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La Foire aux Monstres
Boogie
Alastor Burton
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COMMENTAIRES : Mon monde est une vaste étendue aride couverte de poussière et d'une végétation desséchée. Les arbres y sont tordus et leurs branches aux mains griffues écorchent et s'accrochent. Les seules visites que j'y reçois sont celles de spectres décharnés, de bêtes sauvages et de monstres sanguinaires. J'habite au coeur d'hectares désolés où j'expose des cadavres d'une macabre Beauté, et lorsque je parcours ces champs de Mort et de Douleur, marchant seul sur des ossements humains, les seules fleurs qui se mêlent à mes cheveux sont les flocons de neige qui descendent d'un ciel gris plombé.
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MessageSujet: Re: La Foire aux Monstres La Foire aux Monstres - Page 2 Icon_minitime1Dim 14 Juil - 18:28

La Foire aux Monstres - Page 2 Robert-Capa-Gif-cillian-murphy-as-robert-capa-in-sunshine-18678437-300-125




Plongeon en avant. Boogie sent son corps se soulever, la barre de sécurité lui rentrer dans le ventre mais il ne décroche pas le regard. Malgré les virages en épingle à cheveux, à quatre-vingt dix degrés qui le font heurter les bords du wagon, les montées laborieuses et les descentes vertigineuses qui lui nouent les tripes, il ne détourne pas les yeux de Lecter. Le vent de la vitesse lui fouette le visage, lui ébourriffe les cheveux, lui dessèche les yeux mais il reste plongé dans les iris noirs. Troublé par quelque chose qu'il n'arrive pas à appréhender, Boogie vampirise, aspire la moindre once de joie chez Jason sans dire un mot, sans esquisser un geste. Que lui aussi voit son assurance fondre. Il ne sera pas seul dans cette liquéfaction, il l'entraînera avec lui...jusqu'à ce que sa raison le possède de nouveau. Lorsque le convoi aborde une nouvelle montée et stagne quelques secondes à son sommet, le Clown profite de l'accalmie pour lui demander une explication à son silence. Boogie se contente d'un vague sourire muet et énigmatique alors que les wagons dévalent à nouveau.

Ca craque, ça geint. La structure non entretenue depuis des années résiste, ne se disloque pas. Le mauvais génie au-dessus de leurs têtes ne les laissera pas mourir comme ça. Sur une note d'incompréhension. Sur un silence. Le Croque-Mitaine sent avec un plaisir égoïste l'intérêt de Jason pour l'attraction disparaître. Happé par son regard opalescent, le Clown se penche sur un puzzle semblable au sien. Pourquoi réagit-il ainsi? Pourquoi il ne parle pas? Qu'est-ce-qu'il a? Si seulement, Boogie avait une réponse mais rien ne vient. Même son malaise vis-à-vis de la hauteur ne répond pas à l'appel. Lent reboot du système face au bug, on reprend la dernière sauvegarde et advienne que pourra. Autour du visage de Jason, les choses retrouvent une consistance et l'angoisse instinctive inhérente à ce genre d'attraction afflue doucement de nouveau. Boogie cille. Le tour va s'achever bientôt et déjà, les iris polaires retrouvent leur éclat froid coutumier.

Dernière ligne droite. Les wagons s'arrêtent en poussant un cri strident, les projettant d'abord en avant puis en arrière. Des déclics résonnent alors que les barres de sécurité se déverrouillent. Boogie lève les mains pour la laisser se relever. Quelques secondes s'égrènent et ni l'un ni l'autre ne semble prêt à quitter leur banquette. Lecter lui attrappe alors le poignet pour l'en sortir. S'ils restent là, ils sont bons pour un nouveau tour et pas sûr que le manège tienne le coup deux fois à la suite. Le convoi repart à vide en grinçant. Boogie prend une profonde inspiration. Il écarte fermement les questions qui l'ont mis en ébullition, il se penchera sur ces dernières un autre jour. Ou dans d'autres circonstances. Jason se libère de l'attraction presque magnétique des yeux pâles, retrouve l'usage de la parole, se demandant en quoi les choses avaient été différentes de d'habitude. Ce genre de proximité n'est pas une nouveauté, loin de là.

Tout va bien, Jason. J'ai été...pris au dépourvu, surpris. C'est ce que tu voulais, hm? Me surprendre? commence-t-il d'une voix étrangement calme. Boogie hausse les épaules, son regard glissant sur le côté. Je sais que c'est pas le genre de réponse que tu attendais et encore moins qui te satisfera mais c'est ainsi. Il penche un peu la tête en avant, les yeux levés sur le visage de Lecter. Un simple bug. Un grain de sable dans une mécanique huilée. Une soirée décidément bizarre même pour moi. dit-il en fronçant légèrement les sourcils. Un sourire étire ses lèvres lui donnant un air désarmant d'innocence. Tu as peut-être été un peu trop intrusif. Je veux dire...plus que d'habitude. Ca c'est sûr...mais il ne lui en veut pas. Alors qu'une partie de Boogie lui reproche son excès de confiance et son manque de prévoyance, une autre partie ronronne sagement. Il se redresse, jetant un regard autour de lui, paupières plissées semblant chercher quelque chose dans ce lieu qui ne lui appartient pas. J'ai envie d'un peu de calme, là maintenant. Une suggestion?


Jason
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MessageSujet: Re: La Foire aux Monstres La Foire aux Monstres - Page 2 Icon_minitime1Dim 14 Juil - 19:32

La théorie du Chaos


Il vient de se faire avoir comme un con. Un débutant ! Il le tenait, il avait ouvert quelque chose et là refermé tout seul. De nouveau la glace se forme, le manteau reprend sa place sur les épaules de Boogie et Jason en est le témoin impuissant. Mais pourquoi n’a-t-il pas poursuivit ? Pourquoi n’a-t-il pas poussé le vice ? Forcé, encore et encore jusqu’à refermer les griffes sur quelque chose de plus profond ? Oh mais pourquoi ? C’était une occasion en or ; il l’a perdu.        
Alors non ça ne lui va pas, c’est un échec et Jason ne le supporte pas. Tout va bien ; non justement. Oui il voulait le surprendre, et que ça dure plus longtemps que les quelques minutes de ce tour de manège auquel il n’a prit aucun plaisir. Le Croque mitaine a avalé sa joie, embrumé, dissoute. Le Clown grogne, regarde ailleurs. Un grain de sable qu’il dit, Jason voulait la tempête lui. Contraires encore, toujours. Intrusif c’est le bon mot, mais pas encore assez. Le souci maintenant c’est qu’il n’a même plus envie de se montrer attentionné. Il lui résiste, si froid, si insaisissable aussi, lui filant entre les doigts comme l’eau de pluie.

« Mouais … ça m’apprendra. » A se demander pourquoi. Les questions ne lui vont décidément pas.

