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S'il s'agit non de rester vivant, mais rester humain, qu'importe la découverte des faits ? - PV Daniel - CLOS
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MessageSujet: S'il s'agit non de rester vivant, mais rester humain, qu'importe la découverte des faits ? - PV Daniel - CLOS S'il s'agit non de rester vivant, mais rester humain, qu'importe la découverte des faits ? - PV Daniel - CLOS Icon_minitime1Dim 25 Aoû - 14:40



      Plus qu’un jour… une nuit. Le jour était passé. La nuit était tombée et Roger rentrait seulement de l’Académie. Il était resté tard pour préparer son cours du lendemain, qui se passerait devant… il ne savait qui. La ville entière, peut-être même le président. Et même s’il avait tout simplement prévu de ne pas faire cours et de laisser les élèves parler à sa place dans un oral, il avait dû prévoir ce que serait précisément cet examen. Il fallait bien qu’il les note pour quelque chose… mais était-ce vraiment ce que le gouvernement attendait ? Que les élèves sachent faire quelque chose ? Il était peut-être beaucoup plus intéressant qu’ils ne fassent rien. Rien, cela ne pouvait pas être dangereux. Il ne pouvait même pas leur demander de dire en toutes les langues combien le gouvernement était formidable – il leur avait trop appris à ne pas le faire, surtout lors de ses quelques derniers cours. Avant de s’opposer, que faisait-il ? Il leur montrait que la langue du gouvernement était la meilleure, que le français et l’allemand était compliqué et que c’était pour cette raison qu’il avait l’esprit embrouillé. Mais il ne pouvait plus. Dire ce genre de mots le répugnait. Sa seule chance de fuite était de ne pas parler du tout. C’était comme si, désormais, il ne savait plus parler que par double-sens. Son cerveau était comme programmé pour ne faire que des double-sens… un effet de l’Académie ? Celui des Platines était bien programmé pour débiter des louanges à Gordon. Ils ne savaient plus parler autrement que comme des serviteurs dévoués. Et lui, il avait horreur de ces éloges ; il ne pouvait parler librement où il se retrouverait en prison. Il ne pouvait que trouver un intermédiaire entre les deux. Un discours où l’on pouvait trouver les failles… Et si les élèves étaient capables de trouver ces failles, comme les autres ne le pourraient-ils pas ? Surtout quand il s’agissait de ces « autres » qui m’attendait qu’une occasion de trouver ces failles pour faire un traitre de plus, un exemple de plus en prison, un ennemi de moins… et il n’aurait rien pour se défendre. Certes, il n’était pas le seul à avoir peur pour cette journée qui touchait tout le monde, que ce soit les élèves enthousiastes ou les professeurs effrayés. Et son dernier cours aurait u se passer mieux que ça. Il devait être prudent, plus que jamais, il devait s’effacer. Ne surtout pas se faire remarquer, par qui que ce soit. Ne laisser aucune chance à qui que ce soit. Il serait blanc comme neige. Comme avant… Il ne devait penser qu’au danger afin de laisser fondre tout courage. Prison. Torture. Mort. Voilà qui pouvait en refroidir plus d’un. Les pires horreurs. La mort. Lente, douloureuse. Et sa fille serait toute seule à la maison… ou ailleurs ? Où l’enverrait-on ? Il n’avait pas de famille dans les alentours, qui serait prête à la recevoir. Et d’ailleurs, à ce sujet, il devait absolument trouver quelqu’un. Il se croyait éternel… et pourtant il était loin de l’être. Pourquoi refusait-il toujours d’y penser et fuyait-il la vérité ? Il ne pouvait pas penser qu’il serait séparé d’elle, et elle de lui. Comment vivrait-elle, toute seule ? Elle était intelligente, mais comment résisterait-elle au monde entier ?Alors, le lendemain serait le jour le plus dangereux de sa vie. Il arrivait chez lui, très tard. Dolorès devait dormir, toutes les lumières étaient éteintes. Heureusement d’ailleurs, il était presque minuit. Il était vraiment resté tard… et ne s’en était pas rendu compte. Il avait tenu le coup à doses de café. Et maintenant, comment allait-il s’endormir ? Mais il n’aurait jamais pu dormir, pas un jour comme celui-là, pas avec ce qui l’attendait le lendemain. Il fut devant la porte de son appartement, et fouilla dans la poche de sa veste. Il regarda dans son sac, entre ses dossiers, dans ses autres poches. Il ne trouvait pas sa clé. Ce n’était pas grave, il pouvait sonner et Dolorès viendrait lui ouvrir… Elle n’avait pas le sommeil lourd, surtout quand il n’était pas encore rentré. Elle viendrait à la porte et reconnaîtrait sa voix. Mais il ne voulait pas la réveiller. De toute façon, il avait caché un double dans la boite aux lettres, et la clé de la boite aux lettres était bien dans son sac, à la place habituelle. Il redescendit par l’escalier. Il n’avait pas envie de perdre de temps à attendre l’ascenseur. Une fois de retour, il introduisit la clé dans la serrure mais, avant même de tourner, il comprit que quelque chose n’allait pas. La porte était déjà ouverte… Il la poussa et entra silencieusement. Quelqu’un était entré. Le prudence s’imposait, mais brusquement, la terreur s’empara de lui. ♫ Dolorès… ♫ murmura-t-il en se précipitant au fond de la maison. Il ouvrit la porte, mais ne prit pas le temps d’allumer : Dolorès était bien là, elle dormait. Quelqu’un était forcément venu… mais elle n’avait rien. Quelque chose avait dû être volé… ou découvert ? Il cachait des livres qui feraient certainement mauvaise impression. Il ne savait pas qui était là, mais ce ne pouvait être que pour chercher des preuves… quel voleur oserait venir dans ce quartier ? Et pourtant… cette personne avait au moins volé sa clé. Voilà pourquoi il ne la trouvait pas ; il n’aurait pu l’avoir oublié à l’Académie. Quelqu’un la lui avait prise dans son bureau et était venu… Il referma la porte de la chambre de sa fille et avança discrètement jusqu’à entendre un bruit qui provenait de son salon. Cette fois, en entrant, il alluma immédiatement la lumière. Mais si le voleur était armé ? Apparemment, Roger n’avait rien à craindre : cette personne n’était autre que l’un de ses élèves. Surpris, rassuré dans un premier temps, il ne put s’empêcher de trembler. Il ne le connaissait pas bien, mais ce n’était pas un Platine. Daniel… Daniel, c’était cela. Zinc ou Plomb ? Il n’arrivait pas à s’en rappeler. Qu’est-ce qu’un élève comme lui faisait là ? Il aurait peut-être été moins surpris, et presque moins inquiet, s’il avait vu un Platine. La raison de sa venue aurait été évidente. Moins surprenant. Et c’était la surprise qui le paralysait et l’effrayait. Rien de pire que l’ignorance… Il ne devait pas avoir l’air effrayé. A partir de ce soir, jusqu’à la fin de la journée du lendemain, il n’avait rien à cacher. ♫ Que faites-vous là ? ♫


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MessageSujet: Re: S'il s'agit non de rester vivant, mais rester humain, qu'importe la découverte des faits ? - PV Daniel - CLOS S'il s'agit non de rester vivant, mais rester humain, qu'importe la découverte des faits ? - PV Daniel - CLOS Icon_minitime1Dim 25 Aoû - 23:41




Haut puis bas. Encore et inlassablement c'est ce que faisait les clés qu'il tenait dans les mains. Le bruit sec lorsqu'elles retombaient dans ses mains auraient pu gêner les autres, ce qui n'était pas le cas vu le bruit ambiant dans les couloirs de l'académie. Ah cette académie dans laquelle tout le monde le connaissait sans le connaître. Il inspirait plus de crainte aux autres que de la sympathie. En même temps qui aime qu'on dévoile ses secrets. On ne le fixait pas vraiment, on fuyait son regard, et bon nombre de rumeur circulaient sur lui. Rumeur qu'il lançait lui-même la plupart du temps. Des amis ? Très peu ou pour ce qu'on peut appeler des amis. Lexy Winchester peut-être ? Allegra Lockhart ? Ou encore Fredéric Host ? Informations d'abord, la suite sera peut-être intéressante. Le flot des élèves se dissipait peu à peu. Daniel adossé à un mur, n'avait qu'un coup de téléphone à passer pour qu'on vienne le chercher. Il pouvait le passer quand il voulait et s'était ça qui était génial. Mais à qui était donc ses clés qu'il fixait continuellement. Haut puis bas. Les clés de l'établissement ? Pourquoi faire quand il suffit de crocheté une serrure ? Les clés de chambres d'élèves pour pouvoir prendre des photos ? Non bien sûr lorsque l'on peut on s'attaque à bien plus haut. Le directeur ? Pas fou non plus. Et quand bien même le mystère qui entourait Monsieur Weins, pouvait être intéressant il n'était pas question de se faire renvoyer de l'académie tant qu'il n'aurait pas plus d'informations. Daniel se mit en marche lorsque tout le monde furent partis. Il prit son téléphone et appela son chauffeur, Maxime. Curieux qu'on appelle son chauffeur par son prénom alors que celui-ci vous appelle par votre nom de famille, mais n'allons pas faire de crise. Daniel lui demanda de le rejoindre devant le portail. La nuit tombait, peut-être trop rapidement, d'après le jeune adulte. Il n'aurait pas beaucoup de temps.

Marchant tranquillement vers les grilles, il passa devant les bureaux des professeurs et observa ... ce qu'il voulait observer. Un sourire illumina son visage. Il ne se précipita pas plus. Les mains dans les poches, son pull en V enfilé par le froid nocturne, jean basket dans des couleurs sombres, un adolescent normal rentrant chez lui. La volvo noire (pour changer) l'attendait sagement devant le grillage. Daniel soupçonnait Maxime d'être allé acheter des cigarettes, grand vice du chauffeur qui en fumait plus que nécessaire. Tant pis l'argent de l'essence serait retiré de sa paye. Le jeune Lassiter rentra dans la voiture, à l'arrière bien sûr. Une fois la porte fermée et le moteur en route, il souffla à son chauffeur : « Nous n'allons pas à la maison, enfin pas tout de suite. » Il lui donna une adresse qui se situait dans le quartier ouest. Maxime observa son maître par le rétroviseur, mais en bon employé ne demanda pas plus de précision « Et donne moi une de tes clopes ! ». Le chauffeur à contre coeur balança à l'arrière un paquet de cigarettes où il en manquait déjà trois. Si son grand-père avait été là, il n'aurait sans nul doute pas supporter que son petit-fils fume et encore moins dans sa voiture qui lui était si chère. Mais monsieur Lassiter n'était plus là et même si Daniel aurait pu montrer sa bonne éducation, par esprit de contradiction alluma donc sa cigarette et commença à fumer. Cela l'aidera pour ce qu'il comptait faire après. Le tabac rentrait dans ses poumons, lui faisant ressentir du bonheur mélanger à une sorte d'anti-stress. Bonheur et Daniel ? Très rare de mettre ça dans une même phrase. Était-il heureux ? Oui on aurait pu le dire vu tout l'argent qu'il avait. Pourtant, très seul au fond, il aurait pu changer de mode de vie et être plus jovial avec les autres. Mais que préférer inspiré ? La crainte ou la joie ? La joie vous pouvez être sûr qu'on ne vous prend jamais au sérieux après, alors qu'une seule menace prononcée sous la crainte, pèse lourd dans le cerveau. Daniel avait un esprit très calculateur et devait avouer que même si la solitude le pourrissait parfois, elle avait été son amie il fut un temps.

