une routine, une habitude éculée. Un fantôme condamné à rejouer encore et encore la même scène jusqu'à la fin des temps. Le Clown se branche en mode auxiliaire et il est totalement absent dans chaque mouvement qu'il accomplit. Boogie sent le regard d'Alonso sur ses épaules...il a toujours su calmer et apaiser les crises de colère et de rage. Qu'il réagisse. Qu'il fasse son boulot. Qu'il ramène le Jason Lecter que tout le monde connaît et redoute. Qu'il fasse réintégrer l'âme noire dans cette coquille vide. Mais le Croque-Mitaine se contente de garder le silence, immobile comme une statue, les yeux posés sur leur leader. Jusqu'en enfer, il irait jusqu'en enfer pour lui. Si Jason décidait de s'emparer de la tête de Calypso par esprit de vengeance en les emmenant à la mort, il le ferait sans réfléchir au mépris de sa logique froide, muselant son esprit stratégique qui hurlerait. Mais il aurait cru périr dans un contexte différent qu'une guerre d'ego froissé. D'un voix atone presque fataliste, Lecter semble baisser les bras, poussant du bout du pied ses responsabilités dans la direction du Cubain et du Croque-Mitaine. L'automate quitte la pièce non sans leur adresser un regard lointain. Alonso le rappelle mais la porte se referme. Deux mains secouent le Croque-Mitaine.

- Putain, Boogie. Fais quelque chose, merde!
Le regard polaire se lève sur le visage du titan. Il y a des traversées du désert dont la première étape doit se faire seul. Il ne galopera pas derrière Lecter comme il a coutume de le faire. L'amertume doit être pleinement goûtée pour pouvoir apprécier l'acide. Alonso baisse soudain les bras en secouant la tête de dépit. Il s'écarte de Boogie et quitte à son tour la pièce en claquant violemment la porte au point d'en faire vibrer les murs. Avec raideur, le Croque-Mitaine se lève, dernier acteur à quitter la scène de cet acte étrange qu'ils viennent de jouer en huis clos. Une main glissée dans la poche de sa veste de cuir, il quitte à son tour le théâtre en tirant froidement le rideau. Dans l'entrepôt, les petites abeilles travailleuses ont arrêté de butiner. Des paires d'yeux se lèvent sur Boogie qui descend d'un pas rigide les escaliers. Après un clown déprimé, un colosse paumé, voilà l'iceberg qui lui, paraît égal à lui-même, drapé dans son blizzard constant, droit et hautain. Une main sur la rampe, Boogie balaie l'entrepôt d'un regard sibérien. Il s'arrête quelques secondes sur la dernière marche avant que sa voix monocorde ne déchire le silence ambiant, résonnant sous le toit de tôle, se réverbérant sur les murs grisâtres. Qui vous a demandé d'arrêter de bosser? Petit-à-petit, la vie réactive tous ces corps. Un bruissement léger d'activité reprend son cours.
Pas mesuré, Boogie se dirige vers les double-portes menant à l'extérieur. Il tend le bras pour stopper un sbire qui avance en sens inverse et lui demander où est passé Lecter. Un geste vague dans une direction...le Croque-Mitaine n'a pas besoin de plus. Il relâche le sous-fifre et s'enfonce dans la nuit.

Nouvel acte. Autre lieu. Rien n'est plus sordide et déprimant qu'une fête foraine abandonnée. Pourtant Boogie avait toujours trouvé un certain attrait à ce genre de décor. Les herbes folles qui reprenaient leur droit, les arbres qui poussaient où bon leur semblaient et de la façon dont ils le voulaient. L'érosion lente des éléments qui dévoraient lentement les constructions humaines jusqu'à les faire complètement disparaître. Dans ces rêves de futur parfait, l'humanité avait disparu, les autoroutes disparaissaient sous la mousse et le gazon. Les centres commerciaux étaient avalés par la végétation. Dans les appartements vides, des troncs crevaient les plafonds, le sol et les murs. Et les bêtes sauvages rôdaient dans les jardins autrefois bien entretenus. Contact tiède et humide sur la bande de peau de son poignet qui dépasse d'une manche. "Petit Frère" l'a rejoint, le seul chien de la meute qui a jeté son dévolu sur lui et non sur Lecter. Les raisons lui échappent mais au final, il commence à vraiment apprécier cette présence. Boogie baisse les yeux sur le corniaud. Inutile de lui demander qui ou quoi chercher. Le Croque-Mitaine ne cherche toujours qu'une seule personne. Le chien file en trottinant, truffe à ras du sol, jusqu'à ce qu'une piste suffisamment fraîche retienne son attention. L'animal s'élance à travers l'herbe sèche, tête noire aux oreilles dressées dont le corps disparaît dans la végétation jaunâtre. A grandes enjambées, Boogie le suit jusqu'à distinguer l'ombre familière assise sur un banc. Penché en avant, Jason a l'air d'un boxeur qui s'est pris un méchant coup et attend sans enthousiasme le second round.

Sans un bruit, le Croque-Mitaine se poste derrière lui. Le Clown ne se retourne pas mais une voix brisée s'élève dans la nuit. « Venu constater la … grandeur de ma chute Boogie ? Si c’est encore pour des sermons … la sortie est par là. Au fond, c’est peut-être ça ma vraie place. »
Constater une chute? répète-t-il d'une voix douce. T'es en train de te jeter tout seul comme un grand dans le vide, Jason, mais je suis là pour éviter que tu t'éclates sur les rochers pas pour me repaître du spectacle. Il baisse les yeux sur la nuque du Clown. Une chute...Et pourquoi en définitive? Pour une bombe foirée? La seule en dix années? Parce que soudain, tu donnes du crédit aux paroles d'une gamine d'à peine 20 ans? S'accroupissant derrière le banc, les bras repliés et posés sur le dossier, il poursuit. Elle me considère comme un domestique...un serviteur...un chien. Elle l'a répété à de nombreuses reprises. Est-ce-que je donne foi à ses propos en me comportant comme tel? Non. Boogie marque une pause laissant le silence s'installer uniquement troublé par sa respiration régulière. Le menton reposant sur ses bras, il tourne doucement la tête dans la direction de Lecter, levant son regard clair sur le visage de ce dernier. Tu n'es pas incapable. T'as peut-être un karma foireux ces derniers temps mais t'es loin d'être un incapable. Et si je dois te secouer jusqu'à ce que tu le répètes en y croyant vraiment, si je dois te le graver au scalpel sur le front, je le ferais.


Jason
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MessageSujet: Re: La Foire aux Monstres La Foire aux Monstres Icon_minitime1Jeu 11 Juil - 13:27

La théorie du Chaos


Quelques temps plus tôt, il aurait réussi à le chasser, à lui dire de le laisser seul pour digérer la chose parce qu’à une époque elle ne l’aurait pas tellement secoué. C’est tellement idiot, au fond il le sait mais il ne parvient pas à l’accepter. A la réflexion, Calypso était une seule goutte d’eau ayant fait déborder le vase Lecter. Voilà un moment déjà qu’il perdait pied pour des détails, des paroles ou des faits si dérisoires qu’on se demandait et se demande toujours où est passé l’homme qui avant, se riait de tout. Comment nier les mots qui lui sont destinés ? Boogie dit vrai, il se jette tout seul mais Jason n’est pas assez humain pour savoir le reconnaître, il n’a pas envie d’ouvrir les yeux sur ça et s’y voir contrait l’ébranle d’avantage. Reprit d’une sueur froide il se sent trembler mais serre les poings, respirant aussi discrètement que possible pour tenter de défaire ce nœud qu’il a dans la gorge. Le Clown sent son regard, mais ne lui en rend aucun. Il n’est pas incapable ; pourquoi ça le hante alors ? On dit bien que la vérité blesse, peut-être mais si c’est le cas de quoi est-il incapable ? Elle ne tiendrait pas une journée dans son rôle, elle si enfermée dans un monde politiquement correct avec des gens qui la dévorent des yeux et qui lui évitent de se salir les mains. Dans le Sud, face à leurs hommes et sans Lecter pour les tenir sages elle deviendrait une poupée dont ils useraient et abuseraient à loisir. A penser de cette manière il se détend un peu, à peine cela étant. Jason a cette sensation de peser trois fois son poids, que chaque mouvement le fera grincer comme ces nacelles de grande roue dans le vent, il se force toutefois, redressant légèrement le dos.

« Tu devrais le savoir, je ne sais pas faire comme toi. Quelques fois j’ai admiré cette capacité à prendre du recul, à te repositionner pour reprendre le fil de la route mais moi … moi je n’y arrive seulement pas. Je fonce, je tente, et si ça déraille je m’extirperai du fossé avant de prendre un autre chemin tout aussi tordu. Passer ou casser, je n’ai jamais imaginé ralentir … »

Rythme épuisant, fracassant dans cette manie de vouloir tout exécuter à la perfection à la seconde où l’idée lui vient. Les automatismes qu’il a acquis comme assembler des bombes, faire chanter un piano, coudre ou défier les systèmes informatiques, devenues habitudes à la fin. Les gestes dépassent sa propre réflexion, il pourrait le faire et le refaire les yeux fermés, dans le noir le plus total parce qu’il ne doute pas de lui, il ne revient pas sur ses actes et cette bombe qu’il ne finissait pas, qu’il ne savait pas finir était alors la preuve la plus parlante de l’état qui le rongeait. Il n’existe qu’un seul poison capable de tuer Lecter : les questions. Ces maudits pourquoi, comment, et si ? Ces quelques mots qui vous passent une chaîne au cou et vous cassent dans l’élan ; voilà tout ce qui déglingue la mécanique et il s’en est beaucoup trop posé depuis un temps. Depuis Frederic, à ce verre lancé comme une insulte il s’est demandé « mais de quel droit ? Comment ose-t-il ? Pourquoi ? » Inconsciemment et de là, la nuit ça cogitait quelque part jusqu’à l’effet boule de neige qui aujourd’hui, a déclenché l’avalanche sous laquelle il étouffe. Seulement ça, des sales points d’interrogations dispersés de ci de là au détour de ses plans.
Un fin sourire semble lui arracher les lèvres, il fait mal parce qu’il est triste, forcé. Alors il retombe et avec lui la tête du clown qui cherche quoi dire. Mais que peut-il ajouter ? Une nouvelle fois une question, penser à ses paroles alors qu’il est le premier à cracher les pires horreurs, les phrases les plus alambiquées en se foutant bien des conséquences normalement.

« Il n’y a pas qu’elle Boogie, il n’y a pas que cette fille et une bombe défaillante. » Lâche-t-il enfin, la voix étranglée. « Tout ça, ça dure depuis un moment je crois. Frederic et son insolence, Tess la policière, cette harpie de Calypso … Alonso, même toi … jamais pour les mêmes raisons mais j’en suis venu à me poser des questions, à m’interroger et ça, tu n’imagines pas à quel point ça me tue. Je n’attends pas qu’on comprenne ça, c’est aberrant pour tout le monde. Que j’ai pu vivre sans jamais réfléchir sur ce qui m’entoure, je ne sais pas le faire, je fais seulement des choix et si ça foire je ne me demande pas pourquoi, je me contente de repartir au front. Et là … » Un sanglot s’échappe, il se maudit mais au diable, c’en est assez de tenir la bride alors il lâche prise et baisse les paupières sur quelques larmes qui filent de plus belle. « Ce ne sont plus mes actes que je sens remis en cause ! Ça je pourrai l’encaisser à force mais c’est moi ! Juste moi qu’on juge et qu’on cloue au pilori ! C’est moi qu’on accuse, ma façon … d’être et ça, c’est comme me cracher que ce que je croyais incarner depuis dix ans ce n’est que du vent ! »

Si ce n’était pas le Croque mitaine personne n’aurait entendu ces mots. Car aucune âme au monde n’est digne de cette confession, de ce visage qu’il montre. En cela Jason ne s’adresse plus à un second, plus à un frère d’armes mais à un ami. Comme il le faisait au temps de sa jeunesse au chien Lecter, à lui raconter ses soucis ou ses lamentations sur la bêtise humaine et jusqu’ici la bête seule avait eu le droit de porter ce titre. Aussi étroite qu’était devenu sa relation avec le Croque Mitaine, Jason la laissait être encore professionnelle et l’attachait à lui dans son rôle de Maître, il osait encore dire qu’il n’aimait pas prêter ses jouets ; le jouet n’en est définitivement plus un. Dans cette foire morte Boogie n’est plus une créature qu’il a élevé, un monstre fidèle ou un bras armé. Il devient l’allié, le confident, l’ami jamais attendu mais dont Jason avoue avoir besoin en lui confiant un mal être qui le dépasse.          
Main passée par dessus ses paupières, fixant le sol le Clown -par souci de sauver l’honneur- se retient de se jeter dans ses bras si volontiers offerts en tout temps. Ce serait certifier une faiblesse, reconnaître qu’il ne peut pas se relever seul ; sérieusement … cette mise au point est abominable.

« Je regrette le passé ; à nos débuts à tout les trois. Je voudrai … non je ne sais plus en fait. Je ne sais même plus si ça a servi quelque chose. Quand je vois tout ça, c’est bête à dire mais si demain tout s’écroule on restera juste trois. Notre … petite foire aux monstres en comité restreint. J’ai envie de te demander ce que tu y as gagné Boogie, hormis moi, hormis une petite place incertaine dans cette foutue ville … Je n’ai pas envie de penser que ce en quoi je croyais était stupide et je ne peux pas croire que j’ai un jour décidé d’endosser ce rôle pour rien ! Pas pour en arriver à m’écraser si lamentablement merde ! »

Rudement son dos heurte le fond du banc et il soupire sèchement, le regard voilé, animé d’une colère viscérale qui abat soudain la moindre notion de secret entre eux.          
   
« C’est pas … possible ! Je ne peux pas concevoir qu’après dix ans je ne possède rien de concret ici ! Et pire encore vous dites ne plus me reconnaître, et moi donc ? C’est vrai plus rien ne m’amuse en ce moment ! Bon sang je ne me suis pas collé moi même un sourire aux lèvres pour en arriver à ne plus savoir m’en servir et rire aujourd’hui ! » C’est sortir tout seul, il claque la langue. Malgré lui il a levé en partie le voile du mystère de ces balafres qui lui déchire les joues et qu’il avait pourtant gardé soigneusement entretenu depuis leur apparition. Nées sous sa propre main avoue-t-il. Il parle trop cette nuit. Alors il secoue la tête, soupire. « Oublie ça ... »

© Jason L.

Boogie
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MessageSujet: Re: La Foire aux Monstres La Foire aux Monstres Icon_minitime1Jeu 11 Juil - 16:07

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A la fougue bouillonnante du clown, Boogie avait toujours opposé son sang-froid de reptile. C'est pour cela qu'au bout d'une décennie, ils étaient toujours en vie. Là où l'un était capable de se briser le crâne pour traverser un mur, l'autre reculait de deux pas pour voir l'obstacle dans son entier et creuser un tunnel en dessous. Des réactions parfaitement inverses, incompréhensibles pour l'autre mais dont l'alchimie avait fait ses preuves. Aucune combinaison n'était plus redoutable que celle-ci, tout adversaire se retrouvait à gérer les foudres imprévisibles du ciel, les assauts répétés, inlassables et sans concession pendant qu'ailleurs, une infestation lente  et inexorable de son petit univers était à l'oeuvre. Difficile d'établir une quelconque défense face à cela.
Boogie savait faire la part des choses et il était capable de dormir du sommeil du juste en écartant du bras un problème en apparence insoluble. Ce dernier sera toujours là le lendemain et il aura tout le temps de s'y atteler à tête reposée. Ne jamais se laisser submerger. Faire le tri entre l'important et l'urgent, ce qui pouvait attendre et ce qui ne le pouvait pas, et il n'abandonnait jamais.

En entendant Jason parler de jugement de la part de ses plus proches collaborateurs, Boogie poussa un léger soupir. Pour Alonso, il ne pouvait être affirmatif mais en ce qui le concernait c'était mu par l'inquiétude qu'il avait ouvert la bouche. Il ne pouvait décemment pas rester sans rien faire alors que devant lui, Jason s'affaissait sur lui-même. Il était bien plus qu'un modèle. Un messie démoniaque aux côtés duquel il marchait depuis tellement de temps. Pas après pas, année après année, il s'était enfoncé dans les ténèbres sans crainte, sans les redouter. Mais si Lecter se mettait à douter de lui, cela frappait directement Boogie qui n'avait nulle envie d'être accroché à un fantôme pâle.
L'Empereur du Sud avouait sa lassitude, son manque d'enthousiasme. Impression corrosive de n'être rien, de ne plus rien faire de bien. Plombé par son moral, les répercussions s'étendaient forcément au Croque-Mitaine.

Personne ne te cloue au pilori. commença-t-il par répondre. Ca voudrait dire qu'on t'ai jugé, condamné et puni. Or, ce n'est pas le cas. On est inquiets Jason. Inquiets car quoi qu'on fasse, tu nous glisses entre les doigts. Le Croque-Mitaine se releva et sauta souplement au-dessus du dossier du banc. Assis en tailleur aux côtés de Lecter, il croisa les doigts entre ses genoux, son regard azur s'égarant devant lui. Dix ans, c'est long. A un moment ou à un autre, c'est normal et sain de se poser des questions, s'interroger sur le bien fondé de ses actes, se demander si on agit toujours en accord avec des principes qui nous ont forgé, si on ne s'est pas égaré à un moment donné. Et quand on a consacré toutes ces années à ériger un empire, c'est normal aussi que le monde t'égratigne et se rebiffe. Tu n'es plus une petite écharde au bout d'un doigt qui dérange, gêne. T'es un début d'infection qu'on titille pour voir si les nerfs sont toujours actifs.

