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Flash Back - Piqûre de rappel
Jason
Jason Lecter
Jason Lecter
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MessageSujet: Flash Back - Piqûre de rappel Flash Back - Piqûre de rappel Icon_minitime1Lun 16 Déc - 13:08

Silence dans les couloirs ~


Patience, patience ! La patience il l’emm... non, un rien de poésie tout de même. Un rien de raffinement, faute de vouloir prendre son temps. On reste poli, on croasse on rit mais que ce soit encore joli. Joli … légèrement tendancieux ici. La langue passe sur les lèvres, impatiente et sifflante. Les dents claquent, il plisse les paupières et fouille le mur du regard. Devant, un panneau de métal qui semble prêt à crouler sous le poids des objets qu’il contient. Outils en pagaille, ça pique, ça coupe et ça luit paresseusement. Ça peut bien patienter, ça ne perd pas son temps un objet. Petite moue songeuse, un doigt sur les lèvres comme l’enfant se concentre au choix cornélien du « crêpes ou gaufre » qu’on propose au quatre heures. Derrière lui un reniflement plaintif, un sanglot morveux royalement ignoré voir même désapprouvé d’un geste las du poignet.    
Dans la pièce l’air est chargé, saturé, fournaise insoutenable d’une cuisine de quatre étoiles revisitée. Le froid d’automne n’est plus, il s’est prit la porte sur le coin du nez et on avoisine les trente cinq degrés. On tousse, on s’étouffe dernière, ciel que ça manque de classe. Reniflement méprisant du balafré qui sourit tout de même de coin, ses doigts se tendent, s’étendent en caresse sur les manches divers, taquinent les crochets et les lames. Difficile de choisir, envie d’y mettre quelques formes et que ça sorte des classiques. Pas qu’ils soient passés d’âge, les meilleures soupes sont issues des vieilles marmites mais le bien est l’ennemi du mieux ne dit-on pas ? Poings fermés posés sur l’établi, le gamin se contrarie et rouspète. Allez allez on se décide, on se presse sinon on va ralentir la fête. Cutter passé sous les prunelles noires, évident. Scalpel, tournevis, un petit air de déjà vu quant à la hache … nan. Chacun ses jouets, c’est du ressort de la chasse gardée. Clous, marteaux, chalumeau, pinces à  … chalumeau ? Victoire ! Faut fêter ça, cigarette oblige. Tige entre les lèvres, crachat bleuté de gaz et on se paie le luxe de cramer le tabac à la flamme soufflée. Sympa ce petit effet, ça n’existe pas en format de poche les chalumeaux ? Dommage. Ça en jette plus qu’un briquet.    

« Bien ! Alors messieurs … où en étions nous ? » Yeux bovins qui répondent, s’interrogent. Quoi il attend une réponse ? Non, bien sûr que non allons. L’un tire sur la corde qui le ficelle à sa chaise comme un rôti bardé et prêt à enfourner. Aucun commentaire sur son caleçon long rayé qui évoque ces vacanciers d’une époque largement dépassée, une telle démonstration de mauvais goût est à la limite d’agresser les rétines les plus sensibles. L’autre en est à pleurer sur son bras cassé et bizarrement croisé derrière le dossier de la chaise où il repose, incapable de faire un mouvement sans réveiller quelques esquilles d’os. « Allons bon, on ne chouine plus comme ça à votre âge, les garçons ça ne pleure pas ! » Morigène le Clown, sautillant jusqu’au duo terrifié. « Quelle idée aussi d’embêter un type de deux mètres, auriez vous quelques tendances suicidaires ? On préconise une thérapie en ce cas … du moins je crois. »

Court haussement des épaules, réglage attentif de la flamme. Un souffle vers le haut pour chasser une mèche verte collant à son nez et le Clown fini par secouer la tête. La chevelure est désordonnée, le maquillage humide dans cette chaleur de bête et la vapeur ambiante lui colle les vêtements à la peau. Quatre murs devenus moites, c’est un véritable sauna de sa seule fabrication. Orfèvre en matière de pièges Jason Lecter a pensé le lieu en véritable cage à supplices dont on entre par une porte pour ne ressortir que par une autre, direction la benne à l’arrière. Au gré de ses délires les plus alambiqués le balafré pourrait en modifier jusqu’à la toxicité de l’air si l’envie lui prenait. Son gentil petit monde de calvaire, son musée des horreurs privé et perfectionné depuis dix précieuses années. « Une dernière volonté ? » Roucoule-t-il, se pliant soudain en deux face au rôti qui sursaute aussitôt, les yeux écarquillés de le découvrir sir proche. « On … a rien fait de mal ! » Lecter roule des yeux, soupire. « Tout le monde dit ça c’est d’un … réchauffé. »

Pinceau de flamme surgit sous le nez de l’homme qui recule prestement la tête. Aussitôt il s’étrangle, il aura eu les narines roussies de toute évidence. Lecter ricane et lui lance un regard en biais. « Autre chose ? »
« C’est à cause de la fille ! Merde le Cubain il a … pété un câble à cause d’elle et pour une foutue pierre tombale ! » Battement de cils fugitif, presque curieux. « La quoi ? » Légère surprise du Clown qui détache assez les doigts pour arrêter le chalumeau et attendre une réponse qui a tout intérêt à être rapide. « Ouais heu … j’sais plus son nom … il avait l’air de la connaître heu .. merde comment il l’a appelée ? » Couinement adressé à bras cassé qui garde les yeux rivés au sol en murmurant à dieu seul sait quel dieu justement qu’on lui vienne en aide. « Heu .. heu c’était pas Luka ? Clara ? J’sais plus. » Silence. Les araignées sont à l’ouvrage et grouillent de ci de là. Retournant à l’établi Jason y pose un moment son feu en bonbonne pour mieux fouiller un tiroir métallique. Cherche cherche, un objet bien précis. Pas là … zut. « Un petit instant je vous prie ! »

Presque au pas de course il quitte la salle de torture et son atmosphère cuisante. L’air frais lui claque au visage à peine a-t-il passé la porte et son passage en coup de vent fait à peine lever les yeux à sa meute qui ronfle paisiblement dans l’entrepôt. Petit tour par la cave le temps de dénicher l’objet convoité et il remonte non sans refermer à triple tours derrière lui.  
Dans ses mains une antiquité du domaine de la photographie, poussiéreuse alors il la dépose sur le bureau, saisit un chiffon et une bouteille d’alcool 90°c tout en lançant d’une voix musicale. « Quelqu’un sait si Alonso connaît une Luka ou une Clara ? » Les quelques sbires présents secouent la tête d’un même mouvement, légèrement moins sereins sachant qu’ils ne sauront pas satisfaire la curiosité de leur patron. Aucune confirmation alors ; Jason claque la langue et murmure un « Pas grave. » mais pendant qu’il entame de faire reluire l’appareil le gros gamin adepte de la mal-bouffe approche de manière relativement discrète malgré son poids. « Patron ... » Lecter ne lève pas les yeux mais le souffle qu’il laisse filer indique qu’il écoute. « Je crois que j’ai entendu parler d’une Luka. » Cette fois les yeux noirs braquent, mais le jeune ravale son angoisse et continu. « L’autre jour j’entendais parler un groupe et … y’en a un qui disait qu’il devait aller quelque part pour récupérer dans médocs pour sa mère malade. »
Jason, l’attention maintenant tenue se pose sur le rebord du bureau. « Personne ne délivre de médicaments dans le coin … à moins de braquer une pharmacie bien sûr. » L’autre opine aussitôt. « Oui c’est ce que j’ai pensé, alors j’ai cherché un peu et … y’a un genre de dispensaire secret dans l’Est, avec une certaine Luka justement. »
Rire fusant, presque admiratif quand on en saisit les nuances. Lecter siffle, braque l’appareil sur le gros et le flash délivre une lumière aveuglante avant de cracher un carré de papier glacé que le Clown récupère pour l’agiter afin d’activer le séchage. Le visage rond comme celui d’un poisson lune apparaît, net, les couleurs parfaites. Bien bien, ça fonctionne encore comme il l’espérait. « Bien Bob, très bien ! Tu iras peut-être loin finalement, tiens d’ailleurs si tu montais un barreau de l’échelle ? Tu es préposé au ménage si ma mémoire est bonne ? »
Hochement de tête, peu fier, pas désolé non plus d’avoir à balancer des corps au cimetière putride du QG. Lui a au moins assez d’humilité pour prendre ce qu’on lui donne sans broncher. Et s’il ne se nomme en aucun cas Bob, il n’ira pas protester. « Oui patron. » Le Clown lui laisse le cliché, lui adresse un sourire et lui pose une main sur l’épaule. « Autant se servir de tes oreilles puisqu’elles ont l’air de fonctionner, laisse les traîner et si tu entends parler d’un truc marrant tu me dis, ok ? » Un lueur reconnaissante, il n’en faut pas d’avantage et Jason repart comme il est venu.  

Retour à son musée, à sa fournaise. Bras cassé est tombé dans les vapes, c’est très impoli. Jason n’avait-il pas demandé de l’attendre ? Pas qu’on doive quelque chose à un bourreau mais c’est tout de même insultant de penser qu’il puisse ronfler de manière si indifférente. Le balafré pose un doigt sur sa bouche, un « chuut » qui attire l’attention de caleçon rayé qui panique d’ors et déjà. Glissade silencieuse de Lecter jusqu’à la chaise, le bout des doigts posé sur le dossier de la chaise qu’il précipite vers l’avant. BOUM. L’autre s’écrase face la première et le poids de son corps tire férocement sur son membre brisé. Hurlement, gémissement, tellement plus efficace qu’une douche froide la douleur ! « Fallait pas dormir, vous cassez la bienséance propre à l’invité modèle sinon. »

Clic flash, photo. Non ramassée elle voltige jusqu’au sol et Lecter retourne chercher son chalumeau.
La flamme bleue fait danser l’air, le Clown approche l’autre dont la joue a rencontré le béton et s’accroupissant il ricane, laisse monter l’hilarité à la seule image du tableau final qui se dessine dans sa tête.

« Et on sourit je vous prie ~ »

Cris et cris, on monte le son et comme prévu lui seul sourit.  
 
[…]

Volées de portes arrières ouvertes au cul des camionnettes, meute libérée descendant comme dans un sordide ralenti. Depuis qu’elle s’est agrandie Jason l’embarque à sa suite et la quinzaine de chiens a à peine besoin d’ordres formulés de vive voix. Dernier molosse descendu, la bête scarifiée du Clown aux allures de créature d’Enfer et qui n’a rien à envier à celle des Baskerville. Certainement dogue allemand, d’un noir de jais à la musculature puissante il coule un seul œil ambré sur son maître car l’autre, certainement crevé durant un énième combat ne luit plus que d’un blanc crayeux. La main gantée de cuir passe entre ses oreilles en pointes, l’homme précède en tirant délicatement sa montre de sa poche. Midi, heure de repos … ou pas. L’allusion lui arrache un sourire et il raffermit légèrement la prise sur le fusil d’assaut akm qui lui pend au bras.

« C’est l’heuuuure les enfants ! On va faire ses vaccins ! » Pas plus de dix hommes avec lui, pas de Croque Mitaine et pas de Cubain occupés ailleurs et la porte de l’hôpital clandestin s’ouvre en grand pour lui toujours en première ligne avant les bêtes. Pas besoin d’annonce, il a pour lui le luxe de pouvoir dire que l’habit fait le Clown et rapidement les premiers cris de terreur fusent. On a envie de filer bien loin certainement mais déjà les sbires sont aux portes et barrent chaque échappatoire possible.
Claquement réjouit de la langue, la Bête lève le canon en l’air et tire un coup au plafond. Le plâtre craque et se détache dans un nuage de poussières fade à deux mètres devant lui. Claquement de doigts, la meute avance et  l’entoure, prête à bondir tandis que le molosse s’assoit à sa droite, la tête dépassant sa hanche.

« Nous sommes dans un hôpital aussi je vous serai gré de ne pas hurler ça dérange les malades. Maintenant je cherche une certaine Luka, si elle pouvait avoir la bonté de s’avancer cela m’éviterait d’avoir à vous égorger les uns après les autres pour vous faire parler … ça vire tellement vite au bain de sang ce genre de jeu et ça fait flamber les notes de teinturier ! »

Rire de gorge, roucoulé tandis qu’il laisse reposer l’arme le long de sa jambe. On est pas en violet aujourd’hui car le costume n’est pas fini alors on l’a joué subtile. Subtile oui, dans un trois pièces immaculé, chemise rouge et gants assortis. Pour peu, monsieur ferait presque infirmier. Pour peu … ouais.

© Jason L.

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MessageSujet: Re: Flash Back - Piqûre de rappel Flash Back - Piqûre de rappel Icon_minitime1Lun 16 Déc - 13:11

" Là, c'est pas mal. Les berges bien droites. Fais attention, ton champs stérile va toucher la table non stérile. Et voilà. " du coin de l'oeil, Luka voit le médecin esquisser un sourire machiavélique, quand elle s'empare du coin de son champs pour le décoller de la table. Apparemment, il y avait un piège, mais lequel ? " Et maintenant, ce sont tes gants qui ne sont plus stériles. "

Lâchant un profond soupir, la belle abandonne pinces, aiguille et fil sur la table d'un geste exaspéré, au milieu de son mètre de champs stérile recouvrant sa pauvre escalope, dont la suture ressemble d'avantage à une pratique de torture artistique  qu'à un véritable soin. Elle aimerait très sincèrement pouvoir remplacer Emma pour ce genre de geste à l'avenir, si son amie est indisponible, mais il faut se rendre à l'évidence : comme médecin, elle est complètement nulle.

" Au bout d'un moment, c'est si grave que tout ne soit pas stérile ? gémit elle en se passant les mains sur le visage. Il faut dire qu'elle est là depuis au bas mot deux heures, à s'entraîner comme une forcenée, sans amélioration notable.
- Non... " roucoule Emma, lui arrachant presque un relent d'espoir. " Si tu as les moyens de revoir ton patient trois jours plus tard avec une plaie infectée grosse comme une boule de pétanque. " ... Eh ben, au moins y en a une qui s'amuse.

Les moyens, elle ne les a pas. En ce moment, chaque nouveau malade est une bonne raison de plus de se faire des insomnies. Ils sont en manque de médicaments, de matériel, de nourriture et bientôt, même le café soluble viendra à manquer. L'automne est toujours une mauvaise période. Proche de la rentrée, elle rend la police complètement dingue, tout le monde est en effervescence à l'idée de la nouvelle génération de gosses à mater. Résultat, c'est à peine si Luka a pointé le nez dehors depuis sa visite au quartier Sud, ni même osé passer plus d'un coup de téléphone. Elle commence à devenir chèvre. " Je suis mannequin, moi, pas chirurgien. ", grogne t'elle en s'arrachant à ses gants-plus-stériles-du-tout. Emma laisse échapper un sourire un peu moins hilare que les autres et lui tapote le bras, l'encourage à changer de matériel et recommencer calmement. Elle découd l'escalope pendant que Luka se bat avec la pose de nouveaux gants, puis la laisse se concentrer sur sa tentative.

