Le Deal du moment :
Cdiscount : -30€ dès 300€ ...
Voir le deal


Painted eyes (PV Hunter)
avatar
Invité
Informations


MessageSujet: Painted eyes (PV Hunter) Painted eyes (PV Hunter) Icon_minitime1Ven 27 Juin - 22:42


La course à travers les couloirs est effrénée. C’est un slalom géant entre les élèves, droite, gauche « Oups, pardon » alors qu’elle percute un petit nouveau, l’aide à ramasser ses affaires et la chasse à la salle de cours reprend. On ne lui a pas fourni de plan, juste une visite il y a quelques jours (autrement dit il y a une éternité) et quelques vagues explications sur le fonctionnement des salles, cette partie qu’il ne faut SURTOUT PAS fréquenter (autrement dit l’endroit qu’elle ira visiter une nuit prochaine). Cette absence de repère spatiale, c’est une véritable tare, une horreur, une stupidité. Son petit carnet n’est pas là pour l’aider. Aucune architecture, rien. Juste une mémoire défectueuse. Artémisia pourrait se frapper le crâne contre un mur, décider d’avaler un GPS mais elle continue de courir, un papier en main, chemin qu’elle a vulgairement tracé avec toutes les indications non nécessaires. Les regards sont ahuris. Là, dans cette école qui prône une discipline exemplaire, une personne se permet de ne pas connaitre son chemin et pire ! d’être certainement en retard… Elle devrait être épouvantée par l’image qu’elle donne mais c’est le dernier de ses soucis.

La nouvelle prof’ ouvre une porte, fière, avance vers le bureau, prête à dégainer son discours mais manifestement la salle est déjà occupée par une autre personne, un cours bien différent du sien : « Excusez-moi, je… mauvaise porte » Un sourire, une demie révérence et voila qu’elle s’échappe, cherchant à rattraper les aiguilles de sa montre qui avancent à une cadence folle.

ENFIN, elle reconnait la porte, se glisse dans la salle comme si elle avait tout naturellement trouvé l’emplacement. Or, tout dans son allure dénote qu’elle vient de faire la course de sa vie. Ceci passe par les mèches folles qu’elle tente désespérément de remettre en place, puis le chemisier qui sort de la jupe. « Je vois vos regards, je vois vos conclusions hâtives… » Sourire complice de celle qui a compris la nature des regards qu’on lui porte. « Et non je n’ai pas rencontré un charmant collègue au détour d’un couloir » Bien entendu que tout cela porte à confusion. Quelle allure! Et ces joues rougies par l’effort. Artémisia et sa capacité incroyable pour se plonger dans des situations improbables ! Mais au moins, elle peut se targuer d’avoir l’attention de toute la classe.

Ce sont des premières années, ils n’ont donc pas de comparaison avec un professeur précédent et ceci la rassure. Bel est à l’aise dans ce métier, évoluer dans une classe ne représente pas seulement un moyen d’étaler ses connaissances comme c’était le cas à Florence pour certains de ses collègues. Elle ne crache pas des informations dans le but d’impressionner son petit monde. L’intérêt n’est pas ici. Ce qui la passionne, c’est de transmettre son amour pour l’art, quelque soit la forme. Les présentations sont faites et comme depuis son arrivée à New-York on lui demande d’où vient son accent. « Je viens de Florence, d’Italie. C’est cliché pour un professeur d’art, n’est-ce pas ? » Des sourires lui répondent. Tous ne sont pas attentifs, elle doit parfois en reprendre certains, accepter que d’autres n’aient pas choisi ce cours. C’est toujours une défaite de voir qu’une personne n’est pas réceptive à l’art mais elle ne renonce pas et lui promet de lui apporter un CD demain – peinture, dessin et sculpture ne fonctionnent pas, il reste la musique, le cinéma et d’autres. Ne jamais capituler avec les gamins qu’on lui confie, c’est un point d’honneur.

