Aujourd'hui était un grand jour. Un très grand jour ! Aujourd'hui, le Grand Président Michael Gordon venait à l'Académie. James était excité à l'idée de voir son idole en face et de pouvoir, peut-être avec un peu de chance !, lui serrer la main. Gordon était tout pour James : il lui avait offert une seconde chance et il l'avait aidé à devenir l'homme bon qu'il était aujourd'hui. Sans Gordon, James serait toujours en conflit avec Justin et ils se seraient détruits petit à petit. Grâce à Gordon, ils suivaient un but commun et ils étaient prêt à tout pour lui rendre honneur. Gordon permettait aux gens de s'entraider et de vivre, au lieu de survivre et de s'écraser les uns les autres. James ne comprenaient pas qu'on puisse remettre le Grand Président en doute. Il ne comprenait pas qu'on puisse cracher sur lui et en même temps profiter le plus possible de ce qu'Il faisait dans toute sa grandeur. Gordon leur donnait la possibilité d'apprendre et de devenir quelqu'un d'important, à eux les délinquants et autres individus sans avenirs. Gordon leurs ouvrait les portes d'une Académie superbe et dévouée à une seule cause : l'éducation. Grâce à Weins, des individus qui n'auraient jamais pu vivre se retrouvaient à des places importantes, grâce à Gordon, même ceux nés dans la misère pouvaient se retrouver dans l’opulence. James était né dans un orphelinat et il n'aurait jamais pu être ce qu'il était aujourd'hui sans Gordon. Gordon, dans toute sa grandeur, lui avait ouvert le chemin et l'avait guidé tout du long jusqu'à ce que James soit assez grand et fort pour marcher seul. Sans Gordon, James ne serait rien aujourd'hui et il était bien décidé à le faire comprendre aux autres à l'occasion de cette journée portes-ouvertes.

James était venu plus tôt à l'Académie afin de pouvoir aider s'il y en avait besoin. Il s'affaira dans les cuisines pour combler le retard qu'avaient, évidemment, pris les cuistots. James comprenait bien à quel point c'était difficile pour les cuisiniers de ne pas céder à la pression de la visite d'un Président et, en plus, de faire des plats les plus délicieux possibles. Une fois que sa présence en cuisine ne fut plus nécessaire, le Platine alla au gymnase pour vérifier une dernière fois les équipements dans la salle et les tenues des joueurs. L'équipe de football allait séparer le groupe en deux pour pouvoir montrer un match aux invités. Il fallait qu'ils soient parfaits : ils représentaient l'Académie Weins ! Une fois les vérifications terminées, James alla s'asseoir dans le vestiaire pour souffler un peu avant le début de la journée. Tout allait être parfait, il en était sûr !

« Salut James ! Prêt à foutre la raclé à l'autre équipe ? »

James sourit au grand blond qui venait d'entrer dans les vestiaires.

« On va être parfaits ! »

Le match se déroula merveilleusement bien et lorsqu'il eut pris sa douche, James sentit à quel point il était fier de son équipe ! Ils avaient été excellents et n'avaient commis strictement aucune faute ! James était fier d'appartenir à une telle équipe et il était également fier de l'Académie Weins qui leurs permettaient de mettre à profit leurs qualités physiques. Grâce aux compétitions nationales, l'équipe de Weins pouvait voyager à travers les États-Unis pour affronter d'autres équipes et ainsi promouvoir l'académie. Évidemment tout le monde ne pouvait pas être du voyage et les élèves étaient très surveillés afin d'empêcher la Résistance, ou le mouvement de chieurs-égoïstes se nommant comme ça, de kidnapper les perles de la Nation.

« James, tu peux aller dans le hall ? »
« Je comptais y aller, pas de soucis ! »
« Merci ! »

Le Platine quitta le professeur et se dirigea vers le hall où les visiteurs s'activaient déjà. Il repéra un Plomb à l'air complètement perdu et s'agitant au sol frénétiquement. James alla le voir et s'accroupit pour l'aider à ramasser les morceaux de verre des tasses de café qui s'étaient écrasées au sol.

« Ne t'inquiète pas comme ça, tout va bien se passer : je vais t'aider. » dit-il en souriant.

Il prit la serpillère des mains du Plomb et nettoya les tâches au sol. Une fois ça fait, James alla ranger lui-même les outils et revint vers le Plomb avec une tasse de chocolat chaud.

« Tiens, ça devrait pouvoir t'aider à te calmer. Assieds-toi là un peu et reprends tes esprits. »

Et après un dernier sourire chaleureux, il retourna vers les visiteurs prêt à aider et à répondre aux questions. Il répondit calmement à quelques interrogations des visiteurs et en aida certains à se diriger vers l'endroit où ils voulaient aller. Quand il eut un moment où il n'avait rien à faire, il se retourna vers des Plombs qui s'affairaient derrière eux :

« Vous avez besoin d'aide ? Ne vous fatiguez pas trop, il faut profiter aussi. » leur proposa-t-il en souriant : aujourd'hui était un grand jour, ce n'était pas la peine que certains le vive comme une torture !

Ce jour, elle l'a craint depuis fort longtemps. Tout le monde s'y est préparé, pas elle. Alanis voulait tout faire pour s'enlever cette journée de la tête, elle n'en ait pas été capable. C'était d'un air des plus maussades qu'elle a enfilée ses plus beaux vêtements. Une vraie petite poupée. On lui a dit de sourire et d'être joyeuse. Qu'il n'y a aucune raison de s'inquiéter, que ce soit une superbe journée pour être heureux parmi ses camarades de classe. Elle devait jouer au tennis devant une multitude de gens. Elle était très anxieuse, elle n'avait jamais exercé un sport devant autant de gens. Toutefois, elle a réussi à combattre sa peur. À la fin de la représentation, elle était plutôt fière. Comme une athlète professionnelle qui venait d'acquérir une médaille. Elle n'a pas reçu de prix, mais les applaudissements ont été suffisants pour la rendre un peu plus confiante en elle. C'est déjà un début. On l'a intégré au Hall pour accueillir les visiteurs. Un boulot des plus faciles. Enfin, comparé à d'autre. Alanis n'apprécie pas particulièrement la foule d'inconnue qui défile autour d'elle. Celle-ci aurait préféré passé sa journée dans un endroit plus sobre et calme, comme l'amphithéâtre. De toute façon, elle est d'humeur sociable aujourd'hui. De toute manière, elle n'avait pas le choix de l'être. Même les plus asociaux des plombs y sont forcés. La pression y est étouffante, mais ce n'est qu'une journée. Une seule. Pas deux, pas trois, rien qu'un bon vingt-quatre heures de comédie. Elle prend une grande respiration et entre dans le Hall. À peine entrée dans la masse humaine qui défile, un grand homme adulte, légèrement barbue et bien habillé se présente à elle et ne se gêne pas.

- Savez-vous où se trouve le gymnase mademoiselle ?

L'adolescente, toute petite comparée à l'homme, bégaie un peu. Elle est totalement surprise, puis, elle n'a aucune idée de quoi répondre. Alanis veut tout sauf faire un faux pas. Certes, elle sait l'endroit exact du gymnase mais c'est en regardant les autres qu'elle pense qu'elle ne s'y prend pas de la bonne façon.

- Bonjour ?

L'homme est froid, il n'a pas de temps à perdre visiblement. Après un bref moment d'hésitation, elle répond à sa question.

- Le gymnase, c'est tout près. Vous prenez le couloir là-bas, puis vous entrez dans le complexe sportif. Il n'est pas dur à manquer. Le gymnase est à l'intérieur, ça aussi ce n'est pas difficile à trouver, je crois

Dit-elle en pointant le couloir avec son bras gauche. Elle n'est pas sûre d'elle et ça se voit très bien sur son visage.

- Parfait...

Dit-il d'un air un peu déçue. Alanis a eu chaud. Des gens comme ça, il en reste une bonne centaine à accueillir. L'homme qui tourne les talons ne semble pas satisfait pleinement des informations données par la rousse. Il faut croire qu'il est pressé, qu'il a besoin d'information précise ou bien que c'est juste un connard qui en demande trop qui veut seulement voir les très belles cheerleaders. Peut-être les trois à la fois. Peu importe, cette réaction n'a pas laissé Alanis de glace. Elle se sent nulle. La zinc a toujours été un peu trop sensible. Elle se retourne un plomb qui était assis avec un chocolat chaud. Intérieurement, elle est terriblement jalouse qu'il puisse avoir la belle vie, comme ça. Elle soupire un peu, se retient de baisser la tête et fonce dans la marée humaine, espérant que personne n'aura la mauvaise idée de lui demander quoique ce soit.

Les Plombs avaient l'air rassurés et ils semblaient vraiment apprécier la journée. James était content d'avoir pu soulager leurs épaules d'un poids trop lourd pour eux. Le Platine n'était pas du genre à laisser quelqu'un crouler sous les travaux s'il ne l'avait pas mérité. Jusqu'à maintenant tous les Plombs se trouvant dans le hall étaient souriants et serviables, tout comme les Zincs alors il n'y avait aucune raison de laisser certains faire les esclaves quand d'autres se contentaient d'indiquer des directions d'un air sympathique. Le Plomb qu'il venait d'aider avait l'air de s'être calmé et il soufflait sur son chocolat chaud avant de l'avaler par petites gorgées. James sourit et se tourna vers une femme qui venait de l'interpeller.