Du calme … il n’y en a jamais à la foire. C’est un jeu sans fin qui ne s’arrête pas. Que les enfants ne veulent pas quitter, un goût de fête éternelle qui ne sait pas se poser, qui ne laisse pas de vrais temps morts. On arrête la foire d’une seule manière, pas deux. Alors Lecter hoche la tête, se détache de la barrière non sans une raideur certaine. Mains dans les poches il repart, s’éloigne et ne pipe pas mot. Drôle de soirée vraiment, riche en … en tout. Émotions fortes autant dedans que dehors, autour, partout et en toute chose. À son passage les chiens se relèvent, emboîtent le pas sans empressement et reviennent au début où tout a commencé. Jason pivote, lève les yeux sur la grande roue qui domine ce monde, il écoute les chants, les musiques et retient les le moindre emplacement des lumières clignotantes. Dans son monde les bonnes choses n’ont aucune fin, mais rien ne tourne très rond, rien ne va dans le sens qu’il souhaite à cent pour cent. Alors il vire, retourne à la cabine électrique pour abaisser la manette et mettre la foire en sommeil.

Dernier balancement des navettes, dernier échos lointain de la symphonie particulière des lieux et le rideau tombe. Le théâtre du Clown n’est pas mort, il y reviendra car c’est ici qu’il a retrouvé vie après ce passage à vide. Peut-être lui rendra-t-il un semblant de rénovation, qu’il perdra du temps à passer un coup de peinture et à piéger de plus belle le train fantôme. Sans doute, certainement même. De retour dehors il retrouve cette étrange famille, un calme ambiant où il aimerait entendre encore son propre rire mais si la dernière attraction n’a pas su éveiller sa joie la plus folle il ne reste plus grand chose de drôle.

« C’est quand elle dort que la foire est calme. Jamais autrement. »

Léger soupir -il les accumule cette nuit- et il se penche un peu plus loin pour ramasser sa veste qui n’a plus rien de net désormais. Elle rejoint la première poubelle à portée, le noir ne lui va vraiment pas. Lecter a saisi l’idée, son cher Boogie aura simplement fait machine arrière pour ne pas se laisser envahir, pour ne pas perdre le contrôle. Peut-être devrait-il l’imiter ? Oublier ces dernières semaines, revenir à son rôle d’avant et enterrer le moindre sentiment qui l’a traversé ? Dans cette éventualité, retour des punitions pour trois fois rien, de l’ignorance profonde des ressentis d’autrui, retour d’une liste d’utilité pour chacun ; adieu le rapprochement, adieu ces promesses entre eux, les nouvelles conditions et effacées les étreintes et les attaches renforcées … Adieu cette nuit. révoltante supposition, affreusement … cruelle. Mais ne l’est-il pas au fond, mauvais comme la gale ? Oh si, tellement.
Dernière occasion de briser la glace, ultime chance de voir un rien de panique dans ce regard et qu’elle ne soit pas due au vide. Qu’elle vienne d’ailleurs, du fond du cœur. Engendrée par et pour le Clown ; qu’il est égoïste.

« Au fond, je pense que vous aviez raison tout à l’heure. » Dit-il, soudain bien détaché et s’étirant. « Je m’étais comme perdu de vue et ça ne me convient pas du tout. Cette mise au point aura au moins servi à quelque chose. Je vais donc … retrouver ce bon vieux Jason d’il y a deux ou trois mois. Ça semble bien, faire table rase et me débarrasser du superflu. Plus de colère folle contre la petite reine, plus de contrariétés à rallonges, je reprend mon meilleur rôle. Après tout ; c’est là que j’étais le plus efficace. Quand je me gérais encore parfaitement seul et que me regardais dans un miroir en sachant parfaitement qui j’étais. Hm ? »

Refaire des plans ensemble, retrouver le système précédant, rire, rire à ne plus savoir s’arrêter. Chacun son rôle, chacun sa place, relever l’épée de Damoclès et laisser entendre qu’un faux pas sera mortel même pour lui. Qu’il soit encore le plus proche du Clown, mais plus indispensable, le sous entendre et voir si la chose a acquis une importance. Voir, si dans cet iceberg il reste un espoir de trouver le feu que Jason croit avoir allumé. Reboot, c’est facile mais peut-il l’accepter ? Qu’il lui dise maintenant que « ça » il ne le veut pas, que ça a de la valeur, n’importe comment, même si c’est trois fois rien. Sans ça … Jason oubliera.           

© Jason L.

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MessageSujet: Re: La Foire aux Monstres La Foire aux Monstres - Page 2 Icon_minitime1Dim 14 Juil - 21:12




Trop facile. Beaucoup trop facile. Lecter se détourne et part mettre fin au brouhaha ambiant. Dans un bourdonnement allant decrescendo, tout s'était. La fête foraine reprend le cours de son hibernation. Les ampoules s'éteignent, leurs filaments restant visibles quelques secondes avant que les ténèbres ne reprennent possession des lieux. A la lueur de la lune, Boogie voit Jason revenir vers lui, ramasser sa veste pour mieux la balancer aux ordures et entamer une de ces tirades devenues trop coutumières ces derniers temps. Lecter n'est guère différent d'un môme qui gesticule en vain, accumule les âneries, les provocations et dont la signification est "regardez-moi! je suis là!" Boogie sait que le Clown use là d'un moyen extrêmement bas pour l'amener là où il souhaite qu'il aille. Chantage affectif à peine masqué lorsqu'il avance que l'on reprend les choses dans l'état dans lequel elles étaient il y a quelques mois. Le maître et son fidèle chien, son "domestique" bien serviable, bien soumis, bien sage. La laisse et le collier ne se refermeront pas sur son cou.

Lecter passe à la hauteur du Croque-Mitaine, continue à marcher et se dirige vers l'entrepôt. Le regard froid le suit quelques secondes, seul mouvement perceptible chez Boogie et puis, il lui emboîte le pas. Au petit trot, il se place juste derrière lui, réglant son pas sur celui du Clown. Quelques mètres parcourus, le Croque-Mitaine rumine. Il n'a jamais levé la main sur Lecter, il n'a jamais haussé le ton à son encontre. Il est la glace, il a toujours laissé les flammes à son alter-ego. Boogie a apprivoisé sa Bête, il l'encourage, la flatte, marche à ses côtés. Il ne l'a jamais laissée le distancer. Mesuré jusqu'au bout, jusque dans sa déviance. Mais là, c'en est trop. Sans prévenir, le Croque-Mitaine allonge la jambe, fauchant celles de Lecter. Des deux mains, il le pousse sans ménagement en avant, le faisant chuter au sol. Il lui laisse à peine le temps de se relever, du bout du pied il le retourne sur le dos. Comme un rapace, Boogie fond sur Lecter, une gifle part et le son lui écorche les oreilles. Il perd le contrôle...alors, il referme ses doigts sur ses poignets, pèse de tout son poids sur la poitrine. Assis à califourchon sur Jason, il se penche aussi gracieux qu'un félin au-dessus de sa proie et dans son regard cristallin, de calme et de froideur, il n'y en a plus. Juste un feu ronflant qui n'est pas sans rappeler celui du Clown. Une voix grondante s'élève de sa gorge, surprenante même pour lui, mais il ne s'arrête pas.