" Je me disais " glisse le médecin, l'air de rien, après un temps de cette énième bataille contre un morceau de viande et du fil de suture. " Maintenant que tu t'es réconciliée avec Alonso, on pourrait peut être sortir tous les quatre, avec nos hommes. Ce serait sympa. Et puis, ça te ferait du bien, un peu de normalité, pour une fois. "
- Nos " hommes ", comme tu dis, sont respectivement un irlandais clandestin complètement frappé et un cubain faisant partie intégrale du trio de tête des ennemis publics. " marmonne Luka, non sans esquisser un léger sourire, malgré la concentration que lui demande sa tâche. " C'est toi qui as besoin de normalité, Emma. Pas moi. Et puis, c'est déjà assez difficile comme ça d'éviter les sujets qui fâchent, je ne veux pas me retrouver pendant un dîner à parler du type que j'ai reçu la veille parce qu'il avait été tabassé à mort par l'homme avec qui je couche.
- Tout le monde a besoin de normalité. Toi aussi. Et je peux comprendre que ça te fasse peur, mais il serait peut être temps de songer à être avec autre chose qu'un type envers qui la question de l'engagement ne se posera jamais.
- C'est toi qui dis ça ? s'exclame la jolie blonde, dans un éclat franc. Un irlandais tatoué coureur de jupons et gérant d'une radio pirate, ça c'est un engagement stable.
- Ca n'a rien à voir. Jack ne trucide pas des gens tous les petits matins. Pour l'amour du ciel, Luka, Peter est fou de toi, tu crois pas que ce serait plus logique de lui laisser une chance ?  "

Elle tente de répliquer, une pointe d'agacement lui prenant légèrement le ventre, mais des hurlements dans la pièce d'à côté lui coupent son élan. Les deux jeunes femmes sursautent quand un coup de feu retentit, Emma laisse même échapper un cri aigu, elles baissent un instant la tête, réflexe aussi instinctif qu'inutile. Le coeur tambourinant, Luka se lève et s'arrache à ses gants d'un même mouvement. A travers les murs, elle entend le discours prononcé, immédiatement suivi d'un rire atroce, lui serrant la gorge de plus belle. Priant pour que l'identité de l'agresseur ne soit pas ce qu'elle soupçonne, elle échange une oeillade angoissée avec son amie, le temps d'un frisson commun, terrible. " Reste-là. " souffle t'elle finalement à voix basse, assourdie par les battements de son propre coeur. Elle se débarrasse de son masque et de sa blouse et pousse la porte de la pièce, accusant le spectacle en un cri bas, ténu. Entassés dans un coin de la pièce, la famille aux trois enfants, les plus vieux jetant des regards muets autour d'eux, le plus jeune pleurant à chaudes larmes, que les bras de sa mère peinent à étouffer. Devant eux, Peter tente de faire office de barrière. Un homme debout près de la porte, un carton dans les bras. Et des chiens, dont les grondements continus semblent orchestrer tels de féroces maestro les tremblements des enfants. Des malades allongés sur des lits épars, figés de terreur. A part le vieillard fiévreux qui continue de marmonner qu'il veut voir son fils mort, à moitié assommé par les anti-douleurs, déjà hors de toute réalité.

Et, au milieu de l'arène, un clown dans son costume blanc, comme l'invité d'honneur d'un bal funeste se présenterait à son public pour son dément discours. Les jambes tremblantes sous sa robe longue aux pans de tissus légers et motifs printaniers, Luka braque un regard écarquillé sur lui, la gorge enserrée par la peur, et cette impression d'être minuscule malgré les cinq bons centimètres dont elle le surpasse. A cinq mètres, peut être sept à tout casser. Elle a beau avoir bien compris qu'il lui faut avancer, ses jambes sont incapables de lui répondre. Le grondement d'un colosse la fait bondir, au point qu'elle jurerait de sentir bel et bien son coeur au creux de sa bouche chevrotante.
Et dans ces quelques secondes d'affreux silence, dont le maître de cérémonie semble se repaître, le cliquetis familier d'une gâchette.
Un nouveau frisson. La chair de poule.

En pivotant la tête, Luka constate avec horreur un Jack debout sur ses jambes, le canon d'un flingue pointé en direction du Clown. Elle s'étrangle. Une porte est enfoncée derrière l'homme au carton, deux autres arrivent pour le pointer de concert. L'une des armes pivote vers elle, menaçante.

" Lâche ton flingue ou je la bute !
- Toi, lâche ton flingue, connard, ou je te jure que je plombe ton boss !
" Jack, baisse cette arme ! clame Luka, étouffée d'incrédulité.
- Certainement pas !
- Tout ce que tu vas réussir à faire, c'est tous nous faire tuer. Baisse-moi ce fichu flingue. " parvient elle à articuler plus lentement, un regard furieux convergent vers lui. Elle le voit plonger dans ses yeux une expression de panique absolue, devine à quel point il commence à prendre peur, d'avantage pour elle que pour lui. Un mouvement ténu de la tête, une négation suppliante, et il abaisse enfin son revolver en un soupir exaspéré.

L'un des deux hommes avale la distance qui les sépare et tend la main pour récupérer l'arme. Luka le reconnaît immédiatement, quoiqu'il se refuse visiblement à la regarder dans les yeux, et Jack doit en avoir fait de même, parce qu'il lâche un rire jaune, sifflant dans l'air, les dents serrées.

" C'est pas la reconnaissance qui vous étouffe les gars, hein ? Comment va ta petite amie, Bill ? Bien remise, j'esp... " Un coup de poing dans les côtes le coupe dans sa phrase. L'homme lui arrache l'arme des mains et lui bourre la tempe avec la crosse, si fort que l'irlandais s'en répand au sol en toussant un air qui lui manque.
" Me cherche pas. " grogne l'homme de main, arrachant un nouveau rire grogné à l'irlandais. Il vide le chargeur puis la chambre en gestes successifs avant de bazarder le tout de part et d'autre de la pièce. Il pivote malgré tout le visage, un bref instant, vers Luka, lui adressant ce qu'elle croit être un regard d'excuse, avant de quitter la pièce.

Elle a envie de pleurer.

Tremblante, la jeune femme déglutit une salive difficile, si épaisse de manquer d'humidité qu'elle lui semble pareille à de la pâte, sableuse et insipide. Sa peur est telle qu'elle se sent sur le point d'avoir des vertiges. Osant enfin franchir le pas, elle en esquisse quelques uns pour se détacher du reste, se rapprocher de l'homme au visage si terriblement burlesque. Arrivée à deux mètres, elle se fige. Ses yeux caressent l'arme gigantesque dormant contre le flanc du terrible personnage pour finalement épousent son regard, élevant une nouvelle strate dans l'échelle de l'angoisse. Sa pensée immédiate est pour Frederic. C'est la seule et unique raison plausible. Ils n'ont ni argent ni moyen de pression sur le gouvernement. Mais si c'est bel et bien le cas, avec toute cette armée, ça veut dire que ses tentatives auprès d'Alonso ont échoué. Et qu'ils vont tous mourir.
Ne flanche pas, petite fille. Tu ne peux pas te le permettre.

" Qu'est ce que vous voulez ? " souffle t'elle une voix blanche, à peine reconnaissable, les sourcils froncés, sans parvenir à en contrôler le tremblement chevronné. " Il n'y a que des clandestins et des infirmes, ici. Tout juste deux boîtes de morphine, quelques antibiotiques et un matériel de basse qualité. Ca ne vaut même pas le prix de votre arme. "

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MessageSujet: Re: Flash Back - Piqûre de rappel Flash Back - Piqûre de rappel Icon_minitime1Lun 16 Déc - 13:13

Silence dans les couloirs ~


Jolie poupée blonde, encore une. Il doit avoir un souci avec les blondes ces derniers temps. Des gueules d’ange qu’on rêve de découper en petits morceaux ou de clouer au mur pour en faire tout autre chose que ces gravure de mode dont elles ont l’air. Elles devraient se teindre en rose bonbon ça ajouterait une pointe de comique à la chose au moins. Quoi que niveau absurde ou bizarre ce type qui vient de surgir en braquant son flingue mériterait une palme d’or. Sourire du Clown qui s’effile comme une lame de rasoir, un sourcil en accent dans une surprise feinte. Devrait-il faire semblant d’avoir peur histoire de conforter un peu ce crétin dans sa piètre tentative de sauvetage à la demoiselle en détresse ? Rire pouffé. Et puis quoi encore ?

Une porte s’ouvre, deux sbires apparaissent et Jason ne bouge toujours pas, se contentant de caresser paresseusement la tête du chien. « Lâche ton flingue ou je la bute ! » Raffiné ça. « Toi, lâche ton flingue, connard, ou je te jure que je plombe ton boss ! » Fichtre bigre diantre voilà qui atteint des sommets en matière de répartie. Passons, le Clown ignore la menace comme on ignore un vendeur ambulant sur la plage et sa bouche s’active en murmure tandis qu’il jette un œil autour : tu la butes, il me bute, vous la butez et ils se butèrent tous ; charmante petite comptine morbide il devrait la noter sur un coin du bureau celle-là.
Mais ici Madame -ou mademoiselle- porte la culotte dirait-on et le type baisse son flingue. Pas trop tôt. Trop bavard cependant car il évoque un service rendu, se prend un coup et plie jusqu’à finir au sol. L’homme de main lui crache quelques mots, Lecter n’y accorde aucune attention. Ce qui se passe en dehors de l’entrepôt ne regarde que ces types et loin de lui l’envie de s’inquiéter de ce qu’ils font de jour comme de nuit, il n’est pas leur mère aux dernières nouvelles. Bon, c’est fini là ? Ça devient un rien long. La fille tente un pas, deux, avance enfin en sa direction. Et ben dites donc ; aurait-elle « désirée » pour second prénom ? Le Clown redresse légèrement la tête, coule vers elle un regard d’encre aussi mauvais qu’il est brillant.

Il ne peut s’empêcher de rire à sa phrase, innocente en plus ? À moins qu’elle le prenne pour un con ; au choix mais ce serait franchement malvenu et à en juger par la peur qui rend chaque mot chevrotant, nul doute qu’elle cherche une raison valable. Soyons bon prince, un tantinet gentleman, on parle à une dame ! Ce qu’on s’en balance … Oui, non, peut-être ? Allez, c’est plutôt drôle en fait. « Oh allons, si je voulais des médicaments j’irai les chercher à l’hôpital avant de le faire sauter. Ce qui serait très drôle mais là n’est pas la question. Les infirmes et les malades vous disiez ? Baah au pire je peux les envoyer à la morgue dans toute ma … grandeur d’âme ça leur évitera de souffrir et ça fera des lits à nouveau libres qu’en pensez vous ? » Fusil braqué sur le gosse qui sanglote -pleure de plus belle- ; Lecter a un problème avec la marmaille c’est quasi physique. Ça casse la tête tellement ça couine et là ses pleurnicheries lui polluent sérieusement les oreilles ! Claquement sec de la langue et la voix vire en un ton de reproches autant calmes qu’acides. « Tu veux bien la fermer ? Parce que sinon je vais devoir t’arracher les cordes vocales et je n’ai pas envie de ruiner mon costume pour un morveux, tu saisis ? » La mère perd toutes couleurs et resserre aussitôt les bras autour de son gamin en larmes, lui murmurant de se calmer. Lecter baisse son arme, relève les yeux sur la blonde. « Nous disons donc ? Ha oui ! Pourquoi je suis là ! »

Tien d’ailleurs … pourquoi ? Pour faire chier Alonso peut-être ? Même pas. Curiosité maladive au rapport, il a voulu jeter un œil par lui même et voir ce qu’il en était. Une gamine à la tête d’un mouvement, ça lui en rappelle une autre qui n’est pas -plus- la bienvenue au Sud. Il devrait la descendre avec sa clique de bras cassés tien, franchement qui irait pleurer un groupe de pacifistes ayant à peine de quoi soigner un mal de crâne ? Ce n’est pas comme si elle allait manquer au système ! Ça arrangerait même Gordon si ça tombe. Aurais-tu la bonté de rester logique mon lapin ? Murmure une voix venue d’on ne sait où. La logique garde la pour toi, chéri. Grogne-t-il sans jamais réellement prononcer le moindre mot. Mais oui, ce serait con de faciliter la vie à l’autre inconnu sous son drapeau à petites étoiles ; trop bon trop con dit-on. Il n’est pas con, donc ne sera pas bon. Ce qui n’empêche pas de faire de sa vie un enfer ; où tout le contraire à voir comment ça tourne et... non sérieusement il va arrêter de brailler lui ? À bout de la sacro-sainte patience qui lui fait tant défaut le Clown pivote rudement en direction du gamin et plisse un œil.

« Soit vous trouvez un moyen de faire taire ce singe miniature soit je le plombe et croyez bien que ça m’énerverait passablement de gaspiller une balle pour avoir la paix ! Sans compter que, je précise au cas ou vous ne le sauriez pas, la cervelle ça bousille la peinture ! »

Le ton légèrement courroucé ravive les grognements de la meute toutes pupilles posées sur l’enfant. Bien entendu que ça n’arrange rien mais c’est le cadet de ses soucis, sa mère n’a qu’à l’assommer ou alors -au mieux- que ces médecins à la manque lui fassent gober un tube de morphine merde alors il ne s’entend même plus penser !
Hm, ils sont réactifs au moins à défaut d’autre chose. On vient chercher mère et rejeton pour les éloigner et enfin le calme revient. Pas que Jason aime le silence mais il vaut mieux que cette cacophonie vocale. Bon ! Maintenant ils vont pouvoir causer. Un signe de tête à l’intention d’un homme qui s’en retourne vers l’entrée et le Clown reprend, passant la main à travers ses cheveux. « J’ai cru comprendre … qu’on vous avez légèrement manqué de respect ? Une histoire de tombe et … mon affilié l’aurait fort mal pris ? Il a attendu un peu avant de me jeter les responsables sous les dents car voyez vous j’étais légèrement … souffrant. Je vais beaucoup mieux désormais ! »

Bientôt jeté à genoux entre la demoiselle et le Clown, caleçon rayé -rhabillé pour l’occasion de ses fringues en lambeaux- qui ne sait plus qui supplier entre les deux. Sa peau est roussie par endroit, son nez cassé et il renifle comme un buffle. Une oreille manque aussi, bah ce n’est plus très grave pour le temps qu’il lui reste à vivre. Lecter avance, encercle sa nuque d’une main. « C’est bien la demoiselle que tu as ennuyé avec ton pote ? » Minaude-t-il, comme encore douteux. Le type acquiesce vivement sans lever les yeux, il les ferme plus volontiers d’ailleurs. « Bien bien ! Avouons que j’aurai eu l’air moins drôle si je m’étais trompée de … personne. » Nouveau flingue tiré de l’intérieur de sa veste et vivement posé à l’arrière du crâne de l’autre. « La raison de ma venue disais-je, d’une réparer l’offense faite à mon homme de main qui a eu la tâche fort ingrate de corriger ce genre de … déchets. De deux, réparer celle causée à votre encontre car je n’aime pas l’impolitesse dans mon quartier et enfin de trois, vous assurer de mon entière … sympathie ! »

Sourire carnassier, détonation sourde répercutée dans l’air et l’homme s’arque une dernière fois avant de retomber mollement en avant sans la moindre éclaboussure pour ruiner le costume blanc. Avantage du petit calibre, cervelle en bouillie, entrée réduite mais aucune sortie de balle. Un de moins … reste à lui parler de l’autre. Comme soulagé d’un poids il soupire finement et range la petite arme avant d’ordonner d’un mouvement du fusil qu’on débarrasse les lieux du cadavre. Tout roule comme sur des roulettes dirait l’autre ! Mais c’est seulement une idée où elle n’a pas grandement l’air de trouver le spectacle réjouissant ? Ciel … les gens n’ont aucune reconnaissance de nos jours.  

© Jason L.

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MessageSujet: Re: Flash Back - Piqûre de rappel Flash Back - Piqûre de rappel Icon_minitime1Lun 16 Déc - 18:32

" On s'habitue à tout. Il y a pire que l'odeur de la merde. Il y a quantité de choses qui ne sentent rien, mais qui carient les sens, le coeur et l'âme plus sûrement que tous les excréments. L'homme est ainsi fait qu'il préfère se croire un pur esprit, un faiseur d'idées, de songes, de rêves et de merveilles. Il n'aime pas qu'on lui rappelle qu'il est aussi un être de matières, et que ce qui s'écoule entre ses fesses le constitue autant que ce qui s'agite et germe dans son cerveau. "
Philippe Claudel


Il y a un cadavre à ses pieds.
La détonation résonne encore à ses oreilles, écho familier, cynique, de ses éternels cauchemars. La piqûre de rappel enfoncée entre ses côtes et le produit injecté au coeur du myocarde. Quant à savoir quelle quantité de cette instruction liquide il compte enfoncer dans son thorax, il n'y a que le Monstre et l'avenir pour pouvoir le dire. Tout le reste de la meute se noie dans une totale impuissance, à commencer par l'honorée elle-même. Et le discours sonne contre ses tympans, plus sûrement encore que l'éclat de la balle sortie de sa chambre. Ce n'est pas Frederic, ou qui que ce soit d'autre, qui serait responsable d'une idiotite valant toute cette mise en scène. C'est elle et elle seule. Sonnée, le cerveau à l'arrêt, Luka suit le chemin du cadavre qui disparaît, puis revient à la tâche étonnamment minuscule laissée derrière lui, dont les effluves d'hémoglobine font frémir les muscles saillant de la horde canine. Dans son thorax, derrière ses côtes, quelque chose grince et se tord sous les effets de la piqûre. Sorte d'étrange, infime satisfaction, derrière l'indignation horrifiée de ses jolis principes.