« Bonjour, excusez-moi de vous déranger mais j'aurais voulu savoir si la représentation des cheerleaders avait commencé... »
« Bonjour, ne vous excusez pas, je suis là pour vous aider ! Alors la représentation des cheerladers... Hum... Elle devrait commencer dans quelques minutes. »
« Et le gymnase est loin ? Ma fille et moi aimerions vraiment assister à leur représentation ! » dit la femme en se mordant la lèvre.
« Ne vous inquiétez pas, je vais demander à quelqu'un de vous accompagner là-bas. Par contre il faudra courir si vous ne voulez pas rater le début... »
« Pas de soucis, ça nous fera faire de l'exercice ! »

James sourit et alla voir le Plomb qui venait de finir son chocolat chaud :

« Est-ce que tu pourrais accompagner cette femme et sa fille au gymnase et leur trouver de bonnes places pour voir les cheerleaders ? Il faut faire vite, ça va bientôt commencer. »
« Pas de soucis ! J'y vais tout de suite ! »

James regarda le Plomb se lever énergiquement, aller voir la femme et sa fille et les entrainer en courant vers le gymnase. En temps normal, un Plomb aurait sans doute grogné ou refusé quelque chose venant de la part d'une Platine mais James avait ''sauvé'' ce garçon et il ne l'avait jamais pris de haut. James n'avait pas une mauvaise réputation chez les Plombs car il n'était pas foncièrement méchant : il souriait et n'hésitait pas à aider les Plombs, comme le prouvait son action précédente. Le Plomb n'avait eut donc aucune hésitation à obéir au Platine car il voulait l'aider tout comme James l'avait aidé. Le Platine sourit en se disant que ce Plomb devait se sentir bien mieux maintenant qu'il avait bu quelque chose de chaud et fait quelque chose d'utile dans sa journée. De plus, le Plomb devait avoir l'impression qu'il avait fait ça de son propre-chef et ça devait être bénéfique pour son bien-être personnel. Une fille Platine lui jeta un coup d’œil perplexe : il venait de laisser un Plomb partir... James lui sourit sereinement : il ne doutait pas un seul instant que le Plomb allait revenir rapidement et se mettre activement au boulot en souriant.
James tourna la tête vers une Zinc qui avait l'air quelque peu perdue. Elle répondait à un homme assez imposant qui semblait de mauvaise humeur. James fronça les sourcils et s'approcha du dos de la rousse lorsque l'homme disparut en direction du gymnase. La Zinc n'avait pas l'air bien du tout... James posa sa main sur la tête de la Zinc et lui tapota affectueusement le crâne.

« Ne t'inquiète pas, tu as très bien réagis. » dit-il en la regardant, « Ce n'est pas facile de répondre rapidement quand la personne en face a l'air aussi peu aimable. » ajouta-t-il en lui faisant un clin d’œil.

Un couple d'une trentaine d'années se dirigea vers le duo Platine-Zinc et demanda :

« Bonjour, nous voudrions aller à la cafétéria mais nous ne savons pas par où aller... »
« Vous prenez ce couloir-ci, vous allez ensuite traverser un petit jardin et la cafétéria sera ensuite indiquée sur votre droite. »
« Merci beaucoup ! »

James sourit à la Zinc et lui passa un bras rassurant autour des épaules.

« Ne te sous-estime pas : tu as la capacité de transmettre ton énergie et ta joie d'être aux autres alors ne t'enferme pas dans une bulle de négativité ! Ouvres-toi aux autres : souris, réponds calmement aux questions et surtout arrêtes de te sous-estimer. »

Et comme pour la mettre à l'épreuve pour lui prouver qu'elle n'était pas nulle, James la fit s'approcher d'une jeune fille qui regardait autour d'elle d'un air un peu perdu.

« A toi de jouer, ma belle. » chuchota-t-il à l'oreille d'Alanis.

Quelque chose l'arrête dans son errance. Une chose qu'elle n'aurait jamais soupçonnée de si tôt. Qui brise le quotidien. Sa bulle qui semble aussi solide que le verre éclate en mille morceaux. Pas besoin d'un coup de marteau pour détruire cette bulle, une simple main chaude a suffi. Au départ, elle croit que c'est un autre visiteur qui n'est pas gênée pour deux sous. Ce n'est pas le cas. C'est James Miller, vice-capitaine de football. Un platine, tout ce qui a de plus respectable à l'académie. C'est même l'un des plus respectés et populaire, accessoirement. Sa chaude voix murmure à l'oreille d'Alanis, pénétrant dans son esprit avec une facilité presque surhumaine. Tout comme Monsieur J faisait avec elle il y a peu de temps. La rousse a toujours eu un coeur d'artichaut et elle est très réceptive aux vrais gentlemans. Un peu trop même. De toute manière, les fous n'admettent jamais leur folie, la logique va de même pour la zinc. Ensuite, le beau garçon affirme qu'elle a très bien fait son travail que la rousse était convaincue d'avoir échoué lamentablement. Venant de quelqu'un comme lui, cette remarque fait chaud au coeur. Un simple clin d'oeil, un geste tout à fait banal, suffit à la faire fondre de l'intérieur et seulement à l'intérieur. Elle a besoin de rester stable pour accueillir les invités, qu'on se le dise.

- Merci...

C'est une réponse plutôt maigre et stérile mais c'est le seul mot qu'Alanis a trouvé sur le moment. Il est trop tard, un couple arrive vers les deux élèves, demandant d'aller à la cafétéria. Bien évidemment, James prend le contrôle de la situation avec une facilité et un charisme déconcertant. Il n'y a pas que le couple qui s'émerveille devant la chaleur du platine, la rousse aussi et peut-être encore plus que les deux autres. Il passe son bras autour du zinc, la gardant tout près. Elle rougit. Certes, ce qu'il dit relève plutôt de la fantaisie. Alanis a la tête sur les épaules, enfin pas tout le temps, mais quand même. Toutefois, celui-ci à l'air si franc et honnête qu'elle ne se méfie pas. Qui se méfierait d'un platine ? Beaucoup de gens, dont l'irlandaise, mais elle se laisse emporté avec la plus grande insouciance qu'elle peut éprouver. Elle regarde ce que le platine regarde, c'est-à-dire, une jeune fille qui semble totalement perdue dans l'agitation incessant du Hall. Comme elle il y a peu de temps. C'est à ce moment qu'un sombre, mais si attirant murmure résonne dans la tête d'Alanis tel les voix qui harcèlent sans répits les plus grands schizophrènes. Ce brin de folie est assez puissant pour qu'elle y cède sur-le-champ.

- D'accord !

Elle se sépare de James et avance devant la jeune fille.

- Bonjour mademoiselle, avez-vous besoin d'aide ?

Elle se retourne vers Alanis, lui sourit et la rousse fait de même.

- En fait, je me posais des questions. Je veux le témoignage d'une étudiante. En quoi l'académie Weins est-elle si spéciale dite moi ?

Ça lui rappelle que trop bien ce fameux cours. Elle devait présenter un discours pour répondre à la même question qui lui est posée. Alanis prend une grande respiration avant de s'expliquer, avec James toujours dans les parages.

- Ici, les gens s'entraident. Ça peut paraître banale et même clichée comme réponse, mais je vous assure que c'est la vérité. Dans les écoles que j'ai fréquentées auparavant, c'est plutôt chacun pour soi. Tout le monde reste dans leur coin, se battant pour les meilleures notes, la popularité ou les amis. Il n'y a pas de tous ça ici. Tout n'est pas facile, rose, parfait et harmonieux mais j'ai rencontré des gens, du personnel et une politique exceptionnelle. L'académie Weins est unique.

- Vous avez des preuves de ce que vous avancez ?

Alanis hoche la tête pour faire signe que oui. Son coeur bat de plus en plus fort et l'anxiété grimpe, mais elle prend son courage en main. C'est son moment à elle et personne ne lui enlèvera.

- Il y a quelques minutes de ça, je ne saurais jamais venue vous voir. J'étais plutôt dans ma bulle à me morfondre sur ce que je n'ai pas réussie. Dans une école normale, on m'aurait laissé à mon sort. Mais pas ici. Quelqu'un qui ne saurait jamais venue me voir auparavant m'a tendue la main et m'a convaincue de continuer. Il n'est pas le seul à m'avoir aidée avant. C'est de là que vient l'entraide que je vous parle...

La rousse a l'air plus que sincère. Elle dit tout ça sur un coup de tête, parce qu'elle est hyper joyeuse à cause d'un certain platine un peu trop généreux. De plus, avec l'histoire du plomb et du chocolat chaud, elle ne sait plus trop quoi donner de la tête. En temps normal, elle se questionne sur les plombs et compagnie, mais pas en ce moment. La dame sourit.

- Très bien, merci mademoiselle.

Elle s'en va. L'irlandaise se retourne et ne peut pas s'empêcher de sourire à celui qui lui a remonté le moral aussi talentueusement. Il est presque trop bon pour être honnête...

Rebecca compte les heures et parfois même les minutes. Le discours de Gordon arrive à grands pas et tout doit être absolument parfait ! Comme toujours. Rebecca s'est servi du temps du déjeuner pour se coiffer un peu et compagnie. Puis, la suite de la journée va comme sur des roulettes. La platine accueille ce qui reste d'invité avec un sourire un peu niais ou trop grand à quelques reprises. Elle est joyeuse, un peu trop même. Son enthousiasme, elle tient à le propager aux gens et cela le plus possible. Le nombre de gens qui traversent le Hall n'est rien comparé à ce que c'était le matin. Ceux qui y sont assignés ne prennent que les restes du butin exploité par les autres. Pour Rebecca, accueillir et convaincre les invités est un véritable trésor, une mine d'or qu'on doit extraire toutes les ressources brutes pour les transformer en jolis bijoux dorés. Toutefois, sa joie s'avère être perturbé à chaque fois qu'elle croise le regard avec Monsieur Manesse. Elle ne lui fait pas de regards noirs ni rien de la sorte. Elle se contente seulement de sourire encore plus fort. Est-ce que ça le perturbe ? Rebecca n'en a aucune idée, mais elle espère seulement que son message passe. S'il ne s'introduit pas dans la cervelle du professeur, ça la dérangerait. Au lieu de l'éviter, elle va le voir. Elle ose quitter son poste ne serait-ce qu'un temps pour simplement livrer son message non seulement d'une manière non verbale, mais verbale aussi. Elle veut être absolument sûre. Regard souriant mais froid tout à la fois, on a l'impression que la jeune platine est devenue pour l'espace d'un instant un véritable robot trop émerveillé sentimentalement pour ressentir quoi que ce soit pendant ce même moment. Comme si l'envie d'être parfaite pour son idole pour qui elle voue un culte sans failles dépasserait tout ce qu'elle peut ressentir ou vivre. Le professeur est plus grand, elle lève la tête laissant la lumière illuminée son visage avant qu'elle ajoute.