On fait partie du paysage en quelque sorte. Même s'ils donnent l'impression d'être toujours actifs et réactifs, alertes et en éveil, le sentiment de crainte qu'ils provoquaient il y a des années s'est légèrement émoussé. Il y a cinq ans, aucun de leurs fournisseurs n'auraient osé leur tourner le dos, personne n'aurait trouvé refuge dans les jupes de quelqu'un d'autre. La ville n'était pas assez grande pour avaler les traîtres et les ruelles pas assez sombres pour cacher les renégats et les parjures. Ils étaient toujours dangereux mais ils étaient comme des fauves enfermés derrière des barreaux. Peut-être était-il temps de changer de tactique ou de modifier les règles de la guerre. Alynski était un gangster d'Al Capone. Il a édicté plusieurs règles pour survivre en société. L'une d'elle dit que lorsqu'une tactique est rodée, connue et parfaitement maîtrisée, il est temps d'en changer. Qu'elle ne devienne jamais une routine. Bien malgré nous, nous faisons maintenant partie du paysage. Nous sommes un fléau avec lequel les gens ont appris à vivre. Il faut trouver un second souffle. Il coula un regard sur le côté. Demain, je vais chercher le meilleur tailleur de la ville. Entendre par là "je vais kidnapper, menacer et traîner un pauvre hère jusqu'à ce qu'il ai fait ce pour quoi je l'ai amené". On va déjà commencer par te refaire un costume...le noir, ça te correspond pas.

Et puis soudain, Boogie pivote dans la direction de Lecter. Sa dernière phrase...l'ultime secret savamment gardé depuis tant de temps. Trop tard, les mots sont sortis et ont trouvé une oreille pour être réceptionnés. Le Croque-Mitaine ferme les yeux en hochant lentement la tête. Il n'oubliera pas mais ne le mentionnera pas non plus. Après tout, c'est ce que font des amis quand ils se révèlent un tel secret. Il glisse un bras en travers des omoplates du Clown et l'attire contre lui. Une main posée sur le sommet de son crâne, il effleure du bout des doigts les cheveux hirsutes tout en appuyant sa joue contre ce front tourmenté. T'as toujours été trop bavard, Jason. lâche-t-il d'un ton égal en soupirant.

Jason
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MessageSujet: Re: La Foire aux Monstres La Foire aux Monstres Icon_minitime1Jeu 11 Juil - 18:34

La théorie du Chaos


Jason et Boogie n’ont jamais dansé une sage Valse. Du crépuscule de leur rencontre sous l’orage à cette nuit sans étoiles leurs pas ont suivi un Tango et à la flamme fulgurante des humeurs de Jason s’accordaient le tempo langoureux des temps morts soufflés par son second. Enchevêtrement de contradictions, d’oppositions cependant capables de s’enlacer si étroitement que rien n’aurait pu contrer le Monstre qu’ils incarnaient ensemble. Ni la justice ni les complots, les lois devenues caduques et les notions fondamentales oubliées à la seule gloire d’une apocalypse savamment orchestrée. Mais le Clown a fait trop de faux pas et le tango s’est arrêté dans sa lancée, il a fracassé les instruments et cette chanson chaotique autrefois moteur, combustible n’a laissé place qu’à un vide qu’il a creusé seul. Sourd et aveugle, il a renié les autres acteurs, oubliant qu’on ne joue pas seul, qu’on ne saurait être unique au théâtre des âmes damnées.
Il s’est détruit seul, à son unique faute et a laissé autour de lui un silence tel qu’il en est écœuré. Allant jusqu’à taire le rire et la plaisanterie la plus dérisoire et parce qu’il le réalise -lentement mais sûrement- il se souvient de ce qu’il a lui même prononcé un certain jour, date fatidique de sa renaissance en tant que bête balafrée du Sud. « Je rirai, danserai sur la face du monde et piétinerai les os d’autrui mais jamais je n’installerai le silence, car le silence, très chère n’est jamais plus grand que lorsqu’il rencontre la mort. Manque de chance même si je meurs mes cendres elles, riront encore ! » Mais là, tu ne ris plus Jason Lecter … Justement, c’est bien là le problème.    

Alors c’est ça ? Ça ne tient qu’à ça. Dix ans devenus une routine même pour leurs victimes. Il rit jaune au fond, c’est la pire blague de l’histoire. Comment a-t-il pu laisser s’installer une telle habitude ? Car oui, c’est trop réel. Avant on aurait même pas osé faire un pas de côté, les commerçants ne s’enfuyaient pas, ils respectaient car c’était encore nouveau et qu’ils ne savaient pas comment réagir à part en baissant les yeux au sol, en s’inclinant bon gré mal gré. Ils se sont habitués à Jason Lecter. Ironie ? Si peu ! C’est sensé le soulager ça ? Encore que, c’est un moindre mal à bien y penser. Le Clown renifle, laisse passer un rire aigre qui semble lui déchirer la gorge.
Boogie parle d’un homme, un nom que Lecter ne connaît pas alors il tend l’oreille et écoute. Il ne sait plus faire autrement lorsque son Croque Mitaine raconte quelque chose. A ce moment seulement il prend conscience que l’homme se trouve à ses côtés et s’il ne lui adresse aucun regard, il a soudain moins froid.
Traîner un couturier chez eux ? À ces mots Jason jette un œil sur son pantalon noir et sur la veste en boule plus loin. C’est vrai aussi. Le noir lui va moins bien, il n’a jamais aimé le porter. Depuis tout jeune il préfère les couleurs et vives tant qu’à faire. Alors oui pour un bien il vaudrait mieux qu’il reprenne sa peau avant de devenir totalement quelqu’un d’autre. Mais Jason n’est pas certain de laisser le dit couturier finir son œuvre sans lui arracher une main en cours de route. Il grimace alors, croise ses doigts entre eux.

« Je vais le faire moi, il me faudra seulement la matière première. »

Prévoir, songer à demain. Un pas en avant au moins mais il ne peut s’empêcher de parler, de revenir à ce moment parce qu’il conserve trop cette impression d’avoir essuyé un échec. De rage sourde, d’un mot à l’autre et l’aveu tombe comme un couperet. Secret dévoilé au grand jour, sa langue a fourché et de bien vilaine manière. Alors il ordonne d’oublier, se renferme sur lui même. Ça, il ne voulait pas le dire …  
Un bras tendu, qui l’enlace et chasse pour de bon la glace qui lui rongeait la peau. Jason soupire, Boogie précise qu’il a toujours trop parlé. Certainement, il ne peut pas dire le contraire et mentirait s’il prétendait avoir sorti une autre connerie sans fondement. Un morceau de passé révélé mais qui restera entre eux, juste connu des bêtes. Le Clown se tait, ferme les yeux et profite de l’instant devenu celui de grâce, celui qui marque un renouveau et qui tourne une page. Il faut avancer, il faut passer outre cet état et redevenir l’homme qu’il était. Fier, sans plus jamais un doute, capable du meilleur du pire. Il le faut ; pour lui, pour eux quand bien même ils devraient finir à trois dans un foutu entrepôt, seuls à se battre. Relève la tête, regarde devant, toujours devant. Leitmotiv d’enfance toujours présent. Ses paupières se lèvent comme le rideau après l’entracte, il se dégage lentement des bras du Croque mitaine et inspire lourdement, rend de l’air à sa carcasse encore trop instable sur ses deux pieds. Avance ! Ce Clown là ne rangera pas son masque.

Légèrement chancelant il lève le nez et cherche un lieu précis. Pas bien loin fort heureusement et d’un coup de pied une porte cède. Dedans les compteurs électriques, poussiéreux et passés d’âge mais rien n’est foutu. Les câbles datent oui mais il le sait pour l’avoir fait une fois auparavant, seul il y a environ dix ans, l’endroit a encore une âme. C’est la plus parfaite représentation de ce qu’il est, actuellement éteint mais il ne faut qu’un levier à pousser dans le bon sens, le bon bouton à presser. Rien ne saura mourir aussi simplement en Jason, parce qu’il est lui, seulement lui. Net, sans aucune hésitation le mouvement est exécuté et une poignée s’abaisse, relance le courant tout autour. Il pivote, revient dehors et sourit. Les lumières s’allument, criardes  quand bien même les ampoules sont ternies. Un fond de musique s’échappe d’on ne sait où, et loin devant la grande roue puis le manège commencent lentement à tourner. Paysage magique de cauchemar, la foire abandonnée reprend vie et Jason revient à la hauteur de son Croque Mitaine.

« Je n’ai jamais aimé le silence … c’est mieux comme ça je crois. » Approchant encore, Jason plonge enfin les yeux dans les siens. Il lève enfin la tête et retrouve doucement sa grandeur d’antan. « Si je ne me retenais pas je t’embrasserai bien volontiers mais j’ai vaguement l’impression que ce serait un rien trop … enfin, ça dépasserait les limites. Et il est temps d’en retrouver un peu. Histoire que tu n’ai pas sauvé ma tête pour rien cette nuit. Dix ans c’est long c’est vrai … noces d’étain si ma mémoire est bonne. On pousse le pas ? Vingt ans porcelaine … c’est trop vintage. On dit quarante et un ans ? Noces de fer, ça nous convient mieux je crois. »

© Jason L.

Boogie
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MessageSujet: Re: La Foire aux Monstres La Foire aux Monstres Icon_minitime1Jeu 11 Juil - 21:20

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Un fléau avec lequel les habitants de la cité ont appris à vivre. Dix années qu'ils sévissent et si Boogie a bien appris une chose dans tous ces livres d'histoire qu'il ingurgite à longueur de temps, c'est bien que l'être humain sait toujours se relever. Guerres, disettes, épidémies. Milles plaies se sont abattues sur l'humanité au fil des millénaires et à chaque fois, elle a réussi à accepter son sort avec abnégation car elle sait que rien ne dure tout le temps. Les deux monstres du Sud sont devenus semblables aux légendes enfantines dont ils ont usurpé le nom et l'apparence. Des chimères que l'on évoque pour effrayer les jeunes délinquants quand ils intégrent un gang..."gardes-toi d'aller au Sud tout seul, le Clown et le Boogie Man vont te découper en morceaux", des contes que l'on murmure bien en sécurité chez soi..."tu te rappelles cette année où ils ont fait explosé l'hôpital?" et on y répond par un hochement de tête en repensant aux vies perdues dans l'événement. Mais les morts restent morts. La vie continue et poursuit son petit bonhomme de chemin. La routine panse les plaies du deuil qui deviennent cicatrices. Indolores mais pas complètement effacées. On retrouve un métro-boulot-dodo plus rassurant que toute la police sur les dents. On attrape pas les monstres...on les oublie et ils disparaissent d'eux-même, consumés par leurs propres flammes.

Constat amer et réalité dure. Maais c'est ainsi. S'ils ne veulent pas devenir réellement une légende urbaine, ils doivent abandonner leurs anciennes routines. Changer de forme sans perdre le fond. Boogie sent Jason se séparer lentement de ses bras, il les écarte, gardant le silence, laissant au Clown le soin de déglutir ces informations qu'il vient de lui donner, ces hypothèses de stratège. La venue d'une nouveau costume, identique à l'ancien, permettrait au Clown de retrouver son apparence normale. Ce complet noir lui donne trop des allures déprimantes en plus de suinter une normalité qui ne lui sied guère. Ce genre de tenue, c'est bon pour les gens discrets et froids comme Boogie. Ou pour un employé de pompes funèbres. Pas pour une nature exubérante et chaotique. « Je vais le faire moi, il me faudra seulement la matière première. » C'est un bon début.

Boogie reste assis en tailleur sur le banc, un bras négligemment passé au-dessus du dossier, tandis que Jason se lève. Hésitant. Titubant. Pas très assuré sur ses jambes mais le Croque-Mitaine n'esquisse pas de geste. Il vient de déjà tendre une main, refermant ses doigts sur un poignet qui était sur le point de disparaître au fond d'un gouffre d'un noir complet et il a tiré vers le haut. De nouveau accroché au bord de ces abysses, c'est à Lecter de s'en hisser et de se remettre debout, dans cette position inconfortable qui est la sienne...oscillant d'avant en arrière sans jamais chuter. L'équilibre dans le déséquilibre.
Il le laisse s'aventurer dans les ténèbres de la fête foraine abandonnée, le Diable seul peut savoir ce qu'il se passe dans la tête de Lecter, quelle lubie va soudain lui prendre.

Quelques minutes passées dans la fraîcheur nocturne qui prend des allures de calme avant la tempête...jusqu'à une cacophonie de sons. Musiques distordues, ralenties, qui peinent à trouver un rythme. Lumières vacillantes qui clignotent un peu partout. Grincements de monstres de métal et de bois envahis par le lierre et la végétation qui se mettent en branle en s'arrachant de l'enfer verdâtre qui les maintenaient prisonnier. Les manèges se réactivent, la peinture écaillée tombe en miettes. Boogie se lève, tourne sur lui-même alors que la fête foraine reprend lentement vie. Les yeux polaires se lèvent sur les attractions qui entonnent des chansons oubliées, sur les nacelles craquantes de la grande roue. On pourrait presque entendre des éclats de rires fantômatiques. Le corniaud aux yeux vairons se met soudain à aboyer, courant à droite et à gauche, trop de stimulus à gérer pour cette pauvre bête qui ne sait plus où donner de la tête. Le Croque-Mitaine n'entend pas le Clown qui est revenu auprès de lui et c'est sa voix qui le tire de sa contemplation. Son regard de glace croise celui de Lecter, il n'avait pas remarqué à quel point il était si proche. Un sourire amusé étire ses lèvres en entendant ses paroles.

Vaguement l'impression, hm? Quand je dis que je suis irrésistible, je ne mens pas. dit-il avec un clin d'oeil avant de poursuivre d'un ton songeur. Noces de fer...ça me plaît assez comme nom. Je ne te savais pas si érudit dans ce domaine. Lentement, il lève les yeux sur les attractions. Enfant, on ne l'avait jamais emmené dans ce genre de lieu. Ses parents étaient trop occupés, trop absorbés par leur foutue scierie pour daigner seulement penser que ce genre d'activités pouvait intéresser leur fils unique glacial. Adolescent, le jeune Alastor trouvait cela profondément stupide. C'était la parade des petits coqs prêts à faire n'importe quoi pour épater une donzelle. Une migraine assurée pour lui qui considérait que décrypter et analyser le comportement d'autrui est un passe-temps comme un autre. Il aurait fini comme son corniaud...à aboyer partout et sur tout le monde. Boogie monte sur le banc, s'asseyant sur le dossier, les mains entre les genoux. Levant le nez vers la grande roue qui tourne en geignant, il déclare d'un ton absent. Tu me crois si je te dis que je ne suis jamais monté dans une de ces choses? Petit, personne n'a pensé à m'y emmener. Plus grand, je m'estimais déjà largement au-dessus de ces activités triviales.

Jason
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MessageSujet: Re: La Foire aux Monstres La Foire aux Monstres Icon_minitime1Jeu 11 Juil - 22:47

La théorie du Chaos


Fanfare de couleurs, de musiques un brin tordues mais le tout revit, le tout s’arrache d’un sommeil de cent ans. La fête reprend et comme dans le conte de la belle au bois dormant, le charme est levé mais en aucun cas d’un baiser. Décision de l’Anarchiste de rompre le silence enfin, de pousser la vapeur et de s’arracher de sa tombe. Mais il n’est pas mort vivant, il n’est pas là à moitié. Ce soir, malgré ce qui a été sa pire chute Jason Lecter se sent bien vivant, il reprend son souffle comme après une course trop longue et oui, pour peu il l’embrasserait bien cet homme devenu si précieux, ne serait-ce que par gratitude. Le Croque mitaine répond, ose un clin d’oeil et Jason hausse un sourcil, comme mis au défi.

« Un peu trop irrésistible pour ton propre bien Boogie, ne me tente pas tu sais trop comme j’aime surprendre le monde ! » Un demi sourire en réponse, qui se complète finalement lorsque son comparse accepte les noces de fer. « Je suis tombé sur ça chez un fleuriste une fois, j’avais lu rapidement mais c’est resté il faut croire. »

Le chien aboie, les autres avec lui et Jason siffle, les ramenant à lui en murmurant que tout va bien. Il faut laisser un peu de temps et si quelques jappements filent encore le Clown ne gronde pas, il comprend ça. Le Croque Mitaine s’éloigne et retourne au banc, bientôt assis sur le dossier et Jason suit, restant lui debout et posant simplement la pointe du pied sur l’assise, mains dans les poches.
Lorsque Boogie reprend la parole Jason coule un regard vers lui, l’écoute sans interrompre. Il l’imagine trop bien, le petit garçon fier qu’on a jamais dorloté plus que de raison et qui en vint à fuir le contact même s’il venait d’une mère ou d’un père. Alors il n’est pas surpris. Il n’était pas mieux. Les sœurs ne se seraient pas abaissées à ça, trouvant la chose inutile et les forçant à demeurer en classe, à l’église pour réciter ces prières stupides que Jason déformaient à chaque coups pour ne récolter que punitions sur punitions. Il avait attendu la liberté, après s’être enfui de là pour franchir le pas et même seul, il avait trouvé la chose plaisante. C’est banal, bien entendu et ça amuse surtout les jeunes, les enfants. Pourtant, aussi stupide que ça puisse sembler la foire a quelque chose d’effrayant par son fond. Elle a toujours eu cette notion sombre et c’était cet aspect que Jason aimait, qu’il aime toujours.

« Je te crois … et si je puis me permettre, ton entourage était bien morne dans ce cas. Comme le mien, tu imagines des nonnes là dedans ? Elles n’auraient jamais toléré ça. Quant à mes parents … » Tais toi. Tu es trop bavard. Il se mord la langue, hausse les épaules. « Bah je ne m’en souviens pas. J’ai attendu d’être plus âgé mais je n’ai pas regretté personnellement. »  

Un hurlement synthétique quelques allées plus loin, Lecter lève l’index et ricane. « Le train fantôme ! » Précise-t-il. C’est bien ce qui le faisait particulièrement rire. Là où les autres criaient, accrochés à leur moitié et quand les gosses pleuraient lui riait à ne plus savoir s’arrêter. Les monstres de carton, les peintures sanglantes de vierges effarouchées aux mains des bêtes, les fausses araignées et serpents, les silhouettes difformes sorties d’un projecteur, tous étaient tellement moins dangereux que lui à l’époque. On aurait pas soupçonné qu’il n’avait qu’une lame à récupérer dans sa veste pour créer l’hécatombe et seulement ça, y songer c’était grisant. Inspirant lentement il se remet sur ses deux pieds, lisse sa chemise et se recoiffe d’une main.

