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Arrête de te poser des questions |Adam|
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MessageSujet: Arrête de te poser des questions |Adam| Arrête de te poser des questions |Adam| Icon_minitime1Mer 28 Sep - 17:07

In the time of chimpanzees, I was a monkey. Butane in my veins and I'm out to cut the junkie. With the plastic eyeballs, spray-paint the vegetables. Dog food stalls with the beefcake pantyhose. Kill the headlights and put it in neutral. Stock car flaming with a loser and the cruise control. Baby's in Reno with the vitamin D. Got a couple of couches, sleep on the love seat.

Plus de cigarettes.

Comment ça plus de cigarettes ? Il avait acheté le paquet hier ! Il n'avait pas fumé vingt cigarettes en l'espace de vingt six heures ? Il fallait croire que si. Il jeta le paquet vide sur son lit et sortit en trombe de l'appartement en claquant la porte et sans prendre son téléphone portable.

Il détestait posséder des paquets de cigarettes vides, plus encore depuis qu'il était revenu à New York. C'était comme avoir un briquet qui ne marchait pas ou des allumettes mouilées ou du tabac sans feuille. Bon sang qu'est ce qu'il pouvait détester cette sensation de manque. Il marchait énergiquement à la recherche d'un marchant de tabac le plus proche. Une petite voix dans sa tête lui marmonna que c'était exactement le même genre de sensation qu'avant, quand il était totalement dépendant de l'héroïne ou de la coc ... ET de la cocaïne. Mais c'était de l'histoire ancienne se persuada-t-il.

Assis sur un banc, une fille se piquait un peu plus loin. Il la vit, il se figea, fit demi tour.

Les sensations de bien être, celle du décollage, de la liberté, de pouvoir faire ce qu'on voulait quand on voulait, celle de pouvoir avoir l'impression de pouvoir tendre les bras au dessus du vide sans tomber, celle de pouvoir courir sans jamais s'essoufler. Il avait connu toutes ses pensées, ses sentiments et cela lui manquait encore plus atrocement qu'avant. Il était soumis à la tentation. En fait, il ne tenait qu'à lui de tenir ou de replonger. Mais son psy, ses amis de cure, sa mère comptaient sur lui, il n'avait pas le droit de les décevoir.

En fait il n'avait plus le droit de faire grand chose. Et l'Autre était en train de revenir dans sa tête pour le faire chier et cela ne lui plaisait pas du tout.

Il soupira et revient à son but premier, c'est à dire, le tabac.

Il acheta trois paquets au lieu d'un et l'odeur du tabac lui fit du bien.

Il était sorti en jean, la chemise à peine boutonnée mais il n'en avait juste rien à cirer. La nuit n'allait pas tarder à tomber de toute façon. Il s'assit à son tour sur un banc et ouvrit le premier. Il tira un briquet de sa poche et tira une première bouffée en fermant involontairement les yeux.

Délicieux.

Décidément, il ne se lasserait jamais de cette sensation exaltante. Il avala la fumée. Il n'était pas comme tout ces idiots trop dépendants qui ne peuvent pas commencer une journée sans leur clope et leur café. Lui, c'était la sensation, le goût et l'odeur de la nicotine qui l'attiraient. C'était surement le début d'une longue et belle histoire d'amour en lui et la cigarette.

A propos d'histoire d'amour, il n'en avait pas eu depuis longtemps. Est ce qu'en retournant à Weins, il rencontrerait une jolie petite fille de seconde fraichement débarquée qui voudrait bien de lui ? Ou alors un pion craquant avec un sourire ... D'accord, il arrêterait prochainement les fantasmes.

Il se releva et passa une main dans ses cheveux en rallumant une seconde cigarette. Sa mère devait se demander ce qu'il foutait. Il effectua un quart de tour dans le but de rentrer chez lui sans encombre. Il lui sembla vaguement qu'il percutait une chose grande et forte et l'instant d'après, il tombait.

Dans un réflexe, humain, certe, mais très bizarre, [HS : Gad Elmalheh] il s'accrocha à la chose en question et la fit tomber avec lui. Ce qui était un très mauvais calcul. Il aurait eu un minimum de jugeote, il aurait fait en sorte de tomber en avant, de tomber SUR la chose et non pas SOUS histoire de se protéger un minimum de la douleur qu'il allait resentir quand il heurterait le sol.

Il grimaça d'ailleurs en heurtant le sol. Sa cigarette avait roulé hors de sa portée de main. Il se maudit silencieusement d'être aussi con et ouvrit les yeux sur "la chose" située à présent au dessus de lui et de laquelle il agripait sans le vouloir la chemise.

Adam.

Merde. Le teneur du restaurant de l'autre fois. Autre fois qui remontait à un peu plus de quatre mois maintenant ? Un an ? Dix mois ? Arf, il ne savait plus. Il devait avoir les joues en feu. Il ouvrit la bouche, la referma. La rouvrit.

"Tu ... tu me fais mal."

Evidemment, vu leur position.