Enfin la voiture stoppa net et il se retrouva devant un grand immeuble. Il demanda à Maxime d'aller se garer non loin, qu'il le rappellerai quand il serait prêt à partir. Inutile de lui dire s'il en aurait pour long ou pas. D'abord, parce que ce n'était pas les affaires de son chauffeur et ensuite parce qu'il ne savait pas combien de temps il aurait besoin. Daniel ignorait si la personne chez qui il se rendait aurait eu l'audace de cacher plus que ce que l'on pense. Un bureau fouillé déjà légèrement tout au moins, mais aller chez la personne c'est tellement plus intéressant et niveau adrénaline il n'y a pas mieux. Il observa les noms sur les boîtes à lettre :« Manesse ». Il prit l'ascenseur, n'ayant pas l'habitude de monter aussi haut et arriva enfin dans l'appartement. Les clés qu'il tenait dans les mains lui servir à ouvrir la porte. Comment avait-il eu les clés ? Mystère, il avait toujours plus d'un tour dans son sac. Il faisait noir et il se demanda s'il devait allumer la lumière puis renonça. Mais avant même de commencer sa fouille, Daniel inspecta les pièces pour vérifier ce qu'il avait vu à l'académie dans le bureau du professeur. La chambre était vide. Mais la voisine ne l'était pas. Il n'alluma pas, mais entendis une respiration, il s'approcha et vu une gamine qui dormait tranquillement. Elle aurait pu se réveiller s'il n'avait pas fait attention. Daniel avait toujours su se faire discret.  À cet instant précis pourtant il pensait que Monsieur Manesse était un irresponsable de laisser une petite fille comme ça seule. Sûrement une histoire derrière tout ça. Qu'il découvrirait. Il se lança alors à l'abordage du salon. Daniel aimait fouiner, quand ce n'était pas important il embauchait quelqu'un de compétent pour aller chez les gens, bien que la plupart du temps c'était lui qui faisait le boulot. Ce n'était pourtant pas un secret, le jeune Lassiter avait des problèmes d'argent ses temps-ci, n'étant pas son grand-père et ne pouvant pas intervenir depuis l'académie. Mais depuis qu'il était à Weins, Dany avait compris que l'argent ne faisait pas tout. Il s'approcha de la bibliothèque espérant trouver quelque chose d'intéressant. Il ne trouva que des livres sans intérêt. Il fit tomber un livre par inadvertance et s'aperçu que derrière tout les livres inutile, il y en avait d'autre plus intéressant. Il enleva des livres pour observer les nom des livres compromettant : Mars ou la guerre jugée de Alain, Eichmann à Jérusalem d'Hannah Arendt, 1984 d'Orwell, et d'autres comme Sartre, Camus, un certain Victor Hugo et d'autres philosophes qu'il utilisait parfois dans ses cours. Bien sûr Daniel était un élève assidus et exemplaire qui allait à tous les cours. Daniel sortit son appareil photo et pris quelques photos de l'appartement, le flash éclairant toute la pièce comme des éclairs, qui n'atteignait heureusement pas les chambres. Le jeune Lassiter, pris un livre au hasard observa la quatrième de couverture et se fit la réflexion que monsieur Manesse avait en effet quelque chose à cacher. Il se mordit la lèvre comme une victoire. Sa montre indiquait les environs de neuf heures. Daniel se lança alors dans la lecture de 1894, commença les deux premiers chapitres avant de le glisser dans son sac en bandoulière. Il se dirigea vers la cuisine. C'était bien la cuisine d'un homme célibataire, vivant avec une gamine. Oui il y a des choses qui ne trompent pas, même si Monsieur Manesse semblait ne pas afficher cet effet là. Aucune femme dans cette maison, il en était sûr. Divorcés ? Veuf ? Il approcha de quelques cadres qui se trouvaient sur une commode et constata que madame Manesse était très belle pour son âge. Mais c'était des veilles photos et la piste de la mort semblait plus probable. Pourtant, Daniel sentait quelque chose d'autre. Il fouilla un peu plus dans des dossiers qui n'étaient pas plus compromettant que ça mais juste pour en savoir un peu plus sur son interlocuteur. La mort était exclue. Arrêtée. Pas étonnant venant d'une résistante au régime. Résistant, adhérant, Daniel en avait strictement rien à faire de la politique même si à Weins on lui demandait souvent son avis. Qu'il ne donnait pas évidemment. Il chercha un lieu où Monsieur Manesse mettrait ses prochains cours, mais il se doutait que tout était dans le bureau qu'il avait déjà fouillé. Il retourna dans le salon.

Cela faisait déjà un petit bout de temps qu'il était là, observant les étagères, prenant le plus d'informations possibles, lorsqu'il entendit une clé qui essayait d'ouvrir la porte. Erreur tactique, il n'avait pas fermée la porte. Monsieur Manesse devait essayer de rentrer chez lui. Zut ! Il se douterait que quelqu'un était chez lui et l'effet de surprise sur ce qu'il avait appris, ne serait pas au rendez-vous. Daniel avait un plan pourtant. Il n'arrêta pas de fouiller, sachant très bien qu'il se faisait prendre, mais pour faire comme s'il voulait fuir, il fit tomber un objet sur le sol, qui émit un bruit sourd, assez fort, mais pas trop. Aller on signale sa présence, c'est gentil pour le pauvre mec. Monsieur Manesse alluma la lumière du salon et observa son voleur, le reconnaissant sûrement. Daniel lui releva juste la tête vers son professeur comme si c'était totalement normal qu'il soit là et qu'on l'avait invité. L'hôte qui n'en était pas un lui demanda ce qu'il faisait ici. Daniel sourit mentalement. Il se redressa tranquillement. Plus loin son sac traînait avec son appareil photo et le livre qu'il avait emprunté. Le jeune adulte fixa l'ancien qui devait avoir plus peur que lui.

« Ce que je fais là ? … euh, il fixa la pièce, et reprit d'un air innocent : je fouille.

Pardon ? Pourquoi avouer son crime au lieu de trouver une excuse. Allez me trouver une excuse pour être chez votre professeur illégalement sauf si vous êtes amoureux de lui je ne vois pas trop. Daniel alla s'asseoir sur un fauteuil, presque comme s'il était dans son appartement, appartement qu'il aurait pu acheter soit-dit en passant. Il regarda une photo de Monsieur Manesse et de sa fille, puis continua à parler.

«  Votre fille est très mignonne quand elle dort, dommage qu'elle ne connaisse pas sa mère. Fit-il d'un ton neutre, puis montrant la bibliothèque. Ah et vous avez une superbe bibliothèque pleine de livres d'auteurs qu'on ne voit pas beaucoup en ville. Vous avez dû les payer très cher. Et puis je vois que ceux qui vous intéressent sont assez … particuliers.

Lançons les hospitalités ! Bonsoir monsieur Manesse, près pour avouer tout vos secrets ?
made by ℬlue ℐⅴy

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MessageSujet: Re: S'il s'agit non de rester vivant, mais rester humain, qu'importe la découverte des faits ? - PV Daniel - CLOS S'il s'agit non de rester vivant, mais rester humain, qu'importe la découverte des faits ? - PV Daniel - CLOS Icon_minitime1Mar 27 Aoû - 14:40




Rester humain...




Un de ses élèves, en train de fouiller, chez lui, et surtout : pas DU TOUT dérangé. Il était là comme si c’était normal d’entrer par effraction chez les gens et de se promener dans leur maison. Par effraction ? Pas si sûr. Il avait une vague idée de la raison pour laquelle il ne retrouvait plus ses clés, à présent. Mais c’était bien le dernier de ses soucis pour le moment. Quoi que, s’il oubliait de reprendre ses clés, celui-là pourrait certainement revenir bientôt… peut-être accompagné de quelques amis. Roger ne perdit pas de temps pour réclamer : ♫ Est-ce que vous pourriez me rendre mes clés maintenant ? Elles ne doivent plus vous être très utiles, vous êtes à l’intérieur. Et je me ferai un plaisir de refermer derrière vous quand vous partirez. ♫ C’était sans doute surprenant de l’aborder de cette façon. Sans doute pas ce à quoi il s’attendait… Daniel. Etrange qu’il ait retenu son nom. Il ne se souvenait jamais du nom de personne. A croire qu’il le trouvait louche puis déjà un moment, pour s’en être rappelé. Il y avait toujours une raison… Mais voilà donc la si prestigieuse éducation que l’on donnait aux étudiants de Weins ! Pourtant, il lui semblait que les valeurs enseignées étaient l’ordre, la discipline, la « morale »… ou du moins leur morale, toujours est-il que c’était une morale qui interdisait d’entrer chez les gens sans raison. Surtout lorsqu’on était un simple étudiant. Il n’y avait que la police qui pouvait se le permettre. Daniel s’était installé comme s’il était chez lui et n’avait pas eu peur de lui répondre, tout naturellement : « je fouille. » Et s’il n’avait pas peur de le dire… peut-être n’était-ce pas lui qui avait le plus à craindre entre eux deux ! Certainement pas d’ailleurs. Roger avait beaucoup trop de choses à cacher dans cet appartement. Et immédiatement, il répondit : ♫ Vous fouillez ? Pourquoi ?... Pour qui ? ♫ Pour qui, c’était ce qui l’inquiétait le plus. Qui avait envoyé Daniel, qui soupçonnait déjà Roger. Beaucoup trop de monde, malheureusement. Il suffisait de voir ce qui se passait à l’Académie. Peut-être avait-il été trop loin ces derniers temps… sans doute. Et il ne pouvait pas savoir ce qui se passait dans la tête de Daniel, si ce visage qu’il affichait correspondait à ce qui se cachait derrière. Il avait largement l’impression que le garçon se sentait supérieur et avait un avantage. Depuis combien de temps était-il là ? Il avait dû venir dès la fin des cours, profitant du fait que Roger soit resté travailler tard. Il avait eu le temps de chercher. D’ailleurs, Roger jeta instinctivement un regard au plus dangereux : la bibliothèque. Il était extrêmement manique sur la façon dont il rangeait et classait les livres sur les étagères. Certains avaient été déplacés, il le remarqua tout de suite. Alors, peu importait ce qu’il était vraiment venu faire ici, il avait trouvé ce qu’il cherchait. Il avait même, apparemment, espionné dans la chambre puisqu’il savait que sa fille dormait. Il avait eu de la chance de ne pas la réveiller, ou Roger serait devenu fou. Et plus encore… « dommage qu’elle ne connaisse pas sa mère. » Il regardait une photo de Dolorès et lui. Juste en face. Mais apparemment, il ne s’était pas contenté de cela. Il avait été voir plus loin, dans son bureau. Mais brusquement, Roger n’avait plus envie de se défendre. C’était bête, mais évoquer Camille était douloureux, et il n’en avait jamais entendu parler depuis qu’elle était morte. Il l’avait oubliée… il y avait ces photos chez lui qu’il ne voyait même plus… et Daniel touchait certainement sans le vouloir le pire des points sensibles. Le point qui était capable de le paralyser.

