Le deal à ne pas rater :
Cartes Pokémon 151 : où trouver le coffret Collection Alakazam-ex ?
Voir le deal


Sultans of Swing [Brutus + Libre]
avatar
Invité
Informations


MessageSujet: Sultans of Swing [Brutus + Libre] Sultans of Swing [Brutus + Libre] Icon_minitime1Ven 3 Jan - 21:48

« Ce qui me dérange, moi, ma petite dame, ce sont ces deux bonnes heures de blanc entre la mort de votre mari et votre appel à la police. On peut savoir ce que vous avez fabriqué pendant tout ce temps ?
- J'ai prié.
- Prié ?
- Oui, prié. Beaucoup. Et j'ai pleuré, aussi. Un peu.
- Seulement un peu ? Parce que, vu d'ici, vous n'avez pas l'air très émue par ce qui vient de vous arriver.
- Si vous aviez connu mon père, officier... vous ne pleureriez pas tellement non plus ? »

Un sourire patient. Jane toisa un instant les yeux vitreux qui lui faisaient face sous un crâne dégarni, par delà là traditionnelle table en métal, et avala une gorgée de mauvais café, le regard levé une seconde vers son coéquipier, familière tête blonde et mal coiffée adossée contre une vitre sans teint. Le bon flic tentait la méthode douce à coup de caféine dont les bas fonctionnaires coincés dans un bureau toute la nuit durant n'auraient même pas voulu, et toute l'assistance attendait de voir si le mauvais allait avoir besoin d'intervenir. Penchant son gobelet en carton dans une grimace de dédain pour en observer le fond de mare avant de le reposer avec délicatesse sur la table, Jane en vint à soupçonner ces petits fonctionnaires là de réserver leurs fonds de cafetière aux suspects, histoire de ne pas gâcher leur salaire dérisoire. Car enfin, les vaniteux, les vrais, le sont même quand ils ne devraient pas être en position de se payer ce luxe.

Les questions défilaient et se répétaient, encore et encore. Le ton monta, progressivement. Bientôt, la tête blonde adossée entrait en scène et se mettait à lui gueuler les items déjà posés dix fois, gentil dégarnis désormais en retrait, à la place que Blondie avait occupé juste avant. Jane ne perdit pas son calme. Elle répondit la même chose, encore et encore. Perspicaces, s'autorisa t'elle seulement à siffler dans un sourire goguenard, quand le bellâtre lui demanda ouvertement si elle se payait leur poire. Et la gifle partit, cinglante, sans même la décence de faire preuve de retenue - du moins à son sens. La tête pivota, la nuque craqua, une grosse marque rouge apparut sur sa joue.

« Putain, Gaunt, qu'est ce que tu fous ? » beugla boule à zéro en tirant l'enragé en arrière. « C'est une avocate, bordel. »

L'incident coupa court à l'interrogatoire, presque instantanément. Deux autres flics ouvraient déjà la porte à la volée pour s'empresser de l'aider à se relever de sa chaise et la libérer enfin de ses obligations civiles.

« Vous avez intérêt à prier, vous aussi. » gronda Jane d'une voix glaciale en récupérant sac et manteau sur le dossier de son inconfortable chaise. « Priez donc pour que tout ça n'aille pas jusqu'au procès. Parce que si je me retrouve devant un juge, je vous envoie tous à la circulation pour le reste de votre misérable carrière, et c'est tournée générale d'affaires internes, jusqu'à ce que le ramassis de pecnots qui vous sert de commissariat soit définitivement rasé ! »

Et dans un dernier revers théâtral, Jane sortit en claquant la porte. Ca n'avait pas été bien difficile de jouer les susceptibles : l'orgueil supporte assez rarement une telle claque, même simulée, a fortiori quand on connaît assez le gus d'en face pour savoir qu'il a dû en tirer un indicible plaisir. Mais c'est malgré tout le sourire pendu aux lèvres que Jane regagna sa voiture et s'installa derrière le volant, cigarette au coin de la bouche.
C'était plutôt amusant, en un sens, ce petit jeu.