HS : Pardon c'nul u____u"

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MessageSujet: Re: Arrête de te poser des questions |Adam| Arrête de te poser des questions |Adam| Icon_minitime1Mer 28 Sep - 21:28

« Possible ou impossible, le pardon nous tourne vers le passé. Il y a aussi de l'à-venir dans le pardon. » ▬ Jacques Derrida


Oublier... Toute cette pression que l'on ressentait au travail. Parfois, je me demandais bien ce qui m'avait poussé à travailler dans le milieu de la cuisine. Tant de focus, une pression énorme, une vitesse de travail ahurissante. Il y avait des jours où j'avais eu envie de tout plaquer pour aller élever des singes en Amazonie ou au moins avoir une réserve de noix de coco quelque part en Floride, jusqu'au moment où le visage de ma grand-mère apparaissait en contours flous, lointains. Alors là, ma passion dévorante pour la gastronomie rugissait en moi et me consumait, tel un brasier embrassant sa victime sur le bûcher. Alors, je serrais les dents, retenais les diatribes acerbes qui se querellaient dans ma bouche et je travaillais sans oser ouvrir ma gueule. Car dans le milieu de la cuisine, tu te la fermes et tu subis en silence. Et tu souffres dans ton coin sans jamais oser te rebeller car, si jamais tu venais à le faire, on te forcerait à rendre ton tablier et tu pourras rayer définitivement ton rêve d'accéder aux hautes sphères de la Gastronomie.
La pression... Il fallait que j'évacue. Toute cette journée à voler de table en table, prendre des commandes en quatrième vitesse, retourner en cuisine déposer les dites commandes, aller aux toilettes, prendre les plateaux avec les plats, aller les donner aux clients. Sans cesse la même ritournelle. On n'avait pas le temps de souffler, d'envoyer un sms à sa dulcinée ou de bavasser avec les collègues. Je serrais les dents, fermais ma gueule et m'attelais à la tâche avec force et ardeur, comme si j'avais toujours rêvé de faire ça. Malgré tout, le soir, éreinté, je rentrais chez moi et, dans la plupart des cas, je me laissais tomber sur le canapé, l'estomac vide, le dos en vrac, la tête qui bourdonnait. Dans mes oreilles résonnaient encore les sifflements des cocottes-minutes, de la fumée s'échappant d'un trou quelconque ( n'allez pas voir ici une connotation perverse, ce n'est point le cas ), les voix de mes collègues qui hurlaient à gauche à droite qu'il fallait se magner, qu'on n'avait pas un seul instant à perdre. Souvent, je m'endormais sans avoir mangé et sans m'être déshabillé, sur le canapé du salon. J'étais trop claqué pour faire ne serait-ce qu'un pas en direction de mon lit. Et puis, mes yeux se fermaient d'eux-même lorsque j'ouvrais la porte de chez moi.
Pourtant, ce soir-là, en terminant le boulot, je n'avais pas envie de rentrer chez moi. Certes, j'étais fatigué mais je ne voulais pas dormir. J'avais sorti mon téléphone et avais composé le numéro de mes grands-parents.

 Bonjour, vous êtes bien sur la messagerie de Nelson et Sasha Windsor, veuillez laisser un message après le bip sonore.
Le bip avait retentit et j'étais resté figé sur place. Je n'avais pas eu le courage de prononcer un seul mot. La nostalgie avait étranglé ma gorge et un flot de souvenirs avaient refait surface. J'avais vivement enfoncé la touche raccrocher tandis que les larmes coulèrent silencieusement sur mes joues. J'avais levé les yeux vers le ciel qui tendait à s'assombrir et priais pour avoir un jour le courage de leur pardonner. Je ne voulais pas rentrer chez moi et faire face à cette multitude de lambeaux du passé. C'était bien trop douloureux. Avoir une plaie ouverte à vif et qui saigne abondamment, tenter de l'arrêter seul, ce n'était jamais la bonne solution. Pourtant je n'en avais jamais parlé à personne. Sauf à Evangeline. Et encore, elle ne savait pas toute l'histoire. Je ne lui avais pas tout raconté. Je ne me sentais pas prêt à affronter mon passé. Pendant une dizaine ou une vingtaine de minutes, je restais les yeux larmoyants levés vers le ciel s'assombrissant. Je respirais un grand coup et décidais qu'il était temps de rentrer. Je baissais les yeux en maudissant Dieu.
Dieu, vous savez, c'est ce gars auquel on adresse des prières, des souhaits, des rêves, auquel on se confie, qu'on désirerait avoir à nos côtés dans les coups durs. C'est ce gars sur lequel on compte quand les amis nous font faux bond. Mais Dieu, c'est comme un pote. On compte sur lui, on a confiance en lui, mais lui, il n'en a rien à foutre de vous. Au bout d'un moment, on n'y croit plus, on lui tourne le dos. Lorsque vous vous noyez, d'une façon quelconque, pour une raison quelconque, vous tentez de croire de nouveau en lui. Vous vous y acharnez, mais vous constatez amèrement qu'il n'existe toujours pas. Vous devez compter que sur vous-même pour vous sortir de la merde.
Je me mis à marcher d'un pas vif. Je ne voulais pas qu'on me voit pleurer, pour des choses qui pouvaient paraître futiles. Peut-être même qu'en marchant très vite, je pourrais dépasser ce passé. Chose que je tentais sur le champ. Tête baisée, je fonçais droit chez moi.
Et je fonçais droit dans quelqu'un.
Quelqu'un qui s'agrippa à moi. Qui dégringolait aussi. Qui ne devait sûrement plus croire en Dieu. Le temps que je comprenne ce qu'il m'arrive, j'étais déjà au sol, allongé sur quelqu'un. Les brumes de mon cerveau s'étirèrent un peu, me permettant de réaliser qui était la personne. Je vis, entre les larmes perlant à mes yeux qu'il s'agissait de lui. De Frederic.

