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Les derniers outrages [PV Caleb]
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MessageSujet: Les derniers outrages [PV Caleb] Les derniers outrages [PV Caleb] Icon_minitime1Ven 27 Déc - 18:35

Hrp : les prochains messages peuvent contenir des propos choquants à l'égards de vos chers personnages, ne convenant pas à la sensibilité des plus jeunes. Ne poursuivez que si vous vous fichez éperdument de ce qui peut leur arriver.





Your journey it began because you died
Out of your cell you ran and then you died
You pause to catch your breath
And die another gruesome death
So now you creep around each corner terrified


Les dernières pierres sont déplacées, les cargaisons livrées, et les lieux désertés. Seule dans la cuisine, Luka profite d'une dernière tasse de café fumante avec sa cigarette, le regard perdu dans le vide, attendant le retour des deux autres. C'est comme ça qu'elle commence à se sentir, tout à coup. Etrangement vide. Comme si son cerveau finissait par renoncer à considérer les évènements, et se contentait d'ouvrir les valves pour se déverser lentement ailleurs. La fatigue joue sûrement, le trop plein de trop de choses sans aucun doute aussi. Maintenant que tout est fait, qu'il ne reste plus qu'à dormir puis à partir, autant se laisser creuse de tout ce qui dérange. Une fois sur place, il sera toujours temps de remettre ses idées en marche.
Jack et Peter finissent par la rejoindre autour de deux autres tasses. Ils la rassurent sur le bon déroulement des livraisons et échangent deux ou trois bannalités, tous trois d'accord pour dire que le reste a largement été exposé. En long en large et en travers. Une fois ce petit instant de détente consummé, ils échangent un sourire résolu et se relèvent, en se payant le luxe d'abandonner la vaisselle sale derrière eux.

" Tout le monde se souvient du plan ? "  Un acquiescement silencieux  " Alors on se barricade. "

Sitôt dit, sitôt fait. Les trois compères s'activent à mettre en place les défenses qu'ils ont élaborées ces dernières semaines, après la première attaque. La nuit hiémale a repris ses droits depuis longtemps lorsque les meubles du quartier général sont mobilisées à bloquer portes et escaliers, et les ingénieux pièges montés par Peter activés. Quand on a construit sa propre bombe à l'heur d'un attentat social, on développe une certaine ingéniosité dans l'art de faire beaucoup de dégâts avec peu de moyens. Une boîte à outils remplie d'objets en métaux lourds sur une étagère au dessus de la porte d'entrée, que la poussée donnée pour enfoncer le battant solidement fermée fait inexorablement tomber sur l'assaillant. Dans l'escalier qui mène au premier étage, plusieurs goupilles reliés à la poignée font exploser de petites bombes projectiles artisanales, pas suffisantes pour endommager les lieux mais bien assez pour blesser. Au deuxième, une salve de fumigènes reliés à un détecteur de mouvement qu'il est parvenu à acheter à un de ses anciens camarades de la révolution sans se saigner aux quatre veines.  Et enfin, dans le couloir menant à la chambre de Luka, ni plus ni moins qu'une véritable patinoire, savant mélange de liquide vaisselle et d'huile, pour handicaper toute tentative de course. La même mixture qui recouvre la moindre marche du bâtiment, inventée pour l'occasion, sur le tard, dans un élan d'impitoyable réalisme. S'ils sont surveillés, les autorités savent qu'ils préparent leur départ, et aucune nuit n'aura été plus dangereuse que celles qu'ils s'apprêtent à passer.

Achevant de fixer des barrières en bois aux pointes acérés, dont l'inclinaison des pics est penchée droit vers le couloir, aux portes donnant accès au bloc opératoire du rez de chaussée et àla cuisine du premier étage, ils remontent tous les trois par les orifices qu'ont laissées des dalles de plafonds retirées dans les salles, à l'aide d'une corde qu'ils retirent immédiatement ensuite. Luka se fait enfin hisser dans le studio, souhaite bon courage à Peter pour son premier tour de garde et le laisse aller dans la chambre prévue à cet effet tandis que Jack et elle traversent prudemment le scabreux couloir pour remonter dans sa chambre. Dans un silence épuisé, ils se glissent sous les draps du matelas de fortune tout habillés et lâchent un soupir de concert, groguis de fatigue. Luka jette un oeil à sa montre et grimace en s'enfouissant dans son oreiller. Minuit passé. Elle ne peut pas espérer dormir six heures. Impossible de se remémorer le jour où elle a pu se reposer une nuit entière. Se faufilant entre les bras de Jack, elle réprime un frisson et ferme les yeux pour s'endormir. Contre sa cuisse, l'angle des photos d'Alonso et de Manek s'enfoncent dans sa chair. Elles vont sûrement s'abîmer. Mais Luka n'imaginait pas passer cette épreuve sans elle. Dans un énième soupir, elle serre la chemise de Jack et enfonce le nez dans son épaule.

" Luka...
- Arrête. Ne le dis pas. Ne me dis pas que tout va bien se passer. Parce que si ce n'est pas le cas, si ça ne se passe pas bien... je te le pardonnerais pas.
- ... Essaye de dormir. "

Elle y parvient. Etonnamment. Après de longues minutes à écouter palpiter son coeur, dont le rythme est comparable à celui d'un lapin dans les phares d'une voiture, l'épuisement l'emporte sur l'angoisse et elle s'effondre, d'un sommeil troublé, interrompu chaque quart d'heure, divaguant entre une réalité dont elle ne veut rien savoir, et des rêves dont elle ne parvient pas à se souvenir.

Humanity restored and then you died
A graveyard to explore... you died
For every step you take
Is just one more fatal mistake
So you must learn to take the torture in your stride


" ... -vous. Réveillez-vous ! Eh ! Y a du mouvement dehors. "

Ensommeillée, Luka sent Jack se redresser sous elle, et regagne le matelas dès qu'il s'est retiré, incapable d'ouvrir les yeux malgré l'adrénaline qui commence à se distiller dans ses veines. En un gémissement bougeon, elle se frotte le visage et bat des paupières pour le regarder attraper le talkie walkie installé à côté de la couche.

" Une attaque ?
- Non, un blessé. Ca a l'air assez sérieux, vu d'ici.
- On le connaît ?
- Pas moi, en tout cas. C'est pas un habitué.
- ... On peut pas prendre ce risque.
- Bien sûr, qu'on peut. " proteste faiblement la jeune femme, en se redressant à son tour. " On ne va pas le laisser crever devant les portes. " C'est exactement ce qu'ils veulent. Va le chercher, Peter. On se retrouve au bloc. "
- Mais...
- Fin de la conversation. "

Saisissant l'appareil pour lâcher le bouton de communication, elle se relève et fouille à l'aveugle pour dénicher son pull noir, déjà en route vers les portes de sa chambre, sous le regard désapprobateur de Jack.

" Tu te souviens de ce qu'on a dit ? " entend elle dans son dos. " Si jamais quelqu'un attaque...
- Je m'en souviens très bien. Ca n'a rien à voir.
- Oh, je crois que si. "

Pinçant les lèvres, elle descend sans apporter de réponse. Glissant par les cordes entre les salles, son manque de force compensé par son agilité au moins dans ce sens là, elle atteint la salle de bloc opératoire et décroche les barricades entre elle et les anciens dortoirs, dont l'ouverture n'est possible que de son côté, bien évidemment. Syncrhone, Peter entre dans la piècé, portant sous son bras un homme brun, assez trapus, d'une petite trentaine d'année, la jambe couverte de son propre sang. Il le dépose sur l'ancienne table de bloc en prenant soin de ne pas lui faire trop de mal et s'écarte pour le laisser s'installer sans gêne.

" Je vois que je tombe mal. " grogne l'inconnu, le visage livide de douleur, s'octrayant une oeillade inquiète de la cantonnade. " J'étais dans le coin pour affaires et ça a tourné en fusillade. Normalement, je serais retourné au Nord mais une des balles a détruit mon portable et je peux pas faire tout ce chemin tout seul.
- Vous êtes un nordiste ? grommelle Peter dans une légère grimace, sans doute furieux à l'idée de se compromettre pour une population qu'il méprise, en bon anarchiste qu'il peut être.
- Et vous, vous êtes perspicace, mon ptit pote.
- Je ne suis pas votre petit pote.
- On va regarder ça. " souffle Luka, coupant court au règlement de comptes, en s'approchant de la table. La mâchoir crispée, Peter jette un dernier regard à leur invité et s'en retourne réamorcer les pièges, puis surveiller les alentours. Fouillant dans la petite boîte qu'ils ont laissée là pour urgence, elle en extrait des ciseaux et découpe précautionneusement la jambe du jean, là où la blessure semble avoir été infligée. Ceci fait, c'est un flot de sang abstrait et continu qui se dévoile sous leur regard à tous, arrachant au concerné une nouvelle grimace, plus inquiète. " La balle a transpercé votre artère fémorale " elle ajoute sans y toucher. " Il va falloir arrêter l'hémorragie, ou vous allez mourir. Vous avez bien fait de venir. "

Son propos a le mérite d'apaiser les tensions, et elle croit voir un sourire de reconnaissance se dessiner sur le visage de l'homme. Se lavant les mains avec un savon sans eau de fortune, elle enfile des gants stériles et attrape un élastique épais pour nouer un garot autour de sa cuisse, apès quoi elle nettoie avec quelques compresses pour examiner d'avantage. Il n'y a pas d'orifice de sortie, la balle est donc toujours là, indésirable incrustée. Mais le flux de sang commence à ralentir. S'excusant dou bout des lèvres pour la douleur occasionnée, elle cherche à tâtons le relief de la balle, et attrape une pince une fois qu'elle l'a trouvé. Jack injecte un reste d'anesthésiant local sous la peau, en quantité tout juste suffisante pour apaiser la douleur. Délicatement, elle parvient à extraire le morceau de métal. Mais l'artère déchirée et les éventuels éclats devront attendre. Dans la poche de Jack, le talkie walkie résonne une nouvelle fois.