I'm not sure what I'm looking for anymore
I just know that I'm harder to console
I don't see who I'm trying to be instead of me
But the key is a question of control


Il paraît que la misère aime la compagnie. Quant à savoir si c'est une simple histoire de réconfort, ou bel et bien de rendre l'autre misérable pour être moins seul, tout dépend du degré de cynisme dans lequel on se place. La limite à franchir, en somme. Ce n'est, après tout, pas la même pour tout le monde et il s'agit là d'un choix ne pouvant engager que l'individu lui-même. La compagnie, elle, n'est que poudre aux yeux. Et l'humanité ne cesse et ne cessera de rabâcher l'importance des instants volés en compagnie d'un autre. Ces moments du suspension hors du temps, couverts d'une poésie grossière, que seuls les intéressés sont à même d'imaginer, absurdes pour tout autre spectateur. Le besoin de l'homme d'oublier sa propre condition d'être purement terrestre et primitif crée la magie illusoire de ces moments factices, aussi erronée qu'elle est essentielle. La conscience crée le fantasme, l'abstraction fait la nécessité d'évasion. Et s'il est une chose commune aux bons comme aux mauvais, aux fous comme aux soit disant sains d'esprit, aux meurtriers comme aux saints, c'est cette envie aberrante de trouver dans les événements alentours une espèce de sens transcendant la réalité primitive. D'imaginer que leurs actes sont le fruit d'une véritable essence, et non une simple goutte perdue au milieu d'un océan de coïncidence, dont l'Histoire du monde se fout comme de sa première pluie.

Et ce qui différencie un idéaliste du reste de la meute, c'est d'ailleurs d'avoir largement sublimé ce besoin, jusqu'à en faire sa propre raison de vivre, en un élan de mégalomanie totale. Et c'est forte de cela que Luka s'arrache au sommeil, réveillée par l'éternel bruit d'une détonation à ses oreilles. Désormais trop habituée à ce conditionnement inconscient, elle n'en éprouve même plus d'inquiétude, et laisse Pavlov la faire immerger de sa torpeur en toute quiétude. Contre sa joue paresseuse, le balancement chaud d'un torse qui s'abaisse et s'élève, encore et encore. Satisfaite de se prélude, elle inspire l'air aux relents de savon bon marché émanant des draps dans lesquels elle repose et se redresse, arrachant sa peau aux courbes charnelles dont elle connaît le moindre centimètre par coeur. Discernant dans l'obscurité les lignes épaisses, cuivrées, de son amant, elle esquisse un bref sourire et quitte la couche nuptiale pour relever son corps endolori. Les courbatures dans ses cuisses quand elle tente d'enfiler son jean lui font mordre la lèvre d'une coupable gourmandise. Couvant une dernière fois le corps endormi d'un regard tendre, elle endosse le reste de ses affaires et quitte la chambre sans même prendre le temps d'une douche, seulement rassurée de le voir respirer si paisiblement, enfoncé dans un sommeil tranquille.

Le voir dormir fait partie de ces instants capables d'évincer toute forme de réalisme. Assez pour lui être précieux, mais pas suffisamment pour la faire rester en attendant qu'il se réveille. C'est une chose à accepter, quand les paradoxes de nos choix défient toute logique, au point d'en devenir parfaitement grotesques. Depuis des années, voir Alonso s'effondrer dans un sommeil profond, lui qu'elle retrouvait si tendu, comme un guerrier savourant le repos après une dure bataille, lui est extrêmement précieux. La caricature est indéniable mais les faits restent là, et c'est tout ce dont ils pourront espérer en tirer un jour. Car si Luka avoue se surprendre elle-même à songer à une retraite paisible, derrière un coin de terre, entouré d'enfants ridicules, elle croit aussi en l'objection émise sur leur incapacité fondamentale et mutuelle à vivre ce genre de choses. Certaines personnes ont trouvé autre chose que le bonheur, et ne sont plus faites pour lui. Parce qu'elles ont emprunté des voies dont on ne revient jamais. Des points de non retour.  Pour ces personnes, la vie ne devient plus qu'une successions de non retour Des limites franchies les unes après les autres, petit pas par petit pas, jusqu'à la dernière. Chaque limite les désespère de trouver compagnie à leur misère un jour.
Et ainsi de suite.
Jusqu'à la dernière.


Can you say what you're trying to play anyway ?
I just pay while you're breaking all the rules
All the signs that I find have been underlined
Devils thrive on the drive that is fueled


Qu'aurait elle pu faire ? Se tenir droit dans ses souliers, dans sa robe longue et lui clamer qu'elle vivante, aucun enfant ne sera tué, au risque d'être prise au mot ? Non, des mots, Luka n'en pipe pas un. Elle est beaucoup trop effrayé pour ça. Ses grands discours ravalés par la vision qu'on lui a explosé en pleine figure, la terreur suitant par tous ses pores, étranglant la moindre tentative de réplique. Elle ne veut pas mourir. Elle ne veut pas que qui que ce soit meure, et elle a peur de la moindre chose qu'elle pourrait dire. Incapable d'appréhender le composé instable s'agitant devant elle, elle n'ose pas même faire une tentative. Et la peur lui fait contracter les mâchoires, dans le veine espoir de retenir les tremblements qui lui secouent le corps. Dans son angle de vision latérale, Jack évacue la mère et ses trois enfants mais le soulagement de les voir quitter la pièce est minime, bien vite remplacée par une jalousie honteuse. Elle voudrait sortir aussi. Elle ne veut pas mourir.
Déglutissant péniblement sa salive, furieuse contre elle-même de ne pas même avoir été capable d'affronter un tant soit peu cet homme, qu'elle a condamné par tant et tant de discours auparavant, soigneusement cachée derrière ses petits murs, elle braque son regard sur ses lèvres remuantes et serre les dents plus encore. Le moindre claquement de langue lui fait rater un battement cardiaque, tant elle est oppressée à l'idée qu'une rafle de détonations vienne succéder à la première, et détruise sa vie entière dans un massacre brutal, primitif et impartial.
Une terreur affligée de honte, quand la vérité se fait finalement entendre. Elle est la seule responsable de ce qui leur arrive.


There's a hole in your soul like an animal
With no conscience, repentance unknown
Close your eyes, pay the price for your paradise
Devils feed on the seeds that are sown


A grandes enjambées, aussi grandes que ses jambes interminables le lui permettent, frappant la crasse boueuse qu'une pluie d'automne a fait stagner dans les ruelles où quelque drogué en manque viennent assouvir leurs besoins incontrôlables, Luka traverse le quartier sud par la périphérie, prenant seulement soin de contourner les endroits les plus sensibles, qu'Alonso lui a fait apprendre. Il n'a jamais donné la localisation exacte de son antre, sans doute trop inquiet à l'idée de ce qu'il adviendrait d'elle, peut-être, allez savoir, à l'idée de ce qu'elle y verrait. C'est le genre de sujet qu'ils évitent s'ils veulent faire perdurer un peu de sérénité et après avoir tenté le diable une fois en le jetant au tapis, elle n'est pas prête de recommencer. Une main enfoncée dans sa vieille parka, l'autre acheminant machinalement à ses lèvres la cigarette qu'elle s'est confectionné sur le parvis de l'hôtel, elle jette des regards autour d'elle, guettant le danger avant qu'il ne la frappe. Le nombre invraisemblable de lampadaires brisés fait crisser ses bottes sur le béton et plonge les alentours dans une obscurité pour le moins glaciale. Mais, clandestine depuis huit ans, Luka trouve dans le noir une certaine familiarité, et s'en sert à son avantage plutôt que d'en être tellement inquiétée.

Ses pas la mènent au croisement de la ruelle où siège la tombe de Manek, située naturellement près de la frontière la plus sûre, et de l'endroit par lequel elle pourra partir sans trop de risque. Là, elle aperçoit une silhouette penchée sur la pierre et se fige. Soucieuse de ne pas reproduire les erreurs de la veille, sa main cherche son portable avant que ses jambes ne l'approchent prudemment de l'individu, le coeur tambourinant. Le pauvre défunt n'aura jamais reçu autant de visites que ces dernières vingt quatre heures. Et, à la lueur grésillante d'une lampe de poche sur le déclin, les traits d'un des deux lascars de la veille se dessinent, braqués vers elle. Dans son regard, elle voit s'allumer une étrange étincelle de frayeur et reste interdite un instant, si peu habituée - ni même désireuse - à évoquer ce genre de sentiment. Et le silence s'éternise. L'autre n'ose pas parler. Les sourcils froncés, figée dans ses vieilles bottes, c'est Luka qui se décide à le briser.

" Vous êtes encore là... ? "
- Oui. Je voulais m'assurer... " il semble frémir, hésiter, ravaler sa salive et se décider. Alors, voilà ce qu'on ressent quand on terrorise quelqu'un. " Enfin... Je voudrais pas que le Cubain, ou pire, me tombe dessus...
- Compréhensible.
- ... Vous lui direz ? Que je suis revenu pour être sûr, vous lui direz ? "

Elle esquisse un sourire. Encore engourdie de sommeil, la jeune femme hausse les épaules, quoique ce geste ne soit pas bien significatif dans le noir, sous une parka deux fois trop grande. Portant la cigarette à sa bouche, elle la fait grésiller dans une bouffée longue et prend le temps d'expirer, avant de lâcher un bref rire dans l'oppressant silence qui les entoure.

" Ce n'était pas mon idée, vous savez... Si ça n'avait tenu qu'à moi, j'aurais nettoyé ça par moi même. Nettoyer la pisse et la merde ne me dérange pas. Ca fait partie du lot. " L'autre semble surpris de l'entendre adopter ce genre de vocabulaire. Elle aussi. Elle n'a pas pour habitude d'être grossière, mais une froide rage est entrain de lui paralyser sa courtoisie habituelle. Quelque chose d'inconnu. Quelque chose d'irrépressible. Et d'étrangement grisant. " Mais voir un individu tel que vous poser ses mains sur sa tombe, ça, çe me donne envie de vomir. Je suppose que j'en avais déjà fait assez pour me permettre ce caprice, sans quoi vous vous seriez épargné cette étape de votre expiation.
- Mais vous lui direz ? Vous m'appuirez ?
- Non, je ne pense pas.
- Pourquoi pas ?! " ses yeux se révulsent. Il paraît choqué. "  Je croyais vous étiez une sainte ? "

C'est ce que beaucoup de gens font l'erreur de penser, mon pauvre ami. Car vois-tu, quand on s'engage dans une cause dépassant toute logique, tout le monde a tendance à oublier que tu restes un être parfaitement humain, avec tes défauts trop humains, et tes faiblesses humaines tout pareil. Et Luka esquisse un léger sourire, le coeur soudain pris d'une lassitude grandiose. A nouveau, elle hausse inutilement les épaules et tourne les talons, lâchant sur son pas qui s'éloigne.

" J'espère qu'il ne vous arrivera rien. Mais non, je ne suis pas une sainte, comme vous dites, et je n'ai aucune envie de plaider en votre faveur. Je suis... épuisée, de sauver la peau de gens qui ne méritent pas de vivre. "

Elle quitte la ruelle sous les injures soudain tonitruantes de l'autre, aisément imaginables, quoiqu'elles ne seront, par correction, pas littéralement retranscrites.


I can't conceal what I feel, what I know is real
No mistaking the faking, I care
With a prayer in the air I will leave it there
On a note full of hope not despair


Il reste à peine quelques gouttes de sang sur le sol, juste à côté d'une grosse tâche formée par l'hémorragie de son oreille. Luka n'aurait jamais cru que la mort pouvait être aussi propre. Les yeux rivés sur le vide qui a remplacé le cadavre, elle a cessé de trembler sans s'en rendre compte et fronce les sourcils, le coeur tambours battant. Et elle contemple le vide, dix, vingt, peut être trente secondes. Depuis huit ans qu'elle oeuvre pour la cause, elle a regardé chaque mort dans les yeux, du début à la fin, et les a imprimés dans sa mémoire. Mais aucune n'était aussi propre. Il y avait du sang, de la gerbe, parfois même de la merde, des corps décharnés avant même d'avoir réellement canné. Et là, rien que quelques petites gouttelettes, à côté d'une énorme trace formée par une blessure pourtant bien moins létale. Elle ne peut pas s'empêcher de se demander ce qui se serait passé si elle avait fait ce que tout le monde attendait d'elle, et incité Alonso à en rester là. Aucune limite n'aurait été franchie aujourd'hui, il n'y aurait pas cette aberrant mélange de deux mondes qui ne devraient rien avoir à faire ensemble. Et le sentiment qui l'envahit est incompréhensible. Parce que si elle porte toutes les autres morts sur ses épaules, comme les pauvres portent la misère, elle n'a pas l'impression que celle-là y marque la moindre emprunte, alors qu'elle en est responsable. Si elle culpabilise à en pleurer pour ce qu'elle fait subir aux vivants présents dans cette pièce - ceux qui n'ont pas d'armes - celle ci la laisse de marbre, et tord même son coeur de cette infime, atroce pointe de satisfaction. Et la moitié du produit achève de s'instiller. La petite chose continue de grincer et craque, finalement. La limite est franchie.
Elle n'a pas sauvé la peau de celui-là.

" Alors je suppose que je vous dois des remerciements. " souffle t'elle finalement, d'une voix blanche, les rétines frémissant tout à coup pour s'arracher à leur vision. Elle lève les yeux vers lui, plonge une seconde dans l'abîme de ses iris noirs, honorant la politesse absurde qui leur semble être due.  " Ainsi que des excuses. "

Elle déglutit une salive pénible. La peur est toujours présente, mais étrangement anesthésiée. Son cerveau semble se détacher peu à peu, trop acculé par le nombre d'informations à digérer pour consentir à fonctionner encore. Tout ce dont elle se souvient, c'est l'erreur grossière qu'elle a commise il y a quelque jours en franchissant toutes les limites. Elle a la sensation d'avoir ouvert je ne sais quelle boîte de pandore, brisé tous les codes du réalisme et ainsi amené Jason Lecter à se retrouver en face d'elle, car assurément ça ne serait jamais arrivé dans une réalité pourvu de logique. C'est un instant volé par balle, un moment en suspension hors du temps, couverts d'une poésie grossière, que seuls les intéressés sont à même d'imaginer, et qui transcende tout pragmatisme. Quelle ironie. Quelle foutue ironie.

" Je suis celle qui a enfreint les règles de politesse en premier. Je n'aurais pas dû venir chez vous seule, je n'aurais jamais dû voir ce qui était entrain de se passer. Il vaut parfois mieux pour tout le monde que le crime reste impuni. " Sa voix a quelque chose de métallique, loin des envolées passionnelles qu'on lui connaît habituellement. Derrière eux, ceux qui la connaissent la couvent d'un regard stupéfait. Elle a la sensation que la petite chose qui grinçait n'était rien moins que l'interrupteur de ses émois. Et la satisfaction, toujours, à l'idée que cet homme soit mort, si petite qu'elle n'est pas même sûre du fondé de son existence. "  C'était sans doute stupide et irrationnel de ma part. Mais nous ne sommes pas toujours maître de nos actes. " Elle inspire difficilement, tente de déglutir sans réellement y parvenir, et se redresse un peu sur ses jambes. " Quoiqu'il en soit, rien de tout ça ne serait arrivé si je n'avais pas enfreint les règles. "

Les leaders ont tous quelques choses en commun, c'est d'avoir perdu toute préposition à autre chose qu'à leur statut, y compris l'espoir d'être normal, quand bien même la chose est plus visible chez certains que chez d'autres. Ils ont cette espèce de mégalomanie incroyable, car il faut être arrogant pour espérer amener des hommes et des femmes à suivre une chose dont on est le seul instigateur. Luka n'est pas un ange. Elle n'est certainement pas une sainte. Sa cause à elle était d'expier la vision d'un garçon crevant seul sur un trottoir sans recevoir de soins et elle s'est contentée de la communiquer à d'autres. Elle est auréolée depuis des années pour ses principes, à un point tel qu'on en oublie à quel point elle est tristement humaine. Elle n'est pas un ange et elle ne sait pas si elle craint, ou au contraire si elle espère, que quelqu'un daigne le clamer à haute voix une bonne fois pour toutes. Un jour.
A l'occasion d'une limite de trop.
Un jour.