 Je, euh... Excuse-moi. Lâche ma chemise et je pourrais me lever. Je...
Il lâcha ma veste et je pus enfin me remettre debout. Une fois sur pied, je le fixais durant de longues secondes, les moments passés avec lui refaisant surface avec les souvenirs de mes grands-parents. Je lui tendis la main pour l'aider à se relever. Je lui adressais un sourire contrit. Je perdais pied. Dieu m'avait relâché. Il n'était plus là, l'enfoiré. Je baissais la tête et shootais dans un caillou, les mains enfoncées dans les poches. D'une voix basse, je prononçais encore le mot désolé. C'était la soirée des pardons. Pardon à tous ceux que j'ai blessé.
Pardon.

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MessageSujet: Re: Arrête de te poser des questions |Adam| Arrête de te poser des questions |Adam| Icon_minitime1Mer 5 Oct - 21:03

In the time of chimpanzees, I was a monkey. Butane in my veins and I'm out to cut the junkie. With the plastic eyeballs, spray-paint the vegetables. Dog food stalls with the beefcake pantyhose. Kill the headlights and put it in neutral. Stock car flaming with a loser and the cruise control. Baby's in Reno with the vitamin D. Got a couple of couches, sleep on the love seat.

Salut mec, tu te souviens de moi ? Oui, c'est moi, le mec que t'as baisé dans ton restaurant et chez toi pendant toute une nuit. C'est ce même mec qui s'est barré au petit matin parce qu'il n'avait plus de seringues et qu'il fallait qu'il rentre chez lui.

Frederic se releva tranquillement et se remit à respirer. Avec réflexe, il s'était raccroché à la seule chose qui aurait pu le retenir à la vie, physiquement et mentalement. Cela relevait d'un de ses rêves, qu'il avait fait étant gamin. Il tombait, tombait, tombait et il criait, mais personne ne le récupérait jamais.

Il vit les yeux d'Adam. Des yeux rouges de dépressif. Les yeux de quelqu'un qui a des problèmes. Il avait les mêmes yeux avant. Des yeux qu'il détestait croiser. Il allait se sentir obligé de le consoler alors qu'il faudrait déjà qu'on le console lui tellement il n'allait pas bien. Il se fichait des autres ! Du moins pour l'instant, lui seul comptait. Il soupira et passa la main dans ses cheveux.

Il y a encore trois mois, il aurait passé son chemin et serait allé rejoindre la fille sur le banc pour se piquer avec elle. Mais maintenant ? D'abord il ne savait pas quoi dire à Adam. Il l'aurait vu dans la rue dans un état normal ou défoncé qu'il n'aurait rien dit. Ou alors il lui aurait balancé naivement et stupidement qu'ils pouvaient se consoler au corps à corps, comme un idiot imbécile. Mais maintenant, il ne le dirait pas. Lui aussi savait ce qu'être triste signifiait.

Il avisa sa cigarette à terre, éteinte. Il se baissa pour la ramasser et la ralluma. Il en tira une bouffée et tout de suite, se sentit mieux. Quoi que, pouvait-il vraiment se sentir bien comme il était ? Pas vraiment. En tant qu'ex mini junkie paumée de la vie, il saurait qu'il n'irait plus jamais vraiment bien. Tant qu'il n'aurait pas trouver autre chose pour calmer l'état de manque qu'il subissait tout le monde. Ou alors il faudrait qu'il se trouve autre chose pour être bien dans sa tête, une amoureuse, un amoureux, quelqu'un ... A moins qu'il se consacre exclusivement à Calypso, sa poupée Barbie rien qu'à lui mais s'il faisait ça, il allait finir par coucher avec elle et ça, c'était totalement, mais totalement exclu. Non mais, il était malade d'avoir des pensées comme ça ? Il était sexuellement en manque, voilà autre chose tiens.

Il tira une nouvelle cigarette de son paquet et la tendit à Adam.

"Je détestais les hommes en pleurs. Je trouvais ça tellement moche et pathétique. Mais maintenant, c'est différent. Si tu veux parler, je peux t'écouter et éventuellement te répondre."

Il se retient d'ajouter un "je te dois bien ça", cela aurait été totalement inutile et de toute façon, Adam le savait aussi bien que lui. Il remit l'autre main dans la poche de son sweat shirt. Il allait commencer à faire froid d'ici peu de temps, mais rien à foutre. Cela faisait longtemps qu'il n'était pas rester dehors la nuit. Pourtant, les villes les nuits avaient quelque chose de magique, comme hors du temps, comme un espace temps hors de la réalité, quelque chose d'unique qu'on ne pouvait voir qu'à travers la fumée de la cigarette qui sortait de sa bouche. En clair, un monde qui semblait lui appartenir.

Il songeait à Heather qu'il n'avait pas revu. Allait-elle bien elle aussi ? Et Charlie et Aidan et Leslie ? Avaient-ils souffert de son départ, de sa fuite ? Car il avait fuit, il était parti sans dire au revoir, sans prévenir et sans même prévenir de son retour ... Il avait été lamentable.

"Parle moi de tes problèmes, ils sont peut être plus grave que les miens."