Repartir en arrière? Parce que tu crois vraiment que tu peux faire machine arrière, Jason? On est pas des machines. Je ne suis pas une machine. Et arrêtes de te comporter deux secondes comme un putain de gamin. La colère embrase le visage du Croque-Mitaine, la pression se raffermit sur les poignets de Jason. Je ne vais pas dans ton sens, tu boudes. Je n'agis comme Môssieur voudrait que j'agisse, tu boudes. Trop froid. Pas assez bavard. Trop distant. Pas assez exubérant. énumère-t-il rapidement. Il secoue lentement la tête, plantant ses iris furieux dans ceux du Clown. Ton chantage affectif commence vraiment à devenir épuisant. Tu peux l'exercer sur n'importe qui mais pas sur moi. Certainement pas sur moi. Tu sais que je m'y soumettrais toujours...toujours...même si je suis conscient que c'est encore une énième manipulation.

La glace se fendille, craque, les fines zébrures s'ouvrent. La respiration de Boogie se fait de plus en plus rapide, sa gorge s'étrécit. La fureur s'éteint lentement dans les lacs gelés. Il baisse le rideau sur son regard opalescent avant de se relever. Un pas en arrière pour s'écarter du Clown. Il lui tourne le dos, plie les genoux et se laisse tomber au sol. Jambes relevées devant lui, il les entoure de ses bras, l'échine arrondie. Notre histoire est comme nous, complètement tordue, détraquée, hors de tout ce qui est connu. Je vais finir mes jours à tes côtés que ça nous plaise ou pas. C'est une certitude. Reniflement méprisant. Bordel, il n'y a que les personnages shakespeariens qui croient à ce genre de conneries. Boogie tourne la tête pour jeter un oeil dessus son épaule dans la direction de Lecter. T'as pas le droit. T'as pas le droit d'agir comme ça avec moi. Je ne suis pas un jouet et si je ne montre jamais rien, si je me mure, c'est justement pour éviter de me trouver dans cet état. Perdre le contrôle parce que tes piques me blessent plus que je ne le voudrais.

Jason
Jason Lecter
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MessageSujet: Re: La Foire aux Monstres La Foire aux Monstres - Page 2 Icon_minitime1Dim 14 Juil - 22:40

La théorie du Chaos


Il tombe, s’écroule sans avoir rien vu venir et doit cligner des yeux pour retrouver une vision claire parce que son menton vient de heurter le sol. Interdit, Lecter tente de se relever au ralenti mais se retrouve bientôt sur le dos sans plus rien comprendre à ce qui se passe. Boogie apparaît dans son champ de vision, le temps de croiser son regard et la gifle part, cuisante. Choc. Elle ne fait pas mal, même pas mais c’est la première fois qu’il ose lever la main sur son maître. « Alors toi ! » Siffle le Clown, reprenant le contrôle de son corps dans l’idée de lui rendre ça puissance dix. Mais le Croque Mitaine crochète ses poignets, tellement plus efficace qu’une paire de menottes et pas moyen de les arracher celles-là. Le feu prend, gagne du terrain et les paroles tombent comme des gouttes d’acide. On est pas des machines ; peut-être bien que si, mais défaillantes alors. Jason serre les dents, cherche la moindre occasion pour reprendre l’ascendant mais il est captif. Le chat a bondit et le tient parfaitement. Boogie est un prédateur avisé, il prévoit bien à l’avance alors que Lecter ne plante jamais les serres pour une autre raison que le meurtre. Jamais besoin de maîtriser avant.

Un gamin, voilà donc son titre. Le pire des pires et pourtant la vérité est bien là. Jason est un enfant dans l’âme mais pas de ceux que l’innocence peut encore toucher. Il tue, il détruit, il est barbare et ses caprices n’ont rien de simple. C’est assez insultant en un sens, il se sent comme grondé et fronce ne nez en une grimace aigre. Oui il boude puis mécontent et vexé il devient abominablement blessant. Piquer sans cesse, mais lui n’arrache pas les ailes des mouches pour passer ses nerfs, il casse des humains. Et c’est tellement ancré dans ses manies qu’il ne pense jamais à faire autrement. Il ne rétorque pas, tente de dégager ses poignets en vain. Résigné il le fusille du regard et n’est pas plus apaisé de le voir s’écarter. Maintenant il n’a qu’une envie, celle de lui décocher assez de coups pour le laisser couché à ses pieds. Relevé en position assise et passant rapidement une main sur son menton il y découvre une fine entaille mais rien de bien grave, seulement assez pour provoquer un grincement de dents.

Sa tête tourne encore un peu et il revient à genoux pour le moment, avançant, digne d’un reptile comme prêt à se jeter sur sa nuque pour la lui briser. Il l’a provoqué c’est un fait mais ce n’est pas du tout ce à quoi il s’attendait. Du moins, Jason n’attendait pas une claque, pas plus que ce qui vient de se dire. Une main se tend pendant qu’il parle de finir sa vie avec lui. « Oh ça peut s’arrêter tout de suite ça ! » Murmure-t-il, en proie à l’envie furieuse de le blesser et pas psychologiquement cette fois. Mais Boogie tourne la tête, le dévisage et lance un : t’as pas le droit. « Je prends ce droit ! Et ne t’en déplaise, oui tu es un ... » Quoi ? Blessé, réellement ? Il le cache bien alors. Depuis le temps jamais il n’a laissé entendre que les clous que Jason déversait sans cesse pouvaient l’atteindre. Boogie pliait, cédait mais toujours si … naturellement. C’en était devenu évident au point que jamais le Clown n’avait imaginé une seule micro seconde qu’il puisse en être attristé. Sa main se détend, comme rétractant les griffes et il se mord sauvagement la lèvre. Et maintenant ? Doit-il le corriger pour son élan de « violence » à son encontre ou tout au contraire lui murmurer quelques mots plus doux à l’oreille ? La première solution lui ressemble mieux. Mais une fois encore à qui la faute ? Aller le punir pour ce que Jason lui même a provoquer, ce serait fou. Mais il est fou bon sang ! Ou quelque chose du genre.

« Des conneries que de passer ta vie avec moi ? » Dit-il tout de même, prouvant qu’il écoute malgré tout. « Rien ne t’oblige Boogie, c’est affaire de choix je n’ai de cesse de le dire. Tu devras juste mourir si l’envie te prend de m’échapper. » Simple, clair. « Parce que je ne te laisserai à personne d’autre. »

D’un mouvement Lecter fait craquer son cou, ses épaules et glisse plus que tout autre chose pour le contourner. Étendant les jambes à la manière d’une araignée désarticulée. Surgissant devant son second avec le sourire le plus suave de sa réserve il l’oblige à ouvrir les bras et entrelace ses doigts aux siens, emprisonnant ses mains et comme pour tuer toute idée de résistance il murmure « Sht ; je m’oblige pas à te briser les os en tentant de me repousser ce serait un rien … fou. » Simiesque, comme au ralenti il le renverse pourtant sèchement au sol et domine, imitant la position dont le Croque Mitaine a lui même usé mais sans autre contact que leurs mains scellés. Comme suspendu à un fil au dessus de lui, pratiquement contorsionniste il approche son visage du sien, replonge dans les iris froides.    