« Je vais palier à ça sur le champ ! Tu ne peux pas rester ignorant de la beauté de la chose mon irrésistible Croque Mitaine. Avoue que ce serait bien triste qu’en vivant avec un Clown tu ne connaisses pas la foire. » Alors il l’invite d’un signe de tête, attend qu’il revienne à sa hauteur pour glisser son bras au sien et l’entraîner. « Car ce n’est pas juste un joli rêve pour enfant coloré du rose des friandises Boogie. » Approchant les lèvres  de son oreille il murmure, la voix chantante. « C’est aussi les peurs, leurs angoisses ; de merveilleux cauchemars en rouge et noir. »

Quelques mètres passés, il ordonne aux chiens de rester là et lâche l’homme aux yeux de glace pour s’élancer jusqu’à une entrée. Devanture peinte en noir, écaillée mais c’est sans aucune importance. Le néon bleu clignote, un peu grésillant au dessus de sa tête et Jason entre à moitié avant d’esquisser un mouvement de tête. « Le palais des glaces l’ami ! Attrape moi si tu peux ! » Glisse-t-il d’une voix joueuse, s’élançant en premier.

Comme Boogie lui faisait découvrir son terrain au milieu de la clairière, voilà le Clown dans le sien et il invite à la découverte. Obscurité seulement coupée d’un bleu irisé, ambiance polaire et toiles d'araignées au milieu des couloirs miroitant. Dix ans qu’il n’est pas revenu mais aussitôt son esprit se met en action, il retrouve ses marques et  constate non sans un certain enchantement que les miroirs qu’il avait étoilé à coup de barre de fer autrefois sont dans le même état. Fendillées de haut en bas, découpant le moindre reflets en centaine de répliques. C’est sombre, fascinant tant n’importe quel être humain serait mort de trouille ici.

« La traque en labyrinthe mon cher ! Vois-tu ça n’a rien d’innocent ! » Un tournant à droite, deux à gauche. « Tu imagines ? Le cœur battant des petits innocents qui s’y perdaient ? Qui à peine entrés rêvaient de dénicher la sortie de l’autre côté parce qu’ils craignaient d’y rester piégés ? C’est … une chasse. » Il rit, bon sang qu’il se sent bien. Le savoir dans son dos à le chercher -s’il le cherche réellement- lui donne des ailes.

Cul de sac, il s’y perd volontairement et s’enfonce dans l’ombre. Son cœur cogne plus vite, ce jeu a la saveur qu’il aime. Dans cet endroit d’apparence si simple lui y a vu la dérive et la mort, il y a entendu un chant de terreur et à le revivre, à retrouver ses marques il se sent lui même. Bien sûr, il n’attaquera pas réellement son cher Croque Mitaine et qui sait peut-être qu’il saura le trouver même ? Mais le Diable à ressort n’attend que ça, bondir de sa boite, répliquer ou surprendre. La bête ricane en lui, la bête est de retour, elle revient à ses inclinaisons et ses jeux morbides. Avec lui, plus jamais en solo. Enchaînés, qu’ils le soient à jamais.  

© Jason L.

Boogie
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MessageSujet: Re: La Foire aux Monstres La Foire aux Monstres Icon_minitime1Ven 12 Juil - 15:33

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D'un sifflement, Jason rameute les chiens qui se sont éparpillés un peu partout jappant et bondissant comme des enfants lâchés dans une nouvelle et vaste zone de jeu. Ils reviennent au compte-goutte, petites ombres quadrupèdes surgissant de derrière un manège, de sous un escalier de bois vermoulu, langue pendante et haletants. Le Clown bat le rappel et les bêtes l'ont entendu peu importe l'état d'excitation dans lequel la renaissance de la fête foraine les a plongé.
Boogie prend une légère inspiration à l'évocation de sa famille "morne". Le terme est encore bien faible pour les en qualifier. Rustres. Ignares. Triviaux. Banals. La caricature de l'être humain qui a accepté toutes ses chaînes sans résister et sans s'en rendre compte. Ses parents appartenaient à ceux qui dirigeaient mais ils restaient des esclaves. Esclaves de leur usine autour de quoi tout gravitait. Esclaves de leurs employés prêts à se mutiner à la moindre coupe budgétaire. Esclaves des lois qu'ils respectaient scrupuleusement. Esclaves de leur crasse intellectuelle, de leur routine; tellement habitués à être stupides que jamais l'idée de jeter un oeil sur ce qui intéressait leur fils ne leur avait effleuré l'esprit. Dépendants à tout mais ne se passionnant pour rien.
Les nonnes de l'enfance de Lecter ne valaient guère mieux. Le carcan était plus étroit, plus étouffant. Obéir à des dogmes, respecter des commandements émis par un barbu il y a des millénaires, se soumettre aux injonctions d'une entité qui n'avait aucune réalité. Croire sans savoir. Se crever les yeux tout en étranglant sa logique. L'unique vérité recevable se trouvait dans des ouvrages mythologiques poussiéreux qui avaient traversé le temps sans aucune évolution ou adaptation, avec des interprétations aussi diverses que les membres comptant leur clergé...à se demander comment des êtres humains pouvaient encore s'engager de leur plein gré dans cette voie désuète.

Il y avait encore des zones d'ombre dans le passé de Lecter et cette fois-ci, il se garda d'en révéler plus. Une prochaine fois, peut-être, lorsque les astres seront favorables pour cette levée de voile. Le Clown semblait surgi de nulle part, aucune histoire ne lui collait à la peau. Un atout certain car qui conque décidait de se pencher sur ce qui avait bien pu lui arriver au-delà de son apparition, il tombait sur un mur infranchissable. Aucun cadavre pourri à sortir d'un placard, aucun fantôme à agiter sous le nez de Lecter, aucune information valable pour exercer une pression. Un hurlement artificiel supplanta la joyeuse cacophonie qui régnait autour d'eux. « Le train fantôme ! » s'écria Jason tout enjoué. Boogie secoua lentement la tête, une moue presque dépitée au visage. Là aussi, c'était le genre de choses qui ne l'aurait jamais effrayé môme. Autant les attractions en hauteur auraient pu faire poindre une certaine crainte (on sort rarement indemne d'une chute de plusieurs mètres) autant les monstres de plastique et les créatures de la nuit ne l'ont jamais impressionné. Boogie a très tôt rationalisé tout ce qui l'entourait et quand dans la cour de récréation, les autres enfants tremblaient en évoquant "la sorcière de la maison abandonnée" ou "l'ogre" qui dévorait les gamins pas obéissants, il savait que ces créatures n'étaient que du folklore et ne s'appuyaient sur aucune preuve scientifique et empirique. Boogie savait que les vrais monstres ne sont pas ceux qui se terrent dans l'imaginaire et dans les ténèbres d'un placard ou de sous un lit. Les vrais monstres arborent un visage humain et on en côtoie tous les jours.
Lecter se redresse soudain, s'apprêtant à mettre les voiles vers une destination que Boogie pressent avant qu'il ne la formule. Quel meilleur guide pour une virée dans cet endroit alliant le glauque et la joie? Comme le disait Jason, une fête foraine, ce sont les bonbons, le pop-corn, les rires, le sucre à outrance. Mais il y a aussi ces visages maquillés, ces costumes revêtus, ces identités réelles qui s'effacent devant le personnage que l'on incarne le temps d'un soir. L’ilot de lumière clinquante est dressé au milieu des ténèbres et même si on avance joyeusement dans des allées lumineuses, l'ombre et la nuit vous cernent. Dubitatif et blasé, Boogie glisse son bras à celui de Lecter qui l'entraîne au coeur de la fête foraine avant de l'abandonner au milieu de la Meute en disparaissant dans une attraction.

« Le palais des glaces l’ami ! Attrape moi si tu peux ! » Boogie ouvre la bouche s'apprêtant à répliquer qu'il y a une technique à adopter pour sortir à coup sûr d'un labyrinthe. Il suffit de poser une main sur un mur et de ne jamais l'en retirer. On ressort forcément au bout d'un certain temps ce, même si on tombe sur un cul de sac. Mais il se ravise et avance jusqu'à l'entrée. Des profondeurs des couloirs de miroir lui parvient la voix lointaine du Clown. Oui, il peut imaginer que ce genre de lieu terrorise les enfants. Entre la crainte de perdre du temps à s'égarer (temps qu'ils ne pourront pas passer ailleurs) et celle de ne jamais parvenir à sortir, c'était compréhensible mais il y avait une tech...une main posée sur le bois du chambranle de l'entrée, Boogie secoue la tête un demi-sourire aux lèvres. Ne rationalises pas, Boogie. Il n'y a pas de place pour la logique et la réflexion dans un endroit comme celui-ci. Je suppose que j'ai pas le droit d'emmener un chien? lance-t-il d'une voix où perce un semblant d'amusement à un de ses reflets éclatés face à lui. C'est une chasse lui répond un écho. Le Croque-Mitaine se penche un peu en avant, jetant un oeil dans les miroirs étoilés faisant fonction de murs. Une chasse...et bien, allons-y.
Difficile pour Boogie qui a l'habitude de la traque de faire abstraction des toiles d'araignée déchirées qui flottent dans l'air, de la poussière du sol légèrement dérangée, des traînées nettes sur les miroirs laissées certainement par les pans d'une certaine veste noire. Ca lui saute aux yeux. Autant de pistes lumineuses toute tracées qui n'attendent que lui pour être remontées. Pas de place à sa logique, se répète-t-il. Alors, le Croque-Mitaine avance franchement et sans sa délicatesse naturelle. Il piétine les indices, il détruit le peu de traces abandonnées par Lecter, il ignore ces signaux muets qu'il sait décrypter et garde ses iris pâles rivés devant lui. Un mouvement furtif sur sa gauche...Boogie fait volte-face mais ne se retrouve que face à un autre Boogie aux cheveux sombres mêlés de soie arachnéenne. Un bruit de cavalcade sur sa droite mais il ne croise qu'une paire d'yeux bleu polaire. Le rire de Lecter résonne dans les couloirs, semblant provenir de toutes les directions. Et petit-à-petit, il se surprend à se prendre au jeu. Son pas régulier se fait petit trot. Il ne voit plus la piste de Lecter, se contentant de suivre des enfilades de couloirs sans vraiment réfléchir ni dessiner un plan imaginaire des lieux. Il reconnait vaguement ça et là des miroirs brisés dont les éclats lui sont familiers...il est déjà passé par là. Et par ici aussi. Bon sang. Il tourne en rond...lui, le chasseur émérite, celui qui a passé des années dans les bois à traquer des randonneurs en maraude tourne en rond. Levant les yeux sur son reflet morcelé, Boogie observe ce monolithe de glace au sens de l'orientation réputé hors pair. Il s'approche d'un pas et devant l'absurde de la situation, éclate de rire. Jason! crie-t-il entre deux inspirations. Je crois que...que je tourne en rond. Il pourrait facilement trouver un chemin, reprendre le contrôle, repartir sur ses pas pour tomber sur ses traces et sortir du labyrinthe. Mais est-ce vraiment le but du jeu?

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MessageSujet: Re: La Foire aux Monstres La Foire aux Monstres Icon_minitime1Ven 12 Juil - 17:14

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« Non pas de chien ! On ne triche pas ! » Morigène Jason d’une voix légère.

C’est un piège vieux comme le monde, c’est d’une simplicité criante mais là demeure toute la subtilité du jeu. Il n’a rien effacé, volontairement car c’est inutile. Ici, qu’on le veuille ou pas chaque recoin finit par ressembler à un autre, on tourne sur sois même et on songe reconnaître, se dire « je suis déjà passé là », le doute s’installe et on prend un chemin, on revient sur ses pas sans plus savoir si ce miroir là est bel et bien différent d’un précédent. Enfoncé dans l’ombre il l’entend marcher, s’approcher puis s’éloigner et ses yeux se ferment. « Tu vois, tu comprends l’idée maintenant ? » Pense-t-il, s’arrachant de sa cachette pour reprendre une marche lente. Boogie rit soudain, l’appelle.

« Oui très cher ? » Siffle-t-il, caressant les parois luisantes du bout des ongles. Il tourne en rond, c’est bien logique. Personne n’est capable de sortir de cet endroit sans jamais passer par cette case là. Il faut alors aiguiser la concentration et repérer, prendre son temps et plus on est nombreux plus c’est simple en finalité. Mais ils ne sont que deux, loin d’être pressés par la peur ou l’angoisse et le Clown inspire profondément avant de laisser traîner son regard autour de lui. « Mais j’espère bien que tu tournes ; c’est une visite non-guidée sinon ça casse mon effet ! »

Il ralenti, le plancher grince tant il est vieux alors il glisse à défaut de marcher, remonte les allées jusqu’à sentir sa présence. C’est naturel, il n’a plus à le voir depuis le temps. Boogie n’a qu’à bouger, approcher pour que la bête en Jason redresse la tête, aux aguets. Trop proches, trop complices depuis tant d’années ils en sont là et la chose doit fonctionner dans l’autre sens bien entendu. Par nature Jason n’a aucune discrétion pour ne rien arranger, il surgit rarement sans annonce mais justement c’est là toute la beauté de la chose. Aujourd’hui le Diable ouvre les portes de sa demeure, de son empire rouillé et grouillant de spectres multicolores, il invite à ces jeux sommes toutes innocents à première vue mais qui vont bien au delà d’un moment de distraction. « Allez allez Boogie, on abandonne pas ! » Lecter renaît ici, habite l’endroit de ses seuls rires répercutés de toute part et c’est par surprise qu’il compte retrouver son homme de main. Ils se frôlent presque une fois ou deux, se manquent de peu ; ils se cherchent, ça a quelque chose de magnétique. Le rire s’élève, retombe aussi vite et s’installe un silence étrange. Le vent qui s’engouffre, venu d’on ne sait où fait se balancer les toiles blafardes et le Clown use, abuse du moindre angle mort, du moindre reflet trompeur.

Jason pourrait rire, mais cela gâcherait tout l’effet de surprise, alors il attend le bon moment. Le fameux petit couloir qui a tant énervé et dépité les gosses. Celui qui a des airs de sortie, enfin mais qui ne débouche que sur un mur noir face auquel il vaut mieux ne pas arriver trop vite au risque de le prendre en pleine figure. Oh Lecter y a eu droit aussi à sa première visite, et il n’est pas ressorti sans une bosse bien sûr. Il l’avait rencontré d’un peu trop près ce mur. Ça le fait sourire d’y repenser et quand il le voit s’engouffrer là le Diable suit, ombre dans l’ombre. Dommage, il ne fait pas assez clair pour observer la pointe d’énervement qui passera -sans doute- sur ce visage glacé mais Jason l’imagine et usant d’une rapidité serpentaire il lui saisit l’épaule, l’oblige à se retourner avant de le coller à la cloison, les deux mains plaquées de chaque côté de son visage et le nez pratiquement collé au sien.

« Piégé Boogie ! » Ronronne-t-il, sans aucune moquerie. « C’est le moment où le vilain Clown mange les enfants sages. Mais ! Tu n’es pas de ceux là donc je vais te garder entier. »

Il recule, laisse enfin passer quelques rires. Un jeu, qui n’a rien d’enfantin parce qu’il n’a jamais été un gamin naïf, qu’il n’a jamais attendu après quelques plaisirs sains. La sensation de chaleur qui lui revient est plaisante, il se sent bien ici. Chez lui, dans un monde tordu mais c’est de circonstances. Ne l’est-il pas lui même ? Le Palais des Glaces, ils y en a d’autres à voir encore et parce que la patience n’est définitivement pas une qualité qui lui colle à la peau, Jason étend les doigts, les referme sur la main de son Croque Mitaine avant de reprendre, enthousiaste.

« Allez viens, la sortie est par là. » Il guide, sans avoir à tâtonner les murs. Le plan date mais il est comme bon nombre d’autres choses, bien rangé dans les tiroirs mentaux. « Si c’était une forêt on changerait les rôles, mais va savoir pourquoi j’ai la vague impression que tu prendrais un plaisir infini à me laisser tourner en regardant le manège du haut d’un arbre avec un joli sourire sadique à la bouche. Homme cruel que tu es ! »

La fin du labyrinthe, retour à la foire. La meute se relève, ravie de voir revenir ses maîtres et déjà Jason observe les alentours afin de choisir un lieu plus parlant qu’un autre. Nouveau hurlement d’enceintes, Jason pouffe et jette un œil perplexe sur les montagnes Russes.

« Un tour dans le grand huit aurait été bien amusant mais … je ne fais bizarrement pas confiance à l’assemblage. On aurait l’air un peu cons à mourir là dedans parce que tout s’est effondré. »

Un air rêveur, il allume une cigarette et s’étire. Oh allez il ne va pas mourir sans avoir vu de ses yeux la débilitée profonde du train fantôme tout de même. Un signe de la main et le Clown s’élance jusqu’à l’attraction d’où fusent quelques accords glauques et où grincent des automates aux visages … monstrueusement loin d’être effrayants pour eux. Un squelette en plastique noircit pointe de son doigt osseux la suite de wagons qui vient de finir un tour à vide. Jason bondit dans celui de tête, s’y installe.

« Chez Croque Mitaine veuillez prendre place ! C’est au summum du ridicule je l’avoue mais si le ridicule ne tue pas je peux t’assurer qu’il en devient risible à cette échelle. »  

© Jason L.