Alors, est-ce que tu le vois, Toi ? Toi que la légende couvre de dons presque télépathiques, d'un oeil capable de scanner tous les masques pour dresser aux hommes des portraits terrifiants de réalisme, des choses auxquelles ils n'avaient pas pensé eux-mêmes, peux-tu même transpercer les vices d'un trop grand idéalisme, de tout l'égocentrisme transcendant derrière chaque homme qui, un jour, s'est fait porteur d'étendard ? Et surtout, à quel degré dans l'échelle de ton mépris se situe ce genre d'individu, quand il est seulement comparé à l'idiotie d'une bonté aveugle ? Qu'est ce qui pourrait t'agacer le plus, toi le chatouilleux, le susceptible, entre un idiot et un arrogant ? Mais encore, quoique tu sois capables de déchiffrer les lignes inavouables de l'idéalisme, te sentirais-tu à même de les pervertir ? Si le diable peut noircir tous les coeurs, une caricature de démon peut elle corrompre un substitut d'ange ? Tout cela a t'il vraiment de l'importance, ou bien perdons-nous chacun des minutes de notre précieux temps...

" Nous savons tous les deux que je n'ai absolument rien pour susciter votre sympathie, monsieur Lecter. Même l'homme que vous venez d'abattre devait avoir plus pour lui, à vos yeux, que ce à quoi je ne saurais jamais prétendre. Donc vous comprendrez certainement que je ne peux pas m'empêcher de m'interroger sur son prix. "


All this running around, well it's getting me down
Just give me a Pain that I'm used to
I don't need to believe all the dreams you concieve
You just need to achieve something that rings True

Jason
Jason Lecter
Jason Lecter
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AVATAR : Heath Ledger - Joker

DC : Venecia

DISPONIBILITÉ RP :
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MessageSujet: Re: Flash Back - Piqûre de rappel Flash Back - Piqûre de rappel Icon_minitime1Mar 17 Déc - 19:55

Silence dans les couloirs ~


Non contente d’être incapable de savourer le spectacle qu’il lui offre la voilà statufiée sur place à observer le contraste entre le blanc sale du carrelage et le rouge du sang. En cela elle n’a rien en commun avec l’autre blonde de sa connaissance, preuve étant qu’on ne peut pas ranger toutes les pommes dans un même panier. C’est assez désolant, non pas pour ce qu’elle représente puisque son existence n’est rien dans le jeu du Clown, comme une carte de tarot illustrée glissée au milieu d’autres cartes à jouer. Non en revanche songer qu’Alonso ait pu trouver en cette fille tellement fade un quelconque intérêt lui donne envie de retourner dare-dare au repaire pour coller une baffe derrière la tête du géant avant de lui demander s’il possède encore toutes ces facultés mentales.
Supposer que l’ont doit des remerciements. Oui non, non oui, il hausse une épaule dans un roulement étrange et jette un regard désabusé aux patients encore présents. Ou indifférent, c’est plutôt ça. De vulgaires gens assis sur de vulgaires chaises fatiguées d’en avoir vu d’autres, de vulgaires malades essayant de sauver leur vulgaires peaux bon dieu c’est d’un ennui. Un funérarium serait plus comique que ce trou, qu’est-ce qu’il fiche ici déjà ? Ha oui, il est venu présenter ses respects... pourquoi pas ses condoléances aussi ? L’idée n’est pas sans lui tirer une sourire évasif, un roulement d’yeux en sa direction tandis qu’il garde une main posée sur le cou du chien qu’il n’aura jamais besoin de tenir en laisse.

La voilà qui s’accuse, prend sur elle des responsabilités qui n’ont pas lieu d’être et qui provoquent un nouveau claquement de langue sec à défaut d’un soupir exaspéré. L’a-t-il lui même accusé ? Non. Lui a-t-il donné une seule raison de penser que tout ceci puisse être sa faute ? Aucunement. Rien de tout ça ne serait arrivé ? Mais pauvre petite fille dans quel monde bizarre vis-tu ? Il ravale un rire, laisse parler. Comme une envie de la soulever par la peau de cou et de la traîner dehors, lui dire d’ouvrir les yeux avant que les corbeaux lui crèvent un jour. A penser de la sorte ma grande tu finiras dévorée par la pourriture de cette société. Oh pas les petites bactéries que vous tachez de traiter ici à coup de... bah à coup de ce qui vous tombe sous la main en fonction des jours. Non à suivre ce courant tu finiras la tête éclatée sur le bitume dans le meilleur des cas et tu en auras terminé avec cette parodie de vie que tu joues ; au pire on te retrouveras rendue à l’état de loque humaine, corps, âme et esprit démontés, leurs pièces éparpillées comme un puzzle en carton et personne jamais n’aura la patience ni même la possibilité de le reconstituer. S’il veut la sauver ? Restons sensés voulez vous, il se moque de sa propre existence, tue ses propres hommes lorsqu’ils lui déplaisent -ou pas tant d’ailleurs- alors elle...

Les dernières phrases lui font pencher la tête de biais comme ces automates articulés, lui donnant une allure de pantin cassé ou simplement posé là au milieu de tout. Et pourtant il n’est pas simple spectateur de cette scène, il en est acteur et même instigateur, il ne restera certainement pas là, bras ballants à écouter et il sent dans les intonations de cette fille des sous entendus aussi gros que les buildings.
Mais qu’est-ce qu’elle raconte là ? Le Clown siffle entre ses dents, lève les yeux au plafond le temps d’y apercevoir une fissure et revient à la blonde sans plus savoir s’il faut rire ou pleurer. En fait il rira, comme d’habitude mais cela n’empêche qu’intérieurement il est... quoi déçu ? Bof, même pas. Relevant la main qui reposait sur son molosse, il la passe brièvement sur sa nuque avant de répondre. « Son prix... parce que vous pensez réellement qu’il en a un ? Il aura eu le mérite de m’occuper quelques heures, au mieux ?! » Il en rit, sérieusement ce cadavre qu’on vient de sortir n’est tellement rien. « Ne me dites pas que vous pensez réellement ce que vous avancez, franchement ce serait un comble. La seule chose que j’approuve, c’est qu’effectivement vous n’avez absolument rien pour m’être sympathique... ni utile d’ailleurs. » Et il n’attend certainement pas de l’être pour elle bien au contraire, plus il lui déplaît mieux c’est. Il va vraiment baffer Alonso, quelle idée de forniquer avec ça. Encore que, non si elle n’était qu’une sex-friend ce serait moins dépitant mais s’il en croit le récit de ses deux jouets ce cher Cubain l’aime plutôt bien celle-là. Et plus il y pense, plus il voit se dessiner des lignes, des raisons à tout ça. En fait c’est aussi simple et ennuyeux qu’un jour sans vilenie accomplie. Lecter soupire, tend son arme au premier sbire assez proche qui ne se fait pas prier deux fois pour obéir. Chose faite il allume une cigarette, la dévisage. « Quand ces deux malpolis vous ont associé au nom d’Alonso, j’étais curieux de voir pour quel genre de femme il avait accepté de perdre du temps. Car c’est évidement du temps perdu que de gendarmer de la sorte au Sud. »

Pour une tombe en plus, certains n’en ont même pas le luxe et pourrissent entre deux bennes quand ce n’est pas dans le fond d’une ou plusieurs d’entre elles. Jason n’a pas jugé utile de découvrir en détail la faute commise, elle méritait une punition selon Alonso alors inutile de chercher plus loin. Expirant un ruban grisâtre, le Clown avance un peu plus ne laissant que la longueur d’un bras pour les séparer. Elle doit avoir quoi, dix centimètres de moins que lui peut-être, c’est assez rare ces dames qui n’ont pas à lever les yeux pour lui rendre un regard sans une belle paire de talons hauts. Si elle n’avait pas l’air tellement terrifiée il lui aurait trouvé du chien, un petit truc en plus. Il rit finement et enchaîne, avec aussi peu d’intérêt ou d’émotion sur l’instant que s’il commentait une bulletin météo. « Je me suis demandé, ce qu’il pouvait bien vous trouver. Un de mes hommes m’a rapporté quelques racontars, des rumeurs qui ne seront jamais rien d’autre que ça, du vent. On vous décrit sainte, touchée par le sort des malheureux, compatissante. Certains vous qualifient d’ange... » Reniflement amusé, il secoue la tête et reprend une bouffée de sa cigarette... avant d’éclater de rire, son aussi détestable qu’une porte tournant sur des gonds rouillés. « La... madone de New York ! Non mais... où sont-ils allés chercher des inepties pareilles ? Pourquoi pas Jeanne d’Arc tant qu’on y est hein ? Ah non ! Non plus assez vierge pour ça, j’avais négligé ce détail pendant une seconde. »

Un de ses hommes ricane, reçoit du Clown une œillade noire jetée par dessus son épaule et le silence retombe. « Oh croyez le bien, ce n’est certainement pas de vous que je me moque, vous n’y êtes pas tant pour grand chose si ces débiles sont incapables de faire la différence entre une... sainte dévouée au monde à la Mère Térésa et une pauvre clandestine avec autant de petits principes que de choses à se prouver. » Il laisse tomber le mégot, l’écrase du talon avant de le ramasser et de le balancer dans une corbeille quasi pleine d’emballages en tout genre. Sourire en coin vissé aux lèvres, il croise les mains dans son dos et se penche légèrement en avant, avalant d’avantage la distance entre eux. « Vous êtes tellement... humaine. J’imagine que ce cher Alonso dans toute cette grandeur d’âme qui lui reste aurait aimé vous savoir ailleurs, qu’il vous aura dit de faire ci et de ne pas faire ça... mais vous n’écoutez pas tellement hein ? Vous vous accusez, vous songez donc que vous auriez peut-être dû l’écouter d’avantage ? Que rien ne serait arrivé, de cette désagréable rencontre au fond d’une ruelle crasseuse à cette rencontre entre vous et moi aujourd’hui. » Lenteur mécanique lorsqu’il redresse le dos dans un froissement de sa veste immaculée, il sourit toujours, c’est risible à son niveau. « Nous ne sommes pas toujours maîtres de nos actes disiez-vous, vous ne l’êtes pas c’est un fait indéniable. Et comme vous devez l’ennuyer ! Je pourrai parier que votre entente n’a de cesse de battre de l’aile, je ne perdrai pas un centime. Pour ne rien arranger j’ajouterai même que les cris viennent toujours de vous en premier non ? Bon sang les femmes, on ne les apprécie qu’endormies... ou mortes. Surtout mortes. » Sexiste lui ? Oh tellement pas. Il préférerait les trois quart du monde mort ; autant hommes que femmes ou enfants. Nouvelle cigarette, une de plus à l’invocation du cancer ? Va savoir tien, ça pourrait bien lui tomber dessus un jour. Ce serait bien con et ça manquerait diablement de classe comme fin !

« J’imagine que sur le moment vous avez dû le toucher, il vous aura trouvé mignonne avec ces grandes idées et ces petits -médiocres plutôt- moyens. Avec votre silhouette fragile perdue dans des vêtements rarement ajustés à votre taille à moins que vous les reprisiez ; cet air de ne jamais manger à votre faim... » Il marque une pause, il a le temps lui. Pas prévu qu’il meure ou qu’il subisse quoi que ce soit ici sinon cette odeur de faux antiseptique bon marché. Le noir de ses yeux reste un gouffre qui avale, il sonde les autres pour les avoir trop vu. Quitte à les vampiriser c’est la même chose toujours. « Regardez vous à entraîner dans votre chute des gens qui pourraient être ailleurs. La mort de ces deux types ? Vous n’y pouvez rien parce qu’à tant faire les marioles ils seraient tombés sous mes dents un jour ou l’autre. Pour eux en revanche... » Glisse-t-il, embrassant les lieux d’un large geste de sa main gantée. « Vous êtes coupable c’est évident. Si vous n’aviez pas crée ce semblant de... morgue qui leur offre à peine de quoi se moucher sans se salir les doigts ils ne seraient pas là. Et parce que vous êtes tellement humaine vous culpabilisez, vous aimeriez tellement mieux faire, vous voudriez qu’ils puissent s’échapper et les mettre à l’abri mais pas en vous sacrifiant. C’est tellement humain d’avoir peur, de vouloir sauver sa vie... Si vous étiez la sainte décrite ma chère, vous seriez morte depuis longtemps. » Surtout ici, dans cette ville traîtresse qui vous pompe comme une sangsue si vous avez le malheur de faire un pas en dehors des sentiers bien tracés. Pourquoi lui précise-t-il ce qu’elle doit tellement savoir elle même ? Lecter hausse les épaules, au final ça commence même à l’énerver. Il a ces gens trop humain en horreur, tellement trop « normaux ». Tirant sèchement sur sa clope, il appelle le type au carton d’un geste impatient de la main. « Je pourrai m’attarder mais ce n’est pas comme si mon avis vous importait, nous allons donc en venir au second point noir... »

Posée sur la paume de sa main libre quelques instants, la boite est tout bonnement lâchée. Elle bascule en avant, s’écroule, s’ouvre et déverse une centaine de clichés qui s’étalent sur le carrelage autant entre eux qu’autour. « Celui-là était un peu trop mort pour se présenter mais on vous a décrit artiste... j’ose espérer que le « tableau » vous plaira. Pas que j’ai la prétention d’être doué en matière de photographie, mais en ce qui concerne les punitions, j’ai quelques années... d’expérience. » Un corps tenu debout par des câbles, atmosphère saturée d’une chaleur si lourde qu’elle avait fait danser le décor, un écorché portant sa peau sanguinolente comme les vieilles rombières portent un manteau de fourrure. Il prend la pose, on l’y a forcé et il ne tiendrait pas debout seul, raison pour laquelle les dits câbles sont tout bonnement vissés dans le crâne, les omoplates, les hanches, ces os plus ou moins larges. « Si vous saviez ce qu’il est difficile de faire tenir des yeux en place... » Désinvolte, monstrueusement détaché, il souffle une nouvelle volute et pousse quelques photos de la pointe du pied. « Un pantin plutôt sympathique, dommage qu’il n’ait pas survécu plus longtemps. J’aimais tout particulièrement son joli sourire tout en dents, pas vous ? »

Le diable rit, le diable s’en fout. Un jouet de moins, il en aura d’autre, il n’attend pas que des débiles pissent sur des tombes pour tuer. Tu comprends maintenant, jeune fille ? Il n’est pas là par respect, pas là pour excuser la connerie profonde de quelques sudistes. Le Clown averti, quoi que tu fasses, quoi tu dises... tu ne changeras pas le monde, tu ne sauveras personne... et tu ne refermeras jamais vraiment les bras sur son Cerbère. Le Cubain avait prévenu, Lecter est complètement cinglé et pour autant, lui, Alonso ne l’a jamais quitté...

© Jason L.

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MessageSujet: Re: Flash Back - Piqûre de rappel Flash Back - Piqûre de rappel Icon_minitime1Mar 17 Déc - 23:24


Hello darkness my old friend
I've come to talk with you again
Because a vision softly creeping
Left its seeds while I was sleeping
And the vision that was planted in my brain
Still remains
Within the sound of silence


Luka ne rentre pas au quartier général, ce soir là. Elle quitte le Sud et laisse ses pas la guider vers une misère plus familière, un monde où la souffrance n'a plus rien d'une pure mécanique de maillons et de balles, où la tôle recouvre plus volontiers les foyers qu'un alliage solide ne renforce les armes ailleurs. Elle shoote dans des ordures éparpillées sur son chemin et sillonne les dortoirs du centre, l'esprit ailleurs. Elle ne peut pas s'empêcher de repenser à se type sur la tombe, à ses yeux de lapins dans les phares d'une voiture, quand il la regardait lui refuser son aide. C'est humain, songe t'elle pour se rasséréner. Avoir ses propres limites est humain. Ne pas pouvoir supporter certaines choses est humain. Ce refus n'avait rien à voir avec ses principes; ni même, malgré sa sortie su théâtrale, avec un mérite éventuel que ce type pourrait avoir de vivre ou de mourir. Arrogante, oui, mais pas au point de se prétendre à même de décider de ce genre de choses. Jack, elle et les autres ont tous jurer sous serment et écrit et signé qu'ils ne choisiraient jamais qui mérite de vivre ou de mourir, et que si les pires criminels eux-mêmes se retrouvaient face à eux, leur vie en jeu, ils la sauveraient. Pas tant par déontologie que pour se préserver eux-mêmes d'une illusion de pouvoir qui les détruiraient à petits feux. Et elle y croit encore, plus qu'au notion d'humanisme et de charité. Elle croit en l'impartialité nécessaire de la vie et de la mort, s'accroche à cette idée comme une forcenée depuis qu'on a refusé à un homme des soins vitaux sous ses propres yeux. Même l'existence des criminels revêt in caractère inaliénable, même ceux dont la disparition serait la meilleure pour tous ne peuvent être privé de leur droit à vivre.