Contenant sa douleur, il se dirigea vers la bibliothèque, au moment où Daniel la désigna pour indiquer clairement qu’il avait déjà fouillé. Mais ce n’était pas ce que Roger voulait voir. Il enleva les livres autorisés pour regarder la bibliothèque secrète, l’air dur pour cacher la souffrance. Ce n’était qu’un nom, pourtant… un fantôme avec lequel il avait appris à vivre. Il le croyait… Mais non, il n’avait jamais appris à vivre avec, il l’avait fui. Mais comme le dit Nietzsche, plus on fuit le fantôme, plus violemment il nous rattrape. Roger ne mit pas beaucoup de temps à trouver ce qui avait disparu. Comme pour les ouvrages qui recouvraient cette partie secrète, il était très précis dans la disposition. 1984 d’Orwell… Un des plus dangereux, sans doute. Mais qu’est-ce qui n’était pas dangereux là-dedans ? Mais comme il n’avait rien pour sa défense, il décida de jouer le jeu et prit une chaise pour s’asseoir en face de Daniel, les bras croiser. Et quelle menace pouvait-il donner ? Appeler la police ? Pour dire que quelqu’un était entré chez lui et avait de quoi prouver qu’il était contre le gouvernement, lui, un professeur de l’Académie Weins ? Non, Daniel n’avait pas peur, et il n’avait aucune raison d’avoir peur. Roger tremblait mais refusait de le montrer. Il prit le ton le plus sec possible pour lui rétorquer : ♫ Oui, ils m’ont coûté assez cher… et des voyages dans les pays d’origine pour pouvoir les trouver. Comme vous le savez sûrement, les voyages dans les pays étrangers ne sont pas faciles à faire. Même pour des raisons professionnelles, ça demande beaucoup de démarches et d’argent. Je sais qu’au niveau de l’argent je n’ai pas à me plaindre, mais j’ai aussi eu besoin de beaucoup de temps et d’abandonner ma fille ici une semaine avec quelqu’un qu’elle ne connaissait pas… et j’ai horreur de la laisser seule avec quelqu’un. D’ailleurs, à ce propos, si je n’avais pas peur de la réveiller, je vous ferai certainement payer le fait de vous être approché d’elle, parce que c’est le genre de chose qui me fait perdre mon sang-froid. Mais peu importe pour le moment, revenons à mes livres. Vous avez visé juste, ils sont précieux. C’est pourquoi j’aime bien qu’on me demande la permission avant de m’en emprunter un. Surtout quand c’est mon préféré. Alors si maintenant vous vouliez bien me rendre mon livre, s’il-vous-plait. La prochaine fois, il suffit de me demander, je ne suis pas égoïste au point de garder pour moi des livres introuvables. Je préfère toujours savoir les jeunes en train de lire plutôt… qu’en train de fouiller les appartements de leurs professeurs. ♫ Et malgré tous les problèmes qui semblaient lui tomber dessus, sa seule préoccupation restait de ne pas réveiller Dolorès. Elle devait être exemplaire à l’école pour ne pas attirer l’attention sur eux. Il avait autre chose à faire que de s’occuper de l’école primaire. Maintenant plus que jamais. D’ailleurs, les instituteurs devaient le savoir.

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MessageSujet: Re: S'il s'agit non de rester vivant, mais rester humain, qu'importe la découverte des faits ? - PV Daniel - CLOS S'il s'agit non de rester vivant, mais rester humain, qu'importe la découverte des faits ? - PV Daniel - CLOS Icon_minitime1Mer 28 Aoû - 13:19




Daniel trouvait Monsieur Manesse fort intéressant et plutôt comique. Il était en colère cela était certain, mais qui ne le serait pas de trouver quelqu'un chez soi. Dany fut d'ailleurs étonné que son professeur ne se promène pas avec un truc pour taper sur le voleur au cas où. Le jeune homme aurait pu être armer. Cela aurait été moins amusant, puisque mort Roger Manesse ne lui servirait plus à rien et il aurait perdu une nuit. Daniel Lassiter détestait perdre son temps. Pour lui chaque heure pouvait lui être bénéfique et rester stoïque sans rien faire ne lui plaisait guère, encore moins quand il accomplissait quelque chose pour rien. Donc assassiner Monsieur Manesse n'était pas dans les projets de ce soir et quand bien même il aurait pu, Daniel n'en aurait pas eu le courage. C'était lâche de sa part, il est vrai. Le jeune garnement, savait très bien que le professeur pouvait l'aider. À quoi ? Ho cela,il le déciderait en fonction de comment réagirait l'autre. Il s'étonna que ce dernier ne nie pas. Après tout, pourquoi mentir ? La conversation risquait fort d'être très honnête, limite de partir en bombe nucléaire. Et Daniel adorait ça. Lorsque l'adulte lui demanda de lui rendre ses clés, Dany se rendit compte qu'en effet il les avait encore, certains de les avoir posés sur une table. Il fouilla dans ses poches d'une manière peu élégante quand on est assit sur un fauteuil et balança les clés sur la table basse du salon, bruit sourd à nouveau en tombant sur les feuilles qui traînaient là.

« Tenez c'est vrai qu'elles me seront moins utiles maintenant que vous êtes là ».

Vraiment lui dire qu'il était près à le jeter dehors était fort drôle. Il pouvait le faire, Daniel s'en fichait comme de sa première paire de chaussette (des bleus à carreaux très bonnes qualités et très douce), ayant déjà eu ce qu'il désirait. Malgré son ton coléreux, le jeune élève arrivait à percevoir sur le visage du professeur, une sorte d'angoisse. Oui il faisait bien de craindre Daniel Lassiter, qui en savait plus long sur lui que quiconque à présent. Lorsque ce dernier avait décidé de faire des recherches sur ses professeurs, il ne s'était pas dit qu'il tomberait sur une pépite d'or comme celle-ci. Mais il n'allait pas s'en plaindre. Roger Manesse était quelqu'un de bien plus grand que lui, autant en âge qu'en taille et il se demanda s'il serait capable de taper quelqu'un comme Daniel. Sous la colère, on peut faire beaucoup de choses dont on n'a pas l'habitude. Tout ce que savait le jeune homme c'est que si jamais on lui tapait dessus il ne survivrait pas. Il devrait peut-être prendre des cours d'auto-défense, ce serait très bénéfique pour lui. Certes il serait impuissant devant quelqu'un comme Caleb ou James, mais face à Roger peut-être plus déjà. Il pensa à Lexy qui pourrait sans nul doute le mettre à terre si elle le désirait. Sourire mental. Monsieur Manesse répondit avec un soupçon de crainte, lui demandant pourquoi il fouillait et pour qui. Pourquoi ? Pour son plaisir malsain. Pour qui ? Pour lui seul en ce moment. Daniel savait très bien ce que craignait Roger vu tout ce qu'il avait à cacher. Lassiter hésita à lui mentir, mais sachant que son interlocuteur ne semblait pas vouloir jouer avec lui, il répondit d'une voix nonchalante en passant sa jambe sur son genou :

« Pourquoi je fouille ? L'apprentissage, apprendre, on nous enseigne à l'acédémie qu'il faut tout savoir, alors je me renseigne. Mon employeur pour le moment se trouve être ma propre personne, mais qui peut savoir si mes informations ne s'échapperaient pas par-ci ou par-là si on a de quoi les obtenir.

Il venait clairement de faire comprendre à Roger que ce qu'il avait appris ne resterait pas sagement dans son cerveau. Daniel réfléchissait déjà qui ça, intéresserait de savoir ça. L'académie bien sûr, des élèves un peu influents sur la ville qui voudrait faire chanter leur professeur, quelques platines vengeurs qui lui feraient passer un mauvais quart d'heure. Mais si Roger lui proposait quelque chose de bien plus alléchant, peut-être garderait-il tout ça pour lui. Peut-être diront nous bien. C'est comme les affaires, ou les enchères, plus tu renchéris mieux c'est. Qui sera le grand vainqueur ? On ne le sait qu'à la toute fin. Daniel suivit le regard du pauvre homme vers la bibliothèque. Parfois il arrive que lorsque quelque chose bouge dans votre pièce, que quelque chose n'est plus à sa place ou mal rangé, on le sente directement. Roger devait sûrement être un de ceux là pour se diriger ainsi vers la bibliothèque. Daniel ne disait pas un mot pour le moment, enfin il aurait pu, mais était trop occupé à attendre la réaction fascinante d'un homme quand il découvre qu'on l'a volé. Volé ? Non, emprunter sans permission. Roger s'aperçut tout de suite de cela. Daniel Lassiter avait aperçu une corde sensible lorsqu'il avait fait mention de la petite Manesse et de sa mère. Point faible, dangereux. Comme une mère, Daniel sentait que Roger ferait tout pour protéger sa fille et c'était compréhensif. Enfin pas vraiment pour le jeune garçon. On lui avait toujours appris qu'il devait se protéger par sa propre personne, sa mère ne pouvant rien pour lui et son grand-père étant capable de le laisser dans sa merde après l'y avoir mis. Daniel avait hérité de ce don pour mettre les autres en désarrois. Bien souvent il s'amusait à gagner la confiance des gens pour mieux la trahir par la suite.

Roger pris une chaise et s'assit, bras croisé en face de lui. Pas content du tout le vieux. Les yeux bleus fixaient les yeux marron. Sentait-il la peur qui montait dans le corps de son professeur ? Peut-être, étais-ce ce sentiment ou un autre. Daniel ne craignait pas l'homme en face de lui, bien au contraire il se savait en position de force. Roger se lança donc dans une tirade sur ses livres, ses voyages, son argent et tout le reste. Daniel Lassiter n'écoutait que d'une oreille, mais comprenait très bien les propos. Lorsqu'il parla de sa fille, de ne pas la réveiller et de lui faire payer, Daniel eut un rictus qui s'effaça très rapidement. Oui il s'était certes approchés de la petite fille qui dormait, mais ne lui aurait jamais fait aucun mal. Daniel blesser quelqu'un ? Il ne le ferait pas, enfin pas directement. Il parla de 1984 le livre que Daniel avait emprunté, lui demandant de le lui rendre. Mais Dany trouvait cette lecture très passionnante pourquoi ne pas le garder et le lui redonnait quand il aurait terminé ? Il sortit le livre de son sac après l'avoir préalablement attrapé. Continuant à fixer Roger Manesse, il posa le livre délicatement à côté des clés, assez proche de lui pour le reprendre si besoin et assez loin de l'autre pour qu'il ait besoin de se lever.