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MessageSujet: Re: La Foire aux Monstres La Foire aux Monstres Icon_minitime1Ven 12 Juil - 22:33

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Il le sent, il est là. Malgré ses reflets qui semblent se multiplier à l'infini avec ces miroirs à moitié brisés ou étoilés, Boogie sent son semblable. Proche. Si proche. Nul besoin de se fier à ses yeux pour cela, dès l'instant où il accepté cette singulière visite, il a renoncé à y faire confiance et une autre forme de perception a pris le relais. C'est quelque chose de plus viscéral, plus animal, quelque chose qui lui permettrait de retrouver Lecter où qu'il se trouve dans cette ville. Un filin qui les relie l'un à l'autre ou une percussion qui vibre à l'unisson lorsqu'ils sont proches. Des bruissements au-delà des parois lisses. Une voix qui commence une phrase et qui paraît lointaine pour sembler surgir de derrière son épaule lorsqu'elle l'achève. Un rire qui résonne avant de lancer retomber le silence. Le son de la fête foraine lui parvient assourdi comme s'il n'était pas dans une attraction située en plein coeur de cette dernière. Boogie ne trottine plus, il avance lentement, distinguant le bruit de ses propres pas des sons ténus qui l'entourent.
Où es-tu maudit Clown? Le Croque-Mitaine se fige, les lèvres plissées, le regard voltigeant de droite à gauche, essayant de percer les ténèbres qui s'étendent derrière son reflet, essayant d'y distinguer une tâche plus sombre qui y remuerait, car Lecter ne surgira pas devant lui. Ca ne serait pas...drôle. Il reste immobile quelques secondes, les sens en alerte et puis il pousse un long soupir. Ca commence à être un peu trop long à son goût. Et il n'aime pas tourner en long. Et il aime encore moins cette saveur d'échec qui commence à se poser sur sa langue. Boogie déteste perdre. Il avance de quelques pas, les sourcils froncés, un air pincé au visage, s'engage dans un couloir qui débouche une énième fois sur son reflet. Bon sang...il va la trouver cette fichue sortie. Ou ce Clown. Sans conviction, il pose la paume sur le miroir pensant un moment à le démolir à coups de pied, de poing, de tête comme une bête enragée enfermée et à se ménager une sortie de cette façon, quand une main s'abat sur son épaule et le retourne brusquement.
Imperceptible hoquet de surprise. Son dos heurte un miroir qui craque sous l'impact. De nouvelles fissures y apparaissent, zébrant la surface polie de bas en haut. Geste réflexe de défense, son avant-bras se lève entre son corps et celui de Jason. De l'ombre émerge le visage du Clown qui envahit son champ de vision, il s'appuie contre le bras du Croque-Mitaine tout en se rapprochant encore plus de lui, son nez frôlant le sien, son souffle mourant sur ses lèvres. Il a perdu, il s'est fait surprendre mais il arque un sourcil crânement en répondant à voix basse Il était temps...j'ai failli défoncer des murs pour sortir.

Jason baisse les bras et s'écarte, Boogie se redresse tirant brièvement sur le devant de sa veste avant de se faire entraîner vers la sortie. Lecter se déplace en univers connu, n'hésitant sur aucun carrefour. Depuis combien de temps n'a-t-il pas mis les pieds ici? Des années? Dans tous les cas, le chemin a été enregistré quelque part et le plan ressurgit aussitôt. Information inutile au quotidien ou en ville mais qui réapparaît au moment approprié. Comme s'il sentait le petit pincement fait à la fierté de Boogie, Jason évoque des rôles inversés. En forêt, le Croque-Mitaine aurait agi de la même façon. Il se serait tapi derrière chaque tronc, sous chaque cépée, il aurait observé le Clown dans cet élément qu'il ne dominait pas. Il se serait certainement amusé des maladresses auxquelles il aurait assisté jusqu'à lui tomber dessus au moment où l'autre aurait commencé à s'agacer ou à se sentir un peu plus en confiance sur ce terrain inconnu. J'aurais été bien pire. lâche-t-il d'une voix volontairement lugubre.

Retour aux lumières clignotantes. Boogie plisse les paupières pour que ses yeux s'habituent à la soudaine luminosité. Alors que Jason évoque le roller coaster, le Croque-Mitaine tourne la tête dans la direction de la structure de bois et d'acier. Il esquisse une légère grimace en voyant les wagons filer sur les rails, la poussière et les copeaux tomber lentement dans leur sillage. Condamnés à hanter une fête foraine abandonnée...on a quand même fait mieux comme plan de carrière pour des fantômes. En parlant de fantômes, un nouveau hurlement pré-enregistré se fait entendre. Quel genre de monstre effrayait les petits enfants d'il y a plus de dix ans? Qu'est-ce-qui impressionnait les gamins? Lecter s'élança soudain dans la direction de l'attraction. Boogie ne se hâta pas, se contenta de marcher mains dans les poches, suivant les hurlements qui se faisaient de plus en plus proches. Lorsqu'il arriva enfin devant le train fantôme, il adressa un regard las vers Lecter avant de pointer la fresque ornant le fronton de l'attraction de l'index. Tu veux vraiment que j'entre là-dedans? Mais vraiment? Théâtral, Jason l'invita à prendre place dans les wagons arrondis. Le Croque-Mitaine s'avança jusqu'à la plate-forme rongée par la rouille. J'ai jamais compris en quoi les squelettes sont effrayants. On en a tous un. lâcha-t-il en haussant les épaules. Dans un craquement et un rire qui se voulait sinistre, les wagons s'arrêtèrent devant lui. D'un bon, Jason se glissa dans le premier. Boogie soupira avant de s'y glisser à son tour. Si j'ai peur, j'ai le droit de te serrer très très très fort? minauda-t-il d'une voix flûtée avant de lever un bras. Allons-y. Que je vois ce qui effrayait tant les enfants normaux.

Jason
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MessageSujet: Re: La Foire aux Monstres La Foire aux Monstres Icon_minitime1Sam 13 Juil - 0:24

La théorie du Chaos


Presque lugubre le cher homme. Mais qu’il est sadique en vrai. Pourtant, ça plairait bien au Clown cette petite partie de chasse dans les bois. Il aime l’inconnu, les surprises, et parce que le terrain serait celui de Boogie il n’y verrait aucune offense à sa fierté souvent bien mal placée. Il râlerait pour la forme, chuterai -forcément à ne pas regarder le sol- et lui crierait que s’il lui met la main dessus il lui fera payer ça au centuple. N’en pensant pas un traître mot, ne prévoyant pas même une gifle, seulement pour la forme. Il faudra faire ça un de ces jours, qu’il découvre autre chose que le béton et les immeubles enfin.
Il le sent comme lointain, c’est logique. Le Croque Mitaine n’a pas l’entrain aussi facile que Jason, et son esprit trop calculateur ne trouve pas grand plaisir à la chose tant il relativise sans cesse. Un pincement au cœur du balafré à le voir marcher, traîner les pieds derrière lui. Il sera toujours seul dans ce délire là … Mais oui il veut ! Bien entendu c’est tellement … logique qu’il l’embarque.

« Jamais saisi non plus, je les trouve plutôt gracieux moi les squelettes ! J’en apprécie la silhouette, cette espèce de … bah, un petit air de gentleman mort je crois. »

Le « train » entre en gare et Jason s’y installe non sans demander à son Croque Mitaine de le rejoindre. Aux mots de son interlocuteur, ceux ci volontairement déformés le Clown éclate de rire et glisse un bras derrière lui, seulement posé à l’arrière du wagon avant de répondre avec assurance. « Je te protégerai Boogie ne t'en fais pas ! Tu n'auras pas peur avec moi ! » Il n’y a rien justement. Rien d’effrayant pour le monde dans lequel ils vivent et quand l’engin suit ses rails, qu’il entre dans le tunnel d’abord entièrement noir Jason soupire doucement. Les faux cris de terreurs, les pantins surgissant du plafond, les toiles qui leur caressent les cheveux et ces trompes l’oeil dignes d’un mauvais film d’épouvante sont seulement grotesques à leur niveau. L’attraction se paye le luxe d’une fausse exécution sur chaise électrique, avec sa poupée secouée de spasmes imaginaires et le sourire qui étire les lèvres de Jason est seulement aiguisé. Il se souvient les gamins braillants auxquels il rêva de trancher la gorge la première fois, les filles apeurées pressées contre leur copains, mais ça … ce train là c’était avant qu’il mette les pieds ici il y a dix ans.

« Lamentable hein ? » Glisse-t-il, pourtant presque amusé. Et là il se redresse, une main tendue en l’air jusqu’à la refermer sur une cordelette fluorescente. Tiré d’un seul coup elle allume une suite d’ampoules rouge, révélant ce qui se cache ici, une œuvre datant d’une décennie. « Pourtant tu vois, il y a pas que des gamins qui ont hurlé ici ! »

Crucifiés ou pendus le long des murs des corps humains devenus méconnaissables, momifiés et décharnés. Odeur de mort qui plane et lorsqu’il les regarde Lecter se souvient non sans joie de ces trente jeunes défoncés qui avaient eu la bien mauvaise idée de squatter son terrain après une rave party. Un peu plus ou un peu moins, il ne sait plus vraiment. Il visitait sagement, riait seul quand ces idiots avaient choisi de profiter du décor pour se faire quelques frayeurs. Oh eux n’avaient pas rencontré un faux vampire ou quelques idioties du genre non, ils s’étaient retrouvé face à un clown mécontent qu’on ait dérangé ses affaires et tous, l’un après l’autre avaient fini massacrés à huis clos dans le tunnel du train fantôme sans qu’on pense ne fut-ce qu’une seconde à les chercher là. « C’est fou cette tendance que j’ai à ne pas ranger mes jouets. » Se désole faussement Jason, ricanant tandis qu’ils dépassent les visages mutilés, difformes, figés dans leurs derniers cris et pas encore réduits à l’état de squelette. Le sang a noircit mais il est là, en traces de mains et en traînées interminables. Mais ce n’est pas fini, il y a aussi … et merde.

« J’ai oublié de préciser en revanche, je ne me souviens plus vraiment où j’ai disposé des trucs dangereux. »    

Lecter achève à peine sa phrase qu’il oblige Boogie à baisser la tête tout en faisant de même pour éviter un montage de lames de scie tendu entre deux murs. Un petit « oups » lui échappe lorsqu’il se redresse et il se gratte pensivement le cou.

« Hm … oui comme certains voulaient squatter mon royaume j’ai comment dire ? Piéger les lieux. »

Un petit détail qu’il aurait peut-être dû annoncer en fait. Même s’il n’était pas certain de revenir il avait récupéré tout les objets dangereux abandonnés dans la foire pour les concentrer ici, en un système capable de couper les têtes indésirables ou encore une main tendue en l’air. Le problème, c’est que là tout de suite il n’est plus du tout certain des distances à parcourir pour rencontrer l’un ou l’autre. Encore une démonstration de sa capacité à ne rien prévoir et il affiche un petit sourire -presque- navré. Ce serait tout de même con d’y laisser la vie. Et la patience du Croque Mitaine à beau être grande, Jason sait que cette bêtise là mériterait une bonne paire de claques. Odeur d’essence, il tique soudain et l’attire dans contre lui dans un heureux réflexe, les faisant presque s’allonger dans le wagon pour éviter les gerbes de flammes qui jaillissent alors qu’ils prennent un tournant. La chose passée, Jason se redresse et laisse l’autre faire de même avant de lever les mains entre eux.

« Promis dés qu’on sort de là je ne t’oblige plus à me suivre ! Tu pourras rentrer ! » S’empresse-t-il de dire. « Je vais seulement préconiser de … nous baisser pour éviter la herse et on devrait sortir entiers. Je pense.»

Bien joué Jason, très bien joué. Le Croque Mitaine ne trouvait rien de bien attrayant à ça mais pour le coup s’il ne crève pas d’envie de retourner sa hache contre son Clown de maître ce sera un miracle. Droit devant une herse à pointes baissée pour ne laisser en vie aucun humain assis normalement, elle arracherait les bustes et ne laisseraient que des paires de jambes dans le train et c’était prévu à cet effet pour les opportuns. Qu’aucun ne survive si toutefois ils avaient passé les deux premiers pièges sans compter ceux qui ne se seront pas déclanché. De retour en début de circuit, Jason pousse un soupir, à peine soulagé et descend rapidement pour éviter un tour supplémentaire en veillant bien à ce que Boogie l’ait suivi. Le manège repart et Lecter regarde ailleurs, se massant la nuque.

« Je sais je sais … je ne réfléchis pas. Inutile de remuer le couteau. » Quarante ans et éternel gamin ingérable. « Mais j’avais oublié, vraiment. »

Pourquoi ça le retourne d’ailleurs ? Il aurait été seul, la chose l’aurait fait rire même s’il avait frôlé la mort. Mais justement … il n’était pas seul cette fois ci. Et la foire devient belle est bien son propre reflet ; quelque chose qui entraîne les autres, les fait chuter, les mets en danger comme lui l’aurait fait en s’attaquant au nord. Les envoyant tout droit à la tombe. Des limites … il est temps d’en poser. Vraiment temps de se concentrer et de ne plus se considérer seul dans cette ronde diabolique. Le Clown sait que des excuses s’imposent, il faudrait. Mais c’est plus facile à dire qu’à faire dans son cas.

« Je t’en impose pas plus. » Dit-il, tête baissée. « Je vais faire un tour et je rentrerai, tu n’es pas obligé de rester Boogie.  Le temps d’aller faire un petit voyage là haut et je rentre. Ça ira … »

Un mouvement de tête, il désigne la grande roue. La dernière envie qu’il lui reste ce soir, aller voir la ville depuis les hauteur. Et le Clown reviendra à son antre ensuite. Non vraiment … il aura fait pire que mieux mais ça, c’est tout lui. C’est sa tragique comédie.  

Pardonne-moi.

© Jason L.

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MessageSujet: Re: La Foire aux Monstres La Foire aux Monstres Icon_minitime1Sam 13 Juil - 11:11

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En grinçant, le petit convoi s'engage dans les ténèbres. Des double-portes mécaniques s'ouvrent, un vent froid leur ébouriffe les cheveux tandis qu'un morceau d'orgue se met à gémir. C'est d'un lieu commun...éculé jusqu'à la corde. Boogie se penche en avant, un coude posé sur un genou et son menton appuyé dans la paume de sa main. Il aimerait avoir de Lecter à évoluer dans ce genre d'univers mais c'est définitivement pas sa tasse de thé. Il peut se laisser emporter quelques instants, se prendre au jeu en s’efforçant à s'immerger dans l'atmosphère mais ça ne dure qu'un temps. Trop cérébral, le Boogie Man. Trop calculateur. Même en si charmante compagnie, il reste à la frange, pas totalement ailleurs mais pas à fond dedans non plus. Des pantins aux couleurs passées tombent sur leur passage, des bras mécaniques surgissent des murs comme pour les happer, jeux de lumière et peinture phosphorescente créent des formes sinistres sur les murs. Mais rien d'effrayant. Ni même d'intéressant. Ca peut abuser les sens enfantins mais pas ceux d'un adulte.
Nouvelle double-porte s'ouvrant sur un autre univers de cauchemar. L'odeur de mort frappe Boogie qui en fronce le nez. Un relent de vieille mort. Pourriture et putréfaction et ce n'est pas celle d'une structure tombée en pleine désuétude et que le temps rogne au gré des intempéries. C'est celle de la chair, des os et du sang. Une odeur qui n'a rien de nouveau pour lui...dans une certaine machine, dans une certaine scierie, elle planait sempiternellement et il y a fort à parier qu'elle y règne toujours. Le Croque-Mitaine se redresse lentement tandis que son regard pâle balaie les lieux. L'odeur de charnier lui prend à la gorge. Comme un régisseur ouvrant le rideau sur son spectacle, Lecter tire une cordelette qui réveille des ampoules et jette la lumière sur l'hécatombe bien réelle qui a eu lieu ici. Vingt, trente corps? Boogie ne compte pas scrutant non sans intérêt ce détournement du jeu d'enfant. Sans détacher les yeux des corps suppliciés, il dit d'une voix mesurée Toi aussi t'es territorial et tu ne supportes pas qu'on envahisse ton petit monde? Combien de randonneurs avaient fini sous ses lames? Combien de chasseurs avaient hululé enfermés dans un chalet perdu au fond des bois? Combien de campeurs l'avaient supplié, lui demandant pourquoi? Boogie était un homme froid et contrôlé mais voir des inconnus, des néophytes, des non-initiés fouler son domaine lui avait toujours noué la gorge en même temps que les tripes. La forêt canadienne était "sa" forêt. Toute intrusion était vécue comme une offense personnelle et même si ces violeurs de frontière n'adoptaient pas de comportement vraiment répréhensibles ou irrespectueux envers ces lieux, Boogie ne les considérait que comme de bêtes intrus. Des intrus qu'il devait éliminer pour préserver la pureté de sa vaste sylve.
Le Croque-Mitaine imaginait bien ces adolescents avancer dans les boyaux du train fantôme, jeunes filles lovées contre leurs pairs suppliant qu'on sorte vite. Evidemment, les jeunes mâles ne les auraient pas écouté trop heureux de faire naître de l'effroi dans les corps féminins qui se serraient de plus belle contre eux. Sauf que pas un n'avait prévu tomber sur un vrai monstre. Un monstre de chair, pas de plastique, de rouage et de chiffons. Tout comme un promeneur dans la forêt de Boogie, ils avaient tous été condamnés à partir du moment où ils avaient mis les pieds ici. Qu'ils soient cinq ou trente, l'issue serait la même. Ils n'étaient pas dans un territoire humain à proprement parler et le maître des lieux connaissait la moindre issue, la plus petite échappatoire. A la fois partout et nulle part, le Clown avait du donner l'impression d'être légion alors qu'il était seul.