" On a de la visite. C'est une attaque. "

C'est étrange, à quel point on est vulnérable face à notre propre système. Ils ont pourtant répété le scénario des dizaines de fois, ils se sont entraînés à ça. Mais dès la phrase formulée, parvenue à son cerveau, Luka se fige de terreur, et n'est plus capable de penser à autre chose que cette terreur. Sans Jack, elle resterait figée là, à attendre qu'on vienne la prendre. Mais il est plus prompt à réagir, et attrape immédiatement le blessé sous son bras pour le mener vers la corde.

" Je tombe vraiment mal, hein ? " souffle l'homme, sans qu'il soit possible de savoir si c'est du réalisme, ou un élan de mauvais humour.
- Vous pouvez monter avec votre jambe ?
- Je devrais y arriver, j'ai de l'entraînement. "

Apparemment, il dit vrai. Car quand Jack, après s'être lui même hissé à l'étage du dessus, se penche pour l'assister, c'est à peine s'il a réellement besoin de le tracter. De l'autre côté du couloir, un gigantesque bruit, suivi de près par un fracas métallique puis un cri de douleur, indique la chute du premier piège. Immédiatement ensuite, les lampes s'éteignent, coupées par le groupe électrogène installé dans la chambre où Peter se trouve. Envahie de panique, Luka se laisse tirer à l'étage supérieur et aide Jack à soutenir le blessé pour rejoindre la nouvelle corde, la première déjà sous le bras de l'irlandais. En bas, des cris, des ordres et des sons explosifs font un vacarme invraissemblable, qu'insonorisent à peine les fins plafonds. Le coeur battant à lui rompre les côtes dans l'obscurité totale, dans un silence tel qu'elle est persuadée que ce battement peut s'entendre, Luka plaque sa main sur sa bouche pour retenir un cri de terreur.

" Donnez moi un téléphone. " siffle Gary entre ses dents closes, à mi mot.
- On en a pas, de téléphone. " murmure Jack. " On les a détruits après la première attaque.
- Peter a toujours le sien.
- Chut. "

Quelques pas en dessous d'eux, un déploiement de troupes. Le coeur battant, ils s'affairent à le deuxième corde et attendent l'explosion du première escalier.


Situation :

http://img96.xooimage.com/files/6/6/2/rdc-42f59ce.png
http://img96.xooimage.com/files/7/e/a/etage-1-42f59dd.png
http://img99.xooimage.com/files/d/e/5/etage-2-42f59e6.png

Piège de l'entrée tombé.
// : baricades
G, J, L, P : localisations Gary, Jack, Luka et Peter
0 1 : piège escalier 1, bombes à projectiles.
0 2 : piège escalier deux, fumigènes
0 3 : piège couloir glissant
Accès entre les étages par studio photo, cuisine et bloc, à l'aide de dalles retirées dans le plafond (et non, on ne vous laisse pas les cordes)


Bells chime torment
Darkest descent
Every soul spent
To doom sent...

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AVATAR : Jensen Ackles

DC : Ézéchiel

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COMMENTAIRES : Je sais ce que tu penses : « C'est six fois qu'il a tiré ou c'est cinq seulement ? ». Si tu veux savoir, dans tout ce bordel, j'ai pas très bien compté non plus. Mais c'est un Magnum .44, le plus puissant soufflant qu'il y ait au monde, un calibre à vous arracher toute la cervelle. Tu dois te poser qu'une question : « Est-ce que je tente ma chance ? ». Vas-y, tu la tentes ou pas ?

Cet engin raffiné est un Magnum 44 automatique. Redoutable. Correctement utilisé, il efface un homme et ses empreintes digitales aussi.
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JE SUIS: dans l'élite, le gouvernement croit en moi


MessageSujet: Re: Les derniers outrages [PV Caleb] Les derniers outrages [PV Caleb] Icon_minitime1Dim 29 Déc - 15:47

Les derniers outrages [PV Caleb] Tumblr_ll7cu011Ln1qbaouuo1_500

L'adrénaline montait en vagues successives, à l'image de la marée, chaque flux et reflux plus important que le précédent. On utilisait à tort l'expression "le calme avant la tempête", car justement, il ne régnait dans leurs rangs qu'une fébrile agitation, une sourde appréhension avant l'ordre d'attaquer. La tension était presque palpable dans l'escouade d'intervention, les hommes vérifiaient encore et encore leurs équipements, comme s'ils ne l'avaient pas déjà fait une bonne dizaine de fois dans les minutes précédentes. Le poisson avait mordu à l’appât, mais il fallait maintenant patienter avant de le ferrer complètement, car l'animal avait développé un instinct certain quand il s'agissait de se glisser entre les mailles du filet. Ils avaient réussi, au terme d'une longue traque et de nombreuses enquêtes (de délations opportunistes aussi) à isoler le noyau dur de la rébellion dans son QG, pour un coup de filet spectaculaire dont ils ne se relèveraient pas de sitôt. Après des mois d'investigation et d'interrogatoires musclés, ils allaient enfin coffrer les leaders séditieux et ramener l'ordre dans cette partie de la ville.

Caleb rongeait son frein au milieu des forces d'élite de la police, sorte de rookie incongru dont on ne savait trop que penser. Il se murmurait que le gamin avait du potentiel, qu'il était couvé par des instances supérieures et qu'il avait déjà tenu ses promesses en participant au démantèlement de cellules mineures dans d'autres quartiers. Il jouissait d'une certaine liberté de mouvement car il pouvait aller dans des cercles restreints où l'on pistait les autorités à des kilomètres à la ronde, et son statut un peu bâtard lui garantissait des passe droit dont ne profitaient pas les uniformes. C'est plus facile d'entrer dans les milieux clandestins quand les portes restent ouvertes sans qu'on aie besoin de les enfoncer. Malgré tout, il était encore considéré comme un apprenti car, ne possédant pas la formation des forces d'intervention, il était hors de question de le coller en première ligne, des consignes ayant été données en ce sens. Ce qui l'agaçait modérément au final, car il aspirait par dessus tout à être respecté de ces hommes, une tâche difficile quand on reste confiné à l'arrière plan. Il prenait son mal en patience, vérifiait son gilet pare-balle, mimait les gestes de l'escouade et s'appropriait leur vocabulaire, posait des questions et tentait de s'intégrer du mieux qu'il le pouvait. Un jour, il aurait peut être à piloter ce genre de manœuvre, avec des hommes de cette trempe sous ses ordres, et il ne comptait pas commettre d'impairs. C'est ainsi que la bleusaille se formait, lentement mais sûrement. Attendant son heure. Le chronomètre du chef d'escouade égrenait les secondes jusqu'à la minute fatidique, et l'ordre d'intervenir fut donné. Enfin.

Les hommes sortirent des camionnettes et se répartirent en équipes de quatre, armes au poing, aux positions qui leur étaient assignées. Le martèlement des rangers sur le bitume donnait la cadence tandis qu'ils se déployaient, se couvrant mutuellement avec une synchronicité parfaite, le fruit d'un entrainement quotidien et rigoureux. Ils étaient pilotés par oreillette, et communiquaient par gestes pour ne pas rompre le silence radio, camouflant ainsi et leur nombre et leurs positions. Ils encerclèrent rapidement le bâtiment; attendant le feu vert du commandement mobile pour pénétrer le lieu à la recherche de ses occupants. Au signal, l'électricité serait coupée et on enverrai du gaz pour neutraliser le rez de chaussée, et ainsi de suite jusqu'au toit. Des couples d'observateurs/tireurs surveillaient les fenêtres à la recherche d'indices d'activité et préviendraient toute tentative de forcer le passage dans une fuite désespérée. Encore une fois, Caleb s’émerveilla de la mécanique bien rodée de l'appareil gouvernemental, et sentit une certaine fierté à l'idée d'en être un rouage, même d'une importance minime. Le groupe auquel il était rattaché restait en retrait, tandis que les premiers hommes enfonçaient les portes au bélier. Rapidement, les grenades lacrymogènes furent expédiées à l'intérieur, tandis que le premier groupe pénétrait prudemment pour occuper l'espace. De là où il était, il ne voyait que des faisceaux rouges rectilignes qui balayaient le nuage de gaz, mais aucune détonation ne retentit. Ils avaient pour consigne de capturer les criminels vivants, si possibles pas trop endommagés. Les morts ne répondent qu'à peu de questions au final. Il entendit distinctement un bruit de ferraille tandis qu'un des membres de la première escouade enfonçait une porte du rez de chaussée. Quelques secondes après, il vit deux hommes sortir, l'un soutenu par son camarade, le masque à gaz fendu, du sang maculant sa cagoule et coulant d'une oreille jusqu'à ses épaules. Ils s'étaient attendu à un certain degré de résistance, mais ce genre de pièges rustiques ne feraient que retarder l'inévitable, tout en accentuant la férocité des assaillants. Caleb nota pour lui même que l'utilisation du gaz réduisait encore la visibilité, de surcroît dans un édifice plongé dans l'obscurité, et que cette gêne mineure entraverait leur progression. Mais on ne faisait pas d'omelettes sans casser des œufs, et l'assaut se poursuivit, inexorablement. Ils ne tardèrent pas à sécuriser les pièces du rez-de-chaussée, défonçant de rudimentaires obstacles, déclenchant quelques pièges au passage, occasionnant de légères contusions. Quand la zone fut déclarée pacifiée, ils entreprirent de grimper au premier, selon la même technique, bombardement de fumigènes et avancée prudente. Ils ne virent que trop tard le fil qui déclencha la bombe...