Alors non, ce n'est pas par fatigue, qu'elle a refusé cet ultime acte de dénégation. Ce n'est pas pour une chose dont l'évidence tient du réflexe, et qui ne lui demande pas la moindre énergie. C'est parce qu'elle est humaine. Et qu'il existe des domaines dans lesquels elle ne sera jamais qu'humaine. Couverte d'une inadmissible imperfection. Les anges n'ont rien à foutre dans un monde pareil.

Au coin d'un dortoir, une lumière l'arrête. Dans la minuscule propriété d'une famille qu'elle connaît bien, et qui a tout juste réussi à s'individualiser une petite parcelle de foyer, les quelques lampes faiblardes éclairant un salon minuscule sont allumées. Au coin d'un canapé rongé aux mites, une femme robuste siège, les épaules basses, les yeux baissés sur une feuille que ses mains tremblantes retiennent à peine. Détournant de son chemin pour atteindre le perron, Luka frappe deux coups et s'insère dans la petite pièce. La femme lève des yeux rougis vers elle, son visage boursouflé par l'emprunte de larmes en cascades. Ses lèvres tremblent quand elle la dévisage, et la jeune blonde glisse jusqu'à elle dans un respectueux silence, les yeux baissés vers la lettre. Des lignes qu'elle n'a pas besoin de lire pour en comprendre la teneur. A côté de cette femme assise, une liasse de billets éventrés et un deuxième papier, plus petit, sur lesquels sont notées les coordonnées d'un docteur, l'heure et la date d'un rendez-vous. Sans l'ombre d'un doute au prix d'un engagement criminel. Mais un engagement qui paye bien. Et plus que la peur, la peine et la colère qui se lisent sur le visage de cette femme, c'est sa culpabilité qui transperce le plus Luka en plein coeur.

" Je n'irai pas. Je n'irai pas à ce foutu rendez-vous. Ils ont pris mon fils, je n'utiliserai pas cet argent.
- Tu as un cancer, Lise. Il faut te faire soigner.
- Je suis déjà soignée pour mon cancer !
- Non, je veux dire te soigner pour de vrai. "

Dans un sourire amer, Luka achève la distance qui les sépare et soulève le papier pour le poser devant la femme, se laisser une place où s'asseoir à ses côtés. Serrant sa main, elle lâche dans un murmure, de cette voix qu'on lui connaît bien, celle qui ne souffre pas de la moindre contestation.

" Ton fils aura besoin de sa mère quand il rentrera à la maison. "


In restless dreams I walked alone
Narrow streets of cobblestone
'Neath the halo of a street lamp
I turned my collar to the cold and damp
When my eyes were stabbed by the flash of a neon light
That split the night
And touched the sound of silence


Un boulot de coursier, de nettoyeur, peu importe le nom bien correct qu'on aura donné à ce qui paye désormais la vie d'une femme, et ne sera pas sans le sacrifice d'un gosse de vingt ans à peine, dans la cage du crime. Ce qui paye ce gosse et cette femme vient directement des poches de celui qui se tient en face d'elle et terrorise d'autres êtres exactement similaires à la miraculée. L'ironie de ce monde est ainsi faite, les meurtriers ne tiennent plus seulement les cartes parce qu'ils ont des armes, mais bel et bien parce qu'ils ont du pouvoir. Luka le sait pertinemment. C'est la raison de sa cause, le pourquoi elle a créé une tentative non pas de lutte, mais de filtre à ce genre d'ignominie. Rendre aux gens leur droit à une vie décente sans qu'il en aille du prix de leur âme. Mais en ce faisant, elle s'est condamnée à affronter l'évidence cruelle, et trop souvent décourageante : il n'y a rien qu'elle ne puisse jamais faire pour rivaliser avec ça. Tout juste espérer qu'un jour, peut être après elle, sûrement malgré elle, les forces retrouveront leur équilibre, et le monde en deviendra meilleur. Il n'y a rien d'autre à faire qu'espérer, et ne pas cesser de se battre. Pourtant... il n'y a rien qu'elle ne désirerait plus que de pouvoir tout lâcher, baisser les bras et s'en remettre aux évidences. Redevenir bassement humaine, et résolument inerte.

Nous y voilà. Le point far de cette absurdité, la chose qui fâche. Au prénom résonnant à ses oreilles, Luka réprime un frisson. Elle peine à comprendre pourquoi Alonso est allé mêler cet homme à une affaire aussi futilement humaine, et risqué que tout cela n'arrive. Que pouvait-il y gagner, à part une punition atroce, quand bien même il l'estimait à la hauteur du crime ? La voilà bien avancée, maintenant, avec un fou furieux en face d'elle et sa horde pour l'encercler. Le voyant approcher, elle se fait violence pour se retenir de reculer. Son coeur rate une embardée et repart de plus belle, dans un spasme de terreur. Elle ne sait pas lequel des deux semble le plus assoiffé de sang, entre le maître et son molosse. Oeuvrant de tout le courage qu'elle peut avoir en réserve pour affronter son regard, elle ne peut s'empêcher de se demander s'il lui est déjà arrivé de croiser une pupille si littéralement noire.
Dans les films d'horreur, peut être bien.

La suite, elle s'y attendait. Des insultes, au fond aussi juste que la forme est grossière. Les dents serrés, Luka se laisse entendre ses quatre vérités, et accuse leur pertinence en silence. Nous y voilà, donc. L'humanité singée sur les lambeaux de sa réputation infondée. Ca fait du bien par où ça fait mal, comme dirait l'autre. Et elle est bien forcée de l'admettre, il est horrifiant de se voir ainsi dépeint si justement par ce qu'il serait plus facile de voir comme un monstre sans capacité de jugement ou de logique. Pourtant, derrière la flagellation qu'il lui inflige, Jason Lecter commence à titiller les ombres de sa propre colère. Il lui rappelle toutes les raisons pour lesquelles elle le méprise, elle-même, lui et ses énormes sabots enfoncés dans un costume en soie. Les jugements faciles et arbitraires basés sur une capacité à déchiffrer le coeur des hommes un peu plus importantes que la moyenne. Traitée successivement de pute, de mensonge ambulant, d'idiote et de faible, Luka serre les dents, cette fois ci tant d'agacement que de peur. Son coeur continue de l'assourdir, il commence même à engourdir sa poitrine. Il réveille ses peurs, lâche ses faiblesses comme autant de bombes, et dresse une analyse si funestement juste de la vanité que sa relation pourrait avoir avec son homme de main... Mais tel qu'il le dit lui même, elle serait morte depuis longtemps si elle était une vraie sainte. Et son mouvement aurait été étouffé dans l'oeuf si tôt amorcé si elle n'avait pas la fâcheuse, stupide et incroyablement imprudente tendance à ne pas se laisser insulter.

Le clou du spectacle, semblerait il. Baissant les yeux vers les clichés qui lui sont présentés, la jeune femme réprime un haut le coeur et les détourne. Elle ferme les paupières pour ravaler des larmes de dégoût, acculée dans les profondeurs de sa révolte. Et le silence se crée à nouveau sur les dernières plaisanteries du clown, laissant une assistance en haleine. Dans le coin de la pièce, les associés ont les muscles qui tremblent de ne pas pouvoir intervenir, menacés par flingues et canines. Rouvrant finalement un oeil, la jeune femme le jette autour d'elle, s'arrêtant enfin réellement sur les silhouettes qui l'entourent. Et après de nouvelles secondes, le regard déposé entre les protagonistes de cette foutue mascarade, Luka lâche un rire bref, bas, écho faible aux éclats sardoniques tantôt assénés.

" Et que croyez-vous être, au juste, vous ? " souffle t'elle du bout des lèvres, tournant à nouveau ses yeux pour les ancrer franchement dans les abysses noires leur faisant fasse, sourde aux battements terribles de son propre coeur, et aux flageolement de ses jambes, si violent qu'il menace de la faire choir. D'une voix plus forte, dont le trémolo semble un peu s'apaiser à mesure que les mots se délassent.  " Quelle espèce de projection fantasmagorique de vous-même avez vous fait pour vous croire ainsi capable de juger l'humanité toute entière ? " Dans un rire plus incrédule, elle ravale sa salive et secoue un instant la tête, les bras croisés sur son torse, vaine tentative pour se donner un semblant de consistance, les yeux levés vers un point au mur. " Depuis le temps que je vois défiler des hommes et des femmes ici, j'en ai rencontré, des types assez intelligents pour discerner tous les pêchés du monde et les ranger par ordre alphabétique. " Et de le braquer à nouveau, dans un froncement de sourcils, la voix acide " Et pourtant, des types soumis aux mêmes règles biologiques que les autres, allongés dans les mêmes draps que les autres. Et ils avaient tous une chose en commun : ils se payaient le luxe d'oublier à quel point ils sont exactement pareils aux autres. "

Dans un geste ample, Luka lève les yeux autour de son corps et les rabaisse en signe de dépit, la colère animée par les phrases que sa propre bouche déverse.

" Alors admettons que vous transcendiez votre propre condition, que vous soyez devenu capable de je ne sais quel fabuleux miracle spirituel à force d'annihiler la moindre chose qui peut faire de vous un homme, vous n'en êtes pas moins humain pour autant. Vous êtes le même amas de cellules que toutes les personnes ici présentes. Et je suis peut être une idiote sans la moindre utilité, dont l'existence entière est basée sur des idées tellement futiles, qui n'a pas la moindre prétention à comprendre à quel point vous lui êtes supérieur mais je vais vous dire. " Et Luka se penche vers lui, amenuisant très légèrement la distance, feignant la confidence, pour lâcher dans un sifflement acerbe. " Je ne suis pas la seule à me bercer d'illusions dans cette pièce. "


And in the naked light I saw
Ten thousand people maybe more
People talking without speaking
People hearing without listening
People writing songs that voices never share
And no one dare
Disturb the sound of silence



" La seule différence entre vous, moi, et tout le reste du monde, Monsieur Lecter, c'est l'ampleur du séisme que nous sommes capables de faire jusqu'au jour de notre mort. Mais je n'aurais jamais l'imprudence de discréditer votre talent en la matière. Et je n'ai jamais prétendu attendre plus qu'un zéro sur l'échelle de Richter de mon côté du monde. " Elle se redresse à nouveau, esquisse un léger pas de recul, pour remettre de la distance entre elle et l'inacceptable. " En revanche, je ne peux pas non plus m'empêcher de m'interroger sur certaines choses : si ce manque d'ambition vous inspire tellement d'ennui et si vous n'êtes pas là pour me le faire ravaler en même temps que mes propres tripes, pourquoi vous infliger une confrontation aussi assommante ? Pour échanger des courtoisies ? Pour me jeter à la figure des choses que nous savons déjà tous les deux pertinemment ? Pour me prouver ce dont je suis déjà parfaitement consciente ? Parce que vous me pensez stupide au point d'ignorer les évidences, en plus de toutes les raisons que vous avez de me mépriser ? " Et d'esquisser un sourire, le corps tremblant cette fois ci d'une rage pure " Qui est irrationnel, maintenant ?  "

Rassemblant son courage, la jeune femme baisse à nouveau les yeux vers les clichés, retenant un nouveau haut le coeurs. La vision est horrifique, et la nausée telle qu'elle ne peut s'empêcher de grimacer. Ses épaules se haussent quand elle relève les yeux vers son agresseur, et lâche dans une ultime bravade, la voix glaciale.

" Ces photos auraient pu être mieux cadrées. Mais dans l'ensemble, l'oeuvre est assez honnête. "

Parce que ce que tu ne comprends pas, c'est que je sais déjà. Ce que tu n'arrives pas admettre, c'est qu'il ne s'est jamais agi de toi. Quand bien même il est écrit depuis le départ que ce qui arrive entre Alonso et moi doit avoir une fin, et que tu seras certainement le terminal, cette histoire là n'a rien à voir avec toi.
Il y a d'autres mondes que le tien sur terre. Des mondes qui ont bien plus de valeur, que tu n'en auras jamais. Et crois moi sur parole, quand je te dis que je vais me saouler de celui-là, m'enivrer de la moindre foutue minute passée dedans, jusqu'à ce qu'il doive s'éteindre, parce que tu auras eu la grossièreté de le piétiner, comme vous autres faites toujours.
Et n'en déplaise à ton orgueil.


"Fools" said I "You do not know
Silence like a cancer grows
Hear my words that I might teach you
Take my arms that I might reach you"
But my words like silent raindrops fell
And echoed
In the wells of silence

Jason
Jason Lecter
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JE SUIS: un(e) new-yorkais(e) aux habitudes plus ou moins douteuses


MessageSujet: Re: Flash Back - Piqûre de rappel Flash Back - Piqûre de rappel Icon_minitime1Mer 18 Déc - 4:06

Silence dans les couloirs ~


Combien de temps, de secondes écoulées ? C’est court une seconde, mais beaucoup trop long pour celui qui se sent mourir. Ils se sentent tous mourir sur place, les sbires du Clown les premiers car on est jamais certain de ce que provoquent les mots dans un esprit aussi tordu que le sien. Un seul sait sinon Lecter lui même, ce qui se profile à travers le silence, si quelqu’un va y passer ou non et il n’est pas ici pour le laisser entendre ne fut-ce que d’un battement de cils. Le monstre va-t-il manger la jolie blonde ? Ou pas ? Va-t-il tous les faire abattre et l’embarquer pour qu’elle subisse un sort semblable à celui de cet homme photographié ? C’est long et c’est morbide un tel silence, à peine troublé par une cigarette qui continue de se consumer, s’achève et rejoint la précédente. Les deux mains gantées de rouge se lèvent, des têtes entrent aussitôt dans les épaules mais il applaudit. Il applaudit... seulement. « Et bien vous en avez mis du temps ! Enfin un peu de... passion si j’ose dire ! » Lance-t-il, ravi avant de reposer les doigts sur la tête balafrée du molosse. « Allez détendez-vous donc et respirez, si j’avais voulu votre tête elle roulerait déjà depuis un moment sur le sol. » Un sourire, il serait amical, presque agréable comparé aux autres. Un claquement de doigts, index pointé vers le carrelage et la meute entière se couche en même temps que les armes se baissent, signant une armistice pour le temps qu’il choisit.