Une main sur sa nuque et Jason le force à baisser la tête. Protestation inaudible de Boogie avant que son regard ne se pose sur un assemblage dentelé et mortel en travers du passage. Evidemment...Lecter a jeté du soufre dans cette attraction, la possédant jusque dans ses plus petits détails, infectant les peurs enfantines pour en faire un jeu de mort. Là, ça devient amusant. Mortellement amusant. Boogie se redresse adressant un regard presque ravi au Clown. Piégé les lieux? Joli. Tu te rappelles où ils sont...tes pièges, n'est-ce-pas? Les iris de Jason volent d'un côté à l'autre. Un sourire navré étire ses lèvres déchiquetés. Boogie répète, plus insistant. N'est-ce-pas...? Le Croque-Mitaine se passe une main sur les yeux. Non. Le Clown ne se souvient pas de tout ce qu'il a pu armer, tendre, aiguiser dans ces lieux. Restons calme, ça va lui revenir, comme tout. Un déclic, n'importe quoi qui va dépoussiérer un souvenir et lui faire apparaître clair comme du cristal les chausse-trappes éparpillées dans le train fantôme.
Une forte odeur d'essence l'enveloppe soudain et avant qu'il n'ai eu le temps d'émettre le moindre son, Jason l'agrippe pour le faire tomber contre lui. Docile, Boogie se laisse faire alors que des flammes orangées rugissent au-dessus d'eux et qu'une vague de chaleur presque insoutenable déferle. « Promis dés qu’on sort de là je ne t’oblige plus à me suivre ! Tu pourras rentrer ! » Boogie hésite entre engueuler vertement le Clown pour son irresponsabilité et le féliciter d'avoir rendu ce voyage lénifiant au possible, intéressant.  « Je vais seulement préconiser de … nous baisser pour éviter la herse et on devrait sortir entiers. Je pense.» A ces mots, le Croque-Mitaine jette un oeil par-dessus son épaule pour distinguer dans l'ombre les dents acérées d'une grille à demi-baissée dont la seule utilité est de déchiré en deux les imbéciles qui resteraient sagement assis. Tu penses? Vraiment. Glissant au fond du wagon, les pieds posés sur la barre de sécurité qu'ils n'ont pas baissé, Boogie lève le regard sur les pointes affûtées qui leur passent au-dessus. Penchant la tête vers Lecter, il soupire. T'es vraiment cinglé, Jason. Mais vraiment.

Le tour s'achève. D'un bond, Jason s'extirpe du wagon, Boogie se déplie et quitte à son tour le petit convoi. Le Clown a l'air presque désolé d'avoir risqué leurs vies stupidement. Ils ont échappés à trois pièges, qui sait ce qu'il y avait d'autre? Lecter lui propose de rentrer. Seul. Lui, il va aller finir cette soirée dans l'engin de mort qui domine la fête foraine, car vu l'aspect de l'attraction, c'est un engin de mort. Les hauteurs...Boogie n'en est pas amateur, surtout quand c'est si haut et que la chute est plus que fatale. Les iris pâles se lèvent sur les nacelles qui se balancent paresseusement dans le ciel nocturne. Il déglutit avant de reporter son attention sur le Clown toujours aussi navré.
Le Croque-Mitaine glisse ses doigts dans ses cheveux sombres en soupirant de façon sonore. Il se mord la lèvre inférieure en secouant la tête avant de faire un pas et de donner un léger coup de poing dans l'épaule de Lecter. C'est bon...personne d'important n'est mort. On a juste failli être déchiquetés, brûlés au quinzième degré et coupé en deux. Ca change des balles et des explosions. Il pivote pour jeter un oeil sur la façade de l'attraction. Il laisse échapper un reniflement amusé en repensant à ces bandes dessinées d'explorateurs de temples oubliés où un héros à chapeau et à chemise brune échappait aux pièges conçus par des peuples antiques pour protéger la tombe d'un roi ou des artefacts légendaires. Au moins, ça m'a empêché de dormir. Enfonçant les mains dans les poches, il se tourne vers la grande roue. Tu tiens vraiment à aller là-dedans? Ca ne m'a pas l'air très...sûr et même franchement vermoulu. Il plisse les paupières une moue désapprobatrice au visage. Et tu crois sincèrement que je vais te laisser y aller tout seul? T'as failli nous tuer trois fois ce soir. On est toujours là. Boogie hausse les épaules. Il n'aime vraiment, vraiment pas l'allure de cette attraction. Il visualise déjà une nacelle se détacher. Il faudra vraiment être bon en sport pour se rattraper à celle d'en bas ou à la structure à proprement parler. Et encore. Ca serait un coup de chance incroyable d'y parvenir. Si chute, il y a, elle sera longue et l’atterrissage, violent. Les secondes filent et Boogie ne semble pas prêt à poser un pied devant l'autre. Et puis, il tape dans ses mains avant de les frotter l'une contre l'autre. Je suis d'humeur joueuse, je prends le risque de te suivre. Il doit bien y avoir une sorte de démon gardien qui veille sur nous, sinon on serait déjà morts depuis longtemps. Mais je te préviens... dit-il un index pointé sur la poitrine de Lecter. Tu restes calme et tu gesticules pas dans tous les sens... Puis, un ton plus bas Je déteste la hauteur.

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MessageSujet: Re: La Foire aux Monstres La Foire aux Monstres Icon_minitime1Sam 13 Juil - 12:44

La théorie du Chaos


Territorial à mourir. Entrer dans ce monde était une violation telle qu’il avait aussitôt vu rouge. Ces jeunes idiots venus rires, prendre le tout à la légère avaient été une insulte à la grandeur ténébreuse de la foire. Jason le possédait à la seconde où il avait franchi l’entrée, devenu roi d’un monde qu’il jugeait en trop parfait accord avec sa personnalité. Tous, ils avaient payé le prix du sang en entrant dans ce train fantôme et la bête avait rivalisé d’astuce, de cruauté pour les anéantir avant de mettre en scène leurs cadavres, créant un tombeau bourré de mécanismes dont on ne pouvait dés lors plus s’échapper. A pieds comme sur les rails, c’était un voyage assuré vers l’au delà et même s’il n’était pas physiquement présent Jason hantait l’attraction pour toujours. Oh non il n’aimait pas ça, qu’on entre chez lui.  

Cinglé oui, c’est le mot qui convient. Et encore, trois pièges seulement ont fonctionné, la faute au temps passé car il y en avait d’autres. Descendant du train Jason sent revenir quelques souvenirs, une toile de fils barbelés qui de toute évidence aura éclaté puisqu’ils ne l’ont pas vu, un balancier de haches que la rouille aura bloqué, oh et n’y avait-il pas de l’acide à la place des jets de fumés ? Détails que le Clown gardera pour lui, pas certain que son camarade aurait trouvé cela comique. Pourtant, il semble moins en colère que ce que Lecter imaginait. Un léger coup sur son épaule vient confirmer la chose et le Clown respire mieux de savoir qu’il ne lui en tient pas rigueur. En effet ils ont seulement failli finir comme ça.

« On aurait pu finir décapités ou rongés par l’acide aussi mais ça n’a pas fonctio... ahem ; non rien. » Trop bavard tu te souviens ? Il se tait aussitôt, sourit à apprendre qu’au moins Boogie ne s’est pas assez ennuyé pour dormir. Petite victoire en somme. « Et bien ça me rassure, que tu t’endormes en ma compagnie ça aurait été le comble. »

Un regard sur la roue, loin d’être en bon état et moins encore d’être sécurisante. Aussi étrange que cela puisse sembler Jason trouvait en cette attraction calme quelque chose de grandiose. Lors de sa première visite à la foire, il avait observé la ville et plus précisément le quartier qui s’étalait autour, les lumières dans la nuit noire, l’horizon et il s’était sentit bien. Sentiment naïf peut-être, que de demeurer un instant plus haut que la norme lorsque l’engin remontait la nacelle au sommet. Alors quand Boogie demande s’il tient à y monter Lecter hoche la tête à trois reprises, un demi sourire aux lèvres. Il n’imagine pas qu’il le suive, trop logique pour se risquer là dedans et pourtant … frappant dans ses mains le Croque Mitaine annonce qu’il prend le risque, invoquant la présence éventuelle d’un mauvais génie au dessus de leurs têtes -chose bien possible en réalité- et le pointe d’un doigt ensuite. Interdiction de gesticuler et de faire le zouave là haut. Jason se sent sourire à l’idée juste pour le taquiner mais les derniers mots qu’il lâche claquent dans l’esprit diabolique du Clown.

« Tu ne m’en avais jamais parlé ... » Répond-il, presque surpris qu’il existe quelque chose en ce monde capable de déranger son imperturbable second.

Néanmoins, maintenant Jason réalise que jamais Boogie ne le suivait lorsqu’il partait à l’assaut des hauteurs d’immeubles. Ça n’avait rien de choquant puisqu’il fallait bien quelqu’un pour garder un œil en bas mais voilà donc la raison au final. En son cas le Clown a toujours été fasciné par toutes les hauteurs, profondeurs, appels dangereux et bien souvent suicidaires mais trop amateur de sensations folles Jason avait bien souvent tenté le pire, riant comme jamais lorsqu’il regagnait le sol parce qu’il était encore en vie et qu’il s’était amusé. Mais à bien penser à Boogie, c’est cet esprit trop calculateur, cette intelligence bourrée de logique froide qui  lui inspire l’insécurité. Alors le Clown enlace ses épaules, prend le chemin vers la roue à ses côtés.

« Je serai sage, enfin je vais essayer mais compte sur moi en cela, tu redescendras de cette roue en appréciant la hauteur Boogie. »

Le manège tourne, lentement car sans ça on a le temps de ne rien apprécier et Jason approche tout en gardant les yeux levés, il attend une navette précise. Après avoir piégé le train il avait consolidé au mieux une cabine car il voulait profiter de l’attraction et loin de lui l’envie de s’écraser lamentablement pour une histoire de boulons mal fixés. Il n’y avait rien à faire pour la carcasse, c’était ancien et il n’était pas un sorcier capable de remonter les années pour rendre à l’ensemble son état neuf.
« Ha, la voilà. » Siffle-t-il, invitant Boogie à approcher et prendre place le premier. Chose faite, Jason entre à son tour et se pose sur la banquette, venant à nouveau tendre le bras derrière son second. « J’avais contrôlé celle-là à l’époque. Je dirai que c’est la plus à même de nous garder en vie. » Très rassurant … mais il enchaîne. « On entend des tas de conneries pour ne pas angoisser en l’air, mais justement regarde en bas. »

Croisant lentement les jambes, Lecter profite de sa main libre pour allumer une cigarette et jeter un œil sur le sol qui s’éloigne doucement. Prendre conscience des distances, petit à petit comme on inverse le zoom d’un appareil photo, ne pas accuser d’un coup l’idée que dix ou vingts mètres nous sépare du plancher des vaches.  « Pour le premier tour fais juste ça, tu apprécieras le voyage ensuite. » La meute s’est couchée en rond, devenue bien petite et elle ressemble à un groupe de jouets miniatures ; le sommet atteint la foire au dessous est visible dans son entier et ses lumières clignotantes semblent lointaines. Les quelques grincements, l’effet de balancier et le vent qui dérange ses cheveux sont autant de détails qu’il retrouve sans les avoir jamais réellement oublié, qui lui plaisent. Il est chez lui, fils chéri de cet univers bariolés. Le Clown soupire d’aise, jette un regard au Croque Mitaine lorsqu’ils entament la fin du premier tour. « Maintenant savoure le spectacle Boogie, la ville n’est jamais plus belle qu’en pleine nuit. A ma première visite je suis resté là jusqu’au lever du soleil, j’en été arrivé à ne plus avoir aucune conscience des mètres en dessous. »

Second tour engagé, sentiment un rien vague. Subitement Jason a envie de savoir, d’entendre une petite histoire mais pas n’importe laquelle. Il repense à ces bribes d’informations apprises sur lui, les hauteurs qu’il n’aime pas, une vie de famille si morne, une enfant esseulé qu’on ne comprenait pas. Ils ont ça en commun. Il était logique pour le Clown de ne jamais rien demander concernant le passé de chacun puisqu’il pensait chaque personne remplaçable et donc, il ne voyait aucune utilité au fait d’en apprendre d’avantage. D’Alonso il connaît une histoire de famille, des gens qu’il a sorti de l’enfer des bidonvilles, chose apprise bêtement. Rien de plus cela dit, quant à Boogie, Jason croit bien qu’il ignore presque tout. Quels imbéciles étaient ses parents pour ne pas mesurer la chance qu’ils avaient ? Lecter lui même tuerait le premier qui lèverait la main sur cet homme. Il laisse filer un rire, regarde au loin et annonce simplement :

« Si je te dis que mes parents bossaient dans le funéraire, tu y crois ? »  

© Jason L.

Boogie
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MessageSujet: Re: La Foire aux Monstres La Foire aux Monstres Icon_minitime1Sam 13 Juil - 14:08

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J'ai pas peur des hauteurs...je les aime pas, c'est tout. se sentit-il obligé de préciser d'une voix boudeuse. Boogie ignorait de où ça lui venait, il n'avait jamais été abandonné en haut d'un édifice, n'en était jamais tombé, n'avait jamais assisté à une défenestration. Pas d'image violente associée à la hauteur. C'est juste que c'était l'une des rares choses qui ne le mettait pas à l'aise. Mais pas du tout. Un faux pas, une erreur d'estimation et c'était le grand plongeon final. Dans son besoin compulsif d'avoir le contrôle des situations, il savait que face au vide, il n'en avait aucun. Impossible de se faire pousser des ailes dans le dos ou de battre des bras pour éviter de s'éclater au sol. Sa belle réflexion ne lui serait d'aucun secours et il ne pourrait pas échafauder des plans de sauvetage d'urgence. Alors, il évitait soigneusement et avec nonchalance pour masquer cette gêne toute situation où il se retrouverait face à un abîme. Il laissait Lecter s'aventurer des mètres au-dessus du sol mais lui restait au rez-de-chaussée avançant qu'il fallait que quelqu'un garde l'entrée ou gère les hommes qui s'y trouvait. Ca avait toujours bien marché jusque là. Jamais les soupçons d'un quelconque vertige chez lui ne s'étaient éveillés chez qui que ce soit. Mais là, Boogie dut bien admettre à haute voix que décidément, les hauteurs avaient le don de le tendre comme un arc prêt à décocher sa flèche.
Jason entoure les épaules du Croque-Mitaine d'un bras en l'entraînant jusqu'à la grande roue. Regard dubitatif et suspicieux de Boogie quand il lui promet de se tenir tranquille. Le Clown saura-t-il se contrôler s'il lit la moindre crainte chez son second? Difficile d'être affirmatif. Ca serait tellement tentant de faire naître une lividité soudaine sur les traits de Boogie, une lueur de pur effroi dans ses iris pâles, voire une légère crispation ou un grincement de dents nerveux.

Les nacelles passent devant eux dans un grondement de pas très bon augure pour le Croque-Mitaine. Partout où ses yeux se posent, il ne voit que la vétusté de la structure, le bois rongé, la peinture cache-misère et la kyrielle de boulons rouillés prêts à disparaître en poussière dès que la centaine de kilos qu'ils représentaient ferait jouer leur résistance. Affichant un air détaché, Boogie sent les cheveux sur sa nuque se hérisser à l'idée que dans quelques secondes, il allait se retrouver des mètres au-dessus du sol. Sans aucune protection. Sans issue de secours. Sans fuite possible.
Finalement, Jason jette son dévolu sur une nacelle qui a l'air moins grinçante (mais toute aussi misérable) que ses consoeurs. Boogie respire calmement avant de daigner enfin grimper dans ce qui lui apparaît soudain comme un véritable cercueil suspendu en l'air. Ne manque que son nom gravé avec deux dates. Il se cale dans la banquette brûlant d'envie de rabattre la barrière de sécurité, déplorant l'absence de harnais qui le serrerait de manière inutile si la nacelle se décrochait mais qui aurait été diablement rassurante sur le coup. Il entend vaguement la voix de Jason qui lui recommande de regarder en bas quand ils seront au plus haut point de la grande roue. Boogie ne peut s'empêcher de lui jeter une oeillade sombre. Il sent la nervosité doucement prendre le pas sur son calme olympien. Son coeur qui bat un peu plus fort que d'ordinaire, prêt à crever sa cage thoracique pour sautiller devant ses yeux en lui hurlant dessus. Les muscles de son dos qui se raidissent car il est hors de question d'accompagner le mouvement de bercement de la nacelle, Boogie lui oppose une inertie de statue. Ses mains qui se font moites en même temps que sa gorge qui se dessèche...et ça monte.
Ascension quasi interminable où Boogie se demande toutes les secondes jusque où ils vont aller comme ça. Affichant une mine égale, les yeux tour-à-tour rivés devant lui et sur le côté...vers le sol, tout est perçue comme une agression. Les grincements railleurs de la nacelle. Le vent traître qui semble vouloir le balancer par dessus bord. Ces foutues oscillations qui lui donnerait presque mal au coeur. Et ces arrêts insupportables censés laisser aux passagers le soin d'apprécier le paysage. En contre-bas, tout est minuscule. Les doigts de Boogie étreignent le bord de la banquette au point d'en blanchir les jointures. Et à côté de lui, Jason qui fume comme s'il était assis à la terrasse d'un café...ça lui donne envie de balancer le mégot de frustration mais il faudrait qu'il décroche une main pour faire cela. Léger sursaut qui fait balancer la nacelle de plus belle lorsque l'engin entame sa descente. Boogie lève les yeux au ciel en se mordant furieusement l'intérieur d'une joue, se maudissant pour cette faille dans sa carapace de glace.

« Maintenant savoure le spectacle Boogie... » Presque mécaniquement, comme si ses vertèbres étaient soudainement grippées, le Croque-Mitaine tourne la tête vers Jason, une lueur alarmée au fond des rétines. Oh! lâche-t-il brusquement. On ne descend pas donc...génial... Savourer le spectacle. De toutes manières, ça peut pas être pire qu'il y a quelques minutes. A moins que tout ne se détache. A moins qu'il ne tombe en piaulant. A moins que...Boogie déglutit avant de forcer ses muscles à se détendre. Il ne parvient pas à abandonner une certaine raideur dans ses épaules. Son champ de vision s'élève au-dessus des toits des petits bungalows qui ne régurgiteront plus jamais du pop-corn, au-dessus des dernières branches des arbres, au-dessus des pylônes électriques pour finalement se river sur l'horizon noir et les lumières de la ville. Avant d'atteindre l'apogée de l'ascension, Lecter reprend la parole. « Si je te dis que mes parents bossaient dans le funéraire, tu y crois ? » Il lui faut quelques secondes pour que les mots trouvent leur sens. Ils ne parlaient jamais de leur passé. Et Lecter ne laissait filtrer aucun indice à ce propos. Ils étaient des livres dont le texte s'écrivait au fur et à mesure, au fil des jours. Pas d'introduction, pas de préface avant leur rencontre. Juste des pages noircies et rendues illisibles. Je n'ai jamais pensé que tu avais pu connaître tes parents... Il serra les lèvres avant de pivoter très lentement vers Lecter. C'est pas banal comme métier au moins. Les miens puaient la médiocrité par tous les pores. Des bovins à apparence humaine...ils tenaient une scierie. Un sourire amer étira les lèvres du Croque-Mitaine. Passionnant, n'est-ce-pas? Aucun autre centre d'intérêt que leur foutue usine. Aucune conversation à part le bois. Et ils voulaient m'engluer dans une vie identique à la leur.