« Bien monsieur, il est vrai que la lecture est un bon passe-temps surtout quand il s'agit de lire ce genre de livre. Mais je dois vous avouer que fouiner est un vice dont je ne saurais me défaire pour le moment. Il eu à peine fini sa phrase, qu'il reprit. Puis-je vous emprunter ce livre donc ? Vous serez gentil.  Il prit le livre d'un air très innocent sans même attendre la réponse de Monsieur Manesse.

Il posa le livre sur ses cuisses et posa ses coudes sur ses genoux de sorte à ce que l'autre ne puisse pas attendre le bouquin. Sa chemise se souleva et on put lire son tatouage. Sans doute que Roger l'interpréterait d'une façon autre que celle de Daniel. Son regard était devenu sombre, prêt à se lancer dans les affaires sérieuses. Assuré, arrogant tout ça pour un seul homme influent.

«Bien maintenant que cette histoire de livre est réglé parlons de choses plus intéressantes. Votre fille je n'en ai que faire et encore moins de l'histoire tumultueuse que vous avez eu avec sa mère. Cette histoire je vous la laisse. Je sais déjà tout ce que je voulais savoir. Vos livres sont condamnables, bien que fort intéressants et je pense qu'il serait dommage que l'on ne vous voit plus à l'académie. Je pourrais donner tout ça à qui je veux, mais peut-être avez-vous quelque chose de mieux à m'offrir, même si j'en doute.

Tant pis, Daniel avait le pouvoir ce soir et suicidaire il l'était. Que le jeu commence.
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MessageSujet: Re: S'il s'agit non de rester vivant, mais rester humain, qu'importe la découverte des faits ? - PV Daniel - CLOS S'il s'agit non de rester vivant, mais rester humain, qu'importe la découverte des faits ? - PV Daniel - CLOS Icon_minitime1Mer 28 Aoû - 23:38




Rester humain...




Les clés tombèrent sur la table basse du salon avec un bruit sourd. Roger hésita à se précipiter dessus pour les récupérer. C’était important. Mais il y avait plus important encore. De toute façon, il ne les oublierait pas et Daniel ne repartirait pas avec. Il ne laissait passer aucun détail dans une situation d’urgence. Il voyait, par exemple, de quelle façon son interlocuteur scrutait son visage, comme pour voir le moindre signe de faiblesse qui s’en échappait. Et pour avoir l’air détendu, Roger répondit d’un ton tout à fait naturel, si naturel en réalité qu’il s’étonnait lui-même d’avoir réussi à garder son sang-froid à ce point : ♫ Merci. ♫ Pourtant, elles n’étaient pas encore dans sa main, et il se  sentirait en danger tant qu’il ne les aurait pas récupérées. Mais en quoi était-ce si important ? S’il avait pu les lui voler une fois, il pourrait recommencer. A croire qu’ils n’étaient plus en sécurité nulle part. Personne. Pas même les partisans du régime, après tout. Ils étaient prisonniers ; des idées qu’on leur avait imposées, des pensées qui s’étaient glissés dans leur esprit. Est-ce qu’ils n’avaient pas le moyen d’être plus libres qu’ils ne l’avaient jamais été, maintenant ? Ils avaient perdu tous leurs droits : le droit de parler. Le droit de penser. Le droit d’avoir sa propre maison, d’être protéger : Roger ne pouvait même pas compter sur la police pour le protéger. Montesquieu avait définit la liberté politique comme la sûreté : le fait de ne pas craindre son voisin. Aujourd’hui, il craignait son propre élève, qui avait tous les pouvoirs sur lui. Il n’avait jamais cru que cette liberté politique soit vraiment une liberté. Malgré tout, il ressentait plus que jamais ce manque de liberté dans ce pays. Ils étaient insultés en face chaque jour et il fallait se taire. Partout dans les lois, sur les murs, dans les journaux, sur l’écran, il voyait ce portrait immonde que les dirigeants voulaient lui donner de lui-même : le visage de l’ennemi, du danger, du criminel. Et peut-être qu’en fait, à cause de tout cela, il était libre. Puisque le venin lancé par Michael Gordon se répandait autour de lui jusque dans leurs pensées, chaque pensée juste devenait une conquête, une lutte. Combien de forces, d’efforts pour rester sur le droit chemin, pour continuer en croire au Bien et à la Justice ! Puisqu’une police toute-puissante cherchait à les contraindre au silence, au secret, à se cacher, peut-être à racheter ses propres secrets ou à nier, comme il serait bien forcé de le faire si les choses tournaient mal, chaque parole devenait précieuse comme une déclaration de principe. Puisqu’il était traqué, même par ses propres élèves, chacun de ses gestes avait le poids d’un engagement. Et les dangers, les peurs, le risque de mettre sa fille en danger, la seule personne au monde qui comptait pour lui, bref, les circonstances souvent atroces de son combat contre des fantômes le mettait enfin à même de vivre cette vie déchirée et insoutenable. De vivre la condition humaine. Il faisait son combat pour l’humanité, pour la morale, il se dressait contre bien plus forts que lui pour enseigner à ses élèves ce qu’était vraiment l’homme. C’était tellement facile de savoir ce qu’il avait à faire, en de telles circonstances – le plus difficile était de le mettre en pratique. L’exil, les arrestations et les enfermements, la mort. Tout ce qui se masquait habilement dans les époques heureuses, c’était devenu leur vie. Sa vie. Ce vers quoi il tombait perpétuellement en essayant tant bien que mal à se rattraper avec ce qu’il avait. C’était ça, l’objet perpétuel de ses soucis et de ses craintes. A chaque seconde ressortait pleinement cette phrase trop clichée et banale que l’on répétait depuis la nuit des temps : Tous les hommes sont mortels. Surtout lui. Et c’était là, dans cette époque sombre, que chacun avait la possibilité de faire enfin un choix authentique de lui-même, puisqu’on le faisait toujours face à la mort, puisque chaque choix pour soi-même exprimait : « Plutôt la mort… ». Et toute l’angoisse due à cette condition humaine qu’il ressentait lourdement, il essayait de faire connaître à ses élèves sans en avoir le droit. Et comment ? Ils n’avaient plus de droit d’être des hommes. Mais voilà comment cela se terminait : avec son propre élève dans son salon, un de ceux que, pourtant, il a voulu sauver. Un de ses élèves qui osait lui prétendre en face que c’était grâce à l’Académie dans laquelle Roger enseignait que lui était venue l’idée de fouiller, par sa propre initiative. Pour gagner quoi ? Ce qui lui tomberait sous la main. Prêt à commettre les pires atrocités pour gagner son croûton de pain. C’était ça, la guerre. La vraie. ♫ Eh bien, pour parler franchement, j’aurais préféré savoir que c’était quelqu’un qui vous envoyait. Vous fouillez pour vous-même, pour le plaisir ? J’aurais préféré apprendre que la cruauté d’un homme vous aurait poussé jusqu’à vos extrémités, que vous auriez essayé de dire non jusqu’à faiblir. Là, au moins, vous auriez vraiment suivi ce que l’on vous enseigne à l’Académie. Du moins, ce que je vous enseigne. Vous retrouver à la limite même de votre liberté, votre pouvoir de résistance aux supplices et à la mort… si vous refusiez d’obéir. Non, je ne vous en aurais pas voulu. Je vous aurais peut-être même aidé. J’aurais collaboré, je me serais sacrifier, et ça n’aurait pas été pour me sauver, mais pour vous sauver, vous. Mais puisque personne ne vous envoie, je vais devoir essayer de me sauver. ♫ Il n’avait pas besoin de courage pour lui parler de la sorte : c’était son métier, c’était sa vie. Peu importe le temps qu’il durerait, il s’était juré de représenter le genre humain, même s’il était le dernier de l’espèce. Il ne ressemblait en rien à un vrai soldat de guerre, il ne combattait pas au grand jour : traqué dans la solitude, arrêté dans la solitude ; s’il se faisait prendre, ce serait dans le délaissement le plus complet et le plus absolu. Dans ce même délaissement il résisterait aux tortures – s’il y résistait ! Seul et nu devant des bourreaux bien rasés, bien nourris, bien vêtus qui se moquaient de sa personne misérable. Un bourreau à qui une conscience satisfaite et une puissance sociale satisfaite donnait tout l’air d’avoir raison. Quant au fait de devoir se sauver dans l’immédiat, il n’avait pas le choix : Daniel avait clairement l’intention de répéter ce qu’il avait découvert… voire de le montrer, puisque, d’après ce qu’il avait pu remarquer, son élève ne s’était pas gêné pour lui voler quelque chose, en plus de s’être introduit chez lui. Mais ce n’était pas plus mal. Dans quel pays serait-il, si les jeunes entraient par effraction quelque part juste pour voir, sans la moindre intention d’emporter un objet avec eux !