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MessageSujet: Re: Les derniers outrages [PV Caleb] Les derniers outrages [PV Caleb] Icon_minitime1Dim 29 Déc - 21:43

Boum



Le bruit est sans appel, détonation impartiale dans le jeu de la guerre. Dans un réflexe inutile, Luka rentre la tête dans les épaules, les mains plaquées contre ses oreilles. Et le temps s'immobilise, l'espace d'une seconde, inertie éphémère dans l'esprit sonné des spectateur, et le corps malmené des victimes. A l'étage du dessus, les deux clandestins et leur blessé s'affairent de nouveau à monter la deuxième corde, dans le même ordre, Jack en premier pour hisser les deux autres. Mais les troupes d'élite ne sont pas si facilement déstabilisées par une petite bombe et déjà, les lasers qui entamaient de balayer la fumée opaque, dont les vapeurs s'échappent à travers l'orifice à en brûler leurs yeux, reprennent leur petite danse. Aucun des trois protagonistes ne s'aperçoit réellement, dans le chaos ambiant, que l'un d'eux s'est figé, en un rai de lumière visible à travers les fumigènes, droit  dans le trou. Et quand Luka empoigne les bras de Jack pour se faire hisser en dernier au deuxième étage, elle sent une prise ferme se resserrer autour de son corps, d'un individu soulevé sur les épaules d'un autre, son torse massif passant à peine à travers la trappe, les contraignant ainsi tous à une absurde chaîne humaine. Dans un hurlement, elle s'accroche comme un diable aux bras qui tentent de la tracter vers le haut, mais la gravité et les deux armoires en dessous son bien plus fortes. Elle lâche prise et se fait embarquer vers le point de départ, dans un nouveau cri, que la rumeur des beuglements alentours étouffe.

En ancien combattant entraîné, Jack ne met pas deux secondes à sortir son arme et tirer droit dans la tête de celui qui la tient, privilégié de par l'angle de sa hauteur, à l'abri des fumigènes. Embarquée par le poids du mort, Luka s'effondre sur lui, et les deux masses aplatissent de concert celui qui soutenait son attrapant, quoique celle de la jeune femme soit une quantité dérisoire. Sonnée, elle a tout juste le réflexe de rouler sur le côté et s'aplatir au sol quand les coups de feux entament de s'échanger. Quelques secondes plus tard, on empoigne violemment son bras. Prise de terreur, elle hurle et se débat, mais la voix de Jack retentit à côté de son oreille. C'est moi, c'est moi, c'est moi. A peine Luka a t'elle le temps de comprendre la signification de ces mots, pourtant simples, qu'elle est poussée sous la trappe pour entreprendre une nouvelle escalade. Jack a abattu les trois hommes présents dans la pièce en redescendant au premier étage, profitant à nouveau de sa position en amont et de la confusion générale. Mais déjà, d'autres pas de courses se rapprochent, et ils ont tout juste le temps de remonter l'un et l'autre, échappant de près à une nouvelle capture.

Bon sang mais y en a combien, songe la jeune femme, dans un élan de panique.

Allongé sur le sol du deuxième étage, Gary les aide franchir la dernière trappe plus rapidement. Arrivé le dernier dans le studio photo, Jack bondit pour attraper un projecteur à la volée et l'écraser sur la tête du premier soldat tentant de passer à travers l'orifice à leur suite, à plusieurs reprises, brutalement, jusqu'à ce qu'il retombe là d'où il vient. Après quoi il empoigne le bras de Gary par dessus son épaule et pousse Luka vers la sortie, tous les trois s'arrêtant dans le couloir, en équilibre pour ne pas se vautrer sur le sol du deuxième étage devenu patinoire. Le dos écrasé sur la porte refermée derrière eux, il leur fait signe de foncer vers l'ultime trappe, menant aux appartements de Luka, alors que, déjà, des coups violents sont portés derrière lui pour tenter d'enfoncer le battant. Ce n'est que quand ils sont tous deux péniblement montés en haut de l'échelle qu'il fonce à leur suite, avalant le trou entre la trappe et le sol d'un bond d'un seul. Les deux hommes qui tentent de le suivre jusqu'à l'intérieur de la pièce sont abattus par Gary, allongé au sol de la chambre, flingue en main. Sans attendre, Luka et Jack referment la trappe sur les deux corps en chute, et basculent l'armoire qu'ils avaient placée là exprès pour la faire s'écraser sur le battant en guise de condamnation, leur laissant un semblant de répit.

" Peter ! " gémit enfin Luka, dans un cri suraigu. " Où est Peter ?! "
- Je suis là...

Une voix rauque, éraillée de douleur. En se retournant, elle voit la silhouette malingre effondrée contre un mur, le bras et la hanche droite couverts de sang, se tenant l'épaule d'une étreinte tremblante. Baisse-toi, il ajoute dans un cri quand elle tente de se précipiter vers lui. Pour preuve, un coup de feu fuse à travers la fenêtre de toit au dessus de lui, perçant le mur juste la jeune femme. A quatre pattes, elle rampe pour le rejoindre, suivie de près par Jack puis Gary qui se traîne au sol, et tous s'attroupent là, constatant l'état du jeune homme avec angoisse. Et la discussion s'engage, dans un murmure si bas qu'on n'entend pas même le son de leur voix, se faisant tout juste un peu plus sifflants chaque fois que les esprits s'échauffent, interrompus par les coups tentant de défoncer la trappe.

" Je vais bien. " grimace Peter pour toute réponse aux inquiétudes informulées. " Mais vous approchez pas des fenêtres... Un tireur m'a eu à travers celle de ma chambre... Y en a tout autour du bâtiment.
- Bon sang, ils ont ramené toute l'armée.
- File-moi ton téléphone. " intervient Gary, en s'adossant au mur à côté de lui, la main déjà tendue.
- Tu crois que j'ai pas déjà essayé ça ? Ils brouillent tous les signaux, ces enfoirés. On a pas le moindre réseau.
- On peut réussir à sortir ? Eliminer les tireurs ? souffle Jack en levant le nez vers la fenêtre pour tenter d'apercevoir quelque chose.
- On a à peine assez de portée pour espérer vaguement les atteindre. Et eux, ils ont des snipers.
- Tenir front, alors ? Jusqu'à ce que y en ait plus assez pour nous empêcher de redescendre.
- J'ai fait ces pièges pour ralentir dix hommes en attendant d'atteindre le toit, pas pour en stopper trente définitivement. Ils sont assez équipés pour attaquer une forteresse et on est quatre glandus dans un grenier, dont un qui peut plus courir et l'autre qui peut plus tirer de la bonne main. Non, avec un tel armada, notre seule chance c'est les potes de ce mec " un signe de tête vers Gary à côté de lui. " Il faut que quelqu'un abatte le brouilleur de signal.
- Mais on sait même pas où il se trouve.
- Ils l'ont forcément amené avec eux, un truc pareil n'aurait pas la portée de passer les murs de ce bâtiment. A tous les coups, ils vont juste le laisser à l'étage du dessous avec juste un gars pour surveiller. Suffit de descendre quand ils seront montés, d'abattre le gars et ensuite Gary appelle la cavalerie.
- Et comment redescend de là où on est, gros malin ?
- Moi ils m'ont pas vu entrer, ils savent pas que je suis là, ils me pensent certainement pas assez con pour foncer à l'endroit où vous vous trouvez tous. Je l'aurai jamais fait si j'avais pas dû vous prévenir pour les tireurs de toit. Je me planque et au moment venu, je fonce.
- Et s'il vient pas, le moment ? Ils viennent pas pour prendre le thé, bordel. On va se faire clouer au sol, voire descendre les uns après les autres. Tu vas émerger de ta cachette avec un bras en rade et t'en faire dix à toi tout seul ?
- Tu vois une autre solution ? Non parce que, dis-moi si c'est le cas, je serais bien content de la connaître. "

Un silence renfermé pour toute réponse. Comme pour donner un impact à ses dires, des coups de plus en plus bruyants se font entendre sous la trappe, signe que les renforts sont enfin venus à bout de toutes les embûches et arrivés à bon port. " J'en reviens pas qu'ils aient été jusqu'aux sniper. " soupire Peter dans un dernier élan d'amertume, avant de ramper à travers la pièce, à la recherche d'une cachette potable. Avisant une deuxième armoire, en métal cette fois, d'un mètre de largeur à peine, il pousse les tas de tissu amoncelés à l'intérieur et s'y glisse, flingue contre la poitrine, Luka rampant derrière lui pour en refermer le battant et vérifier qu'il est correctement dissimulé. En bas, les coups sont de plus en plus bruyants, on entend le bois qui craque. Tremblante de terreur, la jeune femme braque son regard sur l'armoire qui commence à se secouer, ultime et éphémère barrière. Devant ses yeux, la vue terrible se transforme en un visage familier quand Jack prend son visage entre ses mains pour les chercher.

" Tu te souviens de ce qu'on a dit ? Eh... Tu t'en souviens. "
- Je... Oui...
- Alors je veux que tu m'écoutes attentivement. Il y a un escalier de secours sous la fenêtre, avec des plateformes à chaque étage, et des cages autour des plateformes. Il n'y a pas plus deux deux mètres de hauteur avant la dernière et il suffit que tu te jettes dans le vide et que tu restes allongée, les tireurs ne pourront pas t'atteindre.
- Qu'est ce que... Non, c'est hors de question. "

Un bruit sec. une nouvelle couche de bois éclatée.

" Luka, écoute-moi. On pourra jamais sortir tous en même temps. Mais toi toute seule, tu peux. Tu peux sortir de là, l'important c'est que tu sortes de là. On l'a dit, on a dit qu'on était d'accord. Moi je vais te couvrir, et toi tu te jettes dans le vide. Tu dévales les escaliers en courant et tu vas à la voiture sans te retourner. On te rejoindra dès qu'on pourra. C'est compris ? Allez. "

La tirant par le bras, il la traîne jusque sous la fenêtre. Enveloppant sa main dans sa manche, l'irlandais débarrasse les débris de verre qui restent de la fenêtre brisée. Il la pousse à se relever contre le mur, pliée sous le toit, et se glisse de l'autre côté du trou. A l'autre bout de la pièce, le dernier volet de l'armoire est mis en pièce et un corps commence à s'infiltrer à l'intérieur. Gary, renverse la table et tout ce qui se trouve dessus pour se cacher derrière et commencer à échanger des tirs, le téléphone soigneusement dissimulé sous une latte à côté de lui, qu'il a marquée au couteau. Quand il a enfin repéré le tireur sur le toit d'en face, Jack passe son flingue par la fenêtre et hurle à Luka de sauter avant de commencer à tirer. Elle s'exécute. Le bruit des balles à nouveau. Folle de terreur, elle reste au sol en attendant le calme, les bras vainement plaqués au dessus de sa tête. Mais quand elle se relève pour courir, sa grande taille lui fait défaut. Un torse passé à travers le trou l'empoigne de nouveau, bras autour de la gorge, pour la plaquer au mur extérieur. Dans un hurlement de rage, Luka se défend et l'étreinte se resserre, au point qu'elle en peine bientôt à respirer...