- Peut-être que mon discours n'a pas été assez suffisant pour vous Monsieur Manesse, mais celui du président Gordon, le grand dirigeant de notre belle nation, vous laissera sans voix. Vous pouvez me croire, il sera époustouflant ! Malheureusement je dois vous donner mes salutations, il est de mon devoir d'aider nos chers invités...

Elle tourne les talons et retourne vers là où le centre d'activités est le plus grand. Elle fait exactement ce qu'elle faisait il y a peu sauf que là, les gens ont l'air moins sympathiques. Un peu pressé et plus exigeant. Ce qui rend les choses beaucoup moins amusantes. Elle croise Pamela, qui s'est vue intégrée au Hall elle aussi. C'est un heureux hasard. Elle s'échange un regard avant que la platine rejoigne sa camarade.

- Les invités semblent grincheux…

- On leur fait peur ? Pamela sourit puis ricane. C’était une mauvaise blague mais bon, elle n’a jamais été très bonne pour ce qui est de l’humour.

- J’espère que non. Penses-tu que c’est vraiment à cause de nous ?

Elle hausse les épaules.

- Ils sont impatients de voir Gordon ?

- Oh ça c’est sûr ! Reste qu’ils pourraient être plus joyeux de venir ici. Ce n’est pas donné pourtant.

- Que veux-tu ?

Rebecca roule les yeux avant de retourner au travail. Pamela hausse les épaules et continue elle aussi.

Caleb était passé se changer en vitesse, le temps de prendre une douche fraîche pour se débarrasser des dernières effluves de champagne. Sa conversation avec Hunter l'avait revigoré, il avait maintenant d'autres sujets de préoccupation, mais il les remisa dans un coin de son esprit. Le grand jour continuait son déroulement, l'instant du discours du président Gordon approchait et il y avait encore du monde à accueillir. Il se dirigea vers le hall, tout sourire, avec un entrain renouvelé, il s'était à nouveau fondu dans cette image de vitrine parfaite du futur citoyen, un modèle de l'américain de demain. C'était si facile de faire bonne figure, surtout quand on n'avait nul besoin de jouer le rôle, il lui suffisait de rester naturel. Il arriva dans le hall et chercha du regard les personnes avec lesquelles il allait devoir assurer l'accueil, et les trouva assez rapidement. Il reconnut le professeur Manesse, avec qui il avait eu récemment un petit accrochage. Ce serait peut être l'occasion en ce jour d'apaiser les choses, symboliquement du moins. Avec le recul, il pensa que cela pourrait être perçu comme un effort de sa part, il pourrait même en tirer un bénéfice substantiel auprès d'Hunter. Il vit aussi Rebecca -une Platine, enfin- et soupira de soulagement. Au moins quelqu'un qui ne ferait pas foirer les choses, cela le rasséréna, ce serait différent cette fois. Quand à la troisième personne, il n'en savait que penser. Une zinc, de ça au moins était il sur, mais elle ne faisait pas partie des gens que Caleb avait dans le collimateur. Ce qui pouvait être une opportunité d'en apprendre un peu plus sur cette inconnue et combler quelques blancs. Il s'apprêta à saluer le groupe avec lequel il allait travailler quand il réalisa qu'ils étaient tous occupés. Il régnait une certaine effervescence dans le hall, matinée d'appréhension, ce qui était somme toute très compréhensible. Le guide de la nation allait bientôt s'adresser à ses citoyens dans un lieu qui revêtait beaucoup de mystère et soulevait autant de questions, la plupart des visiteurs n'avaient jamais vu l'Académie ni le Président, ils étaient désorientés et un peu confus. Et bien, il allait les aider à se diriger dans la bonne direction et leur montrer que tout allait bien se passer. Il commença naturellement à déambuler de groupe en groupe, une liasse de dépliants à la main, un sourire étincelant aux lèvres, pétri d'assurance, exsudant la confiance, et engagea la conversation à chaque fois. Il serra des mains, tapota des épaules, répondit chaleureusement à toutes les questions qui lui étaient adressées, il avait bien l'intention d'attiser l'enthousiasme des gens et pour ça, rien de tel que de les mettre en confiance. Leur nouvelle bonne humeur se propagerait aux autres et les rassurerait. On a du mal à tirer la tronche quand on s’aperçoit qu'on est le seul, alors on calque son comportement sur celui des autres. Comme pour un troupeau de moutons, il suffisait d'en mener quelques uns dans une direction et les autres suivraient, rien de compliqué à cela. Caleb repensa que l'image n'était pas très flatteuse, même si elle n'en était pas pour autant inappropriée. Après tout, pourquoi pas ?. Ces personnes avaient besoin qu'on les mène vers leur berger, en quelque sorte, et en bon gardien, Caleb allait les y aider.

Pourquoi l'avait-on déplacée ici, sérieusement ? Nine tourna la tête vers la droite pour apercevoir une Platine qui parlait avec le professeur Manesse puis en tournant la tête vers la gauche, elle aperçu plus d'une dizaine d'élèves de Weins qui venaient aider pour assurer l'accueil. Peut-être étaient-ils plus nombreux que ça mais Nine ne parvenait pas à compter avec tout ces invités qui se pressaient partout comme des moutons. La brune se demanda si certains humains allaient finir écrasés par la masse ou si quelqu'un de suffisamment charismatique allait faire son apparition pour ramener l'ordre dans ce hall trop plein ? La Zinc soupira en se disant qu'ils avaient beau être de nombreux élèves présents ici, l'ambiance était pesante. Les gens étaient pressés et tout le monde trépignait sans raison.

« Le Président ne devrait plus tarder, j'ai tellement hâte ! »

Nine tourna la tête vers deux filles qui buvaient un verre d'eau en attendant d'affronter de nouveau la foule. Bien. Il y avait effectivement une raison à toute cette effervescence : Gordon allait débarquer et si Nine ne comprenait pas pourquoi ça mettait tout le monde dans un tel état, il semblait que la tension du hall ait une raison plus... logique que la simple stupidité humaine. La brune se gratta le nez en se demandant combien de temps elle allait réussir à conserver le rôle de Nina la niaise. Ça commençait sérieusement à la peser de jouer la débile...

« Ça va Nina, tu arrives à gérer ? »
« Je suis un peu fatiguée mais ça va aller ! »
« Et sinon... tu as réfléchis à ma proposition ? »
« Euh... quelle proposition ? »
« … Celle de ce matin... »
« Oh je suis désolée, j'étais tellement préoccupée par cette histoire de discours que ça m'est complètement sorti de la tête ! »

Nine prit un air vraiment désolé et regarda l'individu de sexe masculin en face d'elle se gratter la tête d'un air penaud.

« Je n'ai vraiment pas la tête à ça aujourd'hui, ces portes-ouvertes sont si stressantes ! Mais on peut en reparler plus tard, d'accord ? »

Le garçon sourit et accepta la proposition, une lueur d'espoir dans les yeux. Qu'il crève. Nine ne l'accompagnerait jamais aller boire un coup au bar. Plutôt mourir !

« Je peux vous aider peut-être ? »

Se détournant volontairement du garçon, Nine interpella une jeune fille qui avait l'air perdue. Elle l'écouta consciencieusement et lui indiqua la direction du gymnase, le tout avec un sourire convaincant. La brune se tourna et vit apparaître Caleb Reed, alias le Platine le plus flippant de toute l'Académie. Pas qu'il fasse peur à la brune, non, elle pourrait le tuer. Enfin sûrement... Bref, il ne lui procurait aucun sentiment particulier : il ne représentait rien pour elle et tant qu'il ne venait pas lui chercher des noises, elle n'avait aucune raison de le faire tomber d'un immeuble par accident. On chuchotait qu'il allait bientôt quitter l'Académie et Nine souhaitait que ça arrive rapidement, comme ça il n'aurait vraiment aucune chance de percer à jour son secret. Il n'avait aucune raison de soupçonner quoi que ce soit puisque Nine jouait son rôle à la perfection mais on racontait aussi qu'il se méfiait de tout et de rien donc autant prendre trop de précautions que pas assez ! Nine lui sourit gentiment et retourna aider un couple de personnes âgées qui étaient venues directement de Chicago spécialement pour l'occasion. Couple de crétins.
L'arrivée de Caleb eut un effet positif puisque le troupeau d'invité se calma et un groupe de chieurs s'éloigna tranquillement après avoir parlé avec le Platine. On ne pouvait pas le nier : Caleb avait un véritable talent d'orateur et il savait s'en servir. Qu'il ne vienne cependant pas s'en servir face à Nine ou elle ne tiendrait pas le coup et Nina la gentille disparaitrait brutalement. Nine aperçue un nouveau groupe de personne et alla se proposer pour les aider. Elle allait jouer son rôle jusqu'au bout et personne ne la soupçonnerait, personne.

Lorsque Caleb est dans les parages, plus personne ose faire les rigolos. Pourtant, Rebecca n'est pas intimidée par son imposante présence. C'est un platine, tout comme elle. Aucune raison d'avoir peur, elle a une confiance aveugle envers lui. Il est venu lui porter secours avec les idiots de footballer en compagnie du très beau et élégant James. Caleb mérite tous ses respects. D'un coin de l'oeil, Rebecca aperçoit Nina en train de discuter avec Brandon. Le pauvre garçon, ce zinc est si gentil, innocent et sensible. Il serait vraiment dommage qu'il ait le coeur brisé. Plusieurs ragots circulent à son sujet. Il serait apparemment amoureux de la belle Nina. Rebecca voyait les deux se parler de loin. Son oeil de lynx de platine observe et analyse la situation. Il faut toujours savoir se servir de nombreuses possibilités qui se présentent. Le petit couple (enfin si on peut appelle cela un couple) se sépare et la fille se remet à ses précédentes activités. La platine quitte Pamela sur-le-champ, sans même lui dire au revoir. De toute manière, elle ne va pas lui en vouloir. Visiblement, les deux jeunes platines se sont comprises grâce aux contacts non-verbaux. À force de se côtoyer, les deux jeunes filles se connaissent à fond. Elle s'approche de Nina avec son joli sourire.