Il avait réclamé son livre. Daniel fit mine de le lui rendre, mais il ne tarda pas à le récupérer en demandant faussement s’il pouvait l’emprunter. Il jouait sur les mots, oui, mais il avait raison… quel dommage que ce soit cet esprit vif et éclairé qui soit en train de lui faire passer cet interrogatoire ! Pourquoi avait-il choisi si mal son camp ? Roger était Socrate, Daniel était son Alcibiade. Puisque la justice n’existait plus, soyons injuste. Voilà qui garantissait sans doute une place dans la société, une place de bonheur. Lui emprunter 1984 ? Roger n’y voyait aucune objection. Un livre qui se terminait sur la victoire du gouvernement totalitaire, qui écrasait ses héros, qui donnait tort à ses Résistants en montrant leur faiblesse infinie ? Leurs points faibles ? Heureusement que les livres étaient trop interdits pour que Daniel y connaisse quelque chose. Roger avait eu de la chance qu’il choisisse celui-là. Il pourrait encore s’en sortir avec un scénario farfelu. Il pouvait être sauvé grâce à 1984. ♫ Bien sûr. Gardez-le pour le moment, lisez-le… Je vous demande juste de ne pas oublier de me le rendre. J’y tiens beaucoup. Je n’ai pas menti en disant que c’était l’un de mes préférés. Et, ensuite, vous viendrez me donner votre avis, ça me ferait plaisir. Et au passage, la prochaine fois, inutile de venir fouiller pour trouver des livres intéressants, demandez-moi directement. Je sais qu’on ne vous sert pas de la grande littérature à la bibliothèque de l’Académie. Cela doit vous manquer, je suppose ? Tout le monde n’a pas les moyens d’aller en Europe juste pour quelques bouquins, d’une édition trop moderne pour avoir de la valeur… ♫ Malgré tout, il abandonnait George Orwell. Il ne possédait pas de tels livres pour le plaisir de les garder bien au chaud derrière sa bibliothèque : il en avait besoin pour ses cours, pour lui-même. Il avait besoin de cet espoir pour savoir que tout n’était pas encore perdu. Mais s’il fallait faire un sacrifice, ce serait celui-là. Sacrifice inutile, peut-être ? Daniel se moquait de la lecture, et il ne tarda pas à avouer ce qui l’intéressait : gagner. Gagner quelque chose, n’importe quoi. Comme à la guerre. Au moins, il n’approcherait pas sa fille. Du moins, pas directement. Il n’en avait que faire, et c’était bien là le problème : il n’avait pas l’air de craindre de mettre en danger la plus innocente des enfants. Mais quel monde avaient-ils créé ? Ou était l’amour, la compassion, ou simplement l’Homme ? Ou était Dieu ? Il était mort avec tout le reste. Où était l’espoir d’une vie après la mort ? Si seulement il avait pu utiliser ce prétexte, rien que ce prétexte, pour guider certains vers l’objectif qu’il s’était donné, ce serait tellement plus simple ! Malheureusement, il n’y avait plus rien que des gens qui voulaient gagner, prendre. Quelque chose de mieux ? Oh oui, il avait mieux à lui offrir : la liberté. La vie humaine. Une existence heureuse. Il avait bien la prétention de l’apporter un jour à quelqu’un, ne serait-ce qu’une seule personne. S’il se sortait de là… parce que, qu’il le veuille ou non, il était en difficulté et avait besoin d’un plan pour s’en tirer. Le plan était simple : la première partie, l’argumentation. La partie la plus humaine. Et il espérait ne jamais avoir à aller plus loin… il espérait qu’il y aurait encore assez de raison et de bon sens dans l’esprit d’un jeune homme pour vaincre de cette façon-là. Mais si cela ne marchait pas… Deuxième partie, la menace : jouer sur les sentiments et surtout, le sentiment de peur. Mais irait-il menacer un de ses élèves ? Ce n’était pas ce genre d’existence qu’il voulait leur enseigner. S’il pouvait d’ailleurs leur enlever ces idées de la tête… Mai où serait-il plus utile ? En prison, mort ? Ou en essayant de sauver tous les autres, malgré celui qu’il aurait sacrifié ? Et n’en sacrifier qu’un pour sauver tous les autres, était-ce juste ? Troisième partie, se vendre. S’il n’y avait plus d’espoir. Se soumettre, et faire tout ce qu’il lui demanderait – du moins, le plus possible, jusqu’au moment où il ne pourrait plus obéir. Et il avait beaucoup trop appris, ces deux dernières années, à désobéir. Il y était habitué.

♫ Vous avez l’air très fier de vous, vous savez ? Vous avez raison. Moi aussi, je suis fier de moi. Pour ce que vous croyez pourtant être honteux, si je vous suis. « Condamnables, » avez-vous dit. Et pourtant, à qui fais-je du mal, en ayant ces livres bien dissimulés chez moi ? Ce n’était même pas comme si quelqu’un pouvait les trouver par hasard. J’ai bien dit « par hasard », je ne parle pas de quelqu’un qui serait venu dans le but précis de fouiller pour découvrir je ne sais quoi. Je ne vais pas vous dire que vous n’avez aucun intérêt à venir fouiller ici… au contraire, c’est tout à votre intérêt. Vous n’avez que de l’intérêt. Vous pensez que vous pourriez obtenir ce que vous voudrez de moi. Vous avez raison aussi de le penser : c’est difficile de renoncer à tout ce à quoi je vais devoir renoncer si vous faites ce que vous avez en tête. Et je ne doute pas que vous arriverez encore à vous regarder dans la glace le matin, en pensant que par orgueil d’avoir plus de pouvoir que les autres, vous avez conduit quelqu’un au pire destin qui soit. C’est vrai, ce serait dommage qu’on ne me voit plus à l’académie. Parce que si on ne m’y voit plus, vous ne savez même pa où je serai ; moi non plus, et je n’ai pas plus envie de le savoir. Et pourtant, je me demande comment vous ferez. J’aimerais être comme vous, vous savez. J’aimerais avoir le pouvoir de détruire la vie des autres dans le creux de ma main, user de ce pouvoir pour obtenir tout ce que je désir, et n’avoir aucun scrupule à le faire. Et le pire… c’est que j’ai ce pouvoir. Si je le voulais, je pourrais tous vous empoisonner l’esprit – d’ailleurs, c’est pour ça qu’on me paie, non ? Je pourrais mais je n’en suis pas capable parce que je sais que je me ferais horreur. Vous avez de la chance. Vous êtes tout-puissant… vous devriez en profiter. Repartez avec ce livre, et tous ceux que vous voudrez. Tenez, d’ailleurs : vous vouliez que je vous offre quelque chose de plus intéressant que ce que vous avez déjà ? ♫ Il se leva et retourna chercher quelque chose dans sa bibliothèque. Dans le rayon caché, où il avait mis les livres que Daniel jugeait « condamnables. » ♫ Voilà. Eichmann à Jérusalem, d’Hannah Arendt. Le rapport sur la banalité du mal. C’est le titre complet. Je pense que vous y trouverez bien plus que vous ne l’espériez. 1984, ce n’est qu’un roman, après tout. Je sais que le respect de mes idéaux et de mes croyances peuvent – et ont de fortes chances de s’affirme aux dépends de mon bonheur personnel. C’est injuste. Très extrêmement injuste, je n’ai aucun salaire à espérer de mon obéissance au devoir. Mais ne vous inquiétez pas, je saurai me consoler en me disant que c’est cette incompatibilité entre le devoir et le bonheur qui aura donné tout son sens et toute sa grandeur à l’acte que je n’ai cessé d’accomplir dans ce pays. Tout au plus, le respect du devoir, s’il ne me rend pas heureux, me rend au moins digne de l’être. Ce sera une véritable fierté. Et j’espère que vous connaîtrez la même, un jour. ♫ Il lui tendit le livre d’Hannah Arendt avec insistance. Non, il n’avait pas peur. Il n’avait plus peur. Son propre discours l’avait convaincu. Il l’avait dit dans la solitude… dans le silence. Il ne serait pas un héros pour les autres. Tout au plus le serait-il pour lui-même. Et les deux autres parties du plan ? Où étaient la menace, l'abandon ? Il ne pouvait pas. Quelle que serait la réaction de Daniel, il ne pouvait aller plus loin. Ce n'était pas lui. Ce n'était pas humain.

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MessageSujet: Re: S'il s'agit non de rester vivant, mais rester humain, qu'importe la découverte des faits ? - PV Daniel - CLOS S'il s'agit non de rester vivant, mais rester humain, qu'importe la découverte des faits ? - PV Daniel - CLOS Icon_minitime1Dim 1 Sep - 18:41



Prévoir la réaction que les gens peuvent avoir est tout de même ne qualité fort utile. Qualité que Daniel ne semblait pas avoir. Le moins que l'on puisse dire c'est que la réaction de Roger Manesse n'était pas prévu au programme du fils à papa. Fils à papa ou fils de bonne famille dirons-nous. Il pensait pouvoir le sauver. Mais sauver quoi ? Que restait-il de Daniel Carson Lassiter si ce n'était que des ruines, des morceaux d'humains dépourvus de toute sensibilité, de toute fierté, de toute âme. On prétend que les êtres comme lui on vendu son âme au diable. Mais à quel prix ? Daniel n'était rien d'autre qu'un homme (et encore) ... perdus, mais qui ne se sentait pas comme tel. Bien au contraire, il savait très bien où il allait, certes demain était un autre jour et il ne pouvait pas prévoir comment cela se passerait, mais Dany sentait très bien ce qu'il devait faire, il savait ce qu'il pouvait faire grâce à sa capacité de savoir tout. Il est très étrange de constater que le jeune homme a besoin de fouiner pour trouver des informations alors qu'il peut être si facile de savoir des choses sur les autres, juste en étant amis avec eux et en leur apportant une confiance réciproque. Des amis ? Qu'est-ce donc cette chose à part un moyen d'arriver à ses fins ? Des amis ceux sont qui t'épaulent quand tu vas mal, ce sont eux qui te prennent dans leur bras quand tu as peur du noir, ce sont ceux qui ne te laisseront jamais tomber et t'aideront à te relever. L'amitié, pire que l'amour, car une fois entraînée là dedans il est très rare de s'en défaire. Tandis que les sentiments amoureux il est tellement simple de le détruire. Une toute petite phrase qui fait très mal à l'intérieur, une phrase idiote qu'on peut parfois regretter. Daniel connaissait la douleur. Celle de l'amour ? Oui et non. Il l'avait connu celle-là en étant jeune et pourtant il avait résisté à la montrer. Non il connaissait la douleur soudaine qu'on le frappe, celle de perdre au jeu, celle de sentir les mots l'attaquer en pleins coeurs. Il faillit rire pourtant lorsqu'il entendit les paroles violentes de Roger. était-il masochistes pour sourire alors que c'était des paroles pleines de colère ? Bien sûr que non. Monsieur Manesse lui expliquait juste que la liberté était au-dessus de tout et qu'il pouvait l'aider à l'atteindre si jamais il avait été contraint d'aller chercher des informations sur lui. Qui pouvait parler de liberté dans cette ville ? Qui pouvait prétendre être libre même par la pensée alors que tout autour été une cage affreuse. Une cage doré pour certains qui obtenaient tout, une cage de barbelés pour ceux qui mourraient en essayant de s'enfuir. Une cage ou pire une sorte de prison, où les gardes n'étaient rien d'autres que ceux que vous aviez connu avant. Le gouvernement est parfait ! Le gouvernement est à chier ! Le gouvernement vous aime ! Le gouvernement vous utilise ! Gordon, le magnifique ! Gordon le pisse au lit ! Deux camps pour ou contre et en plein milieu, Daniel Lassiter qui utilisait la haine que les uns avaient pour les autres pour se protéger lui-même. Traitre !

« Il est inutile d'essayer de me sauver, vous ne pourrez pas le faire. Répliqua-t-il d'une voix forte qui commençait à s'énerver. J'aime ce que je fais. Il reprit un ton plus calme avant d'ajouter. Je dois vous avouer que je le fais plutôt bien et que même si on m'avait payé pour ça, ce n'est pas vous qui m'aurait forcé à ne pas accomplir ma mission.