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MessageSujet: Re: Les derniers outrages [PV Caleb] Les derniers outrages [PV Caleb] Icon_minitime1Mar 14 Jan - 15:11

La bombe artisanale avait explosé dans un espace confiné, compensant la simplicité de son montage rudimentaire par une meilleure exploitation de sa puissance de destruction. Deux hommes gisaient, inconscients et probablement morts, un autre était grièvement blessé en dépit de ses protections. Son équipement était grêlé de shrapnels, et il peinait à respirer quand les renforts l'évacuèrent en urgence. Le chef d'escouade fit un rapport rapide de la situation et des dommages subis, attendant les ordres pour la suite. Personne ne s'était attendu à une résistance aussi acharnée, mais même les rats, quand ils sont acculés, sont capable de faire volte face avec acharnement et l'énergie du désespoir. Les directives fusèrent dans les oreillettes, et l'assaut reprit bientôt avec un surcroît de prudence. Les rebelles avaient certainement disséminé d'autres pièges pour les retarder, et avaient l'avantage de connaître le terrain mieux que les forces d'intervention. Les vieux plans du bâtiments, savamment décortiqués par l'escouade tactique, ne pouvaient pas rendre état des modifications apportées par ses occupants récents, ils allaient devoir procéder avec minutie pour limiter les pertes car ils ne doutaient pas qu'il y en aurait d'autres avant la fin du combat. C'était les risques du métier et tous le savaient. La consigne fut maintenue, de chercher avant tout à faire des prisonniers pour les interroger, et après un jugement honnête, les exécuter pour leurs nombreux crimes.

A l'étage supérieur, les hommes se redéployèrent en petites unités afin de couvrir plus de terrain, ils limiteraient ainsi la perte de temps occasionnée par la prudence de leur avancée. Caleb resta en attente au rez de chaussée, il n'aurait plus manqué qu'un étudiant, un civil, se fasse blesser ou pire, pour transformer l'opération complète en fiasco retentissant. Il fut donc forcé de suivre le déroulement des manœuvres par talkie, on les fit basculer sur une fréquence protégée afin que leurs communications ne soient pas interceptées. Une des équipes venait d’attraper une fugitive et préparait son exfiltration quand d'autres coups de feu retentirent. Il entendit une fois de plus la phrase fatidique "homme à terre", martelée avec urgence et colère, et essaya de se représenter la scène. Apparemment, les rebelles se servaient d'un système ingénieux quoique difficile pour progresser vers les étages supérieurs. Ils avaient piégé les escaliers et passaient d'un palier à un autre par des trous dans le plancher, à l'aide d'une corde. Ce qui leur conférait un net avantage stratégique, car ils bénéficiaient, outre l’exiguïté du passage, d'une position élevée, favorable pour canarder les courageux agents ds forces de l'ordre. Les hommes durent battre en retraite rapidement, avant d'investir à nouveau la pièce, plus prudemment. Entre temps, leur proie s'était échappé et l'autre équipe rencontrait quelques difficultés à éviter les pièges des escaliers.

Tout le problème résidait dans le fait d'aller suffisamment vite dans la capture des terroristes, avant qu'ils ne mettent fin à leurs jours dans un acte désespéré, afin d'échapper à la justice et aux conséquences de leurs actes, et de l'autre côté de préserver les troupes. La chienlit de la résistance poussait allègrement dans les détritus de l'ancienne Amérique, mais de valeureux et dévoués patriotes ne se sacrifiaient pas à la légère. Deux héros de plus tombèrent au champ d'honneur cette nuit là, victimes de la barbarie et de la fourberie des dissidents. Mais les hommes gardèrent leur sang froid et continuèrent d'agir en professionnels. Caleb ressentait beaucoup d'admiration pour le sacrifice de ces hommes et femmes qui avaient dédiés leurs vies à la sauvegarde de la nation, mais quelque chose de plus bouillonnait à l'intérieur du jeune homme. Il rêvait d'en découdre à son tour, et aspirait par dessus tout à prouver son engagement dans la lutte, il espérait bien en avoir prochainement l'occasion.

Il fut arraché à ses pensées par un autre message, l'un des tireurs de précision avait touché un agresseur avec un tir non létal, la bande s'était réunie au dernier étage et les souris se planquaient au sol pour éviter d'autres tirs. Les issues étaient bouclées, leur seule chance d'échappatoire résidait dans l'escalier de secours et l'ordre fut donné de laisser passer au moins une personne afin de la cueillir à l'étage en dessous. Pendant ce temps là, les autres équipes, arrivées au dernier étage, réajustèrent leurs respirateurs et commencèrent à faire passer les grenades. Les rats s'étaient retranchés et ne pouvaient plus aller nul part, il ripostèrent vainement à l'aveuglette quand rebondirent et éclatèrent les premières cartouches de gaz innervant...

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MessageSujet: Re: Les derniers outrages [PV Caleb] Les derniers outrages [PV Caleb] Icon_minitime1Mer 15 Jan - 12:52

Poussée dans les retranchements de son instinct de survie, Luka se débat comme une folle furieuse. Un pied en appui sur le mur, l'autre glissant sur le grillage à verglacé de l'escalier de secours, elle lutte en force contraire à la traction exercée sur sa gorge, dans l'espoir fou de se voir enfin libérée. Sa menue constitution lui permet au moins de rouler des épaules entre son cou et le bras qui la maintient et happer un peu d'air, penchée en avant pour espérer faire basculer l'individu hors de la fenêtre. Elle est avantagée par sa position basse, l'autre contorsionné à travers la fenêtre pour pouvoir espérer la tenir. Mais déjà, ses forces s'amenuisent, et les premiers signes de fatigue commencent à se faire sentir. Elle a mal. Elle a mal partout. Elle hurle, parfois, derrière ses larmes à demi séchées, dans l'espoir que ce cri lui fasse oublier, une seconde, la douleur de tous ses muscles en pleine lutte pour leur survie. Et la tâche est d'autant plus difficile que, régulièrement, la pensée ses amis derrière se rappelle à son souvenir, lui fait perdre toute volonté de ne pas les rejoindre. Dans un dernier cri, elle frappe le mur et se jette en avant. Dans ce hurlement de désespoir, elle n'entend pas l'ordre grésillé à travers le talkie walkie de son assaillant. La prise se relâche, la poussée la jette au sol. Dans une toux rauque, elle prend appui sur le grillage glacé et lève les yeux vers la fenêtre. Plus personne.

Mais l'homme ainsi poussé dans les bas fonds de sa propre peur n'est pas bon tacticien. Les neurones occupés à autre chose qu'à considérer ce phénomène étrange, elle se relève et dévale les marches jusqu'au plafond inférieur, manquant à chacune d'elles de glisser et se vautrer au sol. Là, dans le grillage, un trou a été percé afin qu'un homme de constitution moyenne puisse s'y faufiler et une planche traverse le vide pour relier le pallier au toit de l'immeuble d'en face. Se glissant sans le moindre mal, elle utilise les secondes gagnées par l'élément de surprise pour effectuer la traversée périlleuse sur ses genoux plutôt que sur ses pieds. " Les fumiers ! " entend elle gueuler en contre bas. Les cris fusent à travers les appareils. Contenant son tremblement de terreur et d'angoisse, Luka atteint enfin le toit d'en face et s'arrête, à genoux, un oeil sur la planche. La consigne est de l'enlever. Mais en le faisant, elle coupe toute retraite aux autres par cette voie là. Dans un battement, son coeur se dérobe, et Luka serre les dents. Mais déjà, une balle résonne sur la gouttière près d'elle et lui rappelle l'urgence. Elle se remet sur ses pieds, laissant là où elle est la voie toute tracée pour ses poursuivants et, peut être, dans l'espoir idiot qui la caractérise, les personnes qu'elle aime.

Peter a mal, lui aussi. Nichée dans son épaule, la balle semble entamer de cuire tout ce qui se trouve autour d'elle. Il remercie seulement le ciel qu'elle n'ait pas touché de vaisseau important et provoqué une blessure plus profonde. A travers le minuscule interstice entre les deux battants de porte, il voit les coups de feu s'échanger et, machinalement, resserre la main autour de son arme. Peter n'est pas un pacifiste, il ne l'a jamais été et ne le sera jamais. Derrière le gentil photographe prêt à tout pour celle qu'il aime se cache un terroriste,  dont il ne se défend pas. Peter est responsable d'une attaque à la bombe et sa vision sur le gouvernement est autrement plus virulente que celle de ses camarades. Un bon flic est un flic mort. Quand tout cela sera terminé, Luka sera fichue d'ordonner une veillée pour les hommes tués au combat, de tous les bords. Il y participera, en silence. Mais au fond de lui, il se réjouit de chaque salopard échoué là, à terre, et jubile secrètement d'en avoir été l'auteur. Si les autres sont guidés par l'espoir, Peter, lui, est fondamentalement et dans le plus grand silence, conduit par une haine qui ne cesse de grandir.
A travers l'obscurité, dans un substitut de rayon de lune, son oeil capte les objets jetés au sol. Loin de se faire envahir par la panique, il appuie son épaule meurtrie sur la porte pour refermer l'interstice qui pourrait laisser échapper le gaz, taisant le cri de douleur qui lui broie la gorge. Ôtant successivement pull et T-shirt, il remet immédiatement l'un et couvre son visage avec l'autre. Peter connaît ces saloperies de gaz. Quiconque a fait la révolution de 91 connaît ce putain de gaz. Ce gaz a tué des amis, des frères, de chaque personne présente dans cette pièce. Roulant les épaules, il niche son nez contre lune d'elle et prend le temps de respirer profondément. Après quoi il s'accroupie correctement sur ses jambes, inspire, bloque, et bondit à travers le battant de la porte.