« Que les choses soient claires, Brutus. Je te tolère parce que je suis une dame plutôt gentille et que, l'air de rien, on a un bout de chemin parcouru ensemble, toi et moi. Mais tu n'es rien, ici. Tu es soumis aux mêmes règles que les autres. Pas de coup foireux, pas de bagarre dans l'enceinte de mon établissement et surtout, surtout, pas de tentative d'intimidation à la con. Parce que si tu oses me faire ce coup là une fois, à moi ou à une autre personne dans ce bar, une seule fois, je crie ton identité à la foule en délire je les regarde te tabasser à mort sur le pas de la porte. Capito, Bambino ? »


«Comment vous vous appelez ? Eva ? C’est joli, comme prénom, ça. Eh bien j’espère ne pas tirer de conclusions hâtives, Eva, mais vous semblez assez loin de chez vous. Remarquez, ça nous ferait un point commun. C’est exaltant, n’est-ce pas, d’avoir si peu de chemin à parcourir pour être tellement dépaysée ? Et encore, je parie que vous n’avez jamais assisté à un combat de rue. C’est un spectacle à ne pas manquer, par ici. »

«Comment, tu ne bois rien ? J’aurais pourtant juré que les cubains étaient des gens festifs. Ou alors, c’est mon whisky qui ne te plaît pas ? Parce que je me sentirais terriblement vexée, si c’était le cas. »

« C’est quand même miraculeux. Je veux dire, tu es sans doute mieux placée que moi pour le dire mais on peut être une prostituée et savoir que le rose et le blanc, sur les rondeurs, ça donne seulement l’air d’être un marshmallow ambulant, non ? »

« On ne sert pas de Jack Daniels ici, gamin. En fait, si tu prononces encore une fois ce mot dans l’enceinte de mon bar, tu m’en vois navrée, mais je me verrai contrainte de t’assommer avec le tabouret sur lequel trône ton minuscule postérieur. »


« La dernière fois que j’ai vu quelqu’un entrer ici avec un air d’académicien sur la figure, on a dû y aller à la brosse à dents pour que le trottoir retrouve une couleur un tant soit peu normale. Alors, s’il vous plaît, faites quand même attention à vous. Et si vous ne le faites pas pour vous, faites-le au moins pour le trottoir. »

« Je suis heureuse que vous soyez revenu. La dernière fois, je ne sais pas ce que le réfrigérateur nous a fait mais tout était à la mauvaise température. Et servir un gin tiède au gardien des clés, c’est quand même assez embêtant pour le prestige. »


«Comment ça, tu ne viendras plus ? Avec qui je vais pester sur la mode chez les péripatéticiennes du coin, moi, maintenant ? Oui mais très chère, vos conflits, tu le sais bien, ça ne m’intéresse ni de près ni de loin. Passe un coup de fil à l’occasion, au moins. »

« Vlad, mon cher et tendre Vlad. Tu vas me haïr. On n’a plus de vodka... Ne fais pas cette tête, je t’ai ramené des cigares. Ceux que tu préfères. »


And I think to myself
What a wonderful world


« Un peu plus à droite. Encore un peu. Non, à gauche, maintenant. Un peu au-dessus. En dessous… Tu sais, Jim, je crois qu’on ferait mieux d’abandonner, ce truc ne sera jamais droit.
-Ah non ma belle, tu me la feras pas. Ca fait quatre ans que tu me réduis mes décorations de Noël. D’abord y a eu le sapin qui était trop inflammable, ensuite les diodes provoquaient des crises d’épilepsie et cette année, c’est tout l’esprit de Noël qui risquerait d’énerver. Alors tu es gentille mais on a dit que j’avais droit d’accrocher cette guirlande où je voudrais et je veux qu’elle soit au-dessus du comptoir.
-J’aurais jamais cru que tu oserais.
-Tu es la première à avoir été déloyale.
-Ce n’est tout de même pas de ma faute si notre clientèle comprend des pyromanes, des drogués et des psychopathes anti conformistes.»