« Dix ans et tu oses encore garder un voile, tu ne veux pas que je vois mais tu le sais pourtant. Plus le mur et dur et plus je m’échine à passer au travers. En ton cas, c’est vrai j’use et abuse, je passe les limites, toutes s’il le faut car c’est lorsque tu baisses ton masque, que tu t’exposes que je t’enchaîne à moi. » Ses mains se crispent, possessives, violentes, comme désireuses de fondre à travers les siennes et intrusif toujours, il revient avaler ses moindres soupirs. Sans contact, pas même une caresse parce qu’à ce moment il a seulement envie de le mordre jusqu’au sang. « J’ai pris le droit, je l’assume. Et oui je suis un gamin si tu le dis, qui fait caprice sur caprice, qui joue avec toi. Du chantage à profusion, des menaces, je t’ennuie et plus tu t’éloignes plus tu te mures plus je reviens à la charge parce que … » Légère hésitation, une seconde sinon moins et il achève. « Parce que je suis fou, tordu mais en ce monde dis moi tu en connais beaucoup capables d’être à ce point fou … seulement pour toi ? »
       

© Jason L.

Boogie
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MessageSujet: Re: La Foire aux Monstres La Foire aux Monstres - Page 2 Icon_minitime1Lun 15 Juil - 0:50

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Boogie entend Lecter se rapprocher de son dos. L'aura sombre lui rampe sur la peau, ça a soif de sang derrière lui. Il a osé frapper la Bête. Il l'a insulté, l'a jeté au sol. Mais il n'esquisse aucun geste même lorsqu'un sifflement lui parvient, lui annonçant que tout peut très bien se terminer ici et maintenant. Ce n'est pas la première fois que Boogie entend cela. Mourir ne l'a jamais effrayé et Lecter l'a déjà amené aux portes de la mort avant de le relâcher. Par contre, ce qui suit fige son sang dans ses veines. Boogie entend les derniers mots claquer à ses oreilles avant qu'ils ne soient prononcés. Oui, il n'est au final qu'un jouet comme les autres. Cruauté issue de la colère ou vérité? Malgré tout ce qui a pu se passer ces dernières semaines, le Croque-Mitaine se met à y croire. Le Clown aurait-il réellement joué ce rôle pervers durant tout ce temps dans la seule optique de tout lui rafler au bout de quelques jours. La phrase écorchante ne s'achève pas. Eclipse vocale soudaine. Certainement coupé dans un élan de violence qui allait s'abattre sur lui, un froissement de tissu indique au Croque-Mitaine qu'un bras qui se baisse. Toutefois, le Clown écoutait ce que son second soudain bien rebelle avait à dire. Rien ne m'y oblige? répète Boogie d'un ton presque railleur. Mais arrêtes de penser deux secondes en termes d'obligations. Je reste parce que je le veux. Pas parce que tu vas me buter si je pars, pas parce que c'est l'habitude, pas parce que j'ai nulle part où aller. Un soupir...une Bête apprivoisée, voilà ce que Boogie est. Apprivoisé pas dressé ou maté. Ca c'est bon pour les sbires et leurs nouvelles recrues sorties de prison. Lui a été apprivoisé. Il ne suivra pas Jason Lecter par pur devoir ou forcé mais parce qu'il le veut, parce qu'il tient à lui. Aussi infâme, abject que le balafré puisse être avec lui, il l'aime tout simplement. Tu me répètes que j'ai le choix, je te répète que je me fiche d'avoir plusieurs options. J'envisage rien d'autre que de rester. Ca ne m'a jamais effleuré l'esprit de m'enfuir. Et pourtant, des inconscients m'en ont proposé des occasions, des sorties de secours...je leur ai à tous arraché la langue en les laissant s'étouffer dans leur sang.

L'ombre du Clown glisse dans son champ de vision, se dresse devant lui. Boogie lève un regard infiniment las sur le visage ravagé. On l'oblige à desserrer les mains et à ouvrir les bras. C'est presque mollement que le Croque-Mitaine se laisse faire. Il a pas envie de lutter ou de se battre, il a giflé Jason. Mérité ou pas, l'acte lui apparaît presque comme honteux. Là où l'un n'hésitait jamais à abattre le poing, l'autre était mortifié pour une simple claque aussi sonore que peu douloureuse. Alors non, il ne résiste pas, toute menace ou avertissement est inutile. Les doigts de Lecter se nouent aux siens, il le pousse sèchement au sol. Le noir s'oppose au bleu engloutissant tout ce qui se trouve autour. Le visage de Jason se baisse, se baisse jusqu'à cette limite qu'il a franchi quelques minutes auparavant et qui a tant égaré le Croque-Mitaine, s'il pouvait s'enfoncer dans le sol de quelques millimètres, il le ferait. Tout plutôt que de se perdre encore une fois. Lecter lui parle de mur, de chaînes. Chaque barrière érigée subira aussitôt les assauts répétés du Clown jusqu'à ce qu'il les pulvérise. Appuyant ces dires par le geste, l'étau sur les doigts de Boogie s'accroît devenant presque douloureux. Il expire bruyamment par le nez refrénant une bouffée masochiste qu'il n'avait eu qu'en compagnie d'une certaine mante religieuse, un "allez, oses me briser les phalanges" avorté de justesse. Le jeu ici n'a pas les mêmes règles. Boogie ne peut pas répliquer à la violence par la violence. Alors, il se tait, plantant ses dents dans sa langue.
Lecter achève son monologue en évoquant sa folie qui prend des allures de possessivité exacerbée. Il admet être prêt à tout pour garder sa créature auprès de lui et dans le pire, il est passé plus que maître. Aussi jaloux qu'on puisse l'être chaque zone d'ombre chez son Croque-Mitaine est perçue comme l'embryon d'un abandon ou d'une traîtrise. Ce qu'il ne connait pas peut potentiellement lui dérober sa Bête jumelle. Un silence s'installe avant que Boogie ne passe rapidement sa langue sur ses lèvres pour répondre à voix basse.

Les chaînes ont deux extrémités, Jason. Si elles sont plantées en moi, elles le sont également en toi. Et je te renvoies ta question...tu en connais beaucoup des gens capables de se glisser dans ma peau sans se faire sauter le crâne ou s'enfuir au bout de vingt quatre heures? Subir sautes d'humeur et accès de colère, rage noire et besoin désespéré d'être entouré d'une paire de bras. Et ça, parfois dans une seule journée, sans transitions ni signe avant-coureur. Le roseau plie mais ne rompt jamais. Il poursuit d'une traite. On est seuls dans ce monde. Il n'y a pas de troisième monstre comme nous. Si je te perds, si tu me perds, on se retrouvera seul. Et après dix années de cohabitation étroite, je suis pas sûr qu'on puisse s'oublier. Les prunelles pâles se baissent. Tu saignes, Jason. J'en suis navré. Dégageant légèrement la tête, Boogie étire un peu le cou. Et du bout de la langue effleure la blessure sur le menton meurtri.