Jack et l'autre se sont réfugiés sous la fenêtre, là où le gaz est changé par l'air, pour éviter une dose létale. Les sphincters déjà relâchés, l'odeur caractéristique, honteuse, d'urine et de merde s'échappant par dessus les volutes invisibles, ils luttent désespérément avec leurs assaillant, plus tant pour espérer s'enfuir que pour respirer. Bientôt, ce sera les convulsions, puis la mort par asphyxie. Échappé de son armoire, lancé en pleine course à la faveur de la surprise générale, Peter brandit son arme devant lui et tire sur le premier homme qui lui barre le passage. Il se jette sur le corps avant qu'il tombe et lui donne une poussée brusque pour en heurter un deuxième, puis bondit dans l'interstice désormais ouvert entre lui et l'étage du dessous. N'ayant pas le droit à une seconde chance, son bras se tend et s'enroule autour d'un premier corps venu, non sans provoquer une douleur fulgurante dans son épaule. Il le pousse contre le mur d'en face et le tire à nouveau à lui, bras autour de la gorge, le canon de son flingue plaqué sur la tempe. Réfugié contre le mur, la où le sol n'est pas glissant, et caché derrière le corps, il beugle.

" Baissez vos armes ou je le bute ! "

Luka court sur le toit, péniblement, trébuchant sur les tuiles rendues terriblement glissantes par le gel. Le coeur battant tambour, il lui laisse quand même le loisir d'entendre d'autres pas de course derrière elle, quand elle a franchi les deux tiers de la distance. Elle accélère le rythme si c'est encore possible, dans cette grotesque et maladroite course poursuite, ralentie par le verglas, les balles fusant autour d'elle. Arrivée au bout, elle prend appui et se jette sur un toit plus bas encore, mais ses jambes glissent et se dérobent à l'arrivée, l'aplatissant au sol. Elle se saigne les mains autour des prises incertaines pour éviter de dévaler le dénivelé faible qui la sépare du vide. Elle a mal, nom d'un chien. Dans un grognement, elle se remet sur ses coudes, ses genoux puis ses jambes et chancelle pour repartir. Ses poursuivants regagnent un avantage considérable sur sa maladresse, elle n'est pas à la moitié du deuxième toit qu'elle les entend atterrir à leur tour. Ravalant sa terreur, elle se rue à l'autre bout de la plateforme, s'aplatit et se jette dans le vide, pour atterrir dans une poubelle rembourrée d'oreillers et de draps la veille par leurs soins. La chute reste brutale. Ses os gémissent, sa gorge aussi. Vautrée au fond de sa poubelle, Luka en a la respiration coupée. Mais elle n'a pas le temps d'y penser, les pas se rapprochent au dessus d'elle. Elle puise dans l'énergie du désespoir. Dans un grincement, elle redresse son corps, bondit hors de la benne et la renverse au passage pour priver les autres du même confort. Au loin, la silhouette d'une voiture abandonnée là pour leur permettre de fuir. Luka s'y précipite à toutes jambes, la main déjà tendue vers l'engin, ignorant les pas qui se rapprochent encore.

" Pas de connerie parce que je vous jure que ça me démange. " lâche Peter dans un grognement guttural, dents serrées par la rage et la douleur, le flingue pressé plus avant sur la tempe de son captif pour appuyer ses dires. Il ordonne à monsieur de retirer son masque à gaz pour le lui enfiler et monsieur s'exécute, en échange de quoi Peter a la bonté de reculer de quelques pas, s'éloignant de la trappe. Les autres semblent se tenir à peu près tranquille, à l'affût de la moindre maladresse mais hésitant encore à en sacrifier un pour le bénéfice de tous. Ca ne durera pas longtemps. " Vous allez descendre mes copains ici, leur administrer l'antidote à votre saloperie de gaz, nous donner un téléphone et nous laisser partir, ou y aura de la cervelle de flic au dîner ce soir. Et j'ajouterai, pour info, que l'un de ces deux mecs est nordique et que j'aimerais pas être le responsable de sa mort après cette nuit. Vous auriez plutôt intérêt à ce qu'il crève pas. "

Un frisson dans l'assemblée. Les regards s'échangent, légèrement déstabilisés par ce revirement de situation. Peter a horreur de ces abrutis du quartier nord mais pour le coup, ils pourraient bien effectivement leur sauver la peau, si leur simple évocation provoque ce genre de réaction.
Derrière le masque, son teint est livide et la douleur dans son épaule commence à devenir de moins en moins supportable. Il reste exposé au gaz malgré tout et même à petite dose, cette saloperie lui donne une nausée furieuse et l'incite à déglutir son surplus de salive en permanence. Ses yeux brûlent. Il n'a aucune idée de son taux de contamination et si les symptômes majeurs apparaissent avant qu'ils aient pu espérer appeler du renfort, ils sont foutus. Et dans un instant de lucidité derrière sa rage de vaincre, Peter en vient à entrevoir le désespoir de la situation. Les deux autres sont peut être déjà morts. Et quand bien même ils ne le seraient pas, quand bien même ils auraient accès aux injections, s'ils ne sont pas décontaminés dans l'heure, ils vont tous les deux crever, au mieux s'en réchapper à l'état de légumes. Irrémédiablement. Et son seul espoir, maintenant, c'est que Luka ait pu s'enfuir. Qu'elle soit toujours en vie, quelque part. De toute façon, si Luka meurt, ces ordures le tueront peut être mais il en emportera dans la tombe, prêt à un véritable massacre. Un massacre qu'il attend depuis plusieurs années, déjà.

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Caleb Reed
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AVATAR : Jensen Ackles

DC : Ézéchiel

DISPONIBILITÉ RP :
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COMMENTAIRES : Je sais ce que tu penses : « C'est six fois qu'il a tiré ou c'est cinq seulement ? ». Si tu veux savoir, dans tout ce bordel, j'ai pas très bien compté non plus. Mais c'est un Magnum .44, le plus puissant soufflant qu'il y ait au monde, un calibre à vous arracher toute la cervelle. Tu dois te poser qu'une question : « Est-ce que je tente ma chance ? ». Vas-y, tu la tentes ou pas ?

Cet engin raffiné est un Magnum 44 automatique. Redoutable. Correctement utilisé, il efface un homme et ses empreintes digitales aussi.
CRÉDITS : Fish

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MessageSujet: Re: Les derniers outrages [PV Caleb] Les derniers outrages [PV Caleb] Icon_minitime1Jeu 23 Jan - 17:40

La situation partait en sucette à tous les niveaux, c'était du moins ce qu'il semblait à Caleb en entendant les résumés dans son oreillette. Il était toujours bloqué près de l'entrée, bouillonnant d'en découdre à son tour mais coincé avec son tuteur. Et dire qu'il ne devait s'agir que d'une mission de routine. Mais cela le réjouissait secrètement : si c'était là une journée banale au sein de la police, il avait au moins choisi la bonne orientation. Les échanges s'intensifiaient au dernier étage et les demandes d'ordre fusaient. Il s'était fait une idée plus ou moins précise de la situation, et commençait à entrevoir l'issue de l'engagement. Apparemment, les policiers avaient employé un gaz dangereux, extrêmement nocif voir létal si l'on ne prenait pas un contrepoison dans l'heure. Il s'en était étonné car la consigne, jusqu'alors, était de les capturer vivant, en assez bon état pour un débriefing et un procès expéditif, mais quelque chose avait changé entre temps dans la façon de gérer l'affaire.

Pour le moment, trois terroristes occupaient toujours le dernier étage et avaient pris un policier en otage. Une quatrième personne, une femme semblait il, avait réussi à s'échapper en direction du bâtiment voisin, et les tireurs de précision suivaient sa progression. D'après les consignes, ils étaient plus chargé de la guider, de l'encourager à prendre une direction choisie pour elle en l'aiguillant à coup de fusil. Caleb comprit alors qu'on la menait dans un piège et salua la manœuvre. En revanche, dans le bâtiment, c'était le merdier de bout en bout. On avait évacué les derniers blessés des étages inférieurs, mais la poche de résistance s'était compactée et durcie, et il suivait avec anxiété le déroulement des opérations par communicateur interposé. C'était une drôle de sensation que de se retrouver à suivre une attaque sans pouvoir agir, proposer, prendre des initiatives. Il était par trop enthousiaste pour seulement envisager d'attendre sagement, mais il n'avait pas le choix. A travers son oreillette, il vivait par procuration la scène de drame qui se déroulait quelques mètres à peine au dessus de sa tête.

"Baissez vos armes ou je le bute. Pas de connerie parce que je vous jure que ça me démange. Vous allez descendre mes copains ici, leur administrer l'antidote à votre saloperie de gaz, nous donner un téléphone et nous laisser partir, ou y aura de la cervelle de flic au dîner ce soir. Et j'ajouterai, pour info, que l'un de ces deux mecs est nordique et que j'aimerais pas être le responsable de sa mort après cette nuit. Vous auriez plutôt intérêt à ce qu'il crève pas. "

Le squad leader savait que le chef d'opération avait tout entendu, et tandis que lui même et ses hommes avaient reculé dans le couloir, à couvert, et attendaient leurs ordres, Caleb ne put s’empêcher d'imaginer ce qu'il ressentirait à leur place. Le chef, l'otage, les camarades, comment vivrait il une telle situation, comme se sentirait il ?. Il eut beau tourner et retourner l'idée, il était complètement largué. Il ne se rendit compte qu'il avait retenu sa respiration que quand la conversation reprit.

"Escouade tactique, vous connaissez la politique de la maison. On ne négocie pas avec les fanatiques. Essayez de les occuper, le temps que le gaz se dissipe et fasse effet. Avec un peu de chance, nos tireurs auront une fenêtre. Terminé"

Tout était résumé dans ce dernier mot, et Caleb le comprit sans qu'on aie besoin de le lui expliquer. Il pensait au policier capturé, aux morts et aux blessés pendant l'assaut, mais il comprenait qu'il faille de la fermeté face à la monstruosité. La vertu seule ne pouvait triompher du mal, et il fallait parfois être prêt à se sacrifier, ou sacrifier tout court si l'on voulait un jour rétablir l'ordre et la morale dans cette société pourrie. L'Académie lui avait au moins enseigné ce sens de l'abnégation, et il lui en savait gré. Il écouta la suite tout en pensant au pauvre gars là haut, en louant son courage, tandis que le chef d'escadron tentait de gagner du temps.