« Concernant ces photos, comme annoncé plus tôt je reconnais un manque de pratique et un matériel d’un autre âge. Même pas numérique, c’est vous dire... » Léger haussement d’épaules, il n’a pas de honte à ça, cet art n’a jamais été le sien. « J’apprécie la franchise de votre avis les concernant, je m’y mettrai peut-être plus... scrupuleusement à l’avenir ?! » Sur d’autres victimes ? Sans aucun doute, à moins qu’il trouve un autre sujet méritant d’être immortalisé d’ici là. « Je vous demanderai bien ce que vous entendez par mieux cadrées... mais ce n’est pas comme si vous aviez envie de discuter du sujet en ma compagnie. » Bien entendu, il n’ira pas lui en vouloir d’ailleurs. C’est ainsi, on ne danse pas au rythme de Jason Lecter, moins encore dans son cas. Certains savent qu’il suffit de profiter de ses humeurs du moment, prendre le personnage comme il vient. Détestable, comique, gentleman ou furieux mais il faut du temps et apprendre à comprendre, qu’il ne prévoie pas et réagit au coup par coup. Ennuyé il y a moins de dix minutes, blasé puis satisfait maintenant Monsieur est un versatile de première et de ligne de conduite définie... il n’en a aucune. « Revenons sur vos propos, car il va sans dire que je ne suis pas mécontent de voir enfin un peu de vie là dedans ! » Nouvelle flamme crachée, nouvelle clope et le regard qu’il plonge dans le sien a beau demeurer plus noir que l’encre, il brille d’une lueur jusqu’ici éteinte : celle de l’intérêt. « Ma chère, ai-je un seul instant prétendu que je n’étais pas un être humain ? Nullement. Suis-je humain en revanche ? La réponse est non. Voyez vous la nuance ? Peut-être pas, je n’irai pas vous le reprocher cela étant. » Un grain de fatalisme, ce n’est pas comme si les gens étaient en mesure de comprendre d’eux même, de vouloir comprendre aussi. C’est tellement facile, de caser dans des cases ce qu’on ne saisit pas... Comme mettre de l’eau dans des bouteilles aux formes diverses et variées. Ainsi elle devient un cube, une sphère, comme un tueur devient tour à tour un psychopathe, un sociopathe... la société n’a jamais fait que ça au fond, imposer des contenants aux contenus.
Il lève les yeux en l’air, crache une nouvelle ligne blanchâtre. « Si je juge l’humanité... ma foi plus ou moins. Pourquoi ? Parce qu’elle me désole. Elle me dégoûte à se voiler la face et à se cacher derrière ses vices en se trouvant des excuses. Si je suis une ordure ? Un fléau même vu le nombre de têtes qui souhaitent me voir mort et même pas entre quatre planches. Est-ce que je me considère supérieur dans ce cas ? Oui et non. Pas par nature, par principe en revanche je dirai oui. » Reportant son attention sur la jeune femme il poursuit et si le ton est léger il n’est pas moqueur ni condescendant. C’est un point de vue, elle a posé des questions et Lecter y répond voilà tout. « Qui se berce d’illusions ? Pas moi, je vous l’affirme. Bien entendu que je suis un criminel, bien sûr que je ne mérite aucune sympathie et que je choque, je suis un monstre. En suis-je affligé dans ce cas ? Aucunement. Se bercer d’illusions c’est se mentir, c’est refuser de voir l’évidence et elle est là, nue, crue autour de nous tout les jours : être humain c’est survivre cloisonné avec des oeillères collées aux tempes. » Il soupire, nouveau ruban vague sur les lèvres. « Vous le voyez, vous mieux encore à côtoyer les bas-fonds. Ils viennent tous ramper et se marcheraient tous dessus pourvu que ça leur serve, ils ont tellement à faire avec leurs propres problèmes qu’ils n’iront s’attarder sur les votre. Qui se demande si vous, vous dormez bien ou si vous avez de quoi manger ou même si vous avez de quoi soigner une migraine ? Ils se lamentent et attendent que vous les releviez mais se moquent bien du fait que vous vous tuez à petit feu a essayer de sauver leur peau. X se prétendra toujours plus méritant qu’Y même pour un placebo. Et c’est juste humain, banal, normal. Voilà l’humain lambda... »          

Qui s’interrogera réellement, se demandera dans quelle foutue mesure il en est arrivé à voir le monde sous cet angle ? C’est bien plus simple de lui rétorquer qu’il est seulement malade, on a pas envie de lui donner raison quand bien même la théorie est loin d’être infondée ou fausse. Il était enfant qu’il cessait déjà de rêver, qu’il ne se berçait plus de rien. Pourquoi le ferait-il ? Le monde n’aurait pas changé parce qu’il l’espérait. Lecter s’est vu en parasite, un virus auquel on peut bien chercher un traitement il n’aura de cesse de lutter et de s’adapter, de rebondir, les yeux grands ouverts parce que c’est ainsi qu’il se sent vivre, qu’il vit. Et il a vécu, il n’a aucune regret et n’en aura jamais. Il sourit. « La différence entre vous et moi... c’est tellement infime. » Un rire s’échappe, un mégot s’achève. « La peur, ni plus ni moins, Luka. » Le Clown baisse les paupières, une seconde et ajuste ses gants en suivant. « De là on peut en revenir au séisme que vous avez judicieusement amené dans votre discours. Vous dites avoisiner le zéro, cela ne tient qu’à vous. Demain vous pourriez fendre le sol ou à peine l’ébranler c’est affaire de choix et de peur à non pas ignorer mais à surpasser. Si on ne craint pas d’être le premier à périr pour ce qu’on décide, ce qu’on souhaite alors... on va bien au delà de ce qu’on croyait possible. » Ce n’est pas si simple, ravaler ce sentiment qui paralyse. C’est un travail, ou un déclic. On y vient ou pas mais le plus souvent on préfère largement rester bien au chaud sous la couette plutôt que de vérifier ce qui se cache réellement sous son lit. La peur n’évite pas le danger ; l’adage n’est pas là pour rien. On a toujours le choix, qu’on se le dise.

« Quant à savoir qui est irrationnel... vous vous méprenez sur mes intentions, mais vous n’êtes ni la première ni la dernière. Pourquoi je suis là, dans quel but, pourquoi rester là à discuter en sachant bien que nos deux mondes et modes de vie sont aussi éloignés que le jour et la nuit ? Vous apprendrez que je ne suis jamais que mes envies du moment et la première a été disons... la curiosité. » Il s’étire, fait craquer sa nuque en jetant un regard circulaire sur le lieu. « Puis j’ai trouvé ça fade, tellement. Car sachez le... » Le noir s’accroche à une autre couleur, s’ancre avec certitude et sans mensonge aucun. « Votre cause est là votre, je n’ai rien à redire la concernant mais voir que vous vous débattez là dedans comme un poisson dans un bocal tellement réduit m’a rendu... amer. Libre à vous de brandir un étendard et d’élever la voix, les principes sont ce qu’ils sont, j’ai les miens n’en déplaise au système, mais à vous voir sur le moment j’ai réellement pensé que n’y croyez pas sincèrement vous même. » Il a toujours eu en horreur l’indécision, lui trop prompt à foncer à travers les murs du moment qu’il le décide. Prendre le taureau par les cornes, aller au devant de tout c’est ça vivre. Le Clown n’est pas un survivant, il n’attend pas un courant pour le porter et qu’on le chahute, il reviendra plus acharné encore.
Hochant la tête avec une certaine satisfaction il reprend, plus « chaleureux ». « De fait j’ai apprécié de vous voir relever la tête, vous voir répondre et y mettre vos tripes -qui sois dit en passant sont très bien là où elles sont- et en toute honnêteté, vous ne vous sentez pas mieux d’avoir parlé à cœur ouvert ? » Le rire qui file n’a rien de sarcastique et le balafré avance, se plante à moins d’un mètre d’elle, tête légèrement inclinée sur le côté, une mèche verte balayant sa joue fardée de blanc et de rouge. « La peur est une peste, elle bouffe l’esprit et anéanti un homme en moins de temps qu’il en faut à une balle pour tuer. Gardez ça en tête, on a aucune envie de se ranger derrière quelqu’un qui tremble. Mener implique de se salir les mains et j’aime à croire que vous êtes capable, au fond. » Et il lui tend la main, à elle, signe de respect et de considération. Versatile, imprévisible, c’est connu et à prendre comme ça vient. Un accord aussi, auras-tu le courage de le signer ? Car ça ne marche jamais à sens unique, chez lui moins encore. « Nos convictions ne seront jamais celles de l’autre et il ne s’agit aucunement pour vous de suivre les miennes. J’ai bien des défauts mais je ne reviens jamais sur une parole donnée. Respectez les règles de mon monde, j’en ferai autant dans le votre. » C’est affaire de choix, tout à gagner ou tout à perdre ça ne tient à rien. Seulement à une seule main tendue...

« De toutes les passions, la peur est celle qui affaiblit le plus le jugement. »
de Cardinal de Retz

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MessageSujet: Re: Flash Back - Piqûre de rappel Flash Back - Piqûre de rappel Icon_minitime1Mer 25 Déc - 23:16





I never see your crazy face
Smiling, laughing, screaming my name (like that)
Suddenly your eyes disappear in the night
I run as fast as i can .


Monsieur se paye le luxe d'un temps d'arrêt, car assurément il serait gâché d'amener tant d'hommes, d'armes ou encore de créatures étranges derrière soi, pour finalement rater ses effets de scène. On ne peut décemment en vouloir au burlesque d'être grandiloquent et peut être même qu'une fois saine et sauve - qui sait - à tête reposée et de retour au calme, Luka ne tiendra pas rigueur au Monstre d'avoir été monstrueux. C'est un soucis de bonne foi, presque de logique, après tout, que d'être fidèle à sa réputation terrifiante, et laisser ainsi entre chaque échange ces odeurs aigres douces de terreur dans l'atmosphère. Un silence ne coûte rien, en tout cas beaucoup moins qu'une arme ou tout un petit personnel à sa botte, et savamment usé, il est plus redoutable que les glaives de César, les sirènes de Waterloo, les char de toute l'armée américaine. Un petit moment à savourer sa propre incertitude, à écouter le bruit ténu et régulier du compte goutte acide que l'on instille dans le coeur de l'autre. Nouveau composé dantesque que celui de l'angoisse injecté directement dans l'encéphale qui nous fait fasse, déjà groggy de tout ce qui a pu lui être administré auparavant. Attention tout de même, Monsieur Lecter. A trop jouer avec ces choses là, on crée des zombies, des apathiques, et un zombie est à peu près aussi divertissant qu'un cheval en bois privé de ses bascules. On beugle on beugle mais il ne bouge plus, l'animal. Assommé, morte, inerte, tout juste bonne à faire du petit bois, la bestiole.

Toutes ces secondes, Luka les passe à nouveau à écouter le martèlement de son coeur contre ses côtes, ses tempes, ses jambes... même sa mâchoire en claquerait presque. C'est affreusement répétitif et pourtant, au contraire de la douleur, la peur ne s'anesthésie pas à la longue. Il faut des injections répétées sur une interminable période pour que la garce cesse réellement de faire effet. Il n'y a pas d'assoupissement, dans la peur, pas de nerf aimable pour cesser de vous envoyer les signaux quand le stimulus devient trop régulier. Il n'y a qu'à attendre et se contempler soi-même, tremblant comme une fillette sous ses couvertures en attendant que le monstre sous le lit vous envoie une balle en pleine tête. Luka contemple ce Monstre là, c'est désormais la seule chose qui la rassure, alors qu'elle peinait à l'entrapercevoir quelques minutes auparavant. Elle guette le moindre de ses gestes, ou plutôt leur absence, à la recherche du frémissement qui signera leur arrêt de mort à tous, tout en sachant pertinemment que le capter ne la rendra pas capable d'éviter le drame pour autant. Luka s'est toujours juré que quoiqu'il arrive, elle regarderait sa mort en face, et ne détournerait pas les yeux. Elle s'y tient, et se trouve bien stupide de le faire. Est-ce qu'elle regrette ses propos ? Elle ne sait pas. Elle ne croit pas. Quand les cadavres s'étaleront à ses pieds, réponse à ses affronts, peut être regrettera t'elle. Pour l'instant, sa fierté a encore l'audace de croire qu'elle avait raison, crénom de nom, de ne pas se laisser parler ainsi.
Et Chronos lui même retient son souffle sur la théâtralité de cette scène. Dieu, s'il existe, applaudit à deux mains la fidélité que peut avoir le Clown face à son propre sens de la grandiloquence. Le monde alentours se fout de ce qui se passe, et celui dedans respire chaque seconde de la scène comme on mangerait son dernier repas.

Et à l'instar de Dieu, sans vouloir aucunement gonfler encore un peu plus votre orgueil, Monsieur Lecter, les applaudissement célestes résonnent dans le petit alcôve. Quelque peu décontenancée, Luka hausse un sourcil, et reçoit ce substitut de compliment sans réellement y croire. Il doit y avoir un revers à cette carte, une chute dramatique pour elle et pour les autres. Et pourtant... le discours se poursuit, calme, presque réjoui, elle découvre sur le faciès bariolé des expressions qu'elle ne pensait pas voir un jour. Stupéfaite, c'est sur ses gardes qu'elle se fait entendre des vérités somme toutes aimables. les sonorités de son prénom dans la bouche balafré de son adversaire - si tant est qu'il peut être appelé ainsi dans une telle disproportion des forces - la surprennent, sincèrement, et déclenchent en elle un frisson étrange. C'est incroyable, à quel point elle peine à reconnaître ses propres raisonnements, comme endoloris par Dieu sait quelle force imposée à son cortex mis à mal. Son corps est dans un état lamentable, les tripes en béton à force de contracter le ventre, les muscles en bois d'avoir trop tremblé. Elle serait capable de s'allonger par terre tellement elle se sent épuisée, rongée par l'épreuve et l'horreur. Sans parler de ces satanés photos lui renvoyant des rejets gastriques dans la gorge chaque fois qu'elles effleurent l'un de ses orteils. Son oesophage est un tas de charbon carbonisé, elle a la bouche sèche, et une foutue barre de fer dans la tête. Et pourtant.

Pourtant elle est là à discutailler banalités avec l'objet de tous ses tourments, comme on échange quelques mots entre la poire et le fromage. L'impression rendue est si étrange qu'elle se sent littéralement vivre une expérience d'excorporation, à se regarder trembloter en ricanant derrière elle, les bras croisés et l'air de dire pourquoi tu en fais un tel plat. Luka a envie de s'enfuir en courant et de passer des heures ici à argumenter idéologie humaine. Luka ingurgite tout ce joli petit discours tout en ne pouvant pas s'empêcher de jeter des regards incrédules à la scène infernale jouée autour d'elle. Il y a un chien allongé près du lit où le vieil homme continue de marmonner le prénom de son fils. Un homme qui fait jouer son flingue sur sa cuisse à côté d'une femme entrain de se ronger les ongles jusqu'à l'os. Il y a Peter qui la fixe, de ce mélange de fascination et d'angoisse, et Jack derrière la vitre, dans son dos, qu'elle sent gronder de colère. Et il y a la philosophie de Monsieur Monstre, son entrain absolument à contre sens.

Ses épaules ont un infime mouvement de recul lorsque la main s'avance vers elle, réflexe physiologique hors de toute volonté. Dans un clignement de paupières, Luka réalise que cet instant là attend une intervention de sa part, une entrée en piste. Et comme un acteur sortirait tout à coup de son propre trac, sa mémoire instantanée lui gerbe tout ce que ses oreilles ont ingurgité dans ce qui lui fait office de centre de traitement de données. En vrac. Un mic mac incroyable de données désordonnées, de ce qui lui a été dit à ce qu'elle aurait bien aimé répondre. Désolante humanité fait la java avec ingratitude, séisme joue du banjo en fond de scène pendant que peur et technique photographie se pintent la tronche dans un coin du bar. Reprenant contenance, du moins autant que faire ce peut, son cerveau cherchant la cohérence comme un condamné à mort puiserait dans ses ressources contre le mur de sa condamnation, Luka tend la main et serre celle qui lui est tendue. Dans le silence religieux qui les entoure, elle entend le cuir grincer sous le fléchissement des doigts contre les siens. Elle sent la pression de sa paume sur sa chair et se surprend à penser qu'elle n'aurait jamais imaginé ça, même dans ses rêves les plus créatifs. Luka Earhart rentre en contact physique avec Jason Lecter.
Ca tombe bien, jusque là la situation n'était pas encore assez anormale.

"  On ne fume pas dans un hôpital. " souffle t'elle du bout des lèvres, réponse à l'évocation de ces fameuses règles. ses iris clairs reprenant leur place bien au chaud dans les iris clairs qui lui font face, un sourire infime se dessinant pour la première fois sur la courbe de ses lèvres. Si l'audace sauve dans ce monde aux règles incompréhensibles alors ça tombe bien, Luka en a à revendre. On ne survit pas à des années d'illégalité sans un peu d'aplomb.

Prise lâchée, elle inspire une goulée d'air pour reprendre un peu ses esprits- ou tenter de. Avec tout ce maquillage, ces hommes, ces chiens et cette peur, elle ne reconnaît plus l'odeur qui l'entoure, chose peut être encore plus perturbante que le reste. D'un signe de tête, elle désigne un jeune homme élancé qui s'est relevé immédiatement armes et bêtes abaissés, déclenchant immédiatement un signe de tête de sa part, à l'adresse du Monstre, qu'il esquisse sans la moindre forme d'hésitation.

" C'est Peter, le responsable photo, si vous voulez prendre des cours "
- C'est trente dollars de l'heure. Ou une bouteille de whisky. Sinon, je vous tire le portrait avec vos chiens pour quarante. Prix d'ami. "

Et l'homme de sourire franchement, nerveux mais sans être excessivement fébrile. De toutes les personnes présentes dans cette pièce, en dehors des gardes et des chiens, il est peut être le mieux placé pour comprendre les raisonnements du Fou, lui même auteur d'un petit attentat dont il ne rougit pas, et bien convaincu qu'il faut savoir soigner le mal par le mal. Quoique, bien évidemment, les proportions restent minimes et sa fidélité depuis longtemps prouvée à une autre.
Dans un geste, Luka dénoue son corps et s'efface légèrement pour désigner une table au fond de la salle, à l'écart des lits des malades. Elle n'a pas le moindre espoir de le faire sortir de la pièce mais la discussion semble étonnamment s'éterniser et l'absurdité commence à dépasser sa propre absence de limite, tous deux ainsi plantés au milieu de la pièce pour converser de leur pluie et leurs beaux temps respectifs.