Il n'alla pas plus loin parce qu'il savait que s'il continuait il deviendrait incontrôlable et parlerait probablement de son grand-père. Expliquer sa vie à Monsieur Manesse ? Cela lui semblait impossible, il ne comprendrait pas une seule seconde ce qu'avait pu vivre Daniel. Personne ne le savait et ne le saurait jamais. Certes le jeune avait des choses à cacher, mais il ne voulait pas que ça l'atteigne. Quand bien même on aurait fait du mal à Gabrielle ou à sa mère, il serait resté impassible, bouillonnant à l'intérieur. Daniel n'était pas quelqu'un de coléreux. Malgré tout cela lui arrivait de perdre le contrôle. Roger se lança sur une explication sur les livres, à laquelle Daniel ne répliqua pas. Bien sûr qu'il avait les moyens d'aller en Europe s'il arrivait à obtenir un laissé passé, bien sûr qu'il avait une bibliothèque où il n'allait jamais. Son grand-père fouinait constamment dans ces livres et sa mère aussi tandis que le jeune homme restait sur son ordinateur, ou dehors avec son appareil photo. La technologie ou l'ennemi numéro un de la lecture. Roger Manesse entreprit de se défendre comme il pouvait. Daniel l'écouta d'une oreille distraite, quoique relativement attentive, il observa l'homme lui donner les livres d'une Hannah Arendt. Le jeune homme lui ne disait rien constatant avec une pointe d'humour et de sarcasme que Roger n'avait pas peur, qu'il était même sûr des propos qu'il avançait. C'était à Daniel Lassiter de faire son entré. Avocat veuillez venir à la barre s'il vous plait :

« Je m'en fous royalement de ce qu'il peut vous arriver demain. Des gens meurent tous les jours et ma vie n'en ait pas plus modifié. Je peux vous vendre à ceux qui adulent le gouvernement et qui m'interpellent sans cesse quand je leur dis que la politique ne m'intéresse pas. C'est fou ce que les gens peuvent avoir comme pensée. Oui il faut être libre, il faut se révolter. Mais je vais vous dire une bonne chose : il faut d'abord vivre et ce n'est pas la liberté qui va m'aider à acheter de la nourriture pour rester en vie. Alors, oui je préfère mille fois mieux faire ce que je fais, que vivre dans un appartement médiocre avec cette liberté. (il coupa sa tirade d'un soupir). Malgré tout je vous accorde que c'est tout de même un élément fondamental de notre société, enfin ça devrait l'être. Vous courez à votre perte dans tous les cas, vous savez ? Que ce soit moi ou un autre qu'est-ce que ça change. Tous les jours, vous rapproche de ce douloureux moment où vos secrets ne passeront plus inaperçu, où on trouvera un motif quelconque pour avoir une bibliothèque comme la votre. Ce n'est qu'une question de temps. Vous ne réussirez pas. (il se leva et regarda par la fenêtre la nuit noire) Non vous n'y arriverez pas. Et vous savez quoi ? C'est ça qui est le plus intéressant dans votre histoire c'est que vous avez une foi aveugle dans vos livres de ... liberté. Vous croyez à tout ce que vous enseignez. En fait je vais vous dire quelque chose : vous êtes fou. Et pourtant cette folie à du bon. Il est vrai que ça fait du bien de voir quelqu'un qui a des secrets que je peux contrôler. Ho vous aimeriez être comme moi ? Et pourtant ce n'est pas facile tous les jours, mais j'adore ça. Oui Monsieur Manesse vous avez bien compris j'ai votre vie dans ma main, et celle de votre fille par la même occasion. (il prit le livre qu'il avait posé sur la table basse et lui montra paume ouverte) Et vous savez quoi, Monsieur Manesse ? C'est que je ne vais pas refermer ma main. Pas pour le moment. Non, Monsieur vous allez m'être utile et je me tairais tant que vous aurez de quoi l'être.

Daniel laissa venir le silence entre les deux hommes. Il avait parlé de manière si sérieuse, si sèche qu'on aurait pu croire que son grand-père était en lui. C'était peut-être le cas. L'éducation est comme une maladie cancéreuse qu'on ne peut enlever facilement. Son grand-père était son cancer et cela à jamais. Daniel se rassit et fixa à nouveau Roger.

« Vous vous demandez peut-être en quoi un professeur de votre sorte peut m'être utile ? C'est vrai que moi-même je ne vois pas trop quoi, mais je vous laisse quand même une chance. Votre discours de fou vous aura bien aidé sur ce coup. Il se trouve que je tiens un journal à l'académie, très contrôlé par ces fichus Platines. Non je n'ai rien contres ceux qui adulent le gouvernement, mais j'ai horreur qu'on me mette une bride. En tant que professeur vous devez avoir moyen qu'on la détache un peu, non ?

Daniel eut un rictus. Il ne savait pas si Roger en était capable. Son discours l'avait tout de même ému. Voir un homme tenter de se défendre est très plaisant. Voir un professeur de langue se défendre encore plus. C'est comme laisser un débat sur qui a raison et qui a tort en sachant très bien qui a le pouvoir sur l'autre. C'est une discussion bien illégale il est vrai. Daniel n'a pas d'avis sur la question et doit bien l'avouer : la liberté à New York n'existe pas, il n'y a que le pouvoir et l'argent.

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MessageSujet: Re: S'il s'agit non de rester vivant, mais rester humain, qu'importe la découverte des faits ? - PV Daniel - CLOS S'il s'agit non de rester vivant, mais rester humain, qu'importe la découverte des faits ? - PV Daniel - CLOS Icon_minitime1Lun 2 Sep - 23:41




Rester humain...




Roger n’avait même pas enlevé son manteau. Il avait été pris par les évènements. Il avait paniqué, au début – mais qui ne l’aurait pas fait ? Maintenant que tout allait bien – oui, il lui semblait que tout allait bien – il enleva son manteau et fouilla ses poches en écoutant distraitement Daniel. Les clés de sa voiture, évidemment pas celle de sa maison… un sachet de sucre. Que faisait-il avec un sachet de sucre ? Il avait dû le piquer à côté de la machine à café, à l’Académie. Il prenait toujours des sachets de sucre pour le petit déjeuner de Dolores : s’il lui laissait un paquet entier, elle en mettait trop. Dans l’autre poche, un paquet de cigarette presque vide. Il l’avait ouvert le matin même, mais ces élèves le stressaient horriblement. Et il n’était pas le seul. Devant une classe où deux camps se faisaient la guerre, il y avait de quoi. Ceux qui se révoltaient pour n’importe quoi, ceux qui voyaient du traitre partout, ceux qui n’écoutaient rien. Il posa le paquet sur la table. A tous les coups, il aurait besoin d’en prendre une avant de se coucher, ce soir. Il aurait encore terminé le paquet dans la journée. Mais il s’en moquait, il avait les moyens… et par grand-chose à craindre pour ce qui concernait sa survie. Dans sa poche intérieure, il n’y avait que son portefeuille, qui contenait des dizaines de cartes de visite de restaurants dont il ne se souvenait même plus, et une photo de sa fille. Il étala tout sur la table, hors de portée de Daniel. Il était bien capable de lui prendre encore quelque chose… et encore, le plus embêtant serait ses cigarettes. Il ne pourrait pas dormir sans. Mais peu lui importaient les trois dollars qui devaient rester dans son portefeuille. Il s’appuya sur la table pour faire face à son interlocuteur, le visage neutre. Il ne feignait pas : il se sentait vide, simplement fatigué et impatient d’être de nouveau seul dans son propre domicile. ♫ Je sais que vous aimez. Personne n’est assez stupide pour faire sans contrainte quelque chose qu’il n’aime pas. En tout cas, je ne pense pas que vous le soyez, si vous êtes assez intelligent pour me voler mes clés et entrer chez moi. ♫ Et il voyait très bien quel plaisir on pouvait trouver dans le fait de se sentir surpuissant, de savoir les secrets de tout le monde, d’avoir la ville entière à ses pieds et être capable d’utiliser qui on voulait pour faire ce qu’on voulait. D’ailleurs, si Roger en avait été capable, il ne se serait pas épuisé à donner des cours pour que les élèves s’en sortent par eux-mêmes : il aurait approché l’autorité de plus près. S’il avait été comme Daniel, en mettant ses dons au service du devoir, il aurait sauvé la Résistance. Mais il n’était pas lui. Il n’était qu’un prof pas assez entreprenant, sur qui les élèves avaient des avis assez mitigés. Et s’il devait faire avec ses faibles moyens, tant pis. Si ces faibles moyens ne convainquaient qu’une seule personne dans l’école entière, qu’il en soit ainsi. Une seule personne, un seul doute, une toute petite étincelle et il n’aurait pas été inutile. Peut-être que Daniel s’en « foutait » comme il le prétendait. C’était peut-être vrai. Ou pas. S’il disparaissait vraiment, peut-être que cela ne le laisserait pas indifférent, finalement. C’était dur de savoir comment on allait réagir face à quelque chose d’aussi grave.

C’était tout aussi dur que de masquer ce qu’on pensait vraiment, de dire exactement ce qu’on voulait faire paraître. Roger écouta le garçon parler en retenant de sourire. C’était bien ce qui lui semblait… Tout son discours l’illuminait et le dévoilait brusquement tel qu’il était véritablement. Il prit une cigarette pour masquer davantage ce sourire qu’il peinait malheureusement à dissimuler. Il n’avait pas besoin d’attendre qu’il soit parti… Et il l’écouta. Avec grande attention. De la même façon qu’il écoutait tous ses élèves parler, pendant les cours pour leurs faire remarquer leurs incohérences, ou dans les couloirs pour repérer qui étaient les plus malheureux et susceptibles d’avoir besoin de son aide. Mais il n’était pas en cours, et n’avait aucune envie de reprendre Daniel point par point. Il n’avait pas non plus l’intention de lui venir en « aide », puisque celui-ci avait laissé entendre très clairement qu’il ne le voulait pas. Il était grand et capable de dire tout seul ce qu’il voulait. Si seulement il le savait vraiment… ♫ Vous avez les moyens de vivre, vous ne faites pas ça pour votre survie, ni même pour votre intérêt, mais pour le plaisir. Si votre but était de payer votre nourriture, vous m’auriez déjà demandé de l’argent. ♫ Quand à la situation de sa famille, sa richesse, Roger ne s’y était jamais intéressé pour qui que ce soit mais il n’avait pas l’impression que Daniel manquait de quoi que ce soit. Et sinon, encore une foi, il lui aurait demandé de l’argent. Ce n’était qu’un plaisir sadique et monstrueux de faire souffrir les autres. Ou un désespoir profond et la volonté d’infliger au monde entier la même peine que lui. Ce n’était pas lui le psy de l’école – et il ne prétendait ni ne désirait l’être ! – mais avec son niveau d’étude en philosophie, il était peut-être plus à même de discerner les dissonances d’un discours que ce crétin qui le poursuivait à l’Académie. Et les paroles de Daniel vibraient de dissonances et hurlaient de contradictions. ♫ Comme vous tenez à la liberté mon petit ! Vous mettez ce mot à toutes vos phrases. Moi je n’ai parlé que de bonheur et de devoir. Mais est-ce que la liberté vous manquerait plus que vous ne le prétendez ? ♫ Roger lui avait même tendu Hannah Arendt : s’il avait vraiment voulu parler de liberté, il avait d’autres livres en stock. Mais non, il lui avait simplement donné ce qui définissait le mal radical. Mais la liberté… cette idée était obsédante pour tout le monde. C’était son absence qui se faisait ressentir le plus, puisque toute tentative de protestation était étouffée. Ils souffraient tous de ce manque de liberté, même ceux qui ne voulaient pas l’avouer. Pourtant, par-delà la liberté, il y avait bien d’autres choses qu’il fallait rétablir.