"Tu vas le buter et après quoi ? Tu vas te balader à découvert, gros malin ? A la seconde où tu ouvrira le feu, t'es foutu, mais je crois que tu le sais déjà. Quand à tes potes, qu'est ce qui nous prouve que tu ne racontes pas des conneries, hein ? Tu veux un antidote ? Regarde dans les poches de devant du collègue, y'a une seringue d'atropine, une seule. Fais le calcul maintenant, y'a rien qui nous empêche de vous laisser crever comme des chiens et de vous faire porter le chapeau. La balle est dans ton camp, jetez vos armes ou vous êtes tous foutus, y compris ta copine qui croyait se faire la belle. Rends lui service, et fais pas le con.."


La conversation fut brutalement interrompue. Le tuteur de Caleb venait de changer le canal de leurs talkies et ils entendirent d'autres consignes. Apparemment, la femme qu'on avait laissé s'échapper avait foncé droit dans le panneau, les équipes au sol venaient de recevoir l'ordre de lancer la traque, à pied cette fois. Ils savaient qu'elle se lancerait tout droit vers la voiture, qu'ils avaient pris soin de rendre inutilisable en retirant les câbles d'alimentation du démarreur. Ils auraient pu aussi bien crever les pneus, mais il était plus intéressant que la panne ne se voit pas au premier coup d’œil, ce qui ferait perdre de précieuses secondes à la proie avant qu'elle ne s’aperçoive que son échappatoire avait été piratée. Ce qui lui foutrait aussi un sale coup au moral, quand elle ne comprendrait que trop tard,derrière son volant, que l'étau se resserrait. Caleb suivit son mentor à l'extérieur, la chasse commençait...

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MessageSujet: Re: Les derniers outrages [PV Caleb] Les derniers outrages [PV Caleb] Icon_minitime1Lun 3 Mar - 10:48

" Qu'est ce que tu fais ?
- Je viens ranger mes affaires. Ezéchiel a dit qu'il finirait seul en bas.
- Ah. C'est bien... parfait. On peut se parler une seconde ? Dans la chambre, ce sera peut être mieux.
- Ca va ? Tu commences à me faire peur.
- Ecoute, on n'a pas tellement discuté de la possibilité de pas réussir à tous s'en sortir.
- Il n'y a pas de raison que ça arrive, le plan d'évacuation est bon et c'est même pas dit qu'ils essayent de...
- Oui mais si ça arrive. Luka, je sais que tu ne veux pas en entendre parler et je peux comprendre mais je veux que tu te prépares à devoir laisser des gens derrière toi. Tu pourrais faire ça ? Si l'un d'entre nous est coincé et que toi tu as la possibilité de fuir. Et si on est pris, et qu'on menace de tuer quelqu'un si tu ne parles pas, tu pourrais te taire ?
- Bien sûr que non, enfin.
- Pourtant c'est ce qu'il faut que tu fasses ! L'héroïsme ça ne marche que dans les films, dans la vraie vie c'est ce qui tue des gens.
- Tu me demandes de les laisser te pointer un flingue dessus sans rien dire ? Et s'ils tiraient, gros malin ?
- Je suis prêt à l'accepter.
- Bien sûr que tu es prêt à l'accepter ! Tu serais mort, qu'est ce que tu en aurais à faire ? Tu veux te faire passer pour un héros ? Tu te rends compte à quel point cette demande est égoïste ? Et toi Jack, hein ? Et Peter ? Vous feriez quoi, s'ils me pointaient un flingue dessus, à moi ? Si vous aviez la possibilité de fuir ? Vous les laisseriez m'abattre ? Me capturer ?
- On essaierait.
- Vous essayeriez. Ha. Parfait. Merveilleux. Eh ben pendant que tu essayes de t'auto persuader, moi je vais essayer d'imaginer que ça n'arrivera pas, si tu veux bien. Et la prochaine fois, évite de venir me secouer comme si j'étais la seule ici à me voiler la face.


Monsieur le Président je vous fais une lettre
Que vous lirez peut-être si vous avez le temps
Je viens de recevoir
Mes papiers militaires pour partir à la guerre
Avant mercredi soir
Monsieur le Président, je ne veux pas la faire
Je ne suis pas sur terre pour tuer des pauvres gens
C’est pas pour vous fâcher
Il faut que je vous dise, ma décision est prise
Je m’en vais déserter


Les poumons brûlent, les jambes aussi. Le froid mord la chair de ses doigts à vif, les traits ridicules de son visage en porcelaine. Luka est déjà fatiguée, elle en a déjà marre. Envie de s'écrouler à genoux sur le bitume et de les laisser la prendre. De leur expliquer, à tous, qu'il y a méprise. Elle n'est pas la dangereuse criminelle qu'ils imaginent. Elle n'a rien de la courageuse rebelle contre laquelle ils ont envie de se battre, digne porteuse de l'étendard de la résistance. Aucune gloire à la capturer, aucun honneur à la prendre. Ils vont attraper une petite fille perdue dans le froid d'hiver, un corps dégingandé dérapant à chaque pas sur le sol glacé. Tout le monde sera bien déçu, quand le pire se produira et que le bourreau fera face à sa risible victime. Car il faudra bien l'envisager, le pire. Qu'en fera t'elle, du pire ? Le froid lui bousille déjà les muscles, la peur lui massacre déjà toute volonté. Où se cache le héros capable de résister à la pire des tortures, le diable enflammé qui préfère mourir plutôt que de sacrifier son idéal ? Sera t'il au moins présent ? Luka se sent à nouveau fuir le temps, le temps où il faudra affronter le pire, le pire qui n'est que son for intérieur. Et il approche, l'instant. Plus vite encore que ses poursuivants.

Étouffant un hoquet de terreur, elle se jette sur la poignée de la voiture abandonnée là, à sa disposition. Dans son élan si brutalement stoppé, elle s'y malmène les phalanges, mais parvient à ouvrir la porte à la volée. Son corps s'engouffre à l'intérieur, sa main en verrouille les portes, attrape la clé sur le contact et la tourne. Et quand le silence du moteur lui répond, quand l'inertie d'une mécanique inconnue se trouve seul témoin de ses tentatives, elle lâche un sanglot défait. Son corps se recroqueville sous le poids de tout ce que cette donnée implique. Elle n'a plus le temps. Ils sont là. Elle est perdue.

Dans un dernier élan de clairvoyance, le souvenir d'un téléphone de secours échoué là lui revient en mémoire. Elle se précipite sur la boîte à gants, arrache un morceau de plastique pré découpé et arrache le cellulaire de sa cachette. Tant de noms familiers qui lui viennent en mémoire. Tant de personnes dont la présence suffirait à lui faire croire, pour quelques minutes encore, que rien n'est perdu. Ezéchiel. Alonso. Ses compagnons d'armes. Mais plus aucun d'eux n'a son rôle à jouer dans cette mise en scène. L'un a déjà bien trop payé le prix du sang, la rédemption par les flammes. Et l'autre... l'autre l'a abandonnée. Dans sa peur, dans sa solitude, Luka ne ressent plus rien que l'abandon, à ne pas oser lui hurler à l'aide. Dans un nouveau sanglot, elle compose le numéro fraîchement appris d'un nouveau nordiste récemment retrouvé. Un inconnu. Elle n'a plus le choix. La tonalité résonnant à ses oreilles est une torture. A peine entend elle le cliquetis salvateur d'une liaison instaurée qu'elle crie dans le téléphone, sans attendre la moindre invitation.

" John ! Je t'en supplie, aide-nous, c'est Gary, il... "

Un hurlement pour toute ponctuation. La vitre à côté d'elle vient d'être brisée. De stupeur, elle en lâche le téléphone à ses pieds. La portière est ouverte à la volée. Dans une dernière salve, Luka se débat furieusement contre la prise refermée autour de son corps, tentant de l'arracher au véhicule.


Depuis que je suis né, j’ai vu mourir mon père
J’ai vu partir mes frères et pleurer mes enfants
Ma mère a tant souffert
Qu’elle est dedans sa tombe et se moque des bombes
Et se moque des vers
Quand j’étais prisonnier, on m’a volé ma femme
On m’a volé mon âme et tout mon cher passé
Demain de bon matin
Je fermerai ma porte au nez des années mortes
J’irai sur les chemins


Ces gars ont tout leur temps, Peter n'en a aucun, et tout le monde en est parfaitement conscient. Chaque seconde qui passe est un pas de plus vers leur mort à tous. Ces salopards ne font qu'éterniser l'échange et la seule chose que ça provoque chez lui, c'est un nouvel élan de haine. Il en bave de rage, littéralement, quoique le gaz ne soit pas non plus étranger à cette réaction. Ravalant une nouvelle vague dans sa bouche, Peter resserre sa prise autour de la crosse de son flingue pour se conforter dans sa position.

" Et toi t'es prêt à coller une étiquette personne à abattre sur la gueule de tous tes subalternes ? Qui fait le plus le con, hein ? "

Le nord est encore sa seule carte, son dernier atout, et un moindre mal. Il se gardera bien de dire qui est qui, quoiqu'il soit peu probable que ces types ne connaissent pas leurs visages. Chacune de leurs histoires est marquée par un événement qu'une enquête finirait tant bien que mal par révéler au grand jour. Jack est l'un des principaux dissidents de la vieille époque, Peter le responsable d'un attentat à la bombe et Luka aurait déjà dû être plombée sur un trottoir aux côtés de son petit ami, il y a huit ans de ça. Mais il n'a plus aucune option sinon l'espoir que les technologies encore maladroites de l'époque aient empêché de ficher leurs tronches dans les banques de données.