Dans un papillonnement de cils, les lèvres de Jane esquissèrent une moue faussement contrite. Mais, clémente, elle abandonna la partie à ce round. Ses mains quittèrent ses hanches avec légèreté et ses jambes la ramenèrent naturellement vers le précieux alcôve de son comptoir pour arracher mécaniquement de sous l'évier une bouteille de whisky à moitié entamée et un étui à cigarette, se servant successivement l'un et l'autre de ces pêchés véniels. Quand bien même agacer Jim était l'un de ses jeux favoris, elle ne pouvait pas ignorer la tension qui avait commencé à lui tirer le visage à force de rester ainsi les bras en l'air malgré son évidente douleur. Jim était trop fier pour le dire, si fier que Jane avait su bien après le début de leur partenariat la véritable raison qui l'avait poussé à arrêter les combats, mais des mouvements trop amples et trop durables lui faisaient inévitablement mal. Son épaule ne s'était jamais vraiment remise de son avant dernier duel. A son dernier, on avait dû le sortir de force de l'arène après que son bras eut été entièrement bloqué, malgré ses protestations furieuses pour terminer le combat. Jim aimait la vie mais ne pas être mort lors de cette bataille était encore pour lui une honte cuisante, a fortiori maintenant qu'il se savait incapable de tenir tête à quiconque serait un peu plus costaud que lui. Ainsi étaient les gladiateurs dans le monde de Jane : ils ne quittaient jamais véritablement l'arène;

« Tu sais ce que c’est, pour moi, le véritable esprit de Noël ?» souffla t'elle dans un sourire, une fumée âcre s'échappant d'entre ses lèvres. «Un whisky bien tourbé, et du tabac de qualité.
-Aucune différence avec ce que tu fais tous les jours depuis cinq ans, donc.
-Ah si, pardon. Maintenant, il y a une horrible guirlande au-dessus de moi quand je le fais. »

Un rire échangé en signe de trêve. Comme tous les soirs, Jim attrapa les clés qu'il avait laissées sur le trottoir - après avoir fouillé trois fois chacune de ses poches sans que Madame ne se fendît de la moindre remarque - et sortit chercher leurs boissons clandestines livrées dans un entrepôt au centre du quartier pour être vérifiées par les autorités compétentes, pendant que la jeune femme descendait les tabourets des tables et mettaient en place les derniers détails avant d'ouvrir le bar. Après quoi elle remonta se changer dans ses appartements, juste au dessus de son bar, passant une robe noire pour l'occasion des fêtes, plutôt que ses habituelles vestes de tailleur. Elle arrangea cheveux et maquillage, puis redescendit pour retrouver en salle son associé et d'éventuelles clients déjà arrivés.

Ce soir là, il y avait déjà foule dans la salle intimiste du New Dawn. Trois types armés jusqu'aux dents et un autre vautré sur son tapis tout neuf, en plus de Jim. L'un d'eux braquait l'homme étalé au sol, au visage enfoncé dans la fibre, si tuméfié que Jane aurait été incapable de le reconnaître, quand bien même elle eut pu seulement le connaître. L'autre, plus en retrait, maintenait son associé d'un flingue posé sur sa tempe et le troisième, le chef assurément, était en devant de la macabre scène, un sourire goguenard au visage, sans même se donner la peine de la menacer maintenant que l'homme de la maison était désarmé. Jane n'en reconnaissait aucun des trois, et elle trouvait assez vulgaire l'idée d'être braquée deux fois par deux entités différentes en l'espace de seulement quelques semaines.
C'est la crise, mes amis.

« Je peux vous aider, messieurs ?
- Où est Gaunt ?
- Pas ici, à l'évidence. Et n'étant ni sa mère ni sa femme, je ne suis pas tenue d'être au courant des endroits où il se trouve d'habitude. Alors si vous aviez l'amabilité de...
- Il va passer ?! » vocifère l'autre plus fort, n'ayant visiblement pas même celle de la laisser finir sa phrase. «Le moucheron m'a dit que ce connard allait passer.»
- Comme tous les connards des environs, j'imagine. »

Monsieur devait cruellement manquer de sens de l'humour, car cette petite badinerie ne lui arracha pas même un sourire plus agréable à regarder que le rictus infâme tordant son visage. Sentant l'agacement monter et quoiqu'elle n'était pas sûre de vouloir entendre la réponse, Jane s'interrogea calmement sur les raisons poussant trois probables étrangers au quartier à venir le chercher dans son bar et non directement dans les appartements de l'officier.

« Ca grouille de flics, là bas.
- Alors qu'ici, il n'y a qu'une femme et un ancien combattant retraité pour son épaule défectueuse, j'imagine ?
- T'es une petite futée, toi.
- Et je peux savoir ce que ce connard là vous a fait ?
- Il a tabassé une de mes filles. La plus rentable. Je peux plus rien en faire, maintenant. J'ai perdu la moitié de mes revenus à cause de ce fils de pute. »

Un mac. Avec des manières pareilles, le contraire eut été étonnant.