Jason
Jason Lecter
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MessageSujet: Re: La Foire aux Monstres La Foire aux Monstres - Page 2 Icon_minitime1Lun 15 Juil - 3:30

La théorie du Chaos

Pas d’obligation alors, jamais question de choix ? Différence. Jason soupire, hausse les épaules. Il voudrait bien lui en donner présentement, des raisons de fuir. Pour mieux le faire revenir et c’est sans fin. Ça ne peut pas être un fleuve tranquille, ça n’est pas si facile. Jason est tellement dur à suivre que ce n’est plus du courage qu’il faut pour oser suivre ses pas, il faut des nerfs solides, une patience à toute épreuve et en fait peut-être que s’il n’était pas si impassible cela ferait longtemps que Boogie se serait pendu dans un coin de l’entrepôt ou qu’il se serait jeté d’un toit. Alors oui possible qu’il reste par envie, parce qu’il n’est pas encore assez brûlé pour aller voir ailleurs quand bien même cela signifierait mourir à la fin.
Des occasions ? Qui ? Quand ? Il s’est bien gardé de le dire ça le bougre ! Lecter fulmine. Imaginer quelques langues perfides venues débiter des propositions traîtres à l’oreille du Croque Mitaine suffit à lui donner la nausée. Pire, il n’en savait absolument rien ! Qu’attendait-il pour lui en parler ? Le déluge ? Il claque la langue, agacé. « Et ça tu n’as pas jugé utile de m’en parler ; bien entendu. J’espère que le dernier a avoir osé date d’il y a longtemps ! »

Et ça ne tient plus à rien, ça flotte dans l’air comme la silhouette de Lecter qui reste à la fois proche et lointaine tout en le clouant au sol. À lui jusqu’à la corde, Boogie est sa propriété et s’il y a bien un miracle là dedans c’est que le Clown n’ait jamais eut l’idée de graver son nom quelque part sur sa peau pour renforcer la chose. Il devrait y penser tien, ça le rassurerait peut-être en fin de compte. Ils se connaissent si bien maintenant que Jason sent la tension qui l’habite à son rapprochement, comme l’envie de fuir ce contact jugé perturbant, la limite, la barrière qu’il n’a fait que vaciller sans la franchir un peu plus tôt mais qui a tellement ébranlé. Patience, pour ça patience, en jouer mais guère trop. Ne pas brûler si vivement la bête en face, pas encore. Dans dix minutes alors ? Allez savoir, on est sûr de rien lorsqu’il s’agit des décisions de cet homme là. Imprévisible jusqu’au bout des ongles, il pourrait en finir maintenant et démolir l’édifice, le laisser se perdre de plus belle dans l’inconnu.
Envie de lui briser les deux mains, qu’il ne les tende jamais ailleurs même en rêve, en cauchemars, qu’il ne touche rien d’autre, ça tient de la prison à ce stade. C’est une captivité, véritable et elle va en empirant. Il voudrait lui dire, lui demander sincèrement et les yeux dans les yeux : tu ne voudrais retrouver ce temps où je te laissais plus libre ? Même six mois plus tôt Jason n’en exigeait pas autant, il en était encore au stade où cette mante religieuse aurait été risible tandis qu’elle est haïssable à ce jour. A se demander ce qui a bien pu clocher, provoquer ce déclic dans un recoin de l’esprit du Clown pour décider un foutu matin qu’il ne le prêterait plus, qu’il mettrait la ville à feu et à sang pour le retrouver et rejoindre ses bras quand il le souhaite. Quand est-ce devenu si profond ? Pourquoi ça n’a rien de simple à la fin ? Parce que c’est ça les relations, crétin. C’est ça s’entourer, c’est vivre en tenant compte des autres, de lui seulement dans l’univers foireux du Clown. Il en devient vraiment passionnément cinglé.

Certes, il est bon de se le demander. En connaît-il d’autres ? Non, évidemment. Alors Jason secoue doucement la tête, l’avoue parce que s’il ment sur ça il ment sur ce qu’ils sont tout deux. « Aucun, c’est vrai. Et encore, je te trouve presque … généreux de leur donner vingt quatre heures. Douze ? Six au pire si je ne les ai pas tué avant parce qu’ils n’ont pas le centième de ce que tu possèdes. » Le balafré écoute la suite, son sourire s’efface peu à peu de ses lèvres et il se mord la langue. S’oublier hein ? Dit de la sorte ça semble facile, comme chasser les toiles d’araignées d’un grenier et ranger des cartons mais ensemble c’est un véritable puzzle qu’ils ont monté et à moins de se faire sauter la tête le premier, Jason ne songe pas à vivre sans lui. Comment les gens du communs nommeraient ça ? Ça dépasse l’entendement, il n’y a rien à comparer, ça n’existe même pas ailleurs. La totalité des psychiatres de cette planète rendraient copie blanche sur cette question. Il n’y a rien à autopsier, pas d’étude à mener car c’est juste … fou. Seuls ensemble, ça a un aspect tragique. Ils ne vivront pas cette histoire ailleurs, avec aucun autre. Âmes sœurs alors ? Ça parait trop simple encore. Jason réduit la pression de ses doigts, ne lâche rien mais écarte le projet de lui éclater les os en morceaux. Bifurcation des yeux glacés, le Clown tient encore sa position cependant comme persuadé qu’il y a encore un moyen, une porte à ouvrir pour … pour faire quoi ?
Tu saignes dit-il. Lecter se reconcentre. « Hm ? »
Boogie ajoute être navré. « Oh ça, ce n’est ri... »  

Noir. Le feu s’éteint comme un cierge soufflé par une tornade et Jason se fige. Tétanisé, statufié le clown n’a pas reculé et c’est d’un regard mort qu’il le dévisage. Prendre trois milles volts n’aurait pas fait pire, pas provoqué ça en lui et l’avalanche qui suit est tellement brutale qu’il ne parvient pas à aligner une suite de pensées cohérentes. Le geste est infime et pourtant il vaut toute la tendresse, l’attention qu’on ne lui a jamais témoigné. Il pouvait tomber, s’écorcher les coudes ou les genoux on lui disait « tu en verras d’autres », on disait, « va nettoyer ça » et si Boogie a toujours veillé sur lui ça n’avait pas cet effet. Éclipse totale et parfaite, c’est le néant qui habite l’homme. Voilà donc l’effet qu’il a lui même provoqué plus tôt ? Attention si fragile, le temps d’un battement de cœur exécuté de travers, comme une seconde remontée en sens inverse au cadran d’une pendule. Juste ça, un petit rien, un grain de sable comme Boogie disait. Celui qui cachait la tempête, une façon de lui rendre l’électrochoc vécu ? Troublant, sans appel et oui il faut le dire ça secoue. Jason ignore depuis combien de temps il le fixe de manière si inanimée, une seconde, dix minutes ? L’horloge interne s’est arrêté pour sa part. Son cœur cognant, bondissant dans sa poitrine lui rappelle qu’il vit et sa respiration reprend. Posant un genou au sol afin de se stabiliser au minimum il détourne les yeux ailleurs pour reprendre pied dans la réalité. Où sont-ils déjà ? En chemin pour rentrer, dans un coin désert en pleine nuit et étalés au sol. Oui voilà, ça revient. Une main libérée qu’il ramène à sa joue, la caressant sagement, noir contre bleu encore.