Il refuse de les croire. Il refuse d'avaler ces conneries. Luka s'est enfuie depuis un moment, déjà, elle est loin, elle est en sécurité. Et c'est tout ce qui compte. Il peuvent bien le crever dans d'atroce souffrance, lui balancer une cartouche entière de leur saloperie de gaz droit dans la figure, ça n'a aucune importance. Tant qu'elle est loin, en sécurité, le de toute cette...
" Suspect maîtrisé. Nous attendons les ordres. "
La phrase tombe comme un couperet, dans le talkie-walkie de son interlocuteur. Mensonges. Une seconde plus tard, un grognement retentissant surplombe le silence installé dans le couloir, tendu pour l'un, goguenard pour les autres. C'est Luka. Peter se fige, et la bouffée de haine qui l'envahit est aussitôt gelé par la seule idée de le savoir en danger. Sa prise se desserre, presque inconsciemment. Aussitôt, son captif se libère de l'étreinte et son corps est jeté contre un mur, maîtrisé à son tour. Le masque lui est retiré. Son dernier geste va pour les chaussures de son assaillant, sur lesquelles il crache le surplus de salive avec virulence. A peine a t'il pris quelques inspirations que son ventre se tord de douleur, signe que le gaz l'a atteint à son tour. Et dans la démence semi contrôlée qui le caractérise, Peter laisse échapper un rire de gorge.

" Au moins je serai pas le seul à crever dans l'assistance. "


Je mendierai ma vie sur les routes de France
De Bretagne en Provence et je dirai aux gens
Refusez d’obéir
Refusez de la faire, n’allez pas à la guerre
Refusez de partir


L'instinct de survie est une chose étrange. Il vous pousse à faire des choses stupides, mais à les faire jusqu'au bout. La force de Luka est dérisoire, en comparaison de celle qui la tire. Pourtant elle s'accroche. Elle est seule face contre tous, et tous sont bien plus entraînés qu'elle. Pourtant elle se débat encore. Et quand bien même ce ne serait pas inutile, ça ne sauverait pas toutes les personnes qu'elle aime et chérit, laissées derrière. Pourtant elle hurle son refus d'obéir.
Arrachée à l'habitacle de la voiture, elle bat furieusement des jambes pour échapper à l'étreinte. Mais elle ne sent la prise se desserrer que pour être jetée à plat ventre au sol, les bras immédiatement bloqués dans son dos. Son corps accuse douloureusement le choc. Le visage écrasé sur le verglas semble fusionner avec lui, brûlé par la morsure du gel. Serrant les dents, elle ravale ses dernières larmes, juste pour ne pas les laisser les voir. Elle sent des mains qui la fouillent mais dans le respect de ses principes, il n'y a aucune arme à trouver sur elle.

" Suspect maîtrisé. Nous attendons les ordres. "

La prise refermée autour de ses poignets tire brutalement sur son épaule pour la faire craquer, lui arrachant un grognement de douleur.

S’il faut donner son sang, allez donner le vôtre
Vous êtes bon apôtre Monsieur le Président
Si vous me poursuivez
Prévenez vos gendarmes que je n’aurai pas d’armes
Et qu’ils pourront tirer.

Boris vian

Policiers
Caleb Reed
Caleb Reed
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AVATAR : Jensen Ackles

DC : Ézéchiel

DISPONIBILITÉ RP :
  • Disponible


COMMENTAIRES : Je sais ce que tu penses : « C'est six fois qu'il a tiré ou c'est cinq seulement ? ». Si tu veux savoir, dans tout ce bordel, j'ai pas très bien compté non plus. Mais c'est un Magnum .44, le plus puissant soufflant qu'il y ait au monde, un calibre à vous arracher toute la cervelle. Tu dois te poser qu'une question : « Est-ce que je tente ma chance ? ». Vas-y, tu la tentes ou pas ?

Cet engin raffiné est un Magnum 44 automatique. Redoutable. Correctement utilisé, il efface un homme et ses empreintes digitales aussi.
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CASIER JUDICIAIRE
ÂGE: 25 ans
CAMP: Adhérant au Gouvernement
JE SUIS: dans l'élite, le gouvernement croit en moi


MessageSujet: Re: Les derniers outrages [PV Caleb] Les derniers outrages [PV Caleb] Icon_minitime1Mar 11 Mar - 23:01

La femme courrait comme une dératée, à en perdre haleine. Dans sa fuite éperdue, elle occultait le reste du monde, elle ne voyait plus que ce qui se trouvait devant, sachant très bien ce qui l'attendait derrière. Caleb aussi était focalisé sur sa course, c'était comme sur le terrain quand il poursuivait un adversaire pour s'emparer du ballon, rien d'autre n'existait à part le bruit des foulées et les battements de son cœur. Cours ma jolie, cours aussi vite que tu le peux, prolonge l'excitation de la traque... Sans s'en apercevoir, il avait distancé son tuteur, mais il n'était pas harnaché de la tête aux pieds, et ses tennis étaient plus appropriées que les rangers pour la vitesse. Il était aussi plus jeune, et l'adrénaline pulsait dans ses veines, alimentant encore ce feu qui le dévorait déjà et lui brûlait les muscles. Quel pied mon dieu, faites que ça continue encore un peu. Il ne s'était pas soucié de savoir si la terroriste était armée, mais si c'était le cas, elle se serait déjà servi de son pétard; ces gens là tiraient en premier et ne posaient pas de questions. Il gagnait rapidement du terrain à présent, et à moins d'un miracle, la chasse prendrait fin très bientôt. Ce genre de sport un peu particulier lui avait tellement manqué depuis son entrée à Weins. Le loup s'était lui même muselé, docilement, avec le sourire, et même dans le stade, il ne trouvait qu'un piètre exutoire à ses besoins de violence, ce plaisir bestial de traquer le meilleur gibier qui fut, le seul trophée qui vaille. Il accéléra encore, sentant poindre l’hallali, pour un peu il se serait senti décoller du sol. Il la vit soudain ouvrir la portière de leur voiture à la volée et s'engouffrer avec agilité dans le véhicule. On y était, la partie touchait à sa fin, l'animal venait de se jeter dans le piège, enfin. Alors qu'elle commençait à réaliser l'inéluctable, Caleb ralentit pour ramasser un vieux morceau de tuyau de deux pieds de long qui traînait là, et soupesa la matraque improvisée avec une moue appréciatrice. Il avança tranquillement jusqu'à la voiture, dans laquelle gesticulait la femme, pris trois grandes enjambées et abattit dans l'élan son tuyau sur la vitre conductrice, qui vola en éclats. Il lâcha la barre, qui rebondit au sol dans en un joli tintement métallique, ouvrit si violemment la portière qu'elle se tordit sur ses charnières, et empoigna la jeune femme. Celle ci se débattit furieusement, courageusement, mais vainement...


Ils ramenèrent fermement leur prise, qu'une bonne paire de baffe n'avait pourtant pas calmé le moins du monde. Elle n'était pas vraiment hystérique, non, mais possédée, ça certainement. La plupart des gens qu'il avait chopé avaient essayé de négocier avec Caleb, c'était, avant même la fuite, l'option la plus fréquemment envisagée. Pas étonnant dans un monde où la corruption régnait sans partage, et ce genre de comportement ne faisait qu'attiser le dégoût du jeune homme, ce qui menait fatalement à un surcroît de violence. Mais pas elle, pas cette "Luka", comme l'avait appelé le sergent. Apparemment, elle n'avait pas l'air décidée à accepter sa défaite, un sentiment qu'il connaissait et partageait avec la captive. A tel point que son instructeur, qui avait du la lui confier le temps d'avertir le QG mobile, lui avait montré une prise de soumission particulièrement efficace, afin de s'assurer qu'il ne la laisse pas s'échapper. Manifestement, il n'était pas chaud pour un autre marathon. Caleb tenta une fois de deserrer son emprise, voir si elle en profiterait pour tenter sa chance, mais à sa courte déception, elle ne remua que pour soulager son épaule douloureuse. Il raffermit sa prise au moment de se mettre en route, et ils rejoignirent les voitures. Il était curieux de savoir comment ça se déroulait à l'intérieur...


En rejoignant les troupes, il se sentit bêtement fier, un peu faraud de ramener la fugitive, avec cet air un peu con du carnier, le gamin qu'on emmenait à la chasse pour ramasser le gibier et qui revenait parmi les grands avec son trophée. Deux hommes encadrèrent la prisonnière, désormais "la prévenue", depuis son appréhension, tandis que son tuteur faisait son rapport au capitaine de la police et au chef de l'escouade. Que du beau monde en perspective. Pendant ce temps, un autre groupe revenait d'une course poursuite, ils s'étaient lancés aux trousses d'un des membres de la bande, un prêtre ou quelque chose comme ça. Caleb tiqua quelque peu, que foutrait un prêtre avec des terroristes ? déjà, à New York ?. Leurs collègues avaient du tiquer aussi, mais pas pour les mêmes raisons. Ils se moquaient de leurs camarades qui s'étaient laissé semer par un curé, alors que même le "gamin" avait chopé la fille, lui. Caleb ne put s'empêcher de rire avec eux, moins par autodérision que parce qu'il se sentait, d'une certaine façon, intégré à ce groupe d'élite, lui qui avait toujours soif de reconnaissance. D'autres se moquaient à présent de leur captive, qui renâclait encore et refusait de se soumettre, avec l'énergie du désespoir. Le sergent décida de la faire parler au talkie-walkie, afin de l'utiliser comme levier de chantage pour en finir avec le chaos du dernier étage. Elle se tordit comme elle put, se contorsionna tant bien que mal pour éloigner l'engin de son visage, et plus elle se débattait, plus elle provoquait les lazzis des hommes qui l'entouraient. Ils la comparèrent bientôt à une pouliche sauvage, une qu'on devait briser avant de l'enfourcher, et les rires gras fusaient alentours. Le revers de la médaille sans doute, mais comment reprocher à ces hommes leur mépris et leur vulgarité, quand certains de leurs collègues gisaient encore dans le bâtiment. La fille se pliait encore en arrière quand un des hommes qui la maintenait, sur un signe de tête de l'officier, lui décocha un formidable coup de poing dans le foie. Caleb sut tout de suite ce qui allait arriver, il connaissait mieux que personne les effets d'une telle avoine. La captive se raidit d'un coup, son corps se convulsa et elle vomit tripes et boyaux. Le sergent, qui s'était écarté, lui colla alors le talkie près du visage, qui blanchissait à vue d’œil, et appuya sur le bouton, transmettant ses gémissements de douleur. Il coupa juste au moment où elle redressait la tête, hagarde et chancelante, pour lâcher d'une voix chevrotante une dernière protestation...