- Bonjour Nina ! Brandon semble légèrement distrait n'est-ce pas ? Tu as un beau prétendant à ce que je peux voir...

Rebecca et la subtilité, une histoire d'amour qui n'a jamais eu lieu. La seule qu'elle a c'est celle avec Cookie. Ensuite, reste à savoir si elle désire avec Gordon comme amant, on ne sait jamais. Le choix entre Cookie et Gordon serait féroce mais probablement qu'elle choisirait de se marier avec les deux. Partager une maison avec Cook et le grand Gordon, c'est un de ses plus grands rêves ! Pour l'heure, ça suffit les histoires d'amour. Il y a plus important à gérer, comme les toutes les activités qui vont se dérouler.

- Je m'égare. Ce n'est pas de mes affaires. Cependant, il ne faut pas se laisser distraire mon amie. Je comprends que ça puisse être très préoccupant mais ce n'est pas le moment de se laisser emporter par ces histoires. Puis, tu fais du bon travail, continue comme ça ! Après la journée porte ouverte, tu auras tout ton temps pour t'occuper de ça.

Elle la réprimande en même temps de l'encourager. C'est digne de la platine qu'elle est. C'est-à-dire, casse-pied au possible lorsqu'il s'agit de Gordon et du gouvernement. Mais qui l'empêchera de propager le message divin du grand chef des États-Unis, ce grand et noble pays ? Mis à part quelques plombs, personne. Elle a carte blanche pour faire les éloges de qui elle veut quand elle veut et surtout comme elle veut. Rebecca s'en va, laissant Nina seule à nouveau, sans se douter des sombres fins qu'elle projette d'accomplir. De toute manière, elle est beaucoup trop heureuse et niaise en ce moment pour se douter de quoique ce soit. Elle croise dans la foule humaine un jeune homme qui l'interpelle vigoureusement.

- Bonjour monsieur, comment puis-je vous aider ?

Le jeune homme sourit bêtement avant de commencer.

- D'abord, comment faites-vous pour être aussi joli ?

Le comble de l'ironie ! En temps normal, Rebecca ne serait pas quoi répondre. C'est tout simplement incroyable. Il y a peu de temps de cela, elle réprimandait une zinc parce qu'elle se laissait distraire par un mec (toujours selon la vision de la platine) et maintenant c'est elle qui se fait aborder. La platine se contente de sourire avant de lui sortir une réplique qu'elle trouve très amusante juste à y penser.

- Je ne sais pas, vous pouvez demander à ma petite amie. Elle sait toujours comment me faire rougir.

Sur ces mots, le jeune dragueur semble estomaqué. Visiblement, il ne s'attendait pas à une telle réponse. Rebecca se retient de rire avant de continuer.

- Alors, monsieur, avez-vous d'autres questions ?

- Non... Ça va aller...

Il quitte le Hall sans plus attendre. Rebecca un, mauvais dragueur zéro !

Le coup de tonnerre résonnait encore entre ses oreilles, occultant partiellement les hurlements hystériques de la foule apeurée qui courait maintenant en tous sens, cherchant son salut dans la fuite. Caleb restait figé sur place, pétrifié par l'horreur de la scène, incapable de penser ou d'agir. Ses muscles si bien rodés, ses réflexes instinctifs refusaient maintenant de lui obéir, et il n'était plus qu'un jouet de chiffon, chahuté par les gens au milieu de la cohue. Il avait l'impression d'être ailleurs, comme déconnecté de la réalité. Ce n'était plus le grand et fier Platine qui assistait à la débandade, juste le môme terrifié de ses années d'enfance, le gamin impuissant et terrorisé qui ne savait que subir. Il ne pouvait que ressentir les choses, dans l'incapacité d’interagir avec le monde extérieur, en proie à ses propres peurs, prisonnier de ses démons intérieurs. Le temps semblait figé, son esprit, recroquevillé sur lui même, tournait au ralenti  et il paraissait aussi perdu que les étrangers qui l'entouraient. Qui étaient ils au juste, et que faisaient ils ici ? Pourquoi se jetaient ils sur les portes ? Et cette dame là, au sol, pourquoi ne bougeait elle plus ? "Drôle d'endroit pour dormir, elle va attraper froid", pensa l'enfant en lui. "J'ai pas envie de dormir moi, il est trop tôt, et c'est même pas das ma chambre..." Perdu au milieu du tumulte, il fut violemment bousculé et tomba en avant. Il percuta durement le sol, et la douleur l'envahit, du poignet jusqu'à l'épaule; il n'avait même pas eu le réflexe de tenter de se retenir, encore moins d'amortir sa chute. Ce choc lui permit se sortir de sa torpeur, il reconnaissait là une sensation familière, les secondes qui suivent le réveil après le KO. Le brouillard se dissipait rapidement maintenant, le son et l'image revenaient, et son cerveau sortait du coton. Que foutait il là ? Qui l'avait envoyé au tapis ? Et c'était quoi ce bordel ? Les instants précédents lui revenaient en mémoire et il essaya d'associer les pièces du puzzle. Il parlait avec des visiteurs quand il entendit un coup de feu. De ça au moins, il pouvait être sur, il avait déjà entendu ce genre de déflagration caractéristique auparavant. En plein milieu de l’événement qui consacrait l'Académie et la venue du président Gordon, quelqu'un avait fait feu dans la foule. Mais qui ? Au sol, entouré de la foule paniquée, il n'eut pourtant pas trop de difficultés à distinguer quatre vagues silhouettes dans l'entrée, bien campées sur leur position et armées de surcroît. Mais qu'est ce qu'ils foutaient ? Ils avaient descendu une personne, la dame qui gisait au sol, un filet écarlate s'échappant de son front, mais ils n'avaient pas mitraillé le reste. Les gens se ruaient vers les sorties, mais les portes semblaient bloquées et ils se piétinaient dangereusement dans leur tentative désespérée de sauver leur peau. Mais que pouvait il faire contre des hommes armés ? La douleur qui lui vrillait le bras lui arracha une grimace de douleur qui n'annonçait rien de bon, il s'était certainement cassé quelque chose. Mais il ne pouvait pas rester ainsi, à terre, au risque de se faire piétiner à mort par les autres. Si la baston lui avait bien apprit quelque chose, c'est qu'il fallait se relever au plus vite quand on allait au tapis. Plus facile à dire qu'à faire, mais ce n'était pas le moment de jouer les mauviettes, sinon il allait y passer lui aussi. Il prit appui péniblement sur son bras valide, et s'agrippa à une table pour se remettre sur pied. Il constata l'étendue des dégâts : les gens continuaient à paniquer, certains gisaient inconscients au sol, d'autres tentaient de se cacher sous les tables, ou derrière leurs voisins. Il ne distinguait pas dans ce bordel ambiant les autres membres de son groupe d'accueil, mais il était trop occupé à cogiter pour se soucier d'eux, il ne pouvait qu’espérer qu'ils fussent tous sains et saufs. Il réalisa qu'au fur et à mesure que les secondes s'écoulaient, aucun autre coup de feu ne vint, chose étrange parce que tous croyaient qu'ils allaient être abattus dans l'instant. Cela lui mit la puce à l'oreille, si les agresseurs avaient voulu faire un carton, ils l'auraient déjà fait et prendraient la fuite. Non, ils attendaient autre chose, manifestement, et ce cours répit allait être gâché par l'hystérie collective qui régnait. Pire, les gens risquaient eux même de se blesser ou de blesser leur entourage s'ils continuaient ainsi. Il fallait que quelqu'un les calme avant que les terroristes ne s'en chargent d'une manière plus radicale. Mais ils ne l'écouteraient pas, pas comme ils l'auraient fait en temps normal. Ils étaient en état de choc, et la seule manière de capter leur attention, c'était de leur opposer une autre forme de violence, qui éclipserait momentanément leur terreur. En espérant qu'ils reprennent leurs esprits rapidement, ce qui n'était pas gagné. Il respira à fond, la douleur dans son bras s'accentua d'un cran, et hurla à plein poumons :



Seuls quelques uns réagirent et se tournèrent vers lui, c'était déjà ça, mais le bordel ambiant n'était pas retombé. Il se retourna, et constata qu'il n'y avait en face de lui que les quatre hommes armés, et entre eux le corps de l'infortunée. Avant de s’enquérir de leur but, il y avait plus urgent à faire, comme d'isoler les blessés et de ramener le calme. Il s'avança vers ceux qui l'avaient entendu et ils commencèrent ensemble à ramasser les inconscients pour les éloigner de la bousculade. Avec beaucoup de chance, d'autres retrouveraient leurs esprits et les aideraient...