« Trop irrésistible pour mon propre bien finalement Boogie. » Rire volatile, il se mord la lèvre inférieure et dans une désarmante innocence, digne du « gamin » trop souvent cité il pose un baiser sur sa tempe avant de  le libérer à reculons tant il a seulement envie de rester là, de crever sur place même avec la lune et des chiens assoupis autour pour seuls témoins. Envie de tellement plus, de casser cette limite mais s’il le fait Jason sait qu’il n’en reviendra plus. Deux mouvements de jambes allongés, il s’écroule, assis mais comme vidé de toutes forces en lâchant un profond soupir. « Mais c’est clair maintenant. La seule chose qui me tuera en ce monde ce n’est pas une balle, pas une bombe ou même le Chaos. Ce sera toi. Car tu achèveras de me rendre dingue … » Puis il en rit, rit de lui même en allumant une clope. Un goût de cendre lui revient sur sa langue, à défaut d’autre chose, à défaut d’avoir brisé totalement le mur. « Après tout, qui est obsédé par qui ici ? »         

© Jason L.

Boogie
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MessageSujet: Re: La Foire aux Monstres La Foire aux Monstres - Page 2 Icon_minitime1Lun 15 Juil - 11:31

La Foire aux Monstres - Page 2 Robert-Capa-Gifs-cillian-murphy-as-robert-capa-in-sunshine-18678048-400-167




Geste irréfléchi, dénué de tout contrôle, spontané et naturel ; envie venue de nulle part qui devait aller jusqu'au bout. Boogie n'a jamais vu ses relations que comme un mélange de sang et de violence où les coups côtoient les caresses, où les baisers ont une saveur d'hémoglobine, où les corps doivent se déchirer pour s'apprécier. Jeu dangereux dans lequel on passe de bourreau à victime, d'agresseur à agressé. Et parce qu'ils ne sont pas des personnes normales, il fallait que Boogie agisse ainsi, mettant une forme pervertie de tendresse dans ce bref coup de langue. La Bête léchant les plaies de l'autre Bête, acte déviant pour les uns, particulièrement écoeurant pour les autres mais en totale adéquation avec leur nature. Goût métallique du sang, saveur amère d'un reste de fard, sel de la peau envahissent son palais et dans les iris de Jason, Boogie y lit le même bug, la même arythmie qui l'a pétrifiée quand le Clown s'était aventuré là où il n'avait jamais été. Un trouble identique, inconnu, incompréhensible. Le typhon déclenché par un tout petit papillon presque insignifiant met en stase Lecter, le figeant sur place, dans le temps et l'espace, annihilant toute tentative de réflexion.
La pression sur les mains du croque-Mitaine décroît et Boogie garde le silence, assiste au lent retour à la normale...mais est-ce-que seulement tout reviendra à cette normale biaisée? Le Clown met à genou au sol alors que ses yeux sombres semblent redéfinir le lieu où il se trouve, du néant se redessinent les herbes hautes, les silhouettes spectrales de la fête foraine au loin. Il se rappelle de ce qu'il était en train d'y faire et avec qui. Il dénoue ses doigts de ceux de Boogie lui effleurant la joue et le Croque-Mitaine soupire, pas de lassitude ni d'agacement. De contentement, de soulagement? Les deux à la fois? Trop irrésistible pour son propre bien. La phrase aurait de quoi le faire rire, entendre cet adjectif qu'il s'est lui-même collé sur le front après avoir failli mourir entre les mains de Lecter prononcé par ce dernier.
La voilà cette limite à ne pas franchir. Cet interdit qu'ils doivent respecter mutuellement pour ne pas se consumer dans quelque chose dont ils ne peuvent saisir la véritable teneur. Car tout ce qui reste après avoir franchi cette frontière, c'est une cruelle envie d'encore, de plus. Une sensation délicieusement désagréable de fourmillement au creux de l'estomac. Ca n'est guère différent d'un comportement addictif à une drogue et pour laquelle on est prêt à n'importe quoi. Boogie en a pris lentement conscience il y a peu de temps. Jason ne devait plus franchir cette limite. Et là, maintenant, l'autre en mesurait également les conséquences. Ca sera un aller simple vers une terra incognita, sans aucun retour ou repli possible. Et comme l'a sous-entendu Lecter -"trop irrésistible pour son propre bien" - c'est une avancée dangereuse qui pourrait leur coûter beaucoup. Peut-être tout peut-être pas grand chose mais il faudrait y aller pour le savoir. Rire léger, le Clown se penche de nouveau sur Boogie pour déposer un simple baiser sur sa tempe avant de le libérer et de reculer.

Le son d'un baiser est tellement plus discret que celui d'un canon et pourtant, les échos n'en résonnent que plus longtemps. Le Croque-Mitaine se redresse sur un coude tandis que Jason se laisse choir à une courte distance de lui. S'il y a une chose qui risque de les perdre tous les deux, c'est ce dont ils ont le plus "besoin". L'autre. Ils sont l'hôte en même temps que le parasite, l'infecté et l'infection. Un équilibre bancal et périlleux mais c'est le leur. Profession de foi de Lecter suivi d'un éclat de rire dont le seul destinataire est lui-même, son Croque-Mitaine est son pilier autant que la bombe qui peut le pulvériser. Boogie se relève, glisse jusqu'à côté du Clown qui a allumé une énième cigarette. Qui est obsédé par qui? Il se tourne vers Lecter. On est identiques jusque dans nos pires travers. Car la jalousie le ronge aussi bien qu'elle ne s'exprime jamais et qu'elle soit juste contenue, mâchée, remâchée. S'il déteste autant la Reine du Nord, ce n'est pas parce qu'elle s'oppose à eux, les rélègue dans leurs quartiers respectifs et leur impose un statu quo presque intolérable. Cette maudite femelle passe du temps avec le Clown. Et il doit assister à ces entrevues, bouillonnant de rage et drapé dans son blizzard impénétrable, voir ces manières détestables d'escort girl raffinée sans pouvoir lui arracher le visage. Un silence sans saveur s'installe avant que Boogie ne le rompe. Six ans. lâche-t-il d'une voix lointaine, le nez levé sur le ciel nocturne. Tu dois te demander à quand remonte le dernier acte imbécile de nos ennemis? Ca fait six ans que nos concurrents ont renoncé à m'acheter par tous les moyens possibles. Il leur aura fallu quatre années et la perte d'une bonne dizaine d'entre eux pour se rendre compte que rien ne m'intéressait et ne m'intéressera jamais chez eux. Il plissa les paupières se souvenant vaguement de bocaux sur une étagère poussiéreuse, de choses molles flottant dans une solution conservatrice. J'ai dû conserver leurs langues quelque part, d'ailleurs.