Surement ouais. Il sourit à cette idée. Entendre les autres parler d'autre chose que d'héroïne, de séance de psychologie et d'état de manque allait peut être l'aider en fin de compte. Voire surement. C'était une autre réalité, un autre monde que le sien qu'il allait devoir découvrir. Mais il avait tellement l'habitude d'être égoiste ... Allait-il vraiment pouvoir changer ? Surement pas, mais au moins il aurait tenté.

Il termina sa cigarette et s'assit sur le dossier du banc.

Ah ... Comme lorsqu'il avait croisé Samson, qu'il n'avait pas revu non plus ... Il tacha de ne pas y penser.

Il se força à regarder l'autre dans les yeux. Compliqué.


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MessageSujet: Re: Arrête de te poser des questions |Adam| Arrête de te poser des questions |Adam| Icon_minitime1Mer 12 Oct - 2:14

« Faut pas forcer la confidence ; elle vient quand elle peut. Jamais trop tôt, jamais trop tard. » ▬ André Major


Oui, je te reconnais. Je te voyais, dans mes nuits les plus sombres, où mes cauchemars s'emparaient de mes moindres minutes de répit. Je te voyais, avec ce sourire sadique collé aux lèvres, avec ces yeux qui lançaient de drôles de regard... Oui, je te reconnais. Comme si tu allais échapper à mon cerveau. Il n'oublie rien, le petit. Il stocke ça quelque part, je ne saurais dire où. Mais ce qui est certain, c'est que je le maudis. Parce que j'aurais voulu oublier ce moment-là. Rien qu'en y repensant, c'est comme si un trouble fut jeté sur moi. Oh, que je me sentais misérable ! Comme je me sentais inférieur ! Dès que je posais les yeux sur lui, en ce moment, ces souvenirs refirent surface. Il fallait vraiment être désespéré pour pouvoir commettre des actes que l'on aurait jamais commis en temps normal.
Je vis qu'il posait ses yeux sur mon visage. Il semblait regarder les deux billes quasiment éteintes qu'étaient les miens. Je les baissais. Je n'avais nullement envie qu'on me voit dans cet état là. On me voyait rarement dans cet état-là. A vrai dire, lorsque je me laissais aller à des séances intensives de crises de larmes, j'étais seul. Seul dans mon appartement. Seul dans cet immeuble, dans cette ville, dans ce monde. Je n'arrivais à rien concilier. Quand je travaillais, je me coupais du reste : de mes grand-parents, des amis, d'Evangeline. J'aurais tant voulu pouvoir m'améliorer. Je m'étais promis de le faire, je m'en tiendrais à cet objectif. En relevant un peu la tête, je vis une cigarette pointée vers moi. Je levais le regard vers Frederic. Bien malgré moi, mes pupilles lancèrent un appel à l'aide. J'espérais qu'il ne serait pas entendu.
Et il me proposa de l'aide. Cette foutue aide que j'aurais dû demander il y a bien longtemps mais que j'avais refusé, comme mû par un jaloux orgueil et une fierté qui étaient au plus bas. Au moment où on me tendait une main, je détournais la tête et me concentrait pour les régler moi-même, d'autant plus que ces problèmes concernaient ma vie privée, ma vie familiale, et que personne ne connaissait à proprement parlé de mon histoire. J'en disais parfois des bribes. Parfois... Car c'était douloureux pour moi de me rappeler si soudainement du passé. Je parlais souvent, j'aimais parler, et je n'allais pas le cacher, d'ailleurs. Mais parler de quoi ? Des derniers potins en vogue dans le tout New-York ? De ce qui m'est arrivé la veille au soir, tandis que je quittais le restaurant à pied ? De ça, oui. De ma famille, jamais.
J'émis un rire nerveux aux premières paroles de Frederic.
 J'ai essayé de ne pas pleurer. Mais je n'ai pas réussi. Encore un échec. Encore un...
Je tendis la main pour qu'il me passe le briquet et j'allumais ensuite la cigarette. Je n'avais vraiment pas l'habitude de fumer, mais j'insérais le tube de papier entre mes lèvres. La fumée qu'il produisait me piquait les yeux et la gorge. J'allais encore être malade mais tant pis. Je me mis à tousser à la première bouffée aspirée. Ça me grattait le larynx, mais qu'importait ? Au point où j'en étais, je ne pouvais pas chercher mieux. Je ne voulais pas chercher mieux. J'ôtais la cigarette de ma bouche et je la laissais se consumer ainsi. J'observais le sol, perdu dans mes pensées. Ailleurs, très loin où l'on ne me rattraperait pas.
J'imitais le jeune homme et allais m'asseoir sur le dossier du banc, à ses côtés. Il ne manquait plus que les bouteilles de bière entre nos mains, et on aurait pu être de parfaits amis. Totalement de parfaits amis.
 Ce que je vais te dire, personne ne le sait. Je n'ai jamais connu mes parents. On m'a raconté qu'ils ont été tués dans une fusillade à l'hôpital, quelques heures après ma naissance. Mes grand-parents m'ont élevé en me cachant cette vérité si affreuse mais si réelle. Au début, tout se passait bien. Ils étaient cool avec moi. Ma grand-mère m'a transmis sa passion de la cuisine et quelques-unes de ses recettes. Mon grand-père ne m'aimait pas. Je nourrissais secrètement l'espoir d'ouvrir un jour mon propre restaurant. Pourtant, il fut un jour où ces espoirs se brisèrent. C'était lorsque j'entrais au lycée. Il arriva ce qu'il devait arriver. Mes notes à l'école chutèrent, je devins distant, j'envoyais chier les professeurs, ils me reprochaient ce que je devenais. Autrefois, ils m'auraient soutenu. C'est là que mes grand-parents décidèrent de me dire où étaient mes parents. Je leur en ai toujours voulu. D'avoir été si long à cracher cette vérité. Un jour, j'ai pris mes affaires et je suis parti. J'avais quinze ans. Le seul souvenir de moi qu'il doit leur rester, dans leur maison, c'est la lettre que je leur ai écrit pour annoncer mon départ. Et depuis, j'ai besoin de revenir vers eux, j'ai besoin de les savoir encore en vie, en bonne santé. J'ai besoin d'eux, même si plus rien ne sera pareil. Mais je suis qu'un pauvre con, au pays des cons, entouré de cons, qui agit comme un véritable con agirait. Je suis incapable de renouer le lien d'antan. Les lettres que je leur écris, je les déchire. Quand je leur téléphone, je raccroche toujours avant la troisième sonnerie. Ou je tombe sur le répondeur. Et je suis un couard pour pouvoir laisser un message. Je...
Je sortis de nouveau mon portable et je composais de nouveau le numéro de téléphone de mes grand-parents. J'activais le mode haut-parleur. Je voulais qu'il entende. Et de nouveau, je tombais sur le répondeur.