Jason
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MessageSujet: Re: La Foire aux Monstres La Foire aux Monstres Icon_minitime1Sam 13 Juil - 15:21

La théorie du Chaos


Pas besoin d’être médecin, pas de pouls à prendre pour savoir qu’à ses côtés l’homme est tendu comme un câble. Il le sent, ignore plus ou moins la chose par respect. Inutile de jouer avec ses nerfs à lui, Boogie n’est peut-être pas le plus à même de s’emporter mais qui sait sous le coup de la nervosité il pourrait bien menacer de le faire voler. Ne jamais penser au pire, seulement au meilleur c’est la façon de faire du Clown qui en cela s’oppose et se différencie de son glacial homme de main. Ce n’est qu’un jeu de plus, une heure où tout pourrait basculer et après ? Qu’il vive ou meurt ce n’est pas sa décision, elle appartient au Chaos et voilà tout. La phrase lâchée est loin d’être heureuse, Lecter sourit finement mais laisse le silence répondre. Finalement il évoque ses parents, spectres jamais dévoilés mais qui pourtant furent connus alors qu’on ose penser le contraire. Jason fait toujours mine de les avoir oublié, de n’avoir jamais croisé leur regard mais la réalité est autre, elle était loin d’être agréable aussi. Enfin, à son point de vue au moins. « Une scierie ? » Redit le Clown, pivotant à son tour afin d’accrocher son regard. « Je me demandais parfois pourquoi une hache, ça tombe sous le sens maintenant. »
 
Amer, Boogie ironise le « passionnant » et pourtant c’est avec intérêt que Lecter écoute, qu’il découvre l’histoire parce que finalement il leur trouve d’avantage de points communs, encore d’autres. La chose doit être sans fin. Tirant sur sa cigarette il hoche la tête, saisit toute la contradiction que Boogie a du affronter. L’évidence d’une intelligence supérieure enfermée dans cette usine avec -Jason n’en doute pas- aucune occasion de la laisser libre. Des parents, des gens voulant le modeler à leur image sans jamais se pencher sur ce qu’il pouvait aimer ou désirer. Un égoïsme tel qu’ils ne l’auraient pas vu ailleurs qu’à leur propre place parce que cela leur aurait trop bien rappelé leur propre médiocrité.

« Oh tu sais, on voit la chose comme un peu glauque, on pense que le métier a ses zones d’ombres et pourtant c’est seulement pathétique. » Il ricane, jette un regard sur ses ongles qu’il serait grand temps de limer un peu. « Mon père avait hérité de ça par son propre père, les salons mortuaires et tout l’attirail qui allait avec. De base, il était thanatopracteur et il venait à ne passer sa vie qu’à achever « dignement » celle des autres. Ma mère était huissier de justice, à leur mariage elle a lâché son poste pour gérer les finances de l’entreprise … tu imagines la joie ambiante ? Le boulot et la maison dans le même tableau. »

Il était gamin, si jeune mais il se souvient parfaitement maintenant qu’il en reparle. Deux êtres en costumes et tailleurs noirs, airs graves, dos éternellement droit et mains sagement croisées. Les voix posées, compatissantes pour les familles de défunts, les pleurs étouffés dans les salles, les veillées funèbres à la lueur froide des bougies … Au petit Jason on disait « ne fais pas de bruit », on murmurait « va jouer dans ta chambre », loin des affaires et loin de le laisser traîner dans la maison par peur qu’il dérange. Il se souvient l’escalier, la marche où il s’asseyait pour voir arriver les gens et ne croiser aucun sourire. L’ambiance était sans cesse bridée, jamais de mot plus haut que l’autre et agencée dans les murmures, des allures de chapelle pour en faire uniquement un lieu de recueillement. Il en avait vite prit son parti, s’occupant comme il pouvait du haut de ses quatre ou cinq ans, rongeant l’innocence enfantine une fois les portes de sa maison passées. Pas d’animaux ; ce fut la désolation du petit garçon qu’il était. Il n’avait pas d’amis, il n’était pas le genre de gamin fréquentable puisque l’école -catholique et privée pour ne rien arranger- était devenue prétexte à toutes les farces, les débordements auxquels ses géniteurs s’opposaient farouchement dans leur demeure aseptisée. Unique chose qu’il avait demandé, ramenant un soir un chiot abandonné. « Maman Papa, on peut le garder s’il vous plaît ? » La seule chose, le premier « caprice » alors qu’en entrant dans le bureau parental il serrait précieusement l’animal couvert de boue contre sa poitrine en se moquant bien d’avoir ruiné son uniforme. Sermon de sa mère qui s’inquiéta uniquement de sa tenue et des poils qu’il pourrait semer partout, de son père qui annonça catégoriquement qu’il n’avait pas envie de s’encombrer avec de telles futilités. L’animal avait été donné à au garagiste qui assurait l’entretient des corbillards … un choc. Une révolte cuisante. Il n’avait dés lors plus jamais réclamé quoi que ce soit et sans le savoir, ce « non » prononcé de concert avait sonné un glas.

« Va jouer ailleurs Jason. Jason, il y a du monde alors va dans ta chambre. Tu as fais tes devoirs j’espère ? Très limités en matière de conversation ces braves gens … Le travail toujours, jamais de vacances parce qu’ils n’allaient pas confier l’affaire à quelqu’un d’autre. Perte de temps disait mon père, et ils avaient beau aligner les zéros sur les comptes ça ne les rendait pas moins insipides. » Le ton s’assombrit, il laisse filer un reniflement grouillant de mépris, de rancune. « Nous sommes une entreprise respectable, disaient-ils … ouais, mais ça s’arrêtait là. »

La nacelle balance un peu plus, seulement un défaut dans le tour de roue sur un passage de pièces. Jason soupire et sonde les yeux polaires, c’est comme croiser son reflet. Chacun dans leur univers ils ont affronté l’ignorance, rongé leur frein en solo, deux cerveaux en surchauffe qu’on écouta pas, jamais et des visages sur lesquels ont ne prit en aucune occasion le temps de s’attarder plus d’une minute ou deux. Le travail ; c’est la santé … jolie farce d’adultes limités.

« J’imagine que la scierie, ça n’était pas plus divertissant. Et tu devais t’y ennuyer toi si cérébral. Délicatesse de bûcherons, ce n’est pas né sans raison ce terme. Tu les as supporté longtemps ? » Un coude sur la barrière,  il s’intéresse là où il n’en ferait pas le centième pour quelqu’un d’autre. Il flotte dans l’air un parfum de nouveauté, de pages à tourner mais comme pour boucler totalement leur lien Jason entrouvre leur boite de pandore respective. Après quoi il n’y aura plus jamais rien, plus aucune manière possible de les séparer. Apothéose d’un mariage fou, au sommet d’une grande roue ... 

© Jason L.

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MessageSujet: Re: La Foire aux Monstres La Foire aux Monstres Icon_minitime1Sam 13 Juil - 16:15

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Occultant le néant autour de lui, le vide sous ses pieds, oubliant qu'il se balance à une dizaine de mètres au-dessus du sol dans une coquille de noix uniquement retenue par une poignée de boulons à la solidité douteuse, Boogie écoute la préface de l'oeuvre Jason Lecter. Là où lui, calme et réfléchi, ne voyait que le côté intéressant du métier de ces parents, le Clown y voyait tout autre chose. Une vie de frustrations, entouré par le recueillement et la mort, les larmes et le deuil Pas étonnant qu'il s'est accroché un sourire...Boogie baisse le regard sur le bois grinçant sous ses pieds. Lui aussi on lui avait ordonné de partir et de laisser les adultes tranquilles. Lui aussi avait eu des géniteurs aisés et stupides, envasés jusqu'au cou par leur métier, s'y enfermant avec une joie masochiste et se laissant posséder par leur activité. Pour l'un, c'était le morbide et le macabre, pour l'autre la trivialité la plus totale.

Chez moi, on me servait plutôt "j'en sais rien, Al" ou "prends un bouquin". Je posais beaucoup de questions et j'ai vite compris qu'ils ne me donneraient jamais de réponses. Pas parce qu'ils ne le voulaient pas mais parce qu'ils ne savaient pas. J'ai appris à lire seul rapidement pour assouvir ma curiosité. Je pouvais pas compter sur eux. Boogie poussa un soupir une moue songeuse sur ses traits. Ca faisait des éons qu'il ne s'était pas plongé dans son passé d'être humain. Pourtant, les images restaient vives et aussi colorées que s'il s'agissait de la veille. Il les avait simplement remisées dans un coin de sa mémoire, sous une tonne de poussière.
J'étais assez libre, en fait...ils s'intéressaient pas vraiment à moi alors je me suis rapproché de tout ceux qui semblaient être calés dans un domaine. J'ai traîné avec un infirmier, un vétérinaire, un médecin. J'ai accompagné des chasseurs. J'ai erré dans des garages.

Chaque connaissance avait été absorbée, digérée et comprise. Le petit Alastor n'avait jamais abandonné un mentor jusqu'à ce que ce dernier n'ai plus rien à lui apprendre et qu'il en sache autant que lui. Facilité d'apprentissage qui n'a jamais surpris ses parents. Le jour où on a sorti le terme "surdoué", ils ont décrété qu'il n'y aurait pas de ce genre de fantaisie dans la famille. Que je finirais à l'usine comme on finit en prison...une fantaisie... soupire-t-il. De méprisables, ils sont devenus haïssables. Acte manqué que celui de pouvoir rejoindre une école où ses capacités auraient été reconnues à sa juste valeur. Alastor Burton aurait pu devenir n'importe quoi. Rien ne lui aurait résisté. Il aurait pu changer le monde. Il aurait pu trouver des remèdes à des maladies incurables. Il aurait pu envoyer l'humanité dans l'espace. Il aurait pu créé de nouvelles armes, devenir un tacticien hors pair. Laissé à lui-même, il est devenu un génie du mal.

Je les ai supporté jusqu'à mes vingt ans. Ils sont morts dans un accident de voiture. Banals jusque dans leur décès. Quelle comédie il avait dû jouer lors de l'enterrement. Alastor était déjà sacrément bizarre aux yeux des autres. Introverti. Secret. Aux réactions violentes. L'adolescent borderline, manipulateur et supérieur qui avait déjà planté un camarade sans sourciller devait se montrer un minimum touché par cette disparition. Prendre un air affecté alors qu'il ne voulait qu'une chose, ouvrir les cercueils pour piétiner les deux cadavres jusqu'à ce qu'il soit hors d'haleine...ou qu'on ne puisse plus identifier les deux corps. Boogie se redressa en prenant une inspiration lasse.Et comme prévu, ils m'ont tout légué. Surtout leur maudite usine. Alors j'ai viré tout le monde. Je l'ai fermé. J'ai passé quelques temps à tout démolir à l'intérieur jusqu'à ce que ça m'ennuie. Jusqu'à ce que je tue. Il hocha la tête avec une moue navrée. Et oui, mon cher Jason. Je fus un monstre en cage et contrôlé pendant longtemps avant que je ne libère la Bête.

Jason
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MessageSujet: Re: La Foire aux Monstres La Foire aux Monstres Icon_minitime1Sam 13 Juil - 17:28

La théorie du Chaos


Rien d’étonnant. S’élever seul, comme si c’était normal pour un gosse d’affronter ses premières fois sans aucune explication. Ils ont cette même rancune sur la langue, ce même venin macéré dans les entrailles face à des géniteurs incompétents. À l’idée de l’apprentissage de la lecture fait seul Jason esquisse un sourire. Il en aurait mis sa main à couper tant c’était évident. « Je veux bien te croire, tel que tu les dépeins je ne les voyais pas gentiment penchés sur ton épaule pour te faire apprendre. Débrouille-toi hein ? Personnellement j’ai eu quelques difficultés mais c’était histoire de patience, je n’en avais aucune et comme il était impensable pour eux que je demeure « ignorant » ils m’ont mis le nez dans les bouquins jusqu’à la nausée. »

Haussement de sourcils dépité, mais que ces gens étaient stupides. Il n’arrivait pas, l’esprit sans cesse ailleurs et incapable de concentration sur du long terme. Sa mère faisait ses comptes, l’oeil sévère et s’il avait l’idée de lever le nez sur le décor elle soupirait, comme outrée. Mais à tirer sur la corde, en le forçant ils avaient fait pire que mieux, Jason avait tout bonnement implosé. Soudain muré dans un silence de mort, les mains comme cimentées à la table il avait brisé un premier morceau de sa raison jusqu’à ce que trois jours plus tard, moment pendant lequel on ne put ni l’approcher ni lui parler, il renverse la bibliothèque en hurlant mot pour mot le texte qu’on lui ordonnait de décrypter depuis des mois. Crise qui aurait dû alarmer … tombée sous le coup d’un caprice qu’ils oublièrent pour se replonger dans leur carcan professionnel.

« Fantaisie ? Tiens donc, elle est bonne. » Rit-il, jetant le mégot consumé par dessus bord. « Normal que tu les ais détesté pour ça. Tu aurais certainement un cursus à faire pâlir les physiciens à l’heure qu’il est. »

La suite n’est guère plus enjouée. Morts dans un accident de la route, c’est banal et Lecter imagine sans mal comme il a dû simuler un minimum de peine à se retrouver seul. Une libération partielle puisqu’il hérita de tout. Apprenant que Boogie licencia les employés le Clown lâcha un « Pas étonnant » murmuré tout en rallumant une cigarette et à la dernière phrase tombée il fait rouler la tige de papier entre le pouce et l’index, pensif. En cage au final … pas tant. La bête n’avait jamais été contrôlée, elle écumait d’une envie de « plus », d’autre chose et parce qu’elle avait la patience, la bête avait simplement fait son chemin avec une prudence qui lui était propre. Une suite logique quand on connaît l’homme d’aujourd’hui que de songer qu’il a seulement pris son temps. Tandis que d’autres se sont lancés tête baissée … Jason sourit, délicatement et glisse sur l’assise jusqu’à se rapprocher de son Croque Mitaine.

« Je leur suis … reconnaissant à tes maudits parents car de manière peut-être hasardeuse ils m’ont offert le plus beau des cadeaux. » Du bout des doigts il retrace le contour de son visage, noyé dans le bleu de ses yeux puis il repose la main sur le bord. « La suite ne te surprendra même pas Boogie ; j’ai tué ces deux imbéciles qui me servaient de géniteurs. C’était tellement facile … bien plus que le gamin de mon premier meurtre. » Il le chante presque, en parle comme d’une libération. « Dans les journaux on raconta qu’un court circuit avait provoqué un feu dans le sous sol et avec les produits d’embaumement, les quantités de cercueils stockés sans compter les tissus dans les salons et le chauffage au gaz c’était impossible à maîtriser pour les pompiers. Le couple fut retrouvé -ce qu’il en restait autant dire pas grand chose- carbonisé dans le lit conjugal, et un petit garçon aussi … c’était fini, on enterra la famille et on en parla plus très longtemps ensuite parce qu’il ne resta rien à sauver. On rasa l’endroit, devenu terrain vague qui aura été racheté pour faire autre chose aujourd’hui peut-être. »

Là avait commencé son errance, une vie nouvelle qui passa par la case bonnes sœurs. Il y passa un long moment certes mais il en profita pour se construire et apprendre pour le futur. Avalant le savoir des adultes croisés, maltraitant sans aucune retenue les autres enfants et s’entourant d’une bête seule. Fou, il l’était devenu sans doute ou en tout cas, avait perdu toute notion de limite. « Je ne suis pas certain de mon âge à ce jour parce qu’on ne fêtait même pas les anniversaires chez moi, dépenses inutiles disaient-ils. Je pense que je suis né en hiver, il me semble mais c’est vague. Enfin, ce n’est pas important. »

En reparler lui rappelle qui il est, la bête folle qu’on a jamais pu réellement attacher et qui risquait sa peau, celle des autres à la première occasion. Comme drogué il se lève, accroche la barre centrale de la nacelle et inspire à plein poumons alors qu’ils reviennent au point le plus haut. Il rit, comme avant ; comme toujours le Clown s’amuse et tête rejetée en arrière Jason repense à ces années, les suivantes où il s’est construit, où il s’est élevé et le souvenir merveilleux d’une certaine nuit d’orage lui revient plus que n’importe quel autre. Alors il reporte les yeux sur le Croque Mitaine qui doit bouillir intérieurement de le voir si inconscient dans cette chose branlante. La cigarette est jetée dans le vide et le balafré ne se tient que d’une main.

« Les jours dans cet orphelinat, les nonnes, les débilités de ces gamins que j’ai eu à croiser, ces années qui ont suivi, j’aurai aimé les partager avec toi. J’ai cette sensation qu’enfants déjà nous nous serions compris, reconnus et que rien n’aurait été différent. Sauf que tu m’aurais connu en ado blond avec une gueule d’ange. Oui ne cherche pas … les filles disaient ça. Mais j’en étais et en suis toujours bien loin. » 

© Jason L.

