Alastor c'est un peu le bourreau de Jason. Son bras vengeur que les bas travaux ne rebutent en rien et dans lesquels il semble se complaire étrangement. On ne se voilera pas la face, ce n'est pas un Adonis. L'homme est peu soigné voir débraillé, arborant des vêtements tachés, des chaussures barbouillées sans parler d'une coiffure sans forme et d'une éternelle barbe de trois jours. Ses yeux de glace ont cependant un charme aussi tordu soit-il et ce n'est pas Lecter qui dira le contraire. C'est un psychopathe ; on est d'accord sur le sujet et ses motivations valent celles de Jason, à peine un ton en dessous. Alors on le respecte, on le craint moins que le boss mais tant qu'à faire on préfère le savoir un livre à la main plutôt qu'une hache ...

Alastor est né et à vécu au Canada dans la scierie familiale, unique enfant d'un couple bourru et pas vif d'esprit. Perdu au milieu des bois l'enfant qu'il était n'avait pas d'amis et méprisait ses camarades de classe qu'il ne pouvait voir autrement qu'en basse cour stupide. Il termine ses études au lycée avec brio mais pas sans qu'on l'ait jugé dérangé à l'époque. Il faut dire que planter une fourchette dans la main d'un autre étudiant n'a pas joué en sa faveur malgré un QI de 160. Si on en croit Alastor, le gamin avait voulu le faire quitter sa place au self ...
A la mort de ses parents dans un accident de voiture il hérite de tout et reprend seul les affaires, perdu dans des dizaines d'hectares boisés. Loin de l'idée du bucheron Alastor est un amoureux de lecture, de philosophie et d'art dont il retient les détails en véritable éponge. Il aime la nature et les animaux, allant même jusqu'à tirer à vue sur les chasseurs d'ours.

Anti-social en puissance il ferme la scierie au bout de quelques années, manquant cruellement de sens commercial et vit reclus loin de la civilisation urbaine. Il se passionne pour la chasse à cette époque mais pas celle qu'on attend … la chasse humaine. Et les promeneurs venus mettre les pieds sur son terrain ne sont plus de ce monde pour raconter l'horreur de leur traque. Les corps sont découpés et broyés dans les machines à l'abandon depuis la fermeture ; Alastor sombre de jour en jour sans rien pour l'empêcher. Les années passent, des gens meurent et on ne fera pas le rapprochement avant longtemps. Sentant l'étau se refermer il quitte le Canada avec seulement quelques babioles en poches, ses comptes vidés et bien décidé à trouver à qui parler à New York..

Il a la trentaine quand il rencontre un homme étrange. Un type à la solde d'un gang, un jeune type puant le sang à des kilomètres : Jason Lecter l'a découvert bêtement dans une ruelle, sale, détrempé par la pluie battante de cet automne particulièrement froid. Ils se comprennent dans le vice et le délire, partage cette vision anarchique et violente de la vie. Tristes âmes soeurs.
« Toi, t'es mieux encore que le croque mitaines ! » Avait dit Jason, riant alors que son compagnon évoquait ses macabres souvenirs. « BoogieMan » venait au monde de la bouche même de l'autre et depuis le surnom est resté.

Jason s'empare du pouvoir, le gang grandit brusquement avec lui et le delirium suit. Descente aux enfers pour les uns, ascension pour d'autres ; Lecter fait son trou et Alastor renonce à son ancienne identité à cette époque. Il devient un monstre dans l'ombre d'un autre au sourire sanglant. C'est très bien comme ça ; parce qu'ils n'ont pas à se mentir, qu'ils n'ont pas d'attache et parce que « Boogie » a parfaitement conscience que lorsque Jason ne lui trouvera plus d'utilité il devra juste rendre l'âme. Un détail qui n'inquiète pas le Canadien. Il profite de cette vie au rythme décousu et piquant, suit la danse infernale de son patron sans jamais contredire, devenant ainsi la deuxième tête la plus crainte du groupe. C'est assez simple à faire en fait puis au fond, tant qu'il y a de la vie ... y'a de la vie et c'est suffisant ~