La porte est ouverte depuis le début du cours, c’est une habitude qu’elle a gardée de son précédent poste. Un moyen de ne pas être totalement enfermée dans une salle. C’est une forme de claustrophobie qu’elle ne s’avoue pas. Mais peut-être aurait-il été plus judicieux de clore l’espace afin de ne pas dévoiler au regard de l’intrus tout ce charivari de couleurs, de rires, et surtout de non discipline. Les tables ont été repoussées contre les murs. Ce qui devait être un cours théorique et en réalité un cours pratique avec tout ce que cela implique de demander à des gamins de peindre. Une cacophonie de nuances. Des coups contre la porte, elle se retourne vivement, ses gestes se figent, son regard se fracasse contre celui de l’homme qu’elle n’a pas revu depuis son entretien. Hunter quelque chose. Elle fouille, démêle les noeuds de son esprit, recherche le nom de cet homme pourtant singulier. Les noms sont une atrocité. Artémisia retient les visages mais votre nom, jamais ! Grand malheur de sa mémoire. « Bonjour. Je m’excuse si ils font trop de bruit, je ne pense jamais à fermer la porte » Un sourire accompagne les mots. Elle se voudrait intransigeante et impeccable devant cet homme qu’elle trouve… intriguant mais il y a une trace de peinture couleur bleue sur sa joue et ça, c’est une perte totale de crédibilité pour le rôle qu’elle voudrait se donner. « Ou alors vous voulez vous joindre à nous ? » Ses yeux ne quittent pas le sous-directeur. Elle devrait être impressionnée, baisser le regard mais le caractère d’Artémisia fait qu’elle ne se soumet jamais à autrui. Une forme de défi qui n’est pas agressive.

avatar
Invité
Informations


MessageSujet: Re: Painted eyes (PV Hunter) Painted eyes (PV Hunter) Icon_minitime1Mar 8 Juil - 16:37


Colour of your Mind



Une sonnerie retenti dans les couloirs, annonce le démarrage des cours et aussitôt la cavalcade commence. Les pas résonnent, les élèves se pressent et chacun regagne une salle précise dans un automatisme d’habitude dépendant des jours. Lentement, car l’empressement ne saurait toucher l’homme, il porte une tasse de thé à ses lèvres sans détourner le regard de l’écran face à lui. Peu coutumier de la technologie faute d’affection pour elle, Stanton n’en reste pas moins capable de l’utiliser, sans être expert mais efficace au moins. Sous son regard mercure défilent une longue quantité de pages, d’informations qu’il assimile vitesse grand V et range soigneusement dans quelques boites psychiques : les dossiers de professeurs. Sa nouvelle fonction lui a permis d’engager un tri du personnel, de rendre un coup de sang neuf dans les rangs et il n’est pas mécontent des nouveaux venus, correspondant mieux à ce qu’il estime être l’image d’un enseignant. Autre dossier, autre visage... Artemisia Bel. Stanton ne peut empêcher ce tic nerveux qui lui arque aussitôt un sourcil dans une expression bien personnelle d’intérêt. Cette femme l’intrigue au plus haut point et en digne expert, voir véritable drogué du genre, le psychiatre se doit de la cerner. Ce qui ne lui prendrait guère longtemps dans d’autres circonstances, à peine la durée du premier entretient pour être franc mais dans le cas de cette jeune femme, la première vis tourne folle dans sa base... Oh, certes il aura vu, compris quelques traits de cette personnalité mais d’autres lui échappent tout bonnement et la professeure d’art lui apparaît bien nébuleuse. Spectrale, ses contours sont à peine définis là où pourtant il perçoit des couleurs chatoyantes, travaillées en son sein. En contraste fulgurant, la belle Italienne est devenue en moins d’une heure l’un des noms se devant de figurer au Top dix de ses préoccupations du moment en matière de recherches. Et dieu sait qu’il n’y manquera pas...