" Si vous voulez discuter différence et similitudes, nous allons avoir besoin de verres. " glisse t'elle le plus sérieusement du monde. " Je vous en prie. " Parce que quitte à fricoter avec l'absurdité, autant invité un meurtrier sanguinaire à s'asseoir à sa table. " Seriez vous familier avec Nietzsche, Monsieur Lecter ? " elle ajoute donc, moins convaincante dans sa légèreté que lui, en le suivant jusqu'à la table ébréchée.

Philosophe auteur du concept de surhomme, Nietzsche dépeignait l'homme comme un animal totalement dépourvu d'instinct de territoire ou de domination sur l'autre. Au contraire de la plupart des autres, son contact social est fait sans qu'il ne cherche à engager une agression avec l'autre, dans les limites de son instinct de conquête somme toute peu développé. Ainsi le surhomme amène t'il le concept d'un humain qui, capable de dépasser cette limite et dépourvu de ses freins sociaux, serait à même de transcender sa condition et de s'élever à un état supérieur. Nietzsche décrit la faune, les têtes blondes en guise de lions largement repris et déformés par les nazis dans les mauvais hasards que peut faire l'histoire, animal conquérant par excellence. Et c'est ainsi qu'on peut voir cette troupe amassée dans un hôpital avec leurs armes et leurs menaces, d'avantage comme l'archétype du lion, que des chiens qui les accompagnent. Il y a dans le discours de ce clown des résonances du surhomme, peut être seulement déporté à un stade d'aliénation auquel n'avait pas pensé Nietzsche. Mais au risque de chatouiller un point Godwin, les nazis l'ont déjà fait, alors pourquoi pas un autre agresseur. S'il faut porter des jugements hâtifs et rentrer dans la réduction au point de qualifier chaque homme d'une " désolante humanité " pourquoi ne pas entasser tous les auteurs de génocides dans la même case, quand bien même ils commencent à y être très à l'étroit, à force.
On ne peut décemment blâmer les gens de leur incapacité à comprendre les détours de nos âmes tourmentées, pour ensuite partir de principe que chaque individu est la partie d'une même entité ennuyeuse, Monsieur Lecter.

Prenant place à table avec lui, Luka voit Peter du coin de l'oeil, sortir de la pièce pour aller leur chercher un alcool décent - qui ne sera certes pas très bon, mais ils vont tenter de faire un effort. Dans ce laps de temps, la jeune femme, qui a finalement eu toute l'opportunité de remettre en ordre la numba d'informations au sein de sa boîte crânienne, reprend finalement le plus poliment du monde - insolente mais correcte, toujours. Sauf escapade imprévue autour d'une tombe, il n'est pas dit que Luka Earhart a un jour manqué de respect à qui que ce soit, Gouvernement mis à part bien sûr.

" Je n'ai jamais demandé aux gens de s'inquiéter pour moi. Nous avons créé tout ça pour les rassurer, pour leur faire garder à l'esprit que leur vie compte autant que n'importe quelle autre, et surtout pas pour les laisser s'imaginer que la mienne devrait leur valoir des insomnies. " Elle s'arrête un temps, l'occasion pour elle d'extraire de sa robe une petite poche de tabac et quelques feuilles, roulant l'un dans l'autre pour allumer le tout, en un soulagement à peine dissimulé. Savourant la fumée âcre que sa gorge expire, elle ajoute, relevant vers lui un semblant de sourire, d'une sérénité, une assurance tranchant avec la peur tirant encore les traits de son visage. " On ne peut pas reprocher à tout le monde les choix qu'on a fait, ni même ce qui nous a amené à les faire. La rancoeur est mauvaise conseillère. Il a fallu que ma vie soit détruite pour que j'en vienne à ce que je suis aujourd'hui, je ne vais décemment pas souhaiter la même chose aux personnes que je tente de guérir. Et je préfère compter chaque geste donné en retour, que toutes les fois où il n'y en a pas pas eu. " Malgré elle, ses yeux glissent dans la pièce, et jettent un regard à Billy, qui amenait il n'y a pas un mois sa petite amie au quartier général pour la faire soigner sans conséquence fâcheuse. Billy baisse les yeux, et étire un instant son sourire. " Quand bien même la proportion est infime. " Luka avale une nouvelle bouffée toxique et relève un haussement de sourcil à l'adresse du Clown, presque un semblant d'excuse apparaissant dans le ton de sa voix. " L'optimisme est une foutue maladie... une maladie tenace. "


I feel my body falling deep
Nothing to catch me when i sleep
The fever and hallucinations tonight
Brought me to the eternal dark


"  J'ai peur, c'est vrai. J'ai peur de mes choix. Peur, comme vous l'avez si justement souligné " Elle serre un instant les dents, au souvenir des paroles acerbes jetées tantôt à son encontre. " D'entraîner les personnes qui m'entourent dans des difficultés qui n'existeraient pas sans mon arrogance à croire que je peux faire quelque chose en ce monde. Peut être que ça me paralyse, en un sens. Et c'est sans doute dramatique, si ça doit m'empêcher d'aller aussi loin que je le pourrais. Mais un bon médecin, et un bon meneur, est un homme qui a peur de se tromper. Ne pas avoir peur conduit à des erreurs de jugement, une trop grande assurance est plus dangereuse que n'importe quelle arme. Du reste, quand bien même vous n'êtes pas homme à douter, je serais très étonnée que vous ne soyez pas vous même parfois dévoré par vos propres choix, et les conséquences qu'ils ont sur vous. Si ce n'est la peur qui vous tient éveillé, ce doit être autre chose. Une chose que je ne me permettrais pas de juger, puisque je ne sais rien de ce qui vous a conduit là. "

Peter revient enfin avec deux verres et une bouteille de liqueur, qu'il pose devant eux. Derrière Luka, Emma est entrée dans la pièce pour vérifier l'état des malades, avec autorisation des hommes, dont trois gardent un oeil sur elle, quoiqu'elle ait la tête si rentrée dans les épaules qu'il ne faut pas s'attendre à un élan brisque de sa part. Dans un geste, Luka ouvre la bouteille et remplit les verres, après quoi elle ouvre un tiroir devant elle pour en sortir une feuille et un stylo, qu'elle pose sous les yeux du Monstre. Et d'ajouter, reprenant un ton plus formel, car la prudence exige que le contrat ne soit pas tombé dans l'oreille d'un sourd.

" En dehors du tabac, il n'y a pas beaucoup de règles explicites, ici. Théoriquement, tout homme doit déposer ses armes avant de rentrer dans une pièce, quelle qu'elle soit, mais j'ai peu d'espoir de vous convaincre sur ce point là. " Elle laisse échapper un rire bref, presque de l'ordre du soupir, et prend l'un des deux verres. " Vous n'avez qu'à écrire les votres, ainsi je ne pourrai plus prétendre à l'ignorance. Je signerai l'engagement de la manière qui vous plaira. " Verre qu'elle lève à son adresse, coude posé sur la table, avant de conclure avec toute l'humilité du monde. " Mais je dois recevoir une patiente cet après midi pour lui administrer une dose létale d'insuline et organiser l'évacuation du corps avec sa famille. J'aimerais lui épargner le comité d'accueil. S'il vous plaît. "


It's strange
Where is the love that you have
Instead
As if it was missing from your heart
It's more that i can bear
It can't be real too strange for me

Luka baisse les yeux, constatant la présence de ce qui semble être l'animal compagnie principal de Monsieur, qui l'a suivi jusque là et dont la tête ne cesse de se faire machinalement gratifier par une main gantée depuis que la troupe est arrivée. Un sourire esquisse la courbe de ses lèvres, couronnant cette première fois où elle est surprise dans le bon sens.

" En tout cas, vous n'êtes peut être pas le seul à avoir porté un jugement hâtif sur votre interlocuteur. C'est qu'on a vite tendance à vous penser insensible, si on ne se base que sur votre réputation. "

" Les cochons sont meilleurs que les hommes. "
Luc Besson, Léon

Jason
Jason Lecter
Jason Lecter
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AVATAR : Heath Ledger - Joker

DC : Venecia

DISPONIBILITÉ RP :
  • Disponible


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CAMP: Contre le Gouvernement
JE SUIS: un(e) new-yorkais(e) aux habitudes plus ou moins douteuses


MessageSujet: Re: Flash Back - Piqûre de rappel Flash Back - Piqûre de rappel Icon_minitime1Jeu 26 Déc - 3:52

Silence dans les couloirs ~


Le cuir qui crisse, les articulations qui grincent, deux mains fermées l’une sur l’autre. Tu fais le bon choix, pourrait-il dire. Et tu rajoutes un certain délais à ton espérance de vie. La jeune femme a-t-elle seulement compris qu’en refusant cette main tendue elle aurait signé leur arrêt de mort à tous ? En fonction de son humeur le Clown aurait tout détruit le jour même, le lendemain ou le mois suivant, mais cette petite clique aurait dés lors eu une étiquette d’ennemi punaisée au front et il n’aurait pas tant tardé à s’en débarrasser. Les imbéciles incapables de concevoir qu’il y a effectivement du bon à pactiser avec le diable ne l’intéressent aucunement. La donne change radicalement pour qui ose prendre le risque et cela finit toujours par payer un jour ou l’autre qu’on se le dise et ce, même si un tel pacte n’est pas sans conséquences.    
À peine les mains libres et Lecter tire une cigarette dans l’idée d’en griller une de plus lorsque son interlocutrice pointe du doigt le fait qu’on ne fume logiquement pas dans les hôpitaux. Levant les yeux dans un vague air de surprise, le Clown répond d’un sourire et range naturellement la tige de papier dans le paquet sans le moindre signe de protestation ou même d’ennui. Puis désignant un homme, elle précise qu’il s’agit du professionnel en matière de photos dans le cas où il souhaiterait parfaire ses connaissances en la matière. Et l’homme désigné embraye, pas moins nerveux mais un peu plus vivant pour annoncer des tarifs qui ne sont pas sans tirer à Lecter un éclat de rire franc. « Oh j’ai comme un léger doute concernant votre envie d’immortaliser mes... œuvres. Mais je note, sait-on jamais. » Non sans une pointe de sadisme sachant bien qu’ils seraient loin d’apprécier ses jeux, ne les voyant jamais autrement qu’en carnages. Chacun son avis dira-t-on, il ne leur reproche pas de préférer des sujets plus « vivants ».

Besoin de verres... elle sans doute, Jason pas tellement mais il n’est pas homme à refuser une invitation correcte et hoche gracieusement la tête avant de se diriger vers la table désignée, mains croisées dans le dos et le pas légèrement dansant. « Malheureusement non, ce nom me parle mais guère plus, mon impatience n’a pas fait de moi un féru de lecture, je préfère qu’on me raconte pour tout vous dire. » Ce n’est pas faute d’avoir essayé mais depuis l’enfance Jason a manifesté un problème considérable de concentration sur le long terme et rares sont les sujets capables de le tenir en place des heures durant. En contrepartie, cette tendance lui permet de gérer plusieurs actions dans un même temps et on ne s‘étonne plus de le voir jouer avec les composants d’une bombe tout en tenant une conversation et en fumant comme un pompier. Un défaut n’est -de son point de vue- que le revers d’une autre qualité.
Il s’installe sur une chaise, détendu comme à l’heure d’un thé entre bons amis et croise les doigts sur le plateau. Un demi sourire étire ses lèvres lorsqu’elle confie le but, sinon la raison de son entreprise, altruiste et capable de s’oublier. À nouveau le balafré pourrait trouver en ce discours un côté blasant mais il sait bien que les faits sont autrement plus complexes. La rancoeur est mauvaise conseillère, dit-elle. Lecter grimace finement. « A un certain niveau, il semblerait en effet. » Pour avoir menacé de faire exploser un quartier entier pour une altercation, il n’ira pas dire le contraire. Sans l’intervention de Boogie et Alonso la foire Sudiste aurait perdu son maître aveuglé par son désir de vengeance envers le Nord. Il a renoncé, pas seul c’est un fait et ses côtes brisées ne sont pas dans lui rappeler très régulièrement. Et oui l’optimisme est maladif. Il a renoncé à cela depuis longtemps... très longtemps. Il n’attend rien de personne. « Je vous dirai volontiers de ne jamais rien attendre, les gens ne savent pas ce qu’ils perdent et le monde a comme tiré un trait sur la valeur d’une main qui se tend. » Il n’attend aucune gratitude, ne retire aucune fierté du geste lorsqu’il y vient et ne se fait aucune illusion, jamais. La fierté est une petite bête vicieuse qui interdit bien souvent chez la plupart des Hommes les pactes jugés trop alléchants. Il préfère ne plus s’en soucier et propose. C’est à prendre ou à laisser voilà tout.

Bien sûr que tu as peur, tu ne ferais pas ce boulot sans ça ou plutôt tu ne le ferais certainement pas de cette manière. Jason écoute, la tête penchée de biais et un sourire flottant à la bouche. Il ne se moque pas, au contraire car la franchise avec laquelle elle s’exprime alors est respectable et lorsque vient le temps de discuter de la sorte le Clown met un point d’honneur à ne laisser aucune zone d’ombre. Bien sûr qu’il peut mentir comme un arracheur de dents mais ici, aucunement. Le temps que les verres se remplissent, il cale le dos dans le fond de sa chaise et croise souplement les jambes. « Je vous déconseille vivement d’ignorer la peur, au contraire. Comme vous dites ne pas avoir peur est une mauvaise chose, surpasser la peur en revanche... Imaginez vous sur une balançoire, songeant à sauter une foi arrivée au point le plus haut. Ça fait peur, pourquoi ? Et si vous tombiez mal, et si vous vous blessiez ? Voilà la peur mais tout pourrait aussi se passer sans le moindre dommage, pour le savoir il faut essayer. C’est ainsi qu’on apprend à marcher, à faire du vélo, à nager... en allant au delà. » D’un signe de tête, il remercie pour le verre et le tire dans sa direction, enroulant les doigts sur le col. « Quant à moi... très sincèrement je ne doute plus et je pense que je n’ai jamais vraiment douté. J’imagine que mon impatience et ma tendance profondément suicidaire font de moi un homme qui ne sait tout bonnement pas concevoir la peur dans sa définition. La plus grande peur de l’être humain, c’est ce qui se cache après, l’inconnu de la mort et pour tout vous dire je me fous de mon propre sort. Partant de là comprenez que je ne regrette rien, j’avance et le passé reste derrière moi. J’en garde l’enseignement par principe mais je n’y reviens en aucune façon. » Nullement contrit, il s’en fiche comme de tellement d’autres choses. Son moteur à lui est ailleurs et ses motivations demeurent obscures. Le personnage est insondable car contradictoire en trop de points, complètement détraqué sur d’autres.

Une feuille sur la table et un stylo qu’il avise d’une oeillade à peine curieuse, portant le récipient à ses lèvres alors qu’elle expose les raisons de leur présence. Il manque de s’étrangler à l’idée de poser les armes et ravale un rire avant de s’éclaircir la gorge, levant le verre entamé à son tour. « Oh croyez le, pour votre sécurité laissez moi mes jouets, il serait bien plus dangereux que je me serve de ce que j’ai sous la main, en revanche mes hommes ne seront plus à ma suite si nous venions à nous croiser à nouveau. » Dit-il, reposant le verre pour mieux jouer avec le stylo à sa portée. « J’aurai mis les voiles d’ici l’arrivée de votre patiente à moins qu’elle débarque dans moins de cinq minutes... ne vous souciez pas, ma parole est d’or et je ne viendrai pas interférer dans vos obligations. Chacun son boulot après tout. » Et elle n’ira assurément pas déranger le sien, d’une parce qu’elle n’a pas les moyens de le faire et de deux parce que de toute évidence, elle a un vrai respect concernant les contrats. Lecter achève son verre, le repose et tend les doigts en direction de la tête canine balafrée qui reçoit une attention naturelle, geste qui semble piquer la jeune femme d’une certaine manière.