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MessageSujet: Re: La Foire aux Monstres La Foire aux Monstres Icon_minitime1Sam 13 Juil - 23:01

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Génie du mal. Est-ce mieux que ce qu'il aurait pu être? Boogie ne s'est jamais posé la question et il n'a pas vraiment envie de se pencher sur cette éventualité. Il estime s'être plutôt bien débrouillé. Il est en marge d'une société mourante, oeuvrant pour sa perte, cherchant à y porter l'estocade finale. Il n'est pas une petite brique dans un mur immense, entouré par d'autres petites briques étriquées. Sa vie n'est pas un éternel recommencement. Il n'aurait pas été heureux dans une existence rangée. Et puis, il y avait ce fauve en lui, cette Bête assoiffée de sang et de domination. Combien de temps aurait-il pu la garder muselée? Même caché au plus profond d'une forêt, l'humanité était venue à sa rencontre comme une future victime prête à être sacrifiée. Dès l'instant où il avait assisté au ballet de la mort qui venait cueillir un dernier souffle, Boogie avait su qu'il ne pourrait plus jamais couler des jours tranquilles et encore moins se mêler au commun des mortels dont le simple contact le révulsait. "Encore..." avait grondé une voix rauque sous son crâne. Présence invisible, amie de toujours, la Bête avait profité de cet instant de fascination pour se refaire entendre. Cela faisait alors des années que Boogie n'avait pas perçu ce timbre à la fois terrifiant et terriblement tentateur. Ses premiers ordres avaient été de planter un couvert dans de la chair et de lentement tourner le métal dans une main humaine. Par curiosité. Parce que c'est ce que font les forts aux plus faibles. Parce qu'Alastor leur était supérieur en tout. Parce qu'il en avait le droit et le loisir. Il n'avait été ni effrayé, ni choqué par son acte...simplement envoûté. Ensorcelé par l'horreur et la douleur qui s'étaient imprimées au fond des yeux de l'adolescent sans nom et sans saveur qu'il avait agressé sans aucun avertissement. Il avait pris conscience qu'il était réellement capable de tout et ça l'émouvait pas le moins du monde. Alastor avait toujours été différent.

Au terme de sa tirade, Jason glissa sur la banquette jusqu'à lui. Geste désarmant de douceur et de tendresse, du genre qu'on ne réserve qu'à une personne intime et particulièrement précieuse, les doigts du Clown effleurèrent les contours du visage de Boogie alors que son regard noir sembla s'égarer dans les gouffres polaires. Les paupières du Croque-Mitaine se baissèrent. Non, il n'avait besoin de rien d'autre en cet instant. Ils échappaient à tout ensemble, aux hommes comme à la mort. Même à la gravité terrestre en ce moment. Une dizaine de mètres au-dessus du sol, dans des cieux peuplés uniquement par des créatures ailées nocturnes et quelques étoiles accrochées sur le noir profond du firmament. Au milieu d'un néant, d'un vide source d'angoisses pour Boogie qui lentement reculaient au contact de Lecter. Qu'est-ce-qu'auraient donné leurs vies s'ils s'étaient connu plus tôt? Si leurs routes s'étaient croisées durant l'enfance. Ils étaient devenus en dix ans plus que complémentaires. La main de Jason l'abandonne et il reprend le récit de ces jeunes années passées sous silence depuis tant de temps, comment l'enfant avait préparé sa disparition pour renaître ailleurs. Une forme de naissance inversée où la créature se débarrasse d'un auteur qui n'a jamais été à la hauteur de ses espérances pour s'accoucher seule d'une nouvelle identité, d'une nouvelle vie. Là où le Clown avait choisi de se débarrasser de ses créateurs, Boogie avait opté pour le mépris et l'indifférence. Même enfants, ils étaient déjà possédé par ces deux éléments...le feu et la glace.

Bah, c'est très surfait les anniversaires. Convention sociale stupide pour fêter une année de plus qui nous rapproche de la vieillesse et de la mort. On m'offrait des panoplies de charpentier. Systématiquement. Subtils jusqu'au bout les parents.

Sans avertissement, Lecter repousse soudain la barre de sécurité et se lève dans la nacelle qui gémit de plus belle. Boogie sent ses mâchoires se serrer, ses dents crisser. Vivement, il se raccroche bêtement au bord de sa banquette tandis que le Clown oscille au-dessus du vide. Retour abrupt dans une réalité qui soudain se fige. Ils sont au-dessus de vide. IL est au-dessus du vide. Le regard du Croque-Mitaine suit le mégot incandescent qui tombe...tombe...tombe et disparaît de sa vue avant de toucher le sol. Ses iris se relèvent de nouveau sur le Clown. Hilare. Riant à gorge déployée. Le bon vieux Jason Lecter si on excepte le costume noir qui décidemment ne lui convient pas.

Ils ont vécu des enfances similaires à des kilomètres de distance. Ils étaient l'un pour l'autre, les frères qu'ils n'ont jamais eu, le pair qu'ils ont cherché, la seule personne capable de les comprendre et de les aimer. Que se serait-il passé s'ils avaient grandi côte à côte? Deux démons au visage d'ange, l'un aussi blond que l'autre est brun, l'un ayant les yeux aussi clairs que l'autre les a sombres. La nacelle oscille et le coeur du Croque-Mitaine rate quelques battements. Il lui avait promis de pas faire le mariole...ils sont au sommet de la grande roue. Et ça commence à bouger un peu trop. Boogie esquisse un léger signe de tête nerveux vers la place à ses côtés. Reviens ici, cinglé de Clown. siffle-t-il les dents serrées. Il détache les doigts de sa main droite un à un avant de la tendre avec un petit geste empressé.

Jason
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MessageSujet: Re: La Foire aux Monstres La Foire aux Monstres Icon_minitime1Dim 14 Juil - 0:56

La théorie du Chaos


Oui c’est très surfait. Beaucoup trop. À Jason on offrait cahiers et stylos plumes. Un briquet jetable aurait mieux valut. Il abandonnait tout dans un coin, sans jamais s’en servir sauf une seule fois quand la plume avait toué une main indésirable traînant dans ses affaires à l’orphelinat. Drôle d’idée que de franchir son espace personnel, il n’aimait pas ça, vraiment pas. Il roule des yeux à découvrir les cadeaux reçus par son second. Très subtils ces gens effectivement …  

« Ils t’auraient offert une hache encore … mais là en effet c’est le summum du foutage de gueule. »

Et le voilà qui s’agite, qui défi le vide qui n’attend qu’un malheureux faux pas pour les avaler dans la chute. Il ne sait pas s’en empêcher, c’est naturel pour Jason de tenter le diable. Mais parce qu’il est trop représentatif de la chose il n’en fait pas cas et se dit qu’au pire, c’est le hasard qu’il vient tisonner. Reprenant un semblant de contenance il réalise les signes de nervosités chez son homme de main, celui ci comme prostré à sa place. Oups ; il avait pourtant promis de rester sage. « Cinglé ? Charmant petit surnom ... » Persifle Jason, avisant la main tendue dans un empressement un rien sec. Le Clown penche délicatement la tête de coin, passe la langue sur ses lèvres. Ça cogite, idée folle que de l’ennuyer un peu, de faire naître quelques émotions jamais vues encore. Oh il pourrait, ce n’est pas comme si Boogie pouvait lui en vouloir sur du long terme encore que … il pourrait si Lecter se décidait à jouer avec ce qu’il doit certainement voir comme une faiblesse. Le fera ? Le fera pas ? Ça lui fait bien envie tout de même.

« Je crois que quelqu’un prétendait tout à l’heure … qu’il se serait bien amusé, presque sadiquement dirais-je si je m’étais trouvé sur son terrain. » Chante-t-il, un rien sombre. « Et je suis ici sur le mien donc … qui sait ce que je pourrai faire hm ? »

Des secondes en suspens comme la nacelle qu’ils habitent. Trois, deux … une et le Clown sourit, il n’en fera rien. Ses doigts s’entrelacent aux siens et il retourne lentement à sa place, le plus proche possible. Pensant peut-être que sa présence le rassure, ou le rassurait avant qu’il laisse entendre une envie de le taquiner. Un ricanement file, pas moqueur, à peine amusé et Jason reporte son attention sur son voisin.

« Je n’irai pas jouer avec toi, pas à ce point en tout cas … » Murmure-t-il, cherchant son regard. « Hey ! Regarde moi. Tu sais que tu n’as qu’un mot à dire et on descend, si ça te stresse je peux comprendre. Moi je ris pour pas grand chose et je trouve mon bonheur dans n’importe quoi mais je conçois … que ça puisse être différent pour toi. »

Charmant, presque prévenant. Pourtant il remonte la main à ses lèvres, mordille l’ongle de son pouce. Que peut-il y faire ? Même parler ne l’aura pas détendu, Boogie n’apprécie pas c’est évident. Et puis au fond Jason devrait s’en moquer comme de l’an quarante de ça. Il n’a pas à s’inquiéter de ce qui dérange les autres tant qu’il se prend au jeu lui même. Pourquoi la virée perd-t-elle en saveur alors ? Bon sang c’est donc ça de s’en faire pour les autres et de prendre en compte leurs émotions ? L’empathie ou un truc dans ce genre ? Ce n’est pas drôle. En admettant que c’est pour lui c’est encore supportable mais tout de même … à croire que l’homme est réellement irrésistible en toutes choses. Boogie un point, Jason zéro. Encore que, ce n’est pas la première fois qu’il lui cède cette nuit. Ça va devenir une manie à ce rythme.
Machinalement il soupire et croise les bras, un rien boudeur. Bah, autant en finir.

« On finit ce tour là et je te … libère. Deux minutes à tout casser en somme … »

Un regard au loin, nouvelle idée. Ce « cinglé de Clown » est intenable. Pas besoin d’être devin pour comprendre qu’il lorgne sur les montagnes russes tellement plus dangereuses que cette roue. Après tout le manège tourne bien depuis qu’il l’a relancé et rien ne s’est décroché pour l’heure, il n’y a aucune raison pour qu’il l’éjecte. Si on ne vit pas dangereusement on ne vit pas, il n’a de cesse de le dire lorsque Alonso se lamente sur ses opérations suicides. Bravo à qui lui fait oublier, c’est bien trop rare. Divagant à cela il sourit, tapotant finalement les doigts sur la barrière au son d’une chanson qu’il est le seul à entendre. Un fin gloussement lui échappe, c’est bien trop … tentant.

Trente secondes et ils pourront sortir de là, Boogie sera rassuré et Lecter bondira sur l’occasion d’aller flirter avec la mort dans cette installation vétuste qui lui fait décidément de l’oeil. Très dangereux, mais vertigineusement excitant en même temps. Il l’aura son vertige, cette sensation d’oubli, la douce sensation de lâcher prise. Impatient, véritable gamin il en oublie presque la logique incarnée à ses côtés. Pas dit qu’il soit d’accord, mais qu’y pourra-t-il ? L’assommer au pire ? Bah qu’importe … Jason a la tête dure. Trop peut-être ...

© Jason L.

Boogie
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MessageSujet: Re: La Foire aux Monstres La Foire aux Monstres Icon_minitime1Dim 14 Juil - 9:07

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Oh, comme ça doit démanger le Clown. Inutile d'être devin pour le savoir. Tout, dans son attitude laisse présager l'acte irréfléchi dont le seul but est de crisper Boogie, d'en faire geindre la glace. Sautera-t-il sur place pour faire osciller la nacelle de plus de belle? Se balancera-t-il pour accompagner et accentuer le bercement de cette dernière? Se mettra-t-il dans une situation encore plus périlleuse en lançant un joyeux "sans les mains!"? Le Croque-Mitaine insiste, remuant la main. Allez...reviens. Se répète-t-il sans le quitter des yeux. Les secondes s'éternisent, insoutenables devant l'imprévisibilité de Jason. Tentant, c'est si tentant de se jouer de l'iceberg qui n'a soit-disant peur de rien. Un sourire apparaît sur le visage couturé et Lecter lève le bras, nouant ses doigts à ceux de Boogie. Bref moment de flottement où le Croque-Mitaine visualise le Clown tirer sur son bras pour l'obliger à se lever dans sa nacelle mais il n'en fait rien. Sagement et gentiment, il retourne à sa place, s'installant le plus proche possible de Boogie qui laisse échapper un léger soupir de soulagement.
Surprenant que le Clown ai obéi, lui qui d'ordinaire se rue dans la moindre fissure pour l'agrandir, l'élargir. En temps normal, il n'aurait pas résisté à jouer ce tour pendable au détriment d'un autre, raillant l'expression de l'autre, le poussant joyeusement jusqu'à la panique, se repaissant de l'expression d'angoisse pure qui serait apparue sur le visage aux iris pâles. Mais pas cette fois. Lecter encourage Boogie à lever les yeux sur lui. Court mouvement de tête, regard en biais, le Croque-Mitaine fixe le Clown. S'il le désire vraiment, ils peuvent descendre plus vite.

Je n'ai pas peur...je suis juste pas à l'aise. répète-t-il avec une incroyable mauvaise foi, essayant de le convaincre - de se convaincre - alors qu'il n'a toujours pas lâché la main de Jason. Il cille, se mordillant l'intérieur de la joue alors que dans un soubre-saut la nacelle entame sa lente descente. Le vent froid caresse sa nuque, s'engouffrant dans le col de sa veste.
Merci...d'être revenu. lâche-t-il à voix basse en accrochant son regard à celui du Clown. Pourtant l'attention de ce dernier se porte sur autre chose. Boogie suit les iris noirs jusqu'à distinguer les montées et descentes du roller coaster. Il entrouvre les lèvres en secouant mécaniquement la tête. Il ne connaît que trop bien cette lueur caractéristique. La Mauvaise Idée dans toute sa splendeur. La folie irréfléchie. La lubie qu'on ne pourra pas lui ôter avant qu'elle ne soit assouvie. Sans détacher les yeux de la structure que les années n'ont pas épargné, sa raison retrouve ses vieux mécanismes. Il se penche légèrement contre Lecter, son épaule appuyée contre la sienne. Je sais que je t'ai dit que je serais toujours là mais ça... commence-il en indiquant du menton les montagnes russes. Ca n'a rien à voir avec le fait de pas être à l'aise suspendu dans le vide. C'est de l'inconscience. Ca doit aller à combien? Soixante? Soixante-dix kilomètres heures? A deux, on pèse à la louche cent cinquante kilos. A en juger par l'état général, les angles des descentes et des montées... Une volée de chiffres, de formules remontent à la surface de sa mémoire, ça bouillonne, ça calcule de tête, ça prend en compte plusieurs paramètres, ça recoupe et ça conclue systématiquement sur un "pas question". L'engin tourne à vide et aucun déraillement n'a eu lieu mais si on y ajoute leurs poids respectifs...les lèvres de Boogie s'agitent tandis qu'il continue à compter le Diable seul sait quoi, imaginant déjà le vol plané, les rails qui s'effondrent. Il sait que les craquements d'engrenages qu'il entend lorsque le convoi monte sont factices, uniquement émis pour accroître l'angoisse de ses occupants, mais tous les autres...ce sont bien les plaintes du bois et du métal. C'est un miracle que tout a tourné sans incident jusqu'à maintenant.
Faudra m'assommer ou te montrer foutrement convainquant pour que je t'accompagne là-dedans. lâche-t-il d'une voix neutre tandis que la nacelle s'arrête dans un ultime cahot au niveau du plancher des vaches.

Sautant au-dessus de la barrière, retrouvant enfin un sol ferme, Boogie s'étire comme un chat trop heureux de détendre ses muscles qui ne se sont jamais complètement détendus. Le chien aux regard vairon se rue vers lui, griffes plantées sur sa veste, il bondit cherchant avidement sa main, à moins qu'il ne sente encore les lambeaux de crainte encore accrochés au Croque-Mitaine. Ses mains se glissent dans le pelage rêche du cou de l'animal trop maigre puis à pas lents, Boogie part se planter face au Clown.
Alors? Tu m'embrouilles ou tu m'assommes? propose-t-il comme un défi. Une solution compliquée et une autre fort simple. Laquelle choisira le Clown. La facilité ou la difficulté? Parce que là, en l'état, c'est pas en étant pleinement conscient que je te suivrais.

Jason
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MessageSujet: Re: La Foire aux Monstres La Foire aux Monstres Icon_minitime1Dim 14 Juil - 11:33

La théorie du Chaos


Le mensonge serait-il contagieux ? Il faut croire puisque Boogie s’entête à prétendre qu’il n’est seulement pas à l’aise. Mais Jason lui laisse sa mauvaise foi, au fond il n’est guère mieux. Jamais à s’avouer amoindrit ou mal à l’aise, toujours à détourner les choses et ce n’est pas demain la veille que ça changera. Pour l’heure obsédé par une vilaine idée inconsciente Lecter réalise à peine le rapprochement du Croque Mitaine contre lui, ce dernier tente -à renfort d’arguments mathématiques loin d’être infondés- de prouver que si on ajoutait à l’engin leur poids respectif ils risquent le décollage le plus mortel du siècle. Oh oui ! Quelle belle envolée ! Songe le Clown, le sourire agrandit et bien loin de se préoccuper de la chute finale qui en plus d’être fracassante, les tuerait sur le coup. Détail détail … tout petit détail. Ou pas. Enfin voyons ils sont agents du Chaos, ce bon vieil ami ne les laissera pas finir en charpie. Rien n’est moins sûr.

Se montrer convainquant. La nacelle s’arrête, le Clown descend et plisse un œil. Il n’a pourtant jamais supposé ou laissé entendre qu’il devait l’accompagner. Et pourtant Boogie annonce qu’il faudra le traîner de force … Un rien perdu, Jason se passe une main dans le cou et revient à hauteur de la meute qui s’empresse de réclamer quelques caresses, celles-ci bientôt offertes de bonne grâce. Plongé dans ses réflexions il ne le voit pas revenir et s’il n’était lui, il aurait sursauté en réalisant que son second s’est planté juste en face, l’air bien résolu. Défi, ça lui traverse les oreilles et ça s’accroche à son cerveau de toutes ses griffes. La cohue d’araignées s’arrache de son sommeil et Jason vient croiser les mains derrière son dos, avançant d’un pas supplémentaire et réduisant pour de bon la fine distance qui les sépare. L’embrouiller ? Mais il passe sa vie à ça voyons ! L’assommer, ce serait trop simple. Lecter a toujours su se montrer très convainquant en temps de caprice, jamais à reculer et capable de rendre fou de rage les plus stoïques. Mille idées volent en lui alors, la manière de le faire céder, les bons mots à utiliser, chercher les fils … les légers fils à tirer pour qu’il obéisse aveuglement. Faire naître quelque chose, une pointe de surprise car cette nuit malgré tout ce dont-il use le Clown trouve son cher Croque Mitaine encore trop … polaire.