« C'est assez ironique, ce genre d'insulte, pour un homme qui a l'air d'avorter les filles dont il est responsable à l'aiguille. » souffla t'elle d'une voix glaciale, avant de larguer un soupir bref. « Bon ben maintenant que vous êtes là, asseyez-vous, et dites moi ce que vous voulez boire. Et relâchez mon associé, s'il vous plaît. »

Dans un rire guttural, monsieur arracha sa victime au tapis pour la jeter derrière le comptoir, laissant derrière lui d'impardonnables gouttelettes de sang sur une merveille qu'elle avait acheté pour couvrir les traces d'une autre saloperie de brute, encombrant ainsi la moitié du passage dans lequel elle devrait travailler en plus des autres grossièretés. Cette fois ci à bout - et dans l'idée de les repousser exactement de la même manière que leurs prédécesseurs - madame suggéra d'une voix grinçante qu'on le mît plutôt dans l'arrière boutique. Mais ces bœufs là étaient plus intelligents que les autres, car l'un d'eux l'accompagna, et ne lui laissa aucune marge de manœuvre pour s'emparer de sa précieuse arme, se contentant d'assommer férocement le moucheron pour le laisser inconscient, à pisser le sang dans son arrière salle. Zachary Gaunt ne devait jamais avoir vu leur visage, vue l'aisance avec laquelle ils s'installèrent au comptoir, sans se préoccuper d'être apparents ou non. Il ne restait plus qu'à espérer que leur propre anonymat inquiète l'un ou l'autre de ses clients parce que, pour l'heure, Jane et Jim étaient eux-mêmes pieds et poings liés.

« Sers-nous trois bières. Et pas d'entourloupe. » grommela monsieur bonnes manières en rangeant son revolver à sa ceinture. « Ou je vous éclate la gueule, à toi et ton pote.
- Seriez-vous parieur, très cher ? » glissa Jane après un silence, dans un sourire, en s'acquittant de sa tâche.
- Ca m'arrive. Pourquoi ? »

Posant les trois verres devant les trois hommes, Jane appuya ses mains sur le comptoir pour pencher en avant et le laissa faire de même, attiré qu'il était inévitablement vers ce rapprochement éventuel, et souffla tout près de son visage.

« Parce que moi je parie que tu te fais vider de ton sang comme un porc avant la fin de la nuit. Intéressé ? »

Ce qui lui valut, sans la moindre surprise, un revers cuisant en plein visage. Les brutes étaient tristement prévisibles, toutes autant qu'elles étaient. Prévisibles et stupides. Car l'hématome qui était entrain de se former, et la mèche décoiffée par le choc devant son visage, suffiraient à les accuser plus que des aveux à voix haute auprès de la première personne qui passerait cette porte. Il n'y avait plus qu'à espérer que ce soit un homme costaud, et pas une femme aussi incapable qu'elle de leur tenir front à tous les trois sans arme. Ou mieux, le responsable de tout ce foutoir. Histoire qu'on ne lui gâche pas la totalité de sa soirée avant de régler proprement - ou non - cette affaire.

avatar
Invité
Informations


MessageSujet: Re: Sultans of Swing [Brutus + Libre] Sultans of Swing [Brutus + Libre] Icon_minitime1Mar 14 Jan - 12:35