Le silence est retombé dans les entrailles de Weins, signe que les élèves sont en classe et alors Hunter abandonne sa place, débarrasse l’ombre d’un petit déjeuner dans la petite pièce attenante à son bureau puis il enfile sa veste qu’il ajuste machinalement, sans l’aide d’un miroir pour l’aider à la tache. Il sait, la mécanique est bien huilée lorsqu’il est question de s’afficher. L’heure est à l’inspection dont il n’était pas chargé autrefois mais qui désormais lui incombe, sans le déranger oh ça non. Plus il en voit et mieux il se porte.      
De son pas éternellement mesuré il sillonne son terrain, son plateau d’échecs, silencieux et imperceptible comme le serait un courant d’air et pas un ne traîne hors des classes. Le silence règne. Au loin le son d’une flûte avalé par la salle de musique puis... des rires, des bavardages... l’homme s’arrête, s’engage d’un un couloir jusqu’à une porte qu’on a laissé grande ouverte. Il y laisse tomber quelques coups, sachant bien qui se trouve être à l’origine de la chose et la voilà qui se précipite à sa rencontre, un sourire désarmant de naturel aux lèvres, lui avouant qu’elle a elle même omit de clore son espace d’enseignement. Stanton note, enregistre et se fend d’un sourire de circonstances avant de répondre. « Ce n’est pas un problème, la salle d’art est assez éloignée des autres pour que vous puissiez vous le permettre. » Et ça ne le dérange pas ; rien ne le dérange réellement d’ailleurs. Une tache bleue sur sa joue, on oubli le tiré à quatre épingles ici et la professeure n’est est que plus intrigante. Détournant le regard de la jeune femme Hunter scrute les élèves, leur enthousiasme soudain pour une matière qu’ils ont bien plus tendance à négliger car trop ennuyeuse à leur goût. Pourtant, cette fois tous y trouvent leur compte, les doigts enduits de craie, de peinture, affairés entre découpage et autre activités manuelles, le but de l’exercice dépasse le simple fait de suivre un programme sans la moindre conscience. Il apprécie, loue la chose intérieurement parce que c’est ainsi qu’il reconnaît les meilleurs du corps enseignant. Donner d’eux même, croire en leur savoir, l’offrir avec passion... veut-il se joindre à eux ? Il tourne lentement la tête, baisse légèrement les yeux pour capter le regard clair de son interlocutrice. Franche, elle ne se moque pas et semble parfaitement convaincue qu’il n’y aurait absolument rien de choquant ou même d’incongru à inviter le sous directeur de l’académie à ce genre de travaux. Comme vous êtes spontanée miss Bel, c’est enchanteur dans un certain sens.

« Hélas, j’ai quelques obligations qui ne sauraient souffrir d’un retard. » Répond-t-il, sans mensonge car d’autres n’ont aucun scrupules à se décharger sur sa personne. « Mais je serai ravi de revenir une fois celles-ci réglées. Je vous avouerai être assez impatient de découvrir vos méthodes mademoiselle Bel. » Et il sourit, c’est de façade, c’est toujours d’apparence et jamais de plaisir. Stanton a trop peu de plaisirs, ou plutôt un seul qui lui dévore le cœur et l’esprit, le rendant aussi dangereux qu’un détraqué armé d’une tronçonneuse. Lui ne vous débitera pas le corps, mais l’esprit... Et cet esprit là lui plaît, trop lumineux pour le laisser froid. D’un mouvement aérien il extirpe un mouchoir de la poche de sa veste et le déplie. « Permettez... » Lâche-t-il, essuyant habilement la trace qui colore la joue de la professeure. Pas encore sèche, peinture à l’huile donc, il en apprécie la texture lorsque lui même se pose face à une toile parfois. Un infime rictus étire le coin de ses lèvres, cette fois bien réel au souvenir de sa propre mère qu’il observait enfant, des heures entières lorsqu’elle peignait... Une autre époque qu’il trouve bien lointaine désormais. Sans hésitation il laisse son mouchoir aux mains d’Artemisia, incline respectueusement la tête et ajoute simplement. « D’ici une heure au maximum, je reviens vers vous. Surprenez-moi pour le prochain cours, j’ai hâte de vous voir à l’oeuvre. » Et il tourne les talons, éternellement droit mais non dénué d’élégance. Dans une heure, il sera de retour.  

© Jason Lecter

avatar
Invité
Informations


MessageSujet: Re: Painted eyes (PV Hunter) Painted eyes (PV Hunter) Icon_minitime1Mer 9 Juil - 11:58

Elle a vue la frayeur dans les yeux de ses collègues lorsqu’elle a évoquée son entretenue avec Stanton. Tous lui ont avoué avoir été effrayés et certains ont même prétendus que le sous directeur est entré dans leur tête afin d’y dérégler quelques vis (déjà bien bancales a t-elle aussitôt pensé en entendant ces paroles incohérentes). Dire qu’elle n’a pas ressenti un semblant de crainte à ce moment là serait un mensonge mais la curiosité l’a emporté sur le tout émotionnel, comme à chaque fois et c’est ce qui lui a toujours permis de pouvoir affronter n’importe qui, et n’importe quel danger sans paniquer. Elle hausse les épaules devant leurs réflexions. Après tout, ce qu’elle a ressenti était au delà de la peur - c’était cette sensation grisante de vertige, l’envie fugace de se jeter dans le vide, juste pour voir l’effet. C’est pour cela qu’elle vit, pour connaitre la singularité des hommes et non pas ces trouillards qui se terrent face à la première complication venue. Stanton n’est qu’un homme et certainement pas le diable, même si il pourrait en avoir l’allure.