Elle n'a pas réussi à les voir venir. Personne n'a réussi à le faire. Ils sont venus subitement, sans que personne n'ait le temps de prévoir leurs mouvements, leurs agissements et leurs intentions. Leurs habits noirs donnent l'illusion qu'ils sont invincibles et intouchables. Une balle, un mort. Rebecca regarde le corps sanglant de ce qu'était un être humain il y a peu de temps. Un être qui pouvait respirer, sourire et vivre. Plus maintenant, ce n'est qu'un tas de viande auquel on a transpercé sa masse gélatineuse qui lui sert de cerveau d'une balle d'un métal quelconque. La flaque de sang s'élargie à vue d'oeil. Visiblement, la victime a été choisie au hasard. Elle a été là au mauvais endroit, au mauvais moment. Première réaction de Rebecca, fuir le plus loin possible. Quitter l'académie et même New-York si c'est nécessaire. Ce qu'elle sait, c'est qu'elle ne doit pas rester là, près de la faucheuse qui guète. Trouver un endroit sûr, c'est ce qu'elle doit faire au plus vite. Rebecca ne veut pas mourir, pas maintenant. Elle a tellement de mots doux à dire à Cookie, tellement de qualités à donner à Gordon et surtout trop de drapeaux américains à planter dans son jardin. Sans oublier son désir presque obsessionnel de vouloir rencontrer le président en personne et de peut-être devenir sa secrétaire personnelle qui lui apporterait un bon café chaud comme il les aime tous les matins. Elle fonce vers la sortie, comme la majorité des gens en essayant de se frayer un chemin dans la masse humaine. C'est perdu d'avance, tout est bloqué à cause de ces satanées nouvelles technologies. Les gens s'accumulent mais ce n'est pas trop tard. Voyant visiblement que les portes ne pourront pas être défoncé ni ouvertes et qu'il serait très facile de tirer dans le tas rassemblé près des portes pour tuer tout le monde. Enfin, autant dire qu'avec les fusils qu'ils ont entre leurs mains, il est aussi facile de tuer quelqu'un que de mourir en fonçant comme un malade mental en disant pouvoir faire exploser le quartier Nord à la frontière même du quartier. Elle réussie à se détacher de la populace qui cède à la panique. Elle regarde son entourage, complètement outré par le déroulement qui défile à vive allure. Elle ne pleure pas, elle ne crie pas et ne se morfond pas sur le désastre de la journée. Rebecca est tout simplement choquée à un point qu'elle n'arrive même plus à souhaiter que le grand président Gordon vienne à la rescousse de toute l'académie Weins. La platine n'a plus le contrôle sur quoique ce soit. Son regard est vide, à la limite, sans vie. La jeune fille observe les gens courir de tout bord tout côté. Parmi tous les cris et sanglots, une seule parole lui provoque un quelconque effet. La voix si douce et envoutante de Caleb Reed devenue un grand cri de rassemblement rauque pourfend l'état de transe de la platine. Elle se retourne vers lui, les hommes armés ne semblent pas vouloir faire d'autre victime. Elle regarde Caleb droit dans les yeux, sans même lui poser de question, Rebecca sait exactement quoi faire. La platine rejoint Caleb et quelques personnes pour s'occuper d'inconscient et de gens blessés par la bousculade. Elle fait de son mieux pour traîner les gens du mieux qu'elle peut, elle y va de toute sa force. La journée ne pourrait pas être pire...

« Bonjour Nina ! Brandon semble légèrement distrait n'est-ce pas ? Tu as un beau prétendant à ce que je peux voir... Je m'égare. Ce n'est pas de mes affaires. Cependant, il ne faut pas se laisser distraire mon amie. Je comprends que ça puisse être très préoccupant mais ce n'est pas le moment de se laisser emporter par ces histoires. Puis, tu fais du bon travail, continue comme ça ! Après la journée porte ouverte, tu auras tout ton temps pour t'occuper de ça. »

Pour qui elle se prenait cette espèce de pouffiasse ? Elle se pensait au dessus de Nine sous prétexte qu'elle était plus conne que la Zinc ? Nine n'eut qu'une envie : lui exploser la face en l'écrasant contre le mur. La brune détestait qu'on lui fasse la leçon, surtout lorsqu'on était aussi stupide que cette foutue Rebecca. La Platine s'imaginait sûrement devenir dans un futur proche la secrétaire de Gordon mais elle pouvait faire une croix dessus : dès que Nine en aurait fini avec sa saleté de sœur, elle s'occuperait tout personnellement de cette gourdasse de Platine. Avec cette réflexion particulièrement injuste et déplacée, Rebecca venait d'entrer dans la liste noire de Nine. La brune était pourtant particulièrement innocente : c'était la faute de Brandon là, l'autre crétin qui lui avait tenu la jambe pendant dix minutes ! Jusqu'à ce qu'il ramène sa fraise, Nine s'était bien occupée des invités et elle n'avait tué personne, bien que ce ne soit pas l'envie qui lui ait manqué. Elle avait fait du bon boulot et tout ce qu'elle recevait en récompense c'était une réprimande parce qu'un connard l'avait fait chier !! Rah bordel de merde ! Et après les Platines venaient la voir la bouche en cœur en disant qu'ils prenaient soin d'elle ? Foutus menteurs tout juste bons à crever !

Nine regarda Rebecca s'éloigner avec son sourire de crétine. Ah ce qu'elle aurait voulu lui faire au moins un croche-patte pour la voir s'écraser lamentablement sous les regards moqueurs des visiteurs mais même ça elle ne pouvait pas le faire ! Elle devait conserver sa réputation de gentille niaise... Tss... Il y avait des meurtres qui se perdaient... Nine se força à se coller un sourire niais sur la face tout en réfléchissant aux milles et unes façons de buter l'autre crétine de fanatique. Un couple l'aborda en lui demandant où ils pouvaient parler avec des professeurs. La brune les envoya voir Roger Manesse avant de s'occuper d'un vieil homme qui bredouillait tellement que Nine eut envie de lui fracasser le dos pour lui faire cracher les mots qu'il peinait apparemment à faire sortir. Au lieu de ça, la brune se contenta de sourire d'un air patient et de contenir le flot de haine qui montait en elle. Une fois la question comprise et le petit vieux envoyé vers Rebecca, vengeance personnelle du soir bonsoir !, Nine se tourna vers deux jeunes garçons qui la regardaient d'un air perdu.

« On a perdu notre maman... »

Nine les regarda en prenant un air désolé tout en pensant « Et qu'est-ce que j'en ai à foutre, crétin ?! ». Elle les aurait bien décapité si elle n'avait pas été sous couverture. C'était épuisant de devoir conserver le rôle de Nina la niaise alors que tous les individus qu'elle voyait défiler lui donnait des envies de meurtres. Aujourd'hui était particulièrement difficile pour une folle comme Nine qui peinait à contrôler ses envies d'homicides. S'il n'y avait pas eut H. à la clef, aucun doute qu'elle aurait commit un génocide de "perles de la Nation" ici-même. Mais pour atteindre la salope-en-chef, H., Nine devait se contrôler et sourire naïvement pour pouvoir l'approcher par derrière pour mieux l'égorger.

« On va la chercher, votre maman. Venez... »

Obligée de jouer la gentille alors qu'elle avait juste envie de les découper en morceaux. Monde injuste ! Nine prit les deux petits garçons par les mains et se retint de ne pas les jeter contre le mur le plus proche. Elle allait pour se diriger vers Monsieur Manesse pour lui refiler les deux boulets lorsqu'une femme au bord des larmes se jeta sur les deux garçons, manquant par la même occasion de faire tomber Nine. Allez hop, une nouvelle connasse sur la liste noire !

« Oh mes chéris ! Où étiez-vous passés ?! »

Nine se retint de ne pas la regarder avec un air méprisant et fit mine de ne pas sentir l'haleine d'alcoolique de la femme qui la regarda avec des étoiles dans les yeux. Pendant cinq longues minutes, Nine dut supporter les remerciements stupides de la mère indigne. La brune se contrôla assez pour ne pas la gifler et lui faire bouffer sa langue et se contenta donc de sourire d'un air compréhensif. La meurtrière découvrait chaque jour de nouvelles façons de sourire et ça l'ennuyait profondément... Nine s'apprêtait à lui dire d'aller voir ailleurs lorsqu'un bruit lui anesthésia les tympans et avant qu'elle comprenne ce qui venait de se passer, la mère en face d'elle s'écroulait au sol, une balle entre les deux yeux. Sur le moment, la seule chose qui traversa l'esprit de Nine fut la réflexion particulièrement stupide du "je suis morte ?" mais rapidement, la brune reprit ses esprits et regarda d'un air impassible le cadavre de la femme avec les deux petits garçons pleurant autour. Boarf pas une grande peine. Et puis comme ça ils n'auraient plus à chercher leur foutue mère alcoolique, ça ferait des vacances à tout le monde.
C'est lorsqu'elle parvint de nouveau à entendre que Nine entendit les hurlements, les pleurs et les chocs sourds des corps contre les portes. Elle releva la tête, abandonnant du regard et de l'esprit les deux abrutis qui chialaient, et son regard tomba sur quatre individus habillés de telle façon qu'il était tout bonnement impossible de déterminer leur âge, sexe et identité. Ils n'étaient pas là avant : d'où sortaient-ils ? Les bruits de corps se jetant sur les portes finirent par diminuer d'intensité et sans quitter les individus du regard, Nine comprit le message : les portes ne s'ouvriraient jamais et elle allait crever là sans avoir réussit à buter sa sœur. L'idée était tellement atroce pour la vengeresse qui n'avait survécut que pour ce meurtre qu'elle n'entendit même pas Caleb hurler au rassemblement. Plus rien ne circula dans son cerveau et c'est donc le regard complètement vide et l'esprit en vadrouille que Nine se mit à hurler de rage. L'ambiance étant plus à la peur, son hurlement pouvait sans aucun doute passer pour un hurlement de peur mais, après tout, ce n'était pas complètement faux : Nine avait peur de mourir avant d'avoir réussit à torturer sa sœur et l'idée-même d'avoir gaspillé une partie de sa vengeance en restant à sourire comme une débile à Weins la mettait dans une rage folle. C'est donc un cri perçant et hystérique qui s'échappa de ses lèvres alors qu'à ses pieds, le cadavre se vidait de son sang.

C'est abominable, l'implacable Caleb Reed est à terre, complètement neutralisé et en position d'infériorité. Elle n'a jamais vu ça depuis qu'elle est entrée à l'académie Weins. De la première année à sa situation actuelle, cette vision de la grande brute platine écroulée au sol comme si c'était un vulgaire citoyen sans défense. Ce n'est pas le cas, c'est une personne noble avant tout qui s'est mis en danger pour tenter d'aider les autres, il ne mérite pas un tel sort quoiqu'on l'en dise. Elle pensait le perdre à jamais, mais cette fausse exécution s'avère être une mauvaise plaisanterie de la part des ravisseurs. De vrais salauds armés jusqu'aux dents, c'est le moins qu'on puisse dire. Le calvaire de la pauvre petite platine n'est pas fini pour autant, c'est que le commencement. Un homme en noir ordonne à tout le monde de se retirer contre les murs, ce que tous les gens, invités ou étudiants, font sans contester. Bon sang, qui exprimerait son désaccord devant ces meurtriers à la gâchette sensible ? À part les suicidaires, les idiots, les fous ou les trois toutes à la fois ? Personne, faire ça en vient à l'irréalisme ou au fictif et Rebecca l'a bien comprise. Si elle veut continuer à vivre, voir le joli visage de sa charmante Cook et continuer à crier haut et fort que Gordon est le meilleur président de tous les temps. Non, elle ne peut pas mourir, pas maintenant en tout cas...