Jason
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MessageSujet: Re: La Foire aux Monstres La Foire aux Monstres - Page 2 Icon_minitime1Lun 15 Juil - 14:27

La théorie du Chaos

La limite n’a rien de physique. Ce n’est pas tant le geste qui fusillerait les fondations, les fissurerait et les ferait s’écrouler. Il est connu que Lecter n’a ni pudeur ni retenue, que tout acte intime passe sous son jugement comme bagatelle, geste comme tellement d’autres. Calypso a plus d’une fois plaqué un baiser sur sa joue, Tess la policière déboussolée s’est accroché à ses lèvres il y a peu quant à ses partenaires d’une nuit, tous sont morts des suites d’un corps à corps avec le Clown. Il n’éprouve rien à cela, c’est même moins enivrant que fabriquer une bombe mais avec Boogie tout est différent. Programme à inconnus multiples où il n’est plus question d’une suite de zéro et de un, plus question de choix et d’options réduites. Une main passée sur l’épaule, la plus fine caresse, le moindre regard plus appuyé que le précédant et tout tremble, tout invoque un minimum de question et exige des explications. On prend les mêmes et on recommence ; on tisonne, on monte le ton, un coup ou deux, des mots et à la fin les revoilà fatigués, côtes à côtes toujours. Pareils dans les travers, il faut bien le dire. Lecter acquiesce en silence, consume sa cigarette toujours plus rapidement. Il ne la sent plus passer, il fume trop.

Six ans donc. Il leur aura fallu du temps pour comprendre à ces imbéciles. Un reniflement mauvais échappe à Jason qui plisse les lèvres dans la plus proche expression possible du dégoût. Dommage qu’il n’en ait pas parlé à l’époque, il aurait bien fait comprendre qu’on ne le quitte pas autrement que les pieds devant. « Je leur aurai bien tranché la tête, qu’ils comprennent définitivement la chose. Puis ce n’est pas comme s’ils avaient grand chose à offrir. » A part la liberté peut-être. Proposer un patron moins exigent, moins despotique, qui ne hurle pas son nom et qui n’use pas de chantage. Bien fade tout ça. Ça ne correspond pas au Croque Mitaine, et il aurait gardé son nom d’antan accessoirement. « Je ne suis peut-être pas facile à vivre mais … tu te souviens cette nuit là ? Ton arrivée. Je n’ai jamais envisagé que tu puisses partir après, à la seconde où tu as passé la porte et que tu as pris cette hache ... C’était bouclé. »  

On avait regardé Jason comme s’il était encore plus fou qu’à l’accoutumé, se demandant pour quelle raison il avait été ramasser quelqu’un en pleine rue alors que depuis sa reprise du gang il avait laissé venir chaque employé, chaque tête. Jamais il ne choisissait, jamais il ne tendait la main et la première chose faite avant même de poser des conditions réelles avait été d’emmener son futur second dans la salle de torture où il avait seulement annoncé : je t’offre une arme, prend celle que tu veux. Jason avait jeté un froid, car cette salle n’avait jamais été ouverte à une autre personne que lui même. Ce qui dormait là n’en sortait jamais, armes chéries du Clown que personne ne devait utiliser et LUI, arrivé de nul part recevait un privilège sans précédant. Les mauvaises langues avaient parlé, bien sûr et les semaines avançant les plus anciens cuisaient de jalousie. Peine perdue, un mois fut suffisant pour qu’Alastor Burton devienne le Croque Mitaine et passe second, recevant ses appartements à l’étage et le droit de tuer n’importe qui chez eux.  

« Tu gardes des petits souvenirs de ça ? Je devrai passer plus de temps dans ta chambre alors, je n’ai jamais vu tes trésors de guerre. Enfin je te traîne dans la mienne sans arrêt il faut dire. »

Un sourire, l’orage est passé une fois de plus et revient cette ambiance plus sage, plus simple. Lecter se relève enfin, chasse la poussière sur son pantalon et s’étire. Une cigarette tuée en plus, une nouvelle embrasée et il observe la route. Il doit rester dix ou quinze minutes pour rentrer et il est certainement tard. Ou tôt, ça dépend du point de vue. Il est temps d’y retourner, de reprendre la vie là où elle s’est mise en pause. « Allez, regagnons notre domaine. J’ai étrangement envie de dormir trois jours … je me demande pourquoi. » Pour rattraper les nuits de veille peut-être ? Il ricane, ravale l’idée d’exiger sa présence pendant ce temps. Un peu de distance sera certainement bienvenue après cette nuit trop riches en rebondissements.
Un pied devant l’autre, les chiens partent en avant, ouvrent la voie et Jason cale son pas sur celui du Croque Mitaine. Rien ne dure en Jason, ni l’abattement ni la dérive. Le bateau est fou, la barre tourne sans arrêt et l’homme se pose au gré de ses désirs de l’heure puis repart une fois satisfait. Sinon, même déçu il va voir ailleurs et avance. Ne reste qu’à faire pareil maintenant, laisser un peu de temps au temps parce que c’était un peu plus pénible que d’habitude mais à la fin Jason revient à ce qu’il est : un Clown, un sale gosse enchaînant les bétises, rangeant les soucis loin derrière lui.

Une centaine de mètres et ils seront rentrés. Le balafré s’arrête, considère son antre et les alentours. Il est chez lui ici, ils sont chez eux. Maintenant tout ira bien et plus jamais, en aucune manière il ne reviendra à ces jours où le rire était laissé de côté. La joie, c’est bien ce qui doit le guider avant tout. Oh il sera encore capable de colère ou d’exigence, il fera tourner son personnel en bourrique, il tuera qui l’ennui mais justement c’est en ce sens qu’il s’est élevé. Qu’il continuera. La solution n’est pas d’oublier mais d’en tirer des leçons pour une fois, Oui … pour une fois.

« Tu … vas rejoindre ton lit j’imagine. Il doit être dans les cinq heures du matin ça semble logique dans un sens. J’hésite un peu personnellement, j’aimerai finir cette bombe aussi. » Sa mâchoire craque, merci Alonso. Une main passée sur ses côtés, il se souvient d’une table rencontrée d’un peu trop près après le coup du Cubain. « Je crois … que ce sauvage m’a cassé deux côtes. Bah, je l’ai mérité je pense. Vous avez bien agis cette nuit, et parce que c’est vous, toi surtout … je vais retenir la leçon. Au fond, l’important dans cette histoire c’est bien d’apprendre de mes conneries. »

Le gamin grandit, un peu mais c’est déjà ça de gagné.
Il n’oubliera pas et comme pour rajouter une ligne au contrat qui est le leur, Jason approche, saisit les mains de son compagnon d’armes et les observe. Il y a imprimé ses marques une fois de plus, les hématomes sont déjà là mais ils disparaîtront comme les autres avant. Une dernière fois avant de rentrer, bleu contre noir dans les secrets de leur univers.

« Je ne te demande pas de changer, je ne veux pas que tu le fasses mais cela étant je … souhaiterai, que tu me parles d’avantage. Si tu as la moindre chose à dire, de colère, de frustration, n’importe quoi Boogie … viens me trouver. Tu n’es plus ce jouet que je ne veux pas prêter, plus un objet que je peux remplacer. » Passant la langue sur ses lèvres, il détourne le regard, cherche des paroles capables de sonner de manière moins creuses que celles déjà formulées. « Hm je ne sais pas comment tourner ça, mais disons … plus qu’avoir besoin de toi, je … tiens à toi ? Quelque chose comme ça ... »

© Jason L.