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MessageSujet: Re: Les derniers outrages [PV Caleb] Les derniers outrages [PV Caleb] Icon_minitime1Mer 9 Avr - 12:15

Des armes, des chouettes, des brillantes,
Des qu'il faut nettoyer souvent pour le plaisir
Et qu'il faut caresser comme pour le plaisir
L'autre, celui qui fait rêver les communiantes


Tu es mignonne, tu sais. A te débattre de cette façon, à croire que ta force suffira à contrer celle de l'homme qui te tient et encore celle des dix autres derrière. A penser qu'un foutu miracle va te faire réchapper de cet enfer si tu ne baisses pas les bras, si tu continues à te débattre. A épuiser tes forces comme une aliénée pour te libérer alors que la raison tendrait à te dire de les conserver. A te faire des crampes dans des endroits que tu ne soupçonnais pas jusqu'à lors dans l'espoir stupide que la prise finira par se relâcher.
Mais, surtout, tu es mignonne à te contenir encore. A serrer les dents pour ravaler les vagues de haine qui déferlent dans ta gorge. A penser encore que tu fais face à des êtres humains, des êtres de conscience, et que la violence ne résout rien. Tu es adorable, avec tes foutus principes et ta foi absurde qu'ils sauveront le monde. Tes principes ne sauveront pas le monde, ma chérie. Et plus encore, ils ne te sauveront pas, toi.



Epuisée, Luka retombe, soutenue par les deux géants qui ont pris le relais du type l'ayant traînée là. Les phares des voitures l'aveuglent, les railleries et les ordres de ces hommes l'assourdissent. Elle a mal aux mains, elle a mal aux joues, elle a mal aux hanches. Ses muscles sont un brasier enflammé par l'air glacial, ses cordes vocales un tas de poussière asséché par le gel et ses hurlements politiquement corrects. Et elle est fatiguée. Elle est épuisée. Elle a seulement envie que toute cette horreur s'arrête, elle rêve de la chaleur d'une couverture au coin d'une cheminée. La tiédeur d'un espoir, infime, que quelqu'un va leur venir en aide. Mais quelqu'un ne vient pas. Et Luka se sent défaite, découragée, incapable de puiser encore dans les ressources de sa foi. Elle sent la colère et la tristesse se mêler en une boule de poison, descendre dans son ventre et se nicher au creux de ses tripes pour s'y étendre. Et de toutes ses forces, Luka essaye de ne pas y céder. Elle ne veut pas les détester, ces hommes. Ces hommes ont perdu leurs camarades, ces hommes subissent autant qu'elle les déliés d'une absurde partie d'échec entre les forces de l'univers, contre laquelle personne ne peut rien, rien que subir. Luka voudrait qu'on la lâche pour la laisser s'agenouiller et supplier, supplier encore, en une douce litanie, les forces de leur venir en aide. Quelqu'un de leur apporter secours. Ces hommes d'entendre raison.

Mais il n'y a personne. Il n'y a plus de raison. Il n'y a plus de conscience.
Ils sont tous seuls.

Dans la cacophonie ambiante, elle entend une conversation sur un prêtre réchappé des assauts. Cette nouvelle la rassure, elle recharge les batteries de sa combativité pour une autonomie encore indéterminée. Dans les railleries militaires d'usage, les hommes parlent du gamin qui a réussi à s'emparer d'elle et elle ne peut s'empêcher de tourner la tête vers lui dans un froncement de sourcils. Il est jeune. Extrêmement jeune. Pas beaucoup plus vieux que Manek l'année où il a été ... Dans un grondement sourd, Luka secoue la tête, les muscles tendus par une nouvelle salve de rage. Elle a horreur de ça. il n'y a rien qu'elle déteste plus que de voir un si bel exemple de l'embrigadement de la jeunesse, la version moderne et vulgaire d'enfants soldats qu'on vient repêcher dans des situations désespérées pour leur donner un os à ronger. Pour la jeter, elle, en pâture comme une excellente raison de défouler leur colère quelque part. Pas le droit, vous n'avez pas le droit, marmonnent ses lèvres gercées dans l'air du soir. Elle bande ses biceps pour recommencer à tirer sur les prises qui la tiennent. On approche un talkie walkie de ses lèvres et elle se débat de plus belle, furieusement cette fois, la bouche résolument fermée. Je sais ce que vous êtes entrain de faire, a t'elle envie de hurler. Vous ne m'aurez pas comme ça, éloignez-vous, éloignez vous où je fais un massacre.

Comment, ça, elle ne le sait pas encore.

Et le coup part. Luka ne voit rien venir, si ce n'est une douleur fulgurante dans son estomac. Elle se courbe en deux, son corps se secoue d'un spasme brutal. Et le grognement de douleur qu'elle veut laisser échapper se transforme en une gerbe de bile sur ses chaussures. Haletante, elle sanglote dans un gémissement de douleur quand on la redresse. Ses lèvres laissent une goutte de liquide âcre sur l'appareil collé contre elle.

Vous avez promis. Vous avez promis que vous ne vous laisseriez pas avoir...


Des armes bleues comme la terre,
Des qu'il faut se garder au chaud au fond de l'âme,
Dans les yeux, dans le coeur, dans les bras d'une femme,
Qu'on garde au fond de soi comme on garde un mystère


Acculé au mur, Peter sent un liquide chaud mouiller l'entrejambe de son pantalon, sans qu'il n'ait plus aucune sensation de ce qui vient de se produire. Le gaz commence à s'immiscer doucement chez lui, ce sont les premiers symptômes visibles. Derrière lui, il sent le type qui la saisit faire un pas de recul et le railler dans un rire goguenard. Il s'en cogne. La seule chose qui occupe son esprit, en cet instant, c'est le gémissement de douleur entendu dans le talkie walkie. Bousculé, on le traîne jusqu'en bas, là où l'air est plus respirable. La progression est grotesquement ralentie par l'huile qui recouvre le sol, les morceaux de pièges éparpillés et les cadavres qu'ils sont obligés d'enjamber pour ce faire. Plus ils en croisent et plus il sent la haine de ses bourreaux monter crescendo à son encontre. Ca non plus, il n'en a rien à foutre. Cette haine ne pourra jamais égaler celle qu'il ressent lui même, cette envie de de meurtre qui lui fusille toutes les articulations du corps. Balancé dans la salle de réunion, on le flanque sur une chaise, un canon collé contre son crâne. Un premier coup lui fait exploser l'arcade, un autre la lèvre.


Des armes au secret des jours,
Sous l'herbe, dans le ciel, et puis dans l'écriture,
Des qui vous font rêver très tard dans les lectures,
Et qui mettent la poésie dans les discours.


Tremblante, Luka a relevé les yeux sur le bâtiment, dans l'espoir d'y voir passer une silhouette familière. Son gémissement a provoqué un mouvement inconnu mais tout n'est qu'ombres fugaces et similaires les unes aux autres aperçues par les fenêtres. Elle nourrit encore l'espoir absurde qu'on face sortir celles qui lui importe, en vain. Et après d'interminables minutes de silence, seulement entrecoupées par deux ou trois rires vulgaires, dans la main de l'homme encore campé devant elle, prêt à cogner de nouveau, le talkie walkie résonne.

" On a le petit brun. Les deux autres sont morts. "

Et on ne saurait décrire ce qui la transperce de part en part à cette annonce. Douleur, bien sûr. Colère, tout aussi sûrement. Les yeux écarquillés, Luka a l'impression qu'on lui a donné un nouveau coup de poing dans le ventre. Et que le poing y est resté coincé.

" Jack ! Non ! Jack ! JACK ! " Le hurlement déchire la rue. plus d'espoir, plus d'indulgence, plus de philosophie, rien que la haine et la douleur. Enragée, folle, Luka enchaîne, le corps gesticulant plus que jamais. " Qu'est ce que vous faites là, au nom du ciel ?! Qu'est ce que vous êtes venus chercher ici ? Vous venez massacrer des pacifistes, des musiciens, des prêtres mais avez-vous la moindre idée de ce que vous foutez ici ?! " Et elle s'arrête, haletante. Ferme les yeux. Tente de retenir les larmes coulant à torrents sur ses joues diaphanes. Elle ne peut pas y croire. Elle refuse d'y croire. Et la litanie se poursuit, calme, glaciale, tremblante de colère. De haine. " Vous essayez de donner un coup de semonce en vous attaquant à plus faible que vous parce que vous n'avez pas les putains de tripes d'aller affronter les vrais ennemis. Vous vous acharnez sur nous parce ce que les quartiers criminels vous ridiculisent. Alors allez-y, allez-y. Laissez les autres continuer à s'entre tuer, à entasser les cadavres au milieu de leur guerre sans rien faire parce que vous avez trop la trouille de ce que vous pourrez y trouver. Venez ici vous prouver que vous avez le moindre impact sur ce qui se passe parce que vous avez capturé une femme qui fait la moitié de votre poids. Continuez votre chasse aux sorcières, brûlez-nous vifs, si ça peut vous faire sentir plus forts. Rendez-vous en enfer, bande de lâches ! "

Le corps de Luka se bande. Elle utilise les prises qui lui tiennent les bras comme appui pour balancer ses jambes en avant et frapper le torse de l'homme qui lui fait face de toutes ses forces. Manque de se démettre l'épaule en retombant grossièrement au sol. Un nouveau coup l'allonge par terre.

Vous me le payerez. Par tous les saints, je jure que vous me le payerez.


Des armes, des armes, des armes,
Et des poètes de service à la gâchette
Pour mettre le feu aux dernières cigarettes
Au bout d'un vers français brillant comme une larme.

*Léo Ferré - Noir Désir


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