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MessageSujet: Re: Arrête de te poser des questions |Adam| Arrête de te poser des questions |Adam| Icon_minitime1Dim 23 Oct - 17:00

In the time of chimpanzees, I was a monkey. Butane in my veins and I'm out to cut the junkie. With the plastic eyeballs, spray-paint the vegetables. Dog food stalls with the beefcake pantyhose. Kill the headlights and put it in neutral. Stock car flaming with a loser and the cruise control. Baby's in Reno with the vitamin D. Got a couple of couches, sleep on the love seat.

Mais ... QUOI ?

On se calme, pas de panique, on se calme, surtout on ne s'énerve pas et on ne pète pas le gros cable rouge, oui, celui là, qui retient toute la conscience. Frederic chercha un point à fixer, ne le trouva pas, termina sa cigarette et avala la fumée.

Pauvre con.

Il se retenait vraiment de se barrer en courant. Il savait qu'il n'aurait pas du l'écouter, qu'il aurait du aller ailleurs, partir loin, ailleurs quelque part où l'autre ne serait pas. C'était vrai quoi qu'est ce qu'il foutait ici à l'écouter ? Il n'en avait rien à foutre, et ce mec n'était rien pour lui. D'accord, il l'avait légèrement poussé à coucher avec lui jusqu'au matin, et après ? Ca ne voulait rien dire. Rien du tout. Donc, il pouvait très bien être ailleurs que personne n'en aurait quelque chose à foutre, il pouvait dégager, partir loin de ce ... truc qui passait sa vie à se lamenter. Ou alors il pouvait lui foutre son poing dans sa gueule, le faire tomber du banc, lui hurler dessus et se casser. Il choisit la solution numéro trois.

Il y a de cela deux ans, il était tombé sur une pauvre fille de vingt neuf ans, au chomage depuis neuf et qui passait sa vie à écumer les boites de nuits les plus torrides. Il avait fait l'amour avec elle contre un mur d'une rue déserte et elle lui avait laissé son numéro de téléphone. Il s'était pointé chez elle deux semaines après, ils avaient fait l'amour et son fils de douze ans étaient rentrés de l'école au moment où il était à poil devant le frigo. Il avait refermé le frigo, le môme était reparti dans sa chambre, lui aussi, ils avaient refait l'amour.

Eh bah Adam, il était pareil que cette femme, il était pathétique.

Un mec pathétique, c'est un mec qui sait que quelque chose ne va pas. C'est un mec qui fait chier les autres en racontant ses problèmes sur un banc. C'est un mec qui ne fait rien. Il sait qu'il a un souci dans sa vie, mais il ne fait rien pour le régler. C'est un mec que personne n'a envie de voir parce qu'on sait qu'il va vous parler de ces problèmes. Quand on parle à un mec pathétique, on peut soit aller voir ailleurs soit aller le faire ailleurs soit l'écouter et tenter de lui trouver des solutions, pour s'entendre répondre que non, ça ne marchera pas et qu'il n'y a rien à faire. D'après ce qu'il avait l'air de dire, Adam était pathétique depuis longtemps.

Oui, bien sur qu'à une période de sa vie, Frederic avait été pathétique parce qu'il voyait bien que la drogue lui posait un problème mais qu'il n'a rien fait pour le résoudre, evidemment. Mais maintenant il ne l'était plus et quelque part, Adam lui faisait mal au coeur à être comme ça. Il serra le poing, le déserra, ralluma une cigarette.

"Pauvre con và."

Depuis combien de temps avait-il cessé d'être méchant ? Ces derniers temps, il avait été gentil avec tout ceux qui l'entouraient. Sa mère, son psy, les docteurs, même ceux de son groupe de cure. S'il fallait en plus être sympa avec Adam, là non, il jetait l'éponge. Il tira une bouffée. Et puis de toute façon, il n'était pas ami avec Adam. Donc il pouvait dire exactement ce qu'il pensait puisqu'il n'y aurait aucune conséquence pour lui. Il s'en prendrait peut être une par la suite, mais au pire, ce n'était pas bien grave.