Sultans of Swing [Brutus + Libre] Tumblr_lxbcvclJkn1qd8nujo1_500



Jane Edison...avant de devenir "la taulière", cette bonne femme avait été l'épine dans le pied de Zachary. Et vas-y que je râle parce que Gaunt a un peu abîmé un client, et vas-y que je fouine alors qu'il vaudrait mieux garder son joli petit nez retroussé ailleurs, et vas-y que j'étale mes articles trouzmille alinéa B d'une obscure loi de New York datant de Mathusalem. Une superbe chieuse, face à qui on en est sans cesse partagé entre l'envie de lui exploser la face et celle de la culbuter sur un coin de meuble. Alors pourquoi s'est-il mis en tête d'aller la voir, elle en particulier, quand il a fallu avoir l'appui d'un avocat pour sauver l'un des contacts juteux des flics? L'intuition, répondrait Zachary avec un air mystérieux, parce que lorsque l'on a aucun scrupule, on sait renifler qui n'en a pas non plus...ou très peu. Et Jane, sous ses dehors bon chic bon genre de bourgeoise dont on a envie d'éclater le brushing parfait dans un corps à corps torride, a la vertu fluctuante. Mettant de côté les différents qui ont pu les opposer, Zachary alla voir, il y a maintenant quelques années, l'avocate pour qu'elle l'aide à sauver les fesses d'un gros indic - le genre qu'on peut pas se permettre de perdre bêtement.
S'engouffrant dans un vice de forme qui avait échappé à la défense, Jane Edison sauva indic et intérêts. Et parce que tout travail mérite salaire, parce que toute aide providentielle inespérée doit être réglée par une contrepartie aussi conséquente, Zachary avait promis que le service rendu serait remboursé quand elle le désirait. A charge de revanche ma bonne dame, car dans ce monde de pourris, on aura forcément besoin à un moment donné d'un plus pourri que soi. Il aura fallu un peu de temps pour que Jane Edison se rappelle à son bon souvenir. Un appel en pleine nuit qui arracha Zach' a une de ces soirées hautes en couleurs psychédéliques. La descente d'acide fut brutale car l'heure était au retour d'ascenseur.
Maquiller un meurtre et pourrir une scène de crime, c'est pas très réglementaire lorsque l'on est lieutenant de police. Ajouter des preuves pour accabler un criminel trop insistant et dont on souhaite se débarrasser, échafauder l'alibi de la meurtrière avec cette dernière en sirotant du whisky au-dessus du cadavre de la victime encore moins. Après avoir copieusement harcelé ses supérieures, Gaunt écopa de l'affaire et c'est une belle pièce de théâtre que le ripou et l'avocate servirent aux autres condés. Depuis le temps qu'ils se croisaient au central, il était notoire que ces deux-là ne pouvaient pas se sentir. Qui aurait pu croire et envisager une seule seconde que ce taré de Gaunt avait un accord avec celle qui mettait à mal son vocabulaire fleuri. Jane s'en sortira blanche comme neige. L'exercice fut plaisant et stimulant mais malgré cela, ils ne se croisèrent plus jusqu'à ce qu'Edison refasse son apparition au Sud. En tant que taulière.

Bien qu'il n'ai réellement bossé qu'une poignée d'heures, Zachary classe cette journée passée dans la catégorie des journées de merde. Coincé, piégé par ses collègues, toute retraite coupée et tout argument avancé promptement démoli, la hiérarchie de Gaunt avait réussi le tour de force de l'enfermer dans une salle d'interrogatoire avec sa fichue coéquipière pour qu'ils daignent enfin s'atteler aux rapports de leurs dernières interventions. Confronter Venecia et Zach' a de la paperasse est déjà un tour de force. Les cadenasser dans la même pièce est un exploit. Ne pas déplorer de victime est un miracle. Après des longues minutes à s'engueuler, le duo avait abdiqué, s'attablant devant les pages blanches, les dossiers et les trois thermos de café avec une mauvaise volonté évidente mais c'était bien plus que ce que la plupart de leurs collègues avaient parié.
Une fois libre, la seule envie qui vint à Zachary fut de se casser vite fait de cette ambiance scolaire. Son dealer favori n'étant pas chez lui, le ripou migra au Sud. Depuis que Jane avait ouvert son boui boui, c'était devenu l'un de ses points de chute. Et depuis qu'il bossait pour Lecter, c'est encore plus fréquemment qu'on y voyait sa trogne.
Arrêtant sa voiture face à la devanture du New Dawn, Zachary jette d'une pichenette son mégot de cigarette avant d'en sortir. C'est quasiment la même faune qui squatte l'extérieur. Des mecs pas très fréquentables mais qui se chargent de finir le boulot quand un énergumène se fait éjecter du bar. On se fait virer qu'une seule fois de New Dawn et si la folie vous prend de vous y repointer, ce ne sont pas des dents que l'on perd sur le trottoir. Poussant la porte vitrée, Gaunt pénètre dans les lieux et est aussitôt frappé par une ambiance digne des westerns qui ont meublé ses jeunes années innocentes. La semie-obscurité qui règne dans la salle, les regards qui convergent dans sa direction, les trois mecs accoudés au comptoir et qui affichent leurs têtes des mauvais jours, tout ça pue le règlement de comptes dont il est certainement le créditeur. Balayant rapidement la salle du regard, se ménageant par avance un plan de bataille - et une possible issue de secours au cas où ça tournerait en sa défaveur - les yeux pers croisent alors ceux de Jane. Sous la frange balayée, le visage encadré par des mèches qui ne s'échappent jamais de ses coiffures, la pommette de Calamity Jane s'orne d'une belle marque de coup. Zach' fronce brièvement les sourcils lançant un "qui?" muet. Les yeux d'Edison dévient brièvement sur les trois inconnus face à elle.