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MessageSujet: Re: La Foire aux Monstres La Foire aux Monstres - Page 2 Icon_minitime1Lun 15 Juil - 16:10




Trop expéditif à mon goût, la décapitation...t'as décidément pas de patience. répond-il légèrement comme certains parlent de cuisine reprochant l'excès de sucre dans une recette. Alors que se noyer dans son propre sang, ça a quand même un peu plus de cachet. Toujours cette fascination morbide pour ce qu'il appelait l'Instant, lorsque la victime sait qu'elle ne survivra pas. La perte de toute espoir, le début de la résignation, de la panique, les questions ou les menaces inutiles qui se lisent en filigrane dans un regard qui commence à se voiler et l'ultime râle, le dernier soubresaut. La relaxe complète du corps. La guerre est perdue et la Mort vient réclamer son du, transformer en un battement de cils, un être vivant en sac de viande voué à la pourriture. C'est comme approcher du Divin, entendre toutes les interrogations qui torturent l'humanité et apercevoir sans pouvoir les comprendre chaotique toutes les réponses. Ca ne l'avait jamais lâché depuis qu'il avait donné la mort pour la première fois. Boogie se voyait alors comme un psychopompe, une sorte d'ange de la Mort accompagnant jusqu'à la toute fin sa victime. Attentif, silencieux parfois même rassurant s'il s'en sentait l'humeur.
A l'évocation de la nuit pluvieuse où une Providence néfaste au possible avait mis Lecter sur son chemin, Boogie hocha la tête. Non il n'avait pas oublié et ça appartenait à ces moments précieux qui jamais ne seront ternis par les années et la mémoire défaillante. Des années de fuite, d'errance et de solitude trompée par des chimères auxquelles il n'avait jamais cru, c'est alors qu'il était vraiment au fond du gouffre, prêt à être submergé, cueilli, moissonné par cette Faucheuse à qui il avait mâché le travail tant de fois que Jason avait surgi de nulle part. Aucune parole n'avait été échangé, il n'y avait eu que ce profond sentiment de se trouver face à un miroir, face à la seule créature vivante sur cette planète capable de le comprendre. Une résonance. Le son cristallin d'un gong funèbre pour n'importe quel habitant de la cité mais qui sonnait comme la plus délicate des notes à ses oreilles. Malgré son état d'épuisement, la Bête avait relevé la tête, humant dans l'air un fumet qui n'était pas sans rappeler sa propre odeur. Boogie s'y était accroché, puisant dans son monstre intérieur l'énergie pour sortir du trou. Aucune question n'avait fusé lorsqu'il a emboîté le pas au Clown en complet violet. Ni de la part de l'inconnu ni de la sienne. La sensation de faire ce qui devait être fait prenait le pas sur tout. Un enchaînement presque naturel comme si cette rencontre au détour d'une ruelle avait été gravée dans la roche il y a des années. Comme s'ils avaient simplement attendu que ce jour vienne pour que des engrenages se mettent lentement à tourner, s'emboîtant à la perfection, sans faux pas ni hoquet. Malgré la jalousie et l'orgueil blessé des autres membres du gang, Boogie ne s'est pas senti comme privilégié. C'était...normal, d'une certaine façon.

« Tu gardes des petits souvenirs de ça ? Je devrai passer plus de temps dans ta chambre alors, je n’ai jamais vu tes trésors de guerre. Enfin je te traîne dans la mienne sans arrêt il faut dire. »
Je gardais. Du moins, je ne fais plus dans le formol et l'organique depuis un bail maintenant. précise-t-il en posant les yeux sur Lecter. Où étaient-ils d'ailleurs ces fameux bocaux? Boogie est certain que ces derniers n'ont pas fini au fond d'un cours d'eau ou d'un trou dans le terreau de la forêt. Bah! ça lui reviendra bien un jour. Trop de viande tue la viande...mais même s'il n'y a plus de choses dans ce genre chez moi, si ça n'a plus des allures de musée des horreurs, tu peux entrer quand tu veux. Retour à une atmosphère sereine et apaisée où l'on discute de sujets affreux sans sourciller. Nouveau chapitre de ce roman écrit à quatre mains et les deux auteurs en sortent grandis malgré les banderilles plantées, les coups de griffes et de crocs qu'ils se sont donnés. De concert, ils se lèvent. La nuit touche à sa fin, les ténèbres vont s'effacer devant l'assaut du soleil. La fatigue qui frappe alors Boogie n'a rien à voir avec celle de plusieurs heures de veille forcée. Elle n'engourdit pas, elle n'est pas une punition infligée par un corps qui a été poussé au bout. Elle est méritée. La Meute s'élance devant eux et ils se dirigent vers le repaire. Une quinzaine de minutes de marche silencieuse mais pas gênée ou dérangeante. C'est un silence bienfaisant dont on se nourrit et qui n'a nul besoin d'être troublé par des mots qui de toutes façons n'auront alors aucun sens. Côte à côte, à la même allure, ils se contentent d'avancer, comme toujours.

Lecter s'arrête avant qu'ils n'atteignent leur doux foyer chaotique. Il libère Boogie, le rendant à sa propre couche tout en prévoyant de peut-être terminé cette fichue bombe qui lui résistait uniquement parce qu'il le voulait bien. Pour le Croque-Mitaine, il n'y a pas l'ombre d'un doute. Dès que les yeux noirs se poseront sur le squelette électronique, la solution jaillira aussi claire que de l'eau de roche parce que c'est Jason Lecter et qu'il a simplement oublié il y a quelques heures qui et quoi il était. On a peut-être bien agi mais ne t'égare plus de la sorte. C'est pas de gaité de coeur qu'on va te rechercher par la peau du dos. Orphée est descendu aux Enfers récupérer Eurydice et même si elle a trébuché, même si elle s'est débattue, Orphée ne s'est pas retourné. Là, sur le seuil de leur "maison", la suite devient maladroite, on jongle avec des choses nouvelles, des notions inédites, les conclusions sont à peine esquissées, à peine révélées, à peine articulées mais leur portée est perçue de la même façon. Boogie se considère comme apprivoisé et avec un sourire, il repense à ce conte qu'il a lu quand il était enfant. Il y était question d'un renard et d'un petit prince, de la responsabilité de l'un sur l'autre, de l'unicité que l'apprivoisé et l'apprivoiseur prenait aux yeux de l'autre, de la douleur éprouvée au départ de l'un, des liens tissés et de l'importance capitale que chacun revêtait. Je tiens à toi...quelque chose comme ça en effet. murmure le Croque-Mitaine en écho à cette déclaration cryptée. Les iris bleus se lèvent sur ceux du Clown. Plus de glace juste de la bienveillance. Ses mains glissent hors de celles de Jason tandis qu'il fait face au vaste bâtiment. Par habitude, il lui propose son bras avant de reprendre. Demain ou dans trois jours si tu te décides à dormir autant, je veux pas voir ces fringues. Du rouge, du vert, du jaune même du rose si ça t'inspire. N'importe quoi en attendant le retour du violet mais plus de noir.


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