Et ce mot de liberté, cette idée vague et disparue dont il ne restait plus rien à quoi on pouvait encore se raccrocher, elle était si lointaine qu’ils ne savaient même plus de quoi il s’agissait vraiment. Ils les confondaient toutes. Ils ne voyaient plus à quel point ils étaient prisonniers : et Daniel lui-même, en voulant lui accorder qu’elle aurait dû être présente, ne se rendait pas compte qu’il ne tenait qu’à lui de la retrouver. ♫ Ce n’est pas la liberté du pays que vous avez perdu, Daniel. C’est la vôtre. Elle vous manque. Vous accusez la société parce qu’il faut bien accuser quelqu’un, et vous ne pourriez même pas imaginer que c’est vous-mêmes le coupable. C’est vous qui avez détruit cette liberté… ou plutôt, qui l’avez rejetée. Vous la refusez en vous mettant à la disposition de qui a besoin de vous. Oui, c’est vous qui vous soumettez et non qui obligez les autres à ses soumettre. Vous vous soumettez au modèle de ce qu’il faut être pour ne pas avoir d’ennui. Vous n’avez même pas le courage de prendre position, d’un côté ou d’un autre. Vous êtes faible et vous masquez cette faiblesse par le vice. Qu’est-ce que vous essayez de cacher, au juste ? Qu’avez-vous peur qu’on découvre sur vous, pour que vous cherchiez ainsi à posséder les secrets de tous les autres ? Vous avez forcément quelque chose à cacher. Ou vous n’auriez pas besoin de ça. ♫Heureusement, l’entrevue semblait toucher à sa fin. Et encore… Roger n’était pas sûr que Daniel n’ait pas encore plein de choses à lui demander. Il se rendit compte qu’il tournait sa cigarette éteinte entre ses doigts depuis dix minutes et il se décida enfin à l’allumer, en allant ouvrir la fenêtre. L’odeur ne dérangeait personne ici, même pas Dolores, mais il ne pouvait lui infliger ça à son réveil. D’habitude, il fumait toujours sur le balcon. Sauf quand quelque chose commençait à l’agacer sérieusement. Ou à l’inquiéter. C’était plutôt cela : Daniel ne l’agaçait pas, loin de là, même si son domicile personnel n’était certainement pas le genre d’endroit où il aurait voulu tenir cette conversation. Il l’inquiétait. Non pas pour lui-même, Roger avait le sentiment qu’il ne craignait rien face à lui. C’était sa figure qui l’inquiétait : ce genre de personne, encore trop jeune et déjà trop mesquin et supérieur. Quand Daniel s’arrêta et laissa planer le silence, Roger ne le brisa pas tout de suite. Il se contenta de souffler la fumée de cigarette et de la regarder voler et se dissiper à côté de la fenêtre.  ♫ Oui, je crois à ce que j’enseigne, et mieux encore, je n’ai pas peur de vous. Vous avez trop parlé. Menacez-moi et ma fille autant que vous voudrez, vous ne m’atteignez plus. Ma fille ne craint rien. A vrai dire, là où vous me faites, peur, c’est quand vous entrez ici sans scrupule et que vous n’hésitez pas à aller la voir dormir, dans sa chambre. Proie facile… Le seul pouvoir que vous avez sur sa vie, c’est votre force physique… mais vous ne lui ferez rien. Vous ne pouvez rien dire contre elle et vous seriez trop lâche pour lui faire du mal de vos propres mains. Après tout, si vous avez besoin de dénoncer, c’est bien pour qu’on vous débarrasse de ceux qui vous dérange, parce que vous n’êtes pas capable de le faire vous-même… ♫ Il ne restait plus qu’un problème à régler : son élève n’était pas venu ici pour rien, il ne repartirait plus avant d’avoir ce qui l’intéressait. Ce qu’il voulait, c’était utiliser Roger… mais il n’avait pas besoin de menace pour cela. Roger était au service des élèves, quels qu’ils soient. Au service des élèves et de leur bien-être. De leur « liberté », puisque c’était ce qui semblait leur manquer le plus.  ♫ D’accord pour les Platines… pas parce que vous me menacez, simplement parce que je sais combien il peut être désagréable d’être espionné. Croyez-moi. D’ailleurs, vous avez avoué : la liberté vous manque. Vous ne voulez pas être tenu en brides.  ♫ Il laissa son mégot dans le cendrier, sur la table basse, et se redressa, prêt à reconduire Daniel jusqu’à la sortie. S’il en avait terminé, bien sûr. Il ne voulait surtout pas le presser. ♫ Au fait, je suppose que vous n’alliez pas vous contenter d’un roman pris au hasard dans une bibliothèque ? Vous avez sûrement des photos ou des notes. Je peux les voir ? Juste pour les voir, je ne vais pas vous les enlever. Je suis simplement curieux de savoir ce qui, selon vous, valait la peine d’être remarqué. Considérez que j’espère connaître l’étendue de la force que vous avez contre moi, si ça vous fait plaisir… ♫ Si tout ce qui l’intéressait était de sentir sa propre puissance, soit. Roger ne ferait rien pour l’en empêcher. Il acceptait son jeu et ses méthodes. Il se croyait peut-être plus dangereux que le reste du pays et de la police, dans ce cas il se surestimait beaucoup.

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MessageSujet: Re: S'il s'agit non de rester vivant, mais rester humain, qu'importe la découverte des faits ? - PV Daniel - CLOS S'il s'agit non de rester vivant, mais rester humain, qu'importe la découverte des faits ? - PV Daniel - CLOS Icon_minitime1Mar 3 Sep - 12:09



Il n'aurait pas dû s'attaquer aussi directement à Roger Manesse. Non qu'il ait peur du professeur, mais Daniel s'était vendu, avait laissé passer des informations sur lui sans s'en rendre compte. Et cette faiblesse pouvait l'amener à sa perte. Pourquoi tant de haine ? Pourquoi d'un coup Daniel ressentait un besoin monstrueux de frapper quelque chose. De la colère ? Encore un sentiment qu'il n'avait pas l'habitude de ressentir. On lui avait toujours dit que si jamais il s'énervait ce n'était pas bon pour les affaires. Il fallait qu'il reste d'un naturel calme, qu'il ne montre pas cette colère qui montait petit à petit en lui. Il devait résister à balancer la table et frapper Roger dans son beau visage. Impulsif c'était ainsi qu'on disait. Mais Daniel n'était pas fort, il était lâche. Et ça Monsieur Manesse l'avait bien compris. Ce dernier lui dit que si vraiment il avait besoin de qui vivre il ne serait jamais venu ici pour lui demander un service, mais pour lui demander de l'argent. L'argent. Comme s'il n'en avait pas assez. Comme s'il ne se servait pas des idiots qu'il manipulait pour en avoir ? Comme si cela ne comptait pas dans la vie, comme si Daniel était pauvre. Pauvre ? Jamais cela ne lui arriverait. Jamais il ne vivrait dans un appartement moisit comme celui du professeur. Ce dernier était intelligent, bien plus que tous ceux qui faisaient des affaires avec Lassiter. C'était un professeur banal, bon a enfermer à l'asile, c'est ce qu'il avait vu aux premiers abord et pourtant ce n'était pas le cas. Daniel avait eu la faiblesse de le sous-estimé. Il n'avait pas anticipé comme on lui avait appris. Il n'avait pas pris le temps de parler correctement, pris le temps d'analyser l'autre. Non tellement sur de lui, Daniel avait couru tête baissée sans réfléchir. Idiot, crétin il s'en voulait tellement. Et en même temps la colère lui faisait perdre cette honte. Non ce n'était pas de sa faute, c'était celle de Monsieur Manesse. Il était énervé contre lui, contre ce professeur de pacotille qu'il pensait peut-être avoir gagné le jeu.

La liberté ? Ce mot était vide de sens et pourtant c'est ce à quoi tout le monde aspirés. Même Roger devait la vouloir. Et Daniel s'était fait piégé en parlant d'elle comme s'il la désirait plus que tout au monde. Mais c'était bel et bien une femme, une femme dont il voulait prendre possession. Il voulait renier Satan et vivre avec cette femme, oublié toutes les autres pour une seule ? Malheureusement Daniel n'était pas près à suivre dans cette voie. Il aimait trop la chair et le vice pour les laisser au bord de la route. Idiot, crétin. Roger l'avait si bien compris, il avait si bien analysé le pauvre Daniel qui n'avait jamais rien voulut de tout ça. Non il fallait qu'il reste fort et qu'il ne sombre pas dans la banalité, dans cette infâme gouffre ou tout le monde est gentil. Gentil ? Personne ne l'est à New York tout est manipulation, complot, meurtre et malgré lui Roger Manesse s'était lui aussi lancé dans cette affaire. Daniel contrôla sa colère en ayant cette pensée. Oh oui ! Roger était justement en train de faire ce que le jeune Lassiter avait eu si l'habitude de faire. À croire que c'était contagieux. Mais si c'était ce qu'il faisait alors l'autre détenait des choses sur lui qu'il ne valait mieux pas montrer. Pris au piège et cela lui semblait improbable. Qu'on ose l'analyser lui ? Comment pouvait-il ? Comment pouvait-il lui dire tout cela alors qu'il ne le connaissait même pas qu'il ne savait même pas ce qu'il avait traversé. Comment pouvait-il connaître son passé ? Comment pouvait-il savoir que tout ce qu'il faisait, la manipulation, c'était la seule chose qu'il savait faire en ce monde. Il ne savait plus aimer, il ne savait plus perdre, il ne savait plus rire ou s'amuser comme les autres et ces demi-sourires étaient là que pour mieux amadoué l'autre, il en faisait plus confiance à personne et il semblait qu'il avait bien raison. Daniel était ... seul. Pourtant, il avait réussi à sympathiser avec des gens. Comment avait-il fait ? Était-ce son physique qui lui permettait ça ? Le côté mystérieux qui allait avec sa personne ? Allons ne soyons pas stupide. Il sympathisait avec les autres pour les utiliser. Fourbe.