Gaunt est coutumier des ennuis. Ils lui collent à la peau comme un nuage d'insectes du bétail. Provoquer est passe-temps aussi sain chez lui que la pêche ou la lecture pour d'autres. Une façon pour le texan de se sentir vivant, être au centre de l'attention est une recherche constante même si ça signifie risque de prendre du plomb en pleine poitrine. Tandis qu'il s'avance d'un pas allègre vers le zinc, l'un des inconnus en pousse un autre du coude avant de le désigner du menton. Tiens donc, il ne les connaît pas mais eux oui donc, ils doivent être un échelon au-dessus des raclures et rebuts de la société qu'il a l'habitude de cotoyer. Mais vous êtes qui les mecs? Rapidement, Gaunt évalue ceux qui risquent d'être des adversaires. Une brutasse, un porte-flingue et un troisième qui ne paie pas de mine et doit donc être le moins con du trio, à savoir le chef. La réaction prompte de celui-ci confirme l'idée de Gaunt et ce sont des yeux aux paupières rétrécies de rage qui se posent sur le visage nonchalant de Zachary.
Lentement, le boss pivote sur son tabouret pour lui faire face mais le ripou ne lui laisse pas le temps de s'expliquer ou de prononcer un mot ni même de prendre cette inspiration qui précède les menaces ou les grandes annonces. S'emparant de la guirlande pendant au-dessus de leurs têtes, Zachary l'enroule en un geste fluide et rapide autour du cou du larron du milieu. D'un coup de genou lui broyant l'entrejambe, il l'oblige à s'affaisser sur lui-même, incapable de prendre son souffle pour gérer la vrille douloureuse qui lui coupe les jambes et la nausée qui doit lui étreindre la gorge. Profitant de la défaillance de sa proie, le texan l'attire à lui, le lâchant à peine le temps de lui faire faire volte-face pour que son dos lui heurte la poitrine. Glissé dans le dos de sa victime, le texan toise par-dessus une épaule les deux autres.
Les tabourets raclent le sol quand ils se lèvent à leur tour. Les talons de leur boss raclent le sol alors que Zachary s'écarte de quelques pas. Le porte-flingue a sorti son arme mais ne tirera pas. Gaunt est planqué par le corps du chef. Le gros bill lève ses poings en roulant des épaules prêt à lui sauter dessus, préférant la castagne à la sauvegarde de son chef. Mais pour eux, c'est game over. Il ne faut pas longtemps à l'associé de Jane pour bondir sur le plus massif des deux sous-fifres, quand au porte-flingue, son geste se suspend lorsque le son caractéristique d'un fusil à pompe que l'on arme retentit depuis le comptoir.
Relâchant sa proie qui s'effondre au sol inconsciente et traînant derrière lui la guirlande, Gaunt enjambe le corps inerte, passe à côté du combat de titans qui tourne en la défaveur de l'intrus, lance une oeillade puante de suffisance à celui qui brandissait il y a encore trois secondes un flingue avec assurance, pour s'asseoir sur un des tabourets, laissant aux maîtres des lieux l'honneur de virer les intrus, n'entendant même pas les imprécations de ces derniers, Zachary sort une nouvelle cigarette qu'il plante entre ses lèvres. Posant la guirlande sur le comptoir, il lève le museau sur Jane. Je crois que j'ai bousillé ta déco de Noël. Il hausse les épaules tout en tirant à lui un cendrier déjà plein. Ils me voulaient quoi au fait? lâche-t-il en s'inquiétant après coup de la raison de tout ce bordel.


Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut
Page 1 sur 1

Sujets similaires

-
» Another brick in the wall [Sujet Libre]
» ♀ Avatar libre - Tu vaincras...si tu me crois.
» Qui peut vouloir du mal à l'Hôpital ? (libre)
» Aime-moi et je t'aimerais ... peut-etre [libre]
» Mini intrigue - Soirée à la mairie (libre)