Comme si cette fusillade n'était pas assez, Rebecca doit en plus s'occuper d'une tâche ingrate pour les tireurs ! C'est un mauvais coup du karma, elle n'aurait pas dû aller voir cette Nina... C'est surement elle, folle de rage, qui lui a jeté sa malchance. De toute manière, ce n'est pas le temps de rejeter les fautes sur qui que ce soit, la platine veut survivre et c'est ce qui lui importe. Pas question de jouer les héroïnes. Ce n'est pas le temps de pleurer, ni de crier ou de se battre. Mécaniquement, tel un robot qui a comme unique but d'exécuter une tâche sans s'arrêter, passe devant les gens en montrant le sac, d'un regard vide. Elle n'affiche pas un regard compatissant ou triste, ce serait complètement inutile. Rebecca ne fait que passer sans aucune émotion, chercher ces petits objets électroniques qu'on appelle les téléphones portables. C'est une véritable torture, en quelques sortes, de devoir observer tous ces visages attristés et apeurés. Ces êtres humains veulent partir, retrouver leurs amis et proches et surtout, quitter cet enfer chaotique. Non, on ne peut pas échapper aux mains des ravisseurs, c'est impossible. Enfin, oui, c'est possible. Si quelqu'un à la lucidité pour se mettre à courir comme un dévergondé vers la sortie bloqué en criant des âneries, il est à peu près certain de se faire tirer et qu'il en meure. Techniquement, le fou fictif pourra donc fuir notre monde, hors de portée des tireurs. Cette solution n'est pas envisageable. Une femme qui sanglote, repliée sur elle-même arrive à peine à brandir son téléphone. Elle essaie mais la peur la fait tellement trembler que ça devienne très difficile de l'empoigner. Rebecca perd patience et arrache la machine des mains. Pas de temps pour de pareilles conneries. Plus vite la platine aura fait son travail, plus vite elle pourra s'asseoir et trouver un semblant de sûreté. Être debout parmi les meurtriers, ce n'est pas une position agréable, au contraire, à côté de ça, rester assis parmi la foule qui pleure, c'est un véritable luxe. Dans le temps de le dire, la platine se retrouve avec un sac rempli de téléphones, certains plus sophistiqués que d'autre. Ça ferait baver bien des voleurs. Rebecca a l'impression, durant l'espace d'un seul instant, qu'elle récolte des petits gâteaux pour les donner à sa douce et tendre Cookie. Elle doit arrêter de délirer, ce n'est pas le moment... La platine avance face à l'un des tueurs. Chaque pas équivaut à une sensation qu'elle n'a jamais rencontrée auparavant. Comme si son propre cœur voulait quitter son corps et prendre la poudre d'escampette. Rebecca est une redoutable platine en temps normal mais devant l'agresseur, elle n'est rien de plus qu'une poupée de chiffon qui s'avère avoir agit avec soumission et sagesse. La platine tend le sac à l'homme vêtu de noir, sans dire un seul mot. Elle recule, s'assoit contre le mur et expire un bon coup. Cette journée s'est véritablement transformée en cauchemar éveillé...

Il parait qu'au moment de mourir, on voit défiler sa vie en accéléré. Les bons comme les mauvais moments, tout se mêle dans un maelström confus d'images, de sensations et de lieux, en une inextricable danse de souvenirs pour finalement revenir au moment ultime. En une fraction de seconde, on fait le bilan de son existence avant de rejoindre son créateur, ou seulement un sac de plastique froid. Et le bilan est plutôt merdique pour Caleb, lui qui s'estimait destiné à quelque chose de plus grand, à servir des intérêts supérieurs, à devenir un modèle, celui qui prendrait sa revanche sur la vie... Vous parlez d'une réussite : abattu par un homme encagoulé qui lui piétine un bras cassé, sous le regard de ses semblables au beau milieu de ce qui devait être la journée la plus importante de sa vie. Il n'aurait plus manqué qu'il se pisse dessus pour parachever le tableau. Plutôt crever que de leur donner cette satisfaction, belle ironie en somme car justement, c'est ce qui allait arriver. Il ne tremblait pas tant à cause de la peur que de la douleur cuisante et lancinante qui envahissait tout son être, et pourtant, avant tout, c'était de rage qu'il bouillonnait. Il détestait son impuissance face aux flingues, son infirmité actuelle et son incapacité à réagir, il se maudissait d'être aussi faible à un moment crucial de son existence, même si elle devait trouver sous peu un terme aussi violent que bref. L'autre connard égrène les secondes avec un amusement pervers tandis qu'il sent le canon froid se poser sur sa tête. Bien sur qu'il a peur, mais ça n'a plus d'importance maintenant. S'il n'a pu vivre comme il l'avait souhaité, au moins mourra t'il comme il a vécu, avec insolence. Il adresse un dernier sourire narquois comme ultime bravade au guignol qui va l'expédier, et ferme inconsciemment les yeux quand se termine le compte à rebours. Lui aussi sursaute par réflexe, s'attendant au KO définitif après le final countdown....

Et pourtant, rien ne se passe. Le carrelage est toujours aussi glacial, ses vêtements imbibés de transpiration, son bras affreusement douloureux. Seule l’atmosphère de la salle a changé, tous ont retenu leur souffle dans l'attente de l’inéluctable, et maintenant, toutes les poitrines se vident à l'unisson pour happer à nouveau de grandes goulées d'air. Lui aussi d'ailleurs, il ne pensait pas en réchapper mais il est bel et bien vivant. Son nez continue de saigner, et le goût métallique dans sa bouche ne lui a jamais paru aussi suave, aussi délicieux, presque aphrodisiaque. C'est le goût de la vie, et il ne l'a jamais autant apprécié qu'en ce moment. Il jette un œil à son tortionnaire tandis qu'il se relève pour aboyer quelques ordres de sa voix déformée. De là où il est, et dans son état, Caleb a du mal à le jauger mais il est certain qu'il le croisera à nouveau un jour, s'ils s'en sortent vivants. Et ce fils de pute aura tout le loisir de regretter de l'avoir épargné, il s'en fait la promesse. Pour l'instant, Caleb mesure toute l'étendue de sa faiblesse, mais il est bien déterminé à survivre à cette épreuve, sans pour autant laisser tomber les autres. Nine est dans les vapes, elle a pris un méchant coup de crosse. Rebecca est forcée d'obéir à ces enfoirés et commence à ramasser les téléphones. Ridicule, tout le monde doit déjà savoir ce qu'il se passe, les caméras ont du filmer la scène, et même si elles étaient coupées, cela en soi suffirait à donner l'alerte. Que veulent ils au final ?. Quand au professeur Manesse, Caleb l'avait bien vu tenter de bouger pour s'interposer, mais que pouvait il faire de plus que lui ?. S'ils s'en sortaient, il lui devrait des excuses sincères pour son comportement récent et pour l'avoir méjugé. L'homme ne manquait pas de courage au final, mais c'est son intelligence qui les aideraient le mieux à présent.

Enfin on l'autorise à se relever, ce qu'il fait péniblement mais à gestes mesurés parce qu'il serait bien incapable de faire autrement, il ne veut pas aggraver son état ni donner aux quatre cons trop de satisfaction à le voir en difficulté. Il rejoint les autres et va s'adosser au mur, en gardant la tête haute. A défaut de sauver les meubles, essayer de conserver les apparences, quitte à se faire encore remettre en place.

Si Nine l'avait vu arriver ? Absolument pas. Lorsque la crosse du fusil s’abattit sur son visage, Nine cru que son nez allait s'enfoncer dans le crâne au point de la faire ressembler à un mauvais remake de Voldemort dans ce bouquin « Harry Plotbeur » ou quelque chose comme ça. Le choc fut tel que la brune tomba en arrière et s'écroula près d'inconnus. Elle ne sut pas exactement combien de temps elle perdit conscience mais lorsqu'elle rouvrit les yeux, tous les visiteurs et élèves étaient bien rangés en rang et elle, pauvre débile étalée au sol, elle ne rentrait évidemment pas dans les rangs. Le premier réflexe de la brune fut de porter la main à son visage et de tenter de tâter son nez. La douleur fut tel que Nine sut d'instinct que ces espèces de gros cons lui avait cassé le nez. Ce n'était pas la première fois que ce fichu nez se cassait : lorsqu'elle était petite, sa mère lui avait éclaté le nez quelque jours après le départ de l'autre enflure d'Allegra. Et là, encore une fois c'était à cause de Allegra si Nine était étalée au sol avec le nez qui pissait le sang. Si l'autre connasse de blondasse n'était pas partie d'Autriche, Nine ne se serait jamais fait péter le nez par sa mère et elle ne se le serait pas non plus fait exploser par un quatuor de connards en noir. Tout était de la faute de Allegra. Tout ! Si cette connasse n'était pas née, Nine n'en serait pas arrivée là !!
La brune regarda Rebecca se promener dans les rangs, encadrée de deux enflures et ça la fit ricaner. Ah elle faisait moins la maline cette gourdasse maintenant qu'elle avait un flingue derrière la tête ! Ça lui apprendrait à faire chier Nine et à accuser injustement les gens de ses propres conneries. La brune ne se préoccupa même pas de camoufler son regard assassin et hautain : elle n'était pas en état de camoufler sa réelle personnalité. Ce n'était plus Nina la gentille qui était allongée au sol, le nez en sang. C'était Nine et toute sa folie qui venaient de prendre la place. Avec son regard noir et meurtrier ajouté au sang qui coulait sur son visage, Nine faisait peur mais elle s'en fichait. De toute façon il y avait peu de chance qu'ils survivent tous alors pourquoi continuer à jouer la comédie ? Et combien même ils survivaient : eh bien elle n'aurait qu'à dire que c'était le choc, et puis voilà ! La brune se régala du spectacle qui s'offrait devant ses yeux : Caleb humilié et Rebecca ridiculisée. Quel délice...
La brune se releva, oubliant sa douleur comme on jette un vieux mouchoir à la poubelle. Elle avait souffert beaucoup plus que ça ; sur le moment ça faisait mal mais très vite son cerveau comprenait que ce n'était rien comparé à ce qu'il avait subit avant alors il laissait tomber. Nine passa sa langue sur ses lèvres et avala le sang qui s'y trouvait en regardant Rebecca récupérer les portables. Elle ressemblait à une véritable bête sauvage et la seule chose qui l'empêchait de se jeter sur les assassins, c'était le risque de mourir avant d'avoir pu buter Allegra. Alors Nine recula d'un pas, puis de deux, tout en fixant les deux assassins qui n'avaient pas bougé. Elle planta son regard noir dans les lunettes de soleil, incapable de dire s'ils la regardaient ou pas, et redressa la tête en essuyant le sang sur son visage. Elle recula jusqu'à se retrouver à côté de Roger Manesse, sans s'en rendre compte. Elle ne l'aperçu même pas, trop préoccupée qu'elle était à regarder les assassins et à tenter de comprendre leurs motivations. Aucunement gênée par la douleur, Nine remit son nez en place sans même tressaillir et ce n'est que lorsqu'elle tourna la tête, après avoir remis le nez droit, qu'elle croisa le regard de Roger Manesse. Bah quoi ?