Irrémédiablement, elle s’attend à quelques remontrances. Le bruit envahi la salle et probablement le couloir mais la réaction du sous-directeur l’étonne. Lui qui semble être si prompt à respecter tous les règlements à la lettre, il lui indique que la porte ouverte n’est pas dérangeante, soit, elle incline légèrement la tête en guise de réponse.

Artémisia ne se rend pas compte que sa demande pourrait être mal interprétée, une moquerie, inviter le sous-directeur à les rejoindre dans ce capharnaüm de couleurs mais il ne l’évite pas. Elle comprend que l’excuse est justifiée, qu’elle n’est pas inventée pour se dérober. « Alors je ne veux pas vous retenir plus longtemps » Son regard dérive vers la classe qui est toujours affairée à ses travaux. Le volume a baissé, mais les étudiants sont concentrés sur leur oeuvre, ou probablement font-ils semblant, curieux de voir si Bel va subir les foudres de Stanton ou non. Un rictus arque les lèvres. Une expression rare. « Ne tardez pas et je vous montrerai comment je dompte ces petites têtes brulées » Quelques exclamations s’élèvent, on s’offusque mais elle lève la main en guise de silence et ils détournent tous la tête. Son autorité est à l’égale de sa gentillesse.

Elle se surprend à avoir un geste de recul en le voyant si proche. Même si elle se montre tactile avec autrui, elle refuse qu’on l’approche aussi facilement. Le tissu effleure la joue bleutée, efface la peinture guerrière. « Merci » C’est sincère. Il n’y a jamais de faux avec elle. Son regard suit l’homme tandis qu’elle mesure l’élégance, capte les gestes qui fonctionnent comme une symphonie. Son regard retombe sur sa propre apparence, quasi négligée, inacceptable. Elle attache grossièrement ses cheveux en un chignon fou, et lisse maladroitement son chemisier. Rien à faire.

Les dernières années, ils sont plus difficiles à canaliser, et elle doit redoubler d’efforts pour s’accaparer leur attention. Les cours sur l’architecture sont les plus complexes car ils n’intéressent personne et Artemisia peut les comprendre : comment s’intéresser à une image montrant façade et intérieur ? Ces photos ne reflètent en rien la réalité, même celles en trois dimensions. Alors elle a apporté un objet singulier, de ceux qu’elle a ramené de son pays. « J’ai apporté quelques morceaux d’Italie avec moi » Un sourire bienveillant fend ses lèvres, de ceux du bonheur, d’une gamine qui a découvert un objet fabuleux et qui s’apprête à en donner le secret à ses amis. « Bien, reculez tous au fond de la salle et prenez ces lunettes » L’objet en forme d’oeuf est placé au centre, il suffit de quelques paroles pour qu’il s’ouvre et déploie tout un nouveau monde dans la salle. Réalité virtuelle. Artémisia n’est pas friande de technologie, elle a grandit sans mais cet objet est une merveille que ses parents lui ont offert. Ils ne sont plus à Weins, mais ailleurs, à Florence, et plus précisément dans le Duomo. Il suffit de mimer une marche pour avancer dans le bâtiment. Les images défilent. On oublie l’endroit où l’on se trouvait avant. Cette possibilité est due à un travail monstrueux, des milliers de clichés, superposés. Et à présent, elle peut expliquer les différents termes architecturaux tout en les illustrant. « Vous possédez tous les monuments dans cet objet ? » demande timidement le plus perturbateurs des étudiants. Le sourire ne quitte jamais le visage d’Artémisia. C’est une douceur. Pourtant, cette fois-ci, il se fait plus grave, dilué. « Malheureusement, avec la guerre, l’objet a perdu de ses fonctions »