"On t'a déjà dit que t'étais qu'un pauvre con ? Bouge toi mec, và les voir tes grands parents, peut être qu'ils attendent que ça. Ca sert à quoi de me dire tout ça à moi ? J'aurai tout oublié demain matin. Peut être même avant tellement je n'en rien à foutre."

Ouais, il allait s'en prendre une. Mais c'était trop tard, la machine était lancée. Et pour l'arrêter, bon courage.

"T'attends quoi pour faire quelque chose de ta vie ? T'as déjà pensé à tout ce que tu ratais ? Et ne me sors pas que tu as peur. T'es pas le seul. Tu l'as dit, on est tous cons et moi le premier. C'est facile pourtant de changer. Suffit de le vouloir. Et toi t'en as pas envie. Tu leur en veux, c'est normal, mais arrête de dire que tu vas retourner vers eux, parce qu'à tout les coups tu ne le feras pas. Il y a des jours comme ça où il faut arrêter de se plaindre et faire autre chose."

Ca valait également pour lui. Frederic en avait compris des choses depuis deux mois.


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MessageSujet: Re: Arrête de te poser des questions |Adam| Arrête de te poser des questions |Adam| Icon_minitime1Sam 19 Nov - 23:30

« Difficile d'appeler au secours quant tant de drames nous oppressent, et les larmes nouées de stress étouffent un peu plus les cris d'amour de ceux qui sont dans la faiblesse et dans un dernier espoir disparaissent. » ▬ Tous les cris les sos, Daniel Balavoine
J'avais une incroyable envie de me bourrer la gueule. Pas à la bière. Les bouteilles sont petites et quand il n'y en a plus, bah on n'est jamais tout à fait bourré. Non j'avais envie d'une bonne vieille vodka orange ou d'un bon whisky-coca ( avec plus de whisky, bien entendu ). Oh, ce n'était pas dans mon genre de faire des têtes à têtes avec des bouteilles et de rire tout seul dans mon coin d'une connerie qui n'existait que dans ma tête. J'avais envie de faire le con. Conduire une voiture en état d'ivresse, fumer quelques joints avec des camés dans une rue malfamée. Me battre avec des mecs juste devant une boîte de nuit. J'avais envie d'emmerder les flics, et quelque chose de bien profond. J'avais envie d'être comme la plupart des gens. J'avais envie de me sentir vivant, de me libérer de mes soucis personnels. J'avais envie me fondre dans la masse et de ne pas sentir sur moi les regards moqueurs des gens, leurs doigts pleins de graisses des hamburgers ou des donuts me pointer, entendre leurs rires gras, rauques, empestant l'alcool, les sarcasmes et les insultes.
J'ai toujours trouvé qu'il était difficile d'appliquer à soi-même les conseils qu'on prodigue aux autres. Par exemple, vous voyez votre meilleur pote sombrer à petit feu vers une fin floue à cause d'une rupture amoureuse douloureuse. Alors, vous lui dites que la fille est une pétasse, une connasse et autres mots qui vous semblent parfaitement lui convenir, à cette fille ( je ne m'étalerais pas dessus, le but n'étant pas là ), et vous lui dites de l'oublier, qu'il n'y avait pas qu'elle dans sa vie. Vous le prenez donc par le bras, vous l'emmenez prendre quelques verres dans des bars, vous l'emmenez en boîte, vous vous faites de pures soirées digne de la Reine actuelle d'Angleterre. Vous vous envoyez en l'air avec des filles en les jetant le lendemain, vous restez à faire les loques dans vos lits, vous vous retrouvez le lendemain devant la télé pour un match de foot ou de base-ball, un pack de bières d'un côté et deux ou trois boîtes de pizzas de l'autre côté. Et quand cela vous énerve, vous allumez votre PS3, Xbox ou autre console vidéo pour jouer à un jeu. Et après cela, vous espérez que votre pote ne vous oublie pas. Car, pendant tout ce temps, vous aurez essayé de lui faire comprendre que vous tenez à lui, peut-être plus que n'importe qui. Car les mots vous avaient manqué, vous l'avez exprimé autrement. C'est à ça que servent les meilleurs amis. A reprendre conscience, à reprendre confiance en soi. A se sentir soutenu. A ne plus sombrer.
Mais quand cela vous arrive, vous voulez qu'on vous laisse tranquille. Vous envoyez chier tout ceux qui osent venir troubler votre déprime, vos pensées morbides, vous voulez qu'on vous observe de l'extérieur sans jamais intervenir. Parce que vous vous sentez capable de surmonter tout ça. Vous pensez que vous pouvez le faire seul, et, de toute façon, vous pensez que vos problèmes ne regardent pas les autres. Vous buvez plus que de raison, vous vous tapez les putes les plus chères du coin en espérant qu'elles vous fassent oublier vos tracas, et au final, ce sont elles qui vous jettent en réclamant leur dû car vous n'avez pas la tête à vous amuser. Quand des potes débarquent dans votre appartement avec bières et pizzas en main, ils ne découvrent que du bazar, qu'un capharnaüm de bouteilles vides et de mégots de clopes à même le sol, ils découvrent la vaisselle qui s'accumulent, les quelques aliments qui pourrissent dans un coin de la cuisine, ils découvrent des déchets enfouis sous les meubles et dans vos pensées. Vous devenez alors violent. Et un jour, vous craquez. Et vous voulez devenir con, faire ce que vos potes voulaient faire avec vous. Vous bourrer la gueule, vous droguer, vous envoyer en l'air.