« Ton portable. »

Nine tourna la tête vers Rebecca qui venait d'arriver à son niveau et vers les deux individus derrière elle. Ça serait si facile de se jeter sur eux puisqu'ils feraient sans doute feu sur Rebecca avant de la viser elle. Rebecca n'était qu'un poids, une cible facile et une victime souhaitable alors Nine ne risquerait rien. Mais la brune se ferait sans doute tirer dessus par les trois autres meurtriers alors ça ne servait à rien de prendre de risque. La brune se saisit de son téléphone et, de sa main couverte de sang, le posa avec les autres. Elle ne croisa pas le regard de Rebecca puisque cette dernière était déjà occupée avec d'autres visiteurs mais si elle l'avait croisé, la blonde n'aurait pu lire que de la haine et de la méchanceté dans les yeux de la brune. Nine n'aimait pas cette petite pouffiasse de Platine et c'est donc avec un rictus dégoûté qu'elle se recula pour regagner sa place à côté de Roger Manesse. Elle ne lui adressa pas la parole et ne le regarda même pas : Nine n'avait plus rien de la gentille Nina que le professeur avait pu avoir l'habitude de côtoyer. Nine était une bête sauvage, une meurtrière complètement aveuglée par la vengeance : elle n'avait plus rien d'humain et ses yeux ne montraient rien d'autre que de la haine pure et dangereuse.

Pourquoi elle ? Il y avait tant de gens dans le Hall, alors pourquoi est-ce que c'est Rebecca Dawson, bienveillante platine chérie de Gordon, qui doit prendre à tous les coups les événements les plus perturbants, les plus effrayants et dangereux lors d'une prise d'otages ? Ce qui est sûr, c'est que ça n'a pas l'air de déplaire à cette très chère Nina mais que de toute façon, la platine ne se préoccupe pas, car elle est beaucoup plus occupée par des tueurs qui ont à l'instant plus de chances de mettre fin à ces jours que cette élève de classe deux. En fait, elle est surement un peu colérique et terriblement jalouse du prestige que Rebecca a accumulé. Enfin, ça, c'est ce que la platine penserait si elle savait que sa très chère camarade de classe lui en veut pour l'histoire avec Brandon, savoir à quel point, elle regretterait qu'elle ne s'occupe pas de faire peur aux plombs au lieu de tous ceux qui la déplaisent. La jeune fille n'a aucune idée de ce que peut faire Nina, elle reste dans l'ignorance. C'est un danger dont elle n'a pas conscience. Ce qui est rassurant, c'est que la brunette n'aura pas peur d'une menace qu'elle ne connaît pas. D'ailleurs, ces ignobles paresseux de plombs, c'est uniquement de leur faute ! Des meurtriers ont réussi à pénétrer à l'intérieur des murs de Weins parce que ces incompétents n'ont pas ouvert l'œil et le bon. Rebecca est persuadée que les plombs ont tout gâché, il aurait fallu plus de platines et de gens aptes à faire un boulot constructif pour s'assurer que tout était en ordre et que les fous armés jusqu'aux dents ne s'introduisent pas dans l'école pour y faire le prochain massacre du siècle. Le canon du fusil est braqué devant le front de la platine. Première réaction de Rebecca, c'est une bande de bâtards brutaux qui ne savent rien faire de plus que de pointer les gens avec... C'est là qu'intervient la deuxième réaction de la platine. Des plombs, c'est facile de leur dire en pleine face à quel point ils ne valent rien et expliqué tous leurs défauts sans s'arrêter et comment les régler, ce n'est pas le cas lorsque ceux qu'on déteste sont plus forts que soi, même temporairement. L'unique pensée de se mettre dans une haine noire envers des gens qui ont l'avantage, ça serait une véritable torture morale, elle qui a l'habitude d'avoir toujours la main mise sur chaque situation qui s'offrait à elle. Platine et cheerleaders, rien ne pouvait l'arrêter ni l'atteindre. Pas cette fois, Rebecca ne peut rien faire. Et c'est pendant ce moment d'impuissance que sa fin approche. Certains diront qu'elle mérite un sort pareil. Pourtant, pouvons-nous réellement lui en vouloir ? Après tout, la platine, tout ce qu'elle l'a fait, c'était toujours bien intentionné malgré la haine qui se mélange parfois. Elle n'est pas parfaite, contrairement à ce qu'elle désire atteindre et ce qu'elle prétend parfois. Un être humain, fait de désirs, d'espoirs, de rêves et de sentiments, comme tout le monde dans ce Hall. Sauf les tireurs. Eux, ils sont bons à jeter, ils ne méritent pas un centimètre dans un cimetière. Pas le droit à une chronique nécrologique, ni à un nom, le vide total les attend. On doit les éradiquer de la surface de la terre. Pour l'heure, son départ ne prendra qu'une fraction de seconde. La faucheuse est là, faux brandie. Au revoir Gordon et surtout... Adieu Cookie...

Quel est-ce grand et puissant héros qui vient de surgir de nulle part ? Il réussit avec son équipe a débarrassé la menace avec une telle gracieuseté. Évidemment, ce n'est pas la même délicatesse qu'une danseuse de ballet, l'intervention est plutôt brutale. Par contre, la silhouette du policier et son uniforme flamboyant à côté des minables tenues des ninjas lui donnent une allure tout à fait prestigieuse, voir héroïque. Il est tellement fort et sa voix qui sonne mélodieusement aux oreilles de la platine. C'est lorsque que le policier lui tend la main pour la faire relever qu'elle se sent littéralement monter en l'air vers le ciel. De toute manière, avec le caractère sacré qu'elle accorde à la présence de son sauveur, presque n'importe quoi venant de lui est perçu chez la platine comme divin. Il part avec son équipe pour sauver les autres. Cookie... S'il la ramène, cet homme deviendra définitivement un homme qu'elle admire, avec Caleb, James et Gordon. Mais... Cookie... Lorsqu'elle voit la situation avec plus de recul, avec tous les meurtres laissés au passage, il est possible que... Non. Les sanglots, reconnus comme le sang de l'âme, coulent. Sa meilleure amie a intérêt à revenir en vie, sinon la réaction de Rebecca sera terrible... Même dangereuse...

Nine regardait froidement ce qui se déroulait devant elle. Les gens pleuraient, murmuraient des prières stupides ou tentaient d'afficher un air indifférent mais au final ils avaient tous la même réaction : celle de l'agneau face au loup. Au lieu de tous se jeter sur les assassins, ils avaient choisis de se soumettre alors qu'ils gagnaient en nombre et qu'ils auraient pu gagner, avec quelques sacrifices en plus. Mais tous les individus entourant Nine étaient lâches. Et elle ? Était-elle lâche ? Sûrement. Certainement, même. Pour Nine, les individus l'entourant n'avaient aucune importance : ils n'étaient là que pour lui servir d'alibi et de bouclier. S'ils n'étaient même plus en état de le faire, eh bien ils servaient encore moins. Elle n'avait pas fait tout ce chemin pour se faire buter dans le hall d'une école. Elle n'avait pas traversé l'océan atlantique pour crever d'une balle entre les yeux dans un établissement fait pour former les citoyens de demain. Et puis pourquoi elle crèverait, hein ?! Elle était neutre dans ce putain de conflit ! Elle n'était pas pour Gordon, bien que lui au moins il ne fusillait pas à tord et à travers !, mais elle n'était pas non plus pour la Résistance. Et après cet événement, elle allait encore moins l'être... Ces individus devaient forcément être de la Résistance. Qui d'autre aurait intérêt à venir flinguer la Perle de la Nation en ce grand jour où Gordon était censé être présent. D'ailleurs Gordon il était où ? Nine n'avait pas vu le bout de son nez... D'ailleurs elle aurait bien été en mal de voir le bout de son nez puisqu'elle ne savait absolument pas à quoi il ressemblait. Gordon était un mystère et Nine n'avait aucunement l'intention de se prendre la tête à essayer de le comprendre.