« C’est très tentant de t’assommer mais vois tu, ça gâcherait le spectacle de tes … émotions. » Une pointe d’ironie, sous entendu un rien vil que Boogie n’en montre aucune justement. Chassez le naturel il revient au galop, Jason Lecter est de retour et en lui tout ne prête pas à rire. Monsieur sait-être détestable à souhait. « Mais comment pourrais-je te convaincre puisque au fond, ça n’amuse que moi cet endroit. Pour ce qui est de t’embrouiller, de te surprendre … je commence à ne plus savoir par quel bout te prendre pour ce faire. »

Remontant les mains, Lecter vient lui poser autour du cou, accrochant son col dans une délicatesse rare pour le tirer vers lui, murmurant finalement contre ses lèvres. Il faudrait y mettre un sourire d’ailleurs, cet homme est beaucoup trop sérieux pour son bien. « Tu te blindes à force de me fréquenter et … pour arriver à te faire vaciller désormais je ne dois plus user de surprise mais de cruauté et ça, très cher sois en fier, c’est bien la dernière chose dont j’ai envie présentement. » Trouver une faille, il sait faire ça mais le blesser si gratuitement à quoi bon ? Par défi ? Oh ça l’aurait grandement fait rire avant, c’est évident mais ici le Clown n’y trouverait rien de bien hilarant. Boogie a tout vu de lui, il l’a même vu au fond du trou alors que reste-t-il désormais ? Rien, ils se connaissent sur le bout des ongl... ah non, non en fait reste bien une petite chose capable de faire fondre ce mur aussi glacial que la banquise. Un mauvais sourire étire les cicatrices, son regard d’encre s’accroche au sien et l’étincelle née est sans équivoque. C’est un je te tiens, un j’ai trouvé de quoi te retourner le cerveau et rapidement, sa bouche frôle la sienne, caresse éphémère avant qu’il s’écarte et casse subitement le contact.

« Je n’ai jamais dis que tu devais venir, j’y vais moi et toi … tu restes là. » Petit mouvement de poignet pour dire à la meute d’attendre sagement à cet endroit et Lecter part à reculons, hautain, arrogant, Clown dans toute sa splendeur. « Oh et ce n’est pas une proposition Boogie, c’est un ordre ! »

Talons tournés, il s’élance en courant vers l’attraction avec désormais plus aucune envie d’y monter. La donne a brutalement changé, le jeu est ailleurs et ce défi là est bien plus palpitant que de tenter la mort sur cette installation branlante. Parce que jamais le Croque Mitaine ne désobéirait, pas le genre du personnage lui si fidèle et sage. Le mettre en conflit sur sa capacité à obéir, il n’avait jamais tenté ça. Cette nuit le balafré avait presque oublié qu’il ne devait rien à personne et surtout qu’il a cet art -guère sympathique- de se jouer d’autrui, d’allumer un feu de paille dans l’esprit le plus neutre comme il l’a fait pour la sage policière. C’est lui même que Jason teste, lui même qu’il met au défi de faire enfin fondre la glace sous ses propres flammes. Arrivé à l’attraction, il reprend rapidement son souffle et s’installe nonchalamment contre la barrière pour attendre la fin du tour et prendre le suivant. Viendra Boogie ? Viendra pas ? Qu’il s’énerve un peu, qu’il brûle le cher homme. À seulement y penser Jason rit intérieurement et s’allume une autre cigarette. Une petite pointe de doute pourtant. Il pourrait bien attendre là-bas pour de bon en fait. Non ; non non. Impossible. Qu’il ose seulement rester de marbre au pied de la roue et Jason se promet de lui arracher un œil ! Qu’il vienne, qu’il l’engueule, n’importe quoi mais qu’il rapplique !
Masochiste Lecter ? Fou ? Oh … si peu.                

© Jason L.

Boogie
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MessageSujet: Re: La Foire aux Monstres La Foire aux Monstres Icon_minitime1Dim 14 Juil - 15:46

La Foire aux Monstres Robert-Capa-Gif-cillian-murphy-as-robert-capa-in-sunshine-18678437-300-125




Si Jason Lecter a toujours été la locomotive filant droit vers une destination appelée Chaos, Boogie s'est fait tour à tour combustible et convoi. A la fois fidèle partisan prêt à aller au bout de l'enfer et muse infernale ronronnant les ébauches des pires desseins, il conserve un aplomb et une stabilité déconcertants. Le roseau plie mais ne rompt pas. Que cela soit sous les coups, les remarques cinglantes, la désapprobation, les félicitations ou la proximité physique malsaine, Boogie ne laisse rien paraître de ce qui se passe vraiment sous ses cheveux sombres. Et si le Clown s'amuse à le pousser toujours plus loin dans ses ultimes retranchements, le Croque-Mitaine n'abandonne jamais complètement son écrin de glace. Constant. Egal. A peine tiédasse. Certainement et profondément agaçant et frustrant.
Boogie sait qu'il se ne fera pas assommer. Aucun intérêt pour Jason. Rien de désopilant à devoir le traîner, inconscient, dans l'un des wagons. Mais il est curieux de voir quelle stratégie, son comparse peut adopter pour le contraindre à le suivre. Persuader la glace de fondre en lui parlant...

Est-ce-que je ne viens pas de t'offrir une superbe représentation unique de mes émotions, là-haut? dit-il d'un ton détaché. Représentation unique. répète-t-il en levant l'index, car il était certain que pouvoir lire de la crainte et de l'angoisse sur son visage n'allait pas se reproduire de sitôt. Un show privé destiné à un public composé d'une unique personne. La seule au monde à qui il pouvait montrer cette facette, cette "faiblesse" d'ordinaire plongée dans l'ombre. Mon assitance réclamerait donc un rappel?

Il va falloir sortir des sentiers battus. Innover. Boogie est rodé à la moindre réaction de Lecter, quelle qu'elle soit. De la fureur la plus noire au besoin tactile, il répond avec la même nonchalance, le miel et le fiel semblent avoir la même saveur pour lui. Ils ne se connaissent que trop bien, sensibles à la plus discrète lueur qui pétille au fond de leurs yeux, au plus petit geste à peine esquissé. Ce qui est invisible, imperceptible pour le monde n'est qu'un immense panneau clignotant pour eux. Une compréhension complète qui va bien au-delà des mots et bien au-delà d'une forme étrange de télépathie. Alors quand Jason avoue ne plus savoir comment le prendre pour faire naître une émotion sur ses traits, Boogie ne peut s'empêcher de lui lancer une oeillade défiante. Les mains du Clown s'accrochent au revers de sa veste et l'attirent à lui. La proximité? Le besoin de toucher, de le sentir proche? Rien de bien nouveau. Le Croque-Mitaine ne compte plus les nuits passées aux côtés de Jason. Leur relation a toujours été ambiguë, volontairement floue, imprécise. Mais dans la haine comme dans l'affection, elle a toujours été sans concessions, pure, bondissant d'un extrême à l'autre sans aucune étape intermédiaire. Alors, non, ce n'est définitivement pas en envahissant cette zone de quelques millimètres autour d'un corps qui distingue l'ami de l'amant que l'iceberg Boogie se mettra à craquer. Même si Lecter se fait particulièrement intrusif, même si son souffle se mêle au sien, même si leurs deux ombres semblent n'en faire qu'une. La banquise ne se fendille pas, les iris polaires de tressaillent pas et le monolithique Croque-Mitaine ne cille pas. Ne fronce pas les sourcils. Ne plisse par les paupières. Même lorsque l'étincelle de triomphe apparaît dans les prunelles noires. Il devrait se sentir acculé, commencer à redouter la manifestation imminente de malignité mais il n'en est rien. Arrogance ou excès de confiance, certitude fermement ancrée qu'il ne bougera pas de là, Boogie est emmitouflé dans son orgueil et rien ne l'en délogera. Et pourtant.
Lecter l'avait dit dans la grande roue. Face à un obstacle, il fonce dedans. Quitte à s'exploser le crâne dessus. Il veut exploser l'écrin de glace à tout prix et pour ce faire, il brise la dernière barrière, forçant le porte de l'ultime bastion. Il arrache une inspiration au Croque-Mitaine, la lui volant à la source. Battement d'ailes délicat d'un papillon qui pourrait bien déclencher un typhon. Le Clown s'écarte en même temps que Boogie recule vivement comme sous le coup d'une brûlure aussi soudaine qu'imprévue. Expression interdite tandis que Jason lui ordonne de rester là. Respiration coupée tandis qu'il s'éloigne à reculons. Logique pulvérisée alors qu'il réitère son injonction.

Lui tournant le dos, Lecter s'éloigne au pas de course vers la file d'attente déserte devant le roller coaster. Lentement, Boogie baisse les yeux au sol comme sonné. Ses incisives raclent sa lèvre inférieure alors qu'il essaie de se raccrocher à un raisonnement sensé. Rien ne s'encastre. Les pièces qu'il essaie d'assembler ne s'imbriquent dans rien. Tout lui échappe et chaque schéma préétabli qu'il suit n'aboutit que sur un point d'exclamation. Il sent poindre un engourdissement au milieu de son front alors que ses prunelles polaires se lèvent sur la silhouette qui s'éloigne de plus en plus.
Abattu en plein vol. De la façon la plus symbolique qui soit. La glace craque, des éclats en tombent et là-bas, au pied de l'attraction, un point lumineux rougeoie à intervalles réguliers, semble attendre comme un sémaphore.
Boogie passe en mode pilotage automatique, sa raison éclatée il ne lui reste plus que ce besoin viscéral d'être près du Clown. Un pas après l'autre, il se dirige vers Lecter. Il n'est pas un chien qui doit attendre avec la Meute. S'il reste en arrière, ça ne sera pas par injonction mais par volonté. Raisonnement inepte et surréaliste mais c'est tout ce qu'il est capable de produire le temps que les morceaux se rassemblent et qu'il se ménage un nouveau masque impassible. En attendant, il avance d'un pas résolu, le regard rivé sur le sol devant lui. Parvenu aux barrières de la file d'attente, il lève simplement la main devant Jason. Pas de rire. Pas de mot. Pas de réplique. Rafale de vent et craquements lorsque les wagons s'arrêtent devant eux. Les barrières se lèvent, Boogie se glisse dans celui de tête avant de baisser la barre de sécurité. Alors, et seulement alors, il adresse un regard à Jason. Narines frémissantes, respiration bien loin d'être sereine. Que le convoi s'envole vers le vide, déraille ou s'écrase au sol, il s'en fiche. Et si rien de tout ça n'arrive, il espère que ça lui remettra la tête en place. Secousse sèche et abrupte alors que le manège se met en branle, se hissant au sommet d'une montée raide. Boogie ne décroche pas les yeux de ceux de Jason. L'incertitude, l'incompréhension règnent sur les lacs gelés et sans sa précieuse logique, il se raccroche à la personne la plus instable qu'il connaisse et qui représente maintenant la seule chose immuable et solide.
Moment de flottement alors que le wagon hésite entre la chute et l'immobilité. Ca sera la chute en avant en même temps que Boogie prend une grande inspiration.

Jason
Jason Lecter
Jason Lecter
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AVATAR : Heath Ledger - Joker

DC : Venecia

DISPONIBILITÉ RP :
  • Disponible


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CASIER JUDICIAIRE
ÂGE: Crise de la quarantaine ~
CAMP: Contre le Gouvernement
JE SUIS: un(e) new-yorkais(e) aux habitudes plus ou moins douteuses


MessageSujet: Re: La Foire aux Monstres La Foire aux Monstres Icon_minitime1Dim 14 Juil - 17:17

La théorie du Chaos


Viens, viens … il le pense en boucle, dix fois, cent fois, mille fois, au point d’avoir fumé sa cigarette en un temps record. Obsédé, bouffé, accroché il en appelle à quelque chose de surnaturel, ce lien qui n’existe qu’entre lui et l’autre. Viens, allez viens. Encore, sans cesse, il l’appellera à s’en rendre malade. Les yeux rivés sur le chemin, cherchant sa silhouette la bête attend la bête et n’a plus que ça en tête. Viens ! VIENS ! Et il apparaît, il arrive, le rejoint. Attraction malsaine, se retrouver en tout temps, toujours qu’importe les autres, qu’importe le monde et c’est en cela que Jason se sent complet. C’est à lui qu’il se raccroche, en ces yeux là qu’il se noie et suicidaire en puissance, c’est heureux qu’il se brûle a la morsure de ses glaces. Un sourire, il est ravi. Dans sa poitrine un papillon bat joyeusement des ailes, trop enthousiaste et le corps du Clown se redresse, il ouvre la bouche avec en tête quelques remarques, quelques mots jamais pensés, jamais prévus. Briser l’armure, en morceaux, liquéfier ce froid enfin, enfin il le tient !

Main levée. Stop. Feu rouge Lecter. Le Clown lève un sourcil, ses dents claquent comme un piège à ours lorsqu’il les referme. Expression inconnue, perdue. Presque choqué, Jason le regarde avancer et rejoindre l’engin sans même plus hésiter, s’y installer. Logique ? Prudence ? Où sont-elles passées ces notions si propres au Croque Mitaine ? Où as-t-il laissé le tout ? Un rien perplexe le balafré saute dans le wagon, mettant de côté l’idée que cette attraction puisse-t-être sa dernière folie en ce monde. Monte monte manège de mort, va voir ailleurs si on y est. Il le pense, croise son regard, hypnotisé. Tu l’as voulu Jason, et maintenant ? Le secouer oui, ça oui c’était le but mais de là à le clouer aussi rudement c’était totalement imprévu. Même plus envie de rire, même plus envie de défier le vide qui menace de les avaler, ils sont ailleurs. La scène est peinte en bleu et noir, Lecter approche un peu plus alors, cherche une réponse qui ne vient pas sur ce visage habité d’incertitude. Sommet d’une montée, temps d’arrêt. Descente, fulgurante.

Physiquement, il sent bien ses entrailles subir les effets de la vitesse, une pointe d’excitation quelque part sans doute, le cœur soulevé, sensation forte mais Jason nie. Il chasse l’ensemble, plisse seulement les yeux sous l’effet de l’air qui lui claque au visage. Bon sang il lui fait quoi là ? Ce n’était pas dans le programme ! Mais quelle était l’idée alors ? L’énerver ? Oui ça au moins c’est très gérable. Mais là, il ne sait pas. Pourtant, c’est un visage nouveau qu’il découvre, c’était le but. Bon, ça devrait passer non ? Le temps d’un tour de … oui enfin si le tour s’achève en les laissant entiers. Ça bringuebale, si fort dans un tournant que même Lecter songe à ce moment que le wagon va sortir de ses rails et quitter le décor. Son flanc vient claquer durement sur le rebord et s’il n’y avait pas cette barre de sécurité abaissée, il aurait pu voler le Diable seul sait où. Un moment de distraction, il en revient aux yeux bleus qui le fixent, qui demeurent accrochés. Nouvelle remontée, un court répit où ils peuvent s’entendre parler au moins.

« Dis moi quelque chose merde ! N’importe quoi mais … qu’est-ce que tu as ? » Il ose encore le demander. Un œil droit devant quelques secondes, il repousse ses cheveux en arrière d’une main, gardant l’autre seulement posée sur la barre. Un claquement de langue, un sifflement passant entre ses dents et ça lui revient. L’expression de surprise, cet air interdit alors qu’il franchissait un pas encore jamais fait. Un rapprochement que le Clown a tenté comme une taquinerie de plus mais maintenant, à bien y penser dans la tête de son second ça n’a pas semblé si « simple ». Nouvelle descente, synchronisée avec les questions qui vont et viennent dans son esprit. Le Clown soupire, n’accordant cette fois plus le moindre regard au manège qui peut bien s’écrouler pour maintenant. Lui a autre chose à penser. Un battement de cils, du noir contre du bleu. Le reste … le reste qu’il aille au diable.

Jason n’a pas compté les secondes, pas même savouré les plongeons dangereux, les boucles, les virages. Le tout s’est noyé, jusqu’au danger tout s’est dilué dans un seul regard qu’il n’a plus su quitter à tel point que lorsque l’attraction s’arrête, il lui faut bien dix secondes pour réaliser que de deux choses l’une : ils sont vivants, et la seconde : mieux vaut descendre avant que ce véhicule reparte. Refermant les doigts sur le poignet du Croque Mitaine il l’entraîne à sa suite et le lâche une fois le sol rejoint. Que s’est-il passé là dedans au juste ? Rien de bien ordinaire pour qu’il en vienne à occulter jusqu’à ses chers plaisirs, ses envies folles de frôler sa propre fin. Et maintenant ? Boogie lui en veut ? Ou pas du tout ? Est-il lui même après ça ? Rien n’est moins sûr, Jason lui même se sent aussi embrumé que s’il se réveillait d’une anesthésie. Ça ne sort pas, la voix reste emmurée quelque part comme si le moindre mot n’avait plus sa place. Un geste en vaut mille quelques fois, prétendent certains. Il faut le croire, vu ce qui vient d’arriver. Lecter recule, coudes posés en arrière sur une barrière et toujours incapable de dévier les yeux des siens. Et maintenant hein ? Que dire ? On est vivants ! Super, pas très éloquent aussi. La patience est trop fine chez Lecter, alors il hausse les épaules, reprend une inspiration et lâche finalement : « Allez … dis moi maintenant, qu’est-ce qui t’arrive ? C’est pas comme si tu n’avais pas l’habitude de mes manières tout de même. Enfin, je crois ... »                   

© Jason L.


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