Le Clown ricane, amusé et se redresse sur sa chaise pour héler ses hommes. « Allez m’attendre dehors. » Et personne ne proteste, ne s’interroge. Ne reste que la meute qui s’est installée où bon lui semblait à l’exception du molosse chef qui lui n’est jamais bien loin de son maître. « Détendez-vous maintenant, vous n’avez plus de canon sur la nuque et la demoiselle là-bas, respirez ou vous allez finir en apnée. » Le nez levé au plafond quelques secondes, il pousse un soupir et embrasse à nouveau les lieux du regard avant d’ôter ses gants et de tirer à lui la feuille blanche qu’il commence à plier, claquant la langue avant de poursuivre. « Une réputation se construit si j’ose dire, la mienne n’a rien de fausse, au pire disons qu’elle est imprécise rien de plus. Comment nier le fait d’être insensible ? Après tout il y a peu je tranchais mains et gorge de l’un de mes sbires parce qu’il m’avait... dérangé. » Aucune émotion pour le meurtre, là où une pointe acide se pose sur l’idée d’avoir été interrompu dans un de ses jeux en bonne compagnie du Croque Mitaine. Levant à peine les yeux, il offre un demi sourire à la demoiselle avant de retourner à son pliage, y donnant quelques coups de ciseaux, objet récupéré à l’intérieur de sa veste. « Ainsi comprenez, mon univers fonctionne sur une absence totale de règles. Je préfère parler de... conditions, de respect et d’accords. Un règle, ce n’est jamais que le revers d’un devoir et au Sud, on a aucun devoir envers moi. Cela vous semblera certainement improbable, voir illogique mais ces hommes qui me suivent... aucun n’y est obligé. Je n’ai pas plus forcé mes hommes à m’emboîter le pas que mon Second, Alonso ou cette meute. Ils y gagnent tous quelque chose, d’une façon ou d’une autre... mais je n’oblige pas pour la bonne et simple raison que pactiser avec moi... » Un sourire effilé, destiné à personne en particulier, à tous sinon et il achève en quelques pincements exécutés du bout des doigts une araignée aussi inerte que la feuille utilisée. La gardant à hauteur de ses yeux, il poursuit, aussi innocent que machiavélique dans l’idée. « ...C’est m’appartenir. Vous n’ignorez pas, puisque ma réputation vous parle que je suis un affreux possessif en ce qui concerne mes... jouets. Alors certes cela implique de subir mes crises quotidiennes, mes lubies et mes décisions du moment, de marcher sur ma toile en espérant que je n’ai pas un jour l’envie de voir quelques têtes séparées de leurs corps... »

Rangeant les ciseaux, il récupère le briquet à la place et laisse filer un soupir un brin rieur. « On dit que je traite mieux ma... ménagerie que mes hommes. Véridique, ils ne se basent sur rien pour me suivre eux, ils aiment ma compagnie et j’apprécie la leur. Rares sont ceux fonctionnant selon cette méthode. Pour en revenir au concept il vous dérange sans aucun doute car vous n’avez aucune envie d’être ma propriété d’une quelconque façon mais retenez une chose simple : être maître implique d’être responsable de ce que l’on possède. Alors certes, je suis effectivement un Clown cinglé, un tyran qui aura très vite fait de vouloir vous carboniser et parfois pour des raisons qui semblent dérisoires d’un point de vue autre que le mien... » La flamme crachée lèche le papier, le dévore, l’avale jusqu’à la dernière patte pliée et ne reste que quelques cendres éparses sur la table, bientôt recouvertes d’une enveloppe aussi large qu’épaisse. Dans les trois ou quatre mille dollars à vue d’oeil. « Mais je paie mes dettes. Beaucoup de mes sbires sont morts pour la seule raison que je ne m’encombre en aucun cas d’inutiles. Vous connaissez le proverbe, on a rien sans rien. Considérez ceci comme ma signature et une contribution à votre croisade contre cet... aimable président. L’or, ou le dollar dans notre cas, c’est le nerf de la guerre n’est-ce pas ? » Il se lève, enfile ses gants en sifflant ses chiens qui se rassemblent tous d’un même mouvement puis consulte sa montre. « Nous ne nous reverrons sans doute pas rapidement, peut-être même pas du tout qui sait. Avez vous besoin de quelques précisions avant que je vous quitte ? » Glisse-t-il, comme enjoué.

On dit l’enfer pavé de bonnes intentions... le sien est surtout pavé de mines et personne n’a prétendu qu’il était aisé d’y avancer. Comme dirait l’autre, ça passera ou ça cassera. Seul le temps le dira.      

© Jason L.

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MessageSujet: Re: Flash Back - Piqûre de rappel Flash Back - Piqûre de rappel Icon_minitime1Sam 28 Déc - 13:48

" La Civilisation, c'est la violence maîtrisée, la victoire toujours inachevée sur l'agressivité du primate. "



I don't wanna talk about things we've gone through
Though it's hurting me, now it's History
I've played all my cards and that's what he's done too
Nothing more to say, no more ace to play


Certes non, Luka ne se fait pas prier pour boire. A peine a t'elle fini son propos et vérifié que ce qu'on pourrait lui qualifier d'invité était dignement servi, elle s'empare de son verre et en enfonce le contenu dans sa gorge d'une traite, savourant avec délice la brûlure anesthésiante dans sa bouche et dans sa gorge, où la boule y ayant pris forme entame à peine de se résorber. Se détendre, respirer, comme il dit, elle ne le fait jamais vraiment, alors ce n'est pas dans de telles circonstances qu'elle va pouvoir s'y mettre. Quant à reprendre son petit débit d'air usuel, elle ne le fera qu'une fois le monstre et sa meute sortis de la pièce. Luka est peut être forte pour se bercer d'illusions mais pas à ce point, pas sur ce genre de point. Elle sait très bien que la courtoisie installée au sein de la pièce est aussi fragile qu'un château de cartes et qu'au moindre affaiblissement, tout sera réduit en cendres avant qu'elle ait le temps de faire un geste. On ne se détend pas, avec ce genre d'homme là. Comme face à un serpent, on reste immobile, on produit le moins de vibrations possibles, et on prie pour que l'animal soit attiré par un bruit plus alléchant ailleurs. En un sens, il serait offensant de sa part de mettre maintenant les pieds sous la table et les bras derrière la tête, parfaite insulte à ce qu'il renvoie en permanence. Il le dit lui même, chacun est responsable. Un point sur lequel ils sont d'accord. On est responsable de ses actes, de son image, de ce que l'on fait parvenir aux autres et ce que l'on reçoit en conséquence. Et monsieur n'a pas vraiment le look à inciter à de sympathiques beuveries entre potes, tapes sur l'épaules et autres vannes de mauvais goût.

Interloquée, presque curieuse, Luka observe son manège, et entend ses mots plus qu'elle ne voudra bien l'admettre. Un tel magnétisme relève du surnaturel, et elle commence tout juste à comprendre pourquoi il en a attiré plus d'un, pourquoi l'aura qui l'entoure et les choses murmurées à son sujet sont teintées d'un certain respect en plus de la crainte, de la haine où même du dégoût qu'il inspire. Ne nous méprenons pas, elle ne lui accordera jamais aucune circonstance atténuante pour les actes commis, par sa main ou par celle de ses hommes. De la même manière qu'elle n'a jamais encouragé ni approuvé les agissements de son homme de main, quand bien même elle a vu l'humanité cachée derrière. D'humanité, cet homme là n'a plus que quelques vestiges biologiques, tel qu'il l'a dit lui même. Mais enfin, il pourra arguer toute la folie qu'il voudra, tous les raisonnements du monde, une vie reste une vie et une mort, une mort. Aucun sadisme n'est pardonnable aux yeux de Miss Earhart, jamais, quelles que soient les circonstances, quand bien même, il ne faudrait pas l'oublier, elle y a pris part en signant la mort atroce de deux hommes. Magnétisme, donc. Monsieur danse et entraîne dans sa ronde les parts les plus noires de ceux qu'ils rencontrent, au point d'en avoir souillé l'une des dernières âmes un tant soit peu entière ne ce bas monde. Que dirait son prêtre bien aimé, s'il savait que son ange immaculé a implicitement autorisé de telles horreurs ? Infime pour qui en fait sa soupe quotidienne, mais terriblement déterminantes pour qui se vantait de n'y avoir même jamais été tenté.

Mais derrière tout ça, derrière les livres interminables que l'ou pourrait écrire pour tenter de tirer le blanc ou le noir dans un monde gris, elle doit admettre qu'elle éprouve une certaine forme de curiosité pour celui de Monsieur Lecter, où l'évidence permanente se mêle au chaos le plus absolu. Elle ne parvient pas à comprendre comment les choses peuvent devenir si claires, si faciles, les tenants et les aboutissants si spontanés. Il n'a pas peur, dit il. Il n'a pas la moindre forme de doute dans les recoins tortueux de sa tête. Luka s'imagine se balancer au dessus du vide et faire enfin le grand saut, cette seule image suffit à lui presser le coeur d'angoisse. Mais non, pas monsieur. Monsieur a dû sauter toutes les hauteurs pour en arriver là où il est. Et si elle ne parvient pas à trouver le courage de formuler cette question à voix haute, elle brûle de savoir ce qu'il a sacrifié pour en arriver là où il est. Quel niveau de souffrance peut on décemment atteindre pour franchir autant de limites les unes après les autres et devenir ainsi exempt de toute peur logique ? Qu'est ce que tu as vécu, bon sang, qui a bien pu t'amener là ?

Mais enfin, on en vient aux choses qui fâchent. L'homme plie et découpe le réceptacle d'un contrat dont il n'admet visiblement pas le formalisme. Ceci dit, Luka n'en oublie pour autant pas de lire les lignes qui se dessinent à travers ses propos, quand bien même il refuse de les coucher sur papier. Les règles sont implicites mais elles sont là, dans les fils de la toile dont il lui présente un dessin de tisseuse, glissées entre chaque parole. Les yeux rivés vers le papier qui s'enflamme, Luka entend l'écho d'un avertissement derrière le libellé terrible des liens qu'il peut y avoir entre lui et le monde. Le prénom est même prononcé, comme si le sous entendu n'était pas assez clair. Et c'est un sourire amer qui se forme sur la courbe de ses lèvres, quand les véritables enjeux de cette présence au sein de son monde se dessinent. Elle ne peut pas dire qu'elle ne s'y attendait pas. Elle le sait, finalement, que son existence à elle n'est que vaguement toléré, et que l'offense n'a rien à voir avec quelque franchissement de frontière. Tout ça tient de l'ordre des interactions humaines.

" Tout est parfaitement limpide. Clair comme de l'eau de roche. " souffle t'elle donc en se relevant à son tour, les yeux dans les siens, un sourire flottant au coin de ses lèvres. " J'apprécie votre geste, et j'en suis reconnaissante. Peut être, qui sait, que je sauterai le pas de l'entrée en guerre un jour, assez pour l'honorer à mon tour. "

Tout à gagner et le reste à perdre, ainsi soit il. C'est un fait, Luka n'ira jamais signer le moindre acte de propriété avec cet homme, car il n'est pas un monde, réel ou absurde, où ces deux personnes pourraient réellement cohabiter, d'avantage qu'à très grande distance. Elle le sait, ils le savent tous les deux, elle est inutile dans projection qu'il peut avoir des choses et lui, dans ses perspectives à elle, a sa place derrière les barreaux d'une prison perpétuelle. Toute l'amabilité du monde ne changera jamais cet état de fait. Elle se souvient, quand elle a rencontré Alonso, derrière le voile noir de son deuil, il venait entrer dans les rangs et avait à gagner en ce faisant un confort pour sa famille, pour un prix qu'il était prêt à payer en son âme et conscience. Mais elle sait aussi, quoiqu'elle refuse encore d'y penser, que ce qu'il a à gagner et à perdre maintenant n'est plus du tout la même chose qu'il y a huit ans. Raison pour laquelle ils se sont bêtement disputés, point culminant de l'histoire où le discours de monsieur Lecter prend tout son sens. Alonso a résisté, longtemps, mais il arrive désormais à la dernière limite, qu'il devait fatalement finir par aborder un jour ou l'autre. La limite de son humanité, ce pas à franchir pour avoir tout à gagner, et le reste à perdre. Ce moment où les peurs, même les plus profondes, ne seront pour lui non plus qu'un lointain souvenir. Ce moment où elle n'aura plus rien à faire dans sa vie.
Tout ça doit bien finir par arriver.

" Soyez prudent sur la route. "

Dans un signe de tête à son égard, Luka tend la main pour la serrer une dernière fois et regarde la troupe s'en aller, s'effondrant sur sa chaise dès qu'elle entend la porte principale se refermer derrière eux.  Le tremblement compulsif reprend le prend sur son corps et elle happe un air difficile, plongeant dans ce qui pourrait justement être appelé un état de stress post traumatique. Sonnée, elle tourne le regard vers les clichés de l'horreur, étalés par dessus une trace sanguinolente, puis sur les cendres et les découpes d'une feuille, par dessus lesquels gerbent trois milles dollars en petite coupure, entre deux verres vides.
Tout ça devait bien finir par arriver.

The gods may throw the dice
Their minds as cold as ice
And someone way down here
Loses someone dear
The winner takes it all
The loser has to fall
It's simple and it's plain
Why should I complain?


Les événements se chargeront de donner la preuve impartiale de ce jeu impitoyable. Quelques jours après cet échange d'amabilité, Luka et son cercle proche apprendront la descente de police dans les rues de New York, puis l'arrestation nette et sans appel d'une quinzaine de leurs amis chers, tous impliqués d'une façon ou d'une autre dans la résistance. Il ne restera plus dans les flammes de l'assaut qu'un prêtre venu constater les dégâts puis la douleur insondable d'un quartier général déjà à l'état de demi cendres. Dans son irrécupérable et banale humanité, Luka songera à trouver un moment entre l'énumération de ses morts puis celle de ses tourments pour aller chercher un semblant de réconfort sur la poitrine cuivrée, endormie, d'un amant inaccessible. Un endroit où pleurer sans en avoir honte, où redevenir humaine, banale et imparfaite, plutôt que ce petit tas de fatigue et de vide tentant vainement de garder la tête sur les épaules, en ne cessant de se demander à quoi cela peut il bien encore servir. Mais elle n'en trouvera pas le temps ni, surtout, la force compte tenu de la difficulté des trajets une fois son identité révélée. Et ce ne sera pas un mal, finalement, car le Cubain sera lui aussi occupé à des affaires aux relents de dramaturgie élémentaire.

Luka apprendra, quelques jours après l'assaut subi, une autre attaque dans son propre quartier, mais qui ne lui est pas destinée. Un appel anonyme et une descente en urgence sur les lieux après la bataille pour constater l'amoncellement de cadavres. Au milieu des corps, un seul respirera toujours, celui d'un petit garçon de huit ou dix ans, qu'ils parviendront à sauver d'une mort certaine, pour le laisser ensuite cuver la solitude de son orphelinat dans une famille d'accueil dénichée sur le tard. Le petit garçon racontera les bribes qu'il a aperçues avant de tomber au sol, une balle dans le ventre : un maquillage terrifiant, des yeux perçant et un géant de cuivre. Luka refusera d'y croire, l'espace de quelques secondes, et savourera un déni éphémère. Puis elle rêvera de ce géant de cuivre, le canon levé vers un enfant de huit ou dix ans, et se rendra à l'évidence, car il n'y a pas de place pour les illusions en temps de guerre.

Il n'y aura pas de communiqué, de messages radio ou de photographies frappantes dans cette affaire. Juste la plus grande discrétion, car on ne la reprendra pas deux fois à passer les frontières ou enfreindre les règles. L'événement disparaîtra des mémoires, trop occupés qu'ils seront tous à trouver un moyen pour sauver leur propre cause. A partir de ce jour là, Luka se contentera de la photo de Manek et guise de recueillement, et de celle d'Alonso en guise de réconfort. Pas de tombe, et surtout pas d'amant endormi dans une chambre d'hôtel. Il n'y aura pas de dispute, de reproche ni même de dialogue, seulement le silence installé nécessairement par leur absence mutuelle de tentative pour se voir. Luka se rendra à l'évidence sans rien réclamer d'autre que la paix. La tranquillité. Le silence. L'envie ne la traversera même pas d'aller en découdre. Car Luka aura pour elle, plus que le besoin de se laisser contredire dans l'infâme hypothèse que son amant pourrait abattre un enfant de huit ans, la nécessité élémentaire de se préserver elle-même. Luka coupera les ponts sans heurt avec cette partie de son passé, espérant seulement ne plus avoir à y être confrontée, car elle n'aurait jamais le courage de regarder l'homme finalement disparu derrière les flammes de la bête.
Tout ça devait bien finir par arriver.


Somewhere deep inside, you must know I miss you
But what can I say, rules must be obeyed
The judges will decide the likes of me abide
Spectators of the show, always staying low
The game is on again, a lover or a friend
A big thing or a small
The winner takes it all


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