Les individus se saisirent du professeur Manesse pour le jeter par terre. Nine les encouragea mentalement à faire feu : ça lui ferait une sangsue de moins ! Il était insupportable ce professeur à toujours la coller et à la bassiner de conseils et d'autres conneries. Il semblait s'être mit en tête qu'il pouvait protéger Nine mais cette dernière ne voyait pas de quoi il pouvait la protéger ni de quoi il devait la protéger. Et puis très franchement, ce n'était pas un stupide professeur de langues qui allait pouvoir protéger Nine Werthem... Mais les assassins n’exaucèrent pas le vœu de Nine. Bande de cons. Ils rejetèrent Roger à côté de Nine après que l'un d'eux ait interdit de le toucher. Attendez une minute. Pourquoi le professeur de langues avait-il le droit de ne pas être buté alors que les autres n'avaient pas cette chance ? Pourquoi ?! C'était parce qu'il avait un lien avec ces assassins ? Non. Roger était trop niais pour ça. Et puis trop lâche aussi... S'il avait été en lien avec ces individus là, il n'aurait pas approuvé le massacre de tant d'innocents : il était trop avide de bons sentiments. Avait-il été sauvé parce qu'un membre de son entourage faisait parti des assassins ? Allons bon... Roger ami avec un assassin ? C'était un peu comme imaginer Nine amie avec H... Alors il ne restait plus qu'une option possible : Roger faisait parti de la Résistance. Ça expliquerait tout ! Les assassins étaient de la Résistance, cela ne faisait aucun doute. Ils avaient sauvé Roger car ils savaient qu'il faisait parti du même groupe qu'eux et, après tout, on ne tue pas ses alliés quand on peut l'éviter. Roger faisait donc parti de la Résistance. Mais ils étaient stupides ces assassins ! En agissant comme ça ils venaient de dénoncer Roger plus sûrement que s'ils avaient mis une pancarte avec marqué ''je suis résistant'' au dessus de sa tête. Soit c'étaient de parfaits crétins, soit c'était plus compliqué que ça. Mais Nine décida de garder la solution la plus simple : Roger en résistant. Après tout, ça lui ferait une excuse pour se tenir éloigné de lui à l'avenir. Enfin s'ils sortaient de là un jour et pas les pieds avant la tête...

Ce fut au tour de Rebecca de se faire jeter au sol. Là encore, Nine pria pour que les assassins fassent feu pour éliminer cette connasse mais cette fois encore, son vœu ne se réalisa pas. Mais ce n'était pas de la faute des assassins. La Police débarqua si vite et tellement à l'improviste que tout le monde faillit tomber à la renverse sous le choc. Après un échange de tirs, les policiers finirent par éliminer la menace et les otages se mirent à pleurnicher encore plus fort, comme s'ils n'étaient suffisamment chiants vivants... Le chef était le policier qui avait arrêté James. Nine ne se souvenait plus de son nom et elle n'en avait rien à foutre. Ils retirèrent les cagoules et les visages des assassins furent révélés. Nine les regarda un à un mais aucun ne lui revenait en mémoire : elle ne les avait jamais vu. Il en restait un vivant et les policiers le tirèrent dehors : en voilà un qui allait regretter de s'en être pris à Weins et de ne pas s'être suicidé avant l'arrivée des flics. Le policier aida Rebecca à se relever, au grand désespoir de Nine : si elle avait pu crever celle-là... Roger se dirigea immédiatement vers la Platine pour s'assurer qu'elle allait bien, question stupide vu qu'elle avait frôlé la mort. Le policier déclara qu'ils allaient libérer les autres otages et que personne ne bougerait d'ici avant qu'ils en aient donné l'ordre. Nine soupira et leva le bras lorsque les médecins et infirmiers arrivèrent. Une femme en blouse blanche courut vers elle et diagnostiqua son nez comme cassé : non c'est vrai ? Elle l'avait pas deviné ?! Nine se retint de ne pas la frapper. La brune fut redirigée vers des infirmiers qui remirent son nez en place sans qu'elle ne gémisse et qui lui mirent un pansement pour maintenir le nez droit. Une fois soignée, Nine prit une tasse de café qu'elle sirota en regardant les gens autour d'elle.

Ce n'était pas bon, elle devait redevenir Nina ou elle allait être percée à jour ! Pendant la prise d'otage, tout le monde était trop préoccupé par sa propre survie pour se préoccuper de l'état de son voisin. Mais maintenant que c'était fini, tout le monde allait regarder autour de lui et si elle continuait à afficher cette tête de tueuse, on la suspecterait et l'excuse du choc traumatique ne serait pas acceptée par tous... Alors Nine enfila le costume de Nina et de folie meurtrière, ses yeux passèrent à douceur blessée. Juste à temps ! Personne n'avait eut l'idée de la chercher des yeux avant qu'elle ne passe en mode ''Nina-niaise''. Nina regardait ses pieds d'un air perdu. Pourquoi est-ce que tout cela lui était-il arrivé à elle ? Qu'avait-elle donc fait pour mériter ça ? Mais si Nina semblait un peu larguée, Nine, elle, restait à l'affut du moindre mouvement suspect. Le fin de mot de l'histoire ? Elle n'en avait rien à foutre : la seule chose qui l'intéressait, qui l'avait intéressé et qui l'intéresserait à l'avenir serait la mort de sa sœur. Rien d'autre. La résistance pouvait se battre avec le gouvernement, elle n'en avait rien à faire. Depuis toujours elle n'avait eut qu'un seul objectif et il n'avait pas changé avec cette fusillade.

C'était le merdier intégral. Après avoir obtenu la coopération des otages et maîtrisé la situation, voilà que ces fous furieux, ces fanatiques sanguinaires, tournaient à nouveau leurs armes sur eux. Cette fois, ce fut une femme, à nouveau, qui fit les frais de leur démence. Ils l'abattirent de sang froid comme on élimine un animal gênant, et entreprirent de choisir une autre victime tandis que la panique reprenait le dessus, la foule cédant à l'hystérie. Ils choisirent d'abord le professeur Manesse, la figure de l'autorité et le représentant le plus légitime de l'institution, mais l'un des terroristes ordonna qu'on l'épargne, étrangement. Caleb garda la chose en mémoire, au cas où ils s'en sortiraient, il n'était plus temps de se poser des questions. Ils fixèrent alors leur choix sur Rebecca, l'innocente et fragile Platine, celle qui de tous ceux présent à l'exception des enfants, représentait la plus infime menace. Il n'y avait aucune logique, aucune revendication, aucun justificatif au massacre des honnêtes citoyens mais ces enfoirés voulaient prolonger le carnage, et elle serait la suivante. Bordel, il devait réagir au lieu de rester connement figé là, à attendre pour la seconde fois de la journée la balle qui lui était destiné. De toute façon, il ne doutait pas d'être le prochain sur la liste. Les cimetières regorgeaient de héros, il y serait en bonne compagnie. "Allez mon vieux, t'as plus qu'un bras mais t'as encore deux couilles"...

"It's a good day to die, when you know the reasons why
Citizens whe fight for what is right
A noble sacrifice
When duty calls you pay the price
For the Federation i would give my life"


Caleb s'avança, et le monde bascula à nouveau. Quand le chaos s'estompa, les assaillants avaient été neutralisés par un commando tactique, un de ces groupes d'élite avec lesquels il avait déjà collaboré par le passé, et dont il connaissait la redoutable efficacité, rêvant secrètement d'intégrer un jour une de ces compagnies prestigieuses. Pour l'heure, ils étaient sauvés et c'était tout ce qui comptait. Les gens alentours étaient hagards et perdus, certains étaient encore profondément ancrés dans le cauchemar, les autres accusaient le coup tant bien que mal tandis que les secours prenaient le relais. Ce n'était pas la première fois qu'il assistait à la mort violente d'un être humain, pensant plus aux deux femmes qu'aux cagoulés, mais il e pesait pas la chose possible dans ce sanctuaire. Quelle journée de merde. Caleb jeta un œil aux cadavres étendus, sommairement recouverts d'une couverture à l'exception des terroristes. Bien, il fallait faire un exemple, et ces fumiers méritaient de pourrir sans hommages ni sépulture. Il remarqua alors certains d'entre aux portaient un talkie à la ceinture. Il était familier de ce genre d'appareil, il en connaissait le maniement, et les assassins s'en étaient servi pour communiquer et organiser, heureusement trop tard, leur retraite. L'appareil était dorénavant muet, mais il fonctionnait toujours. Caleb se doutait que les agresseurs qui réussiraient à s'échapper, s'il y en avait, changeraient de fréquence, ce qui impliquait des dizaines de possibilités. Il devrait être patient, et compter sur la chance, mais une maigre piste valait mieux qu'un début de rien. Profitant du chaos ambiant et de l'agitation, récupéra un de ces engins et son étui, l'éteignit et le glissa dans sa veste. La douleur fusa à nouveau quand il la retira pour laisser un soigneur examiner son bras. Pendant qu'on lui appliquait une attelle provisoire avant le plâtre, il réfléchit et essaya de se repasser le fil des événements, il ne voulait pas manquer quelque chose, fut ce insignifiant, et nota quelques anomalies, des choses qui auraient du lui sauter aux yeux. Pourquoi avoir confisqué les téléphones s'ils avaient manifestement décidé d'abattre le plus grand nombre possible ? Même le mode opératoire semblait bâclé pour faire croire que la Résistance était à l'oeuvre, mais la ficelle était trop grosse. Les résistants étaient au mieux une bande de pacifistes bêlants qui menaient un combat perdu d'avance avec des armes dépassées. Ils ne se battaient que pour sauver leur peau, comme cette nuit là.... Et cette phrase énigmatique, ce "pas lui" en parlant du professeur. Qu'est ce que ça pouvait bien signifier ? Caleb l’aperçut du coin de l’œil, prenant des nouvelles de Rebecca. Tout ça n'avait aucun sens, le prof avait tenté de s'interposer au départ. Un courage facile si l'on sait que l'on ne craint rien, mais même ce soupçon ne tenait pas la route. L'homme s'était vraiment attendu à se prendre une balle, il ne jouait pas la comédie et son étonnement face au revirement du chef de la bande n'était pas feint. Il y avait quelque chose qui puait dans la mise en scène, mais il ne découvrirait pas le fin mot de l'histoire pour le moment. Pour le moment...