Daniel se leva dans un soucis d'énervement, ne voulant même plus entendre ce que l'autre proférer comme parole. Non il ne fallait pas qu'il l'écoute. Il ne fallait pas qu'il écoute, c'était une torture d'entendre qu'on lui disait ces quatre vérité en face. Daniel sera le poing, comme s'il allait frapper le pauvre professeur. « Taper c'est lâche Daniel ! Et une fois que tu frappes, tu perds le jeu. » Le jeu. Roger avait joué avec lui et très bien joué. Comme un jeu d'échec ou Daniel aurait fait une bêtise qui pourrait lui coûter bien plus que sa vie. La petite Manesse, rentra dans la partie sans même le savoir. Le jeune Lassiter savait très bien que s'il touchait le père, la fille viendrait avec. Et il n'avait aucun scrupule à cela. Non évidemment, il pourrait même faire vivre l'enfer qu'il avait vécu à la petite. Il s'en fichait. Tuer ne lui plaisait guère lorsque c'était lui qui se lançait dedans. Mais la torture c'était autre chose. Il le faisait de manière mentale. Le sang ne lui plaisait pas. Daniel reporta son attention sur le professeur, d'une voix où on pouvait sentir de l'énervement :

« Vous ne savez rien de moi ! Vous ne me connaissez même pas, et vous pensez pouvoir m'analyser comme ça ? Me dire que je ne veux que de la liberté ? Celle-ci est morte depuis trop longtemps pour que je la retrouve. Je n'en ai rien à faire de tout ce que vous me dites, ça ne m'atteindra pas (mensonge). En fait je n'en ai rien à faire que vous ne me preniez pas au sérieux que vous me dites que vous ne me craignez pas, car c'est votre première erreur. Peut-être que vous pensez que je me surestime, mais vous me sous-estimer quand même sans le vouloir. Vous ne savez pas qui je suis et ce que je suis capable de faire pour parvenir à mes fins. Même si je dois utiliser une petite fille pour ça. Mais vous avez raison pourtant je ne me résoudrais pas à lui faire de mal. Je ne suis pas ce genre de monstres. Je suis de ceux qui hante vos cauchemars. Et croyez moi je le fais très bien.

Daniel entendit, cependant que Roger l'aiderait pour son journal en simple esprit de contradiction. Oh il n'aimait pas les platines ? Comme cela était étonnant. Des noms sur des gens et parce qu'ils appartenaient à tel catégories de personne ne plus leur parler. Mais Daniel ne s'en plaignait pas. Il ne répondit pas à Monsieur Manesse, certains d'avoir eu ce qu'il voulait. Cependant, lorsque le professeur lui demanda de lui montrer ce qu'il avait trouvé, Dany vit rouge. Et gâcher son moyen de chantage ? Autant se tuer avec un couteau. Daniel prit son sac, rangea les livres qu'on lui prêtait.

« Vous êtes fous ! Vous me prenez vraiment pour un idiot ? Que je vous montre ? Sérieusement vous pensez vraiment que je suis capable de commettre à nouveau une erreur. Quand je vous disais que vous ne saviez rien sur moi. Je ne vous montrerais rien. Non pas parce que je n'ai rien à vous montrer, mais parce que c'est tellement amusant, de vous voir imaginez ce que je peux avoir.

Daniel mit son sac en bandoulière sur son épaule et observa son interlocuteur. Monsieur Manesse avait joué, c'était une bonne chose, mais la partie était terminée.

« Au revoir Monsieur Manesse. Je sais que nous nous reverrons un jour ou l'autre. Dans quelles circonstances je ne le sais pas encore, je ne suis pas devin non plus. Mais ne croyez pas qu'avec tout ce que nous venons de nous dire, il n'y aura pas de suite. Ce serait tellement moins amusant.

Daniel se dirigea vers la porte, l'ouvra en grand et la referma avec une force inconnue de sa personne. Il prit les escaliers et descendit jusque dans le hall d'entrée. Il ne voulait pas appeler son chauffeur. Il voulait être seul dans la nuit noir. Les lampadaires éclairaient le trottoir et on voyait distinctement la forme noire que produisait Daniel. Il s'alluma une clope et avant de se mettre en route regarda vers la fenêtre du professeur, avant de se remettre en marche. Roger Manesse ne savait pas qu'il avait allumé une bombe en parlant de la sorte avec le jeune Lassiter. Qui sait ce qui peut se cacher au détour d'une rue ? Daniel prit une taffe de sa cigarette et eu un sourire discret. Ce que Roger savait, c'était que Daniel adorait jouer. Mais ce qu'il ignorait c'est quand dans son jeu il ne pouvait exister qu'un seul vainqueur : lui.

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MessageSujet: Re: S'il s'agit non de rester vivant, mais rester humain, qu'importe la découverte des faits ? - PV Daniel - CLOS S'il s'agit non de rester vivant, mais rester humain, qu'importe la découverte des faits ? - PV Daniel - CLOS Icon_minitime1Mar 3 Sep - 15:42




Rester humain...




[Bon c’est merdique, mais c’est juste pour clore^^]

Tout ce qui réussissait à l’atteindre, pourtant, malgré le danger et les problèmes, malgré cette situation extrêmement grave dans laquelle Roger était tombé, c’était le malheur. Il avait de la peine. Evidemment, il ne le montra pas. Daniel était assez énervé comme cela, ce n’était pas le moment de le rabaisser encore, et pourtant, cela aurait été une stratégie comme une autre. C’était la meilleure des stratégies. Quand on était face à quelqu’un de sain d’esprit. Mais Daniel l’était-il seulement ? Roger aurait voulu le croire. Oh, oui, il aurait voulu croire qu’il ne faisait pas de la philosophie pour quelques monstres, mais pour des personnes qui pouvaient encore s’en sortir. Et devant ce spectacle, il doutait. Il avait même du mal à croire qu’un de ses propres élèves pouvait être comme ça. C’était normal… personne n’imaginerais avoir quelqu’un de la sorte dans son entourage ! Quelqu’un d’aussi proche de son entourage. Quelqu’un qu’il voyait tous les jours, qu’il n’avait jamais soupçonné de quoi que ce soit. Quelqu’un qui, pourtant, n’avait pas l’air gentil : juste normal. Quelqu’un qui était là pour être là, qui passait, venait s’asseoir, écoutait parfois, et repartait le soir avec soulagement et mauvaise humeur. Un élève qui ressemblait à tous les autres, en somme. Il ressemblait d’ailleurs trop à tous les autres : vicieux, déterminé à pourrir la vie de tous ceux qui n’étaient pas dans son camp… ne pouvait-il pas y avoir quelqu’un de normal dans ce monde ? Toujours est-il que Roger l’avait particulièrement énervé. Malheureusement… alors, il avait visé juste, parfaitement juste, et même beaucoup plus qu’il ne l’aurait cru. Est-ce qu’il avait visé si juste ? Oui. Et cela avait commencé au moment où il lui avait demandé de quoi il avait peur. Qu’est-ce qu’il avait à cacher qu’il ne voulait pas qu’on découvre ? En tout cas, il y avait quelque chose, cela ne faisait plus aucun doute maintenant. Roger alluma une deuxième cigarette. Il fallait bien, pour supporter cette entretien. Il avait trop eu raison… oui, il aurait préféré avoir peur. Aujourd’hui, cela aurait mieux valu pour lui, pour Daniel, et peut-être même pour d’autres personnes qui se retrouvaient la proie du jeune garçon.. Il avait l’air d’en vouloir brusquement au monde entier d’avoir été dévoilé ainsi pendant quelques secondes. Peut-être Roger aurait-il dû ne jamais le découvrir ici… Pouvait-il encore faire quelque chose ? Il n’était pas aussi confiant qu’il essayait de le montrer pour donner de l’espoir aux quelques-uns qui croiraient en lui. Malheureusement, il était sûr qu’il y avait un niveau de perdition duquel on ne revenait plus jamais. Il ne pensait pas aux Platines, non. Il pensait aux criminels. A ceux qui avaient perdu tout esprit moral. Il n’y avait plus aucun espoir de les ramener et il ne prendrait pas le risque de s’y frotter. Les repérer suffisait. Mais si repérer ceux qui étaient déjà perdus était utile, cela l’était quand il s’agissait de les enfermer ! Mais entre eux deux, ce n’était pas Daniel qui avait le plus de chances de se faire enfermer. Et pourtant, il était mille fois plus dangereux que Roger, et pour le gouvernement aussi. Une dictature avait besoin d’ordre, de discipline, elle avait besoin de savoir où se situait chacun de ses membres et ce qu’il cachait ou essayait de cacher. Daniel était beaucoup plus perturbateur qu’un révolutionnaire.

Et quand il essayait de répéter que la liberté était morte et qu’il n’espérait plus rien d’elle, Roger sut encore que c’était faut. Il suffisait de voir la façon dont il criait comme ça, dont il essayait de se défendre contre ce désir humain, trop humain pour être contrôlé et véritablement nié. Mais puisqu’il ne voulait pas l’entendre davantage, Roger se tut et le laissa finir en terminant sa cigarette lentement, calmement. Il avait l’air en pleine réflexion, plongé dans ses pensées. Pourtant, il ne faisait qu’écouter. Il commençait à être trop fatigué pour répondre encore. Il sentait aussi qu’il était arrivé au bout des forces de Daniel. Mais peut-être aurait-il dû terminer ? Il ne savait pas, et craignait de le regretter plus tard. C’était toujours dangereux de ne pas mener le combat jusqu’à la dernière seconde. Cette dernière seconde pouvait toujours se retourner contre lui. Mais il laissa Daniel prendre les livres et lui dire au revoir en se préparant à partir. Roger ne lui répondit pas. Il se contenta d’une seule phrase, lâchée sur un ton plus indifférent que mystérieux : ♫ On pardonne plus facilement à celui qui a menti qu’à celui qui a dit la vérité… ♫ ♫ La porte claqua derrière Daniel. Cette fois, il aurait été inconcevable que Dolores ne se réveille pas. Roger soupira et déposa son mégot dans le cendrier, à côté du premier, pour retrouver sa fille dans sa chambre. En effet, elle avait ouvert les yeux, inquiète. Mais comme c’était lui qui entrait, elle fut soulagée. Il eut le temps de se composer un visage avant d’être assez près pour qu’elle puisse discerner son visage. C’était rare qu’il rentre si tard – en tout cas, c’était ce qu’elle pouvait croire, puisqu’il portait toujours son costume. Il l’embrassa sur le front et attendit qu’elle se rendorme après lui avoir assuré qu’il ne s’était rien passé de grave. Rien ? C’était difficile de mentir aux enfants. Elle était fatiguée cette nuit-là et elle accepta ses explications, mais il ne pouvait pas s’en sortir de cette façon à chaque fois. Surtout quand il devait mettre tant d’effort à paraître paisible. Il n’avait pas peur… Il n’avait pas menti quand il l’avait dit à Daniel. Il n’avait pas peur pour lui, mais il avait peur du monde et de ce qu’il était devenu, de ce que les jeunes étaient capables de faire, si vite confrontés à l’horreur de la ville et du monde. Roger retourna dans le salon éteindre les lumières. Mais avant de repartir se coucher, il regarda dans la rue, par la fenêtre. C’était désert. Ça avait l’air désert. Et le lendemain, il serait confronté à cette horrible journée, à l’Académie. La nuit allait être encore plus longue que prévue.


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