La pièce reprend sa forme initiale, fait disparaitre l’illusion puis les gamins sortent en courant, grandes exclamations sur le cours. Artémisia se permet un soupir de soulagement. Ses deux premiers cours n’ont connu aucune erreur majeure et elle souhaite que ceci continu mais pour le moment, elle a trois heures de pause avant de reprendre avec les 3ème année. Elle ne fait pas attention à l’homme qui se tient dans l’encadrement de la porte - elle est occupée à ranger ses affaires. Elle a oublié qu’il devait revenir. Lorsqu’elle lève les yeux afin de comprendre d’où vient cette sensation gênante d’être fixée, elle manque de faire tomber le stylo qu’elle tient en main, le rattrape de justesse et le pose sur le bureau, comme si de rien n’était. Sa maladresse est étonnante, elle se rattrape toujours au dernier moment, avec le peu de dignité qu’il lui reste encore. « Vos affaires ont été plus longues que prévues » Pointe de déception dans la voix. Quelque part, elle aurait apprécié qu’il voit le cours, puisse le juger quand soudain… idée fumeuse! « Le cours est terminé et je ne reprends que dans trois heures mais… je peux vous montrer comment j’ai gagné, pendant quarante cinq minutes, l’attention de gamins à propos de l’architecture » Elle se fend d’un sourire victorieux. Ce n’est pas de l’orgueil, juste une joie passagère. « Je leur ai fait visiter Santa Maria del Fiore à Florence, mais vous connaissez peut-être ? C’est magnifique mais trop touristique. Hum… je vais vous montrer Ravenne, une petite ville avec des vestiges byzantins » Son accent italien ne disparaitra jamais. Ses paroles prêtent à confusion, on pourrait s’imaginer qu’ils vont disparaitre et apparaitre en Italie. C’est un peu le cas, d’une certaine façon. Le visage est énigmatique, les gestes sont fous. Elle s’affaire, règle l’appareil, murmures quelques insultes lorsque celui-ci refuse de fonctionner comme elle l’entend. « Mais peut-être que vous n’avez pas le temps ? »

avatar
Invité
Informations


MessageSujet: Re: Painted eyes (PV Hunter) Painted eyes (PV Hunter) Icon_minitime1Dim 27 Juil - 21:16


Colour of your Mind


Une heure, autrement dit bien peu de choses dans son emploi du temps mais qu’il se doit de rendre utile. L’homme est pragmatique et possède ce souci du détail sans pour autant toucher la maniaquerie. Sa visite rituelle de l’établissement est faite, aucune ombre au tableau et lorsqu’il jette un œil sur sa montre, Stanton sait d’avance qu’il lui reste une dizaine de minutes pour rejoindre la salle d’art comme annoncé plus tôt. Manquer un rendez vous n’est pas son genre et les retards sont rarissimes de sa part même si justifiés en permanence par autre chose, dont l’urgence primait sur un horaire quelconque. De même, il s’arrange autant que possible pour prévenir de ses contretemps autant par politesse que par logique ; chaque chose se doit d’être bien faite dans son univers. Ainsi file-t-il, le pas souple en direction de ce rendez vous qu’il attend sans impatience, mais pas sans intérêt car oui, Artemisia Bel suscite une franche curiosité chez l’hermétique psychiatre. D’ordinaire ses lectures mentales lui sont présentées fermées, à lui d’en faire la découverte mais dans le cas présent la demoiselle est un livre grand ouvert, sorte de buffet où un « servez vous » clignote en lettres majuscules... trop facile ? Oh, la facilité lorsqu’elle est aussi criante est forcément intrigante et il si les lignes lui apparaissent d’elles même Hunter sait qu’il faudra apprendre à lire entre elles, décoder leur subtil message... joli défi qu’il ne refusera pour rien au monde.

Dernière ligne droite en direction de la salle lorsqu’un pas rapide voir alarmé se fait entendre dans son dos et il fait doucement volte face, découvrant une jeune fille vêtue aux couleurs du club d’Athlétisme. Les joues rougies par l’effort et les yeux brillants elle peine à balbutier les raisons de sa présence une fois à la hauteur de l’adulte mais explique qu’une de ses camarades s’est écroulée à l’instant sans raison apparente. Dans l’esprit du psychiatre son planning se réorganise immédiatement et déjà il emboîte le pas de l’étudiante en direction du terrain, lui demandant des précisions et prévoyant la suite des actions.
Une fois de plus on salue son calme et son professionnalisme, comme une capacité innée à gérer même le plus inquiétant sans battre des cils plus vivement qu’une autre jour où rien ne se passerait. Eva Grey aura été brillante en tant qu’infirmière scolaire et Stanton n’aura pas manqué de noter ses excellentes initiatives ainsi que la manière dont elle géra le problème. L’ambulance s’éloigne avec à son bord une jeune fille dont on estime l’état stable bien qu’il nécessitera quelques examens par précautions et Stanton se charge posément de rassurer le reste du club, promettant qu’il leur fera évidemment part de toute nouvelle reçue. Au final... il aura manqué l’heure h...