C'est ce que je ressentais. J'avais beau dire à mes potes qu'il fallait qu'ils ouvrent les yeux et qu'ils se sortent les doigts du cul, mais je n'étais pas capable de le faire. Je ne pouvais que m'apitoyer sur mon sort, ravaler les larmes de déception et de rage qui étranglaient ma gorge et brouillaient ma vue. Je ne pouvais que soupirer cette détresse que je ressentais et pour laquelle j'étais incapable de faire quoi que ce soit. Juste regarder le sol puis l'écran de mon portable. Écouter le bruit alentour en me sentait seul parmi les hommes. J'étais misérable. Je n'avais plus qu'à me vêtir des haillons de la misère et aller quémander mon bout de bonheur dans une casquette trouée par l'angoisse et l'incertain.
Je récoltais précieusement les paroles de l'autre gamin à mes côtés. Mais elles filaient au travers de la casquette trouée invisible que je tendais autour de moi. Pourtant, il y a des choses qui s'ancrèrent plus facilement dans ma mémoire. J'avais l'impression que lui tentait de me délier les ailes, de couper les cordes qui me retenaient captif de cette terre. Une incitation à me sortir les doigts du cul. A prendre mon courage à « quatre pattes et à deux couilles » ( comme le disait si justement un comique français autrefois connu et qui s'appelait Laurent Gerra, dans une exquise imitation de Céline Dion ). Ça me redonnait un semblant de confiance en moi. En cet instant, j'aurais été prêt à oublier mes envies soudaines d'aller dire aux flics d'aller se faire foutre, d'aller me bourrer ou de me taper des putes. Si j'en avais été capable et si je le voulais, j'aurais pu serrer Fred dans mes bras en le remerciant. Ouais, je devrais peut-être songer à lui dire merci. Mais je ne versais pas tant dans la tendresse physique que ça, ces derniers temps, veuillez m'en excuser.
Ses prochaines paroles me donnèrent l'envie soudaine de lui faire bouffer la route et les trottoirs. Qui lui dit que je n'avais pas essayé ? J'ai la volonté de vouloir réussir, j'ai la volonté de vouloir réparer les pots cassés, de les refixer avec un peu de glu goût pardon. Mais j'en avais marre de faire le premier pas. Je faisais des efforts pour prendre le dessus, pour dire stop, j'en ai marre de me retrouver comme un imbécile au milieu de ces gamins orphelins comme moi, qui se droguent, qui sont alcooliques, qui vivent dans la rue, dans des endroits noircis par la haine, la rage, le dégoût et le suicide. La réussite ne marche pas que dans un sens. Il faut que les deux camps fassent chacun un pas en direction de l'autre pour réussir. Comme un voile sombre se dressait entre mon ancienne vie et la vie présente, je ne savais pas si mes grand-parents venaient vers moi ou non. C'était un peu comme au jeu de la Bataille Navale. On ne sait pas où sont placés les bateaux des adversaires. Touché, coulé. Je sombre.
Alors, je me levais et balançais la clope non finie par terre. Je l'écrasais allègrement du pied, comme si je voulais la faire rentrer dans le sol. Tant pis si l'autre pensait que je gâchais son précieux argent. Mais l'argent, après tout, c'est quoi ? Qu'une source d'emmerdes qui donne envie aux gens de péter plus haut que leur cul. Ouais c'est juste une raison pour que les puissants se sentent encore plus puissant. Je regardais mon portable et l'enfonçais rageusement dans ma poche. Tant pis si cette dernière craquait. Le portable tomberait par terre, il se casserait et je serais obligé d'en racheter un. Tant pis, c'était la vie. Quand on perd quelque chose, ou quelqu'un, on se doit toujours de trouver quelqu'un pour remplacer cela, pour nous faire oublier nos désagréments. Que ce soit contre notre volonté ou non. Je regardais le jeune homme encore assis sur son dossier. Je le regardais, les larmes brouillant ma vue. Je secouais la tête pour les chasser.
 J'ai essayé, Fred, essayé ! J'ai beau faire un pas, c'est comme si quelque chose me ramenait en arrière. J'ai l'envie d'y arriver, la volonté de le faire. Mais j'ai l'impression qu'ils ne font pas d'efforts. Il y a des fois où tu veux faire quelque chose, tu mets tout en œuvre pour, et au final, tout s'écroule. Il y a des fois où tes rêves prennent l'allure de cauchemars. Il y a des fois où le courage te déserte. C'est ça de se sentir humain, je pense. Je n'ai jamais été plus humain que dans ma douleur. La volonté de réussir, sans avoir de soucis à côté, c'est pour le Dictateur. Et je ne veux pas lui ressembler. »

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MessageSujet: Re: Arrête de te poser des questions |Adam| Arrête de te poser des questions |Adam| Icon_minitime1Sam 31 Déc - 17:44

In the time of chimpanzees, I was a monkey. Butane in my veins and I'm out to cut the junkie. With the plastic eyeballs, spray-paint the vegetables. Dog food stalls with the beefcake pantyhose. Kill the headlights and put it in neutral. Stock car flaming with a loser and the cruise control. Baby's in Reno with the vitamin D. Got a couple of couches, sleep on the love seat.