C’est neutre, fidèle à lui même et nullement fuyant qu’il s’arrête à l’encadrement de la porte. Son rang largement supérieur pourrait le faire entrer sans attendre la moindre autorisation mais par respect pour la professeure et considérant son retard, il estime plus judicieux -si ce n’est logique- d’attendre que cette dernière lui accorde la permission pour la rejoindre. Lorsqu’elle le remarque, sa maladresse parfaitement rattrapée n’est pas sans rappeler au praticien celle des danseuses classiques capables de se stabiliser à nouveaux à la suite d’envolées périlleuses, détail comme un autre mais ajoutant un grain non négligeable de charme à cette singulière personnalité. « Veuillez m’excuser ; une urgence au club d’athlétisme m’a accaparé. J’ose espérer ne pas vous avoir blessé par mon retard, ce n’était en aucune façon une tentative de me dérober à votre invitation. » L’essentiel en une phrase, il ne s’exprime jamais dans le vide ou le vague et si la belle a pu douter un seul instant de le voir réapparaître, elle saura désormais qu’il ne fuyait pas.
L’enthousiasme de l’enseignante est communicatif en un sens, comme des rayons de soleil tendus pour ne laisser que de rares espaces ombragés, léchant la surface des choses jusqu’à en investir la structure. c’est plaisant, apaisant même à sa façon. L’homme de marbre n’est pas touché, ou si peu mais il voit, ressent cette tiédeur que les élèves auront apprécié parce qu’ils sont relativement rares ces professeurs sachant donner vie à ce qu’ils transmettent. Artemisia Bel est de ces oiseaux là, sans aucun doute. Pas le temps ? Il sourit délicatement, approche et penche la tête de côté autant pour observer l’objet qu’elle tient que pour la considérer elle même. « Bien au contraire, je vous l’accorde avec plaisir. » Demi mensonge, la notion de plaisir est chose complexe pour Hunter mais ce n’est pas pour autant qu’il est incapable d’apprécier. De fait, il est personnage sensible à l’art et ne s’en est jamais caché. « Ravenne... » Commence-t-il d’une voix songeuse, fouillant ses souvenirs trop bien rangés. « Je n’ai pas le souvenir d’y avoir posé le pied, en revanche ma mère m’en vantait les mosaïques et la richesse de leurs couleurs m’a réellement marqué. J’ai en mémoire celle du mausolée de Galla Placidia, « le bon pasteur » et ce bleu si vif que le temps n’a jamais altéré... » Il a dans le ton cette douceur qu’il ne réserve qu’a l’art, cette fascination même car il loue bien peu de mérites aux choses de ce monde. Les religions le laissent froid, les sentiments plus encore mais la création a toujours su faire vibrer une corde en lui, fine. Sa minutie s’y trouve à son aise il faut bien le dire, lorsqu’il effleure un instrument ou qu’un fusain traverse une feuille il mettra un point d’honneur à rendre l’excellence toujours.

« Ma connaissance du domaine artistique ne vaudra jamais la votre, aussi serai-je enchanté de vous entendre et de vous suivre dans ce... voyage. » Le dernier mot, plus soufflé qu’il n’est dit comme un demi secret qu’on chuchote du bout des lèvres. Une boite mystérieuse dont on ouvre le couvercle au ralenti … oh il compte bien en ouvrir des boites, et beaucoup au fond, ne satisferont que lui. Le voyage ne fait que commencer.  

© Jason Lecter


Contenu sponsorisé
Informations


MessageSujet: Re: Painted eyes (PV Hunter) Painted eyes (PV Hunter) Icon_minitime1



Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut
Page 1 sur 1

Sujets similaires

-
» Our eyes shine bright like a sky full of comets that shoot like silver trains
» Hunter Stanton
» Hunter Stanton
» La cigarette du condamné [Hunter]
» Un jour j'irai à New-York avec toi ♫ [PV-Hunter]