Il sauta sur ses pieds et termina sa cigarette. En fait maintenant il n'avait plus qu'à retourner chez le marchand de tabac en racheter un paquet. Il se sentait énervé comme jamais. Il avait envie de sauter sur Adam et de le secouer un bon coup histoire de lui faire sentir combien il était dans le tord. Il s'approcha de lui et lui flanqua une gifle retentissante qui résonna dans la rue presque déserte. Ah, bah celle là, elle avait fait du bruit ! NON MAIS OH il se foutait vraiment de sa gueule ou quoi ? Il remonta sur le banc et fixa son regard dans celui de l'autre.

Ah ouais on avait peur ? Ah ouais on était un pauvre con qui n'osait rien faire ? Ah ouais on pensait trop ? Il avait tord, tord, tord, tord. Il avait envie de lui hurler en pleine figure combien il était con, idiot, nul, froussard, peureux, enflure de première classe et tout le reste. Il n'était pas loin d'exploser, il le sentait bien. Il serrait les dents pour le moment mais ça n'allait pas tarder. A l'instant présent il le détestait. Adam n'était rien de plus qu'un adulte qui croit qu'il n'a plus de rêve, qu'il ne peut plus avancer, qui a fait le tour de sa vie. OH ! Quand on s'appelle Adam Gregson, peut être qu'on a fait le tour de sa vie, enfin on le croit. Mais quand on s'appelle Frederic Host et qu'on est à l'aube de sa troisième vie, franchement, les coups de larmes du genre "mais j'ai tout essayé", on sait ce que c'est. Des paroles en l'air. Trop de paroles en l'air.

"LA FERME ! TU NE SAIS RIEN ! TU NE SAIS PAS CE QUE C'EST DE VOIR TA VIE PARTIR EN FUMEE ! T'ES ENCORE UN HUMAIN, ON L'EST TOUS D'AILLEURS ! ET L'AUTRE DICTATEUR, TU L'EMMERDES, PARCE QU'IL NE SAIT RIEN NON PLUS !"

Le dictateur, manquait plus que lui tiens. Comme si c'était comparable.

"Ecoute moi bien, Adam. T'es encore en vie. T'es jeune, en forme, tu peux tout faire. Tu peux faire exactement ce que tu veux, tu es qui tu veux. On a tous fait des conneries et les miennes ont surement dépassé les tiennes. Quand on s'est rencontré pour la première fois, tu te rappelles, j'allais bien. Je passais mes journées à me droguer et à fumer mais j'allais bien parce que j'aimais ce que je faisais. Et un jour tout m'a explosé à la gueule. J'ai été obligé de partir en cure à l'autre bout du pays et de tout abandonner derrière moi. Tu veux que ça t'arrive ? Tu veux qu'un jour les pompiers t'appellent en te disant que ta famille est morte sans que tu ai pu te réconcilier avec elle ?"

Eh ouais, ça s'est vraiment passé comme ça. Tout allait bien et d'un seul coup, BAM, le monde a cessé de tourner. Tout s'est arreté en un temps record, la fin du monde qui éclate, la peur qui monte et soudain le réveil dans un monde blanc et moche. Une catastrophe personnelle. Le bordel intersidéral. Non, Frederic ne souhaite ça à personne. C'est horrible de voir sa vie se stopper comme ça et de devoir tout recommencer à zéro. Une renaissance encore plus douloureuse que la première.

Il avait souvent eu envie de recommencer à se droguer, parce qu'il se rappelle de la sensation terrible qu'il avait quand l'héroïne circulait dans ses veines et qu'il souffrait de la piqure. Il se rappelle encore les chocs des pilules dans son organisme et il se rappelle adorer ça. Et pourtant il a peur de ce que sera sa vie s'il recommencer. Pour l'instant il n'est plus rien d'autre qu'un enfant perdu dans une bulle de larmes et de silence. Il ne sait même plus comment il s'appelle. Il ne trouve pas son équilibre il est perdu, et il est fatigué de se chercher. Il a mal au coeur et il n'y a pas de médicaments pour le soigner.

"T'es encore quelque chose de vivant Adam. T'es pas comme moi, tu ressens les choses. Tu sais par où commencer pour changer, il faut juste que tu le fasses. Moi je ne sais même plus qui je suis."

C'est pas facile de vivre sans identité. Surtout quand on croyait être quelqu'un et qu'au final on ne l'est plus. Quand la personne qu'on était s'en va en laissant un vide impossible à combler pour celle qui prend sa place.

Mais t'es pas rien Freddie. T'es vivant parce que tu penses. Tu penses peut être trop d'ailleurs. Oh, toi la ferme. Je sais que je suis vivant, la preuve t'es toujours là pour me le rappeller. Pourquoi je t'entends dans ma tête ? Peut être parce que tu es dingue, Fred. Ca doit être ça, on est cinglé. On ? Y a pas de on, tu es tout seul.

Il prit une nouvelle inspiration.

"Alors quoi tu vas rester là sur ce banc à te morfondre ? C'est pas comme ça que tu vas avancer. Va les voir je te dis. Ca résoudra tout les problèmes que tu te poses."

Si seulement c'